Résumés des communications - Fondation Hartung Bergman
Transcription
Résumés des communications - Fondation Hartung Bergman
Séminaire Jeunes Chercheurs/Jeunes Chercheuses 26-28 mai 2016, Fondation Hartung-Bergman Hans Hartung Histoires de l'abstraction/ Geschichten der Abstraktion/ Histories of Abstraction Résumés des communications 1 Section I Acteurs, réseaux & circulations Sophie Cras (diplômée de Sciences Po et de l’ENS, docteur en histoire de l’art, Paris 1Panthéon Sorbonne, maître de conférences à Paris 1-Panthéon Sorbonne) Repenser la « cage d’or ». Les artistes face à la hausse du marché (1945-1960) Le sujet de recherche que je souhaite proposer s’inscrit dans le cadre de mes recherches post-doctorales. Il postule une interdépendance entre contexte socioéconomique et création artistique, et s’interroge sur la réaction des artistes face à une hausse soudaine du marché. Il s’agit ainsi de donner une profondeur historique à des problèmes très actuels, en s’arrêtant sur la première période d’expansion du marché dans les années 1950, qui donna ses bases à l’économie de l’art mondialisée et financiarisée que nous connaissons actuellement. Introduction au projet de recherche A l’automne 1957, lorsque Michel Ragon fait le « bilan » financier et critique d’une décennie d’art abstrait, c’est avec une certaine amertume qu’il s’étonne de son succès soudain : « l’art abstrait que nous avions trouvé inconnu des foules, honni par les marchands et la plupart des critiques, ridiculisé dans la presse, invendable et invendu *…+ est maintenant journalisé, romancé, recensé, caricaturé. On l’enlève aux enchères. Tout le 1 monde en veut ». Loin de se féliciter de la reconnaissance commerciale des artistes qu’il a longtemps défendus, il se désole que cette consécration par le marché sonne la fin d’une période d’innovations et précipite une chute de la qualité des œuvres : « L’art abstrait », poursuit-il, « oui bien sûr, je l’aime toujours, mais je le préférais quand il était frais. Il commence à sentir mauvais ». Dénoncer le caractère répétitif, standardisé et ennuyeux d’une abstraction parisienne victime de son succès commercial devient dès 1958-59 un lieu commun critique. Par la suite l’histoire de l’art, a souvent repris et donné pour acquis ce lien entre assimilation par le marché et déclin artistique. Serge Guilbaut soutient ainsi, au sujet de la scène abstraite américaine, que « La société de consommation en donnant le succès à l’abstraction lui enlevait par la même occasion sa signification. La cage d’or était maintenant vide ». A l’appui de ce jugement, il présente des arguments très similaires à ceux de Michel Ragon ou Pierre Restany dans les années 1950 : « Leur création », écrit-il des artistes abstraits passés de la pauvreté des années 1940 au confort des ventes dix ans plus tard, « n’était même plus sous-tendue par l’ancienne aliénation productrice qu’ils chérissaient. Celle-ci était devenue pour beaucoup, l’aliénation du travail à la chaîne de 1 Michel Ragon, « Petit bilan pour tous », Cimaise, septembre-octobre 1957, Vol.5, N°1, p. 20. 2 luxe, avec ses récompenses et ses névroses . » Le succès commercial aurait incité les artistes à répéter à l’outrance un style vendeur, à travailler sur commande, sur des formats plus vastes et coûteux ; davantage encore, il les aurait privés de la marginalité sociale favorable à l’éclosion de l’innovation. Aujourd’hui encore, l’historiographie – et plus particulièrement l’histoire sociale de l’art – est largement empreinte de cette idée ; le succès fulgurant de l’Ecole de Paris sur le marché de l’art parisien à la fin des années 1950 l’aurait-il « condamnée à mort », pour reprendre le titre du dernier chapitre du livre de 3 l’historienne Natalie Adamson ? Qu’en fut-il réellement ? Est-il possible de questionner de manière rigoureuse une hypothèse, à la fois dérangeante pour l’histoire de l’art et en même temps souvent tenue pour acquise : celle de l’impact possible d’un succès commercial soudain sur la pratique artistique ? C’est le but que se donne ce projet de recherche. Méthodologie et recours aux archives L’importante expansion du marché de l’art parisien après la Libération est aujourd’hui bien documentée. A la suite des travaux fondateurs de Raymonde Moulin, la thèse de Julie Verlaine a récemment confirmé une chronologie qui voit la montée en puissance et la spécialisation des galeries parisiennes entre 1946 et 1952, puis la hausse brutale et la stabilisation au sommet des prix entre le milieu des années 1950 et le début des années 1960, avant que la crise de 1962 ne vienne durablement affecter et 4 reconfigurer le marché . Les figures de grands marchands de cette époque font, de plus, 5 l’objet d’un nombre croissant d’ouvrages et d’expositions . De cette importante littérature sur l’économie de l’art d’après-guerre, le point de vue des artistes est toutefois significativement absent. A l’inverse, ce projet de recherche se propose de penser cette question à partir de l’artiste et de sa création. A l’instar de la méthode adoptée dans ma thèse de doctorat, il postule que l’art et l’artiste ne sont pas simplement les objets passifs du marché, voire ses victimes impuissantes, mais peuvent être les générateurs actifs d’une véritable pensée économique. Comment le succès a-t-il été perçu, à l’époque, par les artistes eux-mêmes : comme une chance, une reconnaissance légitime, un danger de « récupération » ? Avaient-ils l’impression que des 2 Serge Guilbaut, « Le marketing de l’expressivité à New York au cours des années cinquante », dans Laurence Bertrand Dorléac (Dir.), Le Commerce de l’art de la Renaissance à nos jours, Besançon, La Manufacture, 1992, p. 282. 3 Natalie Adamson, Painting, Politics and the Struggle for the École de Paris, 1944–1964, Burlington, Ashgate, 2009. Le dernier chapitre s’intitule « It the Ecole de Paris Condemned to Death ? ». 4 Raymonde Moulin, Le marché de la peinture en France, Paris, Edition de Minuit, 1967 ; Julie Verlaine, Les Galeries d’art contemporain à Paris, Une histoire culturelle du marché de l’art, 1944-1970, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012. 5 Entre autres : René Drouin, Galeriste et éditeur d’art visionnaire, Le Spectateur des Arts, 1932-1962, Les Sables d’Olonnes, Cahiers de l’Abbaye Sainte-Croix, 2001 ; Annie Cohen-Solal, Leo and his circle : the life of Leo Castelli, New York, Alfred A. Knopf, 2010 ; Manuela Gandini, Ileana Sonnabend, « The Queen of Art », Rome, Alberto Castelvecchi, 2008. 2 conditions économiques nouvelles pouvaient affecter leur pratique et leur réception ? Quelles stratégies ont-ils mis en œuvre pour s’en garder, ou au contraire en tirer parti, à la fois artistiquement et socialement ? Peut-on trouver dans les œuvres elles-mêmes des traces de ces choix et de ces contraintes nouvelles ? Ces questions seront explorées dans le cadre d’études de cas approfondies. La première portera sur l’artiste Hans Hartung, dont le cas paraît particulièrement intéressant au regard de la problématique posée. En effet, après avoir connu dans l’avant et l’immédiat après-guerre une longue période de marginalité relative et de pauvreté – dont il a souvent dit combien elle avait affectée ses choix créatifs – il a été l’un des premiers à bénéficier de la hausse brutale des ventes et des prix au tournant des années 1950 ; il est l’une des « victimes » citées par Michèle Ragon dans son « bilan » de 1957. Les archives de la Fondation Hartung-Bergman sont riches en sources. La correspondance de l’artiste avec ses collectionneurs et marchands (notamment la galerie de France) sera particulièrement sollicitée, ainsi que le catalogue raisonné et les œuvres conservées de cette période, qui permettront d’évaluer dans quelle mesure le succès commercial soudain a pu influer sur la création, dans la quantité des œuvres produites, les matériaux et supports utilisés, les motifs privilégiés. Un ou deux autres artistes – de génération différente ou de parcours comparable – seront choisis pour proposer une perspective comparatiste sur la question. Clifford Still, né en 1904 comme Hartung, et très marqué par la reconnaissance subite de l’Expressionnisme abstrait, permettrait par exemple la comparaison avec la scène newyorkaise. l’art édifiées pendant les totalitarismes et d’élaborer une théorie de l’art marxiste et universaliste. L’art doit avoir une fonction sociale et refléter le présent qu’il s’agisse de réalisme ou d’art abstrait : elle soutient ainsi à la fois certains peintres proches du Parti Communiste Français comme Pablo Picasso, Fernand Léger, Charles Lapique, Jean Bazaine ; ainsi que la peinture abstraite de Jean Michel Atlan, Jean Dewasne, Hans Hartung, Alberto Magnelli, etc. En 1953 Rousseau publie une histoire universelle de l’art intitulée Introduction à la connaissance de l’art présent où sont associées des images aussi diverses que des reproductions de peintures préhistoriques, de l’art contemporain, des photographies de vues microscopiques et aériennes ; autant de « formes » constitutives, selon elle, d’une « connaissance du monde ». L’art abstrait devient alors un langage universel apte à retranscrire les aspirations et les doutes d’une humanité en pleine transformation. Rousseau désigne notamment Hartung comme un homme social et cosmique, « patron de 6 forces de l’univers », capable d’exprimer « l’incertitude de l’homme moderne » . Elle associe une peinture d’Hartung à une image rupestre découverte en Rhodésie du Sud par l’Institut Frobenius de Francfort. Le peintre allemand partagerait ainsi avec l’homme néolithique « une pareille crainte de l’inconnu, la crainte de n’être pas encore maître de connaissances et des forces qu’il est tout près de capter, mais qu’il ne domine pas encore ; et la peur du bouleversement que cette redoutable conquête provoquera dans la vie et la société 7 humaines ». Cette lecture anachronique de l’œuvre d’Hans Hartung intervient dans un contexte idéologique que nous proposons de reconstituer. Cela nous permettra enfin d’aborder les débats sur la fonction de l’art qui traversent la période de crise de l’après 1945. Lucia Piccioni (docteur en histoire de l’art, EHESS, bourse postdoctorale au CIMA-Center for Italian Modern Art) Lola Lorant (doctorante en histoire de l’art, Université Rennes 2, membre de l’équipe de recherche du programme PRISME, Archives de la critique d’art) Quand Madeleine Rousseau définissait Hans Hartung « patron de forces de l’univers » Dans l’après-seconde-guerre, l’historienne de l’art Madeleine Rousseau joue un rôle décisif dans le parcours artistique d’Hans Hartung. Elle assure notamment sa promotion en rédigeant la présentation de sa première exposition à la galerie parisienne Lydia Conti (1947), elle rédige ensuite la voix-off du film (1947) qu’Alain Renais dédie au peintre ; plus tard elle collaborera au catalogue de l’importante exposition de Stuttgart (1950) et elle lui consacrera plusieurs articles dans la revue Le Musée vivant (1945-1969) issue de l’Association Populaire Amis du Musée de l’homme. Personnage méconnu, Rousseau défend une lecture atypique de l’histoire de l’art qui traduit les tensions idéologiques dans la France de l’après-guerre. La fréquentation des salles du Musée de l’homme où elle peut étudier l’art des pays non-occidentaux, lui permet de remettre en question l’ethnocentrisme et le nationalisme dont souffraient les histoires de Des abstractions européennes aux États-Unis : étude comparative des réceptions de Hans Hartung et Yves Klein 8 Dans le contexte artistique français Hans Hartung et Yves Klein incarnent deux générations et deux conceptions diamétralement opposées de l’abstraction, à la fois dans le processus 6 . James Johnson Sweeney, Ottomar Domnick et Madeleine Rousseau, Hans Hartung, Stuttgart, Domnick-Verlag, 1950, p. 40. 7 . Ibid., p. 44. 8 « En janvier 1955, les amis de se parents qui ont connu Yves Klein lors de la fête de Noël de 1948, Hans Hartung, Gérard Schneider et Pierre Soulages avaient eu la surprise de le voir faire irruption dans leurs ateliers parisiens, défendant avec irrédentisme la couleur pure *…+. » Robert Fleck, Marie Raymond, Yves Klein, Musée des Beaux-Arts d’Angers, 2004, p. 124. 3 créatif et dans la forme qui en résulte. Hans Hartung s’impliquerait émotionnellement et physiquement dans la réalisation de gestes vifs et spontanés, alors qu’Yves Klein, faisant disparaître le trait pour faire triompher la couleur pure, ne serait qu’un agent usant du langage chromatique pour révéler une réalité invisible. Mais ces rigides catégories, qui divisent l’abstraction en histoires autonomes et imperméables, en l’occurrence celle de l’abstraction lyrique et celle du monochrome néo-dada, peuvent être nuancées. Hans Hartung obéit à des règles rigoureuses dans l’élaboration de ses compositions et la méthode du report atténue la primeur du motif transposé. Selon Franz W. Kaiser, ce processus ne 9 transparaît pas dans le portrait de l’artiste façonné par la critique . Lorsque Klein nomme son bleu de prédilection International Klein Blue, la personnalité de l’artiste se prolonge inévitablement dans la matière picturale. Ces quelques remarques montrent que les catégories forgées et véhiculées par la critique d’art et l’histoire de l’art en Europe ne sont pas immuables. Les comparaisons entre Hans Hartung et Yves Klein peuvent être envisagées comme une dialectique dynamique et non pas comme deux trajectoires au parallélisme figée. L’objet de ce projet de recherche consiste à dresser les distinctions, mais également les éventuelles analogies, en déplaçant notre regard du côté de la réception américaine de deux figures antagonistes de la peinture abstraite européenne. Les circulations outre-Atlantique de Hans Hartung et Yves Klein peuvent contribuer au brouillage de certaines lignes de démarcation tracées par la critique européenne ou en souligner certaines, notamment la persistance des affiliations nationales. L’expérience des États-Unis est difficile pour les deux 10 artistes et la critique peut s’y révéler redoutable. Pour citer un exemple, lors de l’importante exposition de l’oeuvre de Hans Hartung organisée par Henry Geldzahler au Metropolitan Museum of Art de New York en 1975, Hilton Kramer s’offusque du choix du commissaire : « Pourquoi ? Mais pourquoi Hartung ? […] Pourquoi, parmi les centaines d’artistes vivants dont on peut aisément louer le travail dans ce prestigieux établissement, 11 avoir choisi un peintre qui a atteint une telle médiocrité et d’un tel ennui ? » L’appréciation des oeuvres de l’artiste serait faussée par un trait typiquement national, puisque « le style abstrait de M. Hartung, bien qu’il ne soit jamais géométrique, fut caractérisé par cet air froid, circonspect et intellectuel que l’on prend souvent, particulièrement en France, pour quelque 12 chose de profond. » De la même manière, une bonne réception critique européenne ne légitime pas une reconnaissance américaine pour Donald Judd quand il se penche sur Klein : « Une importante publicité et les propres manigances de Klein le proclamèrent le meilleur, le plus innovant des jeunes artistes européens. Cela semble avoir été vrai. Bien qu’une grosse 13 grenouille, il était une grosse grenouille dans une mare plutôt stagnante. » Quand ils ne furent pas totalement balayés, Hans Hartung et Yves Klein ont pu être interprétés au travers des catégories créées par la critique américaine. Dans un article de John Canaday, l’image du peintre lyrique attribuée à Hartung ne se transpose pas au sein de l’action painting. Ce dernier mentionne l’exposition de l’artiste à la Emmerich Gallery en 1966 qui « montra un aspect peu connu du travail d’Hartung sur les espaces fluides, qui le rapproche de la peinture 14 color-field ». Quant à Yves Klein, il s’inscrit dans la période post-abstract-expressionist, 15 héritière de l’art de Ad Reinhardt, sous la plume de Priscilla Colt . Ces discordances par rapport aux schémas parisiens témoignent d’un discours critique européen autour de l’abstraction inopérant aux États-Unis. Cette étude tâchera de révéler les notions auxquelles la critique américaine a eu recours pour appréhender les abstractions de Hans Hartung et Yves Klein. Il s’agit également de mettre en perspective deux trajectoires individuelles au sein des histoires transatlantiques de l’abstraction dans les années 1960 et 1970. Afin de mener cette étude comparative, les sources premières seront confrontées. Ce travail bénéficiera d’un premier corpus autour de Yves Klein, réalisé dans le cadre de mes recherches de doctorat portant sur le transfert des artistes du Nouveau Réalisme aux ÉtatsUnis de la fin des années 1950 à la fin des années 1980. Outre les documents d’archives conservés à la fondation Hartung-Bergman qui seront étudiés dans le cadre du workshop, une recherche préalable sur Hans Hartung pourra être menée aux Archives de la critique d’art à Rennes. 9 Franz-W. Kaiser, « Caducité des catégories dans la critique d’art : étude de cas » in Anne Pontégnie (dir.), Hartung, 10 perspectives, Milan, 5 Continents Editions, 2006. 10 Michel Ragon relate le regret exprimé par Hans Hartung de ne pas avoir fait carrière aux États-Unis. Michel Ragon, « Hartung » in Le Regard et la Mémoire, Paris, Albin-Michel, 1997, p. 157-198. Quant à Yves Klein, l’incompréhension suscitée par sa première exposition aux États-Unis à la galerie new-yorkaise Leo Castelli en 1961 le conduit à écrire dans le Chelsea Hotel Manifesto : « Je n’aurais jamais cru, il y a quinze ans, à l’époque de mes premières tentatives, qu’il m’arriverait un jour, brusquement, d’éprouver le besoin de me justifier ». Yves Klein, « Chelsea Hotel Manifesto » in Rotraut Klein-Moquay, Robert Pincus-Witten (dir.), Yves Klein USA, Paris, éditions Dilecta, 2009. 11 Traduit de l’anglais : « Why ? Why Hartung ? […] Why, out of the hundreds of living artists whose work might conceivably commend itself for exhibition in this august establishment, single out a painter of such surpassing mediocrity and dullness ? » Hilton Kramer, « Art: Hartung Exhibition at Met », The New York Times, 18 octobre 1975. 12 Traduit de l’anglais : « Mr. Hartung’s abstract style, though never geometrical, was characterized by that cold, deliberate, intellectual air that is often mistaken, especially in France, for something profound. » Hilton Kramer, « Art: Hartung Exhibition at Met », The New York Times, 18 octobre 1975. 13 Traduit de l’anglais : « Copious publicity and Klein’s own shenanigans proclaimed him the best, the newest of the younger European artists. It seems to have been true. But although the biggest frog, he was the biggest in a rather stagnant pond. » Donald Judd, « In the Galleries : Yves Klein », Arts Magazine, janvier 1963, in Donald Judd, Complete Writings 1959-1965, New York, The Press of the Nova Scotia College of Art and Design ; New York Universtiy Press, 2005, p. 69. 14 Traduit de l’anglais : « showed Hartung in an unfamiliar vein, working in fluid areas connectible with the colorfield painting ». John Canaday, « The Real Hans Hartung Stands Up Very Well », The New York Times, 14 février 1971. 15 Priscilla Colt, « Notes on Ad Reinhardt », Art International, [octobre 1964], p. 32. 4 Section II Processus & techniques Ulrike Blumenthal (doctorante en histoire de l’art, Universität Leipzig/Hochschule für bildende Künste, assistante de recherche au Centre allemand d’histoire de l’art) Processus de l'abstraction - sur le statut de la photographie dans l'œuvre de Hans Hartung/Verfahren der Abstraktion: Zum Stellenwert der Fotografie im Oeuvre Hans Hartungs Obwohl Hans Hartung bereits seit frühester Jugend fotografierte und über 30.000 Aufnahmen im Archiv der Fondation Hartung-Bergman existieren, ist dieser Aspekt seines Schaffens in der 16 Forschung bisher weitgehend unbeachtet geblieben. Mit Vorliebe nahm der Künstler Schattenbilder auf den weißen Hauswänden in Antibes, Wolkenformationen, Landschaften aus dem Flugzeug oder abstrakte Strukturen auf, die durch die geschickte Auswahl des Ausschnitts oder der Kameraperspektive die abstrakten Farb- und Formkombinationen seiner Bilder aufgreifen oder vorwegzunehmen scheinen. Darüber hinaus scheint sich die Beschäftigung des Künstlers mit fotografischen Praktiken immer dann zu intensivieren, wenn er sich neue malerische oder zeichnerische Techniken aneignet oder sich sein Formvokabular wandelt und erneuert. So schafft Hartung zu Beginn der 1930er Jahre, als er sich von den Einflüssen des Kubismus löst, eine Werkgruppe, in der er durch Bemalungen, Kratzen und Schraffieren direkt das Negativ bearbeitet und mit dem Verhältnis der Doppelung und Umkehrung im Positiv-Negativ-Verfahren experimentiert. Durch die untrennbare Verbindung von fotografischem Bild und seinem Trägermaterial gehen Vordergrund und Hintergrund unauflösbar ineinander über, was seit den 1930er Jahren ein zentrales formalästhetisches Anliegen der abstrakten Malerei Hartungs darstellt. Ab den 1960er Jahren wiederum tritt das Malmaterial ähnlich wie in einer fotografischen Darstellung hinter einer glatten, durchscheinenden Oberfläche zurück. Nicht zuletzt entstehen in den 1950er Jahren parallel zu hunderten von Tuschpinselzeichnungen zahlreiche Fotografien von Kieseln während der Aufenthalte am Mittelmeer, die vom Künstler selbst als einflussreich für die eigene Malerei 17 dieser Jahre charakterisiert werden. Während des Workshops „Geschichten der Abstraktion: Hans Hartung“ plane ich präzisere Recherchen zum kaum veröffentlichten fotografischen Werk Hartungs, um die Entstehung 16 Die bisherigen Beiträge beschränken sich auf überblicksartige Katalogartikel von Cristiano Isnardi: Hans Hartung, Photographer, in: Hans Hartung. In principio era il fulmine (Ausst.-Kat.), Milano 2006, S. 152-171und Jan Nicolaisen: An der Schwelle zur Malerei. Hans Hartung als Fotograf, in: Hans Hartung. Spontanes Kalkül (Ausst.-Kat.), Leipzig 2007, S. 180-201, wenigen Reproduktionen in: Hans Hartung : Malerei, Zeichnung, Photographie (Ausst.-Kat.), Berlin 1981 sowie einer Studie von Jacques Damez: Hans Hartung photographe: la légende d'une oeuvre. Bruxelles 2003. 17 Vgl. Hans Hartung: Selbstportrait. Zsgest. u. bearb. von Monique Lefebvre. Berlin 1981, S. 156. seiner abstrakten Arbeiten vor allem der 1940er und 50er Jahren einer Neubewertung zu unterziehen. Original und Kopie, Automatismus, Indexikalität, das Spiel mit Oberflächen, Transparenz und Opazität sowie Verfahren der Umkehrung und Übertragung als charakteristische Merkmale des Fotografischen bilden für den Künstler Ansatzpunkte, so meine These, sein malerisches Oeuvre weiterzuentwickeln. Ausgehend vom Beispiel Hans Hartung kann darüber hinaus perspektivisch untersucht werden, welche Rolle die Fotografie im Allgemeinen für die Entwicklung der abstrakten, informellen Malerei nach 1945 einnimmt. Katrin Thomschke (doctorante en histoire de l’art, Goethe-Universität Frankfurt am Main) « [...] le seul but était d’organiser un mouvement parfait [...] » Hans Hartung’s concept of motion Hans Hartungs künstlerisches Schaffen der späten 1940er und 1950er Jahre ist ein wesentlicher Bestandteil meines Dissertationsprojektes. In meinen Untersuchungen stehen im Wesentlichen zwei Fragestellungen im Vordergrund. In der Analyse seines malerischen Oeuvres möchte ich die Beschäftigung Hartungs mit dem Formproblem der Darstellbarkeit von Bewegung bzw. Bewegungssequenzen im statischen Bild als einen zentralen und medienübergreifenden Aspekt für sein künstlerisches Schaffen herausstellen. In diesem Zusammenhang befasse ich mich unter anderem mit der Frage, inwiefern sich Hartungs Auseinandersetzung mit dem Medium der Fotografie auf sein malerisches Werk ausgewirkt 18 hat. Dass Hartung nach eigenem Bekunden gerne Filmemacher geworden wäre, offenbart sein Interesse an der Arbeit mit Bildabfolgen und rhythmischen Gliederungen. Die stete Suche nach neuen Ausdrucksformen und die Entwicklung seiner abstrakten Malerei seit den 1930er Jahren gilt es in diesem Sinne vor dem Horizont seiner fotografischen Experimente wie auch seiner Auseinandersetzung mit Künstlern wie Man Ray oder László Moholy-Nagy und der Bauhaus-Schule schärfer zu zeichnen. Anhand zweier Werkbeispiele aus dem Jahr 19 1945, möchte ich die skizzierten Überlegungen in knapper Form vorstellen. Die Möglichkeit der Sichtung des überaus reichen Archivbestands vor allem zum fotografischen Oeuvre des Künstlers wäre hierfür von großem Interesse für meine Arbeit. Darüber hinaus möchte ich die Rezeption des Nachkriegsoeuvres im historischen Kontext der 20 späten 1950er Jahre erörtern: Wie Claustres detailliert aufgearbeitet hat, gelangte Hartung 18 Vgl. ebd., S. 171. Hans Ha Für Abbildungen siehe AK Hans Hartung. Spontanes Kalkül, Kiel/Leipzig (Kunsthalle Kiel/Museum der bildenden Künste Leipzig) 2007, S. 255.rtung: Selbstporträt (Schriftenreihe der Akademie der Künste, Bd. 14), Berlin 1981, S. 171 20 Annie Claustres: Hans Hartung. Les aléas d’une réception, Dijon 2005. 19 5 mit einer minutiösen Übertragungstechnik zu einer inszenierten Spontaneität seiner Malerei, was in der Rezeption seiner Ölgemälde jedoch jahrelang konsequent »übersehen« wurde. Vielmehr wurde auch seine Malerei in einer existenzialistischen Lesart gedeutet, die den Blick 21 auf sein Schaffen für lange Zeit verstellte. Die Abkehr der ZERO-Künstler vom Informel, bzw. von dessen frühem Deutungsmuster, birgt gerade im Fall Hans Hartungs eine besondere Brisanz: Schließlich nahm er bereits wesentliche Ansätze und Bestrebungen der ZERO-Kunst vorweg, indem er mit seiner Übertragungspraxis auf größere Formate ein »objektiveres« Herstellungsverfahren und eine Rücknahme der Künstlerpersönlichkeit im schöpferischen Malakt verfolgte. Damit untersuche ich die Besonderheit seiner künstlerischen Produktion der Nachkriegszeit erstmals im Zusammenhang mit dem Generationenwechsel Ende der 1950er Jahre. Section III Écrire l’abstraction Déborah Laks (docteur en histoire de l’art, Sciences Po Paris, assistante scientifique au Centre allemand d’histoire de l’art) Écrire l’informel ? Une comparaison de l’ekphrasis poétique des œuvres d’Hartung, Fautrier et Wols. L’écriture poétique sur la peinture connaît dans les années 1950 un large développement. Portée par quelques auteurs, au nombre desquels Jean Paulhan et André Malraux, elle réactualise l’ancienne figure de l’ekphrasis, jusqu’à constituer une réception de la peinture spécifique non seulement à la période, mais aussi à un certain type de création artistique. Au cœur de cette tendance, l’art informel a en effet tout particulièrement intéressé poètes et écrivains. En procédant à une analyse comparative des textes écrits par Jean Tardieu et Jean Proal sur Hartung, Francis Ponge, Jean Paulhan, André Malraux, André Verdet sur Jean Fautrier et JeanPaul Sartre, Jean Paulhan, Henri Pierre Roché, Antonin Artaud sur Wols, je souhaiterais aborder plusieurs questions. Comment l’écriture poétique répond-elle à la peinture ? Les auteurs procèdentils par comparaison ou par appropriation ? S’agit-il pour eux d’expliquer la peinture ou d’en imiter les qualités plastiques (épaisseur et tactilité pour Fautrier chez Paulhan, répétition, reprises et distorsions chez Tardieu sur Hartung) ? Dans cette perspective, les outils de l’intermédialité, ceux de la critique littéraire (notamment Gérard Genette qui aborde la question de la dérivation de l’écriture par rapport à son modèle) viendront compléter une étude matérielle précise des œuvres. A quoi tiennent les différences de traitement que ces trois artistes suscitent chez les poètes et écrivains ? Face à Fautrier et Wols qui ont fait l’objet de nombreux textes, Hartung apparaît moins dans le corpus littéraire. Le travail de Fautrier est éclairé par le souvenir de la guerre et son traitement de la matière est relié aux palpitations de la chair 22 souffrante. Wols est représenté comme « le dernier ‘peintre maudit’ », représentant de l’existentialisme en peinture. C’est principalement la photographie d’Hartung qui fait l’objet d’une écriture poétique (Un monde ignoré vu par Hans Hartung, poèmes et légendes de Jean Tardieu, 1974) ; sa peinture étant évoquée dans d’autres poèmes du même Tardieu et lui-même par Jean Proal. Pour expliquer ces différences de traitement, plusieurs hypothèses pourront être mises à l’épreuve, au nombre desquelles l’inscription de ces artistes dans des réseaux différents, leur image politique au sortir de la guerre, la délimitation de leurs gestes et formes ou au contraire leur dissolution dans la matière, l’abstraction totale ou la suggestion d’un sujet. Pour finir, on s’interrogera sur les conditions d’une littérature informelle. Les textes poétiques consacrés à Hartung, Fautrier et Wols ont pour point commun de ne pas traiter la peinture comme signe, de ne pas en proposer de traduction littéraire. La langue au contraire, chez Sartre, Paulhan, Tardieu, est travaillée comme une matière, et sa lisibilité devient pluridirectionnelle : les sens se superposent et se contredisent, l’idée de progression est repoussée. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Sartre écrit : « … la guerre et l’occupation, en nous précipitant dans un monde en fusion, nous ont 23 fait, par force, redécouvrir l’absolu au sein de la relativité même ». Ne témoigne-t-il pas alors, comme Wols dans l’un de ses aphorismes (« A chaque instant / Dans chaque chose / 24 L’éternité est là ») de la nécessité d’une écriture ouverte ? L’enjeu de la référence à la peinture informelle pourrait dès lors être compris comme celui de la confrontation de la littérature à l’abstraction. A travers elle, la langue contourne l’anecdote et le récit pour s’approcher de l’image, de l’esquisse et de l’impression. 22 21 So deutet sich beispielsweise schon im Titel des Aufsatzes Leben und Werk von Madeleine Rousseau über Hans Hartung die Gleichsetzung von Erleben und künstlerischem Schaffen an. Vgl. Madeleine Rouseau: Hans Hartung. Leben und Werk, Stuttgart 1950, S. 5–45, siehe hierzu vor allem S. 14f. Cornelia Stabenow, « Wols : un mythe créé de sa propre main », in Wols, sa vie…, Paris, Goethe Institut, 1986, non paginé. 23 Jean-Paul Sartre, Qu'est ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1976 (1948), p. 260. 24 Wols, sa vie…, op. cit. 6 Céline Berchiche (docteur en histoire de l’art, Paris IV Sorbonne) 1946-1952, pour une histoire commune de l’art abstrait : Hans Hartung et la seconde génération d’artistes construits Cette communication portera sur les relations de Hans Hartung avec certains artistes abstraits liés à la galerie Denise René en particulier Jean Dewasne, Richard Mortensen et Robert Jacobsen. Si je m’intéresse à ces relations c’est parce qu’au fil de mes recherches en histoire de l’art, que ce soit pour ma thèse ou pour différents articles de catalogues d’expositions, il m’est apparu -dans les archives souvent inédites de ces artistes- que ceux-ci entretenaient des liens assez forts avec Hans Hartung et que ce dernier avait aussi bien joué un rôle dans leur évolution picturale, que dans la reconstruction de la scène abstraite après 1945 à Paris. Pour étayer mon propos, je m’appuierais sur les témoignages de ces artistes, les expositions auxquelles ils participent avec Hans Hartung notamment en France et en Scandinavie, les différents périodiques de l’époque et sur les lieux d’élaboration d’une histoire et d’une « pensée abstraite ». Par l’étude de ces rapports, il s’agit de documenter une histoire de l’art abstrait et de son développement après-guerre rompant avec l’idée que les frontières étaient totalement hermétiques entre les artistes appartenant à une abstraction dite à tort « froide » et ceux appartenant à un art abstrait par opposition « chaud » entendre donc lyric et gestuel. Il s’agissait de re-construire le monde par l’art abstrait et c’est ensemble que ces artistes de 1946 à 1952 s’y sont employés. Julie Sissia (docteur en histoire de l’art, Sciences Po Paris/Kunstakademie Düsseldorf, chargée de cours à l’École du Louvre et Paris 1-Panthéon Sorbonne) Hartung dans la presse française des années 1970 En janvier 1975, la revue Opus International publie un dossier dédié à Hans Hartung. Celui-ci comporte un entretien avec le critique d’art Alain Jouffroy, intitulé « Les idéogrammes de la fureur », un article du même critique consacré plus spécifiquement aux dessins d’Hartung, « Hartung et la lumière mentale », et enfin un article de Pierre Volboudt intitulé « Idéogramme, signe, peinture ». En mettant ce dossier au coeur de notre investigation, il s’agira d’étudier la singularité du regard posé sur Hans Hartung. Notre perspective s’ancre dans l’axe de recherche consistant à interroger les notions de modernisme et d’art moderne européen depuis les années 1950. Fondé en 1967 avec l’intention d’en finir avec les discours chauvins sur l’art en France, Opus International est néanmoins animée par la volonté de valoriser la jeune scène française. L’attention portée à un artiste septuagénaire, assimilé à l’École de Paris, et brandi comme figure tutélaire de l’abstraction européenne dans des discours critiques fondés sur une rivalité nationale avec les États-Unis, peut surprendre à première vue dans cette publication. Or ce dossier consacré à Hans Hartung s’inscrit dans le contexte des nombreux hommages portés à l’occasion de l’anniversaire du peintre en 1974. Il paraît en outre au moment où se prépare la première rétrospective américaine de son oeuvre qui a lieu au MoMA à la fin de l’année 1975. Nous proposons d’étudier le rôle attribué à Hans Hartung dans la définition de la modernité telle que la conçoit Opus International. Celle-ci s’assimile-t-elle à une conception strictement avant-gardiste de l’histoire ? Pour la journée d’études à la fondation Hartung, il s’agira d’examiner dans quelle mesure le regard sur Hans Hartung participe dans la deuxième moitié des années 1970 d’une redéfinition des débats sur la modernité comme avant-garde au sein de la critique d’art. Peut-on dire qu’outre le caractère circonstanciel, ces publications posent les prémisses des débats, notamment sur la fin des avant-gardes, qui traversent ensuite l’histoire de la critique d’art des années 1980 ? Quelle est par exemple la place de Hans Hartung dans ce qu’Hélène Trespeuch appelle « la crise de l’art abstrait », dans la redécouverte de l’art des années 1950, ou encore dans le regain d’intérêt pour la peinture que l’on associe souvent à cette décennie ? Nous proposons d’étudier la place de ce dossier dans la ligne éditoriale de la revue. Celleci se distingue en effet par l’importance accordée à la peinture. Critique d’art, poète et artiste à ses heures, Alain Jouffroy en est l’un des principaux contributeurs. Sa réflexion, nourrie de surréalisme, privilégie la figuration et l’objet, et interroge par ailleurs les liens entre la peinture et le langage, le signe et le corps. Pourquoi ce numéro se focalise-t-il notamment sur le caractère « idéogrammatique » de l’oeuvre de Hartung ? Plus largement, nous situerons ce numéro par rapport aux autres revues qui accordent une place importante à Hartung dans les années 1970. Nous aborderons brièvement les revues fondées pendant la guerre et les années 1950 – Les Lettres françaises (1942-1972) ou Cimaise (1953-), mais nous focaliserons surtout notre attention sur les publications initiées à la fin des années 1960 et dans les années 1970 : Art Press, Artitudes, et Chroniques de l’art vivant. Celles-ci consacrent des articles à Hartung en 1973, 1974 et 1977. En effet, comme le note Annie Claustres, « la réception la plus précise, voire la plus pertinente en terme d’analyse esthétique, se situe du côté des critiques de la nouvelle génération, attentifs à la scène artistique contemporaine (Pluchart dans les années 25 soixante, Millet dans les années soixante-dix ». L’explication de Catherine Millet, pour 25 Annie Claustres, Hans Hartung. Les aléas d’une réception, Dijon, Les Presses du Réel, 2005, p. 273. 7 26 qui le regard sur l’art américain a permis de s’intéresser à nouveau à Hartung , mérite à cet égard d’être analysée dans la perspective du rôle de ce « moment Hartung » des années 1970 dans les débats sur la notion de modernité. A partir des résultats de cette enquête, nous souhaitons approfondir nos recherches aux archives conservées à la Fondation Hartung dans deux directions. Ce n’est qu’après avoir pris connaissance des archives que nous pourrons choisir un angle à privilégier ou une manière de les combiner. La première consisterait à rechercher une éventuelle correspondance entre Alain Jouffroy et Hans Hartung. Elle pourrait ouvrir ensuite vers des recherches complémentaires dans le fonds Alain Jouffroy des archives de la Critique d’art à Rennes. Si ces fonds s’avèrent relativement maigres, nous pourrions élargir ce corpus, aux principaux critiques d’art des revues mentionnées ci-dessus, notamment Catherine Millet et François Pluchart (les archives de ce dernier étant également conservées aux Archives de la critique d’art de Rennes). La seconde consisterait à effectuer un travail complémentaire en dépouillant la presse artistique de RFA au même moment, de sorte à évaluer les différences mais aussi les éventuels croisements avec la réception française de l’oeuvre de Hans Hartung. Lors d’une première visite à la Fondation Hartung au début de ma thèse lors de l’un des séminaires de Laurence Bertrand Dorléac, j’ai en effet appris qu’Hartung était abonné à l’Argus de la presse, ce qui rend envisageable ce type de recherches. Ce serait également l’occasion d’étudier la place des critiques français dans les revues allemandes, et inversement, celle des critiques allemands dans les revues françaises (notamment la contribution de Werner Haftmann à la revue Artitudes en 1977) de sorte à dépasser une approche strictement comparative en mettant l’accent sur les échanges. 26 Catherine Millet, « Hartung, Wols, Soulages, Schneider, Debré », dans Art Press International, n° 14, novembre-décembre 1974, p. 3. 8