Les antibiotiques

b l og.l ejou r n al d u p a ti e n t. b e
Bimestriel octobre-novembr
e 2013
P913801 - Charleroi
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ACTION SANTE
Les jeunes et l’alcool:
L
trop, trop tôt, trop vite
a consommation d’alcool en milieu étudiant est une
réalité qui ne date pas d’hier. Mais ce qui inquiète
aujourd’hui, c’est le «binge drinking»: pour se donner
des sensations, les jeunes boivent vite, très vite, en
multipliant les «à-fond». Même quand le «binge
drinker» ne sombre pas dans un coma éthylique, les
risques pour la santé sont considérables comme le
montre différentes études récentes.
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La prévention et l’éducation sont plus que nécessaires en ce qui
concerne la consommation d’alcool. Les producteurs d’alcool,
conscients de la faiblesse des jeunes développent des produits
ainsi que des campagnes publicitaires destinés à un public
jeune. Décodez avec les jeunes les messages des publicités…il est
scandaleux qu’une marque de bière fasse campagne «les hommes
savent pourquoi», il est tout à fait aussi scandaleux l’apparition
d’une gamme de boissons alcoolisées plus sucrées, plus fruitée,
plus sexy, les alcopops, qui facilitent les comportements de
consommation. Par ses publicités, les alcooliers manipulent les
jeunes, explique Raymond Gueibe, psychiatre et alcoologue.
Dès lors qu’il s’agit d’un produit toxique, pouvant aller jusqu’à
engendrer une dépendance. Il est indispensable d’agir au niveau
des producteurs, des distributeurs, des publicitaires et de la
population en général. L’objectif est avant tout d’informer les
adolescents sur les risques liés à une consommation d’alcool et de
les amener à une prise de conscience du processus d’alcoolisation
dans lequel ils peuvent se retrouver. Pour ce faire, c’est à nous
aussi, les adultes de nous interroger sur notre rapport à l’alcool
et sur l’image que nous renvoyons à nos jeunes face à ce produit.
Les adultes ne doivent pas se contenter d’être des porte-parole, ils
doivent être des exemples.
ISSN 2034-4457
Qu’importe le nombre pourvu qu’il y ait ivresse
Le «binge drinking» est une hyper-alcoolisation rapide et massive.
Il s’agit en effet de boire un maximum d’alcool en un minimum de
temps. La pratique de la «cuite expresse» est bien connue de certains
étudiants au point de s’être généralisée ces dernières années, comme
l’ont montré plusieurs études européennes. La problématique de
l’abus d’alcool parmi les étudiants est loin d’être un scoop…
En moyenne, l’étudiant en première année de Bac adepte
du «binge drinking» consommerait jusqu’à 40 doses d’alcool
par semaine, soit dix verres par soirée. Il s’agit de jeunes qui
consomment excessivement deux à trois fois par semaine, explique
Pierre Maurage, psychologue et chercheur à l’UCL et pour le FNRS.
Si le phénomène a toujours existé, du moins chez les étudiants,
force est de constater un changement récent dans la systématisation
de ces beuveries. «On le voit en termes d’objectifs des gens qui
consomment exagérément, mais dans le seul but d’arriver à une
ébriété le plus rapidement possible. Je pense qu’avant, il y avait l’idée
de boire chez les étudiants, mais moins de boire pour être en état
d’ébriété très rapidement et spécifiquement».
Le
du
N°14
Bonjour les dégâts!
La consommation excessive ponctuelle et festive n’expose pas aux
mêmes dangers que la consommation régulière d’alcool. La perte
de contrôle, les comportements violents et impulsifs peuvent se
révéler dangereux pour les autres mais également pour soi. Au-delà
des accidents de la route ou de sport, le jeune éméché devient la
victime idéale de rixes, de manipulations et de violences physiques,
morales ou sexuelles. Ces excès peuvent également sensibiliser
sur le long terme le cerveau aux effets de l’alcool. Enfin, si aucune
étude ne permet de dire que le binge-drinking répété entraînera
une dépendance à l’alcool, il est en revanche certain que plus la
consommation d’alcool est précoce, plus le risque de dépendance
dix ans après est élevé.
NATHALIE EVRARD
ACTUA
Les antibiotiques
moins souvent et mieux!
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, certains antibiotiques actuellement disponibles
pourraient ne plus être efficaces d’ici 10 à 20 ans. Les bactéries semblent avoir appris à se
défendre et nous ne sommes plus certains de gagner toutes les batailles contre les infections.
Mais nous pouvons tous agir pour éviter cette situation!
Qu’est-ce qu’un antibiotique?
Les antibiotiques sont des médicaments qui permettent de
traiter les infections causées
par plusieurs centaines d’espèces bactériennes. Ce type
de médicament a sauvé bien
des vies, et ce, partout dans le
monde. La pénicilline, premier
antibiotique utilisé, a permis
de traiter de nombreuses infections bactériennes et de prévenir des millions de décès
engendrés par les maladies
infectieuses depuis les années
1940. Soulignons que, grâce
aux antibiotiques, l’espérance
de vie de nos populations s’est
prolongée d’environ dix ans.
A l’inverse, les antibiotiques
sont totalement inefficaces
contre les virus, qui eux aussi
provoquent de nombreuses infections. Il faut donc faire la
distinction avant de prendre
un antibiotique!
Il existe deux grandes catégories d’antibiotiques:
Ɠ Les antibiotiques à spectre
étroit ne tuent qu’un nombre
limité de souches de bactéries. Ils peuvent cibler et tuer
les bactéries à l’origine d’une
maladie, tout en laissant en
vie d’autres bactéries, lesquelles peuvent être bénéfiques pour notre organisme,
par exemple dans notre tube
digestif. Ce type d’antibiotique est habituellement prescrit lorsque le médecin sait
exactement quelle bactérie est
à l’origine de l’infection.
Ɠ Les antibiotiques à spectre
large sont efficaces, comme
leur nom l’indique, contre
de nombreuses souches ou
espèces de bactéries différentes. Ils sont parfois nécessaires, quand le médecin
ne sait pas exactement quel
type de bactérie est responsable de la maladie, ou si
différents agents pathogènes
entrent en jeu simultanément. Malheureusement, ces
antibiotiques peuvent aussi
éliminer les bactéries utiles
ou inoffensives.
Les antibiotiques sont efficaces
contre les infections bactériennes comme l’angine streptococcique, les infections des
voies urinaires, de la peau et
des plaies, et certains cas de
pneumonie.
Votre médecin est la seule
personne en mesure de vous
prescrire un traitement correspondant à votre état de santé!
Parfois, il faut d’abord procéder à une analyse de sang ou à
un frottis, afin de cibler l’antibiotique pour soigner l’infection.
Evitez de consommer des antibiotiques sans prescription. Les
antibiotiques ne doivent jamais
être pris à la légère. Dans tous
les cas, ne recourez jamais à
l’automédication en reprenant
de «vieux» antibiotiques qu’il
vous reste dans votre armoire
à pharmacie d’un traitement
précédent. L’angine que vous
avez aujourd’hui n’est probablement pas la même que celle
que vous avez eue l’an dernier!
de bien respecter la prescription de votre médecin: c’est
à cette seule condition que
toutes les bactéries pourront
être détruites et que la sélection de bactéries résistantes
sera évitée:
Ɠ respectez les doses, les heures
de prise et la durée de traitement: ne passez jamais une
prise et prenez les quantités
prescrites durant la durée demandée par votre médecin;
Ɠ n’arrêtez pas avant la fin du
traitement prescrit: en effet,
arrêter son traitement dès
que l’on ressent une amélioration et avant que ce traitement ne soit terminé risque
de favoriser l’apparition de
bactéries résistantes à l’action de l’antibiotique et d’entraîner une rechute. Cette
résistance rendra le nouveau
traitement plus difficile;
Ɠ ne conservez pas les antibiotiques que vous n’utilisez pas:
ne gardez jamais les restes
d’antibiotiques pour une prochaine fois. Rapportez-les chez
votre pharmacien.
Des effets indésirables
possibles
Qu’est-ce que la résistance
aux antibiotiques?
Lorsque vous prenez des antibiotiques, il peut y avoir des
effets secondaires. En effet,
les antibiotiques n’attaquent
pas seulement les bactéries
nocives. Les bactéries utiles en
souffrent aussi. Parmi ceuxci citons: des réactions allergiques (démangeaisons, éruptions cutanées), des diarrhées,
des lourdeurs d’estomac, des
infections vaginales ou buccales dues à des champignons.
On dit qu’il y a résistance lorsqu’un antibiotique n’est plus
efficace, c’est-à-dire lorsqu’il ne
permet plus de tuer une bactérie particulière ou d’en limiter
la croissance. Ainsi des maladies graves ne peuvent plus
être traitées aussi facilement
et aussi efficacement qu’auparavant. Même des interventions
chirurgicales, allant du traitement de plaies aux transplantations deviennent très risquées lorsque les antibiotiques
n’agissent plus. Le problème
des résistances des bactéries
aux antibiotiques est de plus en
Antibiotique ou pas?
Toutes les infections ne
sont pas soignables par les
antibiotiques. L’utilisation
d’un antibiotique n’a de
sens que si celui-ci est
efficace sur la maladie
que l’on veut soigner.
Les infections virales en
particulier ne sont pas
sensibles aux antibiotiques
et la plupart des rhumes Bien respecter la prescription
et autres rhinopharyngites Lors d’un traitement antibiosont d’origine virale! tique même local, il convient
Prendre des
antibiotiques n’a pas
d’effet préventif!
L
es antibiotiques sont
uniquement efficaces
contre les bactéries
déjà présentes. Il
est inutile de prendre des
antibiotiques pour prévenir
les maladies. Il n’y a que
quelques cas exceptionnels
où l’administration des
antibiotiques pour prévenir
une maladie peut s’avérer
utile: par exemple, les
personnes en contact étroit
avec un patient souffrant
d’une méningite bactérienne
doivent prendre brièvement
un antibiotique.
plus préoccupant dans le traitement de nombreuses maladies.
Evitez donc que lors de votre
prochaine hospitalisation, les
médecins ne trouvent aucun
antibiotique efficace pour traiter l’infection que vous aurez
peut-être contractée…
L’espoir de nouvelles
molécules?
Jusqu’à présent, on a pu
compter sur la mise au point
de nouvelles molécules pour
éradiquer ce phénomène de
résistance. Mais la recherche
de nouveaux antibiotiques est
quasiment inexistante de nos
jours. De plus, il faut souligner
l’apparition préoccupante de
résistances croisées: de plus
en plus de bactéries devenues
résistantes à un antibiotique
vont être capables de résister à une autre classe d’antibiotiques.
NATHALIE EVRARD