enseignant juif attaqué à Marseille pense que son

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enseignant juif attaqué à Marseille pense que son
L’enseignant juif attaqué à Marseille
pense que son agresseur voulait le
« décapiter »
« C’est grâce à la grosse Torah qu’il a brandie qu’il a pu détourner la
machette ! »
L’enseignant juif attaqué lundi à Marseille, dans le sud-est de la France, ne
pensait pas « sortir vivant » de cette agression antisémite et estime que le
lycéen turc de 15 ans d’origine kurde qui l’a blessé à coups de machette
voulait le « décapiter ».
La garde à vue de l’adolescent, qui a revendiqué devant les policiers avoir
agi « au nom d’Allah » et du groupe État islamique, a été prolongée de 24
heures mardi.
« Je lui disais d’arrêter de me frapper mais il continuait et je ne pensais
pas m’en sortir vivant », a déclaré sa victime, prénommée Benjamin Amsalem,
professeur dans une école juive du sud de Marseille, au quotidien régional La
Provence.
« Honnêtement, je ne sais pas comment je vais me relever de cette terrible
agression », a-t-il ajouté en estimant « devoir réfléchir » à l’éventualité
de ne plus porter la kippa.
L’avocat de cet enseignant de 35 ans, Me Fabrice Labi, a pour sa part
rapporté à l’AFP que son client lui avait dit : « J’ai eu le sentiment qu’il
voulait me décapiter, mais la machette était souple, il n’y avait pas de
prise et j’étais protégé par le blouson que je portais ».
Le procureur de Marseille, Brice Robin, avait précisé lundi que la lame de la
machette était émoussée, ce qui a pu limiter la gravité des blessures.
Selon le témoignage du professeur, son agresseur visait spécifiquement sa
tête avec sa machette, a poursuivi Me Labi. L’enseignant a décrit à son
conseil la « déferlante de coups » et le « passage à tabac » qu’il a subis.
Il s’est notamment protégé avec la Torah qu’il portait sur lui, a ajouté son
avocat.
L’agresseur, un lycéen turc d’origine kurde qui aura 16 ans dans les
prochains jours, était inconnu des services de renseignement français et se
serait radicalisé récemment « via internet », selon le procureur Robin.
Le parquet anti-terroriste de Paris s’est saisi de l’enquête sur cette
agression antisémite, survenue deux jours après l’anniversaire de l’attaque
contre un supermarché casher de Paris, dans laquelle quatre juifs avaient été
tués le 9 janvier 2015.
La communauté juive de Marseille, forte de quelque 70 000 membres sur 855 000
habitants, ce qui en fait la deuxième plus importante en France après Paris
et sa région, a été la cible ces derniers mois de deux autres agressions
antisémites.
Le 24 octobre, 4 personnes dont 3 juifs avaient été agressées près d’une
synagogue par un homme armé d’un couteau, qui a été condamné depuis à 4 ans
de prison, dont 18 mois avec sursis. Le 18 novembre, un autre enseignant juif
avait été agressé au couteau.
Mardi, la rentrée des classes dans l’école du professeur agressé la veille
s’est effectuée sous la surveillance de militaires, a constaté un journaliste
de l’AFP.
Le président du Consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, a « incité »
mardi les juifs de la ville à « enlever la kippa dans cette période trouble,
jusqu’à des jours meilleurs », au lendemain de l’agression à la machette d’un
professeur juif. « Aujourd’hui, devant la gravité des événements (…), il faut
prendre des décisions exceptionnelles, et, pour moi, la vie est plus sacrée
que tout autre critère », a déclaré Zvi Ammar. Aujourd’hui, « on est obligés
de se cacher un petit peu », a-t-il déploré, lui qui dit n’avoir « pas le
choix » et que cet appel lui fait « mal au ventre ».
« Malheureusement pour nous, on est ciblés : dès qu’on est identifiés, qu’on
est juifs, on peut être agressés et même risquer la mort. Là, on a franchi un
pas d’une extrême gravité », a ajouté ce responsable communautaire. L’État
fait « tout pour nous assurer le maximum de protection », a tenu à souligner
Zvi Ammar, mais « on ne peut pas demander plus. On ne va pas mettre un
policier, un gendarme ou un militaire derrière chaque juif ».
« Assurer la sécurité des juifs »
La communauté juive de Marseille compte quelque 70 000 membres sur une
population de 855 000 habitants, selon le Conseil représentatif des
institutions juives de France (Crif), ce qui en fait la deuxième plus
importante de France, derrière Paris et sa région, et une des plus nombreuses
d’Europe également. Interrogée sur la décision du président du Consistoire,
la présidente régionale du Crif, Michèle Teboul, a dit penser que « sur le
plan personnel, (…) il faut vivre normalement ». « Mais je ne peux pas ne pas
me plier (à cette décision) si c’est pour assurer la sécurité des juifs », at-elle ajouté.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a déclaré que cette recommandation
faite aux juifs de Marseille était un « cri d’émotion compréhensible », tout
en ajoutant : « Nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la
kippa. » De son côté, le président du Conseil représentatif des institutions
juives de France (Crif, organe politique), Roger Cukierman, a jugé que cette
incitation n’était « certainement pas une bonne idée ». « Cela traduit une
attitude défaitiste, de renoncement », a-t-il déclaré. Attitude partagée par
Richard ABITBOL, Président de la Confédération des Juifs de France et Amis
d’Israël (C.J.F.A.I).
»Les juifs de France doivent se sentir en sécurité »
« Nous devons réaffirmer, nous devons garantir au quotidien, partout sur le
territoire, la liberté de chaque citoyen, sa liberté, y compris de vivre sa
croyance. C’est ça, une République laïque », a réagi la garde des Sceaux,
Christiane Taubira, à sa sortie d’une réunion à Matignon pour faire le point
sur la situation après les attentats du 13 novembre. « Cette République
laïque, elle reconnaît la liberté de conscience, elle reconnaît aussi la
liberté de croyance et la République garantit l’exercice des cultes. Le
gouvernement y veillera, chacune, chacun a le droit d’avoir ses croyances »,
a-t-elle poursuivi. Les juifs de France peuvent-ils se sentir en sécurité ?
« Absolument, comme tout citoyen français, les juifs de France doivent se
sentir en sécurité » et doivent, « bien entendu », pouvoir porter la kippa
dans la rue, a répondu la garde des Sceaux. « Nous sommes solidaires de la
communauté. C’est à la communauté de prendre ses dispositions », a déclaré
pour sa part le sénateur-maire (Les Républicains) de Marseille, Jean-Claude
Gaudin.
Un enseignant juif de 35 ans, portant la kippa, se rendait lundi matin dans
l’établissement privé marseillais où il enseigne quand il a été attaqué à la
machette par un adolescent turc d’origine kurde de 15 ans. Le professeur
s’est défendu et n’a été blessé que légèrement. L’auteur des faits, qui a dit
aux policiers avoir agi « au nom d’Allah » et du groupe État islamique, a
quitté mardi après-midi les locaux de la police marseillaise pour être
transféré à la sous-direction antiterroriste à Levallois (Hauts-de-Seine). Le
suspect, dont la garde à vue ne peut dépasser quarante-huit heures en raison
de son âge, devrait ensuite être présenté à un juge d’instruction
antiterroriste pour une possible mise en examen.
Source : L’enseignant juif attaqué à Marseille pense que son agresseur
voulait le « décapiter »