_ Du Laferpition, Chap.XXIL 629

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_ Du Laferpition, Chap.XXIL 629
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D u Laferpition,
Chap.XXIL
629
duré long-temps. Deftrempé en eau & b e u , il guérit la voix qui feroit cafTée, & enrouée, tout
vn inftant. Il referre la luette, fi on l'en frotte auec du miel. Il eft bon d'en faire des gargarifmcs
auec eau miellée pour la fquinancie. Il fait auoir le teint beau à ceux qui en vfent parmy leurs
viandes. Pour la t o u x , il eft* bon d'en vfer auec vn œuf qui ne foit qu à demy cuit. U fert auiîi en
la pleurefie prins dans du bouillon > & à la iauniffe , &, hydropifie, prins auec des Figues feches.
prins en breuuage auec du v i n , P o y u r c , &c Encens, il guérit les fririons qui viennent deuant l a c ccz des fieures, ( au vieil exemplaire il n'y a pas auec l'Encens > mais a-vu) vryyavu), c'eft à dire ayec
de
O n lordqnne aux conuulfions qui font tenir la perfonne toute roide, à celles qui font
tirer la tefte en derrière , au poids d'vn o b o l e , l'ayant enuirpnné de cire. Il fait tomber les fangfues quiferoient attachées au palais, ou gofîer, li on s'en gargarize auec du vinaigre. Il eft bon
d'en prendre auec vinaigre miellé à ceux qui ont du laid caillée dans l'eftomac ; ôc pour le haut *
niai. Prins en breuuage auec Poyure & M y r r h e , il prouoque les mois. Il eft bon aux cœliaques
prins dans vn grain de Raifïn. Prins auec de lalefïiueil guérit tout ioudain les conuulfions èc rompu res. Pour en boire on le difïbut auec des Amandes ameres , ou bien auec d e l à Rue , ou du
pain chaud. A u demeurant le fuc des fueilles fait les mefmes efte&s î mais il ne faitpas tant d'ope ration à beaucoup pres. Il eft bon d'en prendre auec vinaigre miellé pour deliurer l'afpre artère de
touscmpefchcmens, principalement en la voix cafte. Voilà ce qu'en dit Diofconde.Plme difcourt Lia.zt.c.$j;
audi bien à plein touchant ï'vfage du Silphion en la médecine, en quoy il s'accorde auec Diofcoride eu plusieurs chofes ; toutefois il eft different quant au remède pour le mal îles dents : car il dit
aiflfi : le ne fuis pas de l'opinion de ceux qui ordonnent de le mettre au creux de la dent malade,
l'ayant embouchée de cire tout à l'entour ; car i a y veu vn homme, lequel ayant v i e de ce remède,
fe ietta d'vn lieu haut en bas, de la rage qu'il fentoit és dents. Et de fait pour mettre vn Taureau
en furie, il lu y en faut frotter le muffle. Il fait creuer lesferpens qui font fort friandes.de vin ii on
en méfie paymy. Il y en a qui en font de l'onguent auec du miel Attique > toutefois ie n'en voudrois pas vfer. Voilà ce qu'en dit Pline. Mais Diofcoride n'vfe pas de cire , pour enuelopper la
- 7dent, mais d'Encens. O r Galien en traitte bien plus fuccinctement : La liqueur, dit-il, du SiU
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fhion, eft fort chaude ; mefme les fueilles, la tige , Ô£ la racine, font afîez chaudes ; mais elles
font toutes venteufes, & par confequent difficiles à digérer. Eftant appliquées par d e h o r s , elles
ont plus d'efficace i principalement le fuc, qui a vne vertu fortattra&atiue. Et à caufe de fa temperature fufdite, il eft propre pour faire perdre & fondre toutes les excroifîances. A u furplus
après auoir bien efpluché & confideré ce que deflus , principalement les vertus du Laferpition, il
faut necellàiremen t fiiiure l'opinion de ceux qui tiennent que £ Afa eft le Lajerpition : car tout ainfi
que les Grecs ont appelle la Plante du Laferpition, Silphion, fes fueilles Majpeton, la tige Magydaw,la graine Phyllon : &: les Latins appellent le fuc Lafer, duquel mot corrompu vientle mot Afr,
duquel vfent les Apothicaires ; ainfî aufîi les Arabes appellent la plante Amuden, & Angeiien , ôc
fon fuc Altith&c Antit iAuicenne aufîi l'appelle Almharut : les Indiens Imgu, Sclmgara > toutefois
KJlthït qui lignifie le fuc; fe prend quelquefois pour la Plante, Car Serapion traitte du Laferpition
des Grecs fous ce nom là. O r les Indiens ont aufli deux fortes de Lafer ; done fvn eft pur &;
tranfparent, de couleur nette , comme celle de l'Ambre , qui eft le plus odorant de le plus cher,
Qu'on apporte de Guzarate, Patane, M a n d o n , Chitor & D e l y , qui eft vn pais fort froid, s'eftendant infqu'à Chiruam. £ autre eft mal net, t r o u b l e d moins odorant, qu'on apporte, comme Ton
dit, de Corafon à Ormufion , qui eft en Perfe, &: de là on le porte à Pegu, Malaca, Tahafarim , &:
autres prouinces d'alentour. Q u a n d à celuy qui eft pur, les Baneanes (qui eftoientiadis Philofcjr
P es de Cambaye , au'lieu que ce font aujourd'huy des marchands, qui ne mangent point de c h o * qui ait eu vie, comme faiioit aufïi Pythagoras ) en achettent autant qu'ils peuuent, & en vfent
parmy leurs potages & herbes, en frottant le chauderon deuant que les mettre cuire , &: n Vfent
P t d'autre conclure ou graille en leurs v i a n d e s , treuuans cefte-là bonne ; laquelle de faict. n'eft
pas mal -plaifante, mefme à ceux qui ne l'ont pas accouftumée. Son goufteft vn peu amer d*
commencement, comme des oliues falées; mais en le mafchant plus long-temps,il eft fort plaifant.
Juchant l'autre, qui eft mal net, il n'y a que les portefaix, & autres pauures gens, qui ncviueht
P°urlaplus part que de pain &: d'eau, qui en vfent tant en mcdecîne,Jqu'en viandes ; n'ayanspas le
^°yen d'en acheter du bon,pource qu'il eft trop cher. Q u e fi les Baneanes qui fçauent comme il
^ accouftrer vne telle marchandife , en veulent vfer,ilslenettoyent&; le purifient, deuant que
en mettre parmy leurs viades.Or les Indiens tiennét pour tout afteuré que le Lafer fortifie lefto>& refout les vetofités;&: mefme qu'il efchauffe à f amour.ils ont aufïi accouftumé d'en mettre
k creux de la dent quand elle fait mal,pour appaifer ladouleur.il y euft vn marchand Indien
W a c o n t a à Garcie,de l'hiftoire duquel nous auons tranferit cecy,que l'on droit \zLafer,en entadif l
d'vne Plante,qui a les fauilles comme le Coudrier,lefquelles par ainfi ne font pas fort
\ j prêtes d'auec celles denoftre Angélique,!!on lescofidere l'vne àpartiautre,fans predegarde
^ P ° f i t i ô ou ordre.Ce marchand adiouftoit que le Lafer eftât cueilIy,on le met dedâs vn cuir
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£ après auoir premièrement enduit ledit c u i r , de fang mcilé auec farine de Froment pour
Tome premier*
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