Treize ans de réclusion pour le meurtre de son rival Une
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Treize ans de réclusion pour le meurtre de son rival Une
W4--- 쮿 Mercredi 1 décembre 2004 ●TRIBUNAL NÎMES 5 SOCIÉTÉ Midi Libre Hier, les jugements dans deux affaires impliquant des personnalités gardoises ont été rendus Une facture plutôt salée pour Claude Pradille Jacques Gazeilles trois fois condamné Quatre ans de prison, dix ans d’inéligibilité et 1,5 M€ à payer aux HLM ■ Claude Pradille devrait retourner en prison pour une période de 12 mois. Enfin, en théorie. Reconnu coupable de diverses malversations (abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, corruption), entre 1987 et 1994, au lourd préjudice de l’Office public des HLM du Gard (OPDHLM) qu’il présidait alors, l’ex-sénateur maire de Sauve a été condamné hier à quatre ans de prison ferme. Toutefois, la juridiction, suivant en cela les réquisitions du procureur, a ordonné la confu왘 Malversations sion avec la peine prononcée par la au lourd cour d’appel de préjudice Lyon en 1997, où, de l’Office HLM pour le dossier dit de la piscine, il que Pradille avait écopé de présidait trois ans ferme. fai왘 Par le jeu de la te,Soustraction il reste donc un confusion des reliquat d’un an. peines, Pradille Mais il y a fort à aurait un an de peut-être parier que Claude prison à purger P r a d i l l e , aujourd’hui âgé de 왘 Il fera appel 62 ans, par le jeu des réductions des peines, n’ait pas à retourner sous les verrous, en l’état de cette sanction : sa première condamnation lui a déjà valu de séjourner longuement dans les geôles de la République, 27 mois. Finalement, le jugement rendu hier, dans ce dossier considéré comme « le plus représentatif du système Pradille », édifiant en terme de favoritisme sur fond d’amitiés maçonniques et par l’importance des fonds publics détournés de leur ●ASSISES DU GARD Claude Pradille, lors du procès en octobre. vocation sociale, et pour lequel il avait comparu début octobre avec douze autres prévenus (lire Midi Libre du 4 au 8 octobre), est sans doute plus embarrassant pour l’ex élu socialiste dans les peines complémentaires qui ont été prononcées. Ainsi, lui qui, dit-on, nourrissait encore quelque ambition politique, écope de cinq ans de privation du droit de vote et de dix ans d’inéligibilité. De plus, il est condamné à verser pour près de 1,5 million d’euros à Habitat du Gard, ex-OPDHLM, soit le montant du préjudice avancé par l’organisme lors du procès. Claude Pradille ne s’est pas attardé au palais de justice pour commenter la décision du tribunal. Joint par téléphone, l’un de ses avocats, Jean-Pierre Cabanes qui plaidait hier à Saint-Etienne, a annoncé qu’il allait faire appel, estimant que le jugement prononcé à l’encontre de son client était « inacceptable ». Si la relaxe a été prononcée pour cinq collaborateurs du président de l’office des HLM (Philippe Gaillard, Régis Vezon, Françoise Martinez, Florence Arnaud, Jean-Max Fabre), le tribunal est entré en voie de condamnation à l’encontre des sept autres co-prévenus. Ainsi, concernant le volet de la destruction de l’immeuble Marc-Maurel : Gilbert Sarzi, ex-directeur du développement des HLM prend huit mois avec sursis ; Denis Volpilière, patron d’une société qui avait évacué des gravats en sous-traitance occulte du groupe Perez, lequel groupe aurait été avantagé dans l’obtention du marché, dix mois avec sursis ; Janick Perez 12 mois avec sursis, 10 000 euros d’amende et cinq ans d’exclusion des marchés publics ; Pierre Trinquie, ex cadre du groupe Perez, six mois avec sursis. Sur le versant de la réalisation du mas Carbonnel, où apparaissait en arrière plan l’épisode des chasses africaines, le promoteur immobilier Pierre-Marie Meynadier est sanctionné par deux ans avec sursis, 20 000 euros d’amende, cinq ans d’exclusion des marchés publics, cinq ans de privation du droit de vote et dix ans d’inéligibilité (son associé Pierre Raymond écope de 10 000 euros d’amende). Enfin, Max Blondin, pour une histoire d’ordinateur chèrement acquis par l’Office, écope de 3 000 euros d’amende, une peine confondue avec sa condamnation en 1997, aux côtés de son beau-frère, Claude Pradille. ● Cinq anciens assistants de Pradille relaxés R. B. Photo Stéphane BARBIER Le drame s’était déroulé en mars 2002 à Bagnols/Cèze Treize ans de réclusion pour le meurtre de son rival L’avocate générale avait requis quinze ans à l’encontre de Michaël Paumier ■ Amour ou amour propre ? Lequel des deux sentiments a-t-il été le plus écorché chez Michaël Paumier ? À l’issue de ces deux jours d’audience où il comparaissait devant la cour d’assises pour meurtre, on se pose encore la question. Crime passionnel ou crime passionné ? Déchirure du cœur ou mortification de l’ego d’un homme chez lequel l’expert psychologue a décelé une personnalité plutôt narcissique ? « Je me suis senti trahi par mon meilleur ami qui 왘 La partie civile avait une relation avec ma femme et la défense sans que je le a déplorent tour sache », confirmé à tour les zones d’ailleurs le Bagnolais de d’ombre 35 ans qui, avant les faits, tenait une du dossier friterie-guinguette 왘 Pour la défense à la sortie de l’accusé est… Bagnols-sur-Cèze, sur la route de victime d’une Pont-Saint-Esprit, double trahison avec celle qui avait sa vie pen왘 « Ni un macho, partagé dant 13 ans avant ni un salaud » de le quitter un mois avant les faits. Le 3 mars 2002 vers 19 heures, justement, Damien Valdès, un ancien légionnaire de 47 ans, avait décidé de jouer franc jeu. « Il était allé voir Paumier pour lui annoncer son projet de vivre avec Isabelle. Il voulait être loyal avec son ami. Il voulait, avant d’entreprendre cette nouvelle relation, discuter avec lui... Parce qu’il était droit et honnête », explique à la barre un copain à qui la victime s’était confiée le jour même. Le témoin confirmait ainsi la déposition d’Isabelle Châtelain qui, la veille, bien qu’avare en détails et apparemment encore sous le choc de ce drame, avait expliqué à la cour l’intention de son nouvel amour. « Damien a voulu que je l’accompagne à la caravane de Monsieur Paumier. J’avais très peur, car je savais qu’il allait nous tuer. D’ailleurs, quand je l’ai vu aller chercher son fusil, je suis partie en courant à travers champs. » Damien Valdès, qui espérait encore une explication, s’est attardé. En guise de discussion, Paumier a fait parler son arme. Une seule décharge de plombs dans le cou de celui qu’il considérait alors comme un traître et un voleur a été fatale à la victime qui, ayant enfin saisi le danger, effectuait à bord de son véhicule une marche arrière. En cavale durant 17 jours, Michaël Paumier finira par se rendre, en affirmant aux policiers bagnolais à qui il avait donné rendez-vous à Nîmes, qu’il s’agissait d’un geste accidentel. Même stratégie de défense au cours du procès qui entraîne la question subsidiaire d’homicide volontaire (en fait il voulait dire coup mortel avec arme) sur laquelle l’avocat de Paumier demande aux jurés de se prononcer. Pour le conseil de la famille de Damien Valdès et notamment ses deux jeunes enfants, la culpabilité et la volonté d’homicide sont acquises. Me Bruno Ferri regrette que l’on n’ait jamais, au cours de l’instruction ou des débats, pu connaître les circonstances exactes de cette tragédie. La faute en incombe à l’accusé dont la loyauté est mise en doute par la partie civile. Pour l’avocate générale qui... accuse avec modération mais requiert avec fermeté 15 ans de réclusion, ces blancs du dossier sont comblés. Pétrie de certitudes, elle rappelle la chronologie des faits en zigzaguant entre la culpabilité de Paumier et les responsabilités de Damien Valdès et d’Isabelle Châtelain. Frédérique Roucher, si elle est, elle aussi, persuadée de l’intention d’homicide, bétonne son réquisitoire autour d’un crime passionnel. « Valdès est venu lui dire, en d’autres termes : "C’est plus ta femme, c’est la mienne". Paumier ne le croit pas jusqu’à ce qu’il aperçoive son ex-compagne dans la voiture de celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Là, il n’accepte pas. » La suite, on la connaît… La défense du meurtrier accuse de double trahison la victime et sa compagne. Me Bernard Bouillaud insiste ensuite longuement sur la personnalité de son client. Une enfance particulièrement difficile dans un camp de transit de Dieppe, puis en HLM, avec une mère d’origine gitane et un père puis un beau-père violents. La meilleure défense étant l’attaque, l’avocat jette l’opprobre sur l’objet de tous ses ressentiments. « Isabelle Châtelain voulait le beurre et l’argent du beurre ». Un jour en tout cas, elle n’a plus voulu partager les mêmes tartines que Paumier ! « Ce n’est pas un macho, ce n’est pas un salaud, mais un homme qui aimait encore la mère de ses enfants et espérait la récupérer ». Le coup de feu « involontaire », le défenseur le compare à celui qui provoque un accident de chasse. Les jurés n’ont pas visé dans la même direction puisqu’ils ont condamné Michaël Paumier à 13 ans pour meurtre. ● L’accusé plaidait l’accident mortel Domynique AZEMA ■ L’ancien trésorier de la CCI de Nîmes, Jacques Gazeilles, a été condamné hier, par le tribunal correctionnel de Nîmes, à trois ans et demi de prison ferme dans le cadre de trois affaires différentes. L’ancienne figure du monde immobilier de Nîmes était d’abord poursuivie pour avoir détourné 150 000 € au préjudice du Comité interprofessionnel du logement (Cil) qui gérait le 1 % logement. Lequel était en lien avec la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nîmes dont Jacques Gazeilles était le trésorier. C’est à ce titre qu’à l’époque, en 1995, il a pu signer un virement de 1 MF des comptes du Cil vers ceux d’une de ses sociétés. Pour cet abus de confiance, il a écopé d’une peine d’un an de prison, telle que l’avait réclamée, à l’audience, le 9 septembre dernier, la substitut Wanda Ottavy. Interdiction lui est également faite de gérer pendant cinq ans toute entreprise. L’autre dossier étudié par les juges Nîmois concernait des faux et usage de faux en écriture qui avaient permis en 1998 à Jacques Gazeilles d’obtenir un crédit bancaire de 686 020 € (4,50 MF) avec une attestation falsifiée signée par le commissaire aux comptes. Dans cette affaire, le parquet avait réclamé une peine de « 12 à 18 mois de prison ferme et 5 000 € d’amende ». Jacques Gazeilles est finalement condamné à six mois de prison ferme. Enfin, l’affaire la plus impor- Jacques Gazeilles. Photo S. B. tante portait sur un montage de prêts. Jacques Gazeilles était poursuivi avec Jocelyn Gerbeaud pour abus de confiance. Les sommes en cause approchaient le million d’euros. Il s’agissait de la caution d’un prêt bancaire qui était censé renflouer les caisses de la CCI et dont une partie avait atterri sur les comptes bancaires de sociétés de financement basées à Dublin (Irlande) et aux USA. Ce troisième dossier vaut à Jacques Gazeilles trois ans de prison dont un avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer toute fonction dans une société. Jocelyn Gerbeaud, un financier intervenant dans le montage irlandais de l’affaire, écope, lui, d’une peine de deux ans de prison dont un avec sursis. Les deux devront verser 551 000 € de dommages et intérêts. Jacques Gazeilles, qui a déjà effectué 8 mois de prison préventive, a décidé de faire appel de ces trois jugements, a annoncé hier son avocat Bernard Fontaine. ● F aits divers ● Caissargues Il prend rendez-vous pour voler des autos à la vente ■ Les gendarmes appellent à la plus grande vigilance les particuliers désireux de vendre leur auto. Lundi et mardi, deux personnes, qui avaient passé des petites annonces, se sont fait voler leur auto par un prétendu acheteur. Ce dernier leur avait donné rendez-vous, par téléphone, sur un parking pour, en principe, voir et essayer l’auto à la vente. Il s’agissait donc d’un piège, puisque ce malfaiteur a profité de la situation pour partir au volant de deux berlines allemandes en 24 heures. Les gendarmes enquêtent. ● Nîmes Violente crise de nerfs en pleine audience du tribunal ■ Hier, en pleine audience du tribunal correctionnel de Nîmes, un homme qui était venu assister à la demande de mise en liberté de son frère actuellement détenu a pété les plombs. Alors que la juridiction, présidée par Jean-Dominique Panzani, venait de refuser la requête de son frère, l’homme s’est levé, s’est avancé au beau milieu du prétoire, s’est mis à invectiver les magistrats et s’est montré très menaçant. Pris d’une « crise de nerfs », comme l’indiquait un témoin de l’incident, l’homme a été difficilement maîtrisé. A tel point que le président de la juridiction et le procureur Belin étaient à deux doigts de prêter main forte aux forces de l’ordre… Hier soir, l’homme devait être présenté au parquet où des poursuites devaient être engagées à son encontre. Un faux passeport pour ouvrir des comptes et dépenser 40 000 € ■ La brigade de recherche de la gendarmerie d’Alès a interpellé hier deux Anduziens de 26 et 28 ans qui, au cours des dernières semaines, avaient cumulé 40 000 € d’achats dans des commerces de Nîmes et d’Alès avec une fausse identité. A l’aide de matériel informatique, l’un de deux hommes avait fabriqué un faux passeport et s’était fait ouvrir, sous le nom d’Olivier Dubois, deux comptes dans deux agences bancaires différentes d’Alès. Une fois en possession de carnet de chèques et de cartes bancaires, il avait alors écumé les magasins de matériaux, de hi-fi, d’ameublement. Avec son complice, ils avaient même acheté un véhicule. Après qu’un chèque a été refusé pour défaut de provision, un commerçant a prévenu les gendarmes, lesquels ont donc identifié et interpellé les deux individus hier, après trois semaines d’investigations. Les deux hommes, qui doivent répondre de falsification de documents administratifs, de faux et d’usage de faux, d’escroquerie et de tentative d’escroquerie, seront présentés ce matin au parquet.