Loisirs | « Peut-être au bord de la faillite

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Loisirs | « Peut-être au bord de la faillite
Vincent Helfer (à gauche), sa femme Jessica et ses deux apprentis ont réalisé une banderole et craignent pour leur emploi. PHOTO
DNA – Véronique KOHLER
Vincent Helfer, 31 ans, s’est installé à son compte il y a deux ans à Retschwiller, en outre-Forêt en
investissant 700 000 !. Avec cette hausse de la TVA, il craint de se retrouver au bord de la faillite et
manifestera ce matin.
« Dans le milieu agricole , nous sommes les seuls à taux plein et notre diplôme n’est même pas reconnu par le milieu. Comme
professionnels, nous ne touchons pas d’argent public », râle Vincent Helfer, qui a fondé en 2011 l’écurie Refleh à Retschwiller pour 700 000 !
sans avoir touché aucune aide financière et avec une partie de sa famille impliquée comme garant.
Si l’an dernier il a pris sur lui pour ne pas répercuter la hausse de 2 % de la TVA, cette fois-ci, 13 %, c’est trop. « On fait 15 % de marge. Si
j’absorbe les 13 %, il me reste 2 % pour vivre avec ma femme et mes deux enfants. Déjà que l’an dernier, j’ai déclaré 5 500 ! aux impôts »,
fait-il remarquer.
Le futur semble bien noir pour celui qui travaille 365 jours par an auprès d’une cinquantaine de chevaux et poneys dans une écurie qui
décroche de nombreux prix. « Je devrai licencier un des deux apprentis, vendre 3-4 poneys et des chevaux (dont le prix va baisser), diminuer
les dépenses en nourriture, aller moins souvent chez le vétérinaire et ferrer les chevaux de concours uniquement… C’est le bien-être du
cheval qui en pâtit ! » Des clients ont déjà fait savoir qu’ils retireront leurs protégés ou viendront moins souvent, comme les IME qui n’auront
pas plus de crédits. Les pourparlers avec le centre pour autistes de Soultz-sous-Forêts ont été stoppés après cette annonce. « J’ai un crédit
de 4 000 ! par mois, je serai peut-être au bord de la faillite. Mais si je dépose le bilan, personne ne va acheter ! », se plaint le champion
d’Alsace qui espère un plus grand soutien des élus.
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publiée le 16/11/2013 à 05:00
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Propriétaires du club, de chevaux et cavaliers, même combat ! PHOTO DNA
Créée en novembre 2008, l’écurie de la Renardière n’a cessé de se développer pour le plus grand bonheur de ses cavaliers et des
propriétaires qui avaient suivi Géraldine et Christophe Fritz depuis leur déménagement de l’Ile du Rhin au printemps de la même année. Dès
le 1er février 2009, l’association des cavaliers de la Renardière était créée avec pour objet la promotion des activités équestres, de seconder
les initiatives et l’accompagnement du club dans ses manifestations festives. Cette année, la cinquième bougie de ce partenariat a été
soufflée et le projet de construction du manège en est le projet phare.
Plus de 200 licenciés, âgés de 3 à 86 ans, fréquentent cette jeune école d’équitation… Passionnés, les propriétaires de l’écurie ont pour
ambition de partager leur amour du cheval, dans une ambiance qu’ils ont souhaité la plus familiale et amicale possible. Installés dans un
ancien corps de ferme qu’il a fallu aménager pour que plaisir, confort et sécurité apportent un cadre d’apprentissage idéal et un hébergement
adapté aux équidés, il reste encore du travail, mais cette augmentation de la TVA a jeté un froid. Ce qui révolte tous ces passionnés, c’est
que la politique de démocratisation des sports équestres avait porté ses fruits et permis d’élargir le public, de créer des emplois tant dans les
clubs (palefrenier, moniteurs…) qu’autour (élevages, soins…). Désormais, il ne sera plus question d’embauche pour les uns, d’achat pour les
autres. « La dynamique va être cassée, les investissements humains et matériels seront reportés, voire annulés. Les forfaits ou les cartes
verront leur tarif changer et les pensions vont augmenter d’une quarantaine d’euros supplémentaires chaque mois. » Géraldine et Christophe
vont néanmoins continuer à se battre aux côtés des cavaliers, s’adapter et poursuivre leurs efforts. Ce sera dur ! Mais ils comptent sur un
aménagement de cette mesure impopulaire.
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« Peut-être au bord de la faillite »
publiée le 16/11/2013 à 05:00
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Si les jeunes cavaliers ont toujours le sourire avant de monter à cheval, leurs moniteurs, eux, font actuellement plutôt la grimace.
Photos DNA – G.B.
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Pour se mettre aux normes européennes, la TVA des centres équestres français sera revue à la hausse.
Elle passera ainsi de 7 % à 19,6 % au 1er janvier 2014. Une forte augmentation qui ne sera pas sans
conséquences sur les structures privées comme celles de Geiswiller ou Stambach. Les clubs
hippiques associatifs, eux, sont épargnés.
La barre va monter brusquement au 1er janvier 2014. Avec le changement d’année, la TVA dans les centres équestres passera de 7 % à…
19,6 % ! Un taux rendu obligatoire pour que la France se mette aux normes européennes. Cette augmentation fait ruer dans les écuries
françaises, où beaucoup ne voient pas comment franchir cet obstacle sans dégâts. Le groupement hippique national (GHN) annonce même
les chiffres de 6 000 emplois et 2 000 clubs directement menacés par cette mesure.
« Je comptais prendre un moniteur à temps partiel. Désormais, tout est remis en cause »
Au centre équestre de la Zorn à Geiswiller, cette nouvelle a été une véritable douche froide. Alors que le club hippique vient de fêter ses deux
ans et avançait d’une bonne foulée en approchant les 300 cavaliers, son propriétaire, Jean-Jacques Lanois, craint que cette mesure ne bride
son développement pour une durée indéterminée. « J’avais le projet d’agrandir avec un nouveau bâtiment de 180m2 pour les poneys.
Aujourd’hui, c’est en attente », annonce-t-il. Tout comme l’embauche de salariés : « J’emploie une soigneuse d’équidés depuis septembre
avec l’idée de la former comme assistante monitrice. Je comptais aussi prendre un moniteur à temps partiel. Désormais, tout est remis en
cause. »
Jean-Jacques Lanois est d’autant plus amer que « cette hausse phénoménale » ne lui profitera nullement. « Il n’y a rien pour l’entreprise,
c’est un véritable gouffre pour nous. Si au moins ils avaient échelonné cette hausse dans le temps, ça aurait été plus facile à gérer… » Même
avis de Pierre Jacob, responsable du domaine équestre de Stambach : « Une hausse de 13 points de TVA d’un coup, c’est énorme ! » Il
n’aura donc pas le choix : elle sera répercutée sur ses tarifs, annonce-t-il.
Alors qu’il avait refusé de le faire lors la précédente augmentation de TVA en 2012 (passant de 5,5 % à 7 %), Jean-Jacques Lanois devra
désormais s’y résoudre. Pire : « Pour rester attractif et ne pas trop faire peur aux clients, je dois même baisser nos marges. » L’heure de
monte (entre 10 ! et 12 ! ) sera donc facturée environ 1,50 ! plus cher. Les prix des pensions de chevaux subiront aussi la hausse. Avec le
risque de perdre des cavaliers et des propriétaires. « Certains font déjà des efforts financiers pour monter à cheval. Là, ils auront du mal à
continuer », indique Jean-Jacques Lanois.
Des cavaliers qui risquent de réduire leurs nombres de leçons
Pour rester dans leur budget et éviter de descendre définitivement de cheval, Pierre Jacob pense qu’une partie des cavaliers réduira leur
nombre d’heures de cours d’équitation. Ce que certains font déjà depuis plusieurs mois : « Cette année, on sent vraiment la crise. On
constate que les loisirs ne sont plus la priorité », note le gérant du domaine de Stambach.
Les stages habituels des dimanches et des vacances à Geiswiller risquent également de ne plus afficher complet. Ce qui ne sera pas sans
conséquence sur le chiffre d’affaires. « On nous pousse à la décroissance ! » s’exclame Jean-Jacques Lanois.
Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule au grand galop, ce dernier craint en plus de perdre ses jeunes cavaliers du mercredi matin à
cause des nouveaux rythmes scolaires de l’année prochaine. Et tend la main vers le groupe scolaire voisin, à Wickersheim, pour des activités
extrascolaires qui seraient les bienvenues afin de combler ces pertes.
Si financièrement il s’apprête à vivre des temps difficiles, et contrairement à Pierre Jacob à Stambach, Jean-Jacques Lanois ne craint pas
encore pour la survie de son centre équestre. « Les petites structures avec un chiffre d’affaires très réduit vont être obligées de fermer,
assure-t-il. Moi, je peux décroître un peu, au prix d’un niveau de vie redoutable, de la fin des investissements et de la vente de chevaux. »
Mais une de ses grandes craintes est de voir l’équitation redevenir un sport de luxe après des années de travail de démocratisation. « C’est
démoralisant… »
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Les clubs associatifs encore à l’abri
Un coup dur pour la démocratisation
par Guénolé BARON, publiée le 14/11/2013 à 05:00
La hausse de la TVA entraînera mécaniquement une baisse d’activité, redoutent les centres équestres. Photo archives DNA
Pour répondre aux injonctions de Bruxelles, la TVA sur l’équitation va passer de 7 à 20 %. Pour
protester contre cette hausse qui menacerait un tiers de la filière équestre, des cavaliers alsaciens
manifesteront ce samedi à Strasbourg.
L’affaire secoue le milieu depuis 2008 quand l’Union européenne a enjoint les pays membres qui appliquent une TVA réduite aux activités
équestres, de l’aligner sur la fiscalité des autres sports. La France est concernée au premier chef, elle qui assujettit l’équitation au même taux
que l’alimentation : la TVA devra donc passer de 7 % à 20 % au 1er janvier prochain (le décret a été publié mercredi au journal officiel).
Pour protester contre cette hausse, avec le soutien du syndicat GHN (groupement hippique national), des manifestations se sont multipliées
un peu partout en France; à Paris lundi, à Toulouse et Montpellier, mardi.
La cavalerie dans les rues
A Strasbourg, une manifestation est prévue ce samedi matin à l’initiative de centres équestres professionnels. Quatre mille cavaliers,
chevaux et poneys sont attendus par les organisateurs dans les rues de Strasbourg pour un défilé allant de la place de l’Étoile (départ vers
10 h) à la place de la République via les quais. « Bien que moins concernés, plusieurs clubs associatifs participeront également par solidarité,
indique Dominique Klein, une des organisatrices de la manifestation. Car cette hausse intervient alors même que notre activité est à but
éducatif et social, et qu’on nous demande d’ouvrir le sport au plus grand nombre ». Avec quelque 20 000 licenciés et près de 200 clubs
(professionnels à 55 %), l’équitation représente le 3e sport en Alsace « et a beaucoup à perdre. L’État dit qu’il va nous indemniser, mais avec
quoi ? », interroge encore la gérante des Écuries de la Basse Zorn à Weyersheim.
« La préoccupation des manifestants est bien réelle, confirme le comité régional d’équitation d’Alsace qui préfère toutefois la négociation à la
démonstration. On veut tous éviter le renchérissement de l’accès à l’équitation et la baisse de fréquentation, surtout après tous les efforts de
démocratisation qui ont été faits ». « La filière qui représente 40 000 actifs et salariés en France va perdre 6 000 emplois et fermer 2 000
établissements équestres pour une mesurette qui va rapporter trois sous à l’État », s’est indigné mercredi le président de la Fédération
française d’équitation (FFE), Serge Lecomte, malgré les aménagements annoncés la veille par Pierre Moscovici.
Des aménagements obtenus au ministère
Le ministre de l’Économie a proposé que « les contrats conclus avant le 31 décembre 2013 continuent à bénéficier du taux réduit jusqu’à leur
terme » mais au plus tard fin décembre 2014.
De plus, « une aide aux centres équestres » va être mise en place via un « fonds cheval » piloté par les représentants de la filière.
Selon le ministre, les deux mesures vont permettre d’absorber les deux tiers des coûts liés à la hausse de la TVA. Le dernier tiers devant être
absorbé sur la marge ou répercuté sur le consommateur, a-t-il indiqué, estimant ce surcoût à 60 centimes de l’heure.
Enfin, « la France défendra la possibilité d’appliquer un taux réduit aux activités équestres dans le cadre de la révision de la directive TVA » à
Bruxelles, a poursuivi le ministre.
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Rendez-vous ce matin, parc de l’Étoile
par Simone Wehrung, publiée le 16/11/2013 à 05:00
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En ce samedi matin, la gêne occasionnée en ville a été relativement limitée. Photo DNA – J.-C. Dorn
Une quarantaine de chevaux et un petit millier de personnes ont défilé, ce samedi matin à Strasbourg,
contre une TVA sur l’équitation à 20 %.
À l’instar d’autres régions plus tôt dans la semaine, la filière équestre en Alsace rameutait les troupes ce samedi pour donner de la visibilité à
son combat. À savoir, l’opposition au passage de la TVA, dans ce domaine, de 7 à 20 %.
« La hausse sera forcément répercutée sur les usagers »
Dès le début de la matinée, une quarantaine de chevaux et poneys ainsi qu’au moins 800 personnes convergeaient vers la place de l’Étoile.
Centres équestres, organismes de tourisme équestre, éleveurs de toute l’Alsace étaient présents. Ainsi que des représentants du milieu
hippique (hippodromes de Hoerdt et de Wissembourg) et du centre de formation aux métiers du cheval d’Obernai.
À partir de 10 h, le circuit en ville, vers la place de l’Université en suivant les quais puis en direction de la préfecture, a surpris les passants.
Autoproclamée Horde d’Alsace (comme section régionale de la Horde Française), la cavalcade a été plus une manifestation bon enfant
qu’une équipée sauvage. Les organisateurs ont même veillé à ce que les équidés ne massacrent pas le gazon aux alentours des rails du
tram.
« Nous faisons partie du monde agricole et nous serions les professionnels les plus taxés dans cette catégorie socio-économique », explique
Carole Potié, chargée de mission de la filière dans la région. « Les centres équestres n’auront pas d’autres choix que de répercuter cette
hausse sur les usagers ». « Pour les éleveurs, poursuit la jeune femme, c’est encore pire. Le calcul a été fait : les 13 % d’augmentation de la
TVA correspondent tout juste à leurs bénéfices actuels. On peut imaginer qu’ils ne poursuivront pas leur activité à perte ».
Trafic légèrement perturbé
Dans l’attente des « compensations » annoncées mardi par le ministre de l’Économie et des finances Pierre Moscovici, la Horde d’Alsace a
occupé le pavé un moment avec force banderoles et slogans. « Du cheval, pas des lasagnes », pouvait-on lire notamment sur les pancartes,
alors qu’une délégation était reçue en préfecture.
Cette longue occupation de la place de la République s’est faite avec accumulation régulière de trams en chapelets, dans l’attente du
déblocage des voies. Sans trop de mouvements d’humeur de la part des usagers desdites rames. Qui devraient, eux aussi, être mis à
contribution en 2014 pour une hausse de la TVA… sur les transports.
par MSK, publiée le 17/11/2013 à 05:00
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