Page 40 - Les Cahiers du Catch
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40 - Mercredi 15 septembre 2010 Qu es tio ns à Sport Flesh Gordon Catcheur de haut niveau La salle Tételin accueille les stars du catch européen Du catch ! Du vrai ! Si selon vous le vrai catch se pratique entre New-York et Los Angeles par des mecs chargés comme des mulets, un conseil : rendez-vous vendredi à la salle Tételin Les années passent, les diffuseurs changent, le public change aussi. Pas Flesh Gordon. Et si le héraut du catch français était un vrai héros ? Si le catch français avait un visage, il aurait le crâne aussi glabre que lisse et une moustache gauloise finement taillée. Ce visage, c’est celui de Flesh Gordon. Plus de trente ans de ring, des combats aux quatre coins du monde et dans les villages les plus improbables de l’Hexagone. Vendredi 24, Flesh Gordon revêtira son beau costume bleu en nylon (une sorte de cuissard à bretelles qui ne va qu’à lui), en attendant il répond à nos questions. Comment êtes vous venu au catch ? J’ai commencé en pratiquant la lutte quand j’avais 14 ans, j’ai fait aussi un peu de Pancrace. À 19 ans, je suis parti à l’armée, et ensuite je suis parti au Mexique pour vivre du catch. J’ai compris que je pouvais en faire mon métier. J’ai découvert là-bas un catch plus dynamique, un nouveau type de lutte. En 1982, on a commencé à être diffusé à la télévision sur Antenne 2. Ça a relancé le catch. Depuis vos débuts quelle a été la meilleure période pour ce sport ? Ça a toujours bien fonctionné le catch, je voyageais et je le voyais. La meilleure période reste les années 90. Il y avait de gros galas et de gros shows. Aujourd’hui, ça continue. On a un public nouveau qui découvre sur les chaînes qui diffusent ce sport depuis deux ans. Aujourd’hui, on a beaucoup de sollicitations par la presse nationale, Paris-Match, Libération. Aujourd’hui (lundi 13 septembre, NDLR), il y a même un papier sur moi dans Direct soir. Avant on ne faisait que les salles de province et on n’avait que le soutien des médias locaux. Maintenant, on a les deux : nationaux et locaux. Le catch est revenu sur le devant de la scène, comment vous l’expliquez ? Le catch, ça a toujours marché. Mais là, les médias nationaux en parlent car ça passe sur les chaînes câblées. Ils ont vu qu’il fallait s’intéresser à ce sport. Mais moi, ça fait treize ans que je remplis la même salle dans une petite ville des Vosges. Ca a toujours bien marché. Maintenant, c’est vrai qu’on fait des Zeniths et plus de soirées organisées par les comités des fêtes devant 1000 personnes. Vous n’avez jamais perdu foi en ce sport ? Je ne suis pas tout jeune, j’ai commencé le catch en 1978 et ça ne fonctionnait pas trop fort. Depuis 1982, ça fonctionne. Depuis un an ou deux, c’est autre chose. On a fait des petites villes. Mais le plus gros trou, c’est entre 70 et 80, car ça manquait de catcheurs. Le catch avait perdu de sa verve. Jean-Claude Blanchet a créé une fédération européenne en 1982, ça a relancé la machine et ça a fonctionné car ils ont amené des catcheurs sudaméricains, des Japonais et des Canadiens. Aujourd’hui quelle est votre rôle auprès de la jeune génération de catcheur et de spectateurs ? Je suis directeur technique national et en charge de recruter des catcheurs. J’analyse des nouveaux talents qui peuvent évoluer. Ce n’est pas évident. Il y en a pas mal mais le catch est un sport difficile. On manque d’encadrement. On nous demande de créer des écoles de catch. On avance petit à petit mais le chemin est énorme. Il ne faut pas oublier que le catch n’est pas professionnel. On est des amateurs de haut niveau. Quelle est l’avenir du catch à la française ? Ca marche de mieux en mieux car les gens aiment ce mélange entre pancrace, lutte gréco-romaine et spectacle. Ils aiment le catch sportif, et aussi le catch théâtral, qui a le droit d’exister. Mais nous, ce n’est pas notre vocation. Nous, on a moins de parlotte. Maintenant, le gros problème ce sera de recruter des bons athlètes. Bernard Vandamme a la rage, il a perdu son titre européen. C hristophe Fagot, organisateur du gala arrageois, nous l’avoue : lui aussi a été sceptique avant de se lancer dans l’aventure ces catcheurs made in Europe. « Au début quand j’entendais parler du catch européen, moi aussi je pensais comme tout le monde que c’était bidon. Mais je suis allé voir avec mon gamin, en traînant les pieds. En cinq minutes, mon fils connaissait les noms de tous les catcheurs. C’était une folie à La Bassée, mais ça manquait de lumière. On est allé voir Flesh Gordon, pour lui proposer de faire en plus grand à Calais, à la salle Calypso. » Et c’est dans l’enceinte calaisienne qu’Annie Lobbedez, adjointe au sport, a aussi contracté le virus, et a pris contact avec Christophe, pour voir se dérouler le grand gala de catch que toute l’Atrébatie attend. Revue de détails avec l’organisateur avant le choc des titans. H Qui sera sur le ring ? Si les catcheurs de la WS (Wrestling stars) n’ont pas l’aura de leurs confrères fabriqués aux États-Unis, ils n’en demeurent pas moins des personnages très travaillés et des techniciens hors pair. Sur le ring de Tételin, on retrouvera le Texan Phenomal Kent, de la ligue américaine WWE, paré comme un bidasse, l’Anglais Domino, tout en muscle, en slip et en facéties, l’increva- ble Flesh Gordon (voir ci-contre), le tout récent champion d’Europe déchu, Bernard Vandamme, la Divina Isabella pour se rincer les yeux ou encore celui qui devrait faire hurler les enfants : Miseria. Et pour présenter le Mexicain, Christophe envoie du lourd. « Il a le même style que Rey Mysterio (spectaculaire combattant, idole des enfants américains, NDLR). Il est même meilleur. » Il devrait être quatorze à se partager l’affiche. Et pour finir la soirée, King catch nous annonce un royal rumble, sorte d’orgie où six catcheurs combattent avec l’ambition de finir seul sur le ring. H Le catch, c’est du chiqué ? L’expression « c’est du chiqué » était complétement tombée en désuétude, comme le catch. Elle est revenue avec lui. Christophe Fagot répond à cette question que nous nous sommes tous posé un jour. « Avant d’entrer en scène le catcheur est un acteur. Mais après, il n’y a plus d’acteurs. Il n’y a pas de scénario, je peux vous le jurer. Venez le jour du gala dans le vestiaire et vous verrez qu’il n’y a pas une affiche avec le nom des vainqueurs. » Alors, comment on gagne ? « Quand il y a prise, le catcheur ne peut pas la bloquer plus de trente secondes. S’il y arrive, l’arbitre compte un point, puis les deux catcheurs se dégagent. Les coups sont vraiment portés. À Boulo- gne, Jimmy Gavroche s’est pris un KO. Moi, je suis rugbyman et je peux vous dire que je suis étonné par les coups qu’ils se mettent. En fait, c’est quand il n’a plus d’énergie que le catcheur arrête de combattre. Montez cinq minutes sur un ring à vous tenir et a essayer de sortir de l’étreinte d’un catcheur, vous verrez ! » H Quid des réservations Arras est décidément une ville à part dans la région. « À chaque gala, on était à guichet fermé un mois à l’avance, » certifie Christophe Fagot, sauf à… Arras. Le taux de remplissage à dix jours de la montée sur le ring des colosses serait de 50 %. L’organisation se dit un peu inquiète, mais pas défaite. « Annie Lobbedez nous a dit que pour le dernier gala de boxe, c’était pareil et que ça s’est rempli au dernier moment. Apparemment, à Arras, on aurait une culture d’achat au dernier moment. » Lors de la conférence de presse du bowling, l’organisation affirmait vouloir revenir dans la préfecture pour de prochains galas. Espérons que le public vienne garnir les gradins de la salle de sport car comme le souligne Christophe, « le catch touche les couches sociales du Pdg à l’ouvrier. » Et vous, vous vous situez forcément dans ce tout ! Antoine DA SILVA Propos recueillis par Antoine DA SILVA Jimmy Gavroche dans ses œuvres. La WWE a Rey Mysterio, la WS a Miserio.