Sud éducation sur le terrain
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Sud éducation sur le terrain
C ACHAN Un logement, des papiers, une école pour tous ! Depuis presque quatre ans, un bâtiment de la Cité Universitaire de Cachan (94) était occupé par des familles principalement africaines. Beaucoup étaient en situation régulière, travaillaient, les enfants étant scolarisés. Ce squat des «1000 de Cachan» constituait une convergence exemplaire des luttes pour la régularisation des Sans papiers, du droit au logement et contre les discriminations. Fortement organisés, les occupants avaient élu des délégués travaillant avec un comité de soutien. De difficiles négociations avaient commencé avec la préfecture sur le relogement. d’hébergement a été signé par les délégués des «1000» bien qu’il ne propose que 158 places et manque de garanties claires quant au sort des personnes en situation irrégulière. Une différence apparaît déjà entre le nombre de personnes retenues par l’Etat et la liste répertoriée par les occupants. C’est pourquoi le comité de soutien a décidé de continuer ses actions en créant un comité de suivi et de vigilance. Le dossier est maintenant géré directement par le ministère de l’Intérieur, désavouant par là le préfet du Val de Marne. Cette avancée marque un recul du gouvernement. la demande du recteur d’académie de Créteil, le 17 août dernier, de considérables forces de police procèdent à l’évacuation en triant d’une part une cinquantaine de célibataires sans titre de séjour, placés en centre de rétention et d’autre part les familles avec enfants. Cellesci sont conduites dans des hôtels réquisitionnés directement par le ministère de l’Intérieur. Des femmes refusent de partir, sachant que la vie en hôtel, d’ailleurs limitée à un mois, est difficile : impossibilité de cuisiner, éloignement du travail et des écoles. Ainsi, un groupe de 120 personnes occupe le trottoir devant le bâtiment. Le lendemain, la police tente une brutale intervention de dispersion. La détermination est telle qu’après négociations avec la préfecture, le maire de Cachan propose un hébergement provisoire dans un gymnase proche. A sans papiers Une forte solidarité de proximité s’est installée. Un comité de soutien très large intervient. Le Conseil Général et des communes voisines sont fortement impliqués. Plusieurs manifestations dont une nationale ont été organisées. Les conditions de vie dans et aux alentours du gymnase sont très dures : promiscuité, problèmes sanitaires, problèmes des enfants. Les occupants subissent quotidiennement un harcèlement policier : contrôle des papiers, violences, arrestations y compris devant les écoles. Un accompagnement des élèves s’est imposé. Ainsi, depuis plus d’un mois, la situation est bloquée. Les occupants refusent les propositions d’hébergement pour les familles régularisées par solidarité avec les autres sans titre de séjour. Cette unité est une des forces de ce mouvement. Le maire de Limeil Brévannes (94) propose l’utilisation de bâtiments sur sa commune : les «1000 de Cachan» sont d’accord, le Préfet refuse. La justice est saisie en vain. Six personnes sont en grève de la faim depuis le début du conflit. Par cette opération, le ministre de la chasse aux enfants et du déménagement du territoire a voulu faire un signe fort vers la frange droite-droite de son électorat potentiel. Il a échoué, cette opération ne se solde que par 11 expulsions hors des frontières et les «1000 de Cachan» sont toujours là. Nous ne pouvons pas accepter qu’à des fins électorales, il utilise l’appareil d’Etat pour créer désordres et illégalité accrue. Il stigmatise une partie de la population qui vit dans notre pays et dont les enfants sont dans nos classes. Nous ne pouvons pas laisser faire ça. Cet été, la mobilisation autour de la régularisation des familles avec enfants scolarisés a permis de faire reculer le gouvernement et de mettre en débat ces sujets. Les solidarités se sont considérablement élargies particulièrement localement. Le soutien national pour les «1000 de Cachan» est une étape dans la lutte contre les discriminations et la répression. Suite à la désignation unilatérale de France Terre d’Asile et de la LICRA comme médiateurs, un protocole Sud éducation exige, avec le collectif des «1000 de Cachan», la régularisation des sans papiers, la libération des personnes toujours détenues, le relogement de tous les squatteurs du bâtiment et le respect du droit à l’école dans de bonnes conditions pour les enfants. Sud éducation appelle aussi à l’aide directe, à la diffusion des informations du site www.1000decachan.info à la signature de la pétition en ligne www.squatcachan.ras.eu.org et au soutien financier, notamment au moyen de collectes dans les établissements. Vos chèques, à l’ordre de la Ligue des Droits de l’Homme, sont à envoyer à : L.D.H. 34 rue Jean Jaurès 94240 L’Haÿ les Roses. 5 octobre 2006 Sud éducation Créteil Sud éducation sur le terrain La nécessité de placer la lutte des sans papiers au centre des préoccupations de Sud éducation a été réaffirmée unanimement au Congrès de Clermont-Ferrand, lors de son ouverture. Loin de nous l’idée d’être de simples signataires de pétitions. Nous sommes pour une lutte de terrain. L’ambiance plutôt morose, le “bof” généralisé, les silences lourds, trop souvent en salle de profs, ne doivent pas nous décourager. Nous avons à dire et à faire, contre vents et marées, s’il le faut. L’étau se resserre sur les demandeurs d’asile et les clandestins. Les contrôles d’identité, les rafles, les expulsions qui mettent à mal de façon cruciale la vie d’enfants, de femmes et d’hommes, risquent fort d’augmenter au cours des semaines à venir. Le ministre de l’Intérieur vient de rappeler les services préfectoraux à l’ordre : 18000 expulsions, c’est trop peu ! Il faut accélérer la cadence ! Sarkozy donne à sa manière les cartes en vue des élections présidentielles du printemps ; la répression à tous les étages, le flicage, le fichage sont de mise, le totalitarisme est en route. La violence des propos et des actes du ministre de l’Intérieur suinte de toutes parts, impossible à cacher comme en a témoigné le Canard enchaîné lors de l’affaire des Tarterets, fin sep- tembre. La loi pour la prévention de la délinquance va passer en seconde lecture devant l’Assemblée nationale, prônant tout l’inverse d’une société solidaire : l’expérimentation menée durant les trois années précédentes va s’étendre, avec son cortège d’idées nauséabondes. Le texte organise contrôle, exclusion, délation et répression. Big brother n’est plus derrière la porte, il est dans la place ! L’une des fonctions du fichier Base-élèves sera d’être “la plus grande source d’information sur l’immigration” (dixit l’IA des Pyrénées Orientales). Fichage de population, un correspondant police ou gendarmerie dans les établissements scolaires, traitement informatique des données sociales des personnes, vidéosurveillance, systèmes de mesures Joignez/re-joignez nous 8 éducation / Le journal / numéro 20 / octobre-novembre 2006 biométriques pour accéder à la cantine et même pour les enfants de crèche ! Les immigrés font partie des premiers exclus, leur expulsion sert d’écran pour cacher toutes les autres exclusions à venir. Notre ministre de l’éducation n’est pas en reste : les lycéens de la Fidl se sont dits “scandalisés” que Gilles de Robien leur ait assuré être “le ministre de l’Education nationale et non internationale”, tandis qu’ils évoquaient la situation des lycéens sans-papiers ! Aussi, l’investissement effectif de chaque structure Sud éducation dans la lutte locale est d’une extrême importance : participer aux réunions des RESF ou Collectifs d’aide aux sans papiers et demandeurs d’asile, entourer les familles, faire connaître les cas, faire signer les pétitions, tenir des stands pour informer et récolter des signatures sur les foires ou marchés, participer en nombre aux manifestations, aux évènements locaux, aux parrainages républicains… Sans oublier la pétition “Nous les prenons sous notre protection” du RESF, qui peut recueillir davantage de signatures ; c’est une des tâches que nous pouvons prendre en charge. Les enjeux, au-delà de la régularisation pour tous, sont de taille : sauvegarder une “terre d’asile” où les mots Liberté, Fraternité, Solidarité font sens, exiger une école pour tous. Il n’est plus temps de tergiverser, les propos totalitaires gagnent du terrain et le populisme sarkozien distille son venin quotidiennement. Fédération des syndicats Sud éducation : 17, bd de la Libération 93200 Saint-Denis Téléphone : 01 42 43 90 09 - Fax : 01 42 43 90 32 e-mail : [email protected] Des centaines de personnes de différents horizons militent sans compter dans le RESF. Par un travail acharné, elles ont permis à de nombreuses familles de recouvrer une vie digne. Nous pouvons leur rendre hommage, la lutte menée est terrible, d’espoirs en désespérances. A nous, membres de Sud éducation, d’apporter notre part dans un véritable engagement qui permettra de faire avancer la cause des “sans papiers”. Commission fédérale Immigration /Sans Papiers Prenez contact avec votre syndicat local ou avec la fédération sur notre site : www.sudeducation.org Imprimerie Rotographie, Montreuil