Le Taux d`Urée du Lait de chèvre

Transcription

Le Taux d`Urée du Lait de chèvre
Fédération Régionale des Contrôles Laitiers du Poitou-Charentes
39 rue Eugène BIRAUD
BP 76
17700 SURGÈRES
Le Taux d’Urée du Lait de chèvre :
un indicateur encore difficilement
utilisable sur le terrain
Afin de compléter les connaissances en production laitière caprine et dans le but
d’aider les producteurs à améliorer les performances de leur troupeau, la
Fédération Régionale des Contrôles Laitiers du Poitou-Charentes a mené une étude
sur le taux d’urée du lait de chèvre.
L'objectif était de répondre à la question suivante : peut-on utiliser le taux
d’urée du lait de chèvre comme un outil de pilotage du niveau azoté de la ration ?
Sur un plan pratique, il s'agissait d’acquérir des références et de mettre au
point des outils permettant d'ajuster le niveau azoté des rations des chèvres
laitières en fonction du taux d'urée du lait.
Le travail s’est appuyé sur trois études complémentaires faites au niveau des
chèvres, des lots de chèvres, et des troupeaux selon leur système alimentaire.
Résumé des conclusions
Cette étude n'a pas permis de mettre en évidence les facteurs de variation du
taux d’urée du lait ni de proposer des références pratiques pour une gestion efficace
de l'alimentation des chèvres laitières.
- Le taux d'urée du lait est apparu très variable d'une chèvre à l'autre. Les
variables de production et les bilans alimentaires n'ont expliqué que partiellement ces
variations individuelles.
- Aucun effet des types de systèmes alimentaires et du mode de reproduction
(saisonné ou non) n'a été observé.
- Au niveau d'un lot de chèvres, aucun lien n'a été observé entre le niveau de
production laitière, les bilans alimentaires énergétiques et azotés et le taux d'urée
moyen du lait.
Il faut cependant noter que les niveaux alimentaires sont difficiles à estimer
précisément en élevage et que les animaux de l'étude étaient généralement en
excédent azoté. Ce contexte pourrait donc expliquer une faible réponse du taux
d'urée aux variations des bilans alimentaires.
Par conséquent, il est difficile d’utiliser le taux d’urée de manière pertinente pour
piloter efficacement le niveau azoté des rations des chèvres laitières.
1
Trois études complémentaires conduites en 2002
Sur les chèvres
¾ Objectif : Il s’agit de mettre en évidence les éventuelles relations entre le taux d’urée et
les différents critères de la ration et les performances laitières des chèvres dans les conditions
d’élevage de Poitou-Charentes.
¾ Support : Un élevage de Charente-Maritime de 300 chèvres Saanen nourries en ration
sèche (luzerne + foin de graminées). Les concentrés sont distribués à l’aide d’un DAC.
¾ Réalisation : Sur une lactation, les résultats du contrôle laitier ont été enregistrés. Les
quantités d'aliments distribuées et refusées ont été pesées les 2 jours précédant les contrôles et
le jour des contrôles. Le bilan alimentaire a été calculé pour chaque chèvre à chaque contrôle.
Ceci représente 2328 contrôles individuels.
RESULTATS
Au cours de la période étudiée
le taux d'urée moyen du troupeau
a varié de 408 mg/l en octobre à
487 mg/l en avril. Du fait d'une
modification
de
la
conduite
alimentaire, le bilan PDIN-PDIE,
bien que toujours positif, a
fortement baissé à partir de juin
(cf. graphique ci contre).
z
6
Production Laitière
4
Taux d'Urée /100
2
(PDIN-PDIE)/10
Bilan UFL *10
Novembre
Octobre
Septembre
Juin
Mai
Juillet
-2
Avril
Mars
0
Bilan PDIE /10
-4
Au niveau individuel, le taux d'urée du lait augmente au cours des deux premiers mois de
lactation. Il est en moyenne de 448 mg/l sur cette période. Il est un peu plus élevé sur le
reste de la lactation (461 mg/l) et diminue avec l'avancement de la lactation, pour atteindre
en moyenne 418 mg/l pour les chèvres en lactations longues (au-delà de 330 jours).
z Il existe une forte variation du taux d'urée pour une même chèvre, et entre des chèvres
ayant les mêmes caractéristiques de production.
z Globalement, l'urée augmente avec le bilan PDIN-PDIE pour un niveau de production donné ;
il baisse quand la production augmente, pour un bilan azoté fixé. Cependant, il existe une
forte variabilité autour de ces tendances, qui rend impossible l'établissement de repères
précis, utilisables pour ajuster l'alimentation.
z
Sur les troupeaux
¾ Objectif : Il s’agit de voir si le taux d’urée des troupeaux est influencé par les différents
systèmes alimentaires rencontrés dans la région et les modes de reproduction (saisonné ou désaisonné).
¾ Support : 260 troupeaux répartis selon 6 systèmes alimentaires différents et selon deux modes
de reproduction (saisonné ou désaisonné).
¾ Réalisation : Les résultats mensuels du contrôle laitier ont été enregistrés sur la durée d'une
lactation, soit 10 à 12 contrôles pour chaque troupeau.
2
Trois études complémentaires conduites en 2002
RESULTATS
Evolution des taux moyens d'urée mensuels dans les différents systèmes alimentaires
560
Taux d'Urée du lait en mg/l
540
520
500
480
460
440
420
400
380
360
sept oct
nov déc janv févr mars avr
mai juin
juil août sept oct
nov déc
2001 2001 2001 2001 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2002
Tous systèmes confondus, le taux d'urée moyen sur les 2083 contrôles est de 470 mg/l
avec environ 90 % des valeurs comprises entre 350 et 550 mg/l.
z Les taux moyens varient peu entre les systèmes alimentaires, allant de 450 mg/l pour les
systèmes "fourrages verts + foin" et 465 mg/l pour les systèmes "luzerne", à 475–480 mg/l
pour les autres types de ration.
z Le mode de reproduction n'a pas d'effet sur le taux d'urée. La valeur un peu plus faible
observée en moyenne dans les élevages désaisonnés (463 mg/l contre 480) n'est sensible que
pour deux systèmes alimentaires avec des effectifs limités.
z Les variations saisonnières observées sont identiques dans tous les systèmes alimentaires et
difficilement explicables.
z Les valeurs d'urée "laiterie" (des trois dosages mensuels sur le lait de tank) sont bien
corrélées aux résultats du contrôle laitier, mais en moyenne inférieures (412 mg/l contre
472). La différence varie selon les mois mais n'est pas influencée par le régime alimentaire.
z
Sur les lots
¾ Objectif : Étudier les relations entre le taux d'urée d'un lot de chèvre et ses caractéristiques
de production et d'alimentation.
¾ Support : 61 lots répartis dans les deux systèmes alimentaires les plus répandus dans la région
(Ensilage Maïs et Foin de Luzerne) et sur deux périodes (avant et après le pic de lactation).
¾ Réalisation : Pour chaque lot, on a relevé les résultats du contrôle laitier et les données
alimentaires correspondant à la ration distribuée le jour du contrôle.
RESULTATS
z Les lots se caractérisent par un taux d'urée moyen de 462 mg/l et des bilans alimentaires
excédentaires (0,09 UFL, 84 g de PDIE et 11 g pour l'écart PDIN-PDIE) pour un niveau de
production de 3,1 kg.
z Le taux d'urée moyen des lots ne dépend pas du régime alimentaire et de la période. De
même, il n'est pas affecté par la production laitière du lot, ni par les bilans énergétiques et
azotés.
3
Pourquoi s’est-on intéressé à l'urée du lait ?
NH3
excès
azote ration
urée foie
protéines
microbiennes
excès
catabolisme
protéines
sang
acides
aminés
rein
urine
synthèse protéines
mamelle
lait
recyclage
salive
Taux d'urée du lait
Source : Institut de l’Elevage.
La production d'urée dépend d'abord du bilan de l'azote dégradable dans le rumen
(excès d'ammoniac) et du niveau de couverture des besoins azotés de la chèvre. L’étude
bibliographique a montré que le taux d'urée du lait pouvait être également influencé par le
stade physiologique, le bilan énergétique et la production laitière. C’est ce que nous avons
essayé de vérifier au travers de cette étude dans des conditions d’élevage.
La conclusion de notre étude peut se résumer de la façon suivante :
Le Taux d’Urée du Lait de chèvre : un indicateur encore difficilement
utilisable sur le terrain
Ont participé à la réalisation de cette étude :
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