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Février 2016
PERSPECTIVES POUR 2016
Poursuite de la reprise en 2016 ?
En 2015, la croissance du PIB en France a été de 1,2 %, soit la plus forte hausse depuis 2011. L’activité
en France devrait à nouveau accélérer cette année, avec une hausse anticipée de 1,5 %, selon le
gouvernement.
Premier moteur : la consommation des ménages
Le principal moteur de notre économie resterait la consommation des ménages. Malgré le trou d’air
observé au quatrième trimestre, en raison de la douceur des températures et des attentats de Paris,
les dépenses totales de consommation des ménages ont augmenté de 1,4 % en 2015. En 2014, la
croissance avait été de 0,6 % seulement1.
Cette accélération de la consommation devrait se poursuivre en 2016, du fait d’une hausse du pouvoir
d’achat des ménages. Les salaires et prestations sociales augmenteraient en effet en ce début d’année.
Dès lors, leurs dépenses rebondiraient de 0,5 % au premier trimestre et de 0,4 % au deuxième. Les
achats se porteraient notamment sur les équipements du logement (+ 1 % de croissance entre janvier
et mars et + 0,7 % les trois mois suivants).
Deuxième moteur : l’investissement des entreprises
L’économie française pourrait également compter sur une reprise de l’investissement des entreprises.
Celles-ci bénéficient en effet d’une amélioration des conditions d’accès au crédit. Ainsi, pour les PME,
la part des entreprises se restreignant dans leurs demandes auprès des banques est au plus bas depuis
mars 20122. Par ailleurs, la part des entreprises déclarant opérer à 100 % de leurs capacités est au plus
haut depuis 2008, soit le début de la crise. Enfin, le taux de marge continuerait de progresser en 2016,
atteignant 31,8 % au deuxième trimestre, contre une moyenne annuelle de 29,5 % en 2014, ce qui leur
permettrait de dégager des marges de manœuvre.
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Données INSEE.
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Baromètre KPMG-CGPME, janvier 2016.
Direction des Affaires Economiques
[email protected] - 01 47 62 73 30
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Dès lors, l’acquis à mi-année pour 2016 atteindrait une croissance de 2,6 %, soit un niveau plus élevé
que sur l’année précédente (+ 2 %)3. La hausse serait significative concernant les dépenses en produits
manufacturés (+ 3,4 %), sous l’effet notamment de la mesure de suramortissement. Celle-ci est par
ailleurs prolongée jusqu’en avril 2017. Seul l’investissement en construction resterait faible au premier
semestre, et ce malgré une amélioration des carnets de commande pour le bâtiment non résidentiel.
Un moteur absent : le commerce extérieur
La demande extérieure adressée à la France progresserait de 1 % au premier semestre 2016 en raison
d’une forte croissance de la demande en provenance des économies avancées. Concernant les pays
émergents, la demande adressée à notre pays demeurerait, quant à elle, quasiment stable.
La dépréciation de la monnaie européenne continuerait de supporter les exportations françaises hors
de la zone euro, en raison d’une meilleure compétitivité pour nos entreprises. Dès lors, les ventes
accélèreraient de 0,9 % au premier trimestre et de 1 % au second.
Si les exportations françaises augmentent au premier semestre, les importations devraient également
suivre la même tendance. La hausse de la demande intérieure favoriserait en effet l’achat de produits
étrangers. Dès lors, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB resterait négative en
ce début d’année.
Cette situation résulte d’un problème structurel d’offre en France. En effet, le solde commercial de
notre pays est déficitaire depuis 2003. De plus, la part des importations dans la demande intérieure a
augmenté de manière significative depuis le début de la crise. L’impact du principal moteur de notre
économie, à savoir la consommation des ménages, serait donc atténué par les échanges extérieurs.
Un risque de ralentissement de l’économie mondiale
La croissance française pourrait pâtir d’un ralentissement de l’économie mondiale, avec un risque de
contagion. Il existe en effet des répercussions liées au commerce. En raison d’une diminution de la
demande étrangère, les exportations françaises pourraient alors faiblir. Par ailleurs, le ralentissement
forcé d’un ou plusieurs pays, à la taille significative, pourrait entrainer une chute de la confiance, en
particulier des investisseurs et des entreprises. Or, cet élément non tangible est déterminant pour
assurer une reprise de l’activité.
Ralentissement des économies développées ?
L’activité au sein de la zone euro progresserait en 2016, avec une prévision de croissance de 1,7 % sur
l’année. Au même titre que la France, le PIB serait tiré par une accélération de la demande intérieure.
La décrue du chômage et la hausse du pouvoir d’achat relanceraient notamment la consommation des
ménages, tandis que les entreprises augmenteraient leurs investissements. En revanche, la croissance
des importations serait plus élevée que celle des exportations. De plus, la consommation publique
ralentirait au premier semestre 2016 et serait même stable en Italie. Aussi, la confiance des dirigeants
d’entreprise s’est-elle repliée dans le secteur des services et de la construction. La Banque centrale
européenne n’exclut pas, alors, une réévaluation de sa politique monétaire, d’ici le mois de mars.
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L’acquis à mi-année suppose une croissance nulle des investissements au deuxième semestre, par rapport au deuxième
trimestre de l’année. La hausse de l’investissement des entreprises pourrait donc être supérieure à 2,6 % en 2016.
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Hors zone euro, la consommation privée et l’investissement décèleraient au Royaume-Uni aux premier
et deuxième trimestres. La consommation des ménages serait notamment freinée, du fait de tensions
sur le marché du travail. Aussi, la contribution des échanges extérieurs sur l’activité resterait-elle
négative.
La croissance japonaise n’a que très peu augmenté en 2015, à 0,4 %. Le ralentissement des économies
asiatiques, en particulier de la Chine, pénalisent en effet les exportations du pays. Par ailleurs, la faible
croissance des salaires limite toute hausse de la consommation des ménages, et ce malgré un taux de
chômage au plus bas depuis vingt ans. Dès lors, la croissance japonaise devrait rester faible au cours
des prochaines années, le pays ne constituant plus un moteur de l’économie mondiale.
Parallèlement, un ralentissement de l’économie mondiale pourrait provenir des Etats-Unis. Pourtant,
ce pays affichait une croissance de 2,5 % en 2015 et un marché du travail proche du plein emploi. Des
inquiétudes demeurent cependant en ce début d’année 2016. D’une part, l’appréciation du dollar par
rapport aux autres monnaies mondiales fragilise l’industrie de ce pays. D’autre part, l’investissement
des entreprises ralentirait sensiblement en 2016, du fait de son effondrement dans le secteur pétrolier.
Ralentissement des économies émergentes ?
Du fait de la baisse des prix des matières premières, les pays producteurs ont traversé une année
difficile en 2015 et devraient continuer à souffrir en 2016. Depuis la mi-2014, les prix du baril de pétrole
ont en effet chuté de 70 % et ne devraient pas remonter avant 2017.
La Russie est entrée en récession l’année dernière, avec une baisse du PIB de 3,5 %. Les hydrocarbures
représentent en effet l’essentiel des exportations du pays, ainsi que la moitié des recettes de l’Etat.
L’activité est également pénalisée par les sanctions économiques, suite au conflit en Ukraine. En 2016,
le recul de l’activité devrait se poursuivre, du fait d’un niveau élevé de l’inflation qui impacterait la
consommation privée et d’un manque de confiance des entrepreneurs. Le taux de croissance cette
année-là est ainsi attendu en baisse de 1,5 %4.
Concernant le Brésil, le recul de l’activité atteindrait 3,6 % en 2015. Le pays est en effet exportateur de
minerais et d’autres énergies fossiles. A l’instar de la Russie, l’économie brésilienne est pénalisée par
l’inflation. Dès lors, la demande intérieure s’effondre et le chômage grimpe vivement.
En Chine, la croissance ralentirait à nouveau en 2016. L’activité serait ainsi en hausse de 6,3 % cette
année, contre une augmentation de 6,8 % en 2015 et de 7,3 % en 20145. La dépréciation des monnaies
européenne et japonaise, la hausse du coût du travail ont en effet entrainé une perte de compétitivité
du pays, conduisant alors à un recul des exportations. Par ailleurs, la Chine souffre de surcapacités
industrielles. Les facilités d’accès au crédit, les années précédentes, ont en effet amené les entreprises
et les gouvernements locaux à se doter d’infrastructures matérielles, dont certaines n’avaient aucun
fondement économique. Le ralentissement de l’investissement en 2015 devrait dès lors se poursuivre
cette année.
Aussi, pour accroître sa compétitivité, la Chine a-t-elle dévalué le yuan en août 2015, alimentant ainsi
la guerre des monnaies. L’excès de liquidité présente néanmoins un risque élevé, en cas d’éclatement
de la bulle, avec la possibilité d’une nouvelle crise mondiale.
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Données Coface.
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Données FMI.
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En anticipant une croissance de 1 % en 2015, le gouvernement avait fait preuve de prudence. La chute
des prix des matières premières, la dépréciation de la monnaie européenne, et les faibles taux de la
Banque Centrale avait alors permis de dépasser les objectifs, et ce malgré une hausse inexorable du
nombre de demandeurs d’emplois.
Pourtant, une croissance de l’activité, qui repose principalement sur des effets externes à l’économie
française, comporte le défaut de ne pas attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’insuffisance de
réformes. Surtout, les baisses des prix des matières premières risquent désormais de déstabiliser
l’économie mondiale, ce qui pourrait fragiliser la reprise de l’activité en France. Une simplification de
la règlementation, une baisse des charges pesant sur les entreprises ou l’investissement dans le capital
humain amélioreraient assurément les conditions nécessaires à une reprise durable de notre
économie.
Dès lors, au regard des difficultés que traverse notre pays, la Commission européenne se montre plus
pessimiste sur la croissance de la France en 2016. Elle anticipe en effet une hausse de 1,3 % de l’activité
seulement.
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