voir l`article - Yazid Ichemrahen

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■ Grand Avignon
Y7---
Midi Libre midilibre.fr
DIMANCHE 15 FÉVRIER 2015
La vie rêvée d’un pâtissier
champion du monde
Parcours ❘ D’une famille d’accueil aux palaces, Yazid Ichemrahen a baroudé pour être à 23 ans
consultant à l’international et chargé de développement dans le groupe avignonnais Blachère.
Q
uand il rêvait de gâteaux
dans sa chambre d’enfant,
Yazid Ichemrahen n’imaginait pas qu’à 23 ans, il serait
demandé dans des palaces ou des
écoles réputées et partagerait son savoir-faire aux quatre coins du monde. Dubaï, New York, Hong Kong...
si son carnet de vols ressemble à celui d’un homme d’affaire avisé, rien
n’est venu tout cuit à ce jeune pâtissier, sacré champion du monde en
équipe l’année dernière.
Ses galons, le jeune homme élégant,
installé à Avignon, les a gagnés à force de travail, de persévérance, « de
culot » aussi. Car quand on est un
p’tit gars de la Marne sorti d’un
foyer pour jeunes délaissés, il en
faut pour entrer dans le saint des
saints de la pâtisserie française.
« Au foyer, c’était
chacun pour soi »
Yazid Ichemrahen
D’une corpulence opposée à celle
d’Obélix, - « manger des bonnes
choses ça ne fait pas grossir ! », témoigne le jeune homme élancé Yazid est tombé lui aussi dans la
marmite. C’est dans une famille
d’accueil qu’il a croisé son destin.
« Les deux fils étaient pâtissiers. Si
j’étais sage j’avais le droit de faire
des gâteaux au yaourt ! » À 10 ans,
quand il est dirigé vers un foyer,
où « c’était chacun pour soi ! », il demande très vite à faire des stages
dans la pâtisserie. « Ça m’a sauvé
la vie ». Les débuts ne sont pourtant
pas évidents. « J’ai regardé pendant
trois mois, je nettoyais, je portais
des sacs. » Yazid ne se laisse pas démonter. Sa volonté est de fer et son
opiniâtreté surprenante pour un
ado. Au foyer, il se fabrique son premier laboratoire d’essai. « Je sculptais du chocolat... »
Car ce qui fait rêver déjà le garçon,
« c’est le côté artistique ». Il sait dès
cette époque, qu’il ne s’arrêtera
plus, « j’ai toujours voulu aller plus
■ Yazid Ichemrahen a travaillé aux côtés de grands maîtres de la pâtisserie.
haut. » D’abord en passant son CAP
aux côtés du meilleur pâtissier
d’Epernay, puis auprès du champion du monde d’alors et meilleur
ouvrier de France, Pascal Caffet.
Mais les portes d’une telle maison
ne s’ouvrent pas aisément. « Je l’ai
harcelé de coups de téléphone ! ». Et
puis n’y tenant plus, il prend le train,
direction Troyes, pour le rencontrer. « Il a été touché... ». Pendant un
an, Yazid Ichemrahen fréquente le
gratin. « Dans son laboratoire, il y
avait les trois meilleurs pâtissiers
du monde. » Dont Angelo Musa,
moins médiatisé que Christophe Michalak, mais d’une technique redoutable. « J’étais comme un fan face à
Johnny Hallyday ! », sourit le jeune
homme, les yeux encore brillants
d’admiration. Musa, Yazid le retrouvera plus tard à la pâtisserie des rêves, la célèbre institution parisienne
de Philippe Conticini.
Charles Berling donne
rendez-vous au Chêne noir
Avignon ❘ Soirées théâtrales.
■ Le comédien présentera deux pièces au théâtre avignonnais.
Le comédien Charles Berling
est au Chêne noir pour deux
spectacles qu’il met en scène
cette semaine. D’abord, mardi
17 février, il lira Calek, adaptée par le comédien lui-même
des mémoires de Calek Perechodnik, ancien membre de la
police juive dans le ghetto de
Varsovie. Un témoignage parfois « insoutenable » selon les
mots de Charles Berling.
Suivra, pour trois soirées,
Drek, de Robert Schneider,
mis en scène par Charles Berling, avec Alain Fromager et
Jean-Louis Boissé, une pièce
sur l’immigration.
◗ Calek, mardi 17 février,
19 h. 20 €. Drek, jeudi, 19h,
vendredi, samedi, 20 h. De 5 €
à 35 €. Chêne noir, Avignon.
Pour s’entraîner dans sa chambre,
l’apprenti sorcier revend tout, jusqu’à sa console de jeux et son...lit.
« Je dormais parterre sur une couverture. » Ses sculptures de douceurs, il les montre à son mentor.
« Il m’a tout ouvert. J’ai aussi appris avec lui qu’avant d’être champion du monde, il avait des qualités humaines. »
Pour prendre sa part de rêves, l’apprenti n’hésite pas à faire Troyes-Paris tous les jours pendant un an, soit
plus de 500 km aller-retour et dormir quelques heures pour repartir
de plus belle, « j’étais le plus jeune
chez Conticini. J’épluchais les pommes, le zeste de citron, je coupais la
vanille... ». Mais là encore, il profite
de son entrée dans la cour des
grands pour observer. « Un niveau
d’exécution parfait. » Un drame familial lui fait changer de cap. Vers le
sud.
C. B.
« Sans toit, la nuit je
dormais sur la plage »
Yazid Ichemrahen
À 19 ans, « j’ai tout laissé » et il se retrouve sans toit pendant un mois. La
nuit, sans perdre confiance, il dort
sur la plage de galets à Nice, le jour
il travaille à la Chèvre d’or à Eze village, « deux étoiles au Michelin »,
avant d’obtenir un logement de fonction. Étape suivante du côté de Bordeaux, au château Cordeillan-Bages, que Thierry Marx vient juste de
quitter. Fidèle à la petite musique
que Pascal Caffet lui avait instillée,
« dans la vie les responsabilités ne
se donnent pas, elles se prennent »,
Yazid devient chef pâtissier, « à
19 ans dans un deux étoiles ! »
s’étonne-t-il encore. Le stress est
bien là, « j’en pleurais » mais il gagne le respect de ses collègues et du
chef étoilé Jean-Luc Rocha. Malgré
ce poste en or, les lumières de la Côte d’Azur lui manquent. Avec l’insolence de la jeunesse, il propose « à
tous les palaces de Monaco » ses services en tant que chef. Il sera
sous-chef chez Joël Robuchon, au
Métropole. « Trois restaurants étoilés, 18 pâtissiers, l’ego des gens à gérer. Un moment magnifique dans
un monde inconnu ».
Nouvelle aventure, cette fois, guidée
par son cœur, « ma copine était à
Avignon », et par l’envie d’obtenir le
Graal : devenir champion du monde.
« J’ai travaillé comme barman au
83 Vernet à Avignon pour m’entraîner pendant mon temps libre. »
Très vite, le propriétaire du restaurant, Bernard Blachère, fondateur
des boulangeries du même nom, repère ce garçon atypique et lui laisse
carte blanche pour monter sur le
haut du podium. « Il m’a mis à disposition tout ce dont j’avais besoin,
dont un laboratoire de 200 m2 ».
Avec le soutien de toute la famille
Blachère, le poulain s’entraîne sans
relâche. « J’ai recommencé 117 fois
mon gâteau ». Face à 17 pays, c’est
son équipe qui gagne. « Je suis le
plus jeune champion du monde de
pâtisserie », sourit sans forfanterie
ce grand jeune homme aujourd’hui
à la tête de sa société de consultant
en pâtisserie et chargé de la recherche et du développement dans le
groupe Blachère. Si c’est la première fois qu’il reste près d’une figure
paternelle, c’est pour prendre son
envol. « On a en projet d’ouvrir une
belle pâtisserie près de son restaurant. » Un nouveau challenge pour
ce néo-Avignonnais ambitieux qui
connaît le poids du travail et des responsabilités. « Parfois le décalage
entre mon âge et ce que je fais, c’est
dur... » Mais Yazid Ichemrahen sait
d’où il vient, « aujourd’hui j’ai la belle vie ! » et garde bien au chaud son
destin entre ses mains.
Domazan
Nouveaux aménagements au château de Bosc
Nouveaux aménagements intérieurs, nouvelles machines, le
musée du vélo et de la moto
implanté depuis quinze ans,
au Château de Bosc, s’est enrichi. Les machines sont exposées parfois seules si leur histoire le mérite, mais toujours
dans un écrin lumineux. Une
scénographie intéressante qui
permet de mieux voir la beauté des premières draisines.
À cet effet aux murs sont installés des panneaux sur lesquels sont écrits leur histoire,
avec reproduction de photos
à l’appui. Dans chaque pièce
du musée, un écran sur lequel
défile une vidéo retraçant l’histoire de la bicyclette, soutenue par un accompagnement
musical.
Parmi les nouvelles machines
exposées, on trouve la plus ancienne draisine. Cette pièce
unique a été construite en
1818. Côté motos, la plus ancienne est un tricycle à moteur à pétrole de marque
Auto-Moto, daté de 1900.
■ Le musée renferme 120 cycles motorisés ou pas.
De véritables merveilles, touchantes parfois car si au
XXIe siècle, on peut les considérer comme naïves, il ne faut
pas oublier qu’à leur époque
elles ont fait sensation.
Aujourd’hui ce musée, fierté
de Claude Reynaud, renferme
120 cycles, motorisés ou non,
ce qui en fait une des plus importantes collections d’Europe. Désormais, c’est dans les
étages qu’est installée cette
collection. Les expositions se
tiendront dans les pièces du
rez-de-chaussée aménagées
en galerie.
Au musée du château de
Bosc, une partie ludique est réservée aux enfants de 4 à
11 ans, et sans doute même
plus âgés : le musée interactif
sur Jean de la Fontaine et ses
fables. Le parc, un peu abîmé
CÉCILE BODARWÉ
[email protected]
par la récente tempête a perdu quelques beaux pins, mais
les sculptures sont toujours
là, magnifiques, ne demandant qu’à être admirées par
les visiteurs. Le caveau de dégustation des vins produits
par Guillaume Reynaud permet aussi aux visiteurs de faire quelques découvertes de
bons vins.
Le musée est ouvert pendant
les vacances scolaires de février, tous les jours de la semaine de 14 h à 17 h 30. Ouverture jusqu’au 31 mai les mercredis, week-ends et jours fériés aux mêmes heures. Du
1er juin au 30 septembre tous
les jours de 10 h à 19 h et du
1er octobre au 30 novembre ;
mercredis, week-end, jours fériés et vacances scolaires de
14 h à 17 h.
◗ Château de Bosc, 651, chemin
du Bosc, RN 100 à Domazan.
Tél. 04 66 57 65 11 ou
09 88 18 66 57.
[email protected] ou
www.chateau-de-bosc.com