Synthèse du questionnaire de la Régionale d`Île de France de l

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Synthèse du questionnaire de la Régionale d`Île de France de l
Synthèse du questionnaire de la Régionale d’Île de France de l’APHG1 : Enseigner l’HistoireGéographie en lycée, quels contenus, quelles méthodes ?
par Marc Charbonnier2
Texte remanié du rapport présenté les 8 et 9 juin 2013 devant la Commission pédagogique
nationale des lycées de l’APHG et le Comité national.
Dans le cadre de la loi sur la Refondation de l’Ecole, désormais votée par le Parlement, il est
prévu la création d’un Conseil Supérieur des Programmes. Dès la rentrée prochaine, des
groupes de travail seront constitués et le CSP se réunira. L’Association des Professeurs
d’Histoire et de Géographie demandera à être consultée.
C’est dans cet esprit, et profitant du répit passager qu’offre la procédure parlementaire, que la
Régionale d’Île de France a souhaité préciser les contours de l’enseignement de l’Histoire et
de la Géographie en lycée.
En effet, les très nombreux changements qui ont parfois bouleversé les pratiques comme les
contenus mêmes de nos disciplines, rendent nécessaires une réflexion approfondie. Il n’est pas
certain que les enseignants du Second degré se soient approprié les nouveaux programmes.
Les dernières journées de formation de l’APHG ont montré, après presque deux ans
d’expérimentations, que les collègues manifestent un mécontentement profond et même une
réelle lassitude face aux conditions d’exercice de leur métier.
Devant ces constats, la Régionale d’Île de France a voulu apporter sa contribution, reflet le
plus fidèle possible de la réalité du terrain. Ainsi, le 8 avril dernier, les délégués de la
Régionale d’Île de France auprès de la Commission nationale des lycées ont adressé un
questionnaire à leurs adhérents ayant communiqué une adresse mail. Qu’ils soient ici
chaleureusement remerciés !
A travers la diversité des réponses et loin de certaines idées préconçues, l’identité de
l’enseignant d’Histoire et de Géographie d’aujourd’hui émerge, sans illusion parfois, mais
aussi indéfectiblement attaché à une Ecole renouvelée et innovante, soucieuse de former des
1 Je tiens à remercier pour leur aide précieuse les co-auteurs du questionnaire : Odile DAUPHIN et Danièle
MOATTI-GORNET, qui ont également donné beaucoup de leur temps afin de dépouiller les réponses reçues.
Mes remerciements vont aussi aux collègues du Bureau de la Régionale d’Île de France pour leurs contributions
et leur aide, à Violeta MARTINEZ-AURIOL et aux délégués de la Régionale auprès de la Commission des
lycées : Vincent BONNEVAL, Brice BOUSSARI, Pascale COUMAU, Claude LAMINE et Vincent MULTRIER.
2 Vice-président de la Régionale d’Île de France de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie et
Professeur au Lycée Jean-Pierre Timbaud à Brétigny-sur-Orge (Essonne).
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citoyens libres et éclairés. Comme le résume d’une belle formule une collègue ayant répondu
au questionnaire, l’Histoire et la Géographie sont « la formation du citoyen et de l’être
humain en société tout à la fois ».
Le questionnaire comporte 5 rubriques, réparties sur 7 pages et propose de nourrir un débat
collectif au sein de l’APHG, creuset de la réflexion comme de l’action des Professeurs
d’Histoire et de Géographie.
1- Quelle est la spécificité de l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie ?
Les réponses sont diverses et reflètent la pluralité des sensibilités, mais peuvent être résumées
ainsi : transmettre des savoirs exigeants, développer l’esprit critique et former des citoyens.
Plusieurs collègues insistent sur la nécessité d’ancrer les savoirs dans un temps long, avec une
réflexion sur « le sens de la profondeur temporelle » comme mission d’enseignement. Enfin,
toutes les réponses parlent de l’impératif de l’ouverture aux autres et au monde.
Néanmoins, un constat s’impose. Près de 40 % de notre échantillon n’a pas apporté de
réponse à cette question introductive. Sans chercher à conclure hâtivement, on peut reprendre
ici la formule de Boileau : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement / et les mots pour le
dire arrivent aisément ». Dans un monde éducatif dont les repères sont brouillés par des
innovations parfois hasardeuses, c’est l’identité même du métier d’enseignant d’histoire et de
géographie qui semble fragilisée pour de nombreux collègues.
2- La question des horaires souhaitables, par niveau d’enseignement.
A la lecture des réponses des collègues, trois idées forces émergent.
En premier lieu, les enseignants d’Histoire et de Géographie sont attachés à des horaires
décents, qui permettent, dans l’intérêt des élèves, un véritable approfondissement des
programmes et non un survol superficiel. Dans cet esprit, la grande majorité des réponses
prennent position pour le maintien de 4 heures en Seconde (avec un dédoublement), 5 heures
en 1ère L et ES, 3 heures en 1ère S, 5 heures en Terminale L et ES, 3 heures en TS et
généralement 3 heures en série technologique en cycle terminal.
Les collègues se prononcent aussi, lorsque leur réponse est détaillée, pour des groupes en
classe dédoublée. Cette position rejoint la question des moyens mis en œuvre pour la réussite
des élèves : heures d’Accompagnement personnalisé, retour des modules…
Enfin, plusieurs réponses font part d’un refus de voir la Terminale Scientifique réduite à 2
heures.
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3- La nature des épreuves en cycle terminal :
Un point fait l’unanimité : la place de l’écrit et de l’exercice de la composition doit être
maintenue et renforcée au sein des épreuves terminales. Pour la série technologique, les
collègues expriment une nette préférence en faveur de l’oral, « davantage adapté aux élèves ».
A quelques exceptions près, minoritaires, les enseignants de lycée défendent la nécessité et
l’utilité de l’exercice du croquis de synthèse. Néanmoins, celui-ci doit être amendé,
plusieurs réponses attirant notre attention sur le risque de « bachotage » et « du par cœur » qui
dévoient cet exercice formateur.
En Terminale L et ES, beaucoup de professeurs préfèrent un retour aux questions (4 ou 5,
pas davantage) avec l’analyse critique du document. Pour la future Terminale S, la
composition ou à défaut la question de cours emportent l’adhésion des enseignants.
En série technologique, les épreuves ne sont pas remises en cause ; quelques collègues
demandent néanmoins une analyse critique des documents plus exigeante. Quelques critiques
font état d’épreuves écrites trop « dispersées », « indigentes » et même « frustrantes pour les
bons élèves ». Une courte majorité s’exprime également en faveur du rétablissement des
épreuves en Terminale (séries STI2D, STI2A et STL).
Enfin, la répartition des points au Baccalauréat semble satisfaire le plus grand nombre,
d’autant plus que le barème (8 points / 12 points) ménage la liberté d’appréciation du
correcteur.
4- Capacités et méthodes :
Nous avons souhaité évoquer la question de la place des instructions officielles. Les
réponses sont partagées et reflètent la diversité des sensibilités de nos collègues, depuis la
défense stricte de la liberté pédagogique, jusqu’à la reconnaissance du caractère « utile » des
fiches Eduscol et du BO, qui permettent de donner des « cadres » à la réflexion. La position
médiane est préférée par les collègues, qu’une enseignante résume ainsi : « Je lis toujours
avec intérêt ces textes, très utiles, mais ceux-ci laissent de moins en moins de liberté
pédagogique ». En règle générale, les enseignants demandent qu’on leur fasse confiance…
5- Les contenus :
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Peu de surprises dans cette rubrique, les collègues défendent avec ardeur le retour de la
chronologie et des repères en insistant sur la « causalité » et l’esprit critique. La
modération l’emporte également concernant l’étude de cas. Celle-ci ne doit pas être
systématique et doit conserver un aspect illustratif et dans la mesure du possible être laissée
au libre choix de l’enseignant, « avec un usage parcimonieux ». Quelques collègues
expriment des réserves sur l’étude de cas en Histoire et n’en voient pas l’utilité.
En Histoire, le retour à une étude plus précise des mouvements économiques, politiques et
sociaux est plébiscité. La démarche thématique n’est pas refusée en soi, mais semble plus
pertinente dans les classes du cycle terminal, à condition que les bases soient acquises. Les
collègues interrogés font ainsi part de leur souhait d’une refondation d’ensemble du second
degré, le collège devant apporter les cadres chronologiques indispensables et les principales
notions. Dans cet esprit, plusieurs collègues font de l’histoire nationale ouverte sur
l’Europe et le monde, une priorité en collège. Le lycée, cycle d’approfondissement, doit
mettre en perspective et ouvrir les horizons, « en donnant une véritable profondeur
temporelle ».
Quelques exemples : 2nde : 1789-1850, 1ère : 1848-1945, Terminale : depuis 1945. Autre
proposition, souvent reprise pour la classe de Seconde, les origines de la Modernité : XVIe –
1850, avec une réflexion sur « l’élargissement du monde ». Une demande apparaît : « un
découpage plus réaliste » et qui permet de traiter sérieusement les thèmes.
En Géographie, on peut noter une véritable demande de retour à l’apprentissage d’une
géographie physique (climats, reliefs, milieux), dont les bases seraient acquises en collège et
rappelées en classe de Seconde. La géographie économique et humaine est également
défendue. D’une manière générale, les enseignants interrogés font part de leur volonté d’une
simplification des concepts et des notions, parfois incompréhensibles : « Il convient d’éviter
la prolifération des concepts et des notions fragiles et instables, surtout dans le domaine du
développement durable ».
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