Rapport - La Chambre

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Rapport - La Chambre
BELGIQUE
IN F O R M A T I O N S
PA R L E M E N T A I R E S
MISSIONS
SPECIALE
PA R L E M E N TA I R E S
CHAMBRE
DES
REPR ÉSENTANTS
DE
ÉDITION
RAPPORT
DE LA MISSION D’UNE DÉLÉGATION
DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS
EN ALBANIE
03.04.2007 — 05.04.2007
Président de la délégation :
Herman DE CROO, Président de la Chambre
N° 62
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éditeur responsable
: le secrétaire général de la Chambre
Rapport de la mission d’une délégation
de la Chambre des représentants de Belgique,
conduite par Monsieur Herman De Croo,
Président de la Chambre et Ministre d’État,
en Albanie
du mardi 3 avril au jeudi 5 avril 2007
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SOMMAIRE
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE
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PROGRAMME
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RAPPORT
- Déjeuner de travail avec M. Thomas Antoine et
M. Grégoire Cuvelier du SPF Affaires étrangères
- Audience donnée à l’ambassadeur d’Albanie, S.E.
M. Arthur Kuko
- Rencontre avec Mme Jozefina Topalli, Présidente de
l’Assemblée nationale
- Point de presse
- Déjeuner offert par la présidente du Parlement albanais
- Rencontre avec S.E. M. Helmut Lohan
- Rencontre avec la commission des Affaires étrangères
- Rencontre avec la commission des Affaires
européennes ou commission de l’Intégration européenne
- Déjeuner de travail privé avec l’ambassadeur des
Etats-Unis d’Amérique
- Rencontre avec M. Sali Berisha, Premier ministre
- Audience chez S.E. M. Alfred Moisiu, Président d’Albanie
- Visite à un centre pour ex-prostituées
- Rencontre avec M. Fatmir Mediu, ministre de la Défense
nationale
- Rencontre avec Mme Jozefina Topalli, Présidente de
l’Assemblée nationale
- Déjeuner en compagnie de M. Gazmend Oketa, vice-premier
ministre et de M. Klodian Pajuni
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Considérations finales du président de la Chambre des
Représentants
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PHOTOS
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A NNEXES
-
Opinion de Guy Spitaels
OSCE
Conseil de l’Europe – Résolution 1538
Conseil de l’Europe – Doc. 11115 du 20.12.2006
Commission of the European Communities – Albania 2006
Progress report
PRESSE
INFORMATIONS SUR LES VILLES DE KRUJA ET D URRËS, VISITÉES PAR
LA DÉLÉGA TION
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COMP OSIT ION DE L A
DE LE GAT ION
P ARL E ME NT AIRE
M. Herman DE CROO
Président de la Chambre des représentants
Ministre d’Etat
M. Geert LAMBERT
Vice-Président de la Chambre
[sp.a-spirit – socialistes et régionalistes progressistes flamands]
M. Thierry GIET
Président du groupe PS
[socialistes francophones]
M. Daniel BACQUELAINE
Président du groupe MR
[libéraux francophones]
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M. Pierre LANO
Membre du Bureau de la Chambre
[VLD – libéraux flamands]
M. Francis VAN DEN EYNDE
Président de la commission de l’Infrastructure
[Vlaams Belang - nationalistes flamands]
Secrétaire de la délégation:
Monsieur Ferdinand VANTHOURNOUT
Directeur du service des Relations publiques
et internationales
Mme Els HAELTERMAN
Conseillère du président de la Chambre
Mme Lou OSTYN
Secrétaire du président de la Chambre
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Presse:
Madame Valérie COLIN
Le Vif/L’Express
Madame Pascale DEPYPERE
VRT – Terzake
Madame Linda DE WIN
VRT – Terzake
Monsieur Vic PIERLOZ
VRT – Terzake
Monsieur Frank SCHLÖMER
De Morgen
Madame Françoise WALLEMACQ
RTBF - Radio
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P ROGRAMME
M ARDI 3 AVRIL 2007
10 h 20
Arrivée à l’aéroport « Nënë Teresa Airport » à Rinas
Accueil par Monsieur Fatos Beja, Vice-Président du Parlement albanais, et par
Monsieur Vangjel Mita, Chef du Protocole
12 h 00
Rencontre avec S.E. Madame Jozefina Topalli, Présidente du Parlement
Doorstep interview
13 h 30
Déjeuner officiel offert par la Présidente du Parlement
16 h 00
Rencontre avec S.E. Monsieur Helmut Lohan, Ambassadeur de l’Union
européenne [Hôtel Rogner]
17 h 00
Rencontre avec la commission des Affaires étrangères
18 h 00
Rencontre avec la commission des Affaires européennes
20 h 30
Dîner offert par S.E. Monsieur Jean De Ruyt, ambassadeur de Belgique
M ERCREDI 4 AVRIL 2007
08 h 30
Uniquement pour le Président de la Chambre : déjeuner de travail avec S.E.
Madame Marcie Berman Ries, Ambassadeur des Etats-Unis à Tirana [Hôtel
Rogner]
10 h 00
Rencontre avec S.E. Monsieur Sali Berisha, Premier Ministre
Doorstep interview
11 h 00
Rencontre avec S.E. Monsieur Alfred Moisiu, Président de la République
11 h 45
Visite de la ville de Kruja
Musées d’Histoire et d’Ethnographie
16 h 00
Visite au Centre pour ex-prostituées
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18 h 00
Rencontre avec Monsieur Fatmir Mediu, Ministre de la Défense nationale
19 h 00
Soirée Opéra
20 h 30
Dîner offert par Monsieur Berisha, Premier Ministre
JEUDI 5 AVRIL 2007
10 h 30
Visite de la Salle de Séances plénières du Parlement
11 h 00
Rencontre avec Madame Jozefina Topalli, Présidente du Parlement
11 h 30
Visite de la ville portuaire Durrës [visite du musée]
13 h 00
Déjeuner à l’hôtel Adriatik de Durrës en compagnie de Monsieur Gazmend
Oketa, Vice-Premier Ministre et de Monsieur Klodian Pajuni, Préfet de Durrës
16 h 30
Départ pour le “Nënë Teresa Airport” Rinas
17 h 30
La délégation quitte l’Albanie par avion militaire
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RAP P ORT
Mercredi 28 mars 2007
DÉJEUNER DE TRAVAIL (PRÉPARATION DE LA MISSION) À LA PRÉSIDENCE DE LA CHAMBRE DES
REPRÉSENTANTS AVEC M ONSIEUR T HOMAS ANTOINE, DIRECTEUR DU SERVICE EUROPE DU
SUD-EST AU SPF AFFAIRES ÉTRANGÈRES AINSI QU’AVEC SON COLLABORATEUR M ONSIEUR
GRÉGOIRE CUVELIER, PREMIER SECRÉTAIRE D’AMBASSADE EN PRÉSENCE DES PARTICIPANTS
À LA MISSION
Tout d’abord il convient de considérer que la couverture diplomatique belge des Balkans est
des plus réduites en raison d’impératifs budgétaires.
L’Ambassadeur Jean De Ruyt réside à Rome, Monsieur André Nijs, Officier de liaison du
SPF Intérieur, réside à Tirana et Monsieur Fabrice Wallaert, Consul honoraire à Durres.
Les interlocuteurs albanais insistent tous sur l’établissement d’une ambassade.
Pour ce qui concerne la mission parlementaire les sujets suivants pourraient être abordés :
-
les caractéristiques socio-politiques de l’Albanie ;
les rapports entre l’Albanie et le Kosovo ;
l’Albanie et l’UE ;
la lutte contre la corruption et le crime organisé ;
L’Albanie est à la fois le parent pauvre et l’enfant sage des Balkans. Au plan politique, il
s’agit du bon élève de l’Europe géographique.
On assiste à une forte personnification du débat politique qui se polarise autour du PDA
(Parti Démocratique Albanais avec Sali Berisha et du PSA (Parti Socialiste Albanais) dirigé
tout d’abord par Fatos Nano et actuellement par Edi Rama ; ces partis dominant tour à tour
la majorité ou l’opposition.
Le recours aux mesures radicales telles que les manifestations de masse, la contestation
des résultats électoraux et le boycott parlementaire est dans les habitudes.
Il s’agit en somme d’une société clanique et féodale.
La diaspora albanaise joue indirectement un rôle considérable du fait des transferts
financiers et également en raison du lobbying qu’elle exerce p.e. aux Etats-Unis d’Amérique.
Les USA essaient de faire valoir leur soutien aux Albanais (Albanie et Kosovo) dans leur
rapport au monde musulman en général.
L’irrédentisme constitue également une question délicate. L’Albanie jouer un rôle modérateur
dans la question du Kosovo ; pour elle il s’agit de respecter la libre volonté du peuple
Kosovar en faveur de l’indépendance. La question du Kosovo ou de la Grande Albanie n’a
pas, à ce jour, fait l’objet des enjeux électoraux. L’Albanie soutient Monsieur Martti Ahtisaari,
envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour aboutir à un règlement définitif.
On note cependant une recrudescence des contacts entre les clans d’Albanie et du Kosovo.
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Pour ce qui concerne les trafics et la criminalité, les clans échappent généralement aux
poursuites dans la mesure où ils financent les partis politiques. Récemment le gouvernement
a interdit l’usage des « speedboats » qui sont les vecteurs des trafics avec l’Italie et la Grèce.
En matière de corruption, le Parlement réclame depuis juillet 2006 la démission du Procureur
général car il n’a pas poursuivi des délits flagrants de corruption, mais le Président Moisiu
refuse d’y donner suite.
Sur le plan budgétaire, l’Albanie fait face ces dernières années à un déficit de l’ordre de 4 %.
La faible collecte de l’impôt et la facture énergétique constituent un sérieux handicap.
En matière d’exportations, il s’agit essentiellement de produits à forte intensité de main
d’œuvre (textiles, chaussures) qui constituent 55% des revenus, sur base de produits semifinis en provenance de l’Italie.
Le tourisme constitue un atout certain car le pays est relativement « intact » du fait d’une
infrastructure déficiente qui a son tour constitue un frein.
Pour les investisseurs l’Albanie constitue un risque certain.
Les nombreuses coupures d’électricité mettent l’économie à mal. L’approvisionnement
énergétique basé sur de nombreux barrages devrait permettre la fourniture d’électricité en
autarcie, mais il y a des périodes où l’eau est insuffisante et le changement climatique en
cours fait que la situation empire. D’autre part, du fait de son adhésion à l’UE, la Bulgarie qui
fournissait de l’électricité notamment à l’Albanie, est contrainte de fermer son unique centrale
nucléaire de Kozlodouï, une des plus dangereuses du monde.
Y a t’il une langue albanaise ? Certains linguistes la considèrent comme descendant de
l’illyrien, mais la langue antique dont elle est originaire est inconnue. Il semblerait que cette
langue soit plus proche du slave que du balte. En fait l’Albanie constitue une île dans un
océan slave. On assiste à l’heure actuelle à une dialectique identité
(particularisme)/citoyenneté (européannité).
L’Italie, premier pays d’émigration pour les albanais, compte actuellement quelque 235 000
immigrés. Elle tente de régulariser ceux qui sont en situation illégale mais détenteurs d’un
emploi.
Il y a également beaucoup d’albanais en Grèce qui y effectuent des tâches modestes et qui
sont progressivement régularisés. Un léger contentieux oppose l’Albanie et la Grèce : d’une
part la question des droits de la minorité grecque du Sud de l’Albanie et d’autre part le
problème des compensations pour l’expulsion de Grèce, au lendemain de la Seconde
Guerre Mondiale, de l’ancienne minorité albanaise.
En Belgique beaucoup d’albanais sont entrés en prétendant être kosovars. Ils sont établis
surtout à Schaerbeek et à Anvers.
En Albanie même, le problème des communautés et des minorités est relativement
insignifiant.
Un des aspects caractérisant la communauté albanaise est la pratique du « canun » ou droit
coutumier albanais, qui s’apparente à la « vendetta » mais est autrement radical, décimant
des familles entières.
Quelques réflexions à l’emporte-pièce :
-
les élites intellectuelles ont surtout été formées aux Etats-Unis d’Amérique et en France.
les investissements arabes concernent la construction de mosquées.
l’Albanie est moins exposée au risque islamiste que la Bosnie. En fait, en matière
religieuse la liberté de culte est garantie légalement et dans la pratique.
l’Albanie est signataire du CEFTA (Central European Free-Trade Agreement).
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Parmi les questions qui pourraient être abordées citons :
-
les investissements ;
le manque de professionnalisme du système judiciaire ;
les déficiences de l’infrastructure.
il convient d’évoquer la « Grande Albanie » avec circonspection.
la carte d’identité type ZETES (Société belge) est sur les rangs.
le SPF Intérieur de Belgique devrait participer à un projet visant à l’amélioration des
registres de population pour palier à la faiblesse de l’organisation d’ élections.
l’Awex et Export Vlaanderen ont organisé séparément en 2006 des missions
exploratoires . Une de leurs conclusions : le climat d’investissement doit impérativement
être amélioré.
La Belgique devrait sans doute revoir ses priorités et consacrer davantage d’attention aux
pays du Sud-Est de l’Europe.
L’Albanie peut jouer un rôle modérateur dans la région, de par son caractère multiethnique et
multireligieux. Elle n’alimente pas l’irrédentisme au Kosovo.
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Jeudi 29 mars 2007 – 09 h 00
AUDIENCE DONNÉE À L’AMBASSADEUR D’ALBANIE, S.E. M ONSIEUR ARTHUR KUKO, PAR
M ONSIEUR HERMAN DE CROO, PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS (SALONS DE
LA PRÉSIDENCE) .
Cette audience est donnée afin de préparer la mission en Albanie.
Le Président de la Chambre explique tout d’abord pourquoi, parmi de multiples invitations
et de nombreuses sollicitations, son choix s’est porté sur l’Albanie.
Il se dit particulièrement intéressé par les thèmes suivants :
- l’isolement de l’Albanie en Europe ;
- la crise provoquée par les pyramides financières (conséquences politiques, sociales et
économiques dramatiques) ;
- la diaspora albanaise ;
- la cohabitation confessionnelle entre musulmans, orthodoxes et catholiques ;
- la lutte contre la corruption et la criminalité organisée ;
- l’influence des Etats-Unis d’Amérique ;
- les relations bilatérales avec l’Italie.
L’Ambassadeur d’Albanie applaudit la décision du Président de visiter son pays, car
l’Albanie a besoin de mobiliser l’attention de la communauté internationale.
Il souligne le fait que son pays, malgré de graves problèmes, s’est toujours évertué à
privilégier des solutions pacifiques et s’est constamment tenu à l’écart des conflits régionaux.
Il souligne que l’Albanie soutient les propositions de Monsieur Martti Ahtisaari, l’Envoyé
spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le processus de détermination du statut futur du
Kosovo. Il relève que les autorités albanaises attachent beaucoup d’importance au respect
des minorités au Kosovo.
A la question du Président de la Chambre relative aux musulmans qui sont majoritaires en
Albanie, Monsieur Arthur Kuko répond que les albanais pratiquent un islam modéré et que
celui-ci n’est pas organisé en termes politiques. La cohabitation entre les diverses
confessions ne pose aucun problème. Il précise qu’en Albanie, pays qualifié de tolérant, le
nationalisme prévaut sur la religion.
L’Ambassadeur remercie le Président pour la ratification rapide de l’Accord de Stabilisation
et d’Association (ASA) entre l’UE et l’Albanie par le Parlement belge.
Il demande que l’UE s’attache à investir davantage dans son pays notamment en matière
d’infrastructure routière. Il précise que l’Albanie a besoin du soutien de la Belgique afin
d’accomplir les démarches pour accélérer son adhésion à l’UE.
L’Ambassadeur accompagnera la délégation tout au long de son séjour en Albanie.
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Mardi 3 avril 2007 – 12 h 00
RENCONTRE AVEC
D’ALBANIE
M ADAME JOZEFINA T OPALLI, PRÉSIDENTE
DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
La Présidente remercie le Président de la Chambre des représentants de Belgique et la
délégation de la Chambre pour cette visite de haut niveau et exprime le souhait de voir se
multiplier les échanges bilatéraux, notamment via le Groupe d’amitié (Union
interparlementaire). Cela permettra de fonder une relation de confiance.
Elle remercie ensuite la Belgique pour avoir ratifié l’ASA (Accord de Stabilisation et
d’Association) avec l’Union Européenne, accord dont le très large contenu couvre
notamment l’établissement d’une zone de libre-échange en 10 ans, par la réduction
progressive des droits de douane applicables aux produits industriels, agricoles et de la
pêche, ainsi que l’accroissement de la liberté de circulation des travailleurs, des services et
des capitaux, etc.
L’Albanie souhaiterait adhérer à l’OTAN d’ici 2008 et participe au Partenariat pour la Paix.
Elle participe à la SFOR en Bosnie-Herzégovine, à l’ISAF en Afghanistan ainsi qu’à la
coalition en Irak.
La transition vers l’UE est difficile du fait de l’Histoire de l’Albanie. Les changements sont
dramatiques, mais le pays fait de grands efforts.
La lutte contre la corruption et le crime organisé s’intensifie et quelque cinq millions de
dollars sont libérés à cette fin.
Dans la région, l’Albanie joue un rôle constructif et n’adopte pas une attitude paternaliste. La
Présidente espère que le Conseil de Sécurité qui se réunit pour l’instant à New York pour
examiner le rapport de Monsieur Martti Ahtisaari, envoyé spécial du secrétaire général des
Nations-Unies pour le Kosovo, dégage une solution qui assure le maintien de la paix et de la
stabilité dans la région. C’est ainsi que l’Albanie a normalisé ses relations avec la Serbie
dans la mesure où les deux pays auront à poursuivre leur route de concert. En tout état de
cause cela peut se révéler positif pour la Serbie de se départir du Kosovo.
La démocratie est basée sur le dialogue. C’est un travail de tous les jours, souligne le
Président belge. C’est même un miracle au quotidien et la Belgique est disposée à soutenir
les efforts de l’Albanie.
La paix dans les Balkans est indispensable. Est-il envisageable de créer un nouvel état au
Kosovo ? La situation y est difficile, mais le Parlement belge contribue à y développer le
régime parlementaire en soulignant le rôle de l’opposition.
Même en Belgique, nous apprenons tous les jours, car la démocratie est également une
leçon de modestie.
L’évolution de l’Albanie sera suivie de près par la Belgique. Cette mission constitue une
excellente occasion de percevoir la réalité.
En matière de tourisme, l’Albanie doit se doter des infrastructures indispensables.
La conversation porte ensuite sur la commission des Affaires européennes et son
organisation de part et d’autre. A la question du Président Herman De Croo qui demande
comment la présidence des commissions est réglée, il est répondu qu’il y a huit commissions
dont trois à quatre sont présidées par des membres de l’opposition, telle celle des Affaires
européennes qui est présidée par l’ancien Premier Ministre.
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La Présidente, Madame JozefinaTopalli insiste ensuite sur l’importance pour l’Albanie
d’accueillir les investisseurs, sur le coût réduit de la main-d’œuvre en Albanie et sur la
croissance économique qui est de l’ordre de 6%. L’inflation quand à elle est maintenue entre
2 et 3 %.
A propos d’investisseurs, le Président Herman De Croo attire l’attention sur la présence en
Albanie de Monsieur Fabrice Wallaert, industriel et Consul Honoraire de Belgique en Albanie
qui pratique le pays de longue date.
La Présidente attire l’attention sur divers accords qui lient l’Albanie et la Belgique dans divers
domaines : la double taxation, les transports routiers, la protection des investissements, les
accords en matière maritime et aérienne et des coopérations multiples (police, militaire,
justice, travail, etc).
Le Président de la Chambre belge suggère de demander aux membres de la diaspora
albanaise de revenir au pays et de mettre leur expertise à disposition.
La présidente reconnaît que l’Albanie compte quelque 3.500.000 habitants et plus de
1.500.000 nationaux à l’étranger, qui soutiennent l’économie du pays du fait des transferts
financiers. La population est relativement jeune et les parents investissent énormément dans
l’éducation de leurs enfants et les envoient notamment en Italie.
Les liens familiaux sont très forts.
A propos du «Question time », les spécificités des deux Assemblées sont comparées. A
Tirana, l’heure des questions constitue un moment fort et les députés, majorité et opposition
à tour de rôle, posent généralement des questions sur n’importe quel sujet, questions qui ne
supposent pas de réponse de la part de l’exécutif. C’est une manière de dire ce qu’ils
pensent. Les ministres « peuvent » répondre. Ce n’est pas repris dans l’ordre du jour et est
comparable au débat sur l’actualité à la Chambre belge, mais sans les mêmes contraintes.
A côté de cela, il y a le classique jeu des questions et réponses qui a lieu le mercredi
(séance plénière le mercredi et le jeudi, commissions quatre jours par semaine).
A propos de la retransmission des débats, il y a quelque 120 chaînes de télévision
nationales ou régionales en Albanie et les albanais sont friands de politique. Il est vrai que
politique, médias et monde des affaires sont très interconnectés. Les chaînes privées
disposent d’énormément d’argent.
Une seule chaîne publique peut être vue jusque dans les zones les plus reculées. Les
chaînes commerciales se concentrent sur les villes et vallées.
Les médias privés jouent un rôle énorme sur le plan politique mais sont clichés selon qu’ils
soutiennent la majorité ou l’opposition. Les tenants de l’opposition regardent par exemple
Top Channel.
Près de vingt caméras sont présentes en permanence au Parlement en séance plénière ou
en commission. La Présidente souhaite aller vers un système comparable à celui de la
Chambre belge avec éventuellement une émission en régie propre.
Elle convient qu’il faut édicter des règles de fonctionnement en matière de télévision et
notamment pour ce qui concerne le mode de financement. Mais les médias ont
immédiatement réagi de manière négative lorsqu’il fut question pour le gouvernement
d’exercer une pression sur eux. Leurs ressources ne proviennent pas uniquement des
revenus de la publicité.
Les médias s’opposent violemment à une augmentation des taxes alors que le Premier
Ministre a clairement déclaré que tous doivent payer des taxes.. La discussion sur le fond est
très difficile.
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A propos des subventions à la télévision publique il semble que le problème se pose dans
les mêmes termes que dans les autres pays de l’Est.
A une question sur les liens avec le crime organisé, un des interlocuteurs albanais rétorque
qu’a la lecture des journaux, cela est sous-entendu.
Paradoxalement beaucoup de gens souffrent du manque d’informations, car il y a peu de
vrais journalistes indépendants.
La Présidente évoque la libéralisation de la télévision publique qui échoua en 1990 et conclut
qu’il faut investir dans les télévisions publiques. Elle remercie une nouvelle fois la délégation
de sa présence en Albanie.
Le Président Herman De Croo souligne que le soutien de l’Ambassadeur d’Albanie, S.E.
Monsieur Arthur Kuko, fut très précieux à l’occasion de la préparation de cette mission à
laquelle participe une délégation très volontariste et intéressée.
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Mardi 3 avril 2007 – 13 h 00
POINT DE PRESSE
Madame la Présidente Jozefina Topalli et le Président Herman De Croo s’adressent à la
presse à l’issue de leur entrevue.
La Présidente Jozefina Topalli souligne que le Président Herman De Croo a tenu parole et
comme il l’avait annoncé lors de la visite de la Présidente à Bruxelles, il est venu en Albanie
à la tête d’une délégation parlementaire. Il est porteur d’une bonne nouvelle, celle de la
ratification par le Parlement fédéral belge de l’ ASA qui constitue pour l’Albanie une étape
importante dans la perspective de l’adhésion à l’UE. En conséquence elle exprime sa
reconnaissance au Parlement belge.
La délégation parlementaire belge pourra constater, au cours de son séjour, les progrès
réalisés par l’Albanie dans de nombreux domaines tels ceux de l’économie.
Le Président Herman De Croo dit combien il lui était difficile de résister à une invitation
présentée de manière aussi charmante par la présidente de l’Assemblée albanaise. La
délégation parlementaire belge est composée de responsables de la majorité et de
l’opposition et dès la première rencontre la délégation a également rencontré des membres
de la majorité et de l’opposition de l’Assemblée albanaise ce qui correspond au
fonctionnement démocratique d’un pays.
La délégation est très intéressée par la position de l’Albanie dans cette partie de l’Europe. Le
Président s’est rendu à diverses reprises en Macédoine pour y évaluer certains problèmes
entre les communautés. L’instant est crucial pour le Kosovo.
Les efforts de l’Albanie pour devenir membre de l’OTAN et de l’UE sont suivis de près.
L’histoire souvent dramatique et tourmentée de l’Albanie est connue de la délégation. Le
pays sort d’une période très difficile avec des conséquences économiques importantes. A
l’occasion de la guerre du Kosovo l’Albanie a dû absorber des centaines de milliers de
réfugiés. Plus d’un million de ses habitants a émigré. Il y a aussi une migration intérieure
très importante.
La délégation souhaite mieux connaître ce pays, son rôle modérateur et original dans cette
partie de l’Europe.
Le Président a noté trois choses lors de son entretien avec Madame Jozefina Topalli :
- le désir extraordinaire, fondamental d’être un jour membre de l’OTAN et de l’UE ;
- l’alternance politique et le fonctionnement démocratique interne de l’Albanie ;
- l’importance des médias dans la politique albanaise. L’importance que le médias
accordent à la vie politique est extraordinaire.
La délégation parlementaire est impatiente d’en apprendre davantage et le Président De
Croo remercie dès à présent la Présidente Topalli et l’Assemblée albanaise pour leur
accueil.
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Mardi 3 avril 2007 – 13 h 30
DÉJEUNER OFFERT PAR LA PRÉSIDENTE DU PARLEMENT ALBANAIS
La Présidente Topalli, s‘étant rendue à Bruxelles en mars 2006, évoque les échanges de
visites et dit une nouvelle fois sa reconnaissance envers la Belgique pour avoir été parmi les
premiers membres de l’UE à avoir ratifié l’ASA.
Monsieur Herman De Croo souligne la chaleur de l’accueil qui est réservé à la délégation
parlementaire et dit combien celle-ci s’est immédiatement sentie à l’aise. Il est en effet des
pays où on ne se sent toujours pas en confiance alors qu’on est sur le point de le quitter.
L’analyse de la situation politique albanaise faite par des membres de la délégation est sans
doute marquée par une pointe de scepticisme, mais il faut y voir une attitude garante du
succès de cette visite.
La conversation porte ensuite sur le statut des parlementaires, sur le fonctionnement du
parlement et sur le système électoral (constitution des listes, système de vote, présence des
femmes,..).
Une question porte sur le « turnover » à l’issue des élections et il apparaît qu’il y a encore
de nombreux députés de la première heure, il y a 15 ans, qui sont toujours présents.
A propos du système de financement des partis et du contrôle des dépenses électorales,
cela n’existe pas en Albanie.
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Mardi 3 avril 2007 – 16 h 00
RENCONTRE AVEC S.E. M ONSIEUR HELMUT LOHAN, AMBASSADEUR DE L’UNION EUROPÉENNE
L’ambassadeur retrace l’historique du SAA (Stabilisation and Association Agreement) ou
ASA signé avec l’Union européenne le 12 juin 2006.
Une évaluation sur une aussi courte période n’est pas significative, mais l’impression
générale est positive. Cela se passe plutôt bien et il n’y a pas de plaintes. Bien entendu il
reste à savoir quand tous les états membres auront ratifié cet accord.
Les choses se font sérieusement et régulièrement la mise en oeuvre est contrôlée compte
tenu du fait que cette période fut dominée par les élections locales.
Les discussions sont complexes compte tenu des tensions politiques entre les deux forces
majeures du pays.
Cette période a pris fin en janvier 2007 et laisse une double impression :
1. les politiques sont ouverts au public ;
2. ils savent arriver à des compromis de dernière minute.
Les rapports annuels relatifs aux pays se trouvant sur la voie de l’intégration européenne
soulignent :
-
les défis auxquels l’Albanie est confrontée ;
l’impression positive vis-à-vis de la politique extérieure et surtout de la politique
régionale de l’Albanie, qui est très modérée.
L’ambassadeur rappelle que les rapports de la Commission européenne ne sont pas censés
porter un jugement sur le pays concerné mais soulignent les progrès réalisés ou à faire.
DIVERSES CONSIDÉRATIONS SONT ENSUITE DÉVELOPPÉES TANT PAR LES MEMBRES DE LA
DÉLÉGATION QUE PAR L’AMBASSADEUR
L’Albanie est un pays qui doit progresser en même temps dans les domaines économiques,
social et structurel. Elle doit relever un double défi : le développement et l’implémentation de
l’acquis communautaire.
Un problème énorme est constitué par la capacité de l’administration à comprendre les
enjeux et surtout à imposer la « Rule of Law » dans la lutte contre la corruption et le crime
organisé.
L’Albanie est une jeune démocratie et elle fait l’apprentissage d’une nouvelle culture politique
qui se traduit notamment par le fait que les leaders de l’opposition et de la majorité se
parlent.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 20
Sous la tutelle du FMI, l’Albanie mène une politique économique et monétaire raisonnable
qui cadre avec les efforts du gouvernement de créer un environnement économique
favorable aux investissements.
En matière d’attribution de marchés publics on constate une volonté politique d’améliorer les
choses.
Pour ce qui concerne le Kosovo, les propositions de Martti Ahtisaari sont examinées par le
Conseil de Sécurité de l’ONU et servent de base aux discussions. Il est à espérer qu’une
solution soit rapidement trouvée. L’Albanie est très prudente, ses priorités étant l’OTAN et
l’UE.
Les deux grands partis politiques en présence ont une apparence classique plutôt que des
partis articulés sur un programme. Tous deux entendent satisfaire aux directives du FMI. En
fait, il semble n’y avoir aucune différence entre eux, ni un contenu ce qui pourrait poser
problème pour l’avenir du pays.
Le gouvernement a une politique économique qu’il tente de mettre en œuvre. L’opposition ne
propose pas de programme.
Il pourrait être remédié à cette situation avec l’aide d’une expertise internationale.
Ce qui apparaît comme paradoxal est le fait que les dissensions se concentrent sur la
politique intérieure alors qu’en matière de politique étrangère, l’attitude est univoque. Y-a-t-il
un Deus ex machina qui coordonne les choses au-delà des clivages politiques ? En fait, il n’y
a probablement pas de concertation mais l’intérêt économique présuppose la stabilité.
Eu égard à l’impact des particularismes claniques et des moyens financiers (p.ex. dans le
domaine des médias), comment une politique étrangère cohérente est-elle possible ?
Il n’y a pas de réponse. Le fait est qu’il y a une crédibilité extérieure mais pas intérieure. Les
priorités que sont l’OTAN et l’UE conditionnent les choses.
L’influence des Etats-Unis d’Amérique est déterminante. L’Albanie a un contingent modeste
en Afghanistan.
A propos de l’ ASA, dont la ratification par les états membres peut prendre deux ans, un
Accord intérimaire est déjà d’application qui prévoit notamment une réduction progressive
des droits de douane applicables aux produits industriels, agricoles et piscicoles. Mais la
poursuite du processus suppose dans le chef de l’Albanie d’énormes efforts. Le temps
démontrera si elle en est capable.
Au plan politique les choses s’organisent à petits pas, mais il est vrai que le chemin qui
mène vers une demande d’adhésion est relativement lent.
Le propos est d’obtenir des politiques qu’ils prennent leurs responsabilités et l’affaire des
pyramides en 1997 a fragilisé la confiance des citoyens.
En substance l’ambassadeur est convaincu que l’Albanie, avec le soutien de l’UE, est
capable d’atteindre ses objectifs, même si cela prendra du temps.
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Mardi 3 avril 2007 – 17 h 00
RENCONTRE AVEC LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Présents :
-
Monsieur Preç Zogay (Parti démocratique), Président de la Commission
Monsieur Kastriot Islami (Parti socialiste)
Monsieur Cayla Pernaska (Parti républicain)
Monsieur Cuan Skuqi (Parti démocratique)
Le Président de la Commission des Affaires étrangères remercie le Parlement belge
pour avoir ratifié l’ASA aussi rapidement. Il s’agit là d’un véritable acte d’amitié et il est à
souhaiter que les autres états membres suivent l’exemple de la Belgique.
Les principaux sujets actuellement traités en commission ont pour nom : UE, OTAN et
Kosovo.
Le Président remercie la Belgique pour son soutien au Kosovo. L’Albanie soutient Martti
Ahtisaari, ce qui constitue la seule solution pour dénouer la crise actuelle.
A la question de savoir si sur le plan ethnique les albanais et les kosovars sont différents, la
réponse est négative, car ils sont du même sang. Ils ont été séparés par l’histoire afin
notamment de satisfaire aux exigences de la Russie. Il y a de légères différences dans les
divers dialectes.
A propos d’une éventuelle réunification entre l’Albanie et le Kosovo, la réponse est
fermement négative, considérant toutefois qu’à l’avenir tous seront rassemblés dans le cadre
de l’UE. L’option d’une grande Albanie n’est pas à l’ordre du jour des politiques albanais
même s’il est vrai qu’il s’agit d’un argument parfois utilisé en guise de provocation.
La réponse à la question suivante « Dans l’éventualité d’une motion introduite par un
groupe politique et demandant l’instauration d’un fédéralisme d’union, celle-ci serait-elle
rejetée ? » est nuancée. La majorité considérerait que ce n’est pas une solution, cela
compliquerait trop les choses. Quant à savoir s’il s’agit d’une question d’opportunité ou de
fond, il est répondu qu’il n’y a jamais eu d’enquête sur le sujet, ni en Albanie ni au Kosovo. Il
s’agit essentiellement d’une question de sagesse, de prudence.
Question : A la suite des accords de paix d’Ohrid du 13 août 2001 entre la guérilla albanaise
et les autorités gouvernementales de Macédoine, y a t-il un intérêt de l’Albanie pour la
minorité albanaise en Macédoine ? Il est répondu qu’il y a de bonnes relations. Il y a une
représentation minoritaire dans le gouvernement de Skolpje. De toutes façons l’Albanie est
sur la même longueur d’ondes que la Macédoine pour l’UE et l’OTAN.
Il y a régulièrement des rencontres au niveau des commissions des affaires étrangères et de
la sécurité avec les parlements de Macédoine et de Croatie. L’Albanie entend préserver
l’existence de l’Etat macédonien également multiethnique. Le dialogue et la collaboration se
poursuivent.
En fait la perspective de l’intégration est la solution à tous les problèmes.
En Albanie tous pensent plutôt à la grande Europe. Majorité et opposition ont leurs
divergences en matière de politique intérieure, mais présentent un front uni pour ce qui
concerne l’extérieur. Il convient donc de satisfaire au plus vite aux conditions d’adhésion.
L’adhésion à l’OTAN est très importante.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 22
Une solution au Kosovo s’impose au plus vite. L’Albanie soutient la proposition que présente
au Conseil de Sécurité, Monsieur Martti Ahtisaari.
Une question a trait à la situation de la minorité grecque qui est moins importante que la
communauté albanaise en Grèce. Y a t’il réciprocité dans le traitement des allochtones?
Les relations entre l’Albanie et la Grèce sont excellentes. Pendant une longue période, la
Grèce fut d’ailleurs le seul pays de l’UE à être présent dans les Balkans.
Toutefois, la Grèce ne reconnaît pas les minorités. On dit de la Grèce qu’elle est la femme
de l’Orient mais la maîtresse de l’Occident. Les échanges avec la Grèce sont très actifs
mais viennent en deuxième position après l’Italie.
Une autre question relève que l’Albanie est un pays en grande partie musulman. Les pays
du Golfe s’y intéressent –ils ?
Il y a des mariages mixtes. Un tiers des albanais est non-croyant, quelque 10 % sont
catholiques et le reste est pour moitié soit musulman, soit orthodoxe.
Parmi les musulmans essentiellement sunnites il y a une secte bektashi en légère opposition
avec les sunnites. C’est ce qui explique la tolérance religieuse.
Il n’y a pas d’influence de la part de pays musulmans sinon un très faible intérêt. Pendant la
guerre du Kosovo certaines ONG ont tenté d’utiliser le territoire albanais. A une certaine
époque certains pays arabes ont tenté de créer des liens mais ont vite renoncé après
examen.
Les pays d’Orient concluent donc que l’Albanie n’est pas un pays musulman. Il n’y a que
l’Occident pour continuer à le dire.
A la remarque qu ‘apparemment en matière d’Affaires étrangères tous les parlementaires
pensent la même chose, il est répondu que cela est compensé par le débat interne.
Pour ce qui concerne la désignation des ambassadeurs, il est arrivé que le Président de la
République rejette la nomination de six candidats dont l’opposition se défiait. En fait, il n’y a
pas plus de 20 % de nominations politiques d’ambassadeurs sur un total de 44
représentations diplomatiques.
Les problèmes d’émigration sont traités par la Commission chargée de l’intégration.
Le Président de la Commission des affaires étrangères décrit ensuite le fonctionnement des
commissions qui sont publiques.
A propos de ce que la population pense d’une « Grande Albanie », le Président de la
commission rétorque qu’il n’est pas question que le Parlement albanais invente des
différends. Il n’y a pas d’enquête pour savoir ce qu’en pensent les gens. Il considère inutile
d’organiser un référendum sur le sujet. Il connaît les positions de trois à quatre partis
importants du Kosovo, lesquels sont également d’accord pour considérer un référendum
comme imprudent.
A propos de la lutte contre le crime organisé, il souligne que tout est mis en œuvre pour
le combattre suivant en cela les recommandations d’une résolution du Conseil de l’Europe. Il
y a des accords de collaboration effective avec Interpol.
Le Parlement albanais a également voté à l’unanimité pour renoncer à livrer des citoyens
américains à la Cour Pénale Internationale.
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Mardi 3 avril 2007 - 18 h 00
RENCONTRE AVEC LA COMMISSION
L’INTÉGRATION EUROPÉENNE
DES
AFFAIRES
EUROPÉENNES OU
COMMISSION
DE
Présents :
-
Monsieur Ilik Meta, Président de la Commission
Monsieur Ferdinand Xhaferri
Monsieur Gene Sharku
Monsieur Gramoz Ruçi
Monsieur Qemal Minxhozi
Monsieur Albert Divjaka
Monsieur Paulant Balla
Le Président de la Commission de l’Intégration européenne considère les relations avec
la Belgique comme très importantes compte tenu de sa position au sein de l’UE.
Le Président Herman De Croo souligne que la Belgique a effectivement une longue
tradition européenne et qu’il a été heureux d’apprendre qu’il y aurait sous peu une liaison
aérienne directe entre Bruxelles et Tirana.
La délégation belge et les membres de la Commission procèdent ensuite à un large
échange de vues sur le mode de fonctionnement de leurs commissions respectives
chargées des questions européennes.
Un institut privé d’études européennes a été créé et un réseau d’ONG qui s’occupent
d’études à caractère européen se constitue pour l’instant.
La Commission n’a pas beaucoup de rapports bilatéraux sur les questions relatives à l’OTAN
ou à la région.
Elle se flatte d’une bonne coopération avec la Commission des Communautés européennes
et se concentre sur les obligations à remplir pour l’adhésion.
Le Président de la Commission remercie le Président Herman De Croo pour la qualité des
informations reçues et notamment à propos des europromoteurs. La Commission a
également des contacts avec la COSAC.
De plus il souligne que le gouvernement albanais s’est engagé à transposer la législation
européenne dans la législation nationale. Et de ce fait la Commission de l’Intégration
européenne a des contacts avec des structures au sein des ministères de la Justice et de
l’Intégration européenne.
Certains membres de la Commission appartiennent à l’opposition et sont d’anciens
ministres. Pour ce qui concerne l’infrastructure administrative dont dispose la Commission, il
y a deux fonctionnaires permanents. Mais il conviendrait d’étoffer ce staff, c’est pourquoi la
Commission s’attache pour l’instant à déterminer les priorités. Et coopère avec le staff
d’autres commissions.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 24
Un membre de la Commission remercie vivement l’ambassadeur de Belgique,
S.E.Monsieur Jean De Ruyt pour l’excellence des relations bilatérales entre l’Albanie et la
Belgique. De même il remercie notre Consul honoraire Monsieur Fabrice Wallaert.
Le Président de la Commission attire l’attention sur deux facteurs cruciaux qui contribuent
à l’excellence de la mise en conformité de la législation nationale par rapport à la législation
européenne.
Il y a tout d’abord un premier filtre constitué par le Ministère de l’Intégration qui détermine les
problèmes avec la législation européenne. Le second filtre est le Ministère de la Justice qui
examine la conformité des textes à la législation du pays et ensuite à la législation
européenne.
Quand le texte de loi arrive au Parlement la Commission examine s’il n’y a pas de problème
avec la législation européenne. Un grand problème est constitué par tout ce qui touche au
phytosanitaire.
C’est ainsi que des experts européens collaborent avec le gouvernement albanais.
Le Président Herman De Croo constate avec plaisir que l’Albanie met tout en œuvre pour
intégrer l’UE et l’OTAN.
Bien entendu le chemin est long et cela peut lasser les attentes.
Le Président de la Commission conclut qu’en matière d’intégration, la comparaison avec la
Turquie n’est pas opportune dans la mesure où l’Albanie fait partie des Balkans occidentaux
et que c’est en termes régionaux qu’il convient de raisonner.
Il est vrai que le Pacte de stabilité n’a pas eu les résultats escomptés. L’instabilité pourrait
revenir dans la région.
Le Président Herman De Croo souligne que c’est là le motif de la présence de la délégation
belge.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 25
Mercredi 4 avril 2007 – 08 h 30
DÉJEUNER DE TRAVAIL PRIVÉ AU ROGNER HÔTEL EUROPAPARK
ETATS-UNIS D’AMÉRIQUE
AVEC L’ AMBASSADEUR DES
Présents :
-
Monsieur Herman De Croo, Président de la chambre des représentants
S.E. Madame Marcie Berman Ries, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique
S.E. Monsieur Jean De Ruyt, Ambassadeur de Belgique
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 26
Mercredi 4 avril 2007 – 10 h 00
RENCONTRE AVEC M ONSIEUR SALI BERISHA, PREMIER M INISTRE À SON CABINET
Le Président Herman De Croo remercie le Premier ministre de recevoir la délégation
parlementaire belge. Cette mission participe de ce qu’il est convenu de dénommer
« diplomatie parlementaire ».
Les parlements constituent l’instance suprême garante de la démocratie.
Le Premier Ministre souligne d’emblée que l’Albanie vise l’intégration européenne et
remercie vivement la Belgique pour avoir été un des premiers états membres à avoir ratifié
l’Accord de Stabilisation et d’Association. Cet accord est à considérer comme étant un
événement historique pour l’Albanie, laquelle doit accomplir des efforts dans tous les
domaines et surtout dans celui de l’instauration de l’Etat de droit qui est un prérequis avant
toute réforme.
Le crime organisé albanais est parmi les plus puissants et dès lors le Premier Ministre a
décrété la tolérance 0. C’est ainsi que pas mal de chefs mafieux sont traduits en justice. Ce
principe de tolérance zéro a donné des résultats tangibles.
Un second dossier est constitué par la lutte contre la corruption. Il s’agit d’éviter que
l’administration doive affronter des conflits d’intérêt, la règle de base étant que s’il y a conflit,
elle abandonne l’opération. Cela a débouché sur une diminution de l’ordre de 30 % des
dépenses publiques.
Les lois ont été révisées pour augmenter la transparence.
Au mois de juin 2007, un budget supplémentaire sera envoyé au Parlement à condition que
les performances soient bonnes.
La lutte contre la corruption est un combat difficile. Les Etats-Unis d’Amérique fourniront une
aide d’ici peu sous forme d’e-procurement.
Le gouvernement met tout en oeuvre pour progresser vers l’e-government dans des
domaines tels que la nouvelle carte d’identité, le passeport digital, les registres de l’Etat civil,
etc..
Dans le domaine économique, les réformes marchent plutôt bien. Le gouvernement a
diminué de 30 % les contributions sociales et de 75 % les taxes sur les revenus. Il a instauré
une « flat tax » de 10%. Il a réussi à opérer une hausse des revenus. L’Albanie est donc le
pays d’Europe avec la charge fiscale la plus réduite. Ceci s’impose car elle veut attirer les
investisseurs.
L’inflation est de l’ordre de 2 à 4 % et le déficit budgétaire est limité à 1,6 %. L’article 4 du
FMI (Fonds Monétaire International) va s’appliquer dans un an. On assiste a une demande
importante en matière de crédits.
Le Premier Ministre assure que les investisseurs belges seront très bien accueillis.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 27
Le gouvernement fournit de grands efforts pour assainir l’économie et régulariser certaines
situations telles celles des constructions illégales.
Il y a près d’un demi-million d’habitations (450.000) en situation irrégulière. A ce propos, le
Premier Ministre dit s’inspirer de l’économiste péruvien Hernando De Soto dont les travaux
portent sur le rôle de l’accès à la propriété dans l’émancipation et l’enrichissement des
populations défavorisées, afin d’observer une attitude « amicale » pour résoudre ce
problème de propriété et de titres.
Il y a également une situation irrégulière dans les domaines des transports et de
l’infrastructure.
Le Premier Ministre entend ne pas adopter une attitude dure, mais la loi doit prévaloir. Il
reconnaît que ce n’est pas facile.
Pour ce qui concerne la région, celle-ci connaît un moment historique et délicat. Le Kosovo
est au cœur de la crise et c’est au Conseil de Sécurité de trancher. L’Albanie soutient Martti
Ahtisaari et le qualifie de « fair brooker ». Le document déposé au Conseil de Sécurité tient
compte de toutes les sensibilités et de la réalité kosovare.
Le Premier Ministre se dit convaincu de l’importance de la question des minorités pour la
stabilité de la région. Il croit aux accords de paix d’Orhid et les soutient. Ils sont basés sur
des principes clairs pour soutenir les minorités. Il soupçonne le «facteur » serbe d ‘avoir
« surimposé » des écrits. Il s’agit d’un manque de vision réaliste sur la situation. Il est
persuadé que Belgrade se montrera réaliste.
Le Président Herman De Croo intervient avec la citation «Optimism is a moral duty ».
Monsieur Sali Berisha a donc occupé tous les postes significatifs, dispose d’une large
expérience et est donc l’homme le plus qualifié pour être Premier Ministre.
Le président aborde ensuite diverses questions telles que les origines de la criminalité en
Albanie ainsi que de la corruption.
Il se dit surpris par la polyvalence des cadres politiques. A propos des investissements, il se
demande comment ramener les albanais de la diaspora au pays.
Pour attirer les investisseurs cela suppose un état de droit, la sécurité des expatriés, une
justice crédible et des contrats transparents.
Il rappelle sa rencontre à Bruxelles avec Billy Gates qu’il interrogeait sur les motifs de sa
visite. En fait, celui-ci s’intéressait à la carte d’identité conçue en Belgique et aux multiples
potentialités qu ‘elle présente.
Le Président de la Chambre , à propos du Kosovo, évoque la Communauté germanophone
de Belgique qui dispose pour quelque 70.000 habitants d’un Parlement et d’un Exécutif
propre. L’allemand est la troisième langue de Belgique et les arrêts de la Cour d’Arbitrage
(en quelque sorte une Cour constitutionnelle) sont rendus dans les trois langues nationales.
Il rappelle combien le rôle des parlements est important dans leur contrôle de l’exécutif.
Enfin il souligne l’importance des Balkans et fait observer que l’Europe ne constitue pas une
solution universelle. Il faudra que l’Albanie trouve d’abord elle même une solution à ses
problèmes.
Le Premier Ministre rappelle que la société albanaise a, avant tout, un caractère rural et par
définition conservateur.
Il évoque la crise des pyramides financières en 1997. Cette crise a été exploitée contre le
gouvernement par l’opposition.
Le gouvernement albanais réagit avec fermeté contre le crime organisé qui s’est développé
dans les villes portuaires (trafics).
Le crime organisé vivait en symbiose avec le pouvoir et est devenu très puissant. Le
gouvernement n’a pas réussi à couper les liens.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 28
L’Albanie est un petit pays facile à contrôler mais le crime organisé a profité de la guerre
pour augmenter sa puissance (trafic d’armes dans la région).
Revenu au pouvoir, Monsieur Sali Berisha décidé à imposer une tolérance zéro, a demandé
au chef de la police ce qu’il souhaitait avoir comme moyens d’action. Ce dernier répondit que
ce n’était pas au plan financier que le problème se posait mais qu’il lui fallait avoir les mains
libres et en une année la police a réussi à inculper un grand nombre de personnes. Les
autorités politiques doivent donc soutenir la police.
Pour ce qui concerne la lutte contre la corruption, l’origine est identique à celle du crime
organisé. La Banque mondiale utilise un indice pour classer les pays en matière de
corruption. L’Albanie est passée de la soixantième place en 1996 à la cent vingt-septième en
2005. Comment cela a t-il été possible ?
Deux principes de base ont été mis en œuvre :
- l’argent public appartient aux citoyens
- l’argent public est gouvernemental
Le gouvernement doit gérer raisonnablement cet argent qui appartient aux citoyens.
Le postulat étant que si le Premier Ministre est corrompu, la corruption est légale.
Dès l’abord la lutte contre la corruption débute au niveau de l’administration avec pour
principe de base : « Pas d’argent public pour d’autres buts que publics ».
Sans transition, le Premier Ministre affirme que l’Albanie vise l’intégration européenne. La
Belgique observe une attitude amicale et ouverte sur ce processus même si on note une
certaine froideur en Europe vis à vis de l’élargissement.
Les cinq petits pays de la région coûtent plus s’ils sont ostracisés plutôt que d’être intégrés.
Tout progrès dans l’intégration doit bien sûr être basé sur les performances, mais pour ces
petits pays ce n’est pas tellement utile.
Le gouvernement travaille sur tous les critères d’adhésion.
Les élections locales du 18 février 2007 furent les premières élections en Albanie sans
aucune accusation substantielle contre le gouvernement pour influer sur leur résultat. Elles
ont été reconnues comme ayant été « free and fair ».
Le rapport de l’ODIHR (Office for Democratic Institutions and Human Rights) de l’OSCE
attire l’attention sur les conditions posées par l’opposition pour participer aux élections. Un
des problèmes fut celui des certificats de naissance émis par des municipalités dirigées par
l’opposition.
Le gouvernement va bientôt introduire une nouvelle carte d’identité et la Belgique est sur les
rangs pour la réaliser. Un « open bid » sera lancé la semaine prochaine.
Questions
A propos de la «flat tax » à 10 %, ce qui est très bas (USA : 17 %), mise en œuvre afin
d’attirer les investisseurs, un Membre de la délégation belge demande s’il y a d’autres
avantages, car en fait elle frappe davantage les plus pauvres plutôt que les riches.
Une seconde question porte sur le crime organisé et sur ses ramifications en Europe
occidentale et tout particulièrement en Belgique. Cela nuit à la réputation de l’Albanie. Quelle
est la position du gouvernement albanais vis à vis de l’intention de la Belgique de faire
exécuter les peines dans le pays d’origine ?
Le Premier Ministre affirme que la « flat tax » est une cause de préoccupations et que le
gouvernement interviendra. Le budget supplémentaire qui sera présenté au Parlement au
mois de juin, va être consacré aux salariés et particulièrement aux bas salaires, même s’il ne
s’agit que d’un remède partiel.
Mais un pays qui se veut attractif pour les investisseurs doit consentir des efforts spéciaux
pour les attirer.
La main-d’oeuvre albanaise jeune, formée, cultivée et bon marché ainsi que des charges
fiscales raisonnables doivent rendre le pays attractif.
L’argent de l’investisseur est plus utile que celui de la « caisse » de l’Etat.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 29
Par ailleurs l’Albanie est disposée à signer des accords d’extradition avec tous les pays.
Mais il convient de nuancer les choses. En Grèce plus d’un million d’albanophones habitent
depuis de nombreuses années. Imaginer un retour en Albanie est irréaliste. Toutefois, si un
criminel fuit l’Albanie et se conduit mal dans un autre pays, il peut être extradé sans
problème.
Il est toutefois à considérer qu’un pays retire également des avantages de la présence
d’immigrés et dès lors, il peut être considéré comme normal que ce même pays en supporte
les inconvénients.
La situation pénitentiaire est très pénible et même lamentable. Le gouvernement a
augmenté de 48 % les investissements dans ce domaine. Il s’agit d’ailleurs de
l’investissement le plus élevé du budget 2007 de manière a créer des conditions plus
humaines.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 30
Mercredi 4 avril 2007 – 11 h 00
AUDIENCE CHEZ LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, S.E. M ONSIEUR ALFRED M OISIU
Monsieur Herman De Croo se dit très honoré, au nom de la délégation parlementaire, d’être
reçu par le Président de la République d’Albanie, élu par consensus en 2002 (des élections
présidentielles auront lieu en juillet 2007), et lui demande comment après cinq ans, il voit son
rôle dans le cadre de procédures à caractère consensuel.
Le Président de la République estime que la pratique du consensus a ses limites. La
Constitution et la Loi constituent ses points de référence.
Les tâches essentielles du Président consistent à sauvegarder le pays et à arbitrer entre les
forces politiques.
L’Albanie est une nouvelle démocratie née après une dictature très brutale et il est plus
difficile de modifier les mentalités dans le domaine politique que dans celui de l’économie.
C’est également plus lent.
Les conflits entre les détenteurs du pouvoir sont une chose normale. Ce qui est important,
c’est de sauvegarder l’indépendance des institutions et de promouvoir la collaboration et la
coordination.
S.E. Monsieur Alfred Moisiu a, au cours de son mandat, travaillé avec différents
gouvernements et différentes majorités. A chaque fois ces majorités tentaient de mettre sous
tutelle les institutions indépendantes. Il s’agit de phénomènes qui accompagnent l’évolution
démocratique.
Monsieur Herman De Croo s’inquiète de l’indépendance des institutions et plus
précisément du pouvoir judiciaire et fait référence au cas du Procureur général dont la
démission est réclamée par le Parlement et que refuse le Président de la République.
Le Président de la République joue donc un rôle stabilisateur mais peut-il se voir opposer
une procédure d’« impeachment » ?
Le Président de la Chambre se dit impressionné par sa collègue, la Présidente de
l’Assemblée nationale, rencontre au cours de laquelle il fut fait état de la puissance des
médias télévisuels et de la lutte d’influence sur les organes du pouvoir.
Il demande si le successeur du Président de la République aura également le souci de
préserver l’indépendance des institutions.
Le Président de la République rétorque qu’il sera difficile à son successeur d’encore
changer les choses. Il ne peut pas permettre à l’Etat de tenter l’aventure.
Pour ce qui concerne le problème des actes de naissance, il est en voie d’être solutionné.
L’opinion publique a beaucoup de critiques vis à vis du pouvoir judiciaire et le Président de la
République a créé un groupe de travail sur la réforme de la Justice. Le rapport va être
soumis au Parlement, lequel est invité à mettre en place une commission ad hoc composée
de membres de la majorité et de l’opposition ainsi que d’experts.
L’ASA est déjà signé par la Belgique et l’Albanie travaille à l’intégration à l’OTAN.
Pour ce qui concerne le Kosovo, ce problème est à régler au plus vite et l’Albanie soutient
les propositions de Martti Ahtisaari.
Notre objectif est l’intégration européenne.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 31
Le Président de la Chambre des représentants demande si le Président de la République
dispose d’un droit de regard sur la procédure législative. Peut-il faire réviser un projet de loi ?
Il dispose d’une autorité morale très importante. L’administration présidentielle suit-elle tous
les dossiers ?
Le Président de la République réplique qu’il dispose du droit de réexaminer les lois pour
leur conformité à la Constitution ou si elles posent de sérieux problèmes.
Il tient compte de l’avis des groupes parlementaires (les présidents des groupes
parlementaires sont les bienvenus ou sont invités chez lui). Mais il n’y a pas de second
renvoi.
Selon la Constitution, le Président de la République a le droit de ne pas approuver une loi
mais, dans ce cas, la loi entre de toute façon en vigueur. Il y a des limites au veto.
Bien, évidemment il y a des contacts réguliers avec le gouvernement.
Pour ce qui concerne son administration, il s’agit d’un staff réduit privilégiant la qualité.
A propos du système électoral, celui-ci doit être réformé.
Il conclut en affirmant que la Loi et la Constitution sont sacrées.
A une question sur ses déplacements, le Président de la République souligne qu’ il fait de
nombreux voyages à l’étranger, entre autres, dans les pays baltes et en Europe centrale.
Il joue également un rôle en sa qualité de Chef des Forces armées.
IP 51 / 62 spéc. Albanie - 32
Mercredi 4 avril 2007 – 16 h 00
VISITE À UN CENTRE
T RAFFICKING)
POUR EX-PROSTITUÉES
(NATIONAL RECEPTION CENTER FOR VICTIMS
OF
Ce centre secret est le seul en Albanie et est géré par le Ministère du travail, des affaires
sociales et de l’égalité des chances. Il s’agit d’un service social d’Etat.
Fondé en juin 2003 dans le cadre d’une stratégie nationale contre le trafic des êtres
humains, ce centre sévèrement gardé, a pour mission de promouvoir l’intégration, la
réhabilitation et la réinsertion sociale des victimes du trafic d’êtres humains.
Il s’adresse aux femmes, jeunes filles et enfants victimes ou risquant d’être victimes de trafic
d’êtres humains, de même qu’à ceux et celles qui sont étrangers ainsi qu’aux immigrants en
situation irrégulière « échoués» en Albanie.
Le Centre offre logis et protection, assistance légale, assistance sanitaire, aide
psychologique, formations professionnelles, négociations avec les familles, activités
sociales, un rattrapage scolaire et un suivi constant.
Des contacts ont lieu avec l’UNICEF et avec des centres hospitaliers.
L’équipe du Centre est composée de manière pluridisciplinaire.
Selon la brochure éditée il y a quelque temps, le Centre a reçu et assisté 116 femmes et
filles, 84 immigrés et 40 enfants. Le chiffre actuel s’élève à 314 personnes.
Le groupe-cible des trafiquants est âgé entre 14 et 18 ans et est surtout originaire des zones
rurales. Ces personnes sont peu formées et très pauvres.
C’est généralement la police qui dirige ces personnes vers le Centre où certaines restent
jusqu’à deux années. Le séjour se fait sur base volontaire. Pour beaucoup leur vie est
menacée car elles témoignent contre les proxénètes.
Beaucoup ont des contacts avec leur famille. Il arrive qu’elles retournent à la prostitution.
Parmi les étrangers on trouve même des chinoises ou des népalaises.
Le trafic d’êtres humains est un crime grave en Albanie et est puni d’un maximum de 15
années de prison.
Le responsable n’a pas d’informations sur le nombre de trafiquants incarcérés.
En dehors des loisirs, le Centre offre des cours d’alphabétisation, d’anglais, d’informatique,
de travaux manuels (gravure, couture).
Aucun cas de SIDA n’a été relevé. Des analyses confidentielles sont effectuées en
collaboration avec une clinique.
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Mercredi 4 avril 2007 – 18 h 00
RENCONTRE AVEC M ONSIEUR FATMIR M EDIU, M INISTRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
Le Ministre de la Défense remercie la délégation belge pour la célérité avec laquelle la
Belgique a signé l’ASA et dit son espoir de voir l’Albanie adhérer en 2008 à l’OTAN dans le
respect des normes qui ont été fixées.
De même, en sa qualité de Ministre de la Défense, il remercie la Belgique pour son soutien à
l’occasion du sommet de Riga.
Le Président Herman De Croo souligne l’importance de la situation stratégique que
l’Albanie occuperait au sein de l’Alliance. La Belgique est membre depuis les débuts et le
siège de l’OTAN a été installé à Evere après avoir abandonné Paris en 1966.
La guerre froide est loin derrière nous et les militaires de l’ancien Pacte de Varsovie sont
maintenant présents dans l’OTAN. Le monde a changé.
L’OTAN agit actuellement en dehors de sa sphère habituelle. La KAFOR au Kosovo et
d’autres initiatives en témoignent.
Nous comprenons le souci de sécurité dans l’Alliance et de prospérité dans l’UE des
nouveaux pays membres et pays candidats.
Il convient de plus de souligner les excellentes relations de l’Albanie avec les Etats-Unis
d’Amérique.
En tous cas, une fois les conditions remplies l’Albanie bénéficiera du soutien de la Belgique.
Le Ministre de la Défense remercie le Président de la Chambre pour ces encouragements.
Il a récemment rencontré le Ministre André Flahaut et le Chef d’Etat-Major belge.
Effectivement le monde a changé du tout au tout au cours de la dernière décennie, mais les
risques sont encore plus grands et il est question d’une menace globale contre la paix et la
sécurité.
L’Albanie contribue à la paix et à la stabilité dans les Balkans et même au-delà, en fait là où
l’OTAN le demande. Les forces armées albanaises sont en tête des changements qui
interviennent. Grâce au Premier Ministre Berisha, la réforme et la modernisation de l’armée
sont possibles car 2 % du PNB y sont consacrés.
C’est ainsi que l’Albanie vise , sur base volontaire, à mettre en œuvre jusqu’en 2010 une
force réduite en nombre mais bien entraînée, opérationnelle et qui coopère avec l’OTAN.
Elle collabore à la mission de paix en Afghanistan. Dans le cadre d’Adriatic Trois, l’Albanie
mène une opération avec la Turquie, la Macédoine, la Croatie. Elle a une équipe médicale
en Afghanistan. Depuis 1996, elle est présente en Bosnie avec la mission Altea conduite par
l’UE. A la suite du sommet de Riga, elle a décidé d’augmenter sa présence en Afghanistan
avec une compagnie (225 militaires). Il y a quelque 125 militaires en Irak. Près de 8 % du
contingent des forces terrestres est entraîné pour participer à des missions de l’OTAN.
Revenant aux relations bilatérales, le Ministre de la Défense rappelle qu’il a fait appel au
soutien du Ministre de la Défense belge pour collaborer à la modernisation des forces
armées albanaises. L’Albanie a augmenté son budget et s’est fixée pour objectif d’avoir une
armée moderne en matière d’équipement et d’armement. Les domaines de collaboration
bilatérale ont été définis l’an passé à Bruxelles (entraînement commun, échanges entre
orchestres militaires). L’Albanie est résolue à remplir ses obligations et le soutien de la
Belgique est sollicité pour contribuer à l’adhésion de l’Albanie à l’OTAN en 2008 en même
que la Croatie et que la Macédoine avec qui la collaboration régionale est très importante.
Dans le cadre de cette collaboration trilatérale, la Serbie, la Bosnie et le Monténégro ont été
invités à participer aux activités. Les Balkans font partie de l’Europe.
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Pour ce qui concerne le Kosovo, le Ministre espère que le Conseil de Sécurité fournira une
solution à la crise.
Il y a des différences de sensibilité sans doute, mais elles font référence aux rapports
anciens et il est a souhaiter que ces anciens rapports n’influencent pas la décision de Martti
Ahtisaari. Le Ministre espère que ce sera une bonne année pour les Balkans et qu’elle
débouchera sur une meilleure collaboration avec la Belgique et les autres pays de l’Union
européenne.
Le Président Herman De Croo félicite le Ministre de la Défense pour les efforts
considérables mis en œuvre. Un calcul rapide l’amène à un montant de 175 millions de
dollars pour le budget de la défense. Le Ministre cite180 millions de dollars actuellement et
215 millions de dollars pour l’année prochaine.
Le président conclut qu’il s’agit d’un montant considérable pour l’Albanie.
La force aérienne sera modernisée ainsi que la force navale.
En Belgique, le service militaire a été supprimé et les effectifs réduits de moitié dans le cadre
de la professionnalisation. Un des grands problèmes est l’homogénéité des commandes
militaires ( les USA dépensent sur base annuelle quelque 330 milliards de dollars alors que
l’ensemble de l’Europe ne dépense que 35 % de ce montant pour une efficacité d’à peine
15 %, car à la différence des USA nous investissons 75 % dans les dépenses de personnel
et 25 % dans le matériel. Les proportions sont inversées pour les USA). Standardisation et
spécialisation sont certainement parmi les rares moyens permettant d’augmenter les
capacités qui correspondent à l’effort financier que nous consentons.
Le Président croit qu’une force armée relativement réduite comme l’est celle de l’Albanie,
peut jouer un rôle moteur.
La Belgique apprécie positivement les efforts que fait l’Albanie dans ses missions
internationales.
Le Ministre de la Défense précise que l’Albanie a déclassé tous ses avions. Elle construit
une force navale sur le modèle de celles de la Belgique et des Pays-Bas. Les forces sont
restructurées pour unifier les trois commandements. Cela représente un coût énorme vu la
situation économique du pays.
Au plan politique il y a unanimité pour ce qui concerne l’adhésion à l’OTAN. Quelque 88 %
des albanais y sont favorables.
La période présente est la plus difficile pour le Ministère de la Défense et l’argent dépensé
l’est à bon escient.
Le Président Herman De Croo se dit très heureux d’avoir rencontré le Ministre. L’adhésion
à l’OTAN constitue une première étape. L’OTAN n’est pas une force d’opposition en fait il
s’agit d’une « soft strength » une force réelle mais « douce » et elle joue un rôle important
dans les domaines du « Peace keeping » et du « Peace making ».
L’Albanie sera également amenée à réfléchir au noyau européen de l’OTAN.
La Force européenne d’intervention n’est pas si symbolique qu’il y paraît car elle rassemble
les partenaires d’une même alliance et est un facteur de stabilisation. L’exemple de la Grèce
et de la Turquie est symptomatique. Le fait d’être dans la même alliance a permis de régler
de nombreuses questions. Pour ce qui concerne les Balkans , cela peut également jouer.
L’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qui en 1968 était le seul organisme parlementaire où
siégeaient les Etats-Unis d’Amérique et le Canada, joue un rôle rassembleur.
Le Ministre remercie encore une fois la délégation belge pour l’intérêt qu’elle porte à
l’Albanie et souligne combien l’adhésion à l’UE constitue un objectif primordial.
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Jeudi 5 avril 2007 – 11 h 00
RENCONTRE AVEC M ADAME JOZEFINA T OPALLI, PRÉSIDENTE DU PARLEMENT ALBANAIS (SALLE
ATTENANTE À LA SALLE DES SÉANCES PLÉNIÈRES)
La Présidente Jozefina Topalli quitte la séance plénière pour rejoindre la délégation
parlementaire belge. Celle-ci a assisté depuis une tribune à cette séance et effectué un
rapide tour des lieux.
La conversation porte tout d’abord sur la présence de la télévision en séance plénière. La
sélection des images est de la responsabilité des divers journalistes. Il n’y a pas
d’enregistrement live ni de retransmission via internet. La Présidente réfléchira à ce dernier
point.
De douze à treize caméras sont généralement présentes et font apparaître des « news » de
l’ordre de 3 à 4 minutes.
Les laptop en séance plénière n’ont pas droit de cité pour l’instant.
Pour ce qui concerne le décompte des présences, il est fait usage d’une carte électronique
qui actionne une lumière jaune en regard du nom du parlementaire, mais il y a un « double
check » du fait de la signature apposée dans un registre ad hoc. Une pénalité sous la forme
d’une diminution de l’indemnité parlementaire est prévue pour contrer l’absentéisme, sauf
justification admise.
Les ministres sont également parlementaires et prennent part aux votes.
Le système de « pairage » n’est pas appliqué.
Une indemnité supplémentaire est prévue en fonction de la présence en commission.
Les députés disposent d’une voiture avec chauffeur, en raison de l’infrastructure défectueuse
des transports publics et des distances. Quelque 50 % des membres louent un petit
appartement à Tirana pendant les sessions et le Parlement intervient à raison de 100 $ US.
Les parlementaires perçoivent 1.300 $ US par mois. Les présidents de groupes politiques
reçoivent un léger supplément.
Quant à savoir, quelles sont les fonctions les plus prestigieuses, l’ordre peut s’établir comme
suit : Président de la République ( cela dépend du profil personnel) et Premier Ministre. Un
parlementaire est plus important qu’un bourgmestre, quoique la tendance semble s’inverser
depuis les dernières élections où certains préfèrent le mayorat.
Par ailleurs, l’Albanie privilégie également la transparence et la loi sur la publication des
mandats est similaire à la loi belge. De plus les mandats sont publiés dans la presse.
Chaque citoyen a le droit de savoir ce que gagnent les députés.
En fait le seul revenu supplémentaire admis est celui de professeur. Le citoyen doit savoir
d’où provient l’argent jusqu’au niveau de directeur d’administration, afin d’éviter la corruption.
Revenant aux télévisions, leur indépendance en Belgique est soulignée, même si les partis
demandent à certains journalistes de participer aux élections.
La perception des politiques dans le chef des albanais est assez négative dans la mesure où
la population considère qu’ils tirent profit de leur charge. Mais cela commence à s’améliorer.
Le Président Herman De Croo, à la demande de la Présidente Jozefina Topalli, décrit
ensuite les modalités selon lesquelles diverses formes de coopération entre les deux
parlements peuvent être envisagées.
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Jeudi 5 avril 2007 – 13 h 00
DÉJEUNER À L’HÔTEL ADRIATIK DE DURRËS EN COMPAGNIE DE M ONSIEUR GAZMEND OKETA,
VICE PREMIER M INISTRE ET DE M ONSIEUR KLODIAN PAJUNI, PRÉFET DE DURRËS
La conversation a essentiellement porté sur les points suivants :
-
le droit de propriété (évolution après le communisme) ;
les permis de bâtir ;
le marché immobilier ( prix en US$ au mètre carré) ;
le développement de la région côtière ;
la garde côtière (speedboats, crime organisé) ;
les activités portuaires ;
la construction et les règles architecturales (le Vice Premier Ministre a un bureau
d’architectes) ;
les élections locales dans la ville de Durrës.
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CONSIDERATIONS FINALES DU PRESIDENT DE LA CHAMBRE DES
REPRESENTANTS DE BELGIQUE
La Chambre des représentants effectue quelque cinq missions internationales par an
conduites par le président d’Assemblée et cela dans des pays très ciblés.
Pendant la première législature, presque tous les pays d’obédience islamique,
essentiellement autour de la Méditerranée, ont été visités, ainsi que des pays d’Europe
Centrale et de l’Est. Ensuite ce fut le tour des pays du Caucase et jusqu’au Kazakhstan, en
Mongolie et en Chine.
Pourquoi l’Albanie ? Le Président la connaissait peu. La délégation a découvert un pays qui
s’est émancipé très tard après avoir connu un communisme extrême avec Enver Hoja.
Depuis, l’introduction des principes démocratiques dont l’alternance du pouvoir, ne s’est pas
faite sans heurts (affaire des pyramides financières qui a mis l’Etat à mal).
Les premières élections viennent d’avoir lieu et ont été contrôlées et commentées par
l’OSCE.
Le pays est apparemment très pauvre avec trois millions et demi d’habitants sur une
superficie presque équivalente à celle de la Belgique.
Enormément d’Albanais vivent en Grèce ( réfugiés économiques), nombreux sont ceux qui
vivent en Macédoine , au Kosovo, au Monténégro, en Italie, en Belgique, au Royaume-Uni et
aux Etats-Unis (Baltimore et New-York). Le budget de l’Albanie est de 10 milliards de dollars
américains dont près d’un milliard et de demi provient de la diaspora qui assure donc des
ressources conséquentes.
Au plan énergétique 90 % de l’électricité avait une origine hydro-électrique.
Le souci d’autonomie à l’époque d’Enver Hoja allait jusqu’à ne pas avoir d’ambassadeur à
Moscou et chaque maison disposait d’un abri et chaque famille d’une arme en vue d’une
éventuelle invasion et les prisons ne désemplissaient pas. Une simple remarque sur la
pollution ambiante ou sur la vétusté des équipements suffisait pour y aboutir.
La libéralisation ne c’est pas faite sans laisser des traces importantes de corruption et de
violence ( la canun - vendetta très codifiée par des sages - concerne des milliers de gens qui
n’osent sortir de chez eux).
C’est une société en pleine évolution encore très imprégnée des traditions claniques qui
remontent à l’époque ou elle était à la frontière de l’empire romain et de Byzance. Il y a un
mélange confessionnel assez étonnant qui a débouché sur une société religieusement
tolérante. Il est vrai que pendant quelque cinquante ans la laïcité était de rigueur.
La corruption est dans les mœurs. La mafia albanaise est une des plus importantes d’Europe
(drogue, culture de pavot) et avec l’aide des Etats-Unis d’Amérique, le gouvernement tente
d’y remédier. En relation avec le trafic d’êtres humains la délégation a visité un centre pour
ex-prostituées.
Sur le plan politique, la «Grande Albanie » ne semble pas être à l’ordre du jour, même
compte tenu des albanais présents dans les pays limitrophes. L’objectif primordial de
l’Albanie est l’adhésion à l’OTAN en 2008-2009 et entrer dan l’UE dans les années
suivantes.
Ils affirment que l’union entre albanais du Kosovo et ceux d’Albanie n’est pas envisageable.
Les liens avec l’Italie sont très forts (sous influence italienne, le Kosovo et l’Albanie étaient
réunis).
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La délégation fut très surprise de constater la maîtrise du français par les leaders politiques
et par l’intelligentsia.
La présence d’un aussi grand nombre de télévisions au Parlement, quelque 20 caméras, fut
également un sujet d’étonnement. La liberté de la presse est réelle.
Pas mal de sociétés ou de gens riches créent des stations de télévision afin d’influer sur le
monde politique et sur l’opinion publique. Le gouvernement actuel tente de contrôler cela.
L’opposition parlementaire est très musclée. Il y a de grandes confrontations électorales.
C’est un pays étonnant très courtisé par les américains qui y investissent beaucoup. Tant
opposition que majorité sont américanophiles. Comme beaucoup de pays issus de l’aventure
soviétique ou para-soviétique, l’Albanie veut assurer sa sécurité via l’OTAN et sa prospérité
via l’Europe.
L’argument essentiel est de faire considérer les Balkans dans leur entièreté pour l’accession
à l’Europe.
A partir du deux mai 2007 il y aura une liaison aérienne directe entre Tirana et Bruxelles à
raison de trois fois par semaine.
L’âge moyen des albanais est relativement bas. Il y a une économie parallèle que le Premier
Ministre entend formaliser.
Il y a à peine une petite dizaine de femmes au Parlement sur 140 membres.
Il n’y a pas d’affichage de signes d’ordre confessionnel tels que le voile pour les femmes
musulmanes .
C’est un pays très turbulent à l’intérieur et très sage à l’extérieur.
La délégation a été flattée d’être reçue au plus haut niveau et l’accueil fut chaleureux. Les
albanais sont un peuple très hospitalier.
Ayant cherché la réponse à quelques questions telles-que : « Que devient un pays qui a été
isolé longuement par un régime brutal ? - La démocratie naissante tient-elle la route ? », la
délégation peut affirmer qu’il y a une démocratie en pleine évolution, qu’il y a alternance du
pouvoir, une économie libéralisée se met en place. Ce pays a un avenir remarquable
notamment dans le domaine touristique avec une côte de quelque 450 km avec des
paysages verts et des montagne proches qui sont en partie enneigées.
Sur le plan géopolitique, l’Albanie est à la fois un pôle de stabilisation et de confrontation.
Cette mission s’est révélée très intéressante.
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PHOTOS
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Rencontre avec Madame Jozefina Topalli, Présidente du Parlement
Ontmoeting met Mevrouw Jozefina Topalli, Voorzitter van het Parlement
Doorstep interview
Déjeuner offert par la Présidente du Parlement
Lunch aangeboden door de Voorzitter van het Parlement
Rencontre avec S.E. Monsieur Helmut Lohan, Ambassadeur de l’U.E.
Ontmoeting met Z.E. de Heer Helmut Lohan,Ambassadeur van de E.U.
Ontmoeting met de Commissie Buitenlandse Zaken
Rencontre avec la Commission des Affaires Etrangères
Rencontre avec la Commission des Affaires Européennes
Ontmoeting met de Commissie Europese Aangelegenheden
©: http://www.keshilliministrave.al/foto/foto.asp?id=5129
Ontmoeting met Eerste Minister Sali Berisha
Rencontre avec le Premier Ministre Sali Berisha
Ontmoeting met de President van de Republiek Alfred Moisiu
Rencontre avec le Président de la République Alfred Moisiu
© : http://www.president.al/english/pu/foto.asp?id=3852
Ontmoeting met de President van de Republiek Alfred Moisiu
Rencontre avec le Président de la République Alfred Moisiu
Visite du Musée de la ville de Kruja
Bezoek aan het Museum van de stad Kruja
Visite du Musée de la ville de Kruja
Bezoek aan het Museum van de stad Kruja
Rencontre avec Monsieur Fatmir Mediu, Ministre de la Défense
Ontmoeting met de Heer Fatmir Mediu, Minister van Defensie
Rencontre avec Monsieur Fatmir Mediu, Ministre de la Défense
Ontmoeting met de Heer Fatmir Mediu, Minister van Defensie
Opera evening
Dîner offert par le Premier Ministre Sali Berisha
Diner aangeboden door Premier Sali Berisha
Entretiens avec des étudiants de l’Université polytechnique
Gesprekken met studenten van de Polytechnische universiteit
Entretiens à l’Assemblée Nationale avec la Présidente Jozefina Topalli
Gesprekken in de Assemblée Nationale met Voorzitter Jozefina Topalli
Entretiens à l’Assemblée Nationale avec la Présidente Jozefina Topalli
Gesprekken in de Assemblée Nationale met Voorzitter Jozefina Topalli
Entretiens à l’Assemblée Nationale avec la Présidente Jozefina Topalli
Gesprekken in de Assemblée Nationale met Voorzitter Jozefina Topalli
Visite du Musée de Durrës
Bezoek aan het Museum van Durrës
Ontmoeting met Vice-premier Gazmend Oketa
Rencontre avec le Vice-premier Ministre Gazmend Oketa
Vertrek vanuit de luchthaven «Mother Teresa»
Départ de l’aéroport «Mother Teresa»

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