PEAU ET CONTRACEPTION FEMININE
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PEAU ET CONTRACEPTION FEMININE
PEAU ET CONTRACEPTION FEMININE Dr. B. HASSAM*, K. SENOUCI, F. BENNOUNA, B. LAZRAK RESUME Les troubles cutanés à la prise de pilules anticonceptionnelles sont nombreux et variés ; ils sont dominés par des perturbations pigmentaires (chloasma) mais d’autres affections dermatologiques peuvent se voir : érythème noueux, purpura, télangiectasies... Cependant la contraception féminine peut être un atout majeur lorsqu’une grossesse est contre-indiquée lors de certaines situations : LEAD, scléro d e r m i e systémique, certaines dermatoses bulleuses autoimmunes... Il est classique de subdiviser ce chapitre en deux et d’étudier : . les conséquences cutanées des pilules anticonceptionnelles . puis l’intérêt de la contraception lors de certaines affections dermatologiques. MANIFESTATIONS CUTANÉES LIÉES À LA CONTRACEPTION HORMONALE On évalue leur pourcentage à 5 % environ ; alors que l'effet toxique du médicament joue un rôle aggravant, les lésions cutanées peuvent être reproduites lors de la grossesse. . Modifications pigmentaires .C'est le classique chloasma ou mélasma, classique motif de consultation, il est retrouvé chez plus d'un quart des parturientes et des femmes sous contraception hormonale. Il se caractérise par des macules hyperpigmentées de la face généralement symétriques, bien limitées, de couleur claire à marron selon la pigmentation d'origine, de taille variable 0,5 cm à plusieurs cm de diamètre. Le chloasma s'exagère à l'exposition solaire et la prévention faisant appel à des crèmes écrans solaires peut être efficace ; il régresse généralement à l'arrêt de la prise du médicament ou bien après l'accouchement. Les résultats thérapeutiques sont inconstants mais les préparations faisant appel aux dérivés de la vitamine "A". Acide en association avec l'hydroquinone semblent donner les meilleurs résultats. L'ictère : généralement sans gravité, précédé d'un prurit d'intensité variable, il régresse à l'arrêt de la prise de la pilule. LES MODIFICATIONS MUQUEUSES - Candidoses vaginales : souvent rencontrées lors de la grossesse ou après traitement oestro-progestatif elles peuvent s’accompagner de lésions d’eczématides à distance, de candidoses cutanées des plis, de prurit vaginal avec dyspareunie. Le traitement est local faisant appel aux soins locaux par antiseptiques en association aux ovules gynécologiques à base d’imidazolés. - Modifications gingivales : à type d’hypertrophie gingivale. . Les modifications phanériennes : - Pelade : rarement observée, sinon par simple coïncidence. - Hypertrichoses : affectent surtout le visage (lèvre supérieure), les membres inférieurs (jambe...). - Alopécies : souvent observées lors de la grossesse ou de l’allaitement ; elles peuvent se voir sous contraception hormonale. Cette alopécie est souvent modérée et régressive. - Fragilité des ongles : Les modifications vasculaires cutanées : . Télangiectasies : fait d’angiomes de petite taille siégeant au niveau de la région périorbiculaire, tronc, cou, membres supérieurs. Leur traitement fait appel au laser argon pour les angiomes assez volumineux, à l’électrocoagulation pour ceux de taille plus réduite. . Lésions purpuriques : par fragilité capillaire régressant à l’arrêt de la prise du médicament. . Erythème palmaire : classiquement retrouvé aux éminences thénar, hypothénar, extrémité distale des doigts. * Dermatologie - Hôpital Avicenne - Rabat - Maroc Médecine du Maghreb 1992 n°36 Dr. B. HASSAM, K. SENOUCI, F. BENNOUNA, B. LAZRAK 30 . Erythème noueux et pilule : souvent cité comme un facteur étiologique favorisant mais en fait il est difficile de faire la part de responsabilité d’un médicament donné. MODIFICATIONS DIVERSES . Herpès gestationis : éruption spécifique de la grossesse, il peut être déclenché par les contraceptifs oraux ; cette dermatose bulleuse se présente sous forme de lésions urticariennes prurigineuses secondairement bulleuses survenant lors de la grossesse (2° - 3° trimestre) siégeant surtout au niveau péri-ombilical, cuisse avec tendance à l’extension. Cette éruption régresse dans les suites de couches et le traitement fait appel à la corticothérapie per os (0,5 à 1 mg/kg/j), aux sulfones. Les récidives lors de grossesses ultérieures sont possibles. . La dermatite péri-orale : siégeant autour de la bouche, elle se présente sous forme d’éléments papuleux parfois prurigineux, souvent résolutive. . Les phénomènes de photo-sensibilité : consécutifs à une exposition solaire prolongée, ils se présentent sous forme de lésions papuleuses prurigineuses, type urticaire, plus ou moins généralisées à tout le tégument. Le traitement repose sur l’éviction solaire, la photoprotection. Il est classique d’inclure les porphyries cutanées tardives : les oestroprogestatifs ont été incriminés dans les poussées de porphyries cutanées tardives. La contraception hormonale est donc contre-indiquée dans ces cas de P.C.T. INTÉRET DES OESTROPROGESTATIFS EN DERMATOLOGIE Si la contraception hormonale peut perturber l’écologie cutanée, il est indéniable aussi qu’elle peut limiter l’aggravation de certaines dermatoses lors de la grossesse. C’est ainsi que dans le lupus systémique, la grossesse a un effet négatif précipitant les lésions déjà constituées. Les contraceptifs à base de progestatifs sont efficaces et représentent la médication de choix. Dans les autres collagénoses, telle la sclérodermie systémique, l’atteinte rénale souvent redoutable puisqu’elle conditionne le pronostic, est ainsi démasquée ; la contraception a là aussi un effet bénéfique. La grossesse a la réputation de favoriser les phases évolutives des mélanomes malins et ainsi il est souhaitable d’utiliser des contraceptifs ne reproduisant pas un “climat hormonal” identique à celui observé lors de la grossesse ; pour cela les progestatifs purs sont particulièrement indiqués. L’acné aussi peut être une indication de la contraception hormonale à base d’oestrogènes surtout. Lors du pemphigus, dermatose bulleuse auto-immune la contraception est là aussi particulièrement indiquée, puisque la grossesse peut perturber l’évolution de l’affection. BIBLIOGRAPHIE 1. DUGOIS P., AMBLARD P., MANNENT J., DESMOIS G. “Les accidents cutanés des oestroprogestatifs : étude statistique de 562 utilisatrices”. Ann. Derm. Syph. 1971 - 98 : 479-486. 2. JELINEK J.E. Médecine du Maghreb 1992 n°36 “Cutaneous side effects of oral contraceptives”. Arch. Derm. 1970 - 101 : 181-186. 3. PUISSANT A., TESSERAUD F. Contraception et affections dermatologiques. La contraception. Chap. 64 - p. 673-683. D. SERFATY 1986.