Les banques recherchent des profils très pointus

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Les banques recherchent des profils très pointus
Emploi
Ð
TENDANCE
Aujourd’hui,
le collaborateur
doit apporter
une valeur
ajoutée
à l’entreprise.
Ï
LUNDI 14 FÉVRIER 2005 | L’AGEFI SERVICES | WWW.AGEFI.COM
7
LES
Î RECRUTEMENT
brèves
Les banques recherchent
des profils très pointus
Dans un marché en mutation, les établissements bancaires s’arrachent les collaborateurs bien formés
et recrutent avant tout des mathématiciens, des fiscalistes et des juristes.
DEPUIS quelques années, le
secteur bancaire suisse est sous
pression. Les fusions et les
restructurations ont coûté à la
place financière près de 10000
emplois. Ce processus n’est pas
terminé. A en croire, l’étude
AMOSA, de l’Université de StGall, le secteur bancaire et financier suisse pourrait perdre entre
40000 et 60000 emplois d’ici
à l’an 2010. Pourtant, comme
l’observe Monique Pittet, responsable de département chez
Adecco Banque et Finance à
Genève, «Le marché de l’emploi
bancaire n’est pas asséché. Pour
s’en apercevoir, il suffit de visiter les pages carrière sur le site
Internet des banques ou de
consulter les offres d’emplois
dans la presse quotidienne.»
70 places de cadres
vacantes à Genève
A Genève, Cadre Finance Carrière fait le même constat. «Nous
recensons actuellement près de
70 places de cadres vacantes dans
les banques genevoises, qui pour
la plupart nous informent de
leurs besoins en personnel qualifié, signale David Maggio,
responsable de ce service unique
en Suisse financé par des fonds
publics et privé et destiné aux
cadres bancaires en transition de
carrière ou en recherche d’em-
ploi. Un cinquième de nos candidats ne parvient pas à se reclasser dans le domaine bancaire et
doit prospecter par exemple
auprès des services financiers de
multinationales établies dans la
région genevoise.»
La technicité des tâches
augmente toujours plus
En réalité, les demandeurs d’emplois n’ont pas toujours les compétences toujours plus élevées
exigées par les employeurs. «Le
glais et maîtrise les outils informatiques.» En fait, les restructurations ont touché surtout les
départements comme le back
office où il y avait des doublons,
l’informatique, souvent outsourcée, et aussi paradoxalement le top management.
«Les fonctions commerciales
en revanche n’ont pas souffert
de ces changements, fait remarquer Bernardo Aronowicz, de
la société B-Aron Conseil, spécialisée dans le conseil en
ON DEMANDE DES INGÉNIEURS
CAPABLES DE MENER À BIEN
UNE ANALYSE QUANTITATIVE.
marché de l’emploi est en mutation et la technicité des tâches
a augmenté, explique Monique
Pittet. Actuellement, les banques
s’arrachent les collaborateurs
bien formés, mais elles ne les forment plus sur place. Un jeune
romand a donc intérêt à être
mobile et à faire son apprentissage à Zurich. A son retour, il a
de bonnes chances de trouver un
job, s’il parle couramment l’an-
ressources humaines dans le
Private Banking à Genève. Les
gestionnaires de fortune et les
collaborateurs qui acquièrent
de nouveaux marchés n’ont pas
de problème d’emploi.» Les profils les plus demandés sont
cependant liés à la sélection de
produits externes créés par d’autres banques. Le client n’étant
plus captif, il faut lui proposer
les meilleurs produits du mar-
ché, afin de le fidéliser à long
terme. «Les banques recherchent également des mathématiciens ou des ingénieurs
EPFL capables de mener une
analyse quantitative», confie
Bernardo Aronowicz.
Experts en hedge funds,
juristes et fiscalistes
Autres spécialistes très recherchés, les experts en gestion alternative avec une expérience pointue des hedge funds et surtout,
les fiscalistes, en raison du développement d’activités bancaires
onshore, c’est-à-dire dans le
pays de résidence du client, ce
qui réclame de nouvelles compétences de conseil fiscal afin
de minimiser les impôts sur les
avoirs déclarés.
Dans le même temps, en raison
des nouvelles réglementations
et des lois anti-blanchiment, les
banques font appel de plus en
plus à des spécialistes juridiques,
les «compliance officers», chargés de gérer le risque lié à l’origine des fonds. Aujourd’hui, un
généraliste a peu de chance
d’intéresser les banques, plus
intéressées par les spécialistes
pointus apportant une valeur
ajoutée à l’entreprise», affirme
Bernardo Aronowicz.
■
GIUSEPPE MELILLO
Î LA RUBRIQUE CARRIÈRE DE DANIEL HELD
S’informer sur la société, clarifier ses objectifs, identifier ses forces et faiblesses, un entretien, ça se prépare!
que pour toute autre activité
importante, la préparation est la
clé du succès. Il s’agit en effet de
mettre toutes les chances de
notre côté, pour anticiper au
maximum ce qui pourrait se passer. La préparation vise aussi à
nous permettre de prendre en
mains notre destinée et à être le
plus possible nous-même pour
donner envie à notre interlocuteur de travailler avec nous.
Se préparer, c’est anticiper
Anticiper signifie prévoir et prévenir. Dans ce but, nous chercherons d’abord à réunir les
informations utiles sur l’entre-
nous pourrions être confrontés
et l’idée que nous nous faisons
du rôle à jouer. Nous devrions
aussi pouvoir formuler une
série de questions destinées à
savoir si nous pourrons être
compétent, performant et heureux dans ce rôle.
Nous poserons une partie de ces
questions lors de l’entretien.
Mais nous pouvons chercher à
nous préparer encore mieux en
activant notre réseau: «qui pourrait connaître quelqu’un qui
pourrait connaître la réponse à
nos questions»? Lorsque personne dans nos relations peut
disposer de ces données, nous
chercherons dans notre réseau
Nous pouvons nous préparer
encore mieux à l’entretien
en recourant à notre réseau.
prise, sur le secteur d’activité
et ses défis, sur la culture de
l’organisation, sur son management, sur le poste, sur les défis
associés,… On commencera
donc par consulter le site internet de la société ou de l’organisation, à se procurer le rapport
annuel, à faire des recherches
sur les événements récents
auxquels l’organisation a été
confrontée… Cette quête d’informations doit nous permettre
de clarifier les défis auxquels
des gens bien introduits dans les
milieux concernés, dans la branche, dans la profession.
Nous préférerons dans ce but le
téléphone au mail: les gens ont
plus d’idées – et de motivation à
réfléchir – lorsque nous leur parlons directement que lorsqu’ils
sont seuls devant leur ordinateur, en train de traiter leurs
dizaines de mails quotidiens. Il
est probable que, si nous n’obtenons pas d’emblée l’information voulue, nous terminerons
Les étrangers
plus nombreux
Le nombre de travailleurs
étrangers s’est accru de 0,4%
à 817000 personnes de juin
2003 à juin 2004. A cette date,
une personne active sur cinq
était de nationalité étrangère.
Cette tendance s’est confirmée avec la libre circulation
des personnes entre la Suisse
et l’UE le 1er juin. Mais, il n’y
a pas eu d’immigration massive.Le nombre d’actifs occupés allemands a fortement
progressé (+7,9% ou + 6000) à
84000, tandis que celui des
Italiens a reculé (–3% ou
–5000) à 171000. Celui des
Grecs et des Espagnols a affiché la même évolution (–5,1%
ou –3000) à 54000.
>AÎNÉS
Bonus discriminants
Le patron des patrons Peter
Hasler souhaite que l’on
abroge les bonus pour années
de service dont bénéficient
les travailleurs d’un certain
âge. Dans une interview
accordée à la «Mittelland Zeitung», il estime que le salaire
élevé précédant la retraite est
souvent discriminant. On
n’ose pas engager quelqu’un
avec un salaire en dessous de
son allocation chômage, qui
est parfois trop élevée. Il souligne que les entreprises ne
doivent plus encourager les
aînés à prendre une retraite
anticipée. Ils doivent être
considérés comme une génération utile.
>CFF
Il est essentiel de préparer
son entretien de sélection
EN MATIÈRE d’entretiens, ainsi
>MARCHÉ DU TRAVAIL
l’entretien téléphonique avec au
moins deux ou trois noms de
personnes à contacter de leur
part. Et au bout de quelques
appels, nous serons certainement arrivés à nos fins.
Nous saurons alors mieux comment aborder l’entretien et
surtout quelles questions pertinentes poser à notre interlocuteur. Ceci dénotera de notre
intérêt, de notre capacité à
appréhender la fonction et
à être acteur. Il s’agira évidemment de nous montrer habile
dans la manière de poser nos
questions, pour obtenir l’information sans risquer de braquer
notre interlocuteur.
Se préparer, c’est être
au clair avec soi-même
L’autre partie de la préparation
consiste à (re)clarifier notre
objectif professionnel. Le poste
en question permet-il d’aller
dans cette direction? Ensuite,
nous identifierons nos forces et
nos limites par rapport au poste
concerné, dans le but de renforcer la confiance dans nos capacités et de préparer des réponses
appropriées. Celles-ci s’appuieront sur des expériences concrètes vécues dans des postes antérieurs, ou sur des expériences qui
font appel à des compétences
comparables dans d’autres activités – souvent extraprofessionnelles. Il est essentiel dans cet
exercice de nous montrer intransigeant avec nous-même pour
prévoir les situations extrêmes…
et leur trouver des réponses.
Nous nous préparerons aussi
aux questions classiques telles
que nos succès et échecs principaux, nos apports par rapport
au poste, pourquoi l’entreprise
devrait nous engager, nos objectifs professionnels pour l’avenir…
Se préparer dans le but
d’être soi-même
En nous préparant, il ne s’agit
en aucun cas d’apprendre des
réponses par cœur. La spontanéité doit rester de mise. Mais
plus nous sommes préparés à
toute éventualité, moins nous
risquons de nous laisser désarçonner par des questions embarrassantes, parce que nous les
aurons prévues et que nous
aurons déjà en tête des éléments
de réponse. Egalement, plus
nous serons convaincus de la
qualité de notre dossier et de
notre motivation profonde pour
le rôle, plus il nous sera facile
de la transmettre à notre interlocuteur et de convaincre sans
montrer que nous voulons
convaincre. Et c’est là que nous
donnerons le plus l’envie de
nous engager.
■
DANIEL HELD
Directeur associé du cabinet
Qualintra SA à Genève.
Il enseigne également
à l’Université et dans
d’autres hautes écoles.
[email protected].
Des femmes
aux commandes
Au printemps dernier, les CFF
ont lancé pour la première
fois une campagne de recrutement de mécaniciennes de
locomotive. Cette formation
rencontre un grand succès et
va permettre à une trentaine
de femmes de se retrouver aux
commandes des trains. Reste
que la proportion de femmes
reste encore faible avec 1% de
l’ensemble du personnel des
locomotives.
>EMPLOI
Le grand écart
européen
L’emploi en Europe a connu
une année 2004 très contrastée. Alors que la GrandeBretagne et l’Autriche ont
présenté un quasi-plein
emploi, l’Allemagne (9,9%) et
la France (9,6%)ont affronté
un chômage de masse. Le taux
moyen du chômage de la zone
euro était de 8,9% en novembre, selon Eurostat.
>STOCK-OPTIONS
L’UE adopte l’IFRS 2
La Commission européenne
a adopté la norme comptable
IFRS 2. Elle obligera désormais les entreprises à comptabiliser les stock-options
comme des dépenses. Jusqu’à
présent, les stock-options
n’étaient pas versées aux
résultats des entreprises et
n’étaient mentionnées qu’en
annexe. L’adoption de la
nouvelle norme par l’Union
européenne pourrait accélérer sa légitimation aux EtatsUnis, selon les analystes.
(Sources: ats/agefi)