Analyse et maîtrise des facteurs de risque dans le cadre de

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Analyse et maîtrise des facteurs de risque dans le cadre de
Analyse et maîtrise des facteurs
de risque dans le cadre de la prévention
des entérites néonatales
On estime aujourd’hui que près de 20 % des veaux qui naissent dans les élevages français
présentent un épisode pathologique sévère dans le premier mois suivant leur naissance. Près
de la moitié (10 % des veaux) en décède, dont 65 % dans la première semaine. 80 % de cette
mortalité est causée par des diarrhées non maîtrisées et dont les causes sont très variées.
En effet, parallèlement aux agents étiologiques classiquement mis en cause (rota- et
coronavirus, colibacilles, cryptosporidies, etc.), de nombreux facteurs d’environnement
favorisent l’expression de la maladie et interfèrent avec les diverses mesures médicales
classiquement mises en œuvre.
La démarche de diagnostic des facteurs de risque en matière d’entérites néonatales comporte
une analyse des points critiques de l’élevage, ce qui met en évidence les dangers associés et
fait ressortir les éléments-clés du conseil en fonction de normes couramment admises. Ce
sont les principales étapes de cette démarche qui sont résumées dans ce document.
Les facteurs d’environnement liés aux bâtiments
L’analyse de ces facteurs permet de révéler d’éventuels
problèmes de confinement et de surdensité allant
souvent en s’aggravant au fur et à mesure des vêlages.
En effet, l’humidité et la chaleur, liées à une densité
élevée d’animaux, sont des facteurs favorisant la survie,
le développement et le transport des germes, bactéries,
virus ou parasites, augmentant ainsi la pression
microbienne autour du veau nouveau-né. De plus, ces
facteurs jouent un rôle évident dans la diminution de la
résistance physiologique des animaux, jeunes en
particulier, aux agressions extérieures.
Points critiques
- Evaluation générale de la disposition des parcs
- Spécificité du logement des veaux
- Structures de soins particuliers
- Principaux flux d’animaux, de matériel et de soins
- Dimensions (évaluation des surfaces par animal)
- Ouvertures et ventilation
- Mesures d’hygiène et désinfection des bâtiments
Recommandations
- Privilégier bâtiments séparés ou zones spécifiques par lots
- Préférer en général des petites unités
- Eviter le mélange avec d’autres espèces animales
- Les veaux doivent disposer d’un parc spécifique, inaccessible aux
adultes et ne doivent pas être attachés derrière les mères (augmentation
du risque de contamination à partir des porteurs sains)
- Présence fortement souhaitable d’une infirmerie, d’un box de vêlage
- Organiser les soins des animaux en allant des plus sensibles aux moins
sensibles
- Eviter les « croisements de flux »
- Respect des normes minimales de surface et de ventilation (voir tableau
ci-après)
- Voir normes ci-après
Eventuellement : une désinfection des litières au superphosphate de chaux à 300 g / m2 peut
être préconisée en cas de problèmes sanitaires persistants
Normes couramment admises
- Surface disponible par animal
- Vaches
- Stabulation libre entièrement paillée : 9 m2 / vache
- Stabulation libre aire bétonnée : 5 m2 en aire paillée
+ 3 m2 béton
- Stabulation entravée : 1,80 m x 1,20 m
- Logettes : 2,50 m x 1,20 m
- Veaux
- Stabulation libre / parc : 1,50 m2 à 2 m2 / veau
- En case individuelle : 1,60 m2 au minimum
- A l’attache : 2 m2
- Absence de condensation, de moisissure
- Absence d’odeur d’ammoniac
- Surface d’entrée d’air : 0,2 m2 / vache et 0,1 m2 /
- Température
- Vaches : -5°C à +20°C
- Hygiène
- Absence d’humidité du fumier au niveau du sol
- Nouveaux-nés : +10°C à +25°C
- Veaux de 2 à 4 semaines : +5°C à +25°C
- Vide sanitaire
- Curage / paillage : 1 à 2 fois par jour
- Ventilation
veau
- Surface de sortie d’air : 0,7 à 1 m2 / vache
(très favorable au développement des colibacilles)
- Nettoyage et désinfection annuelle
- Paillage
- Stabulation entravée : 2,5 kg (en deux fois)
- Logettes : 0 à 1,5 kg
(quantité par vache / jour)
- Stabulation libre paillée : 8 kg
- Stabulation libre aire bétonnée : 4 à 6 kg
Les facteurs de conduite de l’élevage : gestion des lots et des individus
Les facteurs de conduite d’élevage peuvent jouer un rôle
majeur dans la facilitation des entérites néonatales, en
particulier tous ceux qui vont aller dans le sens d’un
affaiblissement de la situation immunitaire de l’élevage
(vêlages précoces des primipares, moyenne d’âge des
vaches trop importante).
Points critiques
- Système d’allotement des animaux
Seront également concernés les facteurs qui favoriseront
une concentration des germes (ex. : concentration des
vêlages dans le temps) ou la contamination d’animaux
réceptifs (jeunes veaux regroupés avec animaux plus
âgés, souvent porteurs / excréteurs inapparents).
Recommandations
- Préconiser un allotement en fonction du stade physiologique (gestation – lactation / tarissement
/ vêlage / post-vêlage)
- Gestion dynamique des lots
(modalité du passage d’un lot à l’autre)
- Taux de renouvellement du troupeau
(+ taux de primipares)
- Concentration des vêlages selon les
- Séparer les gestantes des vaches vêlées
- Grouper les veaux par tranche d’âge de dix – quinze jours (au départ) puis un mois ensuite
- Eviter un taux de primipares important
- Privilégier réforme des vaches les plus âgées (plus de huit ans)
- Limiter le nombre de vêlages à une trentaine par mois et par éleveur
périodes de l’année
- Vêlage des génisses : période, âge et poids
au vêlage
- Eviter les vêlages en dessous de 24 mois
- Ne mettre à la reproduction que des génisses d’un poids suffisant (2/3 du poids adulte)
Les facteurs liés à l’alimentation et l’abreuvement
En matière d’alimentation, on s’attachera surtout à
surveiller les facteurs qui peuvent favoriser une
diminution des capacités de défenses de l’animal
(capacité bactéricide des macrophages et polynucléaires,
interférences dans la production de cytokines,
mobilisation des cellules de défense, transfert des
anticorps…).
En particulier, il faudra éviter les rations acidogènes, les
déficits en minéraux, les carences en oligo-éléments
(surveiller surtout Sélénium, Cuivre et Zinc) et veiller à
respecter en général les équilibres fondamentaux, y
compris chez les bovins allaitants en alimentation
hivernale.
Points critiques
Recommandations
- Vérification de la ration de base (foins et
- Ration : effectuer des analyses pour évaluer les apports énergétiques et azotés, ainsi que la
paille, ensilages, tourteaux, farines, …) :
qualité et quantité – partir de données
analytiques précises
composition en matière sèche de chacun des composants de la ration
Equilibrer en fonction des résultats obtenus
- Nature des compléments de production
- Minéraux et vitamines : effectuer des apports réguliers dans la ration (notamment en calcium,
(laitières en particulier) et des
compléments minéraux et vitaminés)
phosphore), et des administrations de vitamines A, D3 et E (injections avant vêlage)
- Nature et mode de distribution des oligoéléments
- Oligo-éléments : correction des carences éventuelles avant vêlage (notamment carences en
- Qualité et quantité de l’abreuvement
- Prévoir un abreuvement suffisant (50 litres / jour pour une vache de 600 kg + 3 à 4 litres par
(effectuer les analyses en l’absence de
données)
cuivre, zinc et sélénium dont les implications dans la résistance du veau aux maladies
infectieuses peuvent être importantes)
litre de lait produit)
- Veiller à la qualité bactériologique et chimique de l’eau utilisée (analyses !)
Les facteurs liés au vêlage
Le vêlage représente une période extrêmement sensible
en terme de contamination microbienne : en naissant
« stérile », le veau sera immédiatement en contact avec
les germes d’environnement qui viendront en premier
lieu coloniser l’appareil digestif. Parmi les mesures
prioritaires, on veillera donc à mettre en place celles qui
permettent de réduire la pression d’infection et le risque
Points critiques
de contamination par des germes pathogènes, en
particulier dans un contexte « à risque ». Parmi cellesci : présence d’un box de vêlage à litière régulièrement
changée, hygiène stricte du vêlage (préparation de la
vache, propreté de l’opérateur), précocité et hygiène de
la
prise
colostrale,
…
Recommandations
- Gestion du vêlage : lieu de préparation,
existence d’un box de vêlage, d’un box ou
parc de post-vêlage
- Délai entre vêlage et retour dans le
troupeau principal
- Préconiser un isolement de la vache / génisse avant vêlage (=gestion du stress)
- Préconiser des boxes de vêlage en fonction du nombre de vaches à vêler
- Eviter le vêlage en stabulation comportant des vaches déjà vêlées avec leurs veaux
- Isoler la vache et son veau après vêlage
- Hygiène du lieu de vêlage, du matériel, de
- Local de vêlage désinfecté (dérivés phénolés ou superphosphates) et fraîchement paillé
- Matériel de vêlage spécifique et nettoyé
l’opérateur (mains) et de la vache (voies
génitales et vulve)
- Modalités de réanimation du veau,
- Hygiène et précocité des soins péri-nataux
traitement et désinfection de l’ombilic
- Prise colostrale : hygiène (désinfection de
la mamelle, des trayons, …), qualité et
quantité du colostrum, délai d’absorption
- Qualité : au minimum 75 g/l, idéalement plus de 100 g/l
- Quantité : 10 % du poids du veau dans les premières 24 h, dont la moitié dans les 3 premières
heures
Remarque : conseiller la constitution d’une réserve de colostrum à partir de vaches multipares ou
prévoir un colostrum de substitution dans les cas critiques
- Accès du veau à sa mère, fréquence des
tétées / buvées
- Allaitant : accès deux à trois fois par jour (dans les cas critiques, préférer un accès limité des
- Confort du veau (température, paillage,
- Cf tableau « Normes »
veaux aux vaches pour réduire les risques de contamination)
…)
Les facteurs de prévention sanitaire et médicale
Les facteurs de prévention sanitaire ne sont
généralement pas spécifiques aux entérites néonatales.
Leur inobservance aura néanmoins un impact encore
plus important sur la pathologie des nouveaux-nés,
population dont l’immunité est fragile et qui est plus
exposée aux agressions extérieures. A ce titre, la
prévention médicale vaccinale sera essentielle et aura
pour objet de renforcer la transmission colostrale des
défenses spécifiques passives de la mère au veau. Mais
en raison du caractère passif de cette protection,
l’efficacité de ces mesures sera conditionnée au respect
de conditions minimales d’hygiène et à la maîtrise des
principaux facteurs de risques tels qu’ils ont été évoqués
ci-dessus.
Points critiques
Recommandations
- Modalités d’introduction d’animaux de
- Respect indispensable d’une quarantaine de deux semaines au minimum pour les animaux
l’extérieur (surtout veaux) / pensions /
prêts ; garanties d’origine, quarantaine, …
nouvellement introduits, dans un local séparé et régulièrement désinfecté
(critère important, surtout si de jeunes veaux sont présents dans l’élevage)
- Participation à des foires, concours (en
- Gérer les animaux ayant participé à des concours ou foires comme des animaux nouvellement
particulier concernant les vaches gestantes
ou suitées)
introduits (quarantaine au retour, …)
- Précautions concernant les personnes
- Mise en place de mesures d’hygiène, en particulier dans les zones sensibles telles que box de
étrangères à l’exploitation
vêlage, parcs à veaux (surbottes, pédiluve, …)
- Gestion des malades de l’élevage
- Isolement indispensable des animaux malades, en particulier ceux en contact avec jeunes veaux
- Pathologies intercurrentes
- Recherche de passages viraux par sérologie, en particulier BVD et IBR
(infirmerie, …)
immunodépressives
- Parasitisme (en particulier grande douve,
mais aussi paramphistomes, et strongles)
- Programmes de vaccination : pathologies
concernées, choix des valences, vaccin
utilisé
- Modalités de vaccination : primovaccination et rappels (dates, intervalles et
doses : reprendre schéma si nécessaire),
matériel utilisé, conservation des flacons
(température, conservation après ouverture,
…)
- Vérifications des étiologies impliquées par des analyses appropriées
- Traitements préventifs, en particulier avant la saison de vêlage
- Etablir des plans de prophylaxie en considérant l’ensemble des pathologies de l’élevage : BVD,
IBR, entérites néonatales, entérotoxémies, … (approche globale)
- Entérites néonatales (TRIVACTON 6 ® ou autres vaccinations spécifiques) :
respecter impérativement le protocole de primo-vaccination : 2 injections à 3 – 5 semaines
d’intervalle, la dernière (tout comme le rappel annuel) devant avoir lieu une à deux semaines
avant le vêlage.
Dans les cas critiques, préconiser la primo-vaccination des génisses avant mise à reproduction,
avec rappel avant vêlage.
- Préconiser l’emploi de matériel à usage unique
- Utiliser dans la journée tout flacon entamé
- Conserver au frais
Conclusion
Face à une pathologie de type diarrhéique touchant les jeunes veaux dans un élevage, le
praticien se trouve confronté à une étiologie multifactorielle complexe pour laquelle il dispose
d’un arsenal vaccinal varié et généralement adapté aux principaux germes en cause.
Cependant, avant la mise en place d’un protocole de vaccination, il ne pourra faire l’économie
d’une analyse approfondie des différents facteurs de risque. Cette démarche lui permettra de
hiérarchiser les priorités et mettre en place des recommandations et des mesures de
corrections précises, réalisables et contrôlables à l’échelle de l’exploitation et s’inscrivant
dans la durée.
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