Thème Chine : la transformation silencieuse Un entrepreneur de

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Thème Chine : la transformation silencieuse Un entrepreneur de
Chine : la transformation silencieuse
Thème
Un entrepreneur de PME,
fabricant de jouets en Chine
Stéphane GOASDOUE
Directeur Général de MEGATOY,
est un entrepreneur travaillant dans l’import-export
depuis plusieurs années sur les marchés asiatiques et
maintenant fabricant de jouets en Chine.
[email protected]
Comment menez-vous votre business depuis la France ?
Stéphane Goasdoue : Notre modèle de fonctionnement
consiste en l'achat de licence de produits, de marques et
de faire fabriquer les produits en Chine. La typologie de
produit se décline sous différentes formes : figurines,
modèles réduits de voitures, gadgets.
Les licences sont accordées pour un produit type ou sous
forme de "master toy" qui comporte une gamme complète. Ceci dépend de la stratégie retenue par le vendeur de
la licence. Charge à nous de fabriquer et concevoir tout le
processus de fabrication.
Notre travail consiste à travailler depuis la France les
étapes de conception et de design. A ce terme, une présérie ou un prototype est lancé puis validé par le licencié.
Le transfert de ces travaux vers l'atelier chinois et sa
commercialisation est la finalité de notre travail.
Le contrôle étroit sur place est effectué par notre bureau
local. En effet, sur le marché du jouet qui cible les
enfants, les contrôles et contrôles qualités sont multiples
et très surveillés. Une présence permanente permet de
"verrouiller” sur place à l'usine. Notre relation, tout au
long de la phase de fabrication, est permanente.
Comment garantir les normes européennes ?
SG : Les contrôles qualités sont tout d'abord mis en place
à l'usine. Ceci est facilité par le fait que de nombreux
clients mondiaux qui fabriquent au sein de la même usine
mandatent leur propre délégation pour les contrôles.
Ceci maintient une pression permanente sur la fabrication.
Dans certains cas, des contrôles par un organisme indépendant (un laboratoire externe) sont effectués conjointement par le licencié et le fournisseur. Ceci évite un
contrôle par un laboratoire chinois qui pourrait être partisan.
Quelle est la tendance actuelle sur cette montée de la
qualité ?
SG : Une grande partie de notre fabrication est entendue
en FOB, « free on board », ce qui sous-tend que tout est
réalisé en Chine et dispatché chez les grossistes à l'arrivée du conteneur en Europe.
Afin de garantir une situation conforme au départ de
Chine, notre objectif est de faire tendre les usines vers les
normes européennes. Une des techniques consiste à travailler avec un panel d'usines référencées. En même
temps ces usines travaillent exclusivement avec des
clients européens afin d'éviter des pollutions croisées.
Car certains pays n'ont pas les mêmes contraintes et des
machines de fabrication peuvent travailler des matières
aux substances chimiques à des concentrations supérieures aux normes requises.
Stephane Goasdoué note une évolution significative de
ces pratiques depuis maintenant 5 ans, même si tout
n'est pas parfait loin de là. En effet, ces pratiques ont
permis de sélectionner des partenaires et d'autres ont
disparus.
La Chine est-elle l'atelier du monde le plus compétitif ?
SG : Lorsque que l'on raisonne en terme de coûts de
revient, surtout sur le marché en FOB, un nouveau phénomène est apparu. Conjointement à une volonté du gouvernement chinois de mieux protéger ses salariés et à
une réévaluation du Yuan, les coûts se sont relevés et ce
de manière significative depuis janvier de cette année.
Avec une croissance soutenue de 10%, la volonté d’élever
le niveau de vie est de 50% de la population à terme. Ceci
aura pour conséquence une délocalisation vers l’Inde
estime Stephane Goasdoue, pour qui cette issue est pour
le moment freinée par le sous-équipement industriel de
l’Inde qui est plus focalisé sur les services.
Quels sont les risques actuels ?
SG : Le relèvement du Yuan n’impacte pas trop les entreprises européennes. Celles-ci négociant en dollar, la
parité eurodollar gomme cet effet.
La contrefaçon est de plus en contrôlée aussi bien du côté
fabricant que par le licencié qui possède la marque. La
diffusion des produits est majoritairement hors des circuits de distribution chinois. Même s'il n’y a pas une
volonté politique forte débouchant sur des mesures drastiques et concrètes, des fuites sont toujours possibles
mais localisées. Elles ne pénalisent pas les distributeurs
sur leur zone de chalandise.
De même, les grandes enseignes de la grande distribution et des distributeurs spécialisés qui diffusent les produits en Chine sont attentifs à cette forme de concurrence qui pourrait leur être préjudiciable.
Enfin, les contrôles de douanes sont particulièrement
vigilants au second trimestre de l’année, période à
laquelle les marchandises arrivent vers les centrales d’achats pour les fêtes de fin d’année. ■
Interview réalisée par
Stéphane AUDUREAU
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Les Cahiers de Centrale Marseille Alumni

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