1 Comment faire un commentaire de texte ? I / Méthode

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1 Comment faire un commentaire de texte ? I / Méthode
Comment faire un commentaire de texte ?
I / Méthode / recommandations
a/ Plans
soit
Linéaire (suivre le texte pas à pas en distinguant des étapes qui scandent un mouvement du
texte et permettent donc de constituer plusieurs parties de votre commentaire)
soit
Thématique (regrouper des passages éloignés du texte en fonction d’un questionnement
particulier que vous articulez sur une base logique / dialectique et non en suivant un
mouvement et une progression du texte)
NB : la première solution est la plus simple et la moins périlleuse
b/ usage des citations : citez abondamment le texte mais comme support et illustration de
votre propre raisonnement et sans que le commentaire ne devienne une simple paraphrase
c/ toujours replacer le passage à commenter dans le contexte textuel qui est le sien ( à quel
moment de l’œuvre) et, plus généralement, dans le contexte de la production de l’auteur en
question ou du genre auquel il a recours (dialogue, traité, lettre, harangue etc.)
d/. ne pas se contenter de décrire ce que le texte comprend mais l’analyser en mobilisant ce
que vous savez de l’histoire du texte considéré mais aussi plus largement de son inscription
dans deux formes de contemporanéité (à son époque et éventuellement à la nôtre)
e/ évitez les banalités et les lieux communs ou les facilités d’analyse du type « ça me fait
penser à »
f/ développer un raisonnement progressif qui a un début et une fin avec des transitions entre
les différents moments de votre travail
g/ il faut une introduction et une conclusion qui ne se perdent pas dans un degré de généralité
trop élevé (qui soient donc toujours ancrées dans leur objet précis) mais qui manifestent aussi
une capacité à prendre de la hauteur par rapport au texte et à synthétiser un questionnement
sur ce dernier (en posant en introduction les enjeux principaux du texte et, en conclusion, en
présentant un certain nombre de conséquences plus générales du texte commenté et moins
dépendantes de ce dernier)
II / Exemple
a/ un commentaire sur Cicéron
Le texte Cicéron (extrait de "De officiis" -- III, VI)
Commentaire
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On doit donc avoir en tout un seul but : identifier son intérêt particulier à l'intérêt général ;
ramener tout à soi, c'est dissoudre complètement la communauté des hommes.
[C'est l'énoncé de la thèse. L'intérêt particulier doit être identifié à l'intérêt général. L'intérêt
particulier doit en réalité être subordonné à l'intérêt général. La condamnation de l'égoïsme est
trop générale en philosophie morale pour qu'on s'en tienne à cette simple remarque. Chez
Cicéron, le particulier est subordonné au général comme la partie l'est au tout. Le monde
constitue dans la physique stoïcienne une totalité vivante, c'est-à-dire dont toutes les parties
sont liées, différenciées mais liées par une " sympathie " générale. On ne confondra pas cet
énoncé avec l'impératif catégorique : chez Kant la maxime de l'action pouvoir valoir comme
loi universelle non en raison d'une quelconque physique ou métaphysique, mais parce que
l'action, pour être morale, doit être exclusivement déterminée par la raison législatrice. Or une
loi est par définition universelle. Donc les lois de l'action doivent avoir une valeur universelle
pour être des lois morales. Les conclusions pratiques de la morale de Cicéron et de celle de
Kant ne sont sans doute pas très éloignées. Mais les systèmes qui légitiment ces conclusions
sont très différents.]
Si la nature prescrit de prendre soin d'un homme pour cette seule raison qu'il est homme, il
faut bien que, selon la nature aussi, il y ait un intérêt commun à tous ; s'il en est ainsi, nous
sommes tous tenus par une seule et même loi naturelle, et, en conséquence, il est interdit par
la loi naturelle d'attenter aux droits d'autrui : or le premier antécédent est vrai, donc le
dernier conséquent l'est aussi ;
[La démonstration de la thèse est d'abord exposée sous une forme logique. On n'oubliera pas
que les Stoïciens, qui influencent fortement Cicéron (même si, stricto sensu, Cicéron n'est pas
stoïcien) sont d'abord de grands logiciens. Ici nous avons affaire à trois classiques modus
ponens, de la forme " Si p alors q, or p, donc q " et enchaînés. Formalisons le raisonnement :
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p : La nature prescrit de prendre soin de chaque homme pour cette seule raison qu'il
est un homme.
q1 : il y a un intérêt commun à tous.
Si p alors q1.
q2 : nous sommes tous tenus par une même loi naturelle
Si q1 alors q2.
r : la loi naturelle interdit d'attenter aux droits d'autrui.
Si q2 alors r.
Or p, donc q1 ; donc q2 ; donc r.
Remarquons la prémisse, non discutée, admise comme évidence : la nature nous commande
de prendre soin d'autrui. C'est la sympathie universelle entre toutes les parties de la totalité
qu'on doit tenir pour vraie. De cette prémisse, Cicéron conclut que mon intérêt ne doit jamais
entrer en conflit avec celui de tous les autres. Le principe de justice " A chacun ce qui lui est
dû " a ainsi un fondement dans la connaissance de l'ordre naturel. Le droit est donc en son
fondement un droit naturel. Alors que pour les théoriciens rationalistes du Contrat (Hobbes,
Spinoza ou Rousseau) le droit est la conséquence du pacte social et donc le résultat d'une
convention. Il y a chez Cicéron quelque chose que Rousseau et Kant refusent énergiquement,
une sorte de passage du fait au droit : c'est la réalité physique du monde, rationnellement
comprise, qui commande les règles du droit.]
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car il est absurde de dire, comme certains, que l’on n’enlèvera rien à un père ou un frère
dans son propre intérêt, mais que pour le reste des citoyens, c’est une autre affaire : les gens
qui parlent ainsi décident qu’ils n’ont point de lien de droit avec leurs concitoyens, qu’ils ne
forment avec eux aucune société en vue de l’utilité commune : pareille opinion rompt avec
toute association civile.
[Ici Cicéron dit ce que Montesquieu redira : " Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui
fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à
ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque
chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et
préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. " (Mes pensées) Et
Montesquieu donne la raison de cette position : " je suis homme avant d'être Français, je suis
nécessairement homme et je ne suis Français que par hasard. " La conséquence directe de la
théorie stoïcienne reprise par Cicéron est que l'homme est d'abord " citoyen du monde ". Ce
cosmopolitisme se distingue de la conception aristotélicienne de la Cité, bien que la
conception aristotélicienne du droit soit aussi une conception fondée sur le droit naturel. La
Cité d'Aristote est nécessairement close, et limitée puisqu'elle doit être autarcique pour être
libre. Les philosophes rationalistes ne prendront pas non plus en compte de point de vue
cosmopolitique : le droit civil établit la paix au sein de la nation mais entre les États, c'est le
droit de nature, c'est-à-dire la simple loi du plus fort qui s'applique – même si Spinoza ou
Rousseau indiquent très nettement qu'un État bien gouverné devra s'abstenir de toute guerre
de conquête. Seul Kant, sur la base d'une problématique entièrement différente, revient à ce
point de vue du citoyen du monde, à la fois théoriquement (cf. Théorie et pratique, 3e partie)
et avec des propositions concrètes (Projet de traité de paix perpétuelle).]
Mais dire qu'il faut bien tenir compte de ses concitoyens, mais non des étrangers, c'est
détruire la société du genre humain, et avec elle supprimer la bienfaisance, la libéralité, la
bonté, la justice ;
[La démarche de Cicéron est parfaitement rigoureuse : de même que les intérêts de la famille
sont subordonnés aux intérêts de l'ensemble de la communauté nationale (ou de la
République), de même les intérêts de la communauté nationale sont subordonnés aux intérêts
généraux de l'humanité. L'étranger est donc ainsi un sujet de droit puisque nous avons
nécessairement des devoirs envers lui. Cette prise de position théorique a d'abord été
développée par les Stoïciens grecs qui viennent quand la liberté antique des Cités
indépendantes vole en éclats avec d'abord la conquête macédonienne puis avec la conquête
romaine. Cette conception universaliste trouve un terrain favorable dans l'empire romain qui
se veut non pas une Cité mais une Cité à la tête d'un monde. La manière dont l'empire donnera
la citoyenneté aux peuples conquis montre que les thèses de Cicéron ne sont pas seulement
des utopies de philosophe.]
et pareille négation doit être jugée comme une impiété envers les dieux immortels ; car c'est
eux qui ont institué entre les hommes cette société que l'on renverse ;
[L'appel aux dieux pour justifier la loi naturelle est une des caractéristiques des théories du
droit naturel. Si la nature est modèle, c'est parce qu'elle est l'expression directe de la loi
divine. Pour un athée ou un agnostique, il n'y a en revanche aucune raison que la nature
fournisse a priori le modèle de lois humaines. La société étant instituée entre tous les hommes
par les dieux est sacrée. Cette identité entre loi divine et loi de nature, fondatrice de
l'universalité de la communauté humaine se retrouve dans le christianisme, première religion
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qui se donne le monde comme arène (catholikos veut dire universel). Naturel et divin : c'est
encore le même double qualificatif qu'on trouve chez Locke dans sa définition de l'état de
nature.]
car le lien le plus étroit de cette association, c’est la pensée qu’il est plus contraire à la
nature, étant homme, de dérober le bien d’un homme pour son avantage personnel que de
s’exposer à tous les contretemps qui peuvent atteindre notre corps, nos biens extérieurs et
même notre âme, sans injustice de notre part : car cette seule vertu est la reine et la maîtresse
de toutes les vertus.
[Dernière partie de l'argumentation : c'est la justice qui est la reine et la maîtresse de toutes les
vertus. Platon et Aristote ne disent pas autre chose. Et ici Cicéron se fait le traducteur fidèle
de leur pensée. Comme chez les deux grands maîtres, la justice a une double définition : celle
qui est implicite au début du texte, " à chacun son dû " et celle qui est affirmée maintenant : il
vaut mieux souffrir et subir l'injustice que la commettre. Donc la véritable justice ne peut se
limiter à réclamer son dû, à appliquer formellement le principe d'égalité. La véritable justice
s'accomplit dans l'amour du prochain, cet amour qui nous conduit à souffrir nous-mêmes
plutôt qu'à voir l'autre souffrir. La justice n'est donc pas une symétrie des égoïsmes, un
égoïsme compensé et bien pesé. Il ne suffit pas d'avoir le droit pour soi pour être juste. Être
juste c'est d'abord prendre soin du droit des autres, quitte à ce que mon propre droit soit
négligé. Le cosmopolitisme de Cicéron apparaît maintenant comme une simple conséquence
de cette morale sublime qui nous vient de Platon, d'Aristote et des autres grands maîtres de la
philosophie ancienne.]
b/ un commentaire sur Machiavel
Le temps des cruautés sur le chap 8 du Prince cf pièce jointe
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Eléments de méthode
II. Introduction
* Donner le thème central du texte.
* Poser sous forme interrogative la thèse principale du texte et les thèses adjacentes. Les
identifier.
* Formuler le problème politique (la question à laquelle le texte répond d’une manière telle
que l’examen détaillé du texte permette d’apporter une réponse).
III. On utilise une présentation en deux partie, explications et commentaires
A. Explication = étude ordonnée
Développer et ordonner les idées dans l’ordre du texte en montrant la logique de leur
enchainement.
1) Les idées
* Explication des mots ou des expressions importants
* Dégager la thèse centrale (qu’est-ce que dit le texte ?)
* Dégager la ou les thèses adjacentes
* Explication en détail de chacune de ces idées
2) L’argumentation
* Expliquer selon quel plan est construit le texte
* La façon dont l’auteur passe d’une étape à l’autre
* Faire remarquer la progression
3) Examen critique (si c’est possible)
* Dégager les principes sur lesquels s’appuie l’auteur ; soulever des objections et répondre à ces
objections
* Il n’est pas nécessaire de connaître la pensée de l’auteur par contre il est fortement conseillé de
l’utiliser si on la connait
B. Discussion des thèses de l’auteur = commentaire = intérêt philosophique
* Montrer ce qu’apporte le texte au traitement des thèses qu’il aborde
* Montrer en quoi l’examen du texte permet d’avancer vers une réponse au problème posé
(dans l’introduction)
* La réponse doit toujours tenir compte de ce qui a été établi à l’aide de la réflexion sur le
texte
* On peut confronter la pensée de l’auteur à celle d’autres philosophes mais ce n’est pas
obligatoire
* On peut confronter les thèses aux thèses différentes et/ou contradictoires
IV. Conclusion
* Réponse au problème posé dans l’introduction
*
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Autre proposition
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•
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Présenter et situer le texte (localisation du passage dans l’œuvre, nature et
contenu du texte) : il faut rattacher la présentation du texte à la problématique
générale qui est étudiée dans le commentaire. Idéalement, on évite de commencer
l’introduction par des formules du type « ce texte… », « cet extrait… » car le
correcteur n’est pas censé connaître le texte sur lequel porte le commentaire. Les
formules banales, les lieux communs (« Maupassant, ce grand écrivain… », « De tout
temps, les poètes ont célébré l’amour », etc.) sont également à éviter.
Présenter le projet de lecture : c’est un moment très important de l’introduction. On
explique au lecteur le sujet du commentaire.
Annoncer habilement le plan : l’annonce du plan doit découler logiquement de
l’hypothèse de lecture. Idéalement, il faut éviter les formules plates du type « nous
nous intéresserons à… », « nous verrons que… », etc.
Lire plusieurs fois au-travers de « grilles de lecture » :
•
•
•
1re lecture : lecture cursive. À la fin de cette lecture, procéder à un questionnement
systématique du texte
o Pour ne pas se disperser dans les recherches et les observations.
o Pour commencer à constituer les éléments de l’introduction et de la conclusion
(ces points seront abordés plus loin)
Questions à se poser systématiquement :
o Quel est le thème du texte ? Peut-il être mis en relation avec l’œuvre dont le
texte est extrait, avec le titre de l’œuvre, avec l’auteur, avec l’époque ?
o Quel est son genre (traité, dialogue, discours, histoire), son type dominant
(argumentatif, narratif, descriptif…) ?
o Quelle est sa tonalité, voire son registre littéraire?
o Quel est son intérêt (historique, philosophique, sociologique…) ?
2e lecture : étude du niveau lexical et de la modalisation
o Classer les mots suivant des familles, examiner si on peut les regrouper en
champs lexicaux ou sémantiques remarquables.
o Étudier les formes, couleurs, mouvements, l’organisation de l’espace, les
valeurs symboliques ou affectives de ces éléments.
o Étudier l’organisation de ces éléments en parallélisme, en relation, en rappel ou
en opposition.
o On peut alors établir des réseaux lexicaux et ainsi discerner les thèmes
(intellectuels, affectifs, symboliques) du texte.
o Étude particulière du registre du discours : lyrique, élégiaque, pathétique,
ironique, comique… En fait il y a souvent un registre principal ou dominant et
un ou plusieurs registres secondaires. Tout dépend de la longueur et de la
densité du texte étudié.
o En examinant les structures grammaticales et leurs effets de sens : choix des
pronoms, des déterminants du nom ; choix du type de construction : nominale,
affirmative, exclamative, interrogative ; choix des épithètes : souci de
caractérisation, valeur méliorative ou péjorative ; choix des modes verbaux :
impératif = prière ou volonté de pression sur autrui ; subjonctif = doute, mode
du sentiment ou de la pensée, temps : présent de narration, de vérité générale,
imparfait de durée ou de répétition passé simple d’action soudaine qui ne se
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o
o
répète pas ; choix du style direct, indirect, indirect libre… Hypotaxe ou
parataxe…
3e lecture : étude des images
 Étude des comparaisons explicites, des métaphores, métonymies et
synecdoques, hyperboles, litotes… Quels sont les effets qu’a voulu
produire l’auteur en employant telle ou telle figure de rhétorique ?
e
4 lecture : construction d’une signification d’ensemble
 Rassembler les résultats de ces points de vue partiels sur le texte, les
confronter au contexte, à tout ce que je peux savoir de l’œuvre, de
l’auteur, de l’époque…
[Lire la suite sur : http://www.etudes-litteraires.com/methode-commentaire-compose]
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Autre proposition
I/ Préparation au brouillon
1. Lecture et repérage du thème.
La première étape de la compréhension est de repérer le thème dominant du texte.
Il est indispensable de lire plusieurs fois le texte. Dès votre seconde lecture, celle-ci doit être
active. Lisez avec un crayon à la main. Soulignez les mots qui vous paraissent importants et
les mots dont la signification ne va pas de soi : mots obscurs, mots-clés, mots techniques, etc.
Reformulez d’une manière qui vous paraisse plus simple les phrases dont la signification
n’apparaît pas immédiatement.
N’hésitez pas à relier entre eux les mots qui se réfèrent à la même réalité. Essayez ainsi de
constituer des réseaux de significations qui traversent le texte, et repérez s’ils sont en
opposition.
Entourer les connecteurs logiques: "Mais", "par conséquent", etc. ...
Repérer les changements de modalité du raisonnement par les différences de conjugaison des
verbes.
Numéroter les lignes du texte (pour les renvois qui seront faits dans le devoir).
2. Explication des termes et locutions.
Faites un travail systématique d’explication au brouillon de tous les termes et locutions du
texte qui méritent éclaircissement. Ce sont les mots que vous avez souligné.
Certains mots doivent retenir plus particulièrement votre attention parce qu’ils sont de
portée générale et ont une grande importance dans le raisonnement. Essayez au moins de les
situer, en un premier temps, en les distinguant de mots de signification voisine. Réservez la
possibilité d’ajouter des considérations plus spécifiques concernant leur valeur dans le
contexte après avoir étudié le texte plus avant.
Ces explications doivent être clairement disposées dans votre brouillon ; elles doivent être
concises et sobres (c’est-à-dire courtes). Tout cela pour qu’elles soient aisément utilisables
lorsque vous rédigerez.
3. Dégager les étapes de l’argumentation.
Le texte qui vous est proposé est toujours un discours de raison. Il argumente pour convaincre
de la justesse de sa thèse. Il y a donc lieu de bien saisir l’enchaînement des arguments pour
comprendre correctement la thèse proposée.
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Appuyez-vous sur les connecteurs logiques mis en évidence lors de la lecture : ils sont
souvent des indices d’étapes de l’argumentation.
Il convient alors de formuler chaque étape de l’argumentation en une proposition (donc avec
un verbe) qui montrera son rôle dans le raisonnement de l’auteur. Il est quelquefois éclairant
de mettre en évidence des sous-parties aux grandes étapes de l’argumentation.
La formulation de ces différentes étapes doit être sobre, précise et claire ; elle doit essayer de
faire valoir les liens logiques entre les parties du texte.
4. Énoncer la thèse.
La thèse est l’affirmation qu’imposent les étapes de l’argumentation. Elle peut être très
explicitement énoncée par l’auteur – et d’ailleurs pas forcément à la fin du texte – mais ce
n’est pas toujours le cas. Le plus souvent, il faut que vous trouviez vous-même sa
formulation. Cherchez-là comme la proposition qui permet le mieux de rendre compte de
l’ensemble du texte. Pour la reconnaître posez-vous la question : qu’est-ce que ce texte
apporte ?
Efforcez-vous d’énoncer la thèse en une phrase concise et claire.
5. Énoncer le problème.
Vous devriez maintenant identifier clairement le problème sur lequel s’est prononcé l’auteur
en écrivant ce texte. En effet ce problème est toujours la question dont la thèse est une
réponse. Ce problème est rarement exprimé de manière explicite. Il vous revient dès lors de
l’induire à partir de la thèse que vous avez énoncée.
6. Envisager des éléments d’intérêt politique plus général.
Il s'agit de mettre en perspective la thèse du texte par rapport aux problématiques auxquelles
elle se rapporte et aux réponses qui leur ont été données, afin d'aboutir à un jugement justifié
sur cette thèse. Il faut se poser la question : quelle serait l’autre réponse possible à ce
problème philosophique ? Très souvent, cette thèse opposée est évoquée dans le texte. Car
tout texte pose une thèse en s’opposant à une autre thèse. Une thèse opposée peut également
être recherchée avec profit du côté du sens commun car un texte philosophique est très
souvent écrit pour combattre une opinion commune. Il convient aussi de s’interroger sur la
filiation de cette thèse. Dans quel grand courant de pensée s’inscrit-elle ? Sur quelle
philosophie antérieure s’appuie-t-elle ? Qu’apporte-t-elle de nouveau dans cette perspective ?
II/ Structure d’une explication de texte
I - Introduction :
Elle a pour fonction d’introduire au problème énoncé. Elle le fera en trois moments comme
pour la dissertation. Elle se terminera par une phrase proposant le texte (nommer l'auteur) du
sujet comme apportant une solution digne d'intérêt et méritant d’être étudiée.
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II – Développement
a) Un premier paragraphe sera consacré à la présentation générale du texte.
Ce paragraphe est nécessaire pour donner un cadre et un sens à l’étude qui va suivre. On
présentera d’abord la thèse. Ensuite on montrera le profil de la démarche en déclinant les
étapes de l’argumentation telles qu’elles ont été dégagées.
b) On fera ensuite une explication ordonnée du texte, c’est-à-dire s’appuyant sur l’ordre des
raisons qui ont permis à l’auteur de justifier sa thèse. Pour cela prévoyez de consacrer un
paragraphe à chaque argument important.
c) L’étude qui vient d’être faite nous met en position de nous prononcer sur l’intérêt
politique du texte.
III – Conclusion.
Elle fait d’abord une rapide récapitulation de la démarche du développement.
Ensuite elle prononce un jugement clair – ce qui n’empêche pas qu’il puisse être nuancé –
sur la valeur de la réponse proposée par le texte au problème posé en introduction.
Il est bon (mais non indispensable), si vous en avez la possibilité, de terminer par une phrase
qui mette en évidence une perspective digne d'intérêt ouverte par la thèse du texte
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Autre proposition (plus liée à commentaire juridique)
I. Travail préparatoire
Nature du texte. La préparation du commentaire suppose, d'abord, que soit établie une sorte
de « fiche d'identité» du texte en question. Dans cette perspective, il faut en préciser la
nature, en rechercher l'origine , en présenter l'auteur, en indiquer la date. Par ailleurs, il est
essentiel de replacer le texte dans son contexte ; en clair, s'il s'agit d'un article du Code, il
importe de prendre connaissance des articles précédents et suivants; si le texte est extrait d'un
ouvrage ou d'un article de doctrine, il est nécessaire d'apprécier la place que tient ce texte dans
l'œuvre de l'auteur; lorsque le commentaire porte sur une disposition législative, il faut
examiner la loi dont elle est un des éléments.
Sens du texte. Ensuite, la phase de préparation de cet exercice comporte nécessairement une
étude minutieuse du sens du texte. Cette recherche du sens passe successivement par
l'analyse des différents termes qui composent le texte, l'étude des concepts qu'il contient et
l'examen de sa structure qui se révélera souvent déterminante lors de la confection du plan. En
effet, le texte est fréquemment conçu de telle façon qu'il comporte des divisions, lesquelles
peuvent être formelles (alinéas, paragraphes) ou informelles (principe-exception, notiondomaine, dessein d'une règle-destin d'une règle).
Appel à la culture juridique. Enfin, un effort de mémorisation doit être effectué afin de
rassembler toutes les connaissances nécessaires au commentaire du texte. Dans cette
optique, il faut rappeler quel était le dessein de son auteur, c'est-à-dire, par exemple, expliquer
les raisons qui ont incité le législateur à intervenir ou conduit tel auteur à émettre telle
opinion; en bref, l'état du droit antérieur et la genèse du texte doivent être retracés. De plus, le
destin du texte mérite qu'on lui prête attention car c'est un élément prépondérant du
commentaire que de rechercher les évolutions qui ont marqué son application, la façon dont il
a influencé le droit postérieur, les appréciations qui ont été émises lors de sa publication. Cette
ultime phase de préparation nécessite une bonne culture juridique, en général, et des
connaissances portant sur les règles et concepts que contient le texte en particulier.
II. Conception du plan
Quant au plan, il doit, tant que faire se peut, épouser la structure du texte. La tâche est parfois
aisée lorsque celui-ci est composé de plusieurs alinéas, articles ou paragraphes. Dans le cas
contraire, ou si les divisions formelles du texte ne peuvent manifestement pas influer sur la
construction du plan, ce sont les différentes idées exprimées dans le texte ou les points
successivement traités qui serviront de repères pour le plan du commentaire.
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