Christophe Smith Réalisateur
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Christophe Smith Réalisateur
Christophe Smith Réalisateur C. S. : Ah oui, surtout au début. Et puis je ne savais pas trop tourner en mer, ni charger les caméras... J’attendais que Kersauson dorme pour charger les caméras parce que je mettais vingt minutes pour décharger et recharger les magasins de l’Eclair, au début ! Donc je ne voulais pas qu’il me voie passer un temps comme ça à charger ! Et puis j’ai été sauvé par les petites Bell & Howell parce que c’était des bobines plus faciles à charger, et c’était plus facile de cadrer aussi… Après le film, la question était de savoir quoi faire de mon avenir. J’hésitais entre aller vers le documentaire… Entretien Dominique Attal, Christiane Spièro G. 25 I. : Tu avais quel âge ? Réaliser un polar ? Un huit clos ? Un film de guerre ? Un drame ? Une comédie ? C. S. : Vingt-six ans... J’avais un pote, un seul, qui était assistant réalisateur, et comme j’adorais le cinéma, je l’appelle et je lui dis : « J’ai envie d’apprendre le métier, tu n’as pas un boulot de stagiaire ? » Il était en train de tourner un film de cul avec un metteur en scène qui s’appelle Claude Mulot. Et voilà, je me retrouve stagiaire, sur un film de cul... (Rires). Mais avec un très bon réalisateur. Autant de facettes, parmi tant d’autres, du métier de réalisateur de fiction. G. 25 I. : C’était l’époque charnière, juste avant le X. Il y a avait des réalisateurs chevronnés qui se sont essayé au film de cul. Christophe Smith, réalisateur des Guignols, nous raconte son expérience. C. S. : Oui, et puis on tournait avec de vraies équipes de cinéma. Le chef-op c’était Roger Fellous, il y avait un chef déco, une scripte, une maquilleuse. Le scénario n’était pas hyper-créatif mais quand même. Voilà, j’ai commencé comme ça, et après j’ai été assistant. Mulot travaillait avec Lautner sur des scénarios. Je rencontre Lautner, il me prend comme deuxième, et de fil en aiguille je monte premier. Je travaille beaucoup en pub comme premier, et puis à un moment je me dis : « Ça y est, je suis prêt pour réaliser ! » Je devais avoir tout juste trente ans, trente et un ans, et j’annonce à tout le monde : « J’arrête d’être premier, je vais devenir réalisateur. » Et voilà comment je suis devenu réalisateur. Après des débuts de journaliste, puis de documentariste, Christophe écrit et réalise des courts et des longs métrages, des publicités et des clips. Depuis 1992, il collabore régulièrement aux Guignols de l’Info et a réalisé plus de quatre cents sketches. G. 25 I. : Tu as commencé par la pub ? C. S. : Non, la pub, on ne veut pas de toi si tu n’as rien fait... Groupe 25 Images. : Comment es-tu devenu réalisateur ? G. 25 I. : Et tu n’avais jamais tenu une caméra de ta vie ? Christophe Smith : Ca a été un long parcours, parce que je ne fais pas partie de ces gens qui se voyaient réalisateurs très jeunes. J’ai débuté comme stagiaire, puis journaliste, à la radio. Je faisais des reportages, mais au bout de quatre ou cinq ans, je commençais à y voir quelque chose de routinier. Je m’ennuyais un peu. J’avais deux passions depuis l’enfance : le cinéma en tant que spectateur – mais je ne m’imaginais pas une seconde travaillant dans ce métier – et la mer. Et un jour, quand j’étais journaliste… C. S. : Non. Juste une caméra 8 millimètres. Et il me dit : « Je viens de signer un accord avec la SFP pour faire le film de la course. Je dois embarquer un de leurs cadreurs, mais si je leur dis que j’ai mon cadreur, ça devrait passer. » Il me rappelle, trois jours après, et il me dit : « C’est bon, c’est réglé, tu embarques ! » Et là, je me retrouve vraiment comme un con, j’appelle deux copains caméramen à la télé, et je leur explique... « Bon j’ai déjà utilisé une caméra 8, la photo je connais un peu mais une caméra 16 millimètres, pas du tout... » Heureusement, le caméraman de la SFP avait déjà fait sa commande de matériel, parce que sinon... Il y avait une Eclair 16, deux petites Bell & Howell mécaniques, et je ne sais pas combien de mètres de pellicule mais une quantité hallucinante, en négatif. Et tout s’est enchaîné comme ça. J’ai un copain qui m’a prêté sa caméra et 30 mètres de pellicule, et j’ai fait un bout d’essai sur le lac du bois de Boulogne, avant de partir. Du genre, tu filmes des canards, tu montes sur une barque, tu la fais bouger, et puis tu prends des diaphragmes, tu développes et tu dis : « Bon ok, pour les diaphragmes c’est bon. Et je suis parti. Ça a été une longue aventure. J’ai monté le film, il a été diffusé, il a eu un grand prix au Festival du film d’Aventure de La Plagne, et il a été diffusé sur Antenne 2 un dimanche après-midi. Ce film faisait une heure et demie. J’étais super content ! G. 25 I. : Tu étais à RTL ? C. S. : Oui, à RTL. Et un jour, je vois qu’Olivier de Kersauson, qui est le second de Tabarly à l’époque, a un projet de course autour du monde, et qu’il est en train de préparer son bateau. Et ça me démangeait, alors je lui dis : « Il faut que je te dise un truc, mon rêve ce serait de partir faire la course avec toi. » J’avais très peu d’expérience à l’époque. J’avais dormi une fois en mer. Et c’était une course Londres-Sydney, SydneyLondres. Deux étapes, autour du monde. Mais bon, j’étais persuadé que je pouvais le faire. Et Kersauson me dit, toujours intéressé : « Pourquoi pas, si tu m’amènes quelque chose. » Alors je lui dis : « J’ai plein de copains journalistes, il suffira que j’appelle mes potes en leur donnant un bout d’article et ils parleront de la course. » Un mois avant le départ, on déjeune ensemble, et à un moment il me dit : « Est-ce que tu sais te servir d’une caméra ? » Alors, pas l’ombre d’une hésitation, au bluff, je lui dis : « Oui, bien sûr ! » 16 • La Lettre des Réalisateurs n° 36 G. 25 I. : Oui mais dans la mesure où tu n’avais aucune expérience, il devait y avoir pas mal d’erreurs ? www.groupe25images.fr C. S. : Quand j’ai décidé de réaliser, il fallait que je trouve des petits films institutionnels. Puis je repère un petit clip avec Krootchey, un DJ qui voulait chanter. Il devait faire le clip avec Mondino qui n’était plus libre, ou commençait à être très exigeant financièrement. Moi je dis : « Attends, le clip je le fais gratos. » Et je le fais, en réunissant une équipe d’enfer, de gens qui avaient tous envie de faire un truc gratuit parce qu’ils en avaient tous besoin. J’étais très copain avec François Lartigue qui était premier assistant caméra, et je lui avais dit : « Le jour où je passe réalisateur, tu deviens chef-op ! » Et donc je lui ai dit de venir faire ce clip avec moi. Et le clip a fait un vrai carton chez les directeurs artistiques de pub. La chanson n’a eu aucun succès, mais le clip a fait le tour de toutes les agences, et d’un seul coup, les gens se sont intéressés à moi. Charles Gassot me faisait beaucoup bosser comme premier assistant, mais pas comme réalisateur, jusqu’au moment où les directeurs artistiques ont dit : « On a vu le clip de Christophe, formidable, on veut le faire travailler... », et là j’ai eu une grande période pub. G. 25 I. : Tu devais très bien gagner ta vie ? C. S. : Oui, je rattrapais pas mal d’années de galère, et en plus c’était assez formidable parce que je tournais en 35 millimètres, j’essayais tout. Tu dis : « Je veux telle grue », tu as telle grue, tu veux telle caméra...Il y a de l’argent, alors on y va, et puis tu choisis les chefs-ops avec qui tu as envie de bosser, c’est un bonheur. Jusqu’au moment où je me suis dit : je n’ai pas fait ce métier pour faire de la pub. www.groupe25images.fr G. 25 I. : Ça a duré combien d’années ? C. S. : Jusqu’en 1991, 92, ça a duré six ans. Et comme je fonctionne souvent comme ça, j’arrête tout... J’avais envie d’écrire un film, un long-métrage anti-Le Pen, déjà, et je cherchais avec qui l’écrire, et je repère, c’était vraiment les tout début, Les Guignols : « Ils font des trucs drôles, leur humour me plaît. » J’appelle Benoît Delépine, qui est hyperflatté parce que je suis le premier hors télévision qui l’appelle pour lui dire : « C’est génial ce que vous faites ! » Et je commence à lui parler de cette idée, ça le branche. Il amène Jean-François Halin, on commence à bosser l’été, et puis ils se rendent compte – et moi aussi d’ailleurs – que ce n’est pas un boulot facile d’écrire un long-métrage. On avait une très belle idée mais on ne savait pas comment finir. G. 25 I. : Vous n’aviez jamais ni les uns ni les autres écrit de long-métrage ? C. S. : Non, jamais. On avait écrit la moitié du film, mais l’autre moitié on ramait. Et Benoît et Jean-François me disent : « On est emmerdés parce que l’aventure des Guignols ça nous prend vraiment beaucoup de temps, on ne va pas pouvoir continuer là-dessus », et puis ils me disent : « Par contre, c’est vraiment sympa de bosser avec toi, on a un vrai problème aux Guignols, on n’a pas de réalisateur de fiction, est-ce que ça t’amuserait de venir faire une expérience avec nous ? ». Je ne réponds pas oui tout de suite, parce que d’abord tu te dis : « Putain, je vais bosser en vidéo... la honte... ! » Je réfléchis trois ou quatre jours et je leur dis : « Ecoutez, si je viens, on remet tout à plat, et puis on fait ça comme j’ai envie de le faire », c’est-à-dire comme j’avais appris à le faire en fiction. G. 25 I. : Pourquoi ? Ça fonctionnait comment ? C. S. : C’était un grand bazar. Les marionnettistes se géraient, il y avait un directeur artistique qui gérait les voix et le reste, les réalisateurs jouaient à presser sur les boutons et n’osaient pas ouvrir leur gueule sur le jeu, parce qu’ils ne venaient pas de la fiction. Et donc, je mets en place une méthode de travail, qui est toujours à peu près la même. G. 25 I. : Combien de temps à l’avance avez-vous les textes ? C. S. : On a les textes le mercredi soir, le jeudi on a une réunion avec les auteurs des textes, on échange nos points de vue pour faire d’éventuelles petites modifications, ou on parle des choses qu’on ne comprend pas bien, qu’il faut clarifier à l’écriture. Vendredi, samedi, on fait nos découpages. Le lundi matin, on a une réunion déco où on les briefe sur tous les décors à construire... C’est le bureau d’Hollande, tu veux la fenêtre à droite, la porte à gauche, ou la porte en face. Il y a des centaines de décors créés depuis le début de l’histoire. A chaque fois ce sont des feuilles qui sont repeintes, redécorées. Le lundi après-midi on a la réunion casting et costumes. Casting de marionnettes, parce qu’on a pas mal de marionnettes anonymes et les marionnettes connues peuvent avoir un look un peu différent par rapport à une autre série de sketches. C’est là que tu dis : « Pour faire M. Michel, on lui met une barbe et des lunettes... » Tu choisis la tronche qui te plaît et puis après tu l’habilles d’une barbe ou pas, de cheveux blonds ou pas, tout ce que tu veux ! Derrière il y a quand même quatre filles qui bossent sur les marionnettes et quatre qui bossent sur les costumes. Il y a une petite usine, avec un stock de costumes super-important, et on achète de temps en temps quelque chose pour compléter. Quand on doit faire Chirac en Super Menteur, il faut lui faire un costume Super Menteur ! La Lettre des Réalisateurs n° 36 • 17 …entretien avec Christophe Smith… C. S. : La quotidienne des Guignols ça dure entre huit et neuf minutes. Les sketches, c’est entre une et trois minutes. G. 25 I. : Et le coût d’un sketch ? C. S. : Je suis incapable de répondre... Il y a une enveloppe globale, attribuée chaque année aux Guignols, et après la production se débrouille. Ils ont des contrats à l’année avec Euromedia pour les plateaux et pour le studio de la quotidienne. Tout ça est géré de façon assez formatée. Par exemple il y a quelque chose qui est interdit, c’est de faire des heures supplémentaires en tournage. Bon, s’il y a un énorme incident exceptionnel... G. 25 I. : Si tu as une panne caméra, C. S. : Là, ça peut être accepté, mais autrement, un réalisateur qui va dépasser régulièrement, il est vite éjecté. G. 25 I. : Vous êtes combien de réalisateurs de fiction ? C. S. : On est pas mal maintenant, on doit être une dizaine. G. 25 I. : Et toi tu tournes combien de sketches par mois ? C. S. : Moi je suis dans une situation un peu particulière parce que quand je ne tourne pas de sketches, je remplace de temps en temps le producteur sur la quotidienne. Mais c’est grosso modo un tournage tous les deux mois. G. 25 I. : Tu ne tournes pas de directs ? Tournage Les Guignols Inglorius catho Et après, le lendemain matin, donc mardi, tu enregistres les voix, parce que tout est tourné en play-back. Tu enregistres pendant deux heures les voix avec les imitateurs et les acteurs, et avec le producteur artistique qui est là parce qu’il y a une continuité sur les voix à gérer, surtout avec les jeunes réalisateurs. Et puis après tu commences à réfléchir aux effets spéciaux. Tu as des effets spéciaux en direct donc tu les gères avec la déco, ou des effets spéciaux de postproduction. Puis on a une préparation classique. Il y a un premier assistant, un deuxième assistant, un régisseur-repéreur, une scripte, une ou un stagiaire… Les trois sont groupés : le poste montage, le poste graphisme et le poste truquage, qui fait aussi étalonnage. La scripte reste pendant tout le montage, donc tu fais faire un prémontage par la scripte qui a noté tes choix de prises, pendant que tu suis les autres opérations. Mais tu es vraiment obligé d’être présent pour les trois postes, car les délais sont très courts. Après, les mardis et mercredi suivants, tu fais la postprod son. Là c’est plus léger, c’est sur deux jours. Comme les voix sont enregistrées, on arrive avec un élément vierge de son et on invente la totalité de la bande son et on fait de la postsynchro si nécessaire. G. 25 I. : Et là, une semaine s’est passée ? G. 25 I. : C’est le même principe qu’en animation ! C. S. : Oui, le lundi suivant on est en tournage, pendant quatre jours. Sur ces quatre jours en général, il y a trois jours en studio et une journée en extérieur. C. S. : Oui, là on a des équipes qui sont très rodées, et tu fais les choix musicaux aussi, un ingé-son-mixeur, un assistant chargé des recherches et du planning, plus le bruiteur. En plus il y a un superviseur son, il nous aide dans les choix de musiques, ou au moment du mixage définitif. Et voilà, le mercredi on a fini nos sketches. Et le jeudi on les présente. Il peut y avoir éventuellement des petites rectifications. Un packshot qu’on change, une scène qui saute, ou un dialogue dont on a envie d’améliorer la compréhension, un petit défaut de mix, ce sont des détails mais il peut y avoir des petites modifications à ce moment-là. G. 25 I. : Et tu tournes combien de sketches ? C. S. : Quatre, en général. G. 25 I. : Tu tournes combien de minutes utiles par jour ? C. S. : C’est très variable, parce que tu peux avoir un sketch très compliqué qui te prend plus d’une journée et qui fait quarante secondes, et d’autres fois tu peux faire un sketch de deux minutes et demie, que tu fais dans la journée. Donc moi je dirais qu’on est aux alentours d’une minute trente, une minute quarante-cinq utile par jour, en moyenne . G. 25 I. : Et tu choisis tes sketches... ? C. S. : Non, tu n’as pas le choix. Le choix des sketches c’est un choix éditorial. Tu as quatre sketches, d’autres fois tu peux en avoir cinq ou trois parce que tu peux avoir un sketch hypercompliqué à tourner qui te prend deux jours, ou alors tu peux avoir deux sketches très faciles à tourner qui prennent une demi-journée chacun. G. 25 I. : Et le vendredi suivant commence le montage ? C. S. : Oui. Tu rentres en montage vendredi, samedi, lundi. Tu fais montage, étalonnage et truquage en même temps. 18 • La Lettre des Réalisateurs n° 36 G. 25 I. : Alors à combien de semaines on arrive ? C. S. : Trois semaines. G. 25 I. : Comment peut-on coller à l’actualité, en ayant trois semaines de délai avant la diffusion ? C. S. : C’est parce qu’ils bossent plus sur des thèmes que sur l’actualité. Par exemple les déboires de Sarkozy avec la justice, ça collera chaque fois qu’il y aura une actualité judiciaire. Il arrive d’ailleurs qu’on repasse des sketches qui ont deux ans d’existence, parce que ça tombe pile avec l’actualité. L’actualité pure, elle est traitée au quotidien. G. 25 I. : Quelle est la proportion entre les sketches et l’actualité dans une émission des Guignols ? www.groupe25images.fr C. S. : Je ne réalise pas de directs. Mais tu sais, le direct, Il y a sept caméras. On a une grue... Le plateau est assez grand. G. 25 I. : Sept caméras mais qui ne servent pas toutes en permanence ? C. S. : Oui, on ne prend que celles dont on a besoin. Mais c’est une émission assez volumineuse. Alors le producteur artistique est là au direct pour gérer l’enregistrement des voix, la mise en scène des marionnettes, et superviser la réalisation du direct. G. 25 I. : C’est lui le responsable ? C. S. : Oui, il y a une continuité à garder, les réalisateurs du direct changent, il faut respecter une charte de réalisation. Il ne faut pas rater les gros plans au moment où, pour que ce soit drôle... Voilà, c’est un peu le rôle du producteur artistique. G. 25 I. : Tu fais ça depuis 1992 ? C. S. : Oui, j’ai arrêté un peu parfois, mais depuis 1992. G. 25 I. : Et c’est toujours aussi excitant ? C. S. : Oui, ce qui est fabuleux, c’est que tu as l’impression de faire tes gammes en permanence aux Guignols, et de les faire de manière extrêmement ludique. C’est un vrai défi de raconter une histoire en une minute trente ou deux minutes, et ce n’est jamais gagné. Ça m’est peut-être arrivé deux ou trois fois depuis que j’en fais – j’ai dû faire plus de quatre cents sketches – de me dire : « Ah, ça, je l’ai déjà fait comme ça... » Pas plus. Et pas parce que je cherche à le faire différemment, mais parce que l’histoire, il faut la tourner différemment... Tu racontes Hollande dans son bureau, quelque soit l’histoire, c’est une autre histoire, et donc, ce n’est pas la même façon de la raconter. Ce qui est terrible parfois, c’est que tu lis quelque chose qui te fait vraiment rire, et tu peux être hyper-déçu et très en colère une fois le sketch monté. Parce que tu n’as rien apporté de plus au texte, ou parce que c’est plus drôle à lire qu’à voir ? Tu te poses forcément plein de questions. Inversement, quelque chose qui ne te paraît pas drôle, peutêtre que parce que tu cogites plus, tout à coup à l’arrivée tu es surpris de voir à quel point ça peut te faire rire. Tu n’es jamais www.groupe25images.fr rassuré avant de tourner, tu te demandes en permanence ce que tu peux faire, ajouter, dire aux interprètes pour apporter un petit plus à ton sketch. G. 25 I. : Et, il y a des sketches qui ne sont pas diffusés? C. S. : Non, enfin, moi ça m’est arrivé une fois, dans toute ma carrière. C’était un sketch cauchemardesque à tourner, parce qu’on tournait à Levallois en extérieur, en pleine tempête. C’était l’inauguration de la statue du général de Gaulle, et il y a avait Philippe Séguin qui était candidat à l’époque, à la mairie de Paris, qui venait à l’inauguration. Le sketch terminé, au moment de l’inauguration de la statue – c’est pour ça qu’il ne faut pas anticiper l’actualité – Séguin n’est pas venu. Donc le sketch est allé direct à la poubelle. G. 25 I. : Donc tu n’étais pas responsable. C. S. : Non ! Après, il y a des réalisateurs qui ne restent pas longtemps. Soit parce qu’ils n’entrent pas dans le moule, soit parce qu’ils n’ont pas compris comment faire de la comédie. Ce n’est pas évident ! G. 25 I. : Oui. Le ton Guignols n’est pas facile à attraper, jusqu’où peut-on aller... C. S. : Ce qui est difficile, c’est comment ne pas rater les moments qui sont drôles. Et parfois c’est vraiment une histoire de valeur de plan. Tu peux te dire : « Ah, c’est très joli ma mise en scène, c’est vachement bien ! », tu fais bouger les gens, tu fais un joli plan-séquence, c’est très bien, et puis tu arrives au montage et tu te dis : « Putain, c’est pas drôle ! » Du coup tu ravales ta fierté, tu montes un ou deux gros plans que tu as tournés en couverture, et ça marche… Le rythme et les gros plans sont indispensables en comédie. G. 25 I. : Tu tournes en mono-cam ou en bi-cam ? C. S. : Mono-cam, toujours. A un moment on a tourné en bi-cam, j’ai essayé, et je trouvais que ça ne servait à rien. Et surtout ça ne sert à rien avec les marionnettes, parce les marionnettes sont des gros machins que les marionnettistes portent au-dessus de leurs têtes, à deux. Il y en a un qui fait les mains, et l’autre qui tient et fait bouger la tête, et eux, évidemment, ils sont obligés d’avoir un retour pour se voir jouer, comme s’ils étaient devant un miroir, et donc s’il y a deux caméras ça devient plus compliqué à gérer, et puis pour la lumière aussi parce que déjà que deux caméras avec des acteurs ce n’est pas très facile, mais avec les marionnettes pour leur donner un peu de vie il faut travailler la lumière, et donc quand tu es dans des axes un peu différents ça fonctionne moins bien. On a trouvé qu’en mono-cam, ça allait plus vite finalement. G. 25 I. : Les marionnettistes ont un synchronisme parfait, pourtant ils ne connaissent pas le texte par cœur ?! C. S. : Oui, c’est comme un chanteur qui fait un play-back sur sa chanson. Ils écoutent le texte et ils le mémorisent, et puis ils ont un texte écrit aussi, mais certains ont une supermémoire. Ils retiennent leurs quatre répliques et ils le font comme ça, en parlant eux. G. 25 I. : Ton expérience est pour nous très intéressante, parce que notre métier de réalisateur ne se borne pas à tourner des séries ou des unitaires, il y a Les Guignols, mais aussi le docufiction, l’animation, le documentaire, le clip, etc. C. S. : Il y a un truc qui est absolument formidable aux Guignols, c’est qu’on a une liberté qui vaut tout l’or du monde. Il y a de temps en temps le producteur artistique qui passe pour vérifier qu’il n’y a pas une grosse bêtise de faite, mais autrement, on a une liberté de travail formidable. La Lettre des Réalisateurs n° 36 • 19 …entretien avec Christophe Smith... G. 25 I. : S’intégrer à l’équipe des Guignols ce n’est pas facile ? G. 25 I. : Tu montes sur une échelle ? C. S. : Ce n’est pas facile du tout. C. S. : Au début tu es archi-paumé ! Après tu arrives à transposer, au bout d’un certain temps, alors ta caméra te sert de chercheur de champ. Et l’autre chose, c’est que tu as deux marionnettistes sous une marionnette. Donc tu as deux marionnettistes à diriger, et c’est compliqué. Moi, je me suis très vite habitué à m’adresser à la marionnette et pas aux marionnettistes. Comme ça, ils se débrouillent entre eux pour analyser la demande. G. 25 I. : Il y a beaucoup de déchet dans le choix des réalisateurs ? C. S. : Il y en a eu, mais maintenant il y a une fidélisation avec ceux qui fonctionnent très bien. Il y a eu un nouveau qui est arrivé il y a deux ans, c’est à peu près tout. On est déjà dix quand même donc on ne va pas en faire entrer plus, mais s’il y a un départ, il y a un nouveau qui rentre. Et puis, à un moment c’est bien d’avoir un rapport de fidélité, ça rassure tout le monde. G. 25 I. : Donc quelque part, tu es un réalisateur rassuré ? C. S. : La dernière fois que j’étais un réalisateur rassuré c’était à la fin du mois de juin de l’année dernière, tu es en vacances, et puis tu apprends que les Guignols c’est terminé... ! (Rires). Mais si je fais une série de sketches ratés, je le paierai, c’est sûr ! Parce que c’est normal. Il y a une vraie exigence de qualité dans cette émission, et c’est une exigence partagée par tous. Sauf pour des questions de budget, personne ne t’empêchera d’être exigeant. G. 25 I. : Tu es angoissé avant de tourner ? C. S. : Oui. J’angoisse la nuit moi. En tournage je dors trois, quatre heures par nuit, pas plus, je ne peux pas ! Après, sur le plateau, je suis relativement comme je suis là, calme, et puis j’ai un très bon rapport avec l’équipe, à partir du moment où les gens travaillent correctement. J’ai des très bons rapports avec les marionnettistes qui sont des interprètes formidables. Il y a une chose qui est très étrange aux Guignols, tu arrives dans un monde qui est 60 centimètres au-dessus du sol. Tout, les marionnettes, les décors. Donc toi, tu ne peux pas voir... G. 25 I. : En fait tu fais une vraie direction d’acteurs avec les marionnettes ? C. S. : Oui, vraiment. Ca fait rire certaines personnes, mais eux, ils le comprennent très bien. Je peux leur parler du personnage, ils adorent ça, et tu le retrouves sur la marionnette. Ils ont une sensibilité d’interprètes, vraiment. Et je fais un casting de marionnettistes. C’est-à-dire qu’en fonction du sketch et de ce que la marionnette a à jouer, je peux prendre un marionnettiste ou un autre. G. 25 I. : Parce que tu connais très bien toute l’équipe. C. S. : Choisir les marionnettistes, c’est une des choses que j’ai installées quand je suis arrivé, et qui a été très mal pris par certains anciens. Après ils ont compris que c’était dans leur intérêt à tous. Il faut qu’ils apportent de l’émotion aux marionnettes et ils y arrivent très souvent. G. 25 I. : Tu as arrêté les Guignols au bout de quatre ans pour faire ton long métrage ? C. S. : Oui. Avec Benoît Delépine, on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on fasse autre chose que Les Guignols ensemble, et on a fait deux courts-métrages, et puis est arrivé le long-métrage. Ça a commencé sans moi. Benoît et Charles Gassot ont travaillé ensemble sur le scénario. Ça a pris du temps, ça a été compliqué, et ils sont arrivés à un scénario sur lequel ils étaient d’accord tous les deux. Et à ce moment-là, Benoît m’a appelé, il m’a dit qu’il avait envie que ce soit moi qui le réalise, et qu’il fallait que je me mette dans la tête qu’on ne toucherait pas au scénario, parce que ça avait été un long processus, difficile, avec Charles, pour se mettre d’accord. Donc voilà, je suis entré dans l’aventure comme dans un film de commande, et ça a été une belle aventure, avec des déceptions, avec des satisfactions, avec des grands moments de plaisir... G. 25 I. : Avec une distribution magnifique et internationale ! C. S. : Oui, formidable ! Au départ on voulait faire un film sans argent, mais avec un producteur qui ne peut pas faire un film sans argent… Donc à ce moment-là, j’ai commencé à faire un casting américain, mon casting rêvé. Victoria Principal avait lu et accepté. Les autres, c’était plus compliqué. A un moment, j’ai même envoyé le scénario à Charlton Heston (rires), quand il a lu ça, il est devenu vert ! C’était tellement anti-américain qu’il ne pouvait pas supporter ! Et puis je me suis retrouvé quand même avec Mickey Rooney et Elliott Gould qui est une idole absolue pour moi, et c’était absolument formidable ! L’aventure américaine a été formidable, Madagascar, ça a été formidable, mais vraiment de la pure aventure parce que c’était très très lourd. Et donc le film est sorti l’année de la Coupe du monde de foot, dans un moment où les films se précipitaient pour sortir avant le mois de mai, parce qu’après c’était foutu ! Nous on voulait faire un film en VO, le distributeur ne l’a sorti partout qu’en VF. Il l’a vu comme un film plutôt banlieue, nous on le voyait plutôt comme un film parisien. Et puis, le film avait des défauts aussi ! Mais toujours est-il que par rapport à ce qu’il a coûté, on n’a pas fait un gros score. On a fait quoi, 300 000... Et j’ai mis un an et demi pour m’en remettre... G. 25 I. : Comme toutes les sorties cinéma qui ne marchent pas ! Qu’est-ce que c’est dur ! C. S. : Ensemble on a défini la philosophie de notre vin. Je descends deux fois par an pour tailler la vigne et vendanger, deux étapes essentielles. On a un viticulteur qui s’occupe de l’entretien courant. Il faut vérifier qu’il n’y ait pas de problèmes de maladies ou de choses comme ça, et puis on héberge notre cuve chez lui. Et il y a un de nos associés viticulteur qui s’occupe de la vinification avec mon frère. C. S. : La mer, toujours la mer. J’avais envie de faire une fiction, un huis-clos entièrement en mer. C’était un gros défi, et ça ne s’est pas fait, il s’en est fallu de très peu... Pour le coup j’ai eu du mal à m’en remettre ! Mais je crois qu’il faut que j’oublie la mer au cinéma, parce qu’il y a un vieux dicton : « Qui touche à la mer, touche à la merde ! » Je voulais faire un documentaire sur le Vendée Globe, mais à travers un marin, que j’avais choisi, Marc Guillemot, un type formidable, qui me dit : « OK, d’accord ! » L’idée, c’était que je le filme pendant six mois avant son départ, j’installe des caméras sur son bateau, des caméras automatiques, et lui il s’engage à se lâcher complètement, et à me faire confiance. Je trouve un producteur, hyper-enthousiaste qui dit : « On y va », et arrivé au départ, il n’avait pas trouvé l’argent. Il me dit : « Ne t’inquiète pas, on en est au départ, on le fait quand même, je trouverai de l’argent, à un moment ou à un autre. » On le fait, avec les moyens du bord. Marc Guillemot prend le départ du Vendée Globe, c’était son deuxième Vendée, il avait un super-bateau, tout avait l’air verrouillé. Il ne lui arrive jamais rien, enfin quand il lui arrive quelque chose, il ramène toujours le bateau, et quatre heures après le départ, il perd sa quille... La quille qui était là depuis un an sur le bateau, et donc là, c’est le cauchemar ! G. 25 I. : Et que tu présentes à l’avance sur recettes ? C. S. : Non ! Je suis fâché avec l’avance sur recettes, depuis le début. Quand tu es un réalisateur avec un CV publicitaire.. Et puis après, quand tu travailles pour Canal +, c’est pas la peine. www.groupe25images.fr G. 25 I. : Dans le groupe, il y a deux réalisateurs, Laurent Lévy et toi. Comment vous faites par rapport à votre métier ? G. 25 I. : Tu n’as jamais essayé d’aller vers les unitaires, la série ? C. S. : J’ai un sentiment de quelque chose qui n’est pas accompli en long-métrage. Je n’ai pas fait mon film et j’ai envie d’en faire un, qui soit mon film, au moins un. Après, il marche, il ne marche pas… J’ai fait une aventure qui m’a plu en long-métrage, mais ce n’était pas mon film complètement, c’était un film de commande. Et donc j’ai envie de faire mon film. Ça fait quand même trois scénarios que je fais, que je co-écris. La Lettre des Réalisateurs n° 36 C. S. : Le vin, c’est une vieille histoire. J’ai un frère qui est journaliste spécialisé dans le vin. il a trouvé une vigne, on a fait un groupe, trois Perpignanais, trois Parisiens, que des gens bien, et puis voilà ! G. 25 I. : Vous en vendez beaucoup ? G. 25 I. : C’est sûr, on te regarde avec envie et on trouve que tu travailles dans un univers assez privilégié. Ceci dit quand on regarde ton site, on voit que tu développes une série sur la correspondance dont on peut voir le pilote et que tu as en tête un nouveau long-métrage? 20 • G. 25 I. : Et le vin au milieu de tout ça ? C. S. : Oui, j’ai eu du mal après... Mais je suis retourné voir Les Guignols et ils m’ont pris. Et puis j’ai continué à essayer de développer des projets de films. J’étais plus intéressé par le cinéma que par la télévision, parce que Les Guignols me plaisaient tellement que je n’avais pas envie d’aller vers autre chose à la télévision. C. S. : Non, jamais, et puis en vous entendant, je me dis que je suis très heureux là où je suis ! Pourquoi quitter ce monde ? Avant de passer au maquillage Christophe cadre à l'épaule www.groupe25images.fr C. S. : On a une production de 2 000 bouteilles, donc il faut qu’on en vende 1 500 à peu près, chaque année. Je dois admettre que Laurent est un bien meilleur vendeur que moi… G. 25 I. : Et tes autres passions ? La Lettre des Réalisateurs n° 36 • 21 …entretien avec Christophe Smith G. 25 I. : Si demain on te propose d’initier une série de fiction pour la télévision ? Publications de réalisateurs C. S. : Ça m’amuserait, oui. G. 25 I. : Si on te propose de faire les énièmes épisodes d’une série existante ? C. S. : Je dirais : « Je veux voir dans quelles conditions ça se passe », et aussi les conditions humaines, parce qu’il y a quelque chose que je ne peux pas supporter, ce sont les rapports imbéciles. G. 25 I. : Qu’est-ce que tu aimes le plus ? La préparation, le tournage, le montage ? Enfin, est-ce qu’il y a des moments que tu privilégies ? C. S. : J’aime beaucoup le travail d’équipe. C’est aussi pour ça que je suis réalisateur, parce qu’on peut partager des choses et créer en groupe. Après, il n’y a pas une étape que je n’aime pas dans la fabrication d’un film. J’aime bien la préparation parce que tu es dans une vraie recherche, « en prévision de », j’adore le tournage aussi car tu es dans un autre travail de création, un travail avec les comédiens mais aussi dans un travail visuel. J’adore le visuel : j’adore travailler les lumières, le décor, les couleurs. Je suis un réalisateur qui échange énormément avec les chefs-opérateurs, je peux leur dire très facilement, et ils ne le prennent jamais mal, de baisser tel ou tel projecteur, d’augmenter, ou de mettre une petite face là... J’adore les comédiens aussi, ils ne me font pas peur, j’ai un rapport très naturel avec eux. On se parle comme dans la vie. Au début c’est un peu déroutant pour eux, et puis après je leur dis : « Ne vous inquiétez pas, quand je dis: c’est pas mal, ça veut dire quand même que c’est bien. » Et puis, j’ai appris à bien aimer le montage, parce que j’ai compris à quel point c’était une dernière étape d’écriture, et qu’elle était passionnante. Et j’aime bien le son. Vraiment, j’adore mon métier parce que j’aime tout dans ce métier. Tout ! Un film, c’est comme si je partais faire une traversée avec un équipage sympathique. Quand j’ai fait mon longmétrage, qui était quelque chose d’assez dur parce qu’il y avait tournage à Paris, à Madagascar, à Miami. Philippe Carrèse Williams Crépin La légende Belonore Philippe Carrèse Editions de l'Aube Passionnant, on ne le lâche pas ! Une pose en tournage Je n’avais jamais tourné aussi longtemps ! Je m’étais vraiment projeté dans un tour du monde en bateau. Alors, tu passes le cap de Bonne-Espérance après le tournage parisien, le cap Horn, c’est après le tournage malgache, et la remontée de l’Atlantique c’est après le tournage à Miami, et voilà ! Et franchement, au bout de trois mois, j’aurais pu continuer encore pendant un mois, ça ne m’aurait pas dérangé. A un moment ça devient comme quand tu es en mer ! Une fois que tu es amariné tu te dis : « Qu’est-ce qu’on est bien dans ce petit monde, à nous... » Non, moi j’adore faire des films... Après, il faut que l’équipage soit à la hauteur, et que l’armateur ne fasse pas chier. (Rires) Il y avait Volturno Belonore, le patriarche. Mais aussi ses fils, Marzio le virtuose et Lucio l'ingénieur paralytique. Et Vittoria, la fille de Marzio élevée par Volturno comme sa propre fille. Et Addolorata, la confidente fidèle. Et puis, il y avait les libérateurs, ces américains tant espérés et tellement haïs. Et aussi d'autres américains, les exilés de la génération précédente, Valentina Masarelli, sa fille Magda, sa recherche éperdue pour retrouver son fils. Il y avait son fils, justement. Carlo Ceserano, le photographe marseillais parti se réfugier au bout du monde, dans la vallée du Scavone. Il y avait surtout Tancredi Crevalcore, le condottiere animé par un désir de vengeance imprescriptible. Il y avait quelques personnages picaresques, il y avait l’Italie de l'après-guerre, mais aussi le jazz cool des yankees bedonnants et le swing douceâtre des texans maladroits. Et puis, surtout, il y avait cette voute de béton à l'entrée des gorges du Scavone, ce barrage maudit dont la seule utilité restait d'engloutir à jamais le village de San Catello, ses derniers occupants et leur mémoire. Après Virtuoso Ostinato et Retour à San Catello, La légende Belonore conclue la trilogie lombarde de Philippe Carrese, la saga de la tribu Belonore qui croise les destinées de ses personnages sur un demi-siècle d'histoire contemporaine, en Italie, en France et en Amérique. Entretien réalisé à Paris le 25 mars 2016 Le fantôme du Gois Williams Crépin A l'heure où nous imprimons, Vincent Bolloré s'est séparé d'Yves Le Rolland, talentueux directeur artistique des Guignols depuis plus de vingt ans. Editions Le Geste noir Une autre histoire commence donc pour cette émission culte, et pour l'instant nous sommes dans l'attente d'information quand à son avenir... Cécile et Michel sillonnent les routes de France dans leur antique fourgon aménagé en camping-car. Cécile, ex-documentaliste en collège-lycée, anime un blog : « Les chemins de traverse », qui propose des guides et des anecdotes historiques sur les régions visitées. Michel se vend comme « mari à louer » en quête de petits boulots rémunérateurs. Cécile est une habituée des clés USB, alors que Michel préfère celles à molette. Williams a publié le premier tome d'une série qui promet ! Cette première aventure conduit notre couple sur l’île de Noirmoutier. Tandis que Cécile rencontre Marie- Louise de Cussy, dernier témoin du tragique naufrage du Saint-Philibert qui a coûté la mort à 500 ouvriers socialistes et laïcs en 1931, Michel est embauché comme aide paludier dans les marais salants. Un viol a lieu dans les dunes. L’enquête débute, réveillant de vieilles croyances... Direction de marionnettes 22 • La Lettre des Réalisateurs n° 36 www.groupe25images.fr www.groupe25images.fr La Lettre des Réalisateurs n° 36 • 23