Paroles n°5 (mars 2005) - Université Toulouse

Transcription

Paroles n°5 (mars 2005) - Université Toulouse
LE
MAGAZINE D’INFORMATION DE L’UNIVERSITÉ DE
TOULOUSE-LE MIRAIL - N°5 - Mars 2005
Spécial
Les femmes à l’UTM
P.11 >
Dossier : De la mixité à l’égalité
pub
MGEN
Édito
La longue marche vers l’égalité
Notre université s’est depuis longtemps inscrite
dans le long combat, jalonné d’avancées, mais aussi
d’échecs et de retours en arrière, pour une égalité
véritable entre les êtres humains.
Les effectifs étudiants marquent une féminisation
accentuée ; nous pourrions nous en réjouir or elle résulte d’un effet mécanique
des débouchés auxquels préparent nombre de nos formations (métiers de
l’enseignement et du travail social) et qui offrent un taux de féminisation
spectaculaire.
Le nombre important des femmes, enseignantes, « chercheures » ou IATOSS,
exerçant leurs fonctions à l’UTM ne doit pas masquer le décalage évident dans
la répartition, à leur détriment, au fur et à mesure que l’on s’élève dans la
hiérarchie des titres et des indices de traitement.
Enfin, si la participation des femmes aux différents conseils élus, voire
à l’animation et à la direction des composantes et des services, atteint dans
notre université un niveau appréciable, il est vrai que la direction centrale
souffre d’une sous-féminisation avérée.
Il y a donc du grain à moudre pour une action renforcée en matière d’égalité…
C’est bien pourquoi j’ai, dès juin 2002, peu après le début de mon mandat,
signé une convention avec la Commission Européenne pour un programme de
promotion de l’égalité. Il se trouve que j’ai eu le bonheur de travailler pendant
de longues années avec Rolande Trempé et Marie France Brive.
À partir de leurs recherches sur les femmes engagées dans le syndicalisme et
dans la Résistance et avec l’appui des présidents successifs, Marie France Brive
et ses collègues ont su obtenir postes
“ Il y a donc du grain à moudre pour une
et moyens pour lancer enseignements
action renforcée en matière d’égalité…”
et recherches spécialisés sur le genre
(groupe Simone/Sagesse devenu
laboratoire de recherche). C’est en s’appuyant sur ce laboratoire que les
chargées de mission à l’Egalité, recrutées au titre de la convention de 2002, ont
rassemblé les données quantitatives et qualitatives nécessaires à toute décision.
Je suis fier d’avoir mis en place une commission destinée à statuer sur les cas
de harcèlement qui pourraient se présenter. Notre université n’est pas exempte
de ce phénomène hélas trop répandu, mais elle est désormais en mesure de le
réduire et en tous cas de dissuader ceux qui auraient tendance à s’y livrer.
Ce numéro rend compte des événements qui ont marqué l’actualité récente
de l’UTM, événements auxquels nos collègues femmes ont pris une part
prépondérante, qu’il s’agisse du Service d’enseignement à distance ou de la
nouvelle bibliothèque. En brossant le portrait de 20 collègues investies dans les
secteurs les plus divers, nous rendons compte de leur action et nous saluons
leur professionnalisme, ainsi que la qualité de leur engagement.
À l’UTM, la mixité est un acquis que chacun peut observer.
Mais l’égalité reste un objectif à atteindre. Et cet objectif exige un combat
permanent auquel je convie chacune et chacun d’entre nous.
Rémy Pech
Président de l’Université de Toulouse-Le Mirail
Rémy Pech
Président de l’Université de Toulouse-Le Mirail
3>
- N°5 - Mars 2005
Actualité
> 6/9
Les 40 ans du SED :
l’âge de la maturité > 8
• ça c’est passé le 24 novembre 2004 > 9
• Les pas de la paix > 9
> 10/13
Université en marche
De la mixité
à l’égalité > 11/13
Dossier spécial
> 36/41
> 14/35
Études et Formations
L’UTM pionnière
des enseignements
spécialisés sur le genre > 37/38
• Focus... L’IUT de Figeac > 40
• Paroles d’ancienne étudiante : Cécile Molio, psychologue > 27
Paroles est un magazine d’information édité par le Service d’Information et de Communication de l’Université de Toulouse II-Le Mirail • Siège de la publication : 5, Allées Antonio-Machado – 31058
Toulouse Cedex 9 – Téléphone : 05 61 50 42 50 – Courrier électronique : [email protected] – Site internet : www.univ-tlse2.fr • Directeur de la publication : Rémy Pech • Directrice de la rédaction :
Vincentella de Comarmond • Coordination : Daniel Lacoste (05 61 50 41 81) • Secrétariat de rédaction : Marie-Claude Farcy • Maquette : Daniel Lacoste - Laurence Schmitt • Secrétariat : Jordane Marfaing
Comité de rédaction : Jean-Marie Cellier – Vincentella de Comarmond - Philippe Dedieu - Marie-Claude Farcy - Jean-Pierre Ferré - Véronique Fontanilles - Didier Foucault - Longin Fourdrinier - Pierre
Fraixanet - Daniel Lacoste - Christian Mange - Jean-Michel Minovez - Robert Ruiz - Sylvie Tiné • Ont participé à ce numéro : Benjamin Clauzel - Benoît Colas - Eric Ferrante -Nathalie Gomez Nathalie Lapeyre - Jacqueline Martin - Marie-Louise Roubaud - Sylvie Tiné • Photographies : Université de Toulouse II-Le Mirail (Daniel Avril - Joaquim Vieira) / Julien Fournet - Chloé Robert / François
Canard • Conception : Rivière&Co, Toulouse (05 34 31 35 80) • Photogravure et Impression : Cent pour cyan • Publicité : Daniel Lacoste (06 87 80 84 68) et Régine Schnabel (05 61 50 49
67) • ISSN : 1764-5557 • Dépôt légal : 04/11/03 • La reproduction des textes, illustrations et photographies, partiellement ou dans leur totalité, est interdite, sauf accord préalable de la rédaction.
La vie de la
Recherche
> 42/45
L’équipe d’accueil
doctoral Simone-SAGESSE,
20ans déjà > 43
• Interview : Nicky Le Feuvre,
Directrice du laboratoire de recherche SAGESSE > 43
> 46/47
Université
2010
Parcours de
santé > 47
Vie Universitaire
> 48/51
Harcèlement :
us et coutumes > 49/50
• Parole de souffrances > 50
• Le harcèlement sexuel et moral : un délit timide et déficient > 51
• Point de vue sur le harcèlement psychologique au travail > 51
Des ouvrages à lire,
des dates, des infos à retenir...
À
Savoir
> 52/55
Actualité
Étudiantes et étud
étrangers...tous en
Soirée d’accueil des étudiants étrangers
6>
- N°5 - Mars 2005
diants
nsemble !
7>
- N°5 - Mars 2005
Actualité
Les 40 ans du
SED : l’âge de la
maturité !
La plus grande part des
diplômes peuvent être préparés
via le SED après un choix
judicieux de modules optionnels
et libres.
L
e 9 décembre 2004, l’Université
de Toulouse-Le Mirail a célébré
les quarante ans de son Service
d’Enseignement à Distance. À cette
occasion, le président Rémy Pech, René
Souriac, ancien directeur du SED et
ancien vice-président, Henri Le Prieult,
directeur actuel, ont mis l’accent sur
le caractère universitaire et l’utilité
sociale du SED. On a pu visionner des
extraits de films sur l’histoire de France
réalisés par le SED et l’École supérieure
de l’audiovisuel (ESAV) et un excellent
film sur le service tourné pour la
circonstance par Claude Aubach.
Créé en 1964 pour venir en aide aux
étudiant-e-s qui ne pouvaient assister
aux cours, il est devenu après 1972,
à l’instigation de son directeur de
l’époque Emile Arnaud, une sorte
8>
- N°5 - Mars 2005
d’université à distance proposant des
cours faits par les mêmes enseignante-s, validés par les mêmes diplômes
sur des sujets communs à tous les
étudiant-e-s. Cette garantie de qualité
universitaire a contribué à la réputation
du SED : avec ses 5 000 inscrits, il est
le service d’enseignement à distance
universitaire le plus important de
France. Le SED s’est adapté aux
demandes du public. Ainsi, dès 1985,
il propose un suivi pour les professeure-s de collèges souhaitant compléter
leur formation universitaire… Avec le
service de la Formation continue de
l’Université, il a créé une formation à
distance au Diplôme d’accès aux études
universitaires (DAEU). Aujourd’hui, ses
efforts se concentrent aussi sur la mise
en ligne des cours dispensés au SED.
Composante essentielle de notre
université, ce service exprime notre
ouverture sur le monde actuel et ses
besoins de formation.
Également réparti entre la région MidiPyrénées et le reste du monde, le public
du SED est féminisé à 80 %. Équipé-e-s
d’ordinateurs (80 %), les étudiant-e-s
sont satisfait-e-s des cours papiers à
90 %, les enseignements en ligne sont
plus discutés (50 % de satisfaction)
et un manque de contacts avec les
enseignant-e-s est regretté.
Ces attentes justifieront de nouvelles
avancées : annales d’examen, corrigés
d’exercices et un meilleur suivi.
Contact :
Tél. 05 61 50 47 77
www.univ-tlse2.fr/sed
Ça s’est passé
le 24 novembre 2004
D
epuis combien de temps
l’attendait-on cette nouvelle
Bibliothèque Universitaire ?
Depuis la nuit des temps, dit l’un,
depuis avant-hier reprend l’autre. On
savait bien qu’elle serait là un jour,
ajoute un troisième. Il fallait savoir
l’attendre, la mériter.
Pour sûr, ça n’est pas un bâtiment
ordinaire, cette BU. Rien qu’à la voir,
elle en impose, avec ses grandes baies
de lumière, son parement de briques
et ses deux passerelles d‘accès qui ressemblent à des ponts-levis.
Pourtant elle n’est ni un château fort,
ni une bastille, ni un monastère. Elle
est celle qu’elle est, posée là comme
en lévitation entre l’Arche et la Maison
de la recherche.
Une bibliothèque, rien qu’une biblio-
thèque, comme on sait encore en
construire aujourd’hui, à Saint-Denis,
à Limoges ou ailleurs : spacieuse,
lumineuse, chaleureuse, transparente,
secrète, disponible, discrète…
Certains prétendent qu’elle brille
d’une présence singulière qui pourrait
bien symboliser le renouveau du
campus à l’horizon 2015. D’autres
qu’elle exprime en silence une nouvelle cohérence, encore à mûrir, dans
la douleur et les tensions.
La voilà donc cette nouvelle BU, offerte
à tous/toutes et à chacun-e comme
une promesse de plein vent ou un
gage de fidélité.
Contact :
Service Commun de la Documentation
(SCD) - Tél. 05 61 50 40 92
www.univ-tlse2.fr/scd.html
Rémy Pech (président de l’UTM), Nicole Belloubet-Frier (rectrice de l’académie de Toulouse),
et Martin Malvy (président du conseil régional de Midi-Pyrénées) lors de l’inauguration de la
nouvelle bibliothèque universitaire du Mirail.
Les pas
de la Paix
Rachid va marcher. Pendant des heures,
des jours et des nuits, il marchera. Il
l’a décidé après un soir d’attentat,
c’était en mars 2004, à Madrid. Mais
c’était aussi après le 16 mai 2003, à
Casablanca…
Révolté, Rachid s’est dit qu’il allait traverser les frontières, à pieds, entraîner
avec lui les pacifistes du Maroc, ceux
d’Espagne, tous ceux des cinq continents
qui voudraient bien le suivre. Durant
ce périple de 66 jours, tout au long
des 1 100 km, de Madrid à Tolède,
de Ronda à Algeciras et de Tanger à
Rabat jusqu’à Casablanca, la foule, les
familles des victimes, les témoins
anonymes, d’autres marcheurs rejoindront Rachid et l’accompagneront.
En la mémoire de ces hommes et ces
femmes disparus, pour soutenir les
survivants, Rachid l’a décidé : il part
ce 11 mars de Madrid et arrivera le 16
mai à Casablanca. Mais il ne s’arrêtera
pas là. Plus tard encore, il le sait, il
créera des lieux de rencontres, peutêtre des colonies de vacances pour les
enfants meurtris… plus tard.
Rachid marche, il avance déjà.
Aidons-le à réaliser ce beau projet.
Contact :
Les pas de la Paix
Rachid El Khomsi
Tél. 06 74 12 86 94
[email protected]
9>
- N°5 - Mars 2005
Université en marche
10 >
- N°5 - Mars 2005
De la mixité à
l’égalité…
Il suffit d’arpenter les couloirs de l’Université pour constater que les femmes
y sont nettement plus nombreuses que les hommes. Au Mirail, comme dans toutes
les universités de Lettres et Sciences Humaines, la mixité est déjà un acquis.
de femmes au Conseil d’administration, instance de décision de l’Université. La représentation équitable des
hommes et des femmes, c’est-à-dire
la parité, est un objectif qui n’est pas
encore atteint.
Q u’en est-il
de l’égalité à l’UTM ?
L
es femmes et les hommes investissent-ils les mêmes études,
les mêmes filières, les mêmes
emplois, statuts, grades et fonctions ?
Même si beaucoup de progrès ont déjà
été accomplis, le chemin vers l’égalité
est encore long… Les femmes sont
bien présentes, mais pas partout de la
même manière. Ainsi, l’UTM compte
70 % d’étudiantes et seulement 30 %
On constate une situation quasiment
paritaire dans le corps enseignant (47 %
de femmes) mais une sous féminisation flagrante des professeur-e-s de
rang A (27 % de femmes). Comme
le soulignait un récent article paru
dans Le Monde, à ce rythme là, il y
aura bientôt plus de femmes au sénat
qu’au sommet de la hiérarchie universitaire…
En effet, dans les domaines considérés
comme « prestigieux », l’égalité reste
à conquérir…
Étudiant-e-s de l’UTM :
la féminisation varie
selon les disciplines
Les filles sont majoritaires dans toutes
les Unités de Formation et de Recherche
(UFR), mais plus ou moins… de 62 %
en Sciences Espaces et Sociétés à
84 % en Psychologie. En géographie,
on dénombre seulement 42 % de
filles, en sciences de l’éducation, 77 %.
L’orientation différenciée des filles
confirme que les choix des disciplines
sont marqués par les représentations
stéréotypées des métiers. Aux deux
extrêmes, géographe/philosophe = un
métier d’homme, psychologue = un
métier de femme.
Stabilité
de la
féminisation
des cycles
L’UTM ne présente
pas de spécificité par rapport à la
moyenne nationale. En 1er cycle, les
filles représentent 71 % des effectifs,
73 % en 2ème cycle et 65 % en 3ème
cycle.
On
note
une tendance à la
hausse depuis une
dizaine d’années en
3ème cycle. Les filles Fonds Social
Européen
sont de plus en plus
11 >
- N°5 - Mars 2005
Université en marche
Le
Le personnel
personnel IATOS
IATOS :: peu
peu
de surprises…
de surprises…
sauf pour
sauf
les femmes
pour lespersonnels
femmes
personnels
d’encadrement
d’encadrement
diplômées, ce qui rend les inégalités
sur le marché du travail d’autant plus
incompréhensibles et injustifiées.
Maîtres de conférences
et professeurs :
le plafond de verre
Si la discipline est un critère de différenciation, le métier d’enseignant-e
– chercheur-se, comme toutes les professions supérieures, est marqué par
un « plafond de verre ». Il symbolise
le butoir hiérarchique auquel se heurtent les carrières des femmes. 55 %
des femmes sont représentées dans
le corps des maîtres de conférences
(MCF), elles ne sont plus que 27 %
parmi les professeur-e-s d’université
(PR). Sur 161 professeur-e-s de rang A,
44 seulement sont des femmes !
Au niveau national et pour les universités
de Lettres et Sciences Humaines, 48 %
de femmes sont maîtres de conférences et 27,5 % professeures. Toutes
disciplines confondues, l’écart entre les
deux corps se creuse : 34 % de maîtres
de conférences et 14 % de professeure-s. Actuellement, un homme maître
de conférences a deux fois plus de
chances de devenir professeur qu’une
femme et celles-ci le deviennent à 50
ans (40 ans pour les hommes).
Comment expliquer cet état de fait ?
Le « vivier » de femmes MCF n’est
pas en cause (du moins en Lettres et
Sciences Humaines). Les maternités, la
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- N°5 - Mars 2005
répartition inégalitaires des responsabilités familiales influencent certainement
l’évolution des carrières féminines,
mais n’expliquent pas tout. N’oublions
pas que les exigences en matière
d’enseignement, de recherche, de
publication, de responsabilités administratives sont quasiment les mêmes
pour les MCF et les PR. Si les femmes
arrivent à « tout concilier » quand
elles sont maîtres de conférences,
on voit difficilement pourquoi elles n’y
arriveraient pas en étant professeures.
Pourtant, en 2003, sur 26 MCF recrutés
à l’UTM, 13 étaient des femmes… sur
11 PR recrutés, il y avait seulement 3
femmes ! Dans le premier cas, il y avait
autant de candidatures masculines que
féminines. Dans le deuxième, les hommes étaient deux fois plus nombreux
que les femmes… La question de la
confiance en soi (et de la confiance des
autres) y est certainement pour quelque chose aussi…
Le « plafond de
verre » concerne
moins les femmes
IATOS de notre
Université que
les
femmes
enseignanteschercheuses. Avec 70 % de femmes
parmi le personnel administratif, le
Mirail dépasse la moyenne nationale.
Le personnel administratif féminin de
l’Université arrive même à atteindre
des postes à responsabilité puisqu’elles
représentent 63 % des personnels de
catégorie A au Mirail, contre 51 % au
niveau national. Malgré un taux de
féminisation important en catégorie A,
celui-ci est moins élevé qu’en catégorie
C où les salaires restent proches du
SMIC et la stabilité de l’emploi est
moins fréquente.
La proportion de femmes parmi le
personnel d’encadrement varie selon
les secteurs d’activité : elles sont sur
représentées en filière Administration
Scolaire et Universitaire (ASU) (79 %)
et bibliothèque (75 %). Par contre,
elles sont sous représentées en filière
Ingénieur, Technique, administratif
de Recherche et de Formation (ITRF).
(56 %). Malgré un taux de féminisation
important en catégorie A, celui-ci est
plus important en catégorie C, où les
salaires restent proches du SMIC et la
stabilité de l’emploi moins fréquente.
Les instances de décision
de l’Université :
sous représentation des
femmes
Dans les instances de décision,
les inégalités sont
flagrantes : 30 %
de femmes au
Conseil d’administration (CA), 32.5 % au Conseil
scientifique (CS). À quand l’adoption
du principe démocratique de parité
pour constituer les listes ?
Au CA, instance qui détermine la politique de l’établissement, les femmes
enseignantes-chercheuses
du collège B, ainsi que les
étudiantes, sont particulièrement sous représentées.
Au CS, instance qui propose
au Conseil d’administration
les orientations politiques
pour la recherche : 25 %
d’étudiantes, moins de
30 % de femmes du collège A et B.
Au CEVU, instance consultative, qui propose au
Conseil d’administration
les orientations en matière
d’enseignement, on est
plus proche de la représentation paritaire des
hommes et des femmes
(52,5 % de femmes et
47,5 % d’hommes).
Les freins à la carrière
des femmes renvoient certainement à l’éducation
des jeunes et aux stéréotypes sexistes qui y sont
véhiculés. La convention
interministérielle pour la
promotion de l’égalité des
chances entre les femmes
et les hommes dans le
système éducatif de février
2000 propose d’étendre
la parité aux jurys et aux
instances de décision
universitaires : www.education.gouv.fr/
syst/egalite/conv.html
L’égalité d’accès aux listes électorales
devra être prise en compte aux
prochaines échéances électorales.
Contacts :
Nathalie Lapeyre
[email protected]
Tél. 05 60 50 41 07
Les travaux de la mission :
www.univ-tlse2.fr/egalite-h-f
Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) :
www.univ-tlse2.fr/ove
Site éducation nationale :
www.education.gouv.fr/syst/egalite
La mission égalité hommesfemmes à l’UTM a une action de
sensibilisation de l’ensemble des
acteurs/actrices de l’Université
à la réalité des disparités femmes
– hommes : représentation
des femmes dans les instances
de décision, recrutements,
recueil et analyse de statistiques
sexuées, communication sur les
textes législatifs, visibilisation
et développement des
enseignements, de la recherche
et de la documentation sur la
thématique « genre ».
De 2003 à fin 2005, elle a pu
exister grâce à un financement
européen, qu’en sera-t-il par la
suite ?
Pour en savoir plus :
Delavault Huguette, Boukhobza
Noria, Hermann Claudine et
Konrad Corinne, 2002, Les
enseignantes – chercheuses à
l’université. Demain la parité ?,
Paris, L’Harmattan.
Maruani Margaret, 2000, Travail
et emploi des femmes, Paris, la
découverte.
Mosconi Nicole, 2000, Femmes
et savoir : La société, l’école et la
division sexuelle des savoirs, Paris,
L’Harmattan.
13 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier
spécial
Paroles
de femmes
à l’université
Textes de Marie-Louise Roubaud
Photographies de François Canard
14 >
- N°5 - Mars 2005
« Rendre justice
au travail
anonyme des
femmes»
U
ne mère peintre, Yvette Monteil,
un père médecin, admirateur
des œuvres de son épouse,
Christine Aribaud a grandi dans le
climat affectif de la création et a
trouvé de bonne heure des raisons
de se passionner pour l’art. De son
adolescence, on sent qu’elle a gardé
comme un éblouissement renouvelé
devant la beauté des êtres, des tissus,
des tableaux. « Ma mère peignait et
elle ne pouvait pas mettre un rideau
étanche entre sa peinture et nous. L’art
est devenu un exercice de famille ».
Pourtant c’est par des études de
sciences politiques qu’elle commence ;
chemin faisant l’histoire de l’art la
séduit. « C’est Michèle Pradalier qui m’a
aidé dans l’orientation de mes études,
dans mes thèmes de recherche :
maîtrise en histoire médiévale sur
la peinture murale gothique dans
l’Aude et l’Hérault, puis la thèse sur les
ornements liturgiques dans le diocèse
de Toulouse. Cette dernière recherche
m’a pris quatre ans. C’était un terrain
de recherches passionnant, mais
difficile au départ, parce qu’il fallait
inventer une méthode d’approche,
procéder à une datation qui n’avait
jamais été faite ».
Pour autant que l’étude soit prenante,
la vie ne s’est pas arrêtée là pour
Christine qui a pris le temps de se
marier et de faire deux filles : Irène et
Adèle, 15 ans et 12 ans aujourd’hui.
L’enseignement artistique lui a donné
des raisons de prolonger sa vocation
de chercheur et la soutenance de thèse
terminée en 1989, elle a organisé, à
partir de ses travaux et au terme de
deux ans de préparation, une exposition
au musée Paul Dupuy « Soieries en
sacristie ». Ce fut un évènement
remarqué autant par la découverte
Christine ARIBAUD : « Derrière chaque broderie il y a une histoire ».
qu’il permettait de chefs d’œuvre
tout à fait ignorés, que par l’ampleur
du trésor ainsi mis en lumière : une
centaine de pièces provenant des
églises de Midi-Pyrénées. Cette
exposition scellait également une belle
histoire d’amitié entre deux femmes
également investies dans leur métier :
« La rencontre avec Dany Nadal,
restauratrice de tissus anciens, avait
été pour moi déterminante. C’est elle
qui m’a initiée à l’approche technique
et anthropologique des tissus ».
L’expérience de la première exposition
a été à ce point réussie que le musée
anthropologique de Corte en Corse
et l’Institut pontifical d’archéologie
chrétienne de Rome l’ont chargée
d’une exposition similaire à Corte.
« Derrière chaque broderie, il y a
une histoire humaine qui se profile.
Les deux expositions ont permis
entre autre de sauvegarder des chefs
d’œuvre en péril ».
La prochaine recherche de Christine
Aribaud portera sur les broderies
des Carmélites. Des études du
même ordre ont été menées sur les
broderies des Ursulines par Christine
Turgeon, une québécoise, qui est une
« ancienne » du Mirail, et par Danièle
Denise conservateur au musée de
Fontainebleau sur le travail de broderie
dans l’ordre des Visitandines. Sans
doute est-ce dans l’ordre logique
que ce soit des femmes qui rendent
justice à l’art anonyme… et féminin de
l’aiguille.
Pour Christine Aribaud la parité c’est
une question de temps ; « la parité des
diplômes ne fait pas tout. Après, la vie
fait une sélection. Moi par exemple je
ne négligerai pas mes enfants pour une
carrière ; le temps est pour les femmes
plus compté. Je pense aussi que les
hommes aiment davantage le devant
de la scène et qu’ils sont parfois plus
diva que les femmes ».
15 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Participer à
une œuvre
commune
I
l n’y a pas d’âge pour suivre une
formation continue. « Par contre il
faut être dix fois plus motivée que
la moyenne pour la mener jusqu’au
bout ». Anne-Valérie Bernadas née
Anne-Valérie Collu sait de quoi elle
parle puisqu’elle même est passée par
les chemins ardus de l’intégration et
de la formation continue.
Fille d’émigrés sardes arrivés dans les
années 60 dans le midi toulousain
elle a hérité de son ascendance
méditerranéenne outre des yeux
aussi bleus que la mer, l’opiniâtreté
que confère la confrontation avec les
obstacles de toute nature.
Née dans un milieu modeste, mais
« avec pour modèle une aînée plus
intellectuelle que moi et avec laquelle
je redoutais d’être comparée » AnneValérie a d’abord été tentée par des
études de psychologie qui lui ont
donné à vie le goût d’apprendre. Elle
a passé quatre ans en pointillé, sur les
bancs de l’université du Mirail, avec en
parallèle des activités de surveillance ;
le tout interrompu par un grave
accident de voiture « on mesure
que la vie peut s’arrêter du jour au
lendemain ».
Après une brève incursion dans le
privé à des postes de secrétariat,
Anne-Valérie est entrée sur concours
à l’UTM où elle est devenue pendant
4 ans gestionnaire de cursus dans la
section sociologie du Mirail pour les
étudiants handicapés.
« J’ai commencé à entrer dans la vie
active à 19 ans. J’en ai 39 aujourd’hui.
Après vingt ans j’éprouve toujours
le même sentiment : la jeunesse
est un éternel recommencement,
même si les nouvelles générations me
semblent plus matures. Elles ne vivent
plus en vase clos. L’université est une
micro société qui reflète à une petite
échelle les problèmes de la société
16 >
- N°5 - Mars 2005
Anne-Valérie BERNADAS : « L’image qui me vient à l’esprit, c’est celui d’un
sablier. Je suis un des grains de sable ».
civile. L’image qui me vient à l’esprit
pour symboliser cet espace c’est celui
d’un sablier. Je suis un des grains de
sable ».
En poste au secrétariat de direction de
la formation continue en charge des
dossiers et budgets de subventions du
Conseil Régional, elle se sent heureuse
de son travail : « je participe à une
œuvre commune ». Elle ne s’endort pas
pour autant sur ses lauriers et prépare
un nouveau diplôme interuniversitaire
de management de service public,
d’éducation et de formation.
Mariée « mon mari est cuisinier, ça
tombe bien parce que j’ai horreur de
faire la cuisine » mère d’une petite
fille de 12 ans Déborah, Anne-Valérie
pratique pour ses loisirs un sport de
relaxation dérivé des arts martiaux : le
taï chi chuan.
Elle a hérité de son père qu’elle
accompagnait sur les chantiers un goût
prononcé pour la maçonnerie. Elle sait
donc se servir du fil à plomb...et faire
du bêton. Elle a mis son savoir faire en
pratique chez elle pour l’édification
d’un abri de jardin. Elle s’avoue
aussi maniaque en maçonnerie
que pour le montage d’un dossier.
La parité ? « je ne voudrais pas jouer
les avocats du diable. On fait tout
pour, mais… je ne suis pas sûre que
c’est parce que les hommes ont
barré les femmes qu’elles n’ont pas
le pouvoir. Il me semble que nous ne
nous battons pour les mêmes choses.
Nous cédons plus facilement la place.
En ce qui me concerne que la haute
hiérarchie soit investie par un homme
ça ne me dérange pas, mais ça pourrait
tout aussi bien être une femme.
Elle est née en
«Terre courage»
E
lle est née à Lavelanet dans
l’Ariège, cet endroit où selon le
peintre Mady de la Giraudière
le ciel a, certains jours, une couleur
violette inégalée.
Marie Bonnans, aînée de deux frères
et qui a fait ses études à Foix, quoique
devenue toulousaine, est donc marquée par cette « Terre courage » dont
on dit depuis toujours qu’elle produit
des hommes et du fer, en oubliant
tout de même qu’un homme sur deux
est, ici aussi, une femme.
Marie Bonnans qui travaille aujourd’hui
en bonne entente au secrétariat du
service informatique n’a pas à priori
de revendication féministe ; elle
appartient à une génération qui se
sent libre d’être soi, sans avoir à jouer
des coudes, sans avoir besoin non plus
de réclamer sa place au soleil, pour se
sentir maîtresse de la situation.
Au terme de plusieurs stages d’informatique, après un concours d’Etat
et une affectation à l’Université de
Montpellier II au secrétariat du
département des sciences et technologies des industries alimentaires,
elle est arrivée à sa demande à l’UTM
en 1998.
D’abord au secrétariat de l’imprimerie
et depuis cinq ans au secrétariat du
service informatique. Elle ne s’est pas
pour autant coulé dans le moule ;
cette sportive née roule en Ducati
600 monster, ça lui permet d’arriver
rapidement à l’Université et d’éviter
les embouteillages, certes, mais c’est
surtout le sentiment de liberté qui
trouve à se fortifier dans la pratique de
cette conduite.
Marie Bonnans a un programme de
loisirs bien à elle en dehors. Elle suit
des cours de danse et ne quitte pas,
l’hiver surtout, ses chères Pyrénées
pour des randos en montagne, des
courses de ski.
Si elle apporte dans son travail son
goût de l’exactitude et de la mesure,
Marie BONNANS : une sportive née qui roule en Ducati 600 monster.
elle garde pour sa vie hors des murs
de l’Université, son amour de l’espace,
de la vitesse et de la liberté et de
l’originalité.
17 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Marie-Paule CANALE : « Je rêvais d’art ».
« La
bibliothèque
comme un lieu
de vie »
E
tudiante dans les années 80
dans la section d’histoire de l’art
à l’UTM où elle est aujourd’hui
installée comme bibliothécaire au
service commun de la documentation
Marie-Paule Canale a cette phrase
digne de « la Bohême » de Puccini
lorsqu’elle rappelle ses premières
années d’études : « Je rêvais d’art », et
deux ans de formation professionnelle
intensive dans un métier qui exige
des connaissances aussi bien en
économie, en histoire, en sociologie,
enfin en technique de l’informatique.
« Mais l’information n’émerge pas
18 >
- N°5 - Mars 2005
des simples moteurs de recherche.
On a toujours besoin de passeurs,
on l’a bien compris, même au temps
d’internet, l’élément humain garde sa
prépondérance et les livres eux-mêmes
ont besoin pour retrouver le cycle de
la vie d’être portés par des mains
amicales afin d’être lus et entendus à
bon escient par les lecteurs.
C’est d’ailleurs cet élément de
communication, si important dans
la filière du livre, que Marie-Paule
Canale a privilégié en créant à la
rentrée 2004 avec la complicité de
Mathilde Muños et avec l’équipe de
la BUC un journal de liaison dont le
titre « Le cri du rat » se justifie par le
sous-titre humoristique lui aussi « le
soir au fond de la bibliothèque après
la fermeture ».
Le pari a été réussi avec la création
de ce journal sur papier glacé, qui
informe, qui amuse, instrument de
travail, de connaissance et de liaison,
qui s’accompagne de précieux conseils
de lecture.
Marie-Paule Canale a peaufiné
son métier au-delà de la licence
d’ingénierie de l’information et de
la communication, dans les lieux les
plus divers, à travers un stage de
formation aux archives municipales
de Toulouse et au fonds régional de la
bibliothèque municipale de Toulouse,
auprès de l’incontournable Marianne
Miguet, puis au Centre technique
du livre de l’enseignement supérieur
à Marne la Vallée, à la Médiathèque
départementale de la Haute-Garonne.
Elle a été amenée à sillonner le
département en bibliobus et à prendre
conscience des problèmes de la lecture
publique sur le terrain au quotidien.
Cette native du Lot et Garonne rêvait
de revenir au pays. Ayant fait acte de
candidature, elle a été affectée à la
rentrée 1999 au traitement du fonds
slave et essentiellement au service des
recherches documentaires destinées
à accompagner les usagers dans leur
investigations, notamment dans les
2e et 3e cycles grâce à l’utilisation
des outils informatisés, bases de
données bibliographiques.
Elle a été aidée en cela par sa
connaissance de la langue puisque des
ascendances ukrainiennes sommeillent
dans sa branche maternelle des
Wojtyniak et qui l’ont prédisposée
à acquérir les bases pratiques du
russe pendant trois années d’études à
l’Université. Elle a pris chemin faisant
le goût de la poésie russe d’Anna
Akahanatova et d’Olga Sedacova.
A écouter parler Marie-Paule on
comprend vite que les bibliothèques
quel que soit leur terrain, populaire ou
universitaire, constituent pour elle une
grande et vivante orchestration. Il n’y
est pas interdit de jouer au chercheur
de trésors.
La parité ? Elle est pour bien sûr « Le
métier reste un métier d’hommes.
Les femmes ne sont pas ou peu
représentées dans les postes de
direction ».
Le parcours du
combattant
U
ne résistance de fil de fer. C’est
l’image qui vient à l’esprit
quand on voit Sabrina Dahache
égrener le fil de ses activités. Elle est
née dans le Gers à 30 km d’Auch,
entre Mirande et Vic à Saint-Arailles.
Un père d’origine juive, rapatrié
d’Algérie dans les années 60, maçon
de son métier, et une mère gersoise,
exploitante agricole qui complète
le revenu de l’exploitation de 19
hectares par l’élevage de canards.
Grandie à la ferme, seule fille d’une
fratrie qui comprend deux grands
frères, dont l’un va reprendre les
activités agricoles familiales après
un an d’humanitaire au Mali au sein
du « Croissant rouge », Sabrina a
d’abord suivi ses études au lycée de
Mirande. Très tôt chez elle nait la
volonté d’étudier.
Après un bac économique et
social, elle a suivi des études par
correspondance auprès du SED du
Mirail, tout en occupant un poste
de maîtresse d’internat au lycée
d’enseignement général et technique
agricole de Pavie (à côté d’Auch),
sans renoncer à la participation de la
vie de la ferme. « Dans mes débuts
de maîtresse d’internat j’avais des
élèves qui avait mon âge. J’étais
timide, mais ça m’a guéri. J’ai eu
très vite la réputation d’être stricte
dans l’étude. J’exigeai le silence et je
l’obtenais. » Quand on est maîtresse
d’internat, puis conseillère principale
d’éducation, la surveillance se double
d’une tâche improvisée d’assistante
sociale.
Après deux années d’études d’anglais,
Sabrina est revenue dans le giron de
la sociologie sa discipline préférée
qu’elle n’a plus quitté depuis. Au
terme de deux années de Deug pour
la licence, deux années de maîtrise
avec soutenance d’un mémoire sur
« les déterminants de l’installation
individuelle en agriculture » elle
Sabrina DAHACHE « étudier coûte que coûte ».
aborde aujourd’hui en cinquième
année le DEA et passe, des études par
correspondance, à la fréquentation
des cours du Mirail.
« Le statut de maîtresse d’internat
donnant priorité aux études, j’ai pu
organiser mon temps de présence
en fonction de mes cours. Je viens au
Mirail deux jours par semaine le lundi
et le mardi ».
Ces deux journées ressemblent beaucoup à un parcours du combattant.
Sabrina ne manque jamais aucun
cours. On peut affirmer au vu de son
emploi du temps qu’elle y a quelque
mérite.
Pour le premier semestre où les cours
commencent à 8 h 30 il lui faut se lever
à 5 h 30, prendre sa voiture pendant
quarante minutes jusqu’à la gare la
plus proche celle d’Auch où elle prend
la micheline de 6 h 07 qui la mène
à la gare des Arènes d’où elle rejoint
en quatre stations le Mirail. « J’arrive
avec une heure d’avance dans la salle
de cours. Le deuxième semestre ne
commençant qu’à 9 heures je peux
prendre le train de 7 h 07. J’arrive
toujours avec une heure d’avance. »
Une petite heure mise à profit pour
l’étude, comme l’a été l’heure du
voyage en micheline. Le soir du lundi
au mardi, Sabrina couche à l’hôtel,
mange dans sa chambre. Mais tous
les obstacles surmontés, il y a au bout
du compte l’espoir de la soutenance
de thèse en septembre sur « les filles
dans l’enseignement agricole », sous
la direction d’Annie Rieu et de Nicky
Lefevre.
Si elle privilégie l’étude, néglige le
loisir, Sabrina Dahache ne sacrifie pas
sa vie familiale qui lui offre tout ce qui
donne du prix à une vie : le confort
et la tendresse et lui insuffle la foi qui
soulève les montagnes
19 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Gisèle DUGES : « Notre département ça bouge. C’est l’Espagne».
« Ici on a droit
à la parole »
E
lle a fait une entrée explosive à
l’UTM au moment d’AZF ».
Responsable administrative du
département des études hispaniques
et hispano américaines, Gisèle Dugès
aborde néanmoins sans peur et sans
reproche sa quatrième année de
présence au Mirail et sa 25ème année
d’activité au sein de l’administration
de l’Education Nationale.
« Je venais du rectorat d’Académie
où j’avais passé vingt et un ans et
j’ai retrouvé au Mirail d’anciennes
collègues qui m’ont aidé à me familiariser avec les lieux. J’ai trouvé ici un
état d’esprit qui me plait. On prend le
temps d’écouter et on a le droit à la
parole. »
Gisèle Dugès, de son nom de jeune
fille Guzman retrouve aussi dans le
20 >
- N°5 - Mars 2005
département d’études hispaniques, la
pratique de la langue maternelle.
« Je suis née à Montauban de parents
espagnols réfugiés. Mon père et ma
mère s’étaient mariés à Madrid et à
la fin de la guerre civile, nantis d’un
garçon, ils avaient quitté l’Espagne,
et vécu séparés l’expérience des
camps dressés à la hâte sur les plages
du littoral français. Dans la foulée,
ils s’étaient installés dans l’Ariège où
mes deux autres frères sont nés, puis
à Montauban. Je me souviens que
toute petite j’allais très souvent avec
mon père sur la tombe d’Azana, le
dernier président de la République
espagnole, mort en exil à Montauban.
Mon père lui était resté fidèle, alors
qu’il avait débuté la guerre civile dans
les rangs franquistes désertés pour
le camp républicain. C’est pourquoi
d’ailleurs, il était poursuivi et ne pouvait envisager de retourner en Espagne
pendant toute la durée du franquisme.
D’ailleurs, même à la mort de Franco
ma mère craignait d’y revenir ; il a fallu
que sa famille restée sur place et, nous
même les enfants, nous insistions pour
qu’elle envisage un retour possible.»
L’héritage d’un passé somme toute
douloureux n’a pas altéré la détermination à vivre de la jeune Gisèle
Guzman. Après son Bac elle trouve
à travailler à Montauban au PEP
(« Pupilles d’Enseignement Public »)
un organisme semi-public qui s’occupe
d’organiser des colonies de vacances
pour pupilles de la nation en collaboration avec l’Inspection d’Académie où
elle va finalement assurer sur place
cinq ans de présence, avec une année
de délégation comme auxiliaire de
bureau au lycée Bourdelle.
Titularisée, Gisèle Dugès nommée
au Rectorat d’Académie de Toulouse
et mère d’une petite fille, choisit
de revenir dans un premier temps
à Montauban. « J’ai tenu un an, la
plus malheureuse de la famille c’était
moi. J’ai donc décidé de revenir à
Toulouse, tout en continuant à vivre à
Montauban. Depuis 25 ans, je prends
le train matin et soir ». Cette difficulté n’en est pas une, puisque ce qui
prime, c’est l’intérêt du travail. « J’ai la
chance de travailler en bonne harmonie
avec l’équipe administrative, avec les
enseignants et avec les étudiants. Ce
n’est pas certains jours une construction
de tout repos. Dans notre département ça bouge, c’est l’Espagne…
La prudence diplomatique de Gisèle
Dugès n’exclut pas la détermination,
ni la fidélité à la vocation d’origine :
« Je tiens quand je le peux, à faire de
l’accueil et à répondre aux attentes
des étudiants dont certains sont en
état de détresse ».
La parité ?
« Dans la fonction publique les
concours et les salaires sont à égalité.
Mais je reste persuadée que même
là, ça ne se passe pas pareil pour
les hommes et pour les femmes et
qu’il y a des sacrifices à faire pour les
femmes qui sont différents de ceux
des hommes. »
La double
appartenance
C
omme son nom le donne
à penser elle est née en
Algérie, dans un village de
l’Oranie, proche de Mostaganem.
« Ma mère avait 18 ans quand elle
s’est mariée mon père en avait 20.
Je suis la quatrième d’une famille de
douze enfants : trois garçons et neuf
filles. Moi je n’ai eu qu’un fils. » Ceci
explique-t-il cela ?
« Ça a peut être joué. Mon mari est
d’origine martiniquaise issu d’une
famille de treize enfants. Avant de le
rencontrer, je ne pouvais pas imaginer
qu’il existe une famille plus nombreuse
que la mienne.
Le contact avec le pays d’origine ?
« Jusque dans les années 70, on
revenait voir nos grands-parents dans
le village. La langue de la famille est
restée l’arabe, mais entre frères et
sœurs nous parlons français. J’avais
pris la résolution de parler arabe à
mon fils Mehdi mais j’y ai renoncé,
parce que l’usage de l’arabe n’était
pas spontané.
Pour le nom de famille, Mehdi a celui de
son père. Je garde mon nom de jeune
fille, pour moi c’est une mise en avant
de ce que je veux maintenir. Je me
sens d’abord française, puis algérienne.
C’est un renversement qui s’opère. De
même, je me sens beaucoup plus
ancrée dans ma région ».
Cette région c’est le Tarn de la
Montagne noire, à Mazamet, où la
famille Guerraoui s’est fixée.
« Il n’y a pas en moi de sentiment d’exil.
Ma mère est très attachée à tout ce qui
rappelle l’Algérie natale. On a baigné à
travers elle dans la culture algérienne.
« Ma mère, là ba,s portait le voile, était
attachée à la religion, mais en France
elle disait « Je ne veux pas que mes
filles soient dépendantes d’un homme
comme je l’ai été ». Je ne dirai pas que
nos mères vivaient par procuration, je
dirai plutôt que pour elles, l’identité
était une identité maternelle. Le bien
Zohra GUERRAOUI :
« je suis liée à l’esprit d’une époque qui revendiquait la liberté pour les femmmes ».
être de leurs enfants étaient leur raison
de vivre.
« A 18 ans j’ai passé mon Bac, puis je
me suis inscrite à la faculté de droit de
Toulouse. J’ai compris que ce n’était
pas mon univers, et l’année suivante
je me suis inscrite en psycho au Mirail.
Mes parents m’ont fait confiance,
comme ils ont fait confiance à mes
sœurs. Ma mère a toujours vécu dans
la crainte de la dislocation de la famille.
On l’a entendue. Nous sommes restés
très liés.
Il était pour moi hors de question
que je me définisse exclusivement
à travers l’identité maternelle. Je
suis une femme, liée à l’esprit d’une
époque qui revendiquait la liberté. Je
me suis toujours considérée comme
une actrice de ma propre vie. Je me
sens assez forte pour assumer ce que
je suis ».
Après un DESS en psychologie, Zohra
a travaillé comme psychologue dans
un centre de formation. Tout en
travaillant, elle a préparé et soutenu
en 1992 une thèse sur « l’identité
en situation interculturelle », étude
portant sur la population féminine
maghrebine en France et son rapport
à la contraception. Aujourd’hui, elle est
MCF de psychologie interculturelle.
La parité ? « Malgré tous les discours
les choses changent très peu. Dans les
métiers où les qualités feminines sont
requises, ce sont les femmes qui sont
les plus nombreuses, mais dans les
sphères du pouvoir, la dominante est
masculine. Contrairement au discours
affirmant que le masculin opprime le
féminin, je pense que nous avons notre
part de responsabilité. Les femmes ne
s’autorisent pas à investir d’autres
champs que ceux de la tradition. »
21 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Marie-Christine HENNINGER : elle n’a eu de cesse de revenir dans la ville de son
adolescence et de ses premières études.
Pour une
gestion sociale
D
irectrice adjointe du département d’Economie et gestion
et de l’UFR Sciences, Espaces
et Société, Marie-Christine Henninger
n’est pas d’une nature à parler à la
légère. Sa sobriété de ton n’exclut ni
la détermination ni la passion de l’enseignement et de la recherche.
La parité ?
« C’est difficile à décréter. C’est une
bonne chose que la question soit
posée, cela évite de l’oublier. C’est
comme une petite piqûre de rappel
de temps à autre.
Plus les nouvelles générations de
femmes arrivent, plus la parité gagne
du terrain. Le secteur des maîtres de
conférences, dans certains départe-
22 >
- N°5 - Mars 2005
ments au moins, tend vers la parité.
Enfin parité bien ordonné commençant par chez soi, j’ai la chance d’être
soutenue par un mari qui assume la
moitié de l’intendance. Mes beauxparents me secondent également dans
la garde de ma petite fille Ambre de
deux ans et demi, ce qui permet de
mieux gérer le caractère aléatoire de
certaines réunions. »
Cet esprit rigoureux s’est formé dans
la région toulousaine où elle n’a eu de
cesse de revenir vivre.
« J’ai fait ma scolarité à Toulouse,
au lycée Bellevue jusqu’au Bac, puis
à l’école de commerce supérieure
d’Amiens. J’ai ensuite bifurqué vers
une agrégation d’économie et de
gestion préparée à l’Université des
Sciences Sociales Toulouse I ».
Une année d’enseignement au lycée
Raymond Naves lui confirme son
goût pour la pratique pédagogique
mais l’incite à se diriger vers le
supérieur. « J’ai cherché une fonction
qui me permette des responsabilités
variées dans l’enseignement, dans la
recherche, voire même la mise en
pratique de ce que j’enseigne… la
gestion. »
Depuis deux ans au Mirail, MarieChristine Henninger a trouvé matière
à s’investir.
« Ma fille est née le 1er octobre 2002
et j’ai intégré l’Université le 1er février
suivant comme maître de conférences
en gestion. La dizaine d’enseignants
de notre département s’est regroupé
autour d’un intérêt commun pour les
problématiques issues de l’économie
sociale et solidaire.
C’est ce qui lui donne son caractère
atypique et innovant. Nous formons
des étudiants que cette vision de
l’économie interpelle, parfois au point
d’envisager de se lancer dans un projet
réel : création d’une association, d’une
coopérative.
Même si nous sommes encore
prestataires de services pour les
autres filières de la faculté, notre
département a développé des filières
qui adoptent un nouvel habillage
avec la réforme d’une spécialité
de la Licence, mention sociologie.
Il permet d’adopter cette double
spécialité dès la première année, ce
qui est nouveau. Un Master économie
qui comprend trois spécialités :
économie sociale, technique de
l’information et de la communication
dans le développement territorial et
recherche en économie sociale. Nous
gagnons une nouvelle habilitation qui
correspond à l’ancien DEA. »
Pour autant, Marie-Christine Henninger
n’a pas renoncé à la recherche.
Son sujet : le réseau des AMAP :
(Associations pour le Maintien d’une
Agriculture Paysanne), c’est-à-dire une
agriculture de proximité et de qualité
apte à nourrir les hommes et à faire
vivre les paysans tout en respectant la
nature. Qui oserait dire que ceci n’est
pas un programme d’actualité ?
Du plomb à
l’informatique
M
algré son nom d’origine
autrichienne Laurence Karl
est née sur Seine, dans
l’Aube, une région riche en cathédrales
romanes… et en vins de champagne.
A 19 ans, titulaire d’un BEP d’arts
graphiques, elle débute dans les
métiers de l’imprimerie, à l’époque
du plomb, un temps pas si éloigné en
somme où la presse et le livre étaient
fabriqués main au « marbre » à base
de limotypes, de composteurs, de
clichés gravés sur des plaques de zinc.
Un monde venu tout droit de
Gutenberg et qui rappelait aussi
l’univers balzacien. Un monde dur et
exigeant, surtout pour les femmes qui
y débutaient. L’air de rien Laurence
Karl a donc traversé, comme toute
la corporation du livre, une véritable
révolution industrielle. Elle ne s’en
porte pas plus mal aujourd’hui, car
le métier s’est davantage féminisé, à
la faveur des progrès techniques qui
l’ont allégé précisément du poids du
plomb. Laurence Karl fait partie de
cette génération qui a vu arriver avec
étonnement la PAO… C'est-à-dire
Publication Assistée par Ordinateur…
« Je me souviens encore dans les
années 85 de la première souris. »
Laurence est arrivée à Toulouse en
1993. « J’ai été embauchée par les
établissements Fournié à Fonsegrives,
qui réalisaient les guides de randonnée
pour les éditions Milan. Je suis restée
7 ans à cette place. J’ai aimé la région
tout de suite ; je ne voudrais pas
repartir d’ici. Dans ma région il pleut
beaucoup trop. Sur le plan du rapport
humain, il me semble que les liens
sont plus vite noués, mais aussi plus
superficiels. On a du mal à se faire de
vrais amis » ; pourtant c’est à Toulouse
que Laurence a fondé une famille.
« je suis mère depuis 7 ans d’un petit
garçon. J’ai toujours voulu privilégier
ma vie de femme et donc j’ai, à ce titre,
refusé le travail de nuit qui était de
Laurence KARL : « Les hommes du sud sont moins machos ».
nouveau possible pour les femmes, à la
suite d’une directive européenne ».
Licenciée des établissements Fournié,
elle a fait des remplacements au Centre
national d’enseignement à distance - le
CNED - avant d’arriver au service de
l’imprimerie de l’Université : « Au bout
de vingt ans de travail, j’ai occupé
presque tous les postes de la chaîne
graphique, du montage au façonnage.
Mon poste actuel ? Pour moi c’est le
top. Je m’y trouve épanouie, dans un
bon environnement professionnel et
humain ; quand on a comme moi
l’expérience du privé, on se rend
compte que l’administration c’est une
chance. La fabrication d’un livre c’est
particulièrement gratifiant lorsque
l’auteur est content et qu’il vous
remercie… C’est une œuvre aboutie
de part et d’autre, et pour celui qui l’a
écrit et pour celui qui l’a fabriqué ».
Elle est sans peur et sans reproche
Laurence qui n’a peur ni des
changements de lieux, ni de travail.
Elle aime lire des récits historiques,
broder, mais oui et reprendre un jour
lorsqu’elle aura un peu plus le temps la
peinture sur porcelaine.
La parité ? « On a beaucoup de
progrès à faire. La faute à qui ? Un
peu aux deux ; on a trop laissé faire ;
on a trop surévalué nos possibilités.
On a d’autres qualités, la subtilité,
l’organisation.
Bien sûr il n’est pas question de rêver
de choses qu’on ne saurait pas faire,
ou de compétences qu’on n’a pas.
Ceci dit, c’est vrai qu’on est mise à
l’écart. J’aurais tendance à dire, ayant
vécu à la fois dans le Nord et dans le
Sud, que les hommes du Sud sont
moins machos. Ils acceptent que les
femmes soient leurs égales. Dans le
Nord ils préfèrent les femmes… à la
maison ».
23 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Ana Isabel LEAL : « l’accent de l’Espagne ».
« Le Mirail,
c’est le miroir
de l’Europe »
E
lle a l’accent d’Almodovar et
le charme aussi. C'est-à-dire
que lorsqu’elle parle espagnol
– sa langue d’origine - elle a ce léger
zézaiement des habitants de la région
de Caceres, en Estrémadure, tout
au sud de l’Espagne, tout contre la
frontière du Portugal. Une région
d’oliviers, de vignes, d’élevage et de
belles ruines romaines. Une région
où est né à Zarza de Granadilla le
réalisateur de « Tout sur ma mère ».
C’est à 200 km de sa région et de
son village Cedavin qu’Ana Isabel a
pourtant fait ses études : dans la très
belle ville de Salamanque et dans
24 >
- N°5 - Mars 2005
l’une des plus belles universités de la
péninsule ibérique.
Anna Isabel a mené à bien un BTS de
tourisme et un diplôme d’auxiliaire de
mode. C’est pendant cette période
qu’elle a commencé à étudier le
français, à le parler dans ses stages
dans l’hôtellerie. Un proverbe
espagnol affirme : l’homme propose
et dieu dispose, à moins que ce ne soit
l’inverse.
Ana Isabel n’a pas fait carrière dans
le florissant tourisme espagnol pour
la simple raison qu’elle a rencontré
son fiancé devenu son mari, dans son
propre village où il venait passer ses
vacances. Elle l’a donc suivi en France
où il travaille comme électricien,
devinez où ? A l’Université du Mirail !
Voilà donc notre jeune émigrée devenue pour l’état civil Ana Gonzalez,
mais elle tient à garder son nom de
famille « sinon je me sens dépouillée
de mon identité ». La voilà passée
du pays de Cervantès à celui de
Montaigne et confrontée à l’inextricable grammaire française dans le
département de langue étrangère de
l’Université. Aujourd’hui Anna Isabel a
plusieurs casquettes : elle est à la fois
étudiante par correspondance, agent
contractuel au service du courrier de
l’Université… et épouse en charge de
son foyer : « Encore heureux qu’on
soit à Toulouse et pas à Strasbourg ;
nous repartons deux fois par an pour
le pays, retrouver nos racines. Toute
une expédition, car c’est à chaque fois
un voyage de plus de mille kilomètres
pour arriver à bon port c’est à dire sur
les terres d’où nous sommes originaires. Ici et là-bas ce sont deux mondes
complètement distincts. On ne peut
pas les comparer. » La parité, « On
en parle. Quand le fera-t-on ? Il ne
faut pas nier les évidences. Dans mon
pays où le taux de chômage est très
fort, les hommes ont du mal à trouver du travail. Les portes se ferment
davantage pour les femmes. On leur
préfère toujours un homme qui ne
demande jamais de congés de maternité. » L’intégration ? « Oui, tant que
je ne parle pas. Mais dès que j’ouvre la
bouche, je redeviens une étrangère » ;
C’est sans doute pourquoi Ana Isabel
garde dans son attitude une réserve
prudente, un peu de timidité. Ses
premiers pas dans la vie du couple
ont coïncidé avec ses premiers pas à
l’Université. « Pour moi, le Mirail c’est
le miroir de l’Europe ».
On comprend que le sentiment d’appartenance à cette Europe ne va pas
de soi. Le bilinguisme n’y suffit pas
même dans un environnement familial
et professionnel de qualité. En cumulant en douceur son travail, sa vie de
couple et d’étudiante, Ana Isabel ne se
refuse aucune difficulté. En espagnol
on dit « actos son amores » ce que
l’on pourrait traduire par « les actes
sont des preuves d’amour ». Il semble
que ce soit le cas pour notre jeune
espagnole au regard loyal.
Portrait de
femme avec
groupe
A
vec son parler direct, son
regard qui ne vacille pas et
une rhétorique qui s’appuie
toujours sur le concret de la vie,
Jacqueline Martin, « Jacote » pour les
intimes, est une figure emblématique
des études féministes.
Elle a commencé il y a trente ans
des recheches universitaires sur
l’économie de la famille et du travail
féminin (domestique et professionnel)
et n’a plus quitté cette voie royale
de l’affirmation de soi, ce moi étant
compris comme celui du groupe. Elle
a été membre du GRIEF (Groupe de
Recherche Interdisciplinaire d’Etude
des Femmes) à sa création en 1979.
Il s’était fixé pour « objet d’appréhender
à travers les processus économiques,
sociaux, historiques, linguistiques,
symboliques et imaginaires, les déterminations multiples et contradictoires
qui constituent « la femme ».
Jacqueline Martin a fait partie dès
1986 de l’équipe SIMONE créée par
Marie-France Brive, morte en août
1993, et dont elle rappelle régulièrement, afin qu’on ne l’oublie pas,
l’action déterminante en matière
d’études féministes, ce qui explique
en grande part aujourd’hui l’une des
vocations et des originalités de l’Université du Mirail.
« Traquer les stéréotypes sexistes toujours à l’œuvre » exige de la vigilance,
un regard sans complaisance et aussi
de l’humour. Jacote, au dire de ses
amis-e-s, ne manque ni de l’un, ni de
l’autre. « A l’école quand on demande
à un enfant la profession de la mère
au foyer, il marque immanquablement
« sans profession ». Moi je suggère
qu’on écrive : cent professions.
Pour elle, les études sur le genre
sont très en retard en France par
rapport à ce qui se fait en Angleterre,
en Allemagne, au Danemark. Tout
Jacqueline MARTIN « De la maternelle à l’université traquer les stéréotypes
sexistes, causes des inégalités ».
simplement parce qu’il n’y a pas
de volonté politique, ni dans les
universités, ni dans la recherche. S’il
y a un renouveau dans la vie civile,
autour de la loi sur la parité de juin
2000, on ne doit pas se masquer que
les inégalités entre Femmes-Hommes
se creusent. « En France notamment
on observe une résistance à prendre
cette question au sérieux ».
Il n’y a pas, bien sûr, que les études
féministes qui sont dans ce cas, toute la
recherche en est au même point. Faire
vivre les recherches féministes à l’UTM
avec les publications, les colloques,
c’est aussi assurer la transmission aux
jeunes générations. « Les recherches
sur les rapports sociaux hommesfemmes ont apporté depuis trente ans
des connaissances considérables dans
toutes les disciplines. Tout enseignant,
de la maternelle à l’université, devraient
aujourd’hui intégrer ces connaissances
à son enseignement. Car les rapports
hommes-femmes, structurent de
manière transversale l’ensemble du
fonctionnement de nos sociétés.
« Les recherches sur les violences faites
aux femmes ont montré que tous les
pays et toutes les catégories sociales
sont concernés, étudiants compris.
Chercher sur et enseigner ces réalités
n’est pas du miliantisme. C’est une
responsabilité professionnelle dans le
cadre d’un service public.»
Jacqueline Martin n’y va pas par quatre
chemins, si elle est toujours sur la
brèche des recherches c’est tout simplement, affirme-t-elle avec panache
et humour, que « la déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne
rédigées par la montalbanaise Olympe
de Gouges en 1791… est toujours
d’actualité ! »
25 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Karen MESCHIA :
« la diversité linguistique fait de l’Université une véritable tour de Babel ».
« L’esprit
d’ouverture »
E
lle est née à Manchester le grand
port du Nord de l’Angleterre,
berceau de la révolution industrielle qui a connu toutes les vicissitudes et le lent déclin des villes vouées
exclusivement à l’industrie. Mais commerçante, Manchester a su mieux que
d’autres villes réagir, relever le gant et
retrouver sa capacité d’innovation.
Si elle est bien la fille de cette ville
entreprenante marquée par la culture
ouvrière et sociale, Karen Meschia,
anglaise jusqu’au bout de ses tâches de
rousseur et de ses yeux bleus pétillants
de vivacité, a mené l’essentiel de sa
vie et sa carrière loin des pelouses
anglaises. Quand les Anglaises se
mêlent d’avoir du charme on sait
26 >
- N°5 - Mars 2005
qu’il n’y a pas de Chanel qui tienne.
D’ailleurs, Karen qui était descendue
dans le Sud de l’Angleterre à Londres
pour étudier… le français, puis dans
le Sud de la France à Albi pour le
perfectionner, a conquis à 21 ans,
chez nous, celui qui allait devenir son
mari, lui donner la nationalité française
et cinq enfants : Thomas, l’aîné de 26
ans, William, 23 ans, Clara, 21 ans,
Alex 18 ans et James le petit dernier
de 10 ans.
« Mon mari est d’origine pied-noir, et
dans la famille l’exilé ce n’est pas moi,
c’est lui ».
Comment Karen Meschia a-t-elle
pu concilier sa vie d’enseignante,
de chercheuse, de mère de famille,
d’administrative en tant que directrice
adjointe de l’UFR de langues ?
« Tout est question de souplesse,
dans la tête, de disponibilité,
d’improvisation. Je n’ai pas attendu
d’entamer une carrière universitaire
pour faire mes enfants. J’ai passé
l’épreuve pratique du CAPES enceinte
de huit mois ».
Après Albi, où elle était lectrice,
Avignon et la région parisienne, elle
est arrivée ici en 1985. En intégrant
le système français d’enseignement,
Karen Meschia a suivi le cursus normal :
CAPES, agrégation, doctorat…et perdu
définitivement l’accent de Manchester.
Karen Meschia continue de penser que
la maternité reste plus facile à vivre en
France. En poste à Toulouse depuis 20
ans, elle a abordé le mandat qu’on lui
a proposé il y a trois ans, comme elle
aborde toutes choses : avec l’esprit
ouvert. « J’ai mis provisoirement entre
parenthèse mon désir de publier. J’ai
la chance d’être en parfaite harmonie
avec Viviane Ramond qui dirige
l’UFR et avec toute l’équipe, et j’ai
le sentiment d’être un acteur un peu
plus impliqué. Notre souci à l’UFR de
langues c’est de préserver les langues
à faible effectif, face aux langues
dominantes. La diversité linguistique
fait de l’Université une véritable
tour de Babel. Vient s’y ajouter un
Institut Universitaire Professionnalisé
de Traduction sous le direction de
Solange Higgs qui inclue la langue des
signes comme langue vivante.
Ainsi se confirme la vocation sociale
d’une université qui a toujours
revendiqué de former des citoyens,
d’accueillir au mieux les étudiants
handicapés.
Notre pôle d’excellence reste la
recherche et notre originalité, c’est
le programme sur le genre de
l’équipe de recherche Simone. Par
ailleurs, nous nous inscrivons dans la
préparation aux licences, masters et
doctorats qui est censé promouvoir
la mobilité à l’échelle de l’Europe ».
La parité ? « Les femmes ont moins
le souci de leur carrière. Ce n’est
pas l’objectif qui prime. Elles ne se
calquent pas sur un modèle préétabli
de réussite professionnelle. La parité
c’est la discrimination provisoire ».
Des tonnes
de thèses
E
lle fait partie des « anciennes »
qui ont étudié dans les vénérables
amphis de la rue Lautman dont
les murs de briques doivent garder
encore le souvenir de quelques cours
et assemblées historiques.
Etudiante d’histoire et de géographie
- ses professeurs s’appelaient
Bartolomé Bennassar, Georges Bert
rand et Charles-Olivier Carbonel Marie-Claude Mirguet a achevé son
cycle d’études en juin 1968, ce qui
lui fait dire sans rire « les étudiants
d’aujourd’hui, je les trouve calmes ».
Calme elle l’est, au terme de 34 ans
de vie professionnelle passée au sein
de l’administration de l’Education
nationale qu’elle va quitter à la rentré
prochaine pour cause de retraite, « je
suis radiée des cadres, et l’expression ne
m’a pas plu », un départ qu’elle attend
avec placidité mais qui s’annonce aussi
avec quelque nostalgie. Marie-Claude
Mirguet a aimé et continue d’aimer ce
métier qui l’a maintenue au chaud de
la vie étudiante dans la compagnie de
gens « extrêmement attachants ».
« Ma première rentrée, ce fut en
1971, dans la région parisienne,
à l’Inspection Académique de la
préfecture du Val d’Oise à Pontoise ».
Autant dire un petit exil pour cette
native du Lherm qui a vécu trois ans
en région parisienne avant de revenir,
tambour battant, en 1971 au Mirail
où l’Université de Lettres venait de
s’installer.
Marie-Claude Mirguet a pris également
le temps de faire une fille : Claude qui
a aujourd’hui 28 ans et qui, après un
doctorat de physique à Paul Sabatier,
exerce sa spécialité dans un laboratoire
en Suède où sa mère a projeté dès
les beaux jours, de lui rendre visite.
Installée aujourd’hui à la Maison de
la Recherche, Marie-Claude Mirguet
s’occupe des dossiers des doctorats du
3ème cycle de lettres et sciences humaines.
Elle manipule des tonnes de thèse par
Marie-Claude MIRGUET :
« Les dossiers c’est pas marrant, ce qui intéressant ce sont les gens ».
an. « Il y a 110 soutenances de thèse
par année scolaire, or il y a des jours où
c’est la bousculade. En septembre, il y
a eu le même jour 13 soutenances… Il
faut trouver les salles, les horaires adéquats, faire coïncider les dates pour les
étudiants, les enseignants et l’administration… un vrai bonheur ! »
Dans ce contexte, « le relationnel
humain est un des éléments de la
réussite commune. Les dossiers c’est
pas marrant, ce qui est intéressant
ce sont les gens. Il ne faut pas non
plus être trop familier, pour pouvoir
avoir un garde-fou. On doit pouvoir
déborder le temps administratif quand
il y a des urgences . Chaque cas
d’ailleurs est urgent ».
La retraite ?
« Ce sera prendre le temps de lire,
de jardiner, d’entretenir la maison
familiale… »
La parité ?
« C’est quelque chose à laquelle il
faut tendre. On va y arriver, mais
c’est pas demain matin. Chez nous,
heureusement, la secrétaire générale
est une femme, ça met du baume au
cœur. Dans l’administration, il n’y a pas
de problème de parité, pour la simple
raison que ce sont majoritairement des
femmes, mais pourquoi après tout ? On
reproduit des schémas traditionnels,
aussi bien dans les Universités de
Lettres à majorité féminine que dans
les Universités de Science à majorité
masculine. Dès qu’on accède à
l’échelon des professeurs d’université,
on observe une majorité d’hommes.
Les hommes diront toujours que c’est
parce que les femmes privilégient
leur vie de famille. Je trouve que c’est
une version un peu trop facile. Il est
plutôt question d’habitudes à changer.
Ce serait un mieux si les emplois
pouvaient s’équilibrer ».
27 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Florence MOUCHET : « La musique c’est un tout ».
Des troubadours
à la musique
électro
acoustique
L
a coïncidence veut qu’elle porte le
même nom de famille Mouchet
que la comédienne Catherine
Mouchet à laquelle elle ressemble
et qu’Alain Cavalier avait révélé dans
« Thérèse » l’histoire d’une vocation
religieuse.
La vocation de Florence Mouchet est
musicale et pédagogique.
Elle est née à Limoges dans une
famille où la musique règne depuis
trois générations : un grand père
pianiste amateur et un père flûtiste
et enseignant. Florence Mouchet a
pris le relais de la dynastie : « Toute
28 >
- N°5 - Mars 2005
musique est accessible à tout le
monde, il s’agit d’être éduqué ».
Éduquée, il faut croire que Florence
Mouchet l’a bien été, puisqu’elle
possède l’oreille absolue. Si dès le
départ de ses études elle a choisi
comme sujet de thèse la musique
des troubadours, c’est on l’a compris,
parce que le Moyen Âge est depuis
toujours sa saison préférée, sans que
pour autant elle néglige les autres
formes de musique ; l’œcuménisme
étant sa religion elle écoute avec
autant de ferveur Guillaume de
Machaut que Boulez, du jazz que de
la musique électro-acoustique. « Pour
ma thèse, j’ai limité ma recherche aux
troubadours du Midi de la France. On
étudie plus souvent leur poétique et
leur érotique que leur musique. Or ce
furent des auteurs compositeurs à part
entière qui créaient simultanément
texte et musique comme Bernard de
Ventadorn. Il n’était pas rare qu’à cette
époque, une même mélodie serve
à plusieurs textes différents. C’est
un patrimoine qui a été longtemps
négligé ».
Il y a dix ans que Florence Mouchet
enseigne à Toulouse. Le nombre des
étudiants est en légère augmentation.
« Ceux que nous formons envisagent
comme débouché principal l’enseignement. Nous travaillons en partenariat
avec le Conservatoire et nous faisons
appel à eux pour les disciplines techniques. L’enseignement d’aujourd’hui
diffère beaucoup de celui d’il y a trente ans ou même de celui que j’ai reçu.
C’est sans doute en musique que les
progrès de l’enseignement sont plus
visibles. Les études sont devenues
moins élitistes, plus accessibles. Nous
incluons la musique dans une vision
plus globalisante de la culture ».
Un maître de musique n’est pas un
enseignant tout à fait comme les
autres. Il n’éduque pas que l’oreille
et la voix, il donne sens à une
philosophie de la vie. Quand on est
étudiant en musique on l’est tout le
temps, à l’université, dans la rue, chez
soi. « Quand j’enseigne l’histoire de la
musique à mes étudiants je leur parle
aussi d’histoire de l’art, de civilisation,
d’histoire ». Le niveau des concours
est excellent et le taux de réussite des
étudiants en musique est le meilleur
de France. Florence Mouchet ne se
contente pas de parler de musique,
elle en joue aussi.
« J’ai commencé à apprendre le piano
à l’âge de six ans. C’est pour moi une
respiration nécessaire.» Florence est
enfin une jeune femme occupée à sa
vie de famille, mère de deux enfants
en bas âge : Thibaut, 8 ans et Solesne
4 ans. Le garçon suit la voie maternelle
et joue du piano. Même si elle aime
assister à des concerts de jeunes
talents qui n’ont pas la notoriété
qu’ils mériteraient et dont les qualités
sont pourtant prometteuses, Florence
Mouchet préfère le jeu à l’écoute « Sur
une île déserte c’est un piano que
j’emporterai pour pouvoir jouer ».
Le goût de
l’action solidaire
À
porter le nom d’un poète
originaire de surcroît de l’Aude
toute proche, autant s’imaginer
qu’on est de sa famille. Sans faire
partie du cercle des poètes disparus,
sans avoir aucun lien de parenté avec
Pierre Reverdy, et sans préméditer une
trajectoire précise, Hélène Reverdy
mène une vie pleine d’activités
artistiques – musique et gymnastique
rythmique dont elle a été régulièrement
finaliste aux championnats de France
avant de passer monitrice -associées
à des activités syndicales- qui
conjuguent son goût de l’action,
de la solidarité…et de la poésie.
Si elle se reconnaissait « un peu
associable » à ses débuts, Hélène
Reverdy a su dépasser les limites
de sa timidité et entrer dans la vie
universitaire avec enthousiasme.
Sa petite enfance s’est passée à
Serres sur Arget, à 11 kilomètres à la
perpendiculaire de Foix. « C’était la
belle époque où l’on descendait l’hiver
en luge à l’école ». De ces années-là,
qui ont été ses classes de nature, date
son goût du mouvement et de l’effort,
son amour de la montagne où elle a
vécu dix huit ans et où elle revient
toujours, son attachement enfin à la
vie familiale à laquelle elle doit ses
engagements profonds.
En passant du lycée Gabriel Fauré de
Foix à l’UTM et d’un Bac littéraire,
mention mathématiques au Deug
d’Espagnol et à une licence des sciences
de l’éducation Hélène Reverdy suit
une vocation pédagogique puisque
sa finalité avouée est de préparer le
concours d’entrée à l’IUFM : l’Institut
universitaire de formation des maîtres.
L’étudiante toulousaine qu’elle est
devenue n’a pas coupé ses racines
ariégeoises. Elle continue d’aider
l’ensemble instrumental de l’Ariège,
avec lequel elle a pris part l’été à
l’organisation de concerts à Labastide
de Besplas, au château de Palays, à
Helène REVERDY : « On est très peu à vouloir que les choses changent ».
Auzat. En découvrant les charmes de
la vie toulousaine, Hélène Reverdy
a également découvert les vertus
du compagnonnage syndical. Elle
est secrétaire générale de l’UNEF
et en est à sa troisième année de
militantisme. « J’ai assisté à une AG
et j’ai été accrochée tout de suite par
les idées défendues. La plupart des
étudiants du Mirail sont salariés et
il leur est difficile souvent d’assurer
convenablement leur temps d’ études.
Nous nous battons pour une refonte
du système des bourses, pour une
allocation d’autonomie. Il faut savoir
que certains vivent dans des situations
de grande précarité, avec parfois
390 euros par mois ».
L’action syndicale ne se contente pas
du cadre local. C’est ainsi que l’UNEF
s’est naturellement mobilisée lors des
inondations de l’Asie du sud-est en
prenant comme relais les sommes
réunies par le Secours Populaire.
Enfin l’UNEF et Hélène Reverdy en
particulier, se sont mobilisés contre
l’action violente des néo-nazis qui
sont actifs sur d’autres campus. Ses
convictions, Hélène Reverdy les tient
de sa famille et pour cause. « Mon
arrière grand-père, 85 ans, a vécu la
déportation. Il a fait partie de ce qu’on
appelait le convoi de la mort vers
Buchenwald-Dachau en avril 1945.
S’il a survécu il m’a toujours dit que
c’était à cause de la solidarité entre
les prisonniers et aussi parce qu’un
SS l’avait aidé ». Nul besoin donc de
parler du devoir de mémoire à Hélène,
qui n’oublie pas les leçons de l’histoire
familiale.
La parité ? « La différence n’est pas
dans nos capacités. Il faut continuer à
se battre pour obtenir un droit égal.
En fait on est très peu à vouloir que les
choses changent réellement ».
29 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Annie RIEU : au croisement des rapports de classe et de sexe.
Une sociologie
compréhensive
E
lle est née dans l’Ariège au pied
des Pyrénées à Couflens, de la
rencontre non programmée d’un
paysan du crû, devenu ouvrier en
milieu rural, dont elle a découvert
tardivement qu’il s’était engagé
pendant la guerre dans les rangs
de la Résistance comme passeur, et
d’une mère réfugiée catalane arrivée
de Barcelone, à pied avec sa famille
jusqu’au Perthus, dans la cohorte
des 500 000 républicains espagnols
chassés par le franquisme.
Annie Rieu a grandi dans le climat
endolori de deux guerres successives
celle de l’Espagne et de la France face
aux fascismes franquiste puis hitlérien,
dans le compagnonnage d’une
paysannerie sans terre où les femmes
n’avaient pas d’autre identité que
30 >
- N°5 - Mars 2005
celle de la famille. Cet environnement
affectif et social a orienté tous ses
engagements politiques et ses choix
de recherches futures. Annie Rieu a
grandi dans la langue occitane qu’elle
continue de vénérer comme la langue
catalane d’ailleurs.
La recherche sur le terrain de la ruralité
auprès des femmes en activité, en
Aveyron, dans le Gers dans « son »
Ariège lui ont fait prendre la mesure
« d’une domination qui ne disait pas
son nom ».
« Les cénacles politiques et les
organismes de défense des agriculteurs
sont des bastions masculins. Les
femmes n’occupent pas des postes clés
dans l’exécutif. Si elles n’ont pas un
statut de chef d’exploitation les femmes
agricultrices à la retraite se retrouvent avec l’équivalent d’un RMI ».
Combative, Annie Rieu l’est à sa
manière tranquille. Si le feu couve en
elle, il ne transparaît qu’à ses tâches
de rousseur, à sa chevelure, à l’éclat
sombre des yeux. Le langage est ferme
mais le ton est mesuré. Elle interroge
le terrain, elle enregistre, elle écrit, elle
publie des articles et un livre : « Femmes
engagements publics et vie privée »
(éd. Syllespse) écrit en collaboration
avec Yannick le Quentrec.
Annie Rieu a fait de sa propre
vie la source d’une sociologie
« compréhensive » où elle ne perd
jamais de vue son propre itinéraire qui
la rend solidaire des moins fortunés,
en souvenir du temps où c’était elle
qu’on aidait. « L’institutrice du village,
les professeurs des collèges, nous
ont permis d’accéder à des études
supérieures au Mirail où là aussi, les
relais existaient : Georges Calvet,
Claude Rivals ».
Annie Rieu, sociologue, est depuis
1982, chargée de recherches au CNRS
dans l’unité mixte de recherche 5044 : le CERTOP (Centre d’Etudes et
de Recherches, Travail, Organisation,
Pouvoir) et associée à l’équipe Simone/
SAGESSE dont elle a été au départ l’un
des membres fondateurs. Elle continue
de travailler sur la place des femmes
dans les organismes politiques et
syndicaux, leur articulation avec la vie
privée et les résistances masculines.
« J’ai découvert un peu tard que
j’aimais m’engager. Je suis une femme
politique et politisée. Si je suis entrée
en politique c’est pour participer à la
réduction des inégalités. Mes choix me
placent au croisement des rapports de
classe et de sexe ».
Elle goûte toujours l’inestimable
bonheur de choisir ses sujets, d’être
dans une équipe et d’encadrer des
maîtrises qui correspondent à ses
propres interrogations.
La parité ? « Elle existe plus dans les
discours que dans les faits. Et puis on
a beau aligner des chiffres, là où est
le pouvoir, les femmes ne sont pas. La
quantité n’est pas la qualité. Les postes
de décision ne leur reviennent pas. Il
faudrait savoir pourquoi. Il faut croire
que le pouvoir a du bon puisque les
hommes tiennent tant à le garder ».
Le sentiment
de la liberté
À
cause de son nom, on la croirait
polonaise, née sur les bords
de la Baltique. Il n’en est rien.
Stalinski c’est en fait le nom de son
mari –polonais et normand- et sa
blondeur et ses yeux bleus sont tout
simplement ceux d’une lot-et-garonnaise née sur les bords de la Garonne,
à Bordeaux, une ville dans les veines
de laquelle coulent, comme dans
toute la plaine atlantique, quelques
gouttes de sang anglais.
C’est à Bordeaux qu’Annick a fait ses
études d’espagnol jusqu’à la licence
et c’est Toulouse qui l’a accueillie
à bras ouverts pour la deuxième
partie de sa vie professionnelle au
Rectorat de l’Académie d’abord, puis
à l’UTM qui complète et couronne
sa carrière. Entre ses deux époques,
Annick Hébrard est devenue Annick
Stalinski et a vécu ce qu’elle appelle
« la belle époque » au collège Jean
Mermoz à Soissons où elle avait en
charge l’intendance, la restauration,
l’établissement du budget, la gestion
du personnel d’entretien, le tout
dans une atmosphère familiale.
Annick Stalinski est restée onze ans
attachée au Rectorat de Toulouse où
elle s’occupait de la vie scolaire, des
conseils d’administration des lycées
et des collèges, de l’attribution des
fonds sociaux pour les établissements
publics locaux d’enseignement (EPLE)
une mesure d’aide instituée par
Ségolène Royal.
« Il m’a semblé qu’au bout de onze
ans j’avais fait le tour des choses.
J’ai vécu chaque changement de
situation comme un enrichissement,
qui me permettait de connaître un
autre monde. J’étais curieuse d’une
expérience universitaire. Je suis arrivée
au Mirail, à ma demande, il y a cinq
ans ».
A l’administration centrale du Mirail
Annick Stalinski a retrouvé des
conditions de travail idéales : « on m’a
Annick STALINSKI : « je suis pour un salaire de la femme au foyer ».
fait confiance et on m’a laissé carte
blanche. J’ai trouvé ici un sentiment de
liberté. C’est vrai que le travail empiète
parfois sur ma vie privée, mais je ne le
déplore pas, puisque c’est un choix ».
Dans une université qui vit au rythme
régulier des conseils d’administration,
la tâche administrative est constante,
dès lors qu’il s’agit de veiller à l’ordre
du jour, au respect des quorums, à la
convocation des experts, des membres
des conseils, « tout le monde a accès
aux décisions dans les trois jours ».
Fidèle pour les vacances à l’océan,
au charme du bassin d’Arcachon et à
celui plus torride des terres intérieures
du bordelais, Annick Stalinski vit avec
bonheur à Toulouse, « Je n’ai jamais
compris qu’on oppose les deux
villes, chacune a ses atouts. Je ne me
revendique pas plus de l’une que de
l’autre ».
La parité ? « Si j’ai choisi très tôt
l’administration publique c’est qu’on
y trouvait à poste égal des salaires
égaux. J’avais l’exemple de ma mère
qui avait souffert d’abandonner
son travail pour m’élever. Elle était
totalement dépendante de mon père,
et c’est elle qui m’a poussé à préserver
mon indépendance. J’ai refait moi
aussi une fille unique parce que étant
donné l’organisation de travail de
notre couple un deuxième enfant
m’aurait obligé à abandonner une
fonction d’encadrement qui exigeait
que je sois toujours présente. Aussi,
suis-je pour un salaire de la femme
au foyer.
Si on veut que les femmes fassent des
enfants il faut les aider. Ma vision de
l’avenir est raisonnablement pessimiste.
Il me semble qu’aujourd’hui les jeunes
générations souffrent de rapports de
violence qui sont comme le contrecoup de la libération des femmes ».
31 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Iris STROBEL : « mes amis aujourd’hui sont surtout français ».
La fibre
européenne
E
lle est née dans un paysage
de montagnes à l’ouest de la
Bavière à Kempten. Très tôt
elle a voyagé – « l’esprit du voyage
est dans la famille » - à la suite de
papa et maman, une mère souriante
et séduisante photographiée avec
tendresse et humour dans un paysage
de neige baigné dans la lumière ocre et
rouge d’un coucher de soleil. Le père
d’Iris Strobel est peintre le dimanche
et le reste de la semaine il restaure
les poêles anciens, d’authentiques et
imposants chefs-d’œuvre de faïence
qui ornent et réchauffent les châteaux
et les grandes demeures bourgeoises.
« Dès l’enfance j’avais un rêve, c’était
d’apprendre le français couramment ».
Cet amour de la langue et du pays est
32 >
- N°5 - Mars 2005
né de vacances passées au soleil dans
les confins des Corbières « chez des
amis de mes parents ».
Iris Strobel est passé du rêve à la
réalité. Non seulement elle vit dans
ce Sud qui l’a très tôt aimantée,
mais elle accomplit ses études d’arts
plastiques au Mirail, dans la langue
qui a bercé son adolescence et qu’elle
parle aujourd’hui couramment, avec
une pointe d’accent. « Mes amis sont
surtout français ». Son but n’était pas
en effet de retrouver l’Allemagne à
Toulouse, pourtant pourvue d’une
colonie allemande importante.
Pour autant, elle n’a pas rompu les
amarres avec sa propre famille qu’elle
revoit régulièrement à l’occasion des
fêtes importantes et dont elle partage
le goût pour la peinture et la nature.
Des goûts qui trouvent largement
à s’exprimer dans son travail de
plasticienne où elle associe l’image
et la musique dans des variations au
climat bien tempéré…
Iris, qui rêve de la France quand elle
est en Allemagne et de l’Allemagne
quand elle est en France, se sent en
fait très européenne. Cette filiation
ne la coupe pas du reste du monde,
question là aussi de culture familiale.
Sa mère est une adepte du shiatsu,
une méthode de relaxation orientale
et un de ses frères vit aujourd’hui aux
Etats-Unis. Oui, l’esprit du voyage et
de la découverte est, chez les Strobel,
plus qu’un loisir : une méthode
d’investigation du monde. Iris elle a
choisi de découvrir l’Inde, dont elle a
parcouru le Sud à partir de Bombay,
il n’y a pas si longtemps pour ses
21 ans, d’octobre 2001 à janvier
2002. Un voyage qui l’a marquée et
qui l’a changée : « C’était très dur
à cause de la misère et à la fois très
dépaysant, très déroutant car leur
culture n’a rien à voir avec la nôtre. Les
hindous fonctionnent complètement
différemment de nous. J’ai essayé de
mieux comprendre ce pays à travers
des lectures et notamment celle du
livre de Rohinton Mistry L’équilibre du
monde.
Iris Strobel a le goût altruiste du
dépassement de soi… et la fibre
pédagogique. Elle souhaite donc
enseigner, à des enfants de 7 à 12
ans ce qu’elle aime par-dessus tout :
l’art. Ses choix ne sont pas encore
clairement définis. Vivre en France où
sont ses nouveaux amis et sa nouvelle
vie ou en Allemagne où réside sa
famille ? Le choix est d’autant plus
difficile, qu’elle se sent aujourd’hui
chez elle des deux côtés du Rhin.
En attendant, Iris Strobel poursuit avec
sérénité ses études et ses examens. Elle
s’accorde un temps de loisirs en ville :
des cours de danse contemporaine
et de percussion orientale sur un
instrument marocain : la darbouka. Et
pour les vacances, cette montagnarde
qui aime et la neige et la montagne
parle avec un grand éclat de rire
gourmand des plaisirs de l’été au bord
de la mer, la nôtre s’entend.
Au cœur de la
planète livre
E
n elle, tout est mouvement et
flamboiement, Sylvie Tiné se
meut dans la planète des livres
avec l’autorité enjouée que donne
une passion accomplie. Cette jeune
femme, mince et nerveuse, est une
avocate passionnée de la cause de
la lecture. Son espace privilégié : la
librairie « Études » dont elle assure
la responsabilité il y a eu quinze ans
en octobre dernier, et qui fonctionne
sur l’association de deux librairies
toulousaines : Ombres blanches et
Privat. « Je peux dire que c’est ici que
j’ai compris le métier, que c’est ici que
j’ai découvert tout le sens qu’il avait
pour moi. C’est ici que j’ai compris
l’importance de ce métier, point de
passage entre l’éditeur, l’auteur et
le lecteur ».
Sylvie Tiné ne saurait parler de ce
qu’elle aime sans y ajouter la grâce et
la foi. Si Sainte Thèrèse d’Avila disait
trouver Dieu dans ses casseroles, Sylvie
Tiné a trouvé elle, dans les livres, une
saveur supplémentaire à l’existence.
« Au départ, j’ai été une lectrice, une
bouffeuse de livres. J’avais un Deug
de lettres. Je voulais être journaliste.
Non pas pour faire de la critique de
livres. Je voulais rendre compte, être
dans l’évènement. Et puis finalement
c’est ce que je fais dans mon métier
d’aujourd’hui.
Au moment où Christian Thorel a
agrandi la superficie de sa librairie,
il avait besoin de quelqu’un et moi
j’avais besoin de me remettre dans
la vie. La rencontre s’est faite, à mon
bénéfice, avec un homme que je
considère exceptionnel tant il est un
homme de culture et un entrepreneur.
Il m’a proposé la responsabilité de la
librairie sur le camps. Tout était à
faire, un véritable laboratoire. Nous
avons été la première librairie à nous
installer sur un campus universitaire.
Nous avons obtenu l’accord du
Ministère et il y a eu une volonté forte
Sylvie TINE : « Nous avons été la première librairie à nous installer sur un campus
universitaire ».
des instances universitaires locales
qui faisait suite à une réflexion sur la
lecture en milieu étudiant. L’ouverture
de la librairie répondait à un afflux de
population étudiante dont les besoins
n’étaient pas couverts par les prêts
d’ouvrages.
Notre seul impératif : n’être pas
déficitaire. Nous sommes une affaire
privée qui a une mission à caractère
public ».
De cette difficulté, Sylvie Tiné a fait un
atout . « C’est prenant et passionnant.
Nous sommes un lieu de création
innovant, un lieu d‘animation, car
je provoque des rencontres avec
des auteurs, sans faire du suivisme.
Nous sommes un lieu atypique.
Notre but c’est d’amener les jeunes
à lire en leur prouvant qu’on peut
conjuguer les lectures savantes et
ludiques. Nous invitons donc des
écrivains qui correspondent à cet état
d’esprit : François Bon, Bernard Noël,
Stephanie Benson, Jean Rouaud,
Christine Jordis, Fred Vargas, Michel
Vovelle - historien de la Révolution
française,
Bartolomé
Bennassar,
François Godicheau, etc…
Bien sûr on envisage l’avenir avec une
certaine inquiétude. Le livre scolaire
reste cher. Combien de temps peuton assurer le risque financier, pour
que nos librairies restent encore des
lieux de découvertes, de rencontres,
de production du savoir ? Le lectorat
cultivé exigeant s’effrite. La relation
avec le livre est remise en cause avec
tout le système d’accès gratuit à la
presse, au disque… ».
La parité ? « Je ne crois pas à l’égalité
mais à l’affirmation des différences…
et au respect des personnes. La parité
me va très bien. Dans la parité il y a
la différence. Ça nous place dans la
construction d’un être ensemble ».
33 >
- N°5 - Mars 2005
Dossier spécial
Nathalie VALIERE : l’exemple d’une formation continue réussie.
Statistiques
and Co
A
dolescente, elle voulait jouer au
football : « L’entraîneur de mon
frère souhaitait me récupérer ».
On imagine en effet qu’elle devait être
une bonne recrue, difficile à rattraper
à la course, parce que volontaire. Mais
l’époque n’était pas aux femmes sur
les pelouses et l’opposition maternelle
aidant, Nathalie Valière s’est contentée
de pratiquer la pétanque, le vélo, le
basket et le badmington. Aujourd’hui,
où mariée elle est mère de deux enfants
en bas âge, Lilian 6 ans et Lola 4 ans,
et où une opération à la cheville et des
complications au genou la tiennent
éloignée de la pratique du sport, elle
pratique l’aquarelle en vacances dans
l’Aveyron ou en Provence.
En épousant un homme originaire de
Naucelle, dans ce qu’on appelle « la
34 >
- N°5 - Mars 2005
petite Irlande », elle a aussi épousé la
cause du rugby et celle de l’Aveyron.
Née à un kilomètre du Mirail, à
la Fourguette où jadis ses grandsparents maraîchers faisaient pousser
des salades avant d’être expropriés
pour cause d’édification des grands
ensembles, Nathalie Valière a passé une
scolarité paisible au collège la Reynerie
puis au lycée polyvalent du Mirail pour
un Bac professionnel de comptabilité.
« L’université cherchait à recruter pour
son service de statistiques et je me suis
présentée à la rentrée d’octobre 1991.
Alain Dintilhac était arrivé l’année
précédente pour diriger le service. Pour
moi il a été comme une bonne étoile,
il m’a poussé à reprendre les études. »
Au bout de deux ans de présence
au Mirail, tout en y continuant son
travail Nathalie Valière s’est lancée
dans la formation continue : aux
cours du soirs de l’IPST (Institut de
la Promotion Sociale du Travail) pour
obtenir un DUT (Diplôme Universitaire
Technologique) d’informatique puis
une licence IUP-MIAGE (Institut
Universitaire Professionnel, Méthode
Informatique Appliquée à la Gestion
des Entreprises).
Quatre années de formation d’arrachepied qui correspondent à un bond
qualificatif important. « Le plus difficile,
c’était les mathématiques. Je n’avais
pas le niveau scientifique requis ».
Entre-temps, Nathalie avait rencontré
celui qui allait devenir son mari « Il m’a
beaucoup aidé, encouragé même. Je
n’ai rien à reprocher aux hommes ! ».
Aujourd’hui où le service s’est étoffé,
Nathalie reste la seule femme dans
une unité de cinq personnes. Elle
effectue le travail que faisait son chef
de service : la gestion des statistiques
côté étudiant. On travaille souvent
avec l’Observatoire de la Vie Etudiante.
On a pu ainsi déterminer qu’au bout
de la première année, un étudiant
sur trois quitte l’Université. Ceux qui
restent réussissent plus vite qu’avant
grâce au système de compensation.
Dans l’effectif de 26 798 étudiants
de la rentrée de 2004-2005 (on est
précis en statistiques) 70 % sont des
femmes !
L’UFR la plus importante est celle des
langues, suivie de l’UFR SES ».
La statisticienne chevronnée qu’elle
est devenue au terme de 14 ans de
vie universitaire n’a pas tué chez
Nathalie le goût de la communication.
Si elle se refuse à toute coquetterie
dans le rapport homme-femme, la
camaraderie n’est pas pour elle une
valeur vide de sens.
« La parité ? Une femme doit être deux
fois plus compétente qu’un homme
pour se faire admettre. Elle n’a pas
le droit de se tromper. Une femme si
elle arrive à un poste supérieur, elle y
arrive plus tard. On a déjà une grande
chance, c’est de travailler. Mon voeu
le plus cher a toujours été de me
rendre indépendante, y compris de
mon mari. Je vis avec lui parce que je
l’aime, pas parce qu’il subvient à mes
besoins ».
Femme-orchestre
Au terme d’une vingtaine de rencontres,
avec des femmes qui « font » l’université
du Mirail et lui donnent son visage et
son allant, le comité de rédaction maître
d’œuvre de ce « Paroles de femmes »
m’a demandé de brosser le portrait de
Vincentella de Comarmond. Elle aura la
surprise de se découvrir au moment de la
mise sous presse. Ce portrait doit tout à
l’amitié des gens qui l’entourent et dont
je suis l’interprète.
L’
étincelle qui est dans son
prénom Vincentella, qui lui a
été donné en souvenir de sa
tante héroïne tragique de la Résistance
sous le nom de Danièle Casanova, oui
cette étincelle est à la fois dans son
regard et dans ses actes. Ce prénom
peu banal d’origine corse, a exercé sur
celle qui le portait, du fait de l’histoire
familiale, l’exigence d’un dépassement
de soi qui sous-tend une bonne partie
de son action.
Tous ceux qui travaillent avec elle
depuis ses débuts - en décembre 1999
comme responsable administrative du
département de sociologie – savent
combien son audace créatrice est
tempérée par l’authentique souci de ne
rien entreprendre qui ne soit au service
d’autrui. Rémy Pech, en accédant à
la présidence de l’Université en avril
2001, l’a choisie comme directrice
de cabinet, fonction qui se double
aujourd’hui de celle de directrice de la
communication.
En quatre ans de présence à ces
postes, Vincentella ne lui a pas donné
l’occasion de regretter la pertinence de
son choix. « Par ses qualités humaines,
sa volonté, sa ténacité, la finesse de son
esprit, par sa vaste culture, enfin par
l’étendue du réseau de relations qu’elle
a su établir pour assurer à l’Université
une écoute directe auprès des services
du ministère, elle m’a puissamment
aidé dans mon mandat.
Elle a largement contribué à fortifier l’image de ma présidence en
Vincentella de Comarmond : elle sait persuader et insuffler son énergie.
reprenant des secteurs dispersés de
la communication interne et extérieure avec notamment la création de
Paroles.
Elle a insufflé une énergie nouvelle.
Elle sait persuader et payer de sa
personne. Elle est foisonnante. Elle a
montré l’étendue de sa compétence
au moment d’AZF ».
Figure de proue et femme-orchestre
du renouvellement de l’Université,
Vincentella a mis au service de ce
chantier en mouvement, son envergure et les compétences acquises en
amont. Après avoir suivi les cours
de DEA de philosophie politique, elle
s’occupe de la diffusion des manuels
scolaires des éditions Magnard dans les
pays francophones, puis elle est rédactrice au ministère de la Culture et de
la communication et enfin documen-
taliste responsable de la valorisation
d’un centre de recherche à l’Université
de Paris I Panthéon-Sorbonne.
Si ses collaborateurs les plus proches
lui reconnaissent d’évidentes qualités
professionnelles– « elle sait aller vite
à l’essentiel »–, ils rendent aussi hommage à la sensibilité à fleur de peau
de cette femme de cœur, mère de
famille –trois enfants, les jumelles Elsa
et Marie et la petite dernière Jeanne,
8 ans - qui sait toujours prendre en
compte l’élément humain.
La lecture, le cinéma, le sport lui sont
enrichissement personnel constant et
ne l’écartent pas de ce terrain mouvant
dont l’Université du Mirail offre un
exemple accompli : une communauté
humaine soudée par le désir de ne
pas se conformer à l’ordre social
établi.
35 >
- N°5 - Mars 2005
Études et Formations
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rap
g e n re
36 >
- N°5 - Mars 2005
L’UTM
pionnière des
enseignements
spécialisés
sur le genre
La question de la place accordée aux femmes et au genre dans les enseignements
et recherches universitaires constitue une préoccupation croissante dans les
actions en faveur de l’égalité des sexes en France et à l’étranger.
Promouvoir l’égalité
des chances
E
n France, la convention interministérielle pour la promotion de
l’égalité des chances entre les
femmes et les hommes dans le système
éducatif, signée entre le ministère de
l’Éducation nationale et le Service des
droits des femmes en février 2000,
préconise d’évaluer la place faite aux
femmes dans les programmes d’enseignement, de rappeler l’apport des
femmes dans les champs du savoir,
d’introduire des contenus relatifs à
la construction des rôles sociaux de
sexe, de poursuivre la réflexion sur la
place accordée aux femmes dans les
manuels scolaires.
Une étude récente recensant les
enseignements et recherches sur
le genre en France, réalisée par
l’Association Nationale des Études
Féministes (ANEF), montre que
peu d’universités proposent des
enseignements spécifiques sur le
genre, notamment en 1er cycle (voir
www.anef.org/publications.php#3).
Que propose
l’Université ?
À l’UTM, suivre des cours sur les
rapports sociaux de sexe, sur l’histoire
des femmes, sur la place des femmes
dans la littérature… c’est possible.
Depuis une vingtaine d’années, toute
une filière études « genre » s’est
créée. Elle propose aux étudiant-e-s
une palette de cours et de séminaires
spécialisés, situés à tous les niveaux du
cursus universitaire.
L’UTM, présente dès les
années 1970
Les premiers enseignements sur les
femmes datent du milieu des années
1970. Ils ont été impulsés par Rolande
Trempé en histoire et Monique Haicault
en sociologie. Toutefois, ces cours ont
surtout été développés à la suite de la
création, en 1984, d’un premier poste
de maître de conférences en « Histoire
37 >
- N°5 - Mars 2005
Études et Formations
contemporaine - études féministes »,
occupé à l’époque par Marie-France
Brive, puis par Djamila Amrane entre
1994 et 2004. Un second poste
spécialisé en sociologie est occupé
depuis 1992 par Nicky Le Feuvre.
L’UTM est ainsi une des rares
universités en France à bénéficier
de deux postes de maîtres de
conférences spécialisés en études
sur le genre et d’une équipe de
recherche spécialisée. Porté par cette
dynamique, un Master professionnel
intitulé « Politiques sociales et
rapports sociaux hommes - femmes »
a été créé par le département des
sciences sociales, en 1993.
Ce Master pluridisciplinaire vise à
former les futurs responsables de
l’Action sociale aux effets sexués des
politiques sociales (dans les domaines
de l’emploi, de l’insertion, de la
famille, du logement, de la santé, des
sexualités, etc.) et à la mise en place
de mesures concrètes en faveur de
l’égalité des sexes.
Une demande croissante,
une offre de formation à
renforcer
Les cours proposés actuellement sur
les femmes ou les rapports sociaux
de sexe à l’UTM sont tous optionnels
et sont concentrés dans les départements d’histoire et de sociologie,
même si on en trouve également en
anglais, en allemand, en histoire de
l’art, en anthropologie, en économie
et en espagnol. Actuellement, sur le
catalogue des enseignements proposés
à l’UTM, qui compte 1 480 Unités
d’Enseignement (UE) en tout, seulement 20 sont consacrées intégralement
aux rapports sociaux de sexe. Parmi
ces enseignements, il existe deux
séminaires de Master 1, deux séminaires de Master 2 recherche et un
Master professionnel.
A l’heure actuelle, la demande
étudiante excède très largement
l’offre. En histoire, les UE de DEUG
en « Histoire des femmes » viennent
d’être dédoublées. En sociologie, les
2 UE de Licence spécialisées sur le
genre attirent chacune environ 120
étudiant-e-s chaque année. Compte
tenu de cette demande, il paraît
nécessaire de favoriser l’émergence
de nouveaux enseignements de ce
type dans les disciplines où elles
sont totalement absentes. Ces
enseignements sur le genre devraient
être mis en valeur dans le catalogue
des cours. En effet, ils constituent un
atout de formation pour les étudiante-s et pour l’Université.
Contacts :
www.univ-tlse2.fr/fi/dip/dess/
pol-soc.html
www.univ-tlse2.fr/simone
www.univ-tlse2.fr/egalite-h-f
www.education.gouv.fr/syst/egalite/
conv.html
Fonds Social Européen
Quelques exemples d’enseignements « genre » à l’UTM
38 >
Histoire
Femmes, Histoire, Sociétés, Culture ; Genre, sexualité et société
Histoire de l’art
Techniques – La notion de genre en histoire de l’art moderne et contemporain
Sociologie / Ethnologie
Socialisation ; Production et reproduction sociales ; Rapports sociaux ; Les femmes
en Europe ; Sociologie des rapports sociaux de sexe ; Parenté et organisation sociale ;
Politiques sociales et rapports sociaux de sexe
Economie
Socio économie de la famille
Anglais
Women and Gender Relations in America, Colonial Times to Present; Contemporary
Issues in Historical Perspective
Allemand
Heinrich von Kleist : représentation théâtrale et rôles de sexe
- N°5 - Mars 2005
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Études et Formations
Focus…
L’IUT de Figeac
D
epuis sa création en 1995 dans
la patrie de Champollion, spécialisée dans l’équipement de
l’industrie aéronautique, le développement de l’IUT a dépassé les espérances
les plus optimistes. Ici, la délocalisation
de l’enseignement supérieur est une
réalité. La large gamme des formations
qui est dispensée à l’IUT permet une
réelle intégration dans le tissu économique local. À ce jour, il accueille plus de
trois cents étudiant-e-s autour de trois
DUT et deux Licences professionnelles sciences de la production industrielle
mécanique. Ils/elles seront ingénieure-s en mécanique, technico-commerciaux dans les banques, les grandes
surfaces, les assurances… ou choisiront
une carrière d’animateur-trice ou de
gestionnaire dans les syndicats d’initiative, les clubs sportifs, les collectivités
territoriales…
Le département Carrières Sociales forme
des technicien-ne-s généralistes de l’animation sociale et socioculturelle. Ils/elles
reçoivent une formation en sciences
sociales et humaines en sciences de la
gestion et aux disciplines centrées sur la
connaissance de champs spécifiques.
Le/la diplômé-e du département
Génie Mécanique et Productique est
un-e généraliste de la mécanique.
Sa formation technique, scientifique,
économique et humaine lui permettra
de collaborer dans un bureau d’études
conception, méthodes, en gestion de
L’IUT en chiffres
• 315 étudiant-e-s
• 25 enseignant-e-s et enseignan-e-s chercheur-e-s
• 35 chargé-e-s de cours issu-e-s des entreprises
de la région
• 11 personnels non enseignants : 6 administratifs
et 5 personnels techniques
Les départements
et les diplômes de l’IUT
> Génie Mécanique et Productique,
dirigé par José Barale
• DUT Génie Mécanique et Productique
• Deux Licences professionnelles, science de la production
industrielle mécanique :
- Spécialité qualité de la production, contrôles industriels,
métrologie dimensionnelle
- Spécialité ingénierie conception et fabrication assistées
par ordinateur (CFAO) des formes complexes
40 >
- N°5 - Mars 2005
production, contrôle – qualité, ou de
s’insérer dans des équipes d’achat, de
vente et d’après-vente.
Quant au diplôme Techniques de
la Commercialisation, il forme des
spécialistes de la fonction commerciale
et technico-commerciale. Les étudiante-s apprennent à connaître l’entreprise,
son environnement, la distribution de ses
produits : marketing, gestion, économie,
psycho sociologie des organisations,
logistique, mathématiques, statistiques,
mercatique du point de vente, de
droit… Enfin, dans le cadre de la
formation continue, l’IUT propose aux
entreprises, aux salariés et demandeurs
d’emploi des formations diplômantes
ou qualifiantes.
> Techniques de Commercialisation,
dirigé par Jean-Philippe Peltier
• DUT Techniques de Commercialisation (TC)
• Licence professionnelle commerce
(sous réserve d’habilitation pour la rentrée 2005)
• Option commercialisation et distribution des produits
du terroir ou sous signe officiel de qualité
> Carrières Sociales,
dirigé par Catherine Soldano
• DUT Carrières Sociales
• Option animation sociale et socio-culturelle
Contact :
IUT de Figeac
Avenue de Nayrac 46 100 Figeac
Tél. : 05 65 50 30 60
[email protected]
www.iutfigeac.com
Paroles d’ancienne étudiante
Cécile Molio,
Psychologue
J
e suis psychologue au Centre de Préorientation du
CRIC (Centre Régional des Invalides Civils). Nous
accueillons au sein d’une équipe interdisciplinaire
(formateurs-trices, médecins, psychiatre, psychologue,
assistante sociale, documentaliste, chargé-e d’insertion)
des personnes handicapées reconnues cependant
comme pouvant travailler.
Notre tâche consiste à les motiver pour les aider
à s’insérer dans la vie active. Je les rencontre
régulièrement, j’évalue leurs compétences pour
construire avec elles un projet professionnel cohérent
par rapport à leur handicap.
L’enjeu est d’importance car les personnes handicapées
trouvent difficilement leur place dans la société.
Ma formation intellectuelle et professionnelle à
l’Université du Mirail m’a particulièrement bien préparé
à exercer ce métier. En effet, durant mes études en
psychologie, j’ai appris à devenir rigoureuse, précise et
méthodique dans mon travail. L’obtention d’un DESS
de Psychologie sociale et du Travail en 1992 a constitué
une étape décisive et symbolique. Ce diplôme était
très côté, reconnu pour un enseignement de qualité
et, de plus, il marque la reconnaissance de 5 années
d’études en me conférant le titre tellement désiré de
psychologue. Pour mon mémoire, j’ai travaillé avec
les enseignants Mme Hajjar et M. Baubion-Broye
sur la création d’un outil d’évaluation des personnes
handicapées, nommé ISA (Inventaire du Système des
Activités). C’était riche et constructif, tant dans sa
conception théorique que dans sa réalisation pratique
dans le milieu socioprofessionnel. Néanmoins c’était
éprouvant, comme à chaque fois qu’on évalue des
personnes souffrantes.
Je garde un très bon souvenir de mes études au Mirail.
L’ambiance y était sympathique, « cool » dans le bon
sens du terme. C’est important quand on vient d’avoir
son baccalauréat, qu’on débarque à l’université et qu’on
ne sait pas encore exactement ce que l’on veut faire…
41 >
- N°5 - Mars 2005
cherche
La Vie de la Re
Affiche du 3e colloque international des Recherches féministes francophones
42 >
- N°5 - Mars 2005
L’équipe d’accueil
doctoral
Simone-SAGESSE,
20 ans déjà…
L
’équipe
d’accueil
doctoral
Simone-SAGESSE
(SAvoirs,
GEnre et rapports Sociaux de
SExe), a été créée à l’initiative de
Marie-France Brive en 1986. C’est
l’un des rares centres de recherche en
France spécialisé dans l’analyse pluridisciplinaire (sociologie, économie,
droit, histoire) des rapports sociaux
de sexe. L’articulation entre la recherche et l’enseignement a été l’un des
objectifs de l’équipe dès son origine.
L’équipe a joué un rôle central dans
le processus d’institutionnalisation des
études universitaires et des recherches
féministes sur le territoire national et
au niveau européen.
Problématique générale
de recherche
Le programme scientifique de l’équipe
consiste à affiner les outils conceptuels d’analyse du genre (synonyme
de « rapports sociaux de sexe ») et
à les mettre à l’épreuve du terrain.
Mais qu’est-ce que le « genre » ?
Schématiquement, le genre renvoie
aux significations sociales attribuées
au sexe biologique, au rapport social
modalités spécifiques selon les pays
et selon les époques ; elle n’a donc
rien d’une loi naturelle mais résulte de
rapports de force politiques, sociaux
et culturels qu’il s’agit de saisir dans
toute leur complexité. Les recherches
menées par les membres de l’équipe
portent sur des terrains très diversifiés
qui s’articulent autour de trois axes
thématiques : politiques sociales et
articulation des temps de vie, mouvements sociaux et citoyenneté, santé
et sexualités.
Nicky Le Feuvre
spécifique construit entre les catégories sexuées. Il convient de rappeler
que la remise en cause de la hiérarchie
des sexes et de l’assignation des femmes à des fonctions domestiques et
sociales conçues comme le prolongement de leur vocation biologique a
orienté la recherche dite « féministe »,
dans toutes les disciplines. Ces recherches ont ainsi démontré que, malgré
son caractère universel, la division
sexuelle du travail s’opère selon des
Interview de Nicky Le
Feuvre, directrice du
laboratoire de recherche
SAGESSE
Pouvez-vous nous parler des activités
de l’équipe au niveau local ?
L’équipe joue un rôle d’interface entre
la recherche universitaire et les acteurs
de terrain dont le « Mouvement des
femmes » dans toute sa diversité. Elle
organise, chaque année, une série de
conférences (en partenariat avec la
Librairie Ombres Blanches à Toulouse),
43 >
- N°5 - Mars 2005
cherche
La Vie de la Re
visant à créer un espace d’échanges et
de débats entre les chercheur-e-s et
les personnes engagées dans la lutte
pour les droits des femmes et l’égalité
des sexes. De même, l’existence du
Master professionnel « Politiques
sociales et rapports sociaux hommes
– femmes » favorise la synergie entre
le mode de la recherche universitaire
et les acteurs de terrain (collectivités
territoriales, syndicats, délégations
régionales ou départementales aux
Droits des femmes, Mission égalité
de l’Éducation nationale et du CNRS,
réseau des Centres d’Information des
Droits des Femmes et des Familles
(CIDFF), Missions locales, associations
d’accueil de femmes en difficulté,
etc.), impliquées dans des actions de
promotion de l’égalité des sexes.
On sait que les demandes d’expertise
en matière d’égalité des sexes sont
de plus en plus nombreuses. Est-ce
que l’équipe arrive à y faire face ?
C’est difficile. Pour nous aider,
l’équipe a soutenu la création d’une
association des diplômées de ce
Master - Artémisia. En collaboration
avec les membres de l’équipe, celle-ci
propose des conférences-débats, des
formations, des missions d’expertise
et des études-actions, afin d’orienter
nos partenaires extérieurs vers une
réflexion critique, notamment à
propos des effets discriminatoires
des politiques publiques et de les
accompagner vers une démarche
plus égalitaire. Ainsi, Artémisia vient
de proposer des formations pour les
personnels de l’Éducation nationale,
les travailleurs sociaux, les acteurs des
politiques de la ville, les salariés du
Conseil régional de Midi-Pyrénées et
de plusieurs municipalités de la région,
sur une large palette de thèmes :
l’état des rapports femmes-hommes
en général, les violences sexistes, les
freins à l’insertion des femmes dans les
métiers dits « masculins », l’articulation
L’équipe de recherche Simone-Sagesse (presque au complet)
44 >
- N°5 - Mars 2005
des temps de vie, la contraception,
etc. Depuis 4 ans, Artémisia collabore
avec nous sur le projet de création
d’une crèche sur le campus du Mirail à
destination de l’ensemble des usagers
de l’Université et du quartier avec une
approche éducative non sexiste.
Et du point de vue de la recherche,
quelles sont les principales activités
de l’équipe en ce moment ?
Par le biais de l’équipe, l’UTM
est membre fondateur du RING
(Réseau INTerdisciplinaire et interuniversitaire sur le Genre), un
Programme Pluri-Formation (PPF)
national et de ATHENA, un réseau
thématique Socrates européen sur le
genre. L’équipe participe également
au Comité scientifique du GDR
MAGE (MArché du travail et GEnre)
et au Conseil d’administration de
l’Association Nationale des Études
Féministes (ANEF). La plupart des
projets de recherche de l’équipe
s’inscrivent dans l’espace européen
de la recherche, notamment par
le biais des programmes de la
Commission européenne (5e et 6e
Programme Cadre de Recherche
et de Développement (PCRD),
Daphné, EQUAL, etc.). En dehors des
séminaires et des journées d’études,
l’équipe organise régulièrement des
colloques internationaux, comme
celui de septembre 2002 « Ruptures,
résistance, utopies », qui a réuni
plus de 800 participants. Afin de
maintenir la dynamique des échanges
Contacts :
Secrétariat : Michèle Perreaux
Tél. 05 61 50 43 94
[email protected]
Centre de documentation :
Annie Couillens
Tél. 05 61 50 43 97
www.univ-tlse2.fr/simone
www.univ-tlse2.fr/genre
www.univ-tlse2.fr/simone/artemisia
Colloque « Ruptures Résistances & Utopies » à l’UTM.
internationaux, l’équipe a créé en
2002 la première liste de diffusion
électronique francophone sur les
études féministes qui compte à ce
jour près de 650 abonnées de par le
monde (voir - www.listes.univ-tlse2.fr/
wws/info/etudesfeministes-l).
En 2005, nous ouvrons un nouveau
chantier, la création d’un portail
national de documentation et
d’information sur les études genre
et l’égalité des sexes, soutenu par
le Fonds Social Européen. Ce portail
permettra d’accéder aux informations
sur les enseignements et recherches
sur le genre et de consulter à distance
les fonds de tous les centres de
documentation spécialisés sur ce
thème en France.
Colloque « Ruptures Résistances & Utopies »
- stand de la marche mondiale des femmes.
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- N°5 - Mars 2005
Université 2010
Un parcours de santé à l’UTM en libre accès. Pour mettre de l’air dans ses poumons...
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- N°5 - Mars 2005
Parcours
de santé :
lettre de protestation adressée
au président de l’Université
N
ous, écureuils du parc du
château, tenons à faire part
de notre vif mécontentement.
Nous avions jusqu’à présent le privilège
de jouir, à peu près seuls, d’un grand
espace de verdure, calme et reposant,
avec des arbres presque centenaires…
Voilà maintenant que nous sommes
obligés de partager ce parc avec la
communauté universitaire et les gens
du quartier, puisqu’un parcours de
santé ouvert à tout le monde vient de
se mettre en place !
Oui, monsieur le président, pas
moins de onze ateliers, financés par
le SUAPS, sont aménagés sur un
parcours de 1 300 m de long, dont
500 m d’allées nouvelles ! Consultez
donc le panneau situé à hauteur de
la médecine préventive et vous verrez
de quoi est composé ce parcours :
bancs à abdos, poutres fixes, barres
parallèles, échelles de suspension,
espaliers et barres d’étirement, slalom,
pas de géant, haies basses et hautes et
barres de traction… Vous voyez, c’est
un véritable parcours sportif qui, en
plus, est en libre accès !
Sachez, monsieur le président, qu’après
s’être contractés, étirés, suspendus,
qu’après avoir respiré, expiré, couru,
sauté, zigzagué et sué, les étudiants
et le personnel de l’Université peuvent
se doucher au gymnase tout proche
sur la seule présentation d’une carte
délivrée au SUAPS !
Quelques repères...
Imaginez les fous rires des étudiants,
des enseignants, des personnels
administratifs, toute la communauté
universitaire réunie dans une joyeuse
compétition pour venir troubler notre
benoîte quiétude dans notre parc !
Nous nous tournons vers vous,
monsieur le président, pour que
cessent enfin ces cavalcades et ce
tohu-bohu !
Contacts :
Service Universitaire des Activités
Physiques et Sportives (SUAPS)
Tél. 05 61 50 43 15
Vie universitaire – Tél. 05 61 50 44 60
[email protected]
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- N°5 - Mars 2005
vie Universitaire
48 >
- N°5 - Mars 2005
Harcèlement :
us et coutumes
L’UTM a été à l’initiative de
nombreuses actions concernant
les relations homme - femme.
Elle entend poursuivre
activement cette politique de
lutte contre les inégalités.
D
epuis la parution en décembre
2003 de la plaquette sur le
harcèlement sexuel initiée par
la Mission égalité et la mise en place
d’une Commission de médiation,
une réflexion s’est engagée sur ce
que l’on peut considérer comme un
des derniers tabous des universités
françaises. Face à un problème dont
l’ampleur reste encore méconnue et
mésestimée, l’UTM se doit de prendre
la mesure de ce phénomène.
Un phénomène complexe
et dérangeant
Le harcèlement est un problème
complexe à plus d’un titre tant il
touche à des domaines sensibles
comme la relation à l’autre dans
l’intimité et dans le travail (voir le
point de vue de la psychologue). Où
commence, par exemple, la frontière
entre le jeu de la séduction et les
harcèlements ?
De nombreuses représentations dominantes demeurent vivaces dans l’esprit
du public et remettent en cause la
parole des victimes. C’est ainsi que
l’on entend souvent : soupçonneux,
« Ne l’auriez vous pas aguiché ? » ;
fataliste, « Ça a toujours existé » ;
menaçant, « C’est votre parole contre
la sienne » ; cynique, « Vous n’aviez
qu’à réagir plus tôt » !
Certes, la loi offre un certain nombre
de définitions et de repères mais son
évolution même, peut-être ses limites,
illustre les difficultés à saisir le phénomène dans sa complexité (voir le point
de vue de la juriste).
D’une manière générale, le harcèlement relève d’un mécanisme structurel
de discrimination fondé sur le sexe et
il touche à l’université tous les publics
entre eux, étudiant-e, enseignant-e,
personnel administratif.
Contrairement aux idées reçues, il n’y
a pas un seul type de harceleurs-euses ;
ceux-ci usent de multiples stratégies
en fonction des situations souvent
marquées par des relations d’autorité
(entre supérieurs hiérarchiques et
personnels administratifs, titulaire et
vacataires, etc.).
Des pratiques à
dénoncer et à combattre
Concernant les enseignant-e-s, les
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- N°5 - Mars 2005
vie Universitaire
Parole de
souffrances
Récit d’une
étudiante du
Mirail, invitée
à monnayer
son parcours
universitaire
«
méthodes les plus courantes vont des
regards embarrassants sur le corps,
des commentaires insidieux, des
attouchements contraints jusqu’à,
dans les cas extrêmes, des violences
physiques en passant par l’invitation
à domicile et la restitution des notes
contre une demande de faveurs
sexuelles. Certains-es promettent aussi
des participations à des colloques, des
publications, des contrats de recherche
et de travail. Comment résister aux
sollicitations sexuelles quand on est
dans une situation de vulnérabilité ?
Ces actes répréhensibles entraînent
une souffrance vécue dont les effets se
mesurent sur le long terme (voir le récit
de l’étudiante du Mirail). Perturbations
dans la vie amoureuse et sexuelle,
dans l’entourage familial et social,
dépressions, voire même tentatives
de suicide sont des conséquences
courantes.
Les devenirs universitaires et professionnels sont aussi affectés ; des
étudiant-e-s sont dans l’incapacité de
réussir leur parcours et se voient dans
l’obligation de quitter notre Université
50 >
- N°5 - Mars 2005
pour un changement d’établissement
ou même d’interrompre leur scolarité.
Une cellule d’écoute
à l’UTM
En effet, le harcèlement moral et
sexuel met en question avant tout
une des raisons d’être essentielle du
système éducatif français : l’égalité
des chances.
C’est la raison pour laquelle les
universités devraient se doter d’une
cellule d’écoute venant en aide
aux victimes du harcèlement. En
attendant, il est nécessaire, comme l’a
précisé le président de la Conférence
des Présidents d’Université (CPU), de
permettre l’expression des plaintes
dans l’enseignement supérieur en
développant une politique active
d’information et de prévention.
Contacts :
[email protected]
Mission égalité / 05 61 50 41 07 /
[email protected]
www.univ-tlse2.fr/egalite-h-f
Ne me demandez pas pourquoi
je ne vous ai pas parlé avant…
Moi, je ne suis pas grand-chose,
sinon celle qui fout la merde… celle
qui dénonce… la réac de service
qui ne trouve pas ça normal de
coucher avec les personnes qui ont le
pouvoir d’évaluer, qui ont le pouvoir
de délivrer un diplôme, qui ont le
pouvoir de salarier ou de renvoyer. Ce
n’est pas aussi simple qu’une relation
entre adultes, librement consentie,
c’est de l’abus de pouvoir… mais peut
être pas tant que ça, parfois je ne sais
même plus…
Demandez-vous pourquoi il a fallu que
j’attende d’être en doctorat pour me
sentir la force de parler publiquement.
C’était lui qui était respecté pour son
travail de terrain, ses écrits ; c’était
lui qui apportait les financements ;
c’est avec lui qu’on milite. C’était lui
l’intouchable, infiltré partout, ayant
toutes les casquettes et tous les
pouvoirs.
Si l’on demande à une plaignante
quelle sanction elle souhaite contre
son agresseur, elle demande perpète
ou rien du tout ; elle attend juste que
tout le monde lui dise qu’elle n’est pas
seule à trouver ça anormal.
Ne me demandez plus ce que j’attends
de vous, demandez vous ce que vous
pouvez faire pour nous toutes. »
Le harcèlement sexuel et moral :
un délit timide et déficient
L
a loi du 17 janvier 2002, dite de
modernisation sociale, donne
une définition nouvelle du délit
de « harcèlement », aussi bien en tant
qu’infraction pénale qu’en tant qu’infraction à la législation du travail.
Désormais, le droit reconnaît explicitement le « harcèlement moral », constitué
par des « agissements répétés qui ont
pour objet ou pour effet une dégradation
des conditions de travail susceptibles
de porter atteinte à ses droits et à sa
dignité, d’altérer sa santé physique ou
mentale et de compromettre son
avenir professionnel ». Le « harcèlement
sexuel » consiste désormais dans le fait
de « harceler autrui dans le but d’obtenir
des faveurs de nature sexuelle ». Au
sens du code du travail, un tel comportement engage la responsabilité
de son auteur-e et ouvre droit pour la
victime à des dommages intérêts ; le
code pénal punit le harcèlement d’une
peine de un an d’emprisonnement et
d’une amende de 15 000 euros. Alors
que l’ancienne législation inscrivait
le délit de harcèlement sexuel sur la
notion d’abus d’autorité, la définition
nouvelle considère qu’il s’agit, dans
tous les cas, d’une violence et d’une
atteinte à la dignité de la personne ;
mais la loi ne donne pas de seuil à
partir duquel certains agissements
deviennent sanctionnables. A partir de
quelles limites et sous quelles formes
les manifestations du désir sexuel d’un
individu pour un autre individu peuventelles être qualifiées de « harcèlement
sexuel » ? On sait, en effet, que le désir
sexuel non partagé est toujours pour
son objet non seulement unilatéral et
violent mais souvent « harcelant » en
lui-même.
On le voit, la loi est timide et déficiente ;
elle est loin de couvrir toutes les
modalités ou d’instituer une sanction à
la mesure de la violence perverse que
sous-tend ce genre d’agression.
Nathalie Cambillau, juriste
[email protected]
Centre de Recherches en Droit
de la Santé Publique Université de Sciences Sociales.
Point de vue sur le harcèlement
psychologique au travail
L
a souffrance mentale au travail est
devenue un phénomène massif
lié à l’évolution des organisations
de travail. Elle regroupe différentes
notions dont le harcèlement psychologique. Expliquer cette notion par
une problématique individuelle « c’est
un pervers narcissique », c’est à mon
sens méconnaître la réalité du travail,
ses paradoxes, ses enjeux. Dans le
harcèlement psychologique au travail,
c’est en fait le rapport global au travail
et à son organisation qui est perverti.
Il est donc primordial de pousser l’investigation du côté du réel du travail
et d’analyser les contradictions du
travail qui favorisent la transgression
des règles communes, la subversion
des rôles et des fonctions, le discrédit
de la vérité. D’autre part, la dégradation de la relation victime-agresseur
ne se fait pas indépendamment de
l’histoire personnelle de la victime et
du sens qu’elle attribue à la situation.
Il y a quasiment toujours un conflit
sous-jacent, dans lequel la victime a
tenté de préserver ou de promouvoir
quelque chose qui lui tenait à cœur et
dans lequel s’exprimaient son histoire,
sa subjectivité. Ce travail avec un tiers
extérieur permet d’aider la personne
à repérer et à comprendre à quelle
problématique professionnelle elle
s’est heurtée, de saisir ce qu’elle a
tenté de défendre et ce qu’a tenté
d’imposer ou de défendre la partie
adverse. Il permet de redonner du sens
et participe ainsi à la reconstruction
progressive du bien être physique,
psychique et social de la personne.
Contact :
Marie-Pierre AESCHLIMANN,
Psychologue sociale et du travail.
Consultation « Souffrance au travail »,
Service de maladies professionnelles
et environnementales au CHU Purpan
à Toulouse.
Tél. 05 61 77 21 90
Organismes spécialisés
CLASCHES – Collectif de Lutte
Anti-Sexiste Contre le Harcèlement
Sexuel dans l’Enseignement
Supérieur
www.membres.lycos.fr/clasches
AVFT – Association Européenne
contre les Violences faites aux
Femmes au Travail
www.avft.org
01 45 84 24 24
CIDF – Centre d’Information des
Droits des Femmes
05 34 31 23 31
[email protected]
51 >
- N°5 - Mars 2005
À
SAVOIR
La collection
« Féminin-Masculin »
des PUM
Les recherches sur le genre et les rapports sociaux de sexe
connaissent depuis quelques années un développement
exponentiel en France et dans les pays francophones.
Faute de canaux de diffusion adéquats, ces travaux
restent largement inconnus, au sein de la communauté
scientifique comme auprès du grand public.
Cette collection veut constituer un lieu d’échanges
et de diffusion des nouvelles approches et
réflexions scientifiques développées autour de cette
problématique dans le cadre des sciences sociales.
Elle vise à faire connaître des travaux inédits sur des
thèmes particulièrement novateurs et à offrir au public
francophone des textes fondateurs déjà publiés en
langue étrangère. Elle offre trois orientations majeures :
la conceptualisation théorique de la reproduction
transformation des catégories et des rapports sociaux de
sexe ; les questions de méthodologie de recherche liées
à l’analyse du genre ; l’édition de manuels pouvant servir
aux enseignements scolaires et universitaires.
Sous la direction de Jacqueline Martin sont parus :
- La Parité-Enjeux et mise en œuvre (1998)
- Les femmes et l’Université en Méditerranée (1999)
- Les femmes sujets d’histoire (2000)
- Nouvelles approches des hommes
et du masculin (2000)
Contact :
Presses Universitaires du Mirail – 05 61 50 38 10
http://www.univ-tlse2.fr/pum
Une équipe
d’un nouveau
« genre »
Merci à Christian Mange (rapporteur de la commission
vie universitaire), Nathalie Lapeyre (chargée de
mission à l’Egalité femmes-hommes) et Vincentella de
Comarmond (directrice de la rédaction) pour avoir initié
et coordonné ce Paroles de femmes.
À
SAVOIR
Les coups de cœur de la librairie Études
> ESSAI
Les femmes dans les années quarante – Juives et non juives, souffrances et résistance
sous la direction de Jacques Fijalkow
Des historien-ne-s ou sociologues, spécialistes de l’histoire des religions ou des études
féministes, abordent la question des femmes en Europe durant la Seconde Guerre
mondiale. Ils s’interrogent sur la place de ces femmes dans les régimes fascistes puis
à celles de la France de Vichy. Les auteur-e-s insistent surtout sur le sort des femmes
internées comme opposantes, antifascistes ou juives.
Des protestantes de la Cimade aux militantes politiques, des catholiques isolées aux
juives de l’armée secrète, ce livre donne la parole à toutes celles qui, reconnues plus
tard parmi les Justes, s’engagèrent dans le combat pour la dignité et le refus de
l’asservissement.
Jacques Fijalkow est professeur en Sciences de l’éducation à l’UTM où il dirige une
des écoles doctorales de l’UTM.
HARMONIA MUNDI, 246 p., 22 euros
> ESSAI
Collection « Les mots de », dirigée par Marlène Coulomb-Gully
L’histoire des femmes
Les femmes ont une histoire qui remet en questions les archétypes de « LA » femme
et de l’éternel féminin pour s’intéresser à la diversité et à la richesse des parcours,
aux relations complexes entre les sexes et à la construction sociale du masculin et du
féminin au fil des siècles.
Ce livre recense les mots difficiles ou qui ont changé de sens. Il définit les concepts
et les catégories socio-culturelles utilisés en histoire des femmes et du genre,
dans le domaine français. Il explicite les approches et les outils de la recherche
historiographique la plus récente.
PUM, 121 p., 10 euros
Contact : Librairie Etudes – 05 61 44 18 25
[email protected]
Formation
des personnels enseignants et IATOS
La cellule formation de l’UTM et la
mission égalité femmes – hommes
invitent tous les personnels à participer
à deux modules de formation :
− « Femmes et hommes : quelle
égalité ? » afin d’approfondir les
connaissances sur les représentations
des femmes et des hommes dans
la société ainsi que dans le milieu
professionnel.
− « Confiance en soi pour les
femmes », pour mettre en œuvre une
méthode ordonnée et structurante de
confiance en soi.
Inscrivez-vous au plus tard
le 15 mars 2005.
Contact : [email protected]
CAM
Films de
femmes…
MARS…
• Mardi 1er : Mardissonances.
Concert cymbalum/ piano. Chapiteau 12h45.
I
ls sont nombreux les films du
CAM réalisés par des femmes, sur
des femmes… En voici quelques
exemples non exhaustifs.
• Mercredi 2 : Danse contemporaine. Ulysse.
ballet de Samuel Mathieu. Chapiteau 12h45.
• Jeudi 3 : Théâtre. Les monologues du vagin
d’Eve Ensler. Journées des langues anciennes
organisées par l’ARTELA. Chapiteau 12h45.
Dans Camps de femmes, Rolande
Trempé retrace la vie quotidienne et
les luttes des femmes à l’intérieur des
camps de concentration en France.
Natacha Aveline nous explique dans
Mourir à Tokyo que les prix faramineux
des valeurs foncières mettent en cause
des espaces comme les cimetières, jugés
peu rentables. Les femmes de l’Equipe
SIMONE ont réalisé La Parité, enjeux et
mise en œuvre lors du colloque international La Parité organisé à l’UTM en
février 1998.
Christiane Fioupou, Wendy Harding,
Michèle Kaltemback et Françoise Besson
sont les auteurs de la collection
Littérature et poésie anglophone.
• Mercredi 9 :
Défilé romain. Chapiteau à 12h45.
Ciné-Mirail. Jason et les Argonautes de Don
Chaffey. Amphi 3 13h45.
• Jeudi 10 : Cultures du monde. Concert de luth.
Tarek Abdellah. Chapiteau 12h45.
Les femmes du département d’espagnol, Michèle Soriano, Carla Fenandes,
Isabelle Touton, Carine Herzig… ont
également réalisé beaucoup de programmes avec des auteurs espagnols
et latino-américains pour la chaîne VO.
Kinga Joucaviel nous a fait part de
quelques réflexions autour de la musique polonaise avec son film Autour de
Quo Vadis, diffusé sur VO.
Dans un souci de sauvegarde patrimoniale de la langue et de la mémoire
collective, Joëlle Ginestet a également
réalisé une collection de 7 émissions
en occitan pour la chaîne VO, auprès
de locuteurs naturels en occitan gascon
ou languedocien.
• Mercredi 16 : Danse contemporaine.
La compagnie Androphine. Chapiteau 12h45.
• Jeudi 17 : Théâtre. Eugène le choisi
de François Fehner. Chapiteau 12h45.
• Vendredi 18 : Danse contemporaine.
Quatuor de Samuel Mathieu. Chapiteau 12h45.
• Jeudi 24 : Théâtre. Ore rubate de Mattia
Sbragia, présenté par la compagnie I.Chiassosi.
Chapiteau 12h45.
• Mercredi 30 : Danse contemporaine. Ulrick
Funke. Chapiteau 12h45.
AVRIL…
• Mardi 5 : Chœur de Toulouse. Répertoire :
J. Brahms, C. Loewe, M. Ohana, M. Tippett.
Chapiteau 12h45.
• Jeudi 7 : Théâtre. Comic Potencial
d’Alan Ayckbourn, pièce en anglais présenté
par la troupe du Département d’anglais.
Chapiteau 12h45.
• Lundi 11 : Cultures du monde. Concert de luth.
Alex Clapot. Chapiteau 12h45.
• Jeudi 14 : Pièce de théâtre d’Ulriche Syha,
Conduire en Allemagne, proposée par la
compagnie « La part manquante ».
Chapiteau 12h45.
MAI…
• Du lundi 9 au vendredi 13 :
Semaine polonaise.
Des femmes d’autres universités ont
également collaboré à nos productions,
telles que Denise Douzant et Pernette
Grandjean qui ont réalisé les films
Cuba, un café très spécial et Café du
Cerrado, les frontières de la qualité.
• Mercredi 11 : Danse contemporaine.
Aquarium. Chapiteau 12h45.
Merci Mesdames !
Contact : 05 61 50 44 62
www.univ-tlse2.fr/ciam
• Lundi 9 et mardi 10 :
Fête des ateliers du CIAM.
Contact : [email protected]
05 61 50 42 48
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- N°5 - Mars 2005

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