Impacts de l`intensification agricole sur la qualité des eaux
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Impacts de l`intensification agricole sur la qualité des eaux
Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 13 IMPACTS DE L’INTENSIFICATION AGRICOLE SUR LA QUALITE DES EAUX DE SURFACE ET DES EAUX SOUTERRAINES H. Keddal1 & J. Yao N’dri2 I . POURQUOI S’EN PREOCCUPER? 1.1 L’eau, une ressource indispensable et menacée Quelques chiffres et tendances: La consommation d’eau mondiale se chiffre à 5 500 km3 par an alors que le volume total de captage est estimé à 3 300 km3. Une grande partie des besoins en eau est donc couverte part les précipitations. • Depuis 1900, la quantité d’eau douce prélevée a été multipliée par six quand la population mondiale était multipliée par deux. • La consommation d’eau ne cesse d’augmenter sous l’effet du développement économique et démographique. • L’usage de l’eau est multiple: agricole, industriel, domestique, loisir, navigation, etc. • L’eau se raréfie dans de nombreuses régions du monde (Afrique du nord, Inde, Israël, pays du Golf Persique, etc.). • L’eau consommée ne disparaît pas. Elle est en partie restituée, d’une façon ou d’une autre, au cycle de l’eau mais elle n’a plus forcément la même qualité car certains usages polluent l’eau. 1.2 l’agriculture est l’activité économique la plus consommatrice d’eau Selon la FAO, l’agriculture est l’activité économique la plus consommatrice d’eau puisqu’elle prélève à elle seule près de 70 % de toute l’eau mobilisée des cours d’eau, lacs et nappes souterraines à travers le monde, pouvant atteindre jusqu’à 95 % dans les apys en développement (Water at a Glance : http://www.fao.org/ag/agl/aglw/WaterTour/indext_en.htm). L’irrigation, principale consommatrice d’eau Evolution de la consommation d’eau par secteur d’activité en km3 Evolution du volume d’eau douce disponible par habitant et par an en millier de m3 Source : UNESCO, 2001 du secteur agricole, a pour vocation de favoriser une activité agricole stable en l’affranchissant, au moins partiellement, des aléas climatiques. Dans certains pays tels que ceux du pourtour méditerranéen, les conditions climatiques ont exigé l'irrigation et favorisé l'utilisation croissante des engrais et pesticides afin d’améliorer et stabiliser les rendements agricoles (FAO, 1996). Dans ces pays, il est établi une forte corrélation entre la pratique de l’irrigation et la dégradation du milieu telle que la remontée de sels. Le tableau ci-après présente l’exemple de l’utilisation de l’eau pour l’agriculture en Afrique. Tableau 1 : L’irrigation en Afrique Pays Afrique du Sud Algérie Burkina faso Cameroun Prélèvements en eau annuels Année Total (Mm3) Agriculture (Mm3) % du total 12496 6074 800 985 7836 3938 690 728 63 65 86 74 13 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 2000 2000 2000 2000 1. Ingénieur consultant en génie rural 2. Jean Yao N'dri éleve Ingénieur Au CRESA/IAV Hassan II Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 14 Tableau 1 : L’irrigation en Afrique (cont.) Congo Côte d'Ivoire Egypte Erythrée Ghana Kenya Maroc Mauritanie Niger Nigeria Centrafrique Sénégal Tchad Tunisie Afrique 2002 2000 2000 2004 2000 2003 2000 2000 2000 2000 2000 2002 2000 2000 46 931 68300 582 982 2735 12607 1698 2186 8004 22 2221 230 2640 214814,4 4 604 59000 550 652 2165 11010 1500 2080 5507 1 2065 190 2165 184349,1 9 65 86 94,5 66 79 87 88 95 69 5 93 83 82 86 Source : Enquête AQUASTAT 2005 (http://www.fao.org/ag/agl/aglw/aquastat/institutions/index.htm). 1.3. L’intensification agricole: un pari d’accroître la production et de préserver les ressources naturelles agricole n’assure pas forcément un accroissement de la productivité. L’intensification agricole est un investissement accru en travail et en capital par unité de surface cultivée. Il est ainsi possible d’identifier différentes voies pour une intensification agricole. Dans les pays industrialisés, la substitution du capital au travail, a entraîné une formidable augmentation de la productivité, permettant à moins de 5% des actifs de nourrir le reste de la population et même d’exporter des produits agricoles. Dans les pays non industrialisés, le principal mode d’intensification agricole est celui qui résulte d’un surcroît de travail investi par unité de surface cultivée car le recours au capital est très limité. C’est ce mode d’intensification qui est pratiqué en Afrique et nécessite une densité de population élevée pour assurer la force de travail. Dans les pays industrialisés, l’intensification agricole passe par l’investissement en capital; c’est à dire l’acquisition de matériels, la construction de bâtiments, l’utilisation d’intrants et de semences améliorées, les changements technologiques, la réalisation d’infrastructures ou d’aménagements agricoles importants par des entreprises, au point que désormais l’installation en agriculture y devient une entreprise extrêmement difficile pour celui qui ne dispose pas d’un capital de départ conséquent. Entre ces deux voies d’intensification, il existe de nombreuses options, notamment la combinaison des facteurs de production tels que la terre, la main d’œuvre et le capital disponible dans les pays émergeants où l’on observe une modernisation de l’agriculture. C’est le cas au Maroc ou en Tunisie où la modernisation s’accompagne d’une substitution progressive du capital au travail. Généralement, l’intensification agricole s’accompagne d’une augmentation du rendement des cultures et permet de rentabiliser les investissements, ce qui assure la durabilité du processus. En revanche, l’intensification Les résultats positifs qu’engendre l’intensification à travers le surcroît de la production agricole ne doivent pas faire perdre de vue les impacts négatifs que certaines de ses composantes pourraient avoir sur l’environnement et en particulier sur la qualité des ressources en eau. II. RELATION INTENSIFICATION AGRICOLE POLLUTION DES EAUX L'agriculture est actuellement à l'origine d'une pollution de l’eau préoccupante dans certaines régions d'Europe et des États-Unis, et dans d’autres pays comme l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, mais surtout dans les pays méditerranéens où, pour des raisons climatiques défavorables, l’irrigation avec des eaux de qualité parfois médiocre constitue un impératif technique incontournable (OCDE, 2004). La pollution des eaux d’origine agricole est généralement liée aux nitrates ou aux phosphates. La mise en évidence de la pollution causée par les pesticides (herbicides, insecticides et fongicides) étant récente (Carluer et al., 1996). Les normes internationales de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixent à 50 mg/l la concentration maximale admissible en nitrates dans les eaux de consommation et 25 mg/l comme valeur de référence (http://www.who.org/). Quant aux nitrites, la valeur 14 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 15 acceptable est fixée à 3 mg/l. La directive européenne 80/778 fixait à 50 mg/l la concentration maximale admissible en nitrates et à 0.1 microgramme par litre les concentrations maximales en pesticides par substance individualisée, et à 0.5 mg/l pour le total des substances. Source : MRT/ORMVAT, Maroc 2.1. La pollution des eaux 2.1.1. Définition Pollution des eaux: «le rejet de substances ou d'énergie effectué par l'homme dans le milieu aquatique, directement ou indirectement, et ayant des consé-quences de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources vivantes et au système écologique aquatique, à porter atteinte aux agréments ou à gêner d'autres utilisations légitimes des eaux.» (Directive 76-464-CEE du 04/05/76 concernant la pollution causée par certaines substances dangereuses). Pour en savoir plus: http://www.admi.net/eur/loi/leg_euro/fr_376L0464.html. La pollution peut ainsi se définir par rapport à des situations de référence variées : - pour l'écologue, il s'agit de la dégradation du milieu «eau» par l'introduction d'un agent altéragène. Cet agent, substance ou facteur (biologique, chimique ou physique), provoque, à partir d'une certaine concentration ou intensité, une altération gênante ou nuisible de ce milieu. - pour l'utilisateur, l'eau est polluée quand sa qualité ne correspond plus aux exigences de certains usages (domestiques, agricoles ou industriels) (CNRS Strasbourg,eau et environnement). 2.1.2 Sources de la pollution La pollution des eaux de surface et des nappes souterraines par les nitrates, les phosphates et les pesticides peut avoir deux origines: - La pollution ponctuelle qui est due à des rejets directs dans le milieu. Elle peut être accidentelle (fuites, accidents de stockage, débordement de cuve, mauvaise gestion des fonds de cuve, pulvérisation en bout de champ, etc.), provenir du déversement direct de certaines unités d’élevages intensifs ou des agro-industries, du rejet des eaux de drainage à l’aval des terres irriguées. - La pollution diffuse qui est consécutive à de mauvaises conditions d'épandage et causée par le ruissellement et le lessivage (lixiviation) des terres agricoles. 2.1.3. Typologie Plusieurs types de pollution sont distingués en fonction de la source de la pollution: • Pollution domestique engendrée par les rejets liquides et solides urbains; (pollution par le milieu rural). • La pollution industrielle générée par les effluents d’eaux usées industrielles (eaux de refroidissement des centrales thermiques, rejets des unités agroindustrielles, eaux de lavage) et les divers produits toxiques industriels. • Pollution accidentelle (fuites lors d’entreposage de produits chimiques solubles, accidents). • Pollution naturelle induite par le contact des eaux souterraines avec les formations salifères. • Pollution agricole au sein du domaine hydro-agricole qui serait due (i) aux apports massifs et pas toujours parfaitement dosés des engrais et potentiellement des pesticides, à l’irrigation par des eaux de qualité physico-chimique médiocres, (ii) à la mauvaise gestion des eaux de drainage et (iii) aux effluents d’élevage. 2.2. Effets de l’intensification agricole 2.2.1. La fertilisation L’intensification agricole s’accompagne généralement d’un accroissement significatif de la fertilisation définie comme étant l’ensemble des amendements (engrais de ferme et engrais chimiques) apportés aux terres pour assurer aux plantes des compléments d’éléments nutritifs nécessaires à leur croissance de manière à améliorer et augmenter le rendement et la qualité des cultures. Généralement, les engrais sont incorporés au sol, mais dans certains cas, ils peuvent être apportés soit par l’eau d’irrigation aussi bien pour les cultures de plein champs que pour les cultures hors sol (sur substrat plus ou moins inerte) soit par voie foliaire en pulvérisation pour les engrais solubles si les feuilles restent longtemps humides. • Les apports d'azote proviennent de plusieurs sources 1) Apports d’azote organique Ils sont essentiellement d’origine animale ou végétale. Les premiers sont des effluents d'élevages ou des rejets d’abattoir ou de poissonnerie. Ils apportent de l’azote à décomposition lente et favorisent la multiplication rapide de la vie microbienne du sol. Les seconds peuvent être des résidus végétaux, compostés ou non, des plantes cultivées (engrais verts), du fumier (litière végétale). Les engrais verts peuvent être des 15 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 16 Tableau 2 : Estimation du bilan de l'azote à la surface du sol1 : 1985 -1987 à 1995 -1997(suite) Pays Canada Corée Nvelle-Zélande Irlande Etats Unis Australie Portugal Espagne Norvège OCDE (2) Islande (3) Belgique Japon France UE-15 (4) Pays-bas Bilan de l'azote kg/ha du total des terres agricoles 1985-1987 1995-1997 6 13 173 253 5 6 62 79 25 31 7 7 62 66 40 41 72 73 23 33 7 7 189 181 145 135 59 53 69 58 314 262 Bilan de l'azote kg/ha du total des terres agricoles 1985-1987 1995-1997 78 64 107 86 35 27 154 118 80 61 47 34 28 20 17 12 44 31 88 61 58 38 48 29 99 54 91 36 47 -15 Pays Finlande Royaume-Uni Autriche Danemark Suisse Suède Mexique Turquie Italie Allemagne (5) Grèce Pologne Rép-Thèque (6) Rép-Slovaque Hongrie Source: OCDE (2001), Indicateurs environnementaux pour l’agriculture, Volume 3. Notes : 1. Le bilan de l’azote à la surface du sol établi par l’OCDE est la différence entre l’azote disponible pour un système agricole et l’absorption d’azote par l’agriculture. 2. Moyenne de l'OCDE, à l’exclusion du Luxembourg. 3. La moyenne 1995-97 correspond à 1995. 4. Moyenne de l'UE-15, à l’exclusion du Luxembourg. 5. Comprend l'Allemagne orientale et occidentale pour toute la période 1985-97. 6. Les données pour la période 1985-92 correspondent à la partie tchèque de l'ex-Tchécoslovaquie. légumineuses tels que le trèfle et la luzerne dont les bactéries associées à leur système racinaire (du genre rhizobium) permettent la fixation de l’azote atmosphérique et l’enrichissement du sol en azote assimilable. 2) Apports d'engrais minéraux Il s’agit des engrais de synthèse vendus sur le marché. Ils peuvent exister sous forme de nitrate, mais généralement sous forme d’ammoniac (NH3). Par nitrification (phénomène par lequel les bactéries du sol transforment l’ammoniac en nitrite puis en nitrate), l’azote se retrouve sous la forme de nitrate (NO3-) qui est la forme oxygénée de l'azote. Cette molécule est très soluble et son excès peut être lessivé et retrouvé dans les cours d'eau et les nappes phréatiques. La consommation mondiale d’engrais en 1999 s’était élevée à 141,4 millions de tonnes (AQUASTAT). Dans l’Union Européenne, la prime à l’irrigation conjuguée à l’important soutien financier des prix de la Politique agricole commune (PAC) instituée en 1992, a favorisé l’intensification agricole et l’utilisation massive des engrais d’origine chimique. Les excès de ces produits chimiques se retrouvent dans les cours d’eau et Tableau 3 : Principaux pays consommateurs d’engrais chimiques Pays Chine Etats-Unis inde Brésil France Allemagne Pakistan Indonésie Consommation d'engrais (Mm ) 36,7 19,9 18,4 5,9 4,8 3 2,8 2,7 Pays Canada Espagne Australie Turquie Royaume-Uni Viêt-Nam Mexique 2,6 2,3 2,3 2,2 2 1,9 1,8 3 3 Consommation d'engrais (Mm ) Source : Engrais – Wikipédia 16 Mm 3 = Millions de m 3 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 17 Tableau 4 : Consommation d’engrais chimiques en Afrique de l’ouest Pays Benin Burkina Faso Côte d'Ivoire Gambie Ghana Guinée Consommation d'engrais chimiques (x100g/ha) 1994-1996 146 69 224 49 43 16 Pays Mali Mauritanie Niger Nigeria Sénégal Togo Consommation d'engrais chimiques (x100g/ha) 1994-1996 83 195 17 82 78 59 Source : PNUE/REDDA, 2002 Tableau 5 : Consommation d’engrais dans quelques pays de la Méditerranée Pays Maroc Agérie Tunisie Espagne Quantités moyennes d'engrais (Kg/ha) 1997 32 12 29 108 Source : ANAFIDE ,revue HTE V35 , n°131 pp74, 2005 nappes souterraines (Commission des Communautés Européennes, 1999). En Europe Occidentale, 90% des cultures reçoivent en moyenne plus de 100 unités d’azote par an et par hectare. d’autre part, améliorer ou préserver la qualité des produits agricoles. Par ailleurs, leur utilisation limite le recours à la main-d'oeuvre agricole (Commission des Communautés Européennes, 2002). Très globalement, on estime qu’environ 50 % de l’azote apporté par les engrais est absorbé par la culture, 25 % est temporairement immobilisé dans le sol, les 25 % restant sont perdus par volatilisation, dénitrification (réduction des nitrates en azote gazeux), ou lessivage (filtrage des molécules à travers le profil pédologique) (Traité d’irrigation : Martinez et Diamond, 1984). Les produits commercialisés sont très nombreux: en 1994, 8.763 spécialités commerciales étaient homologuées, contenant 906 molécules (Traité d’irrigation: Larguier et al., 1994). • Effets sur l’environnement Les engrais organiques ou minéraux, lorsqu’ils sont appliqués en trop grande quantité par rapport aux besoins des plantes et à la capacité de rétention des sols, sont des causes majeures de la pollution de l’eau potable (liée à la toxicité des nitrates) ou de l’eutrophisation des eaux douces et marines à travers le lessivage des éléments solubles, soit vers la nappe phréatique soit, vers les cours d’eau par ruissellement. 2.2.2. Les produits phytosanitaires L'utilisation de produits phytosanitaires «insecticide, herbicide et fongicide» est destinée à maîtriser le développement d'organismes cibles tels que les parasites et les moisissures. Les agriculteurs utilisent ces produits pour, d’une part, améliorer ou maintenir les rendements en éliminant ou en réduisant aussi bien la compétition avec les mauvaises herbes que les attaques de ravageurs, et, L'Union Européenne, avec 320 000 tonnes de substances actives, représente actuellement un quart du marché mondial. Les principaux types de produits sont les fongicides (environ 43% du marché), suivis des herbicides (36%), des insecticides (12%) et des autres pesticides (9%) (Commission des Communautés Européennes, 2002). • Effets sur l’environnement L’application des produits phytosanitaires peut présenter des risques pour les ressources en eau soit par contamination ponctuelle lors de la manipulation des produits (débordement de pulvérisation en bout de champ, mauvaise gestion des fonds de cuve, remplissage ou rinçage des pulvérisateurs) ou lors de l’entreposage (fuite), soit par contamination diffuse après l’application des produits, par ruissellement vers les eaux de surface ou par infiltration vers les eaux souterraines. Les effets des produits phytosanitaires sur les eaux sont étudiés par l’analyse de leur toxicité et de leur processus de dégradation dans l’eau (effet de rémanence) ou de leur influence sur les poissons. Tableau 6 : Consommation de pesticides en Afrique de l’ouest Pays Burkina-Faso Gambie Ghana Guinée Sénégal Togo Consommation de pesticides (g/ha) 1994-1996 1 29 16 147 214 97 Source : PNUE/REDDA, 2002 17 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 18 Tableau 7: Utilisation de pesticides dans l’agriculture1 Pays Pologne Turquie Grèce Portugal Canada Italie Espagne UE-15 Mexique Irlande Etats Unis OCDE (2) Corée Rép-Slovaque France Nouvelle Zélande Royaume-Uni Belgique (3) Allemagne Suède Japon Finlande Autriche Suisse Rép-Thèque Norvège Danemark Pays Bas Hongrie Tonnes de matière active 1990-92 2000-02 6 507 9 366 11 967 17 129 8 193 11 365 12 457 15 462 33 964 41 980 69 550 79 408 36 849 39 883 324 544 342 949 36 000 38 037 2 043 2 124 325 226 332 181 815 484 829 019 28 097 27 838 3 694 3 596 95 281 92 263 3 490 3 368 34 060 32 873 10 246 9 386 32 629 29 248 1 897 1 700 89 112 73 618 1 727 1 401 4 206 3 348 2 120 1 555 6 699 4 460 912 573 4 948 2 931 17 744 9 199 18 554 6 711 Notes : 1. Il convient d'être prudent en comparant les tendances entre les pays, car les définitions, les champs couverts par les données et les périodes considérées peuvent différer d'un pays à l'autre. Les données pour la moyenne 1990-1992 correspondent à: Canada : 1990 Grèce : moyenne de 1989, 1991 et 1992 Mexique : 1993 Portugal : 1996 République slovaque : 1991-93 Turquie: 1993-95 UE-15: avec des estimations pour Grèce et Portugal en 1990. Les données pour la moyenne 2000-02 correspondent à : Belgique et Mexique : 1998-2000 Canada : 1999-2000 Corée, Irlande, Italie, Japon et Portugal : 1999-2001 États-Unis : 1997-99 Turquie : 2000-01 UE-15 : 1999-2001, avec des estimations pour la Belgique en 2001 OCDE : 1997-99. 2. A l’exclusion de l’Australie et de l’Islande. 3. Y compris le Luxembourg. • améliorer les rendements agricoles, • garantir la sécurité alimentaire. A ce titre, plusieurs équipements ont été mis en place pour la mobilisation des ressources en eau et leur répartition au niveau des cultures. La répartition de cette eau à la parcelle est assurée par plusieurs techniques d’arrosage dont les principales sont : - l’irrigation gravitaire ou irrigation de surface; - l’irrigation par aspersion; - l’irrigation localisée; - l’irrigation souterraine par réseau de drainage ou sub-irrigation. Source : Données OCDE sur l’environnement La demande alimentaire croissante ainsi que les politiques encourageant la production et les changements technologiques et économiques ont abouti à une nette intensification de l'activité agricole et à l'exploitation de terres écologiquement fragiles, engendrant dans certains cas des effets dommageables sur l'environnement. Ces effets englobent principalement la pollution de l'eau et la dégradation des sols. 2.2.3. L’irrigation Source : AGR, Maroc Le recours à l’irrigation a été rendu nécessaire pour: • faire face aux insuffisances des précipitations, • garantir une production agricole régularisée et diversifiée, AGR 18 : Administration du Génie Rural; Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 19 3.1.1. Les risques d’une pollution liée aux systèmes d'irrigation Les risques de pollution par l'irrigation dépendent, pour une grande part, des méthodes pratiquées et systèmes d'irrigation utilisés. Source : PNTTA, Maroc Source : Couverture Traité d’irrigation Irrigation de surface Source : PNTTA, Maroc PNTTA : Programme National de Technologie en Agriculture Transfert de Le développement durable de l’agriculture irriguée dépend largement des progrès et des innovations dans les techniques d’irrigation (irrigation sous-pression, irrigation de surface et irrigation localisée), de leur adaptation aux différents systèmes d’irrigation et de leur appropriation par les agriculteurs. • Effets sur l’environnement L’irrigation en elle-même n’est pas mauvaise car c’est une technique innovatrice qui permet à l’agriculteur de se libérer de la dépendance des aléas climatiques en matière de pluviosité dans la conduite de ses activités. Cependant, l’irrigation peut avoir des effets négatifs sur l’environnement, en particulier sur la qualité des eaux superficielles et souterraines à travers soit la mauvaise qualité de l’eau qu’elle applique soit en servant de vecteur aux intrants (engrais azotés et pesticides appliqués souvent en excès). C'est le système le plus répandu dans le monde. Grande consommatrice d'eau, l'irrigation gravitaire pose le problème de la maîtrise du débit d'alimentation, du contrôle de la dose d'eau apportée, de la régularité de la répartition de l'eau à la parcelle. Conduite de façon traditionnelle, cette technique induit généralement de fortes hétérogénéités d'arrosage à la parcelle, et des pertes importantes par drainage profond, lessivage, et colature, qui favorisent l'entraînement des nitrates et la pollution des eaux (Traité d'irrigation, 1998). Irrigation par aspersion En aspersion, la maîtrise des arrosages suppose un matériel performant, adapté à la stratégie d'irrigation de l'exploitation. Le mauvais réglage des appareils (vitesse d'avancement de l'enrouleur, pression en tête ou à l'arroseur) et un mauvais choix d'implantation des asperseurs entraînent l'hétérogénéité et peuvent être un facteur de pollution: moindre utilisation des engrais dans les zones sous irriguées et, au contraire, lessivage dans les zones où l'eau est apportée en excès (traité d'irrigation, 1998). III. CAUSES DE LA POLLUTION LIEE A L’IRRIGATION 3.1. Causes directes de la pollution liée à l’irrigation L’impact de l’irrigation sur le milieu naturel et sur la qualité des eaux est complexe et demeure très largement controversé. Source : PNTTA, Maroc 19 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 20 Source : PNTTA, Maroc Irrigation localisée En irrigation goutte-à-goutte, les risques de lessivage liés au maintien d'une humidité élevée au niveau du bulbe d'arrosage, et l'accumulation de sels à la périphérie du bulbe humide, ainsi que dans les parties du sol non humidifiées, peuvent être importants (traité d'irrigation, Rned-HA, 1990;ICID, 1996). - les défauts d’irrigation. Les lessivages d’azote sont principalement dus à des défauts d’irrigation. Ce n’est pas la sur-irrigation qui est responsable de la pollution azotée des nappes, mais la sous-irrigation. C’est à ce résultat plutôt surprenant qu’a abouti un programme européen NIWASAVE coordonné par le CEMAGREF. Sept partenaires français, espagnols, anglais et italiens se sont associés pour produire un modèle intégré permettant de simuler les pratiques d’irrigation en conditions climatiques réelles et leurs conséquences sur le fonctionnement hydrique de la parcelle. Ils ont montré que la mauvaise répartition de l’eau dans une parcelle entraîne des irrégularités de croissance dont les conséquences peuvent être importantes sur le bilan d’azote: dans les zones sous-irriguées, le développement de la culture est moindre et l’azote est moins bien utilisé. Les nitrates non consommés s’accumulent dans le sol, et comme ils sont très solubles dans l’eau, ils seront entraînés par les pluies hivernales. 98 % des lessivages d’azote ont lieu en hiver (Mailhol, 2005). 3.1.3. L’irrigation avec des eaux de mauvaise qualité L’irrigation des terres agricoles ne se fait pas toujours avec des eaux respectant les normes de qualité requises. Ces eaux de qualité physico-chimique médiocre peuvent provenir de plusieurs sources : • les eaux des nappes phréatiques ayant des teneurs élevées en sels, • les eaux de drainage chargées en sels et en nutriments, • les eaux usées brutes, domestiques ou industrielles ou les eaux usées mal traitées. Source : PNTTA, Maroc 3.1.2. Les causes de la pollution liée à la mauvaise pratique de l’irrigation La mauvaise pratique de l'irrigation est à l’origine de la pollution des eaux par les nitrates, phosphates, pesticides, MES (Matières En Suspension) et autres éléments toxiques à travers plusieurs mécanismes : - le ruissellement à la surface du sol dû à des doses trop importantes d’irrigation. L’irrigation inefficace du sol entraîne un ruissellement excessif et la saturation des sols. L’eau de ruissellement qui s’écoule dans les cours d’eau ou jusqu’aux eaux souterraines peut contenir des sels, des déchets organiques, des agents pathogènes ainsi que des pesticides et des engrais agricoles (Statistique Canada, 2001). - la percolation (drainage) profonde due à des apports supérieurs à la capacité de stockage de la zone racinaire; La pratique de l'irrigation peut aggraver la pollution diffuse en accentuant l'entraînement des polluants vers les nappes, en saison estivale dans les sols argileux par les fissures du sol, et en saison pluvieuse par infiltration au delà de la zone racinaire, lorsque les réserves hydriques du sol en fin de culture n'ont pas été épuisées. La réutilisation des eaux usées pour l’irrigation devient de plus en plus une pratique courante notamment dans les pays semi-arides et arides tels que l’Egypte, Israël et la Tunisie. Cependant, cette réutilisation soulève différents problèmes d’ordre agronomique, environnemental et sanitaire. Les eaux usées épurées sont riches en éléments majeurs azote, phosphore, et potassium. A titre indicatif, l’application d’une lame d’eau usée épurée de 100 mm apporte sous forme minérale (traitement par lagunage à Ouarzazate) 15.5 kg N/ha, 11.2 kg P/ha et 27.4 kg K/ha. En fonction des méthodes d’irrigation adoptées et des cultures pratiquées, les recommandations de l’OMS distinguent trois catégories d’eau pour prévenir les risques sanitaires: A, B, et C. Mais tous les pays n’observent pas ces normes contraignantes ainsi que les directives de qualité restrictives de l’OMS au risque de mettre en péril la qualité des nappes et la santé humaine. 3.1.4. La surexploitation des ressources en eau souterraine pour l’irrigation L’inadéquation croissante entre la demande d’eau et la ressource disponible, est l’un des défis importants auxquels sont confrontés la plupart des pays, spécialement ceux qui connaissent le double phénomène: 20 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 21 • d’une augmentation de population rapide (tous les pays en développement) ; • de limitations climatiques permanentes (les pays des zones arides). La surexploitation des ressources en eau tient à trois facteurs principaux : • insuffisance des connaissances sur les conditions de renouvellement de la ressource; • projection sous-estimée des besoins, par exemple la création de grands périmètres irrigués induit d’autres besoins, pas toujours ou suffisamment pris en compte (afflux de population, pertes sur réseaux et au champ, modification dans les rotations culturales, création d’infrastructures sociales et d’activités artisanales et/ou industrielles; • gaspillage et mauvaise gestion: mauvaise conception, réalisation et entretien des réseaux d’irrigation (Pierre Gény et al, 1992). La surexploitation des nappes souterraines pour l'irrigation dans les zones côtières peut occasionner une intrusion marine (biseau salé) comme constatée dans certaines régions littorales. Lorsque l'utilisation est supérieure au taux de réapprovisionnement et que le niveau de la nappe phréatique diminue, les conséquences pour l'environnement peuvent être graves: il peut en résulter une salinisation due à la pénétration de l'eau de mer dans les nappes souterraines et une dégradation de la biodiversité par suite de la modification du débit des cours d'eau. Le problème de l'intrusion marine dans les aquifères côtiers est beaucoup plus critique dans les pays du moyen orient et du bassin méditerranéen tels que l'Egypte, la Tunisie, la Syrie, le Koweït, le Qatar, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (FAO, 1997). 3.2. Les causes induites Il s'agit des causes de la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines induites par les activités économiques et sociales dérivées de l'irrigation ou des projets d'irrigation (aménagement de périmètres irrigués, projet de drainage, construction de barrage hydro-agricole). 3.2.1. Les agro-industries Il s’agit des unités agro-industrielles qui se développent dans les zones irriguées pour la transformation des produits agricoles. Ces industries déversent le plus souvent leurs effluents dans le milieu naturel sans traitement préalable, polluant ainsi les cours d'eau et les eaux souterraines. Comme exemple, au Maroc l’oued Sebou reçoit les rejets de diverses industries, notamment les sucreries dont les rejets d’eaux résiduaires ont contribué à accroître le taux de matières organiques dans l’eau et à diminuer le taux d’oxygène dissous à des concentrations en deçà de celles compatibles avec la vie piscicole et ayant eu pour conséquence l’augmentation de la mortalité des poissons de plusieurs espèces (mulets, carpes et anguilles) de la retenue Lalla Aicha en 1993 (ONEP, 1994). 3.2.2. Le développement économique et social autour des périmètres irrigués L'irrigation, en contribuant à l'augmentation de la production agricole améliore le niveau de vie socioéconomique des agriculteurs. Ainsi, des activités économiques prospèrent dans la région pouvant occasionner la concentration de la population rurale. L’irrigation joue donc le rôle de promoteur du développement rural et constitue le pôle de développement régional. A ce titre, cette population effectue des rejets dans les eaux de surface et souterraines avec pour conséquence la pollution des milieux aquatiques avoisinants. 3.2.3. La mauvaise gestion des eaux de drainage Le drainage représente le captage des eaux excédentaires et leur transport, généralement vers le réseau hydrographique. Dans les périmètres irrigués, ces eaux sont souvent très riches en sels et leur rejet dans le réseau hydrographique sans précautions suffisantes peut mettre en péril l’écologie aquatique à l’aval du périmètre et causer des problèmes de salinisation des aquifères. IV. LES CONSEQUENCES DE LA POLLUTION DES EAUX 4.1 Conséquences sur la santé humaine L'eau polluée est la principale cause de maladies et de mortalité à travers le monde. Selon l'OMS, environ 4 millions d'enfants meurent chaque année de la diarrhée causée par l'infection hydrique (FAO, 1996). La forte concentration des nitrates dans les eaux souterraines, principales sources d'eaux de distribution, constitue un risque sanitaire majeur. En effet, dans certaines conditions, l'organisme humain réduit le nitrate en nitrite. Ces nitrites, dans le sang, transforment les hémoglobines en méthémoglobine non fonctionnelle, ce qui provoque une sorte d'asphyxie due à une modification du système de transport de l'oxygène dan le sang; c'est le syndrome des "enfants bleus", la méthémoglobinémie. Les nitrites dans l'estomac, peuvent réagir avec les amines secondaires apportées par les aliments pour former les nitrosamines qui ont un effet cancérigène reconnu (traité d'irrigation, Dab 1990; Fritsch de Saint Blancat, 1985). 4.2. Conséquences sur les milieux aquatiques La pollution des eaux de surface, particulièrement celle occasionnée par des taux élevés de nitrates et de phosphates, constitue un risque écologique préoccupant. Elle a pour conséquences la destruction des ressources vivantes, le déséquilibre des milieux physiques, biologiques et des écosystèmes aquatiques à travers l'eutrophisation, particulièrement importante dans les zones maritimes ou côtières. 21 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 22 L’eutrophisation est un enrichissement de l’eau, qu’elle soit douce ou saline, par des nutriments, en particulier des composés d’azote et de phosphore, qui accélèreront la croissance d’algues et des formes plus développées de la vie végétale (AFNOR, 2005). Le processus L'eutrophisation se produit en plusieurs étapes : - l’enrichissement des eaux en nitrates et phosphates favorise la prolifération rapide des végétaux aquatiques (algues, lentilles d’eau); - la lumière n'atteint plus les zones profondes du fait du développement des algues ou des lentilles d'eau, la respiration provoque un appauvrissement en oxygène; Bois mort (OFEFP, 2005) - il peut en résulter la mort d'organismes aquatiques : insectes, crustacés, poissons, végétaux, dont la décomposition consomme le peu d’oxygène restant, amplifiant le déséquilibre; - le milieu devient alors rapidement hypoxique, puis anoxique, favorable à l'apparition de composés réducteurs et de gaz délétères (mercaptans, méthane). Les effets Les principaux inconvénients de l'eutrophisation sont: - augmentation de la biomasse algale et du zooplancton gélatineux, - dégradation des qualités organoleptiques de l'eau (aspect, couleur, odeur, saveur), - développement de phytoplancton toxique, - diminution de l'indice biotique, - diminution de la biodiversité (animale et végétale), - diminution de la concentration en dioxygène dissous, - diminution du rendement de la pêche, - mort des organismes supérieurs (macrophytes, insectes, cnidaires, crustacés, mollusques, poissons, etc.). Macrophytes et mousses (OFEFP 2005) 4.3. Conséquences économiques Par ailleurs, la restauration de la qualité des eaux polluées nécessite des investissements onéreux sur de longues périodes. Lorsque l’intensification agricole contribue à la pollution des eaux, elle impacte les activités économiques qui partagent cette ressource telle que l’industrie et le tourisme. V. LUTTE CONTRE LA POLLUTION L'agriculture, qui est déjà consciente de ses interactions avec l’environnement, doit renforcer son impliquer dans la gestion de la qualité des eaux. Par conséquent, toute mesure doit être prise pour sensibiliser le personnel, mobiliser les équipements et les ressources financières et définir de nouvelles mesures, pratiques et technologies pour assurer une utilisation efficace et efficiente de l’eau en agriculture, dans le respect de l'environnement. Algues filamenteuses (OFEFP 2005) OFEFP : Office Fédéral de l’Environnement, de la Forêt et du Paysage De plus en plus, les organismes internationaux de développement insistent auprès des pays en développement pour qu'ils veillent à mieux protéger et améliorer la qualité de l'eau. C’est une considération qu’il s’agit de prendre en considération dans la définition des projets de développement agricole. La prévention et la lutte contre les pollutions des eaux d'origine agricole nécessitent la mise en place d'actions qui s'inscrivent dans la durée, et dont l'impact sur l'eau est rarement immédiat. 22 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 23 5.1. Comment prévenir la pollution d'origine agricole? Une action préventive consiste à éviter les risques de pollution ponctuelle ou diffuse, en résolvant le problème à sa source. Pour ce faire, les pouvoirs publics devront combiner différents outils réglementaires, économiques, technologiques, pratiques et compter sur les engagements volontaires des acteurs du domaine agricole à savoir : - la mise en place des systèmes de suivi de la qualité des eaux dans les zones irriguées; - la sensibilisation et la formation des agriculteurs pour la maîtrise des techniques d’irrigation, de gestion des eaux de drainage et pour l’adoption des techniques culturales rationnelles en matière d’utilisation d’intrants; - l’adoption de mesures réglementaires sur la vente, les conditions efficaces d’utilisation, les limites de dosage ainsi que les périodes d’application des fertilisants et des produits phytosanitaires; - la mise en application de taxes aux agriculteurs pollueurs de l’environnement et d’incitations économiques à ceux ayant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement; - l’innovation et le progrès dans les techniques d’irrigation et d’application des engrais azotés et des produits phytosanitaires, de leur adaptation et de leur appropriation par les agriculteurs; - des opérations groupées de sensibilisation, de conseils techniques et des démonstrations en champ pour le changement progressif des comportements des agriculteurs en faveur d’une agriculture en équilibre avec l’environnement. Il existe différents moyens de limiter les fuites d'azote et de produits phytosanitaires vers les eaux: • des apports raisonnés d'azote, ajustés et fractionnés, dans le temps; • la mise en place de cultures intermédiaires en périodes interculturelles; • l’utilisation de bandes enherbées en limite des cours d'eau pour diminuer le ruissellement et fixer l'azote et les produits phytosanitaires; • la vulgarisation de la lutte biologique et du désherbage thermique ou mécanique; • des dispositions qui garantissent un stockage sécurisé an niveau de l’exploitation et une meilleure gestion des fonds de cuve tout en évitant des débordements de cuve. 5.2. Existe-il des solutions curatives pour des eaux déjà polluées? Les actions curatives de pollution des eaux sont coûteuses et difficiles à mettre en place. Les résultats à court terme sont souvent incertains. Il existe plusieurs procédés de dépollution des eaux riches en nitrates et diverses actions curatives contre l’eutrophisation des eaux. * Pour éliminer les nitrates, différents procédés de traitement sont mis en œuvre: Traitements biologiques (dénitrification), utilisant les procédés suivants: • hétérotrophe; • autotrophe (sur soufre ou avec hydrogène). Traitements physico-chimiques (dénitratation), utilisant les procédés suivants : • échanges d’ions : - cycle chlorure; - gaz carbonique; - cycle bicarbonate. • osmose inverse; • électrodialyse. Ce dernier procédé associe l’extraction des nitrates par électrodialyse et leur destruction au moyen d’un bioréacteur à membrane. Le couplage de ces technologies permet d’atteindre des valeurs de nitrates dans l’eau potable bien inférieures à 20 mg/l après traitement. Pour plus d’information consulter: www.cnrs.fr/cw/fr/pres/compress/dist220999.html. * Lutte curative contre l'eutrophisation Pour enrayer l’eutrophisation des eaux, diverses actions curatives sont entreprises: - extraction des sédiments, curage, surtout pour les étangs, - recouvrement des sédiments, ajout de calcium pour limiter le recyclage du phosphore sédimentaire, - épandage de sulfate de cuivre, algicide actif vis à vis des cyanobactéries, - déstratification par insufflation d'air, - oxygénation des eaux profondes sans déstratifier, - aménagement de retenues secondaires, piégeant le phosphore, - évacuation des eaux profondes vers l'aval pour soutirer le phosphore. Pour en savoir plus, consulter : www.cig.ensmp.fr/~hhgg/soulard/textes/eutophi.html. Il existe aussi différentes défenses naturelles contre la pollution des eaux à travers le processus d’autoépuration biologique des eaux. Ce processus est assuré par le sol (rétention et adsorption ionique), le couvert végétal (prélèvement cyclique des racines) et les organismes présents dans l’eau (bactéries et invertébrés) et contribue à diminuer sensiblement la teneur des nitrates et autres polluants dans les eaux. 5.3. Coût de la lutte contre la pollution Selon les expériences françaises, le surcoût total annuel moyen à l’hectare de fonctionnement des traitements curatifs des eaux polluées est le suivant: 23 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 24 - Le Danemark 0,09 à 0,11 €/m3 Dénitratation : Traitement pesticides : 0,10 à 0,13 €/m3 0,19 à 0,24 €/m3 Traitement total : Pour plus d’informations, consulter : Novelect, les cahiers de l’innovation, N° 435 juin 2003 Projet Life, valorisation de la relation eau-forêt : approche économétrique, 2004 Cas de quelques pays développés - Les dépenses consacrées par l’Union Européenne aux paiements agro-environnementaux ont coûté en moyenne 2,2 milliards d’euros par an durant la période 1994-1999 et devrait passer à 3,7 milliards par an pour la période 2000-2006. Le Danemark a introduit une taxe sur les pesticides qui lui a permis de collecter 48 Millions d'euros en 1999 dont 27 ont été utilisés en aides agricoles et 21 ont servi à subventionner la conversion au biologique et les travaux permettant de limiter les pollutions des eaux par les nitrates et les pesticides. - Etats-Unis d'Amérique • Depuis 1990, le programme Water Quality Incentives Program (WQIP), portant sur la gestion de l’azote, du phosphore, des engrais, et de l’irrigation et sur la protection contre l’érosion a bénéficié de 1990 à 1996 de crédits variant selon les années, de 83 à 116 millions de dollars (Cour des comptes, Bretagne, 2002). • Les crédits consacrés à la protection des eaux - Pays-Bas (Voir le tableau n° 8) Tableau 8: Dépenses et recettes liées à la lutte contre les pollutions agricoles au Pays - Bas désignation Dépenses annuelles en Millions d'euro 1997 1998 5 4.3 Démonstration 1996 5 investissement 3.4 6.6 7.4 4.5 restructuration résorption 7 24 27 11.3 37 2 37 gestion 10 9.3 15 8.2 contrôle 3 5 12 11.6 Total dépenses 51.3 64 78 71.0 Taxe excédent Taxe minérale 15.2 13 12.5 12.5 7 15.2 13 12.5 19.8 Totale taxes 1999-2002 4 Source: La préservation des ressources en eau face à la pollution agricole: cas de la Bretagne 2002 Nb: Ces montants ne prennent pas en compte les dépenses des régions néerlandaises, qui en doubleraient presque le montant. Tableau 9: Dépenses consacrées à la lutte contre la pollution Programmes objets de financement lutte contre les pollutions diffuses 1995 107 programme qualité de l'eau Dépenses en Millions de dollars USDA 1996 USEP 1996 193 526 programme eau potable 184 programme pesticide programmes Etats et collectivités 109 736 Total dépenses 843 193 819 Source: Cour des comptes, Bretagne, 2002 USDA: Ministère de l’Agriculture des Etats Unis USEPA: Ministère de l'Environnement des Etats-Unis 24 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 25 qui constituent humaine. Exemple de quelques pays africains en matière de qualité des eaux de réelles menaces pour la santé Selon Lassina Traore, du Ministère de l'Agriculture et Coordinateur du programme ASP au Mali, des inventaires non exhaustifs au Mali ont permis de recenser environ 270 tonnes de pesticides obsolètes. Dans les localités de Tin-Essako et Anefis, deux points d'eau pérenne sont pollués par la drieline. Environnement et santé Le principal problème en Afrique reste le manque d'informations fiables dans plusieurs secteurs et en particulier celui de l'environnement. Sur 29 pays pour lesquels les informations concernant la qualité des eaux sont disponibles, 12 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Ghana, Guinée, Jamahiriya Arabe Libyenne, Malawi, Mozambique, Sénégal, Tchad, Zimbabwe) évaluent leurs eaux de qualité relativement adaptée à l’irrigation et estiment que les pollutions sont ponctuelles et liées principalement aux rejets urbains et à l’agriculture. Estimation des Coûts de Nettoyage des stocks de pesticides en Afrique Initié en l'an 2000, le Programme africain d'élimination des stocks de pesticides périmés «African Stockpiles Program (ASP)» réclamait 200 millions de dollars pour transporter et détruire les pesticides obsolètes inventoriés (20 000 tonnes en 1996 et 50 000 tonnes en 2001). Le coût d’inventaire, de ramassage, de transport et de destruction de ces pesticides est estimé à environ 10 dollars le kilo ou le litre. Les stocks de pesticides obsolètes en Afrique constituent un véritable problème vu les sommes importantes en jeu. C’est pourquoi le Conseil Phytosanitaire Interafricain (CPI) propose la création d’un fonds intitulé : Fonds Spécial pour les Produits Chimiques en Afrique (FSPCA) en vue de la mise en place d’une stratégie de financement autonome et durable associée aux efforts déjà entrepris. Pour les 17 pays restants, l’agriculture est mentionnée comme la principale source de pollution: Algérie, Mali (dans la zone de l’Office du Niger), Maurice (en raison de la canne à sucre principalement), Soudan, Swaziland (du fait des animaux qui contaminent les sources), Togo (où la pollution agricole ne touche que l’eau superficielle) et Tunisie. Parmi les autres sources de pollution, figure la combinaison de l’agriculture, de l’industrie et des déchets domestiques. La surexploitation des nappes phréatiques et l’abaissement consécutif de leur niveau piézométrique représentent un problème dans sept pays: Algérie, Cap-Vert, Djibouti, Maroc, Nigéria, Sénégal et Tunisie, problème qui s’applique aussi aux aquifères côtiers des Comores et de la Jamahiriya Arabe Libyenne. Cette surexploitation est à l’origine d’intrusions marines en Algérie et au Cap-Vert. L’Érythrée et la Maurice sont également touchés. VI. L’EXPERIENCE MAROCAINE Pour évaluer la qualité des ressources en eau du Maroc, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau (DRPE) dispose d’un vaste réseau de suivi comportant 60 stations primaires, 113 stations secondaires et 36 stations tertiaires pour les eaux de surface et 535 stations d’échantillonnage reparties sur 45 nappes phréatiques pour les eaux souterraines. Problèmes posés par les produits phytosanitaires Le Bulletin d’Information Phytosanitaire de l’Union Africaine/CPI n° 36 Août/Oct. 2002 rapporte que « quelques 70 000 produits chimiques différents sont disponibles sur le marché 6.1. Qualité des eaux L’appréciation de la qualité des eaux (superficielles ou souterraines) est faite sur la base d’une grille simplifiée de classification selon des indicateurs de pollution suivants: africain aujourd’hui, et 1 500 nouvelles substances sont introduites chaque année ». Etant donné que 0,5 à 1% de ces produits chimiques utilisés pour l’agriculture rejoignent les cours d’eau et contribuent à la dégradation de leur qualité, il y a lieu de s'inquiéter. Parallèlement, il existe d’importantes quantités de pesticides entreposés Tableau 10: Grille simplifiée de classification des eaux superficielles Paramètres Qualité O2 dissous (mg/l) DBO5 (mg/l) DCO (mg/l) NH4+ (mg/l) Phosphore total (mg/l) Coliformes fécaux (100ml) Très bonne Bonne >7 <3 <30 ≤ 0,1 ≤ 0,1 ≤ 20 5-7 3-5 30 - 35 0,1 - 0,5 0,1 - 0,3 20 - 2000 Moyenne 3-5 5 - 10 35 - 40 0,5 - 2 0,3 - 0,5 2 000 - 20 000 Mauvaise 1-3 10 - 25 40 - 80 2-8 0,5 - 3 > 20 000 Très mauvaise <1 >25 >80 >8 >3 - 25 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 26 Tableau 11: Normes de qualité de classification des eaux souterraines Paramètres Qualité MO (mg/l) Coliformes fécaux (100ml) ≤ 0,1 <3 ≤ 20 5 - 25 0,1 - 0,5 3-5 20 - 2 000 300 - 750 25 - 50 0,5 - 2 5-8 2 000 - 20 000 2 700 - 3 000 750 - 1 000 50 - 100 2-8 >8 >20 000 > 3 000 > 1 000 > 100 >8 - - CE (µs/cm) CI (mg/l) < 400 < 200 <5 400 - 1 300 200 - 300 Moyenne 1 300 - 2 700 Mauvaise Très bonne Bonne Très mauvaise NO3- (mg/l) NH4+ (mg/l) Source : DRPE, 2000-2001 Références Bibliographiques • ABHSM. 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Précarité et épuisement des ressources en eau L’épuisement des ressources en eau est dû, d’une part, aux aléas climatiques et, d’autre part, à la demande croissante en eau potable et en eau d’irrigation. En effet, la surexploitation des nappes aquifères du Maroc engendre la baisse généralisée des niveaux piézométriques risquant le phénomène d’intrusion marine (région d’Alhouceima, de Nador, Oualidia, Souss Massa, Temarra, Haouz et bassins du Sud Atlasique). Etat de la qualité des eaux de surface Excellente 6% T. Mauvaise 19% Bonne 40% Mauvaise 26% Moyenne 9% Qualité des eaux souterraines T. Bonne 1% T. Mauvais 32% Mauvais 29% Bonne 19% Moyenne 29% Source : DRPE, 2000-2001 26 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 27 6.2.2. Pollution des ressources en eau Références Bibliographiques • Commission des Communautés Européennes. (2000). Indicateurs d’intégration des préoccupations environnementales dans la politique agricole commune. • Commission des Communautés Européennes. (2001). Informations statistiques nécessaires à l’élaboration d’indicateurs d’intégration des préoc-cupations environnementales dans la politique agricole commune. • Commission des Communautés Européennes. (2002). Vers une stratégie thématique concernant l’utilisation durable des pesticides. • Conférence FAO/Pays-Bas. (2003). L’eau pour l’alimentation et les écosystèmes, pour une action concrète. • Conseil Supérieur de l’Eau et du Climat. (2004). Projet du plan national de l’eau, rapport provisoire. • Coopérative Extension Service Hawaii’s Pollution Prevention Information. (2000). Minimizing pollution risk from irrigation management. • Cour des Comptes-rapport (France). (2002). 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Tous les Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricole (ORMVA) sont affectés, en particulier ceux des Doukkala, du Loukkos, du Gharb et du Tadla où l’on trouve de grandes surfaces de cultures industrielles. • la pollution par les nitrates est estimée à 8 500 tonnes d’azotes par an; • 15 tonnes de pollution par les pesticides générées; • la salinisation des cours d’eau (Oum Er Rbia, El Malh à Ouarzazate) et des nappes souterraines (Haouz, Moulouya, ouarzazate, Souss Massa, Tadla, Tafilalet); • la turbidité des eaux superficielles causée par la mise en culture des terres et le mauvais aménagement des bassins versants à l’amont des barrages (Doukkala, Haouz, Loukkos, Moulouya, Tafilalet et Tadla). 6.2.3. Conséquences immédiates de la pollution des eaux: - Déséquilibre des milieux physiques, biologiques et des écosystèmes; - Mortalité des poissons au niveau de certaines retenues (Sebou, Oum Er Rbia, etc.); - Les problèmes écologiques et sanitaires pour l’homme; - Eutrophisation des retenues de barrages situées à l'aval des périmètres irrigués due aux concentrations trop élevées d'éléments nutritifs (réservoirs de Sidi Mohamed Ben Abdelah, d'Al massira, d'El Kansara, Smir et Sahla). 6.3. Protection des eaux au Maroc 6.3.1. Aspects réglementaires La loi 10/95 sur l’eau constitue la base du Plan national de l’eau (PNE) tiré des plans directeurs d’aménagement des bassins hydrauliques et offre un cadre juridique de protection de la qualité des ressources en eau au Maroc. En outre, le Plan national de protection de la qualité des ressources en eau (PNPQRE) de 2002, dont l’objectif est d’assurer la durabilité de l’agriculture intensive en zones irriguées, constitue un cadre approprié de préservation et de restauration de la qualité des eaux. 6.3.2. Aspects institutionnels La protection de l’environnement et sa mise en valeur constituent des priorités au Maroc, qui a mis en place plusieurs structures en la matière de façon progressive depuis 1980 : 27 Revue HTE N°138 • Sept-Déce. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 28 • le Conseil national de l’environnement (CNE) en 1980, • le Conseil supérieur de l’eau et du climat (CSEC) en 1981, • la Direction générale de l’environnement et de l’aménagement du territoire et de l’environnement, • le Sous-secrétariat d’Etat chargé de la protection de l’environnement en 1993. Références Bibliographiques • Loi 10/95, (1995). La loi sur l’eau, Maroc. • MADREF/DDGI. (2001). Fiches projets des actions prioritaires pour la protection de l'environnement dans les grands périmètres irrigués. • MADRPM-AGR/DDGI, (1998). Programme d'action et de suivi de l'environnement (PASE-2). • MADRPM-AGR/DDGI. (1994). Programme d'action et de suivi de l'environnement (PASE-1). • Mailhol, J.C. (2005). Contribution à la maîtrise de l’irrigation et de ses impacts. • Martinez et Diamond, 1984 Traité d’irrigation. • MCATEE/DRPE/SECE (2003). Etat de la qualité des ressources en eau au Maroc 2000-2001. • Moughli, L. (1997-1998). Management des Ressources du Tadla (MRT) : Programme de réduction des excès azotés au Tadla • Nkouka, N. et BOUATO, Benoît. (2004). Proposition pour la création d'un fons spécial pour les produits chimiques en Afrique. • Novelect, les cahiers de l’innovation, N° 435 juin 2003. • Observatoire Départemental de l’Eau (2005). Irrigation agricole. • OCDE. (2001). Indicateurs environnementaux pour l’agriculture, vol 3. • OCDE. (2004). 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Traité d'irrigation. • Said, A., Shawky, A. et Elmasry, N. (1999). Analysis of Nile water pollution control strategies: a case study using the decision support system for water quality management. Les organismes ou Directions impliqués dans la protection de l’environnement sont : 1 Le Sous-Secrétariat chargé de la protection de l’environnement. 2 Le Ministère des Travaux Publics, de la Formation Professionnelle et de la Formation des Cadres. 3 La Direction Générale des Collectivités Locales. 4 Le Ministère de l’Agriculture. 6.3.3. Actions déjà menées Le Maroc, avec l’aide des partenaires internationaux, a initié en 1994 un vaste Programme d’amélioration de la grande irrigation (PAGI) ayant deux composantes: • Phase 1 (1994 - 1998): le Programme d’action et de suivi de l’environnement (PASE) dont les objectifs consistaient à établir l’état des lieux de l’environnement dans les différents périmètres irrigués et à présenter les actions spécifiques pour chaque ORMVA. • Phase 2 (1999-2002): qui consiste à la définition et à la hiérarchisation des actions prioritaires en matière de suivi et de protection de l’environnement dans les ORMVA. En vue de prévenir le problème de la pollution nitrique des ressources en eau et de protéger l’environnement, le projet Management des Ressources de Tadla (MRT) «1993-1999» avec l’appui de l’USAID, a mis en place un programme d’utilisation rationnelle des engrais azotés (dose, fractionnement et période d’application) par des essais de démonstration en champ avec les agriculteurs (Moughli, 1998) ainsi qu’un programme de sensibilisation et de vulgarisation de bonnes pratiques de fertilisation azotée et d’application des produits phytosanitaires au profit des agriculteurs. Par ailleurs, le Ministère de l’agriculture a mis en place le Projet de gestion des ressources en eau pour les ORMVA de Tadla (2002) et des Doukkala (2003) et installé de véritables réseaux de suivi et de surveillance de la qualité des sols et des eaux dans ces ORMVA. 28 Revue HTE N°138 • Sept-Déc. 2007 Art. 1 (HTE 138) 26/05/08 15:15 Page 29 CONCLUSION En conclusion, l’état de la qualité globale des ressources en eau au Maroc n’est pas alarmant au niveau des périmètres irrigués, mais nécessite une vigilance accrue et une attention permanente. Toutefois, des efforts restent encore à faire dans les domaines de la protection quantitative et qualitative de ces ressources en eau dans la perspective de pérenniser le système de production agricole basé sur l’intensification agricole sous irrigation et de préserver la santé de la population. Références Bibliographiques • Sanaf, F. (2005). 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