Représentations du paysage et Land Art à travers l`histoire de

Transcription

Représentations du paysage et Land Art
à travers l’histoire de l’art
Le paysage est une percée, une fenêtre dans un espace clos, un cadre que l’on découpe.
Dès le XIVe siècle, le paysage s’impose de plus en plus fréquemment dans la peinture (Bellini, Piero della
Francesca...). Jusqu’à cette période, les scènes religieuses étaient le sujet des tableaux des grands maîtres.
Au XVIIe siècle, avec les Hollandais (Rembrandt, Van de Velde, Vermeer...) le paysage devient un thème à part
entière.
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, de nombreux artistes découvrent une réalité que peu d’entre eux ont
regardée véritablement, et qu'ils vont explorer sous l’angle de nouveaux concepts nés en peinture à partir de
Delacroix, Manet, puis Van Gogh, Gauguin, et surtout Cézanne.
Les Impressionnistes (Monet, Pissaro, Sisley) découvrent la lumière des paysages, lumière qui dévore les formes,
jusqu’à les faire disparaître.
Cézanne organise ce que les impressionnistes avaient défait en parcellant la touche de sa facture.
Déjà, à la fin du XIXe siècle, les artistes sont en quête d'une vérité autonomie, interne au tableau lui-même...
Au XXe siècle, chaque artiste invente sa propre règle du jeu. Le développement de l'industrie, des sciences, de
l'agriculture va modifier le paysage rural.
Dans la 2e partie du siècle, les artistes vont avant tout refléter les problèmes nés dans l'espace urbain. Le Pop art
va utiliser une nature (corps humain compris) liée aux représentations médiatisées par la photographie. Mais le
paysage rural sera rare.
De nombreux artistes sont " sortis de leur atelier " vers l’espace et la nature avant que l'écologie ne soit devenue
un thème politique. Beaucoup ont quitté la peinture pour une relation qu'ils veulent plus directe, plus immédiate
avec le territoire. Ce sera le Land Art, né aux États-Unis à la fin des années 60.
L’expérience du constructivisme (Brancusi, Tony Smyth) et surtout du minimalisme (Donald Judd, Richard
Wollheim) fut centrale pour les futurs acteurs du Land Art. Ces artistes cherchent à s'affranchir de toutes obligations, qu'elles soient d'espace ou temporelle, par la création d'œuvres instantanées et non reproductibles.
Il est aussi possible d’ancrer les racines du Land Art dans un mouvement comme Fluxus qui de par sa volonté anticommerciale et l'éphémère qui le caractérise Fluxus ne doit prendre part ni au musée, ni au marché de l'art.
Enfin, dans la mesure ou tout art partirait du langage, le Land Art peut se rapprocher de l’Art Conceptuel.
Avec les artistes du Land-Art, la nature n’est plus simplement représentée, mais c’est au cœur d’elle même (“in
situ”) que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les galeries avec leurs jours et leurs heures
d’ouverture, leurs tickets d’entrée et véritablement " sortir des sentiers battus" . Les œuvres sont souvent gigantesques (par exemple " Spirale Jetty" sur le lac Salé par Robert Smithson...). Les artistes utilisent des matériaux
de la nature (bois, pierres, terre, sable, rochers...) et creusent, déplacent, transportent, accumulent, griffent, tracent, plantent... Ils introduisent aussi des produits manufacturés : 2700 parasols jaunes ou bleus sur la côte californiene et simultanément au Japon ou gigantesques nénuphars de tissu rose auour des îles de Floride par
Christo. Ces œuvres seront durables mais souvent éphémères : feuilles, fleurs, neige, glace par Andy Goldsworthy.
Étant donné le caractère éphémère de leurs travaux, qu’ils réalisent de surcroît à l’extérieur des lieux classiques
d’exposition que sont les galeries ou les musées, les artistes du Land Art recourent à divers moyens pour faire
connaître leurs œuvres. C’est ainsi qu’ils aiment fixer leurs créations sur des photos et des bandes vidéo.
BAC PRO artisanat et métiers d’art — option : communication graphique

céline brindeau

2005_2006
Andy Goldsworthy

céline brindeau

2005_2006
Tendances actuelles du Land Art
La sortie de l’atelier a influencé l’institution artistique et les structures. Les " parcs/musées ", invitent des artistes
à créer des œuvres (éventuellement éphémères) pour un public qui se déplace librement. Des parcs " de loisir "
se créent autour d’œuvres d’artistes se référant au Land Art, comme le Vallon du Villaret, près de Mende ou le
Jardin des Deux Rives à Strasbourg et Kehl. Des expositions de longue durée telle qu’" Art grandeur nature " à la
Courneuve accueillent d’importantes installations d’artistes directement issus du Land Art.
La sociologie est devenue partie intégrante de l'art et de son histoire. Ce qui veut dire que le contexte d'une œuvre,
le cadre et l'infrastructure sont aussi importants que son contenu.
Enfin, dans nos pays occidentaux, où désormais près de 80 % de la population est citadine, le territoire urbain
devient une autre " nature ". La ville s’est transformée en support et outil d'expression. Quand Christo emballe le
Pont Neuf ou le Reichtag de bâches soyeuses et lumineuses, il transforme momentanément le ville et la vision
habituelle que nous en avons. Buren et ses rayures transforment également la Place du Palias Royal et d’autres
lieux pour nous les montrer différemment ou simplement les remarquer.
Les institutions réfléchissent aux connexions et aux transitions entre densité urbaine et espace vert, ainsi qu’à la
complicité entre art et architecture.
Pour la création du tramway de Strasbourg, un comité de réflexion pluridisciplinaire aboutît à la conclusion que le
tramway devait être un moyen de requalifier le centre ville. Des artistes furent missionnés pour travailler sur le sol,
les murs, le nom des stations, les tickets... dans le but d’imaginer des structures d’identifications pour les futurs
usagers.
Ce qui apparaît également comme une grande rupture dans le rapport entre l'art et la ville, c'est que l'on a toujours
utilisé l'art pour célébrer des éléments de la permanence. Aujourd'hui les artistes dans la ville travaillent fréquemment à la célébration de l'instant.
Christo & Jeanne-Claude
Le Pont Neuf_ Paris

céline brindeau

2005_2006
Spirale Jetty _ Robert Smithson
Richard Long

céline brindeau

2005_2006
Dessins préparatoires The Gates Central Park, New York City 1979-2005
Dessins préparatoires Wrapped Trees Fondation Beyeler and Berower Park, Riehen, 1997-98