Éric Pliez: « On ne peut se satisfaire d`hébergements

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Éric Pliez: « On ne peut se satisfaire d`hébergements
Éric Pliez: « On ne peut se satisfaire d’hébergements
provisoires »
Éric Pliez est le nouveau président du Samu social de Paris. Cet ancien éducateur spécialisé, engagé dans un grand nombre
d’associations luttant contre l’exclusion, veut notamment améliorer la prise en charge des familles.
(PHILIPPE HUGUEN / AFP)
Des éducateurs du Samu social de Lille discutent avec un SDF lors d'une maraude, en 2009 près de Lille.
La Croix : Dans quel contexte prenez-vous vos fonctions?
Éric Pliez: Nous sommes dans une période de crise. Le 115 est toujours aussi débordé, à Paris comme en Province.
D’après le baromètre de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), une fois sur
deux, le 115 ne répond pas à l’appel sur l’ensemble du territoire. Le nombre de personnes précaires logées à l’hôtel
augmente.
C’est bien sûr à améliorer. En Île-de-France, chaque jour, 24 000 nuitées à l’hôtel sont gérées par nos services, faute
d’autres solutions d’hébergement. À titre d’exemple, il y a dix ans on était à 3 000. Il y a eu une massification de la
demande. Pour les familles, on ne peut se satisfaire de ces hébergements provisoires, sans suivi social.
Au niveau des personnels du Samu social, qui est un groupement d’intérêt public (GIP), un travail d’amélioration des
statuts a démarré sous l’égide de mon prédécesseur. Ils bénéficient désormais d’une convention collective. On va aussi
vers une meilleure qualité des structures d’accueil, avec une humanisation de la prise en charge dans les centres comme
les Centres d’hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS).
Quelle inflexion comptez-vous donner au Samu social?
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La mission difficile, mais pas impossible, c’est de réduire significativement ce que j’appelle le « stockage » en hôtel pour
les familles. Quels projets peut-on mettre en place avec les hôtels pour améliorer leur quotidien?
Il faut par ailleurs améliorer la prise en charge sociale des familles à l’hôtel et trouver des alternatives pour ce ne soit
qu’une mise à l’abri temporaire. L’objectif est de faire mieux à moyens constants et de sortir de ce qui est provisoire. C’est
aberrant que 130 millions par an soient dépensés rien que pour ce type d’hébergement. Il faut pour cela entamer un
travail de réflexion et d’actions avec l’ensemble des partenaires du Samu social.
Une idée me tient à cœur: passer d’un hébergement hôtelier souvent inadapté pour les familles, qui manquent d’espace,
notamment pour les enfants, à des résidences sociales, que l’on pourrait mettre en place en collaboration avec les
hôteliers avec lesquels nous travaillons. Autre piste: réfléchir à des dispositifs d’hébergement en habitat partagé entre
plusieurs familles suivies socialement. On pourrait aussi chercher des solutions d’hébergement dans le secteur privé.
Qu’en est-il de la dynamique de régionalisation que vous souhaitez mettre en place?
Le problème est qu’il y a peu de coordination régionale entre les différents intervenants. Je travaille depuis des années
avec les populations précaires en Île-de-France (NDLR: depuis 2001, Eric Pliez est notamment directeur général de
l’association Aurore, qui œuvre à la réinsertion sociale de personnes en situation d’exclusion). J’ai une vision d’ensemble
des acteurs dans ce domaine.
Je pense que l’on doit mieux agir ensemble car Paris n’est plus en mesure de répondre à elle seule à la demande
d’hébergement, et il y a du foncier disponible dans d’autres communes de la région. Une conférence régionale des SIAO
(NDLR: Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation, visent une meilleure adéquation entre l’offre et la demande
d’hébergement) a déjà eu lieu, c’est positif.
Par ailleurs, les associations doivent parler d’une même voix, en matière de règles à imposer aux hôteliers, par exemple
en termes de prix.
Recueilli par Françoise Marmouyet
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Eric-Pliez-On-ne-peut-se-satisfaire-d-hebergements-provisoires-2013-10-24-1050933
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