Prévention sur les Lieux de Rencontre Extérieurs

Transcription

Prévention sur les Lieux de Rencontre Extérieurs
Prévention sur les Lieux de Rencontre Extérieurs
Analyse des actions menées en 2014 par la délégation de Pays de la
Loire
Note de lecture : le public cible des missions de SIS Animation Pays de la Loire sur les lieux de rencontre extérieurs (LRE)
étant les Hommes ayant des rapports Sexuels avec des Hommes (HSH), et par souci de simplification, tout homme
rencontré sur un LRE et mentionné dans ce document est désigné par le terme « HSH », indépendamment de son
orientation et des pratiques sexuelles évoquées en entretien.
57 sorties annuelles : une prévention hebdomadaire sur les LRE
Sur l’ensemble de l’année 2014, la délégation SIS Animation a réalisé 57 sorties sur l’un des cinq Lieux de Rencontre
Extérieurs (LRE) répertoriés sur Nantes et dans ses alentours. Ces sites sont connus au sein du réseau de partenaires
(associatifs ou professionnels) ou ont été dévoilés par des HSH lors de précédents échanges. Comptabilisant 22 des 57
sorties annuelles, Bouaye est le principal lieu d’intervention, suivi de la Gournerie (n=16/57) et de la Roseraie
(n=9/57). Deux autres lieux de drague secondaires sont visités par les intervenants : La Ville au Denis (n=7/57) et le
parc CRAPA (Circuit Rustique d’Activités en Plein Air, n=3/57). Tous sont ouverts, à l’exception du CRAPA qui est
clôturé. La Roseraie a la particularité d’un public mixte de prostitué(e)s, travestis et couples libertins. Les quatre
autres s’adressent uniquement aux hommes. Bouaye, la Gournerie et la Ville au Denis sont très boisés, facilitant la
discrétion.
Ces actions se répartissent inégalement au
Répartition des sorties au cours de l'année,
cours de l’année. Le printemps est la saison
LRE SIS Animation Nantes 2014, n=57 (en effectif)
privilégiée pour se déplacer sur ces lieux de
Printemps
drague. S’il est plus confortable pour les
n=34
intervenants de mener leur mission à cette
Eté
période, il s’agit surtout d’un choix stratégique.
n=11
Les LRE sont davantage visités par les HSH aux
beaux jours et hors périodes de vacances. Neuf
sorties ont toutefois été menées sous la pluie
Hiver
Automne
(n=7) ou dans le froid (n=2).
n=5
n=7
« Peu de monde à cause des vacances
scolaires. » Propos d’un intervenant
Quelle que soit la saison, les interventions se déroulent l’après-midi, entre midi et 18h. Sept fois sur dix, les
intervenants sont présents sur le LRE avant 15h (n=39/57). Les sorties ne se font jamais seul. Dans la plupart des cas,
deux salariés de SIS Animation se déplacent (n=31/57). Le chargé de mission peut aussi emmener avec lui un stagiaire
(n=17/57), un bénévole (n=6/57) ou un volontaire (n=3/57). Alors qu’intervenir par binôme est plus sécurisé, la
discrétion reste de mise pour une sortie réussie. Au-delà de deux intervenants sur un même site, l’efficacité de
l’action n’est plus assurée.
SIS Observatoire
1
« Action réalisée à trois intervenants avec AIDES. Compliqué car trois intervenants sur un seul lieu fait fuir le
monde, présence trop forte. » Propos d’un intervenant
En 2014, des échanges avec d’autres structures ont vu le jour et ont permis des actions conjointes avec les
associations AIDES (n=3/57) et Avenir santé (n=3/57) ou encore avec le Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit
(CDAG, n=2/57). Ainsi, le 3 octobre, une action TROD (Test Rapide à Orientation Diagnostique) a proposé un dépistage
rapide du VIH aux HSH se situant sur le LRE de Bouaye.
« Sortie mise en place avec AIDES. Installation d'un stand sur le LRE avec boissons, gâteaux et matériel de
prévention. Installation pertinente car il y a une base fixe et cela fait s'interroger les hommes présents sur le
LRE. » Propos d’un intervenant
Durée des actions,
LRE SIS Animation Nantes, n=57 (en effectif)
La durée d’action c’est-à-dire le temps dédié à
l’échange avec les HSH est en moyenne d’une
de 1h à
< 1h
< 1h30
heure et quart [minimum 15 minutes ; maximum
n=12
n= 21
4 heures]. La majorité des sorties permet des
actions d’une à deux heures. Cependant, le
déroulement de l’ensemble de l’action comprenant
la préparation du matériel, le déplacement,
>= 2h
l’installation sur le LRE, le temps d'action à
n=9
proprement parler puis le rangement et l’évaluation
de la sortie nécessite davantage de temps. Les
intervenants ont besoin de trois heures et
quarante cinq minutes en moyenne pour réaliser une sortie, [min. 30 minutes ; max. 8 heures].
de 1h30 à
< 2h
n=15
Au contact de près de 300 HSH
Les intervenants de la Délégation SIS Animation Pays de la Loire ont estimé à 676 le nombre total de personnes
présentes au cours de l’année sur les LRE à l’occasion de leurs visites. Une douzaine de HSH en moyenne se situe sur
le lieu de drague lors des actions de prévention. Cet effectif est très variable, de zéro à 30 individus. À partir de ce
public, 292 contacts ont pu être établis et 190 entretiens ont été menés. Les refus total de dialogue sont rares. Les
intervenants croisent parfois des hommes rencontrés à l’occasion d’une précédente sortie. Ce constat met en lumière
l’existence d’un public d’initiés voire d’habitués.
« Homme déjà connu depuis trois ans qui a évolué dans l'acceptation de son orientation sexuelle. Personne qui
a trouvé une relation d'écoute et de confiance avec le chargé de prévention. » Propos d’un intervenant
Public touché en quelques chiffres, LRE SIS Animation Nantes 2014, (en personne)
Nombre total de personnes sur le LRE
Nombre de contacts
Nombre de personnes déjà-vus lors de précédentes actions
Nombre d'entretiens
Nombre de refus total de dialoguer
Moyenne par sortie
12 [min. 0 ; max. 30]
5 [min. 0 ; max. 12]
1 [min. 0 ; max. 6]
3 [min. 0 ; max. 10]
<1 [min. 0 ; max. 5]
Total annuel
676
292
57
190
51
Malgré un public étendu, il est parfois difficile d’entrer au contact des personnes. Le contexte est un élément
fondamental dans la réussite d’une action de prévention. Une météo exécrable, des rumeurs d’agressions ou la
présence de la police sur les LRE sont autant de motifs poussant les HSH à rester dans leur voiture, voire à fuir le lieu
de drague.
« Tous dans leur voiture. Un homme habitué nous a dit que trois hommes suspects en cagoule de type casseurs
ont rodé dans le lieu. Il est parti car il a pris peur. » Propos d’un intervenant
SIS Observatoire
2
« Présence de la police et de la gendarmerie en grand nombre ce jour (une quinzaine) pour une enquête suite à
un dépôt de plainte d'un homme s'étant fait agressé il y a quinze jours. Les gendarmes inspectent les lieux et
contrôlent tout le monde. » Propos d’un intervenant
L’orientation sexuelle au cœur des échanges
Tout en préservant l’anonymat de la personne, le
contenu de 113 des 190 entretiens menés sur les LRE a
été retranscrit dans des fiches. La suite de ce document
porte sur l’analyse de ces fiches.
La durée des échanges est très variable, de quelques
minutes à une heure et demie. Cependant, les trois
quarts des entretiens n’atteignent pas la demi-heure et
la durée moyenne d’une discussion est une vingtaine
de minutes.
Durée des entretiens, LRE SIS Animation
Nantes, n=107 (en %)
< 10
minutes
5,6 %
>= 30
minutes
22,4 %
10-19
minutes
41,1 %
20-29
minutes
30,8 %
Note de lecture : les données n’ont pas vocation à être représentatives du public global des LRE nantais. Les
commentaires « en bleu et italique » représentent les commentaires des intervenants.
Profil des HSH rencontrés
L’un des 113 entretiens a été mené avec une femme se prostituant sur le LRE. Venue spontanément à la rencontre des
intervenants pour discuter. Cette personne a bénéficié de l’écoute et de l’expertise en termes de prévention de
SIS Animation. Hors public ciblé par la mission des intervenants, elle a été exclue pour la suite des analyses.
L’essentiel des HSH rencontrés sont d’âge mûr : 55,6 % ont entre 40 et 60 ans et 22,2 % ont plus de 60 ans. Les jeunes
ne représentent qu’une part minime des personnes vues en 2014 : 21,3 % ont entre 25 et 40 ans et un seul homme a
moins de 25 ans. Une majorité se dit en couple, 50 % avec une femme, 15,8 % avec un homme et 2,6 % sans précision
sur le sexe du partenaire. Sept hommes sur dix se définissent comme homosexuels (45,6 %) ou bisexuels (25 %). Alors
que les LRE sont connus pour être un lieu de rencontre entre HSH, 27,9 % des personnes rencontrées se reconnaissent
comme hétérosexuelles. Lorsque la question de l’insertion professionnelle est abordée, neuf sur dix indiquent être
salariés (66,7 %) ou retraités (23,3 %).
Contenu des échanges
Les échanges avec les HSH portent sur de multiples thématiques. Alors qu’une personne sur trois se dit
hétérosexuelle, l’orientation sexuelle est le premier sujet évoqué (87,4 %). Conscience d’avoir occasionnellement des
relations sexuelles avec d’autres hommes (40,7 %), dicibilité de l’homosexualité en tant qu’orientation sexuelle
(30,8 %) et déni de sa propre homosexualité (23,1 %) sont au cœur des discussions. La bisexualité apparait également
comme un questionnement pour cinq individus. Il semble que de nombreuses personnes rencontrées sur les LRE
soient en interrogation quant à leur orientation sexuelle et/ou le vécu de celle-ci. Des témoignages montrent le
parcours mené par certains pour accepter et pour faire accepter leur homo/bi-sexualité.
« Coming-out datant de deux ans, période difficile, divorce, questionnement. Il s'est appuyé sur son médecin
pour réfléchir à toute la situation. Il se dit bisexuel mais ne se verrait pas vivre avec un autre homme. »
« A appréhendé son attirance sexuelle pour les hommes qui l’a dégoutée au début. »
« Se pose des questions sur son orientation sexuelle, ses pratiques. Se définit comme 95 % hétéro et 5 % homo. »
« A eu un parcours d’acceptation de son homosexualité sur du long terme. Il a commencé par aller en lieu de
drague, puis s'est questionné sur son orientation sexuelle, et est allé sur des lieux de consommation sexuelle
(bar, boîte, sauna, etc.). Il parle d'un véritable "parcours" d'acceptation de son homosexualité. »
SIS Observatoire
3
« A une femme et est de plus en plus attiré par les hommes. »
Si certains hommes précisent venir uniquement sur les LRE pour du voyeurisme et/ou par curiosité sans avoir euxmêmes des relations sexuelles avec des hommes, d’autres sont plus gênés et réfutent tout lien avec le lieu de drague.
Il est alors délicat voire impossible de connaitre la part de déni dans leur discours.
« Vient sur le LRE par curiosité. »
« Il se questionne sur ses attirances sexuelles. Vient en LRE pour du voyeurisme. Routine dans le couple, cherche le
"frisson" en regardant. Dit ne rien pratiquer pour préserver son couple et semble peu prêt à verbaliser ses pratiques. »
« Il a déclaré ne pas savoir ce qu'il faisait sur ce lieu. Il dit être perdu, les gens "ici ont l'air bizarre". »
« Entretien de longue durée, beaucoup de discussions liées aux représentations de l'homosexualité (homophobie
intériorisée). Selon lui homosexualité = maladie. »
En cohérence avec ces questionnements sur l’orientation sexuelle, la sociabilité est le deuxième thème évoqué en
entretien (79,3 %). Il est question du vécu de l’homo/bi-sexualité dans la société en général (73,6 %) mais aussi dans la
famille (48,3 %) et dans le milieu professionnel (12,6 %). Ces discussions portent notamment sur le coming-out. Si
certaines personnes font état d’une double vie, l’une hétérosexuelle avec femme et enfants et l’autre homosexuelle
et secrète sur les LRE, d’autres parlent d’une homosexualité pleinement admise par leur entourage. Autre sujet
abordé, les lieux identitaires LGBT tels que des bars, des clubs, des saunas, etc. sont perçus de deux façons opposées
par les HSH : certains fréquentent ces lieux de sociabilisation parce qu’ils facilitent le vécu de leur homo/bi-sexualité ;
à l’inverse, ils sont évités par d’autres afin de rester discrets sur leur sexualité ou parce qu’ils les estiment trop
communautaires.
« Fréquente peu le milieu. Certains de ses amis connaissent son orientation sexuelle mais pas tous. Sa famille
connait et accepte son orientation sexuelle. »
« Il a beaucoup fréquenté le milieu gay. Il se déplace en LRE depuis plus de 25 ans. Son orientation sexuelle a
toujours été acceptée par sa famille. »
« N'évoque pas avec sa famille sa présence sur le LRE. Il n'est pas fier de ses pratiques et de sa présence sur le
lieu de drague. »
« Rejette le milieu homo qu'il trouve intolérant vis-à-vis des bisexuels. »
« Ne se reconnait pas dans le milieu gay. Parle de son orientation sexuelle avec son entourage. Il a un compagnon
pour se confier. Il a peur de croiser des connaissances sur les LRE ainsi que dans les établissements gays. »
« Il a peur du regard de sa famille sur sa situation. »
« Ne fréquente pas les bars, les saunas, ni le milieu gay en général. Trouve ce milieu trop compliqué, trop
stéréotypé (grandes folles, maniérés, etc.). Il fréquente les LRE depuis ses 21 ans. »
« Est entouré d'amis avec qui il parle de sa situation s'il a des questions. Ne fréquente pas les bars et les saunas.
Coming-out à l'âge de 18 ans (en a 50) à l'aise pour en parler avec sa famille. »
« Considère le LRE comme son "jardin secret" qu'il doit préserver, ne ressent pas le besoin d'en parler. Il met des
préservatifs pour protéger son secret. Il a une vie de famille qu'il veut protéger. »
« Il a démarré une nouvelle vie en tant qu'homme gay depuis quelques années et il en parle à ses nouvelles
relations sociales. Il a été marié pendant 20 ans à une femme. Il a trois enfants. Il garde cependant son
orientation sexuelle comme un "jardin secret" et n'en parle pas à sa famille. »
Thématique indissociable de la mission de prévention de SIS Animation, les moyens de protection (des IST dont le VIH
et des hépatites), c’est-à-dire essentiellement les préservatifs et la complémentarité d’un lubrifiant ont été au cœur
des échanges huit fois sur dix (78,4 %). Entre difficulté à se protéger et à demander aux partenaires de porter un
condom ou, inversement, ultra protection de toutes les pratiques, chaque HSH tient un discours différent. Il semble y
avoir un véritable gradient de protection sur les LRE, du moins dans les propos tenus. La rencontre avec les
intervenants de SIS Animation est l’occasion d’une présentation du préservatif féminin comme moyen de prévention
lors des pénétrations anales. Il peut être alors nommé « préservatif interne ».
« Difficulté d’instaurer le préservatif face à certains partenaires. »
« Discussion sur l'utilisation du préservatif et sur les arguments des personnes qui ne veulent pas en porter. »
« Le préservatif est aussi une histoire de génération. Ce n’est pas toujours facile pour tout le monde d’en parler. »
« Manque de plaisir avec un préservatif. »
SIS Observatoire
4
« Utilise toujours le préservatif sauf pour les fellations. »
« Préservatif pour tous les rapports, même la fellation car imposé dans un cadre professionnel (prostitution
dans le cadre de massage tantrique). Utilisation de gants en latex et de lubrifiant. »
« Utilisation constante du préservatif. Pas de fellation sans préservatif. »
« A déjà eu plusieurs rapports sans préservatifs et maintenant se protège pour tous les rapports. Dit non
lorsqu'on lui propose une relation sans préservatif. »
Afin de se protéger correctement, il est essentiel de connaître les modes de transmission (des IST dont le VIH, et des
hépatites). Ce sujet est abordé dans la moitié des échanges (51,4 %). La question de la transmission des IST lors de la
fellation est récurrente, et spécifiquement concernant la transmission de la syphilis. De fausses croyances circulent
toujours comme le fait que se laver abondamment les parties génitales suffirait à empêcher toute transmission.
« Pensait que le lavement permettait d’éviter les risques. »
« Risque de transmission du VIH et de la syphilis par la fellation. »
Le dépistage du VIH est le quatrième grand thème abordé dans les entretiens (73 %). La majorité des HSH réalise un
dépistage du VIH dans le cadre d’un check-up (56 %) et un tiers estime n’avoir pris aucun risque nécessitant un test
(36 %). Un tiers des personnes évoquant leur dernier dépistage le situe à plus d’un an (36,6 %) et le lieu choisi pour ce
test est préférentiellement un laboratoire (60 %), les horaires des CDAG ne paraissant pas toujours adaptés. Si la
moitié indique réaliser un dépistage régulièrement (51,2 %), l’autre moitié favorise les tests ponctuels en fonction de
la situation (48,8 %). Pour beaucoup, la discrétion est un élément fondamental pour réaliser un dépistage. Un seul
homme parle de sa séropositivité au VIH, statut difficile à vivre pour lui au sein de la communauté gay.
« Ne connait pas le délai de six semaines. »
« Check-up intégré mais il a encore des freins liés à sa situation professionnelle et aux horaires des CDAG qui ne
sont pas évidents. »
« Dépistage tous les ans prescrit par son médecin traitant. »
« Difficulté d’accès au laboratoire et au dépistage car c’est un homme marié. Les prises de sang laissent des
marques et il a peur que sa femme les découvre. »
« Fréquente le milieu gay. Ne parle pas trop de ce statut séropositif car l'information peut tourner vite. L'image
du sida lui semble encore trop négative. Il craint le regard des autres. »
En complémentarité du VIH, le dépistage des autres IST est évoqué dans la moitié des échanges (49,5 %). Si trois
personnes indiquent n’en avoir jamais effectué, la majorité précise se dépister ponctuellement (42,4 %) voire
régulièrement (48,5 %). Ainsi, huit hommes expliquent avoir déjà été touchés par la syphilis (n=4) ou les gonocoques
(n=4). Tout comme pour le VIH, la majorité des HSH inclut le dépistage des IST dans un check-up (60 %) et un tiers ne
pense pas avoir pris de risque (36,7 %).
« Ne pensait pas à demander un test pour la syphilis. »
« Personne qui vient de finir son traitement contre la syphilis. »
Enfin, les hépatites virales sont relativement moins abordées en entretien (16,2 %). Une personne indique avoir été
par infectée par le VHC et en a guéri. Quatre hommes précisent être vaccinés contre le VHB et un contre le VHA. Une
méfiance vis-à-vis du vaccin contre l’hépatite B est encore retrouvée dans certains propos.
« Connait bien les modes de transmission de l’hépatite B. »
« Ne fait pas confiance au vaccin contre l’hépatite B. »
Un quart des échanges avec les HSH porte sur le traitement et la prise en charge du VIH, des autres IST ainsi que des
hépatites (28,8 %). Les traitements du VIH conservent une image pesante, amenant systématiquement à des effets
indésirables. Quant au TPE (Traitement Post Exposition), il fait l’objet d’une discussion une fois sur cinq (20,7 %).
Treize personnes rencontrées sur le LRE ne connaissent pas cette option après une prise de risque.
« N’est pas convaincu de l’efficacité des traitements. »
SIS Observatoire
5
« Discussion sur l’efficacité de la trithérapie. »
« Discussion sur les personnes vieillissant avec le VIH. »
« A déjà fait un TPE suite à une éjaculation non voulue dans la bouche. Il a vécu une fatigue difficile durant les
trois premiers jours du TPE. »
Au-delà de la mission de prévention et de réduction des risques des intervenants, les hommes rencontrés font
souvent état de difficultés dans leur vie affective et amoureuse (35,1 %). Alors que pour certaines personnes, les LRE
ne sont pas en contradiction avec une vie amoureuse parallèle, ils nourrissent chez d’autres un espoir de vraies
rencontres et comblent un vide affectif. Les LRE répondent aussi à des besoins sexuels qui ne peuvent être satisfaits
dans la vie hétérosexuelle de certains HSH.
« En couple, décalage dans la libido et le vit mal, malgré une communication. »
« Relations hors couple connues implicitement par sa femme. »
« Marié avec une femme et a des enfants. Sa femme connait et accepte sa bisexualité pourvu qu'il mette en
place des stratégies de prévention. »
« Célibataire, pense que le couple n’est pas un modèle qui lui convient. »
« Routine dans le couple, ennui. Il fréquente les LRE en le cachant à son partenaire. »
« Ancien partenaire décédé en 2008 après une relation de 33 ans. À nouveau en couple, mais éprouve des
difficultés relationnelles qui semblent lui peser. »
« Vie en couple et aborde les notions de jalousie, de confiance et d’exclusivité. »
« Est en couple avec un homme et ont chacun leur zone d’intimité et de relations respectives. »
« A été en couple pendant cinq ans, est célibataire, espère trouver une relation longue, gère sa solitude. »
« Vient sur le LRE pour réaliser des fantasmes. »
Ainsi, un mal-être est observé chez une vingtaine de personnes. Une quinzaine parle de ce malaise aux intervenants,
jusqu’à exprimer des idées suicidaires pour deux d’entre eux. Sans pouvoir faire le lien avec ce mal-être, trois
personnes précisent consommer des produits tels que du cannabis et drogue dure.
« Il s’injectait auparavant mais a arrêté car a connu des décès liés au VIH. »
« Déclare avoir eu des idées noires très présentes mais sans passage à l'acte. Dit s'en être sorti. »
« A des difficultés à accepter sa présence en LRE. A déjà été orienté vers le groupe d'entraide Homme Marié, y
est allé. Idées suicidaires déjà évoquées lors de précédents entretiens. »
En parallèle, la législation concernant l’exhibition et le rapport des HSH avec les autorités concernent un tiers des
entretiens (33,3 %). Les agressions verbales et physiques subies ou redoutées sur les LRE sont présentes dans un
quart des échanges (26,1 %). Le comportement des agresseurs et celui des policiers sont tous deux remis en cause et
sont tous deux sources d’inquiétude.
« Personne qui a besoin d’exprimer sa colère envers les agresseurs et la pression de la police. »
« Personne qui a été confrontée à des individus qui lançaient des pierres sur le LRE. »
« A peur de la police qui passe, a déjà eu affaire à eux. »
« Rapport aux autorités compliquées, propos homophobes tenus par le personnel de police. »
« Il porte une arme blanche et est prêt à attaquer s’il se sent en danger. »
« Naturiste qui profite du soleil. Rappel de la loi sur l’exhibitionnisme. »
SIS Observatoire
6
Distribution de matériel, orientation et clôture de l’entretien
En dehors de leur mission d’écoute et de conselling, les intervenants de SIS Animation proposent des préservatifs et
orientent les HSH vers des structures adaptées à leurs besoins. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2014, 71 préservatifs
masculins ont été distribués. Dans la plupart des cas, ils sont donnés à l’unité (13,3 %) ou par paire (53,3 %). Cinq
préservatifs internes ont également été fournis.
Principales orientations vers un parcours psychosocial,
LRE SIS Animation Nantes, n=42 (en %)
Le centre LGBT est la principale
structure ressource vers laquelle les
personnes nécessitant une aide
psychosociale sont orientées, le
groupe d’entraide Hommes mariés
est un des dispositifs proposés par le
CLGBT. L’association AIDES et SOS
Homophobie
sont
aussi
fréquemment proposés comme
soutien par les intervenants.
SOS Homophobie
Groupe d'entraide
Association AIDES
Centre LGBT
11,9
33,3
38,1
61,9
Note : somme supérieure à 100 %, plusieurs orientations possibles
Principales orientations vers un parcours médical,
Concernant des questions d’ordre
LRE SIS Animation Nantes, n=50 (en %)
médical, le numéro vert de Sida Info
Laboratoires
6
Service est relayé huit fois sur dix,
Médecin
8
première étape dans la démarche
TROD
26
d’une meilleure prise en charge de sa
CDAG-CIDDIST
44
santé sexuelle. Les lieux de dépistage
des IST dont le VIH, et des hépatites
N° vert SIS
80
sont régulièrement communiqués :
Note : somme supérieure à 100 %, plusieurs orientations possibles
les CDAG/CIDDIST nantais, les
structures de TROD, les médecins généralistes et les laboratoires.
Degré de confiance sur une échelle de 1 à 5,
au début et en fin d'entretien,
LRE SIS Animation Nantes, n=112 (en %)
1
67
2
3
4
5
52,7
31,3
17
9,8
0,9
5,4
Au début de la rencontre
SIS Observatoire
1,8
6,3
8
À la fin de la rencontre
Cette orientation vers d’autres structures
permet de clore l’entretien. C’est l’intervenant
qui met fin à l’échange dans les trois quarts des
cas (76,7 %). Si la personne semble méfiante à
la rencontre des intervenants au début des
échanges, la confiance se renforce au cours de
la discussion. Ainsi, SIS Animation est perçue
positivement par les HSH qui pourront en cas
de nécessité revenir vers les intervenants à
d’autres occasion et/ou promouvoir leurs
actions auprès d’autres personnes fréquentant
les LRE.
« On le sent à fleur de peau sur certains
sujets (deuil, relation humaine). Larmes,
grand besoin de se confier et d'en
parler. Entretien difficile à clore. »
7