L`accouchement, un chemin vers soi

Transcription

L`accouchement, un chemin vers soi
L'accouchement, un chemin vers soi
Par Lyne Bernatchez, nouvelle membre
Ce texte nous a été aimablement offert par cette toute nouvelle membre, lors du lancement du recueil à Trois-Rivières.
Le 18 décembre 2004 à 11h38 est
née la petite Émilie Dragon.
Laissez-moi vous raconter cette
belle histoire.
Un soir de la semaine précédent mon
accouchement, j'ai rêvé d'un papillon. Une chenille avait construit son
cocon, blottie au fond de lui elle
attendait le bon moment. En rêve,
j'ai vu l'éclosion de cette vie, un
beau papillon déployant ses ailes.
Ce fut le présage de la naissance de
ma fille.
J'ai cru durant la grossesse que ce
papillon était un garçon. Puis, la
veille du déclenchement du travail,
je me suis surprise à dire tout haut
que nous allions passer une soirée "
entre filles ", papa n'étant pas là.
J'avais effectivement raison, sans
pour autant le savoir.
J'ai bien failli justement accueillir
ma fille cette soirée là. Mon corps
déjà me donnait des signes évidents
de sa venue. Mais mon homme étant
absent pour me supporter, il semble
s'être opéré un processus hormonal
limitant le début du travail ou tout
simplement, ce n'était pas le jour J.
Le lendemain, je pétais le feu.
Magasinage, dîner chez des amis et
par-dessus tout, party de bureau! Une
soirée bruyante et exigeante où l'on
oublie d'écouter son corps. Pourtant,
il me l'annonçait... Contractions à
répétition, diarrhées, malaises…
Quand j'ai fini par comprendre, il
était temps de rentrer à la maison!
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
En route mes deux jambes vers mon
chez nous, et pas de détour en chemin!
Je désirais retrouver le calme pour que
ces manifestations de mon corps qui se
met hors de contrôle cessent.
C'est alors que j'ai pris les grands
moyens pour relaxer! Un, même deux
bons bains chauds et puis allez, au
dodo. Mais mon corps avait pris les
devants, il n'en dépendait pas de moi.
J'ai commencé à sentir des contractions plus fortes et plus régulières, ma
tête n'avait pas suivie, je n'étais certainement pas entrain d'accoucher! Pas
ce soir, trop fatiguée, pas le
temps…Alors go la relaxation, question de pouvoir dormir. J'étais néanmoins réveillée régulièrement par les
secousses de mon ventre. Je me trouvais dans un état de grande fatigue,
l'activité des derniers jours n'ayant pas
aidée à faire des réserves d'énergie.
J'envisageai alors cette nuit dans l'abandon total, n'ayant pas la force de
lutter contre moi-même. La nuit a
passée, debout, assise, accroupie. Mes
intestins se sont vidés complètement
pour laisser place à mon bébé, dont
l'arrivée était imminente…Je ne le
réalisais pas encore à ce moment. Les
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hormones faisaient leur travail et me
mettaient dans un était en dehors de la
réalité en me faisant pénétrer à l'intérieur de moi.
L'accouchement, un chemin vers soi…
Se laisser aller, se laisser bercer et
respirer chacune des contractions qui
font frémir mon corps. Voilà ce qui me
fit traverser cette nuit. Jusqu'au matin
où je sentais mes forces me lâcher, ne
plus avoir aucune source d'énergie. J'ai
senti à ce moment avoir besoin de
l'autre, d'une présence réconfortante et
sécurisante. J'ai demandé à JeanFrançois d'appeler la sage-femme.
Caroline est arrivée peu de temps
après. J'avais pu lui parler au téléphone, j'étais inquiète d'avoir vomi
autant durant la nuit. À son arrivée,
elle s'est assise près de moi. J'étais
accroupie sur mon ballon, un outil
indispensable pour vivre la douleur. Je
me suis sentie bien, aimée et comprise
à un moment où j'en avais besoin.
Mon amoureux et la sage-femme, deux
personnes en qui j'avais totalement
confiance allaient me supporter pour
mettre au monde mon bébé. J'ai alors
réaliser que j'allais accoucher aujourd'hui. Il était aux environs de 6 heures
du matin, le 18 décembre.
Nous sommes partis sans se bousculer,
mais avec empressement vers la maison de naissance. Je ne commenterai
pas trop les contractions dans l'auto,
seulement, j'étais contente de ne pas
rester à plus de 20 minutes de là.
Arrivés à la Maison de naissance, le
travail était bien enclenché. Mon corps
de plus en plus s'ouvrait, j'étais somnolente et laissait le travail se faire. Un
bain apaisant, une boisson énergisante,
des touchés réconfortants et des paroles
d'encouragement m'ont donné des
forces durant les heures qui ont suivies.
Graduellement, la douleur s'intensifiait pour permettre un plus grand passage. J'étais dans l'abandon, le laisséaller. En dehors de moi s'opérait toute
une organisation de laquelle je n'ai
pas été témoin, j'étais à l'intérieur,
rassemblant toutes mes forces.
À un certain point, Caroline a vérifié
l'état de l'effacement du col. Il n'en
manquait que peu. Une sensation
bizarre et nouvelle se présentait.
J'avais comme une envie de pousser,
de forcer. Caroline a utilisé un crochet pour crever les eaux et alors, la
douleur s'est intensifiée.
Je ressentais une pression constante
dans mon ventre. Les poussées
étaient douloureuses, j'avais envie de
pleurer, de tout lâcher. C'était plus
fort que je ne pouvais l'imaginer,
j'avais peine à supporter ces secousses
de mon corps. J'aurais voulu que tout
s'arrête, j'aurais volontiers pris une
pause, mais à chaque fois, ça reprenait
plus fort encore et j'expirais tant que
je pouvais. Mon souffle bruyant
accompagnait les poussées. Au
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
moment où je n'en pouvais plus, j'ai
reçu les encouragements d'une douce
voix féminine et la tendresse d'un
homme qui me soutenait.
Je n'avais plus conscience du temps,
ni de l'éminence de la délivrance.
Pourtant, tous ces efforts avaient porté
fruit et mon petit bébé s'était frayé un
chemin vers la sortie. À la suggestion
de la sage-femme, je me suis installée
sur le banc de naissance. Tout a été
très vite après, presque par enchantement j'ai accueilli mon bébé dans mes
bras. J'ai alors ressenti un mélange
indescriptible d'émotions, une joie si
intense qui fait pleurer, un soulagement, du désarroi même face à cette
merveille qu'est la vie.
Émilie, ta naissance fut pour moi un
grand bonheur, un événement qui
m'aura permis de grandir comme
femme, un passage…
Je suis ta maman et je t'aime.
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Le désastre obstétrical
Par Gérald Marquis
Extrait du recueil Aucoeur de la naissance
La femme qui accouche a besoin de
pénombre. Elle cherche un nid à elle
pour y être couvée. Un nid à l'écart
des distractions, des discussions, des
trivialités. Ceux qu'elle admet dans
son nid doivent se montrer
respectueux. Ils doivent faire taire
leur curiosité car il n'y a pas de
pénombre lorsqu'on est curieux. Ils
doivent l'accompagner dans le
recueillement, dans l'intériorité, sombrer avec elle dans le mystère d'une
naissance. La femme qui accouche
doit se dévêtir, être toute nue, vulnérable. Quitter sa personnalité de
tous les jours, sa personne publique,
pour descendre dans la profondeur, là
où on vit les choses les moins personnelles tout en ayant la plus forte
impression de vivre des choses toutes
personnelles. Le maître mot est intimité, du latin intimus, le superlatif d'intérieur. Elle doit se rendre disponible
à vivre sans défense ce qui se présentera. Elle doit lâcher prise, baisser la
garde, s'abandonner, faire le grand
plongeon. Elle doit même s'effacer :
ce n'est pas sa naissance, c'est celle de
son enfant. Tout cela est tellement
contraire à notre culture que l'accouchement est devenu l'opus contra
cultura par excellence.
Comment peut-elle y arriver dans un
hôpital ? Au lieu d'un nid intime et
dans la pénombre, elle est confrontée
à un lieu public, plein de tracasseries
de tout genre et en proie à la curiosité
obsessionnelle des médecins. Car
pour le médecin, la curiosité est une
vertu cardinale. Il combat la
Pathologie, ce serpent sournois et on
n'est jamais assez vigilant devant cette
menace. La lumière du jour n'est
même pas suffisante pour lui, il doit
pouvoir voir au travers des chairs,
Gérald et sa fille aînée, la douce Céleste
entendre à l'intérieur de la bedaine.
Pour ce héros herculéen, il faut un oeil
et des oreilles de surhomme. Hercule
est le personnage le plus superficiel
qu'on puisse imaginer, le moins fait
pour la profondeur de l'âme. Lorsqu'il
a été dans le royaume d'Hadès, il a fait
un fou de lui. Sa seule profondeur est
sa folie. Dans notre culture, le
médecin incarne Hercule. Il est formé
pour agir. Attendre, laisser mijoter,
laisser aller, être passif ; tout cela lui
est étranger. Il se présente à la parturiente comme le Capitaine Kirk aux
commandes d'un puissant vaisseau. Il
peut lui ouvrir le ventre et en extraire
son bébé de façon routinière. Il l'a
déjà fait cent fois. Il est le disciple
d'Asclépios, Dieu de la médecine et
fils d'Apollon, le Dieu de la Lumière.
C'est peut-être là que se situe le désastre obstétrical propre à notre culture.
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
Si tant d'accouchements se terminent
en césarienne, c'est peut-être parce
qu'on n'accouche pas sous le bon
astre. Le désastre, c'est qu'on se place
sous le soleil, alors qu'un accouchement devrait être gouverné par la
douce lune. La médecine apollinienne, que nous connaissons, est une
science solaire qui ne tolère aucune
zone d'ombre. Cela est tout à fait
étranger à la réalité psychique d'un
accouchement. Au lieu de cela,
pourquoi ne pas revenir à Artémis,
Déesse des accouchements et de la
Lune ? Artémis (ou Diane, de son nom
latin) est aussi la Déesse de la vie en
forêt, de notre nature non civilisée.
C'est donc une Déesse en dehors des
murs de la ville, mais Elle les franchit
pour rejoindre la femme qui
accouche. Avec Elle, la femme quitte
la ville, retrouve la forêt originelle,
son animalité, la profondeur de l'âme.
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L'hôpital s'ouvre aux sages-femmes,
le GM en appelle à la vigilance
Par Bernadette Thibaudeau et Lysane Grégoire
De plus en plus, les femmes qui désirent
être suivies par une sage-femme et
accoucher à l'hôpital pourront le faire.
Déjà, trois hôpitaux accueillent les
sages-femmes et les familles : Le
Centre hospitalier de LaSalle, l'Hôpital
Général Juif de Montréal et le l'Hôtel
Dieu de Lévis. Des ententes ont été
conclues avec les maisons de naissance
s'y rattachant soit respectivement Lac
St-Louis, Côte-des-Neiges et Mimosa.
Dans ces ententes les sages-femmes
conservent les mêmes responsabilités
qu'en maison de naissance. La femme
qui fait ce choix n'aura pas à voir de
médecin, à recevoir des soins d'une
infirmière ou à faire plus de tests que les
femmes qui accouchent en maison de
naissance. Elle aura tout son suivi à la
maison de naissance et doit donc y
obtenir une place. Elle devra répondre
aux mêmes critères de sélection que
celles qui accouchent en maison de
naissance. En réalité, c'est comme si la
sage-femme empruntait une chambre à
l'hôpital le temps de l'accouchement et,
3 heures après, sage-femme et femme
doivent avoir quitté les lieux.
Sur la dizaine de femmes qui se sont
inscrites à la maison de naissance Lac
St-Louis en demandant un suivi d'une
sage-femme et un accouchement à
l'hôpital, seulement une a gardé ce
choix lors de la naissance de l'enfant.
Les autres ont changé d'idée après un
suivi de grossesse où, probablement,
certaines peurs sont tombées.
La position du Groupe MAMAN dans
le développement des services des
sages-femmes à l'hôpital a toujours été
celle de ne pas y mettre d'énergie. Sans
s'opposer à cette pratique, nous pensons
Romain, le mignon filston de Nathalie Bisson
que là où les femmes sont le plus à l'aise
pour accoucher et le plus à même de se
protéger d'interventions qu'elles ne
souhaitent pas, c'est dans leur propre
maison. La maison de naissance est une
alternative intéressante, mais rappelons
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
que lorsque les femmes ont revendiqué
la légalisation de la pratique des sagesfemmes, c'était pour accoucher chez
elles, loin des hôpitaux. À ce titre, la
maison de naissance représentait un
compromis.
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Aussi, il ne faut pas oublier que la pratique des sages-femmes au Québec est
jeune et donc fragile, ne serait-ce que
par leur nombre, moins de 75 actuellement pour tout le Québec. Nous ne
voulons pas que la pratique migre peu à
peu vers les hôpitaux et nous retrouver
avec une pratique sage-femme médicalisée comme celle qui a cours dans le
système français par exemple. De plus,
plusieurs études démontrent que plus
les accouchements se rapprochent des
institutions, plus ils sont susceptibles
d'être l'objet d'interventions non nécessaires.
L'hôpital, comme lieu pour la naissance,
ne peut être privilégié par une vision
d'avenir vers davantage d'autonomie et
de confiance pour les femmes, ni vers
davantage de respect de la physiologie
de l'accouchement. Les énergies bénév-
oles du GM se mobilisent donc plutôt
afin de faire connaître aux femmes et
aux familles les bénéfices de renouer
avec l'expérience unique d'enfanter qui
leur appartient, ainsi que pour participer
avec vigilance au développement de la
profession des sages-femmes qui soit
toujours connecté avec les besoins des
femmes et qui soit toujours en harmonie
avec le caractère fondamentalement
naturel de l'accouchement.
Pour une seconde fois, le GM est au
Salon maternité paternité enfants de Montréal
Par Luce Pinard, membre du Conseil d’administration du GM
Pour une seconde année le Groupe
MAMAN était présent au Salon
Maternité Paternité Enfants de
Montréal qui s'est tenu du 31 mars au
3 avril 2005.
ainsi un accès gratuit à une clientèle
nombreuse.
Notre kiosque était
partagé avec le Regroupement des
usagères pour une Maison de naissance dans les Laurentides.
profité de cette occasion pour répandre la bonne nouvelle : enfin, il est
possible d'accoucher chez-soi en
toute légalité accompagnée d'une
sage-femme.
Si cette année nous avons eu l'impression qu'il y a eu moins de personnes
que l'an dernier, plusieurs couples
sont venus nous demander de l'information.
Plusieurs n'avaient pu
obtenir une place en maison de naissance, d'autres désiraient avoir
recours aux services d'une sagefemme alors qu'aucune ressource de
ce type n'existe dans leur région. La
majorité des visiteurs cependant connaissent peu ou mal les services des
sages-femmes, et les témoignages de
beaucoup de femmes nous montrent
combien les peurs et les angoisses
sont toujours présentes, et combien la
technologie médicale et l'hôpital
représentent ce qu'il y a de plus rassurant pour elles.
Le Pavillon de la Naissance ASPQ, à droite on distingue le kiosque du GM
Tout comme l'an dernier nous étions
aux côtés d'autres groupes communautaires, à l'enseigne du Pavillon de
la naissance, un espace coordonné par
l'Association pour la santé publique
du Québec (ASPQ) qui nous permet
La mission du Groupe MAMAN
n'ayant pas changé, le matériel de l'an
dernier fut récupéré pour sensibiliser
les familles à une plus grande
autonomie dans leur projet de fonder
une famille. Nous avons également
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
Toutes ces rencontres nous ont confirmé que notre combat est loin d'être
terminé et que le Groupe MAMAN à
toujours sa raison d'être.
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L'AFAR
Alliance Francophone pour
l'Accouchement Respecté
Note : L'AFAR rassemble des personnes, et des associations de soutien et d'information pour la naissance respectée. Nous considérons que cette alliance partage
les valeurs du Groupe MAMAN et que se joindre à elle alimenterait nos actions
tout en soutenant cette cause qui nous tient à cœur en s'ouvrant à l'international.
Lors de notre prochaine assemblée générale en juin, une proposition sera faite aux
membres afin que nous joignions officiellement l'AFAR. Au Québec, nous comptons présentement trois représentantes de l'AFAR : Stéphanie St-Amant, Catherine
Gerbelli et Céline Lemay.
Vous pouvez aussi soutenir individuellement l'AFAR en devenant membre de cette alliance. Le site de l'AFAR présente une
banque de données et des articles qui ne manqueront pas de vous captiver.
Le texte qui suit est extrait du site de l'AFAR afin de mieux vous la faire connaître :
Le chemin de la naissance est à l'image du
vécu des femmes et des hommes qui deviennent parents : multiple dans les choix
qu'il implique, toujours perfectible au fil
de l'expérience… Et pourtant, dans le
monde moderne, il ressemble de plus en
plus à une voie unique balisée par de
nombreuses " prises en charge " qui déresponsabilisent les parents tributaires du
savoir professionnel.
L'AFAR réunit des parents, des professionnels de santé, aussi bien que des associations, qui souhaitent que la mère, le
couple et l'enfant soient respectés dans
leurs choix, quels qu'ils soient, au moment
de la naissance, moment qui peut être si
décisif dans le commencement d'une existence.
L'AFAR se veut aussi une source exhaustive d'information, présentant les solutions possibles et leur réalisation concrète,
afin de permettre à chacun de faire des
choix en connaissance de cause. Sans être
informé, comment faire un choix éclairé ?
Nous sommes intimement persuadés de la
nécessité de l'accès à l'information pour le
plus grand nombre. En prenant connaissance de l'information, les parents, enfin
responsabilisés, peuvent se réapproprier
la naissance.
Nous sommes convaincus que le fait
d'inciter les parents et futurs parents à s'interroger sur leur rôle et sur les conséquences de leurs choix en matière de
naissance ne peut que les responsabiliser
et les amener vers des formes d'éducation
plus réfléchies.
Nous estimons important que les parents
puissent exprimer leurs besoins et attentes
en ce qui concerne la naissance de leurs
enfants, seule façon de faire sortir les professionnels de leur frilosité. Les parents et
leur bébé doivent être mis au centre du
système, sujets et non objets des soins ou
de l'accompagnement. Un facteur clé
s'élabore durant la grossesse et l'accouchement : la confiance. Confiance en
la capacité pour la mère à porter et à faire
naître son enfant, confiance pour le père
en sa mission d'accompagnement, confiance dans les aptitudes de l'enfant à naître,
mais aussi confiance de la collectivité
humaine qui l'accueille…
Les conditions de cette confiance se trouvent dans l'autonomie et la responsabilité,
et non la dépendance et la soumission.
Pour cela, l'accès à l'information et la lecture d'expériences vécues par d'autres parents s'avèrent certainement plus efficaces
que celle de conseils énoncés par des
manuels de puériculture.
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
Pour l'AFAR, l'accouchement à domicile,
de par sa capacité à respecter le rythme de
la naissance et les besoins vitaux du bébé
et de ses parents, devrait constituer la
référence à partir de laquelle les structures, quelles qu'elles soient, mettent en
place leurs protocoles. Il est trop méconnu
que les pays limitrophes, favorisant l'accouchement à domicile ou en maison de
naissance, arrivent en tête pour la qualité
et la sécurité des naissances !
L'objectif de l'AFAR est de soutenir les
options de ses membres en leur fournissant de l'information scientifique grâce
à sa banque de données en ligne, des conseils sur les textes de lois, et un soutien
juridique en cas de difficulté. Elle choisit
également de profiter pleinement de son
droit d'ester en justice pour la défense des
usagers des services obstétricaux dont les
droits n'ont pas été respectés (actes posés
sans le consentement explicite des personnes concernées).
La situation de la naissance (hypermédicalisation systématisée, " usines à bébés ")
est plus que préoccupante et notre but est
d'en faire prendre conscience, à la plus
grande échelle possible. Nous sommes
persuadés que le fait de tisser dans ce
domaine un réseau associatif à l'échelle
Volume 9 - Numéro 1 - Juin 2005 - Page 12
nationale, voire internationale, peut permettre à chacun d'améliorer le quotidien
à son niveau, et à son tour contribuer à
la responsabilisation d'autres personnes,
instaurant ainsi une mentalité "
citoyenne " jusque dans les choix à propos de ces domaines privilégiés que
sont la naissance et l'éducation.
Depuis 2004, l'AFAR organise chaque
année au mois de mai la Semaine
Mondiale
pour
l'Accouchement
Respecté (SMAR). L'épisiotomie en a
été le premier thème, le second les positions de l'accouchement. L'AFAR est
membre du CIANE (Collectif
Interassociatif Autour de la NaissancE)
et participe en son sein à des actions
politiques. Le site Internet permet de
connaître son action en toute transparence.
Visitez le site Internet de l'AFAR
www.afar.info / [email protected]
La petite Bahia, la joie de vivre de France Beauchamp
Après L'initiative Amis des bébés,
Voici : L'initiative Amis des mères qui enfantent !
Note : Depuis le temps qu'on le demandait, voici que l'on apprend qu'une coalition travaille pour une norme de qualité dans
les maternités, à l'image de l'initiative Ami des bébés, et ce depuis 10 ans! Nous avons la chance d'avoir une militante québécoise dans cette coalition, Hélène Vadeboncoeur, qui travaille à faire connaître cette initiative au Québec, notamment au sein
du Comité national d'orientation et de mobilisation en périnatalité de l'ASPQ, comité sur lequel nous siégeons et où se discute présentement la pertinence de se joindre à ce projet et d'en faire la promotion au Québec. Le Groupe MAMAN vous en
présente un résumé traduit par madame Vadeboncoeur.
Pour en connaître davantage, vous pouvez consulter leur site Internet : www.motherfriendly.org
L'Initiative Amis des femmes
qui
enfantent
(MotherFriendly Childbirth Initiative)
est un projet de la Coalition
pour l'amélioration des services entourant la maternité
(Coalition
for
Improving
Maternity Services), dont le
siège social est en Floride, aux
États-Unis.
Mission
La Coalition pour l'amélioration des
services entourant la maternité
(Coalition for Improving Maternity
Services, CIMS) est une coalition constituée d'individu-e-s et d'organisations
nationales préoccupées des soins et du
bien-être des mères, des bébés et des
familles. La mission de la Coalition est
de promouvoir un modèle de soins
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
entourant la maternité axé sur le bienêtre qui amélioreront les 'résultats' de
l'accouchement et réduiront substantiellement les coûts. Ce modèle axé
sur la mère, le bébé et la famille, modèle fondé sur des données probantes
(evidence-based), considère la prévention et le bien-être comme des alternatives valables aux programmes coûteux de dépistage, diagnostic et traitement qui existent actuellement.
Volume 9 - Numéro 1 - Juin 2005 - Page 13
Préambule
petit pourcentage des naissances
(note de la traductrice : ce préambule
est fait en fonction de la situation aux
États-Unis)
- Les pratiques obstétricales qui contribuent à la hausse des coûts et à des
statistiques maternelles et périnatales
laissant à désirer comprennent l'utilisation inappropriée de technologies et de
routines non fondées sur des données
probantes
- Le système de soins de santé actuel
aux États-Unis ne fournit pas d'accès
égal aux ressources et aux soins et que
les femmes provenant de milieux défavorisés, les femmes n'ayant pas d'assurances et celles qui sont assurées par des
compagnies qui leur imposent le type de
professionnel de santé ou le lieu de
naissance sont désavantagées
- La dépendance accrue de l'obstétrique
à la technologie a diminué la confiance
des femmes en leurs capacités innées de
donner naissance sans interventions
Nous, membres de CIMS, avons donc
résolu de définir et de promouvoir des services de maternité 'amis des femmes qui
enfantent' fondés sur les principes suivants :
Attendu que :
- En dépit de dépenses per capita
supérieures à tout autre pays, en ce qui
concerne les soins aux mères et aux
nouveaux-nés, les États-Unis ont des
taux élevés de morbidité et de mortalité
périnatales, comparativement à la plupart des pays industrialisés et que la
mortalité maternelle y est quatre fois
supérieure en ce qui concerne les
femmes afro-africaines qu'en ce qui
concerne les Américaines d'origine
européenne
- Dans les pays industrialisés qui
affichent les meilleures statistiques
périnatales, ce sont les sages-femmes
qui aident la grande majorité des
femmes à accoucher, alors qu'aux ÉtatsUnis, les sages-femmes ne sont l'intervenante principale que lors d'un très
- L'intégrité de la relation mère-enfant
qui commence durant la grossesse, est
compromise par le traitement obstétrical des mères et des bébés, comme s'ils
constituaient des groupes séparés ayant
des besoins conflictuels
- Même si l'allaitement offre des avantages indéniables en ce qui concerne la
santé, la nutrition et le développement
des bébés, seule une fraction des mères
américaines allaitent toujours leur bébé
lorsqu'il atteint six semaines de vie
Principes
Nous croyons que les fondements des
pratiques pendant la grossesse et l'accouchement 'amies des femmes' sont :
La normalité de l'accouchement, l'empowerment, l'autonomie, la préoccupation de ne pas nuire et la responsabilité.
Ces principes soutiennent les dix étapes
suivantes, qui soutiennent, protègent et
promeuvent les services de maternité
'amis des femmes'.
Les dix étapes de l'Initiative Amis des femmes qui enfantent
À l'intention des établissements et services entourant la
naissance : centres hospitaliers, maisons de naissance et
services d'accouchement à domicile.
Pour être désigné Ami des femmes qui enfantent, le centre
hospitalier, la maison de naissance ou les services d'accouchement à domicile doivent appliquer les principes
précédents en se conformant aux critères suivants :
Les services de l'établissement ou les services d'accouchement à domicile doivent :
1. Offrir à toutes les femmes en travail :
¤ la possibilité d'avoir auprès d'elles un ou des compagnons
de leur choix, incluant le père, leur partenaire, leur(s)
enfant(s), des membres de la famille ou des ami-e-s et ce, sans
restrictions ;
¤ l'accès illimité à du soutien continu psychologique et
physique fourni par une femme formée à cet effet, soit une
doula ou une accompagnante ;
¤
l'accès à des services de sage-femme.
2. Fournir de l'information juste, sous forme descriptive
et statistique, à la population sur ses pratiques et procédures
entourant l'accouchement, incluant les types d'interventions et
les " résultats ".
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
3. Fournir des soins adaptés culturellement - soit des
soins tenant compte des différentes croyances, valeurs et coutumes de l'ethnie ou de la religion à laquelle les femmes en
travail appartiennent et les respectant.
4. Donner à la femme en travail la liberté de marcher, de
bouger, et de prendre les positions de son choix durant le travail et la naissance de son bébé (à moins de restriction
motivée par la nécessité de pallier une complication) et
décourager la position couchée sur le dos et les jambes
surélevées.
5. Avoir des politiques claires et des procédures
concernant :
¤ la collaboration avec d'autres services de maternité incluant les consultations - au cours de la période périnatale,
dont la communication avec le ou la professionnel-le attitrée
de la femme enceinte lors d'un transfert d'un lieu de naissance
à un autre au besoin ;
¤ les références à des ressources appropriées dans la communauté pour la mère et le bébé, incluant le suivi prénatal et
postnatal et le soutien à l'allaitement.
6. Ne pas avoir recours, de manière routinière, à des
pratiques et à des procédures non fondées sur des preuves scientifiques (données probantes), incluant les routines suivantes
(mais non limité à celles-ci) :
Volume 9 - Numéro 1 - Juin 2005 - Page 14
¤
le rasage de la vulve ou du périnée
¤
l'administration de lavements
¤
la pose d'un soluté
¤
l'interdiction à la femme en travail de boire et de manger
¤
la rupture des membranes tôt dans le travail
¤
la surveillance électronique du coeur foetal (monitoring)
¤
Limiter les interventions suivantes aux taux indiqués :
taux de déclenchement artificiel du travail de 10 % ou
moins
¤
taux d'épisiotomie de 20 % ou moins, (objectif : 5 % ou
moins)
¤
taux de césariennes de 10 % ou moins, dans les hôpitaux
communautaires, et de 15 % ou moins dans des hôpitaux
spécialisés offrant des soins de type tertiaire
¤
taux d'AVAC (accouchements vaginaux après césarienne)
de 60 % ou plus (objectif : 75 % ou plus)
7. Enseigner au personnel des techniques non pharmacologiques de soulagement de la douleur et ne pas promouvoir le recours aux analgésiques ou aux médicaments
anesthésiants en l'absence d'indication destinée à traiter une
complication.
8. Encourager toutes les femmes ayant donné naissance
et les familles - incluant celles qui ont des bébés prématurés
ou ayant des malformations congénitales - à toucher, tenir,
allaiter et prendre soin de leur bébé dans la mesure où leur état
le permet.
9. Décourager la circoncision du nouveau-né pour un
motif non religieux.
10. Viser à se conformer aux 10 critères établis par
l'OMS et l'UNICEF des établissements Amis des bébés pour
la promotion de l'allaitement :
a. Avoir une politique d'allaitement écrite qui est
régulièrement portée à la connaissance du personnel ;
b. Former le personnel de manière à ce qu'il soit habilité
à mettre en oeuvre cette politique ;
c. Informer toutes les femmes enceintes des avantages
de l'allaitement maternel et les renseigner sur sa
pratique ;
d. Aider les nouvelles mères à allaiter dans la demiheure qui suit la naissance ;
e. Montrer aux femmes comment allaiter et comment
maintenir la lactation même si elles sont séparées de
leur bébé;
f. Ne donner aux bébés aucun supplément (à boire ou à
manger) sauf si c'est indiqué sur le plan médical ;
g. Pratiquer la cohabitation : laisser les mères et les
bébés ensemble 24 heures par jour ;
h. Encourager l'allaitement sur demande ;
i.
Ne pas donner de tétine artificielle (sucette) aux bébés
allaités ;
j.
Encourager l'établissement de groupes de soutien à
l'allaitement et informer les mères de leur existence
lors de leur sortie de l'établissement.
Pour les references relatives à ces étapes, voir le site web de CIMS, à MFCI, The Ten Steps of Mother-Friendly Childbirth Initiative.
Traduction de la version anglaise vers le français : Hélène Vadeboncoeur, Ph.D, chercheuse en périnatalité, Montréal, Canada. Septembre 2004.
Rappel de la philosophie du Groupe MAMAN
Les valeurs promues par les membres du Groupe MAMAN se
fondent sur la reconnaissance de la grossesse et de l'accouchement comme processus naturels et comme expériences appartenant avant tout aux femmes et aux familles.
Lorsque la femme est maître d'oeuvre de son accouchement,
qu'elle est soutenue et encouragée plutôt que prise en
charge, elle se découvre des compétences et une force
insoupçonnées tout en se donnant la meilleure initiation qui
soit à son rôle de mère.
L'accouchement est une expérience déterminante; une occasion de grandir, une expression de la puissance des femmes,
un geste de création et d'accueil à la vie.
La suite naturelle, c'est le lien physique qui se poursuit dans
l'intimité de la relation d'allaitement. Bien plus qu'un mode
d'alimentation, l'allaitement favorise l'attachement et offre
sécurité, chaleur et ...une savoureuse dose d'amour!
Le bulletin d'information du Groupe MAMAN
Morgane, petit bonheur de Geneviève Labelle
Volume 9 - Numéro 1 - Juin 2005 - Page 15