Article du Journal du Textile apparu sur le
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L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE L’EFFET DE LEVIER PIEGE VIVARTE L Racheté par le biais d’un Lbo en 2007, le groupe fait face aujourd’hui à une lourde dette qu’il ne peut rembourser. e Lbo, ou Leverage buy out, cette technique de rachat d’entreprise par endettement, a connu une belle popularité dans l’univers des marques et des enseignes d’habillement jusqu’à la crise de 2008, et même un peu au-delà. Grâce à un crédit facile et abondant, mais aussi un environnement économique favorable, nombre de ces marques ont pu ainsi aisément changer de mains, parfois même à plusieurs reprises. Et leurs acquéreurs, des cadres de l’entreprise bien souvent accompagnés de fonds d’investissement, n’avaient aucune peine à rembourser les prêteurs – des banques dans la plupart des cas. Mais, aujourd’hui, le paysage a bien changé. Des marchés en recul et un crédit devenu plus chiche ne permettent plus aux acteurs de ces Lbo de rembourser leur dette au rythme convenu. Et certains sont du coup confrontés à des difficultés parfois même spectaculaires. L’exemple du géant français de la distribution d’habillement et de chaussures Vivarte, aux vingt-trois enseignes, contraint de tenter de renégocier un gigantesque mur de dettes est le plus emblématique. Des discussions tendues entre actionnaires et créanciers sont L ’AVENIR de Vivarte se joue dans les semaines qui viennent. Selon une indiscrétion révélée par l’agence économique Bloomberg – en marge de la conciliation actuellement en cours afin de renégocier la dette engendrée par son Lbo –, plusieurs groupes financiers, actuels créanciers ou non, ont fait connaître leur intérêt pour cet acteur de poids. Plusieurs de ceux-ci se verraient bien prendre le contrôle de ce groupe de distribution, l’un des leaders français et européens de l’habillement et des chaussures, avec ses 23 enseignes (La Halle, Naf Naf, Caroll, Kookaï, André ou Pataugas, notamment). Un groupe à la tête de 5.000 magasins et qui réalise un chiffre d’affaires de 3 milliards d’€ (en recul de 1,8% lors de l’exercice 2012-2013). Une issue sous la forme d’un changement de mains s’ajoute donc au champ des possibles pour ce géant français de la distribution. Parmi les candidats potentiels, sont cités des hedge funds déjà présents au tour de table, tels que Avenue Capital ou Angelo Gordon. Tout comme le fonds américain Oaktree, autre créancier du groupe. A aussi été cité le fonds géant américain Kkr qui, il y a tout juste un an, avait pris le contrôle du groupe Smcp (Sandro, Maje, Claudie Pierlot). Ce que dément formellement ce dernier, évoquant «des rumeurs infondées». Pour sa part, le groupe Vivarte ne fait aucun commentaire. Seuls quelques observateurs font valoir que ces marques d’intérêt apparaissent comme un signe positif pour le groupe. «Le fait qu’il y ait de nombreux candidats financiers pour 2 Journal du Textile N°2211 / 6 mai 2014 en cours, qui pourraient déboucher sur plusieurs scénarios possibles : plan de refinancement, abandon d’une partie des dettes, réinjection de liquidités, ou encore reprise du groupe par un ou plusieurs créanciers… Mais Vivarte n’est pas le seul à faire face à ce type de situation. Camaïeu, Gérard Darel ou Un jour Ailleurs sont dans le même cas. D’autres pourraient encore apparaître dans les mois à venir. Alors que leurs espérances d’un retour rapide sur investissement s’éloignent, la plupart des fonds et des banques impliqués ont généralement intérêt à se mettre autour d’une table pour trouver des solutions. Certains peuvent décider de «remettre au pot», quand le jeu en vaut la chandelle, que les fondamentaux sont bons et que le projet proposé semble tenir la route. D’autres préfèreront remettre les choses à plat sans toujours éviter une issue judiciaire. En tout état de cause, les intéressés devront miser sur le facteur humain pour sortir de ces situations délicates, c’est-à-dire trouver les bons managers capables de faire évoluer le business model et de réinventer des recettes gagnantes. un éventuel rachat veut dire qu’ils croient dans ce groupe et dans la stratégie de relance menée par son dirigeant, Marc Lelandais», observent-ils. Vivarte, lui, se retranche derrière la procédure, confidentielle, de conciliation dans laquelle il est engagé. La conciliation ? Une évolution du mandat ad hoc décidée par le tribunal de commerce en février dernier et confié à Hélène Bourbouloux, afin de régler «à l’amiable» la question de la dette d’acquisition portée par les holdings. Celle-ci atteint encore le total astronomique de 2,8 milliards d’€, après un remboursement de 1,1 milliard d’€ déjà intervenu. Comme ce fut le cas encore récemment pour plusieurs acteurs de la distribution engagés dans ce type de procédure (Camaïeu, Gérard Darel, Un jour Ailleurs…), cette dette est héritée d’un Lbo (Leverage buy out, ou rachat par endettement) réalisé avant la crise. Il avait alors permis, notamment, au fonds d’investissement anglais Charterhouse de prendre possession en 2007 de Vivarte pour 3,5 milliards d’€. Charterhouse avait ainsi succédé au tour de table à un autre fonds, français, Pai Partners. Ce Lbo ayant été négocié selon des «covenants» (clauses financières) que l’évolution négative du marché de l’habillement français, en baisse significative depuis plus de cinq ans, bousculé aussi par l’arrivée en France de nouveaux et puissants compétiteurs, ne permettait plus de respecter. Aussi, à l’automne dernier, et avant que le mandat ad hoc ne soit décidé, le groupe avait été contraint d’entamer des discussions avec ses créanciers afin de revoir les termes de ces «covenants». Autrement dit de «détendre les obligations financières contractées en 2007». En vain, même si de l’aveu même de Vivarte cela s’était joué à un fil : 65,1% des créanciers avaient, en janvier dernier, donné leur accord à ces propositions. Mais il aurait fallu une majorité de 66,6% pour que les conditions financières auxquelles avait été soumis Vivarte soient remises à plat. Question de confiance S’en est suivi la procédure qui court actuellement et qui peut être – selon un calendrier établi jusqu’à fin juin – reconduite un mois. Un calendrier que Vivarte assure vouloir tenir. En attendant, le groupe a décidé unilatéralement de suspendre les remboursements de sa dette afin d’assurer «une situation de liquidité satisfaisante» au groupe. «Dans le cas où une cession serait finalement envisagée, ce respect du calendrier donne un peu de temps au dirigeant pour lui permettre de choisir au mieux le ou les fonds qui l’ac- Les créanciers pourraient réinjecter de l’argent dans le groupe, mais il n’est pas impossible que certains de ceux-ci veuillent le racheter. compagneront dans la poursuite de sa stratégie», analyse un autre observateur, tout en assurant «qu’aucune option n’apparaît être privilégiée» entre la conciliation et un éventuel changement de mains. Les discussions se poursuivent donc entre Vivarte et le groupe resserré de créanciers, représentant l’ensemble des financiers. D’autant que ces dernières semaines ont laissé entrevoir d’autres issues que celle d’une reprise. En effet, selon la presse économique, dans le cadre de la conciliation, l’équipe dirigeante aurait par ailleurs fait une autre proposition détonante, mi-avril. Elle aurait présenté un nouveau plan de financement dans lequel il serait demandé aux créanciers d’abandonner une large partie de la dette, soit près de 2 milliards d’€. Le plan prévoirait de surcroît un nouvel investissement de 500 millions d’€. Afin de convaincre les créanciers du groupe à consentir ce lourd sacrifice et à une remise au pot – éventuelle –, Marc Lelandais a évidemment mis en avant la stratégie engagée depuis son arrivée à la tête du groupe. Une stratégie de transformation qualitative touchant l’ensemble de ses enseignes, laquelle porterait déjà ses fruits et surtout se révèlerait prometteuse. Ce qu’il a souligné en analysant les prévisions de résultats, marque par marque. Prévisions plutôt favorables et visiblement «très proches» de celles réalisées par le cabinet d’audit mandaté pour présenter ses propres analyses de la situation. Un point marquant dans la quête de confiance en la politique menée, réclamée par cet exercice et par le dirigeant. La «révolution» engagée chez La Halle tion qui de plus s’appuie sur une campagne d’ouvertures de magasins assez emblématique. En quelques semaines, l’enseigne a ainsi ouvert deux unités au cœur de Paris. La première, de 3.000 m2, boulevard Montmartre, et la seconde, à quelques pas de là, sur le très évocateur et attractif boulevard Haussmann. Là encore, l’enseigne et le groupe frappent les esprits. Trouver son public Magasin La Halle. Pour convaincre ses créanciers de lui faire confiance, le groupe Vivarte veut s’appuyer sur le vaste plan de transformation qu’il a mis au point pour La Halle, son enseigne phare. DR – l’enseigne poids lourd du groupe – illustre bien ce qu’entend entreprendre le dirigeant de Vivarte. L’enseigne phare du groupe, dont le chiffre d’affaires représente 50% de l’activité totale, vient en ef- P fet de se lancer dans une vaste transformation avec l’ambition de devenir «le multimarque français des secondes lignes exclusives». Une révolution qui concerne toutes les caractéristiques de l’enseigne (son offre, le décor de ses magasins, sa stratégie d’implantation et de développement) et dont la gestation aura duré dixhuit mois. Elle n’a en effet été entièrement présentée que mi-mars. Une révolu- Un mois après cette quasi «re-création» cruciale, il est encore un peu tôt pour tirer les enseignements de ce chamboulement total mené par le dirigeant de l’enseigne, Renaud Mazière, et ses équipes. De source sûre, néanmoins, «les premiers chiffres fournis» semblent indiquer que «le concept fonctionne». Mais, analyse un observateur, «il faut encore savoir si cela va se confirmer sur le long terme». Autrement dit, laisser passer quelques semaines, quelques mois, une saison, pour donner à ce nouveau modèle de distribution le temps de faire pleinement ses preuves. Et démontrer qu’il a su trouver son public sans déstabiliser l’ancien. Prouver surtout qu’ainsi transformée, La Halle a su se donner les armes lui permettant de rivaliser sur son marché domestique, comme à l’international, avec les géants de la fast fashion venus le concurrencer sur son terrain. Un temps que la holding d’acquisition de Vivarte ne possède pas forcément au vu de son calendrier pré-établi. «Mais par ailleurs, aller au bout du processus engagé, ce qui pourrait mener jusqu’à fin juillet, peut s’avérer favorable. Cela permettra justement une observation plus longue des performances de La Halle et donnera aux partenaires une première direction claire sur l’avenir de l’enseigne et donc du groupe.» De là à dire que cela influencera significativement l’issue de la conciliation… C’est envisageable, mais guère certain. Reste que les semaines qui s’annoncent devraient être déterminantes pour Vivarte. STÉPHANIE ATHANÉ ● La liste des victimes de l’endettement s’allonge RÉSENTÉ par certains comme le plus important Lbo de l’époque dans son secteur, le cas de Vivarte est emblématique. Parce qu’il est au cœur de l’actualité et que la procédure de conciliation en cours avec ses créanciers voit son échéance approcher. Mais aussi parce qu’il s’agit d’un acteur de tout premier plan et historique de la distribution d’habillement et de chaussures. Pourtant, la situation dans laquelle se trouve le groupe n’a rien de particulier. Ces dernières années, plusieurs autres enseignes ou marques de mode, dont le Lbo avait été négocié avant la crise, ont dû revoir les termes de ce dernier. Car les clauses de remboursement, «dimensionnées pour les conditions de l’époque», avaient été construites à partir de données et de prévisions qui sont aujourd’hui en décalage avec la nouvelle réalité caractérisée par un marché affaibli. Parmi les autres enseignes victimes de cet effet de contrepied provoqué par la crise, il faut citer ainsi Camaïeu. Acteur majeur de distribution de mode féminine qui comptait, en 2013, 1.060 ma- gasins (dont 630 en France), l’enseigne réalise un chiffre d’affaires de 1 milliard d’€. Détenu à 97% par le fonds britannique Cinven, entré au capital en 2007 avant d’y devenir majoritaire, Camaïeu est entré l’année dernière en négociations avec ses créanciers afin de refinancer la dette (contractée pour un total d’1 milliard d’€) portée par la holding dans le cadre du Lbo. Plusieurs mois de discussions ont finalement permis de trouver une solution mi-décembre 2013 lorsque créanciers et actionnaires sont tous tombés d’accord sur une formule de refinancement de la dette. Cinven, de même que les hedge funds Polygone et Boussard & Gavaudan, ont consenti à réinjecter 50 millions d’€ dans la holding d’acquisition contre un report de l’échéance à l’horiMAGASIN CAMAÏEU. L’enseigne a réussi à trouver un accord entre ses créanciers et ses actionnaires pour refinancer sa dette. DR Suite de l’Evènement : page 6 ... zon 2018. A l’époque, certains observateurs tablaient sur le fait que cette négociation engendrerait un changement dans le tour de table. Il n’en est rien pour le moment. Autre cas, celui de la chaîne Un jour Ailleurs. Cette enseigne, qui s’adresse à la femme active avec une offre positionnée milieu-haut de gamme, est, elle aussi, aux prises avec un problème de remboursement. En juillet 2013, le tribunal de commerce de Paris a ainsi ouvert «une procédure de sauvegarde» au bénéfice de Vetsoca, société exploitant l’enseigne. Ceci faisant suite à plusieurs mois de conciliation entre les créanciers et les actionnaires, au premier rang duquel le fonds Atria Capital Partners, mais aussi Euromezzanine et le fondateur de l’enseigne, Félix Soussan. Atria ayant remplacé un autre fonds, Astorg, au capital d’Un Jour Ailleurs lorsqu’avait été monté ce Lbo, en 2006. Procédure de six mois renouvelable, la sauvegarde arrive bientôt à échéance, et les signaux semblent prometteurs quant à l’issue positive de ce dossier, même si la décision du tribunal n’a pas encore été rendue. S.A. ● N°2211 / 6 mai 2014 Journal du Textile 3 L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE Les Lbo à répétition ont déréglé la machine et usé les équipes T les observateurs en conviennent : les difficultés que connaissent actuellement des enseignes et des marques de mode confrontées à un mur de dettes alors qu’elles évoluent sur un marché morose, ont souvent pour racine commune un changement de mains réalisé par Lbo avant la crise. Le Lbo (Leverage buy out, ou, en bon français, rachat par effet de levier) rappelonsle, a été initié dans les années 80 par les fonds d’investissement pour faciliter la transmission d’entreprises, via le levier de l’endettement. «Le point commun de ces enseignes et marques de mode est qu’en général, elles ont réalisé leur Lbo avant la crise, à une période où les affaires marchaient bien et où les leviers d’endettement pouvaient être très importants sans dommages. Mais, aujourd’hui, les acquéreurs, qui se sont fortement endettés à l’époque, ne parviennent plus à rembourser», observe Chantal Baudron, fondatrice du cabinet de recrutement qui porte son nom, notamment spécialisé dans les prestations de recrutement et d’audit dans le cadre de Lbo (dans le textile en particulier). «Un grand nombre de Lbo ont été réalisés pendant la période 2001 à 2008, lorsque les clignotants économiques et financiers étaient au vert. Les situations actuelles n’avaient pas été forcément anticipées», confirme Alexandre Lefebvre, codirigeant du fonds Silverfleet Capital (lire par ailleurs). Problème récurrent de ces accords d’avant-crise : avoir enclenché une cascade de Lbo successifs. «On observe pas mal de Lbo secondaires, tertiaires voire même quaternaires, découlant de ces Lbo noués avant la crise, remarque Chantal Baudron. Les fonds doivent en effet fournir un certain niveau de performances à leurs actionnaires, et quand l’une des entreprises dans lesquelles ils ont investi a des résultats trop médiocres, ils la cèdent. On a un peu l’impression parfois qu’ils se refilent la patate chaude !» Le «serial dirigeant» Richard Simonin, qui a été confronté au cas difficile d’un Lbo chez Gentleman Farmer, et est actuellement à la tête de l’enseigne italienne Limoni (lire par ailleurs), connaît bien la question. «Chez Camaïeu, comme dans d’autres cas, le problème est qu’il y a eu après le premier, des Lbo successifs, fait-il remarquer. Et à un moment donné, compte tenu du caractère éminemment cyclique de cette activité, la machine se dérègle, la rentabilité baisse et par voie de conséquence, le niveau d’endettement devient intenable. Dans ces cas de Lbo à répétition, un autre phénomène est généralement sous-estimé, à savoir l’usure et le changement d’état d’esprit des équipes dirigeantes. De façon quasi systématique, à partir du troisième Lbo, elles ont souvent – et c’est humain – un peu moins l’esprit d’entreprise. La sécurisation de leurs gains en capital acquis à l’issue d’une succession de Lbo devient leur vraie priorité. De ce fait, alors qu’elles voient clairement que certaines choses devraient changer radicalement, elles n’ont plus autant envie de prendre le risque de faire des réformes qui pourraient faire baisser la rentabilité de leur entreprise. Du coup, contrairement à sa philosophie générale, le Lbo provoque lui-même une certaine paralysie du système. Il faut aussi admettre qu’il n’est pas forcément facile pour un fonds de décider de redémarrer et de s’aventurer avec une lucidité, c’est que ces affaires sont cycliques. Les très rares exceptions à cette règle sont Zara et, dans une moindre mesure, H&M. On voit régulièrement des enseignes naître, ou renaître, en ayant trouvé ou retrouvé une sorte d’équilibre magique entre l’offre-produit, l’expérience client, le positionnement prix et un segment de marché porteur. Trop souvent, la faiblesse des financiers, mais aussi parfois des managers, est de croire que les arbres montent jusqu’au ciel.» OUS 4 Journal du Textile N°2211 / 6 mai 2014 Principe de réalité CHANTAL BAUDRON. «Les acquéreurs qui se sont fortement endettés à l’époque où les affaires marchaient bien ne parviennent plus à rembourser.» DR nouvelle équipe. Car, quand il y a déjà eu deux ou trois Lbo de suite, c’est un véritable défi de parvenir à relancer les ventes en comparable à un niveau satisfaisant.» Or, souligne encore Richard Simonin, «dans la plupart des entreprises de mode sous Lbo – de Camaïeu à Gérard Darel en passant par Vivarte – ce que presque personne dans le monde financier ne semble vouloir reconnaître, avec bon sens et M La crise les a fait parfois brutalement renouer avec le principe de réalité. «Dans un Lbo, il y a un cadre et des clauses bancaires à respecter, en terme d’endettement, de résultats, explique un observateur. Si ceux-ci ne sont pas respectés, les conditions de l’accord prévoient que le remboursement devient immédiat. Il faut alors trouver une solution et c’est à chacun de faire un pas. Les fonds, en remettant au pot, les créanciers, en donnant de l’air (effacement d’une partie de la dette, report de l’échéance, baisse du taux) et l’entreprise, en donnant de nouvelles garanties. Le souci dans un Lbo, c’est qu’il y a souvent un très grand nombre de prêteurs : banques, fonds, fonds mezzanine.» Evidemment, il n’y a pas d’accord standard dans ce type de situation. Cepen- dant, pour Richard Simonin, «d’une façon générale, ce qui se dégage, à la fois de mon expérience et de ce qu’on constate récemment sur le marché, est assez cynique mais pas vraiment surprenant : si une entreprise sous Lbo se trouve en difficulté et que sa dette est faible en valeur absolue (inférieure à 50 millions d’€), son pouvoir de négociation envers ses prêteurs est assez faible. Par voie de conséquence, ses chances de survie le sont aussi. Par contre, si sa dette est élevée, voire très élevée, les prêteurs y réfléchissent en général à deux fois.» Mais il arrive également qu’un accord soit trouvé plus rapidement pour une enseigne moyenne que pour un grand groupe. Dans le cas de Camaïeu, explique un observateur, «si on a pu aboutir à une solution commune, c’est que tout le monde était d’accord pour juger qu’il s’agissait d’une entreprise profitable, avec une histoire de croissance extraordinaire, et encore une bonne dynamique en 2013, puisque sa croissance est supérieure à celle du marché, Personne n’avait envie de gâcher ce potentiel en risquant le redressement judiciaire. Pour Vivarte, la donne est différente… c’est pourquoi aussi on sent une certaine tension dans les échanges». Pour leur part, les fonds ont-ils plutôt intérêt à laisser une entreprise sous Lbo aller jusqu’au redressement judiciaire ou à remettre au pot ? «Cela dépend du profil du fonds, estime Richard Simonin. Quand il est assez important, comme par exemple Charterhouse ou Axa, le dépôt de bilan est une option extrêmement délicate, à la fois pour son image, envers ses actionnaires et les banques finançant les Lbo. Il a Suite de l’Evènement : page 6 La crise n’empêche pas de nouer des Lbo IEUX vaut souvent réaliser un Lbo après une crise qu’avant. Alexandre Lefebvre codirige avec Maïré Deslandes le bureau parisien de Silverfleet Capital, un fonds européen entré début 2013 au capital de la marque La Fée Maraboutée dans le cadre d’un deuxième Lbo. Un premier Lbo avait été noué avec le fonds Dzeta Conseil de 2010 à 2012 et trois codirigeants, Jean-Pierre Braillard, le fondateur, Christophe Astruc et Thierry Perusat, qui avaient rallié l’entreprise en 2010. Ceux-ci ont aussi participé au deuxième Lbo aux côtés de Silverfleet. Le premier Lbo s’était soldé par la réalisation remarquable du plan. Les objectifs assignés à l’entreprise pour quatre à cinq ans avaient été remplis en deux ans. De fait, le chiffre d’affaires de l’entreprise a crû de 36%, à 46 millions d’€ entre 2010 et 2012 (dont 20% avec le détail et 80% avec le gros), soit environ 100 millions d’€ en termes de chiffre d’affaires sous la marque, dont 35% à l’export. Le second Lbo a démarré dans un contexte plus difficile. «Le premier semestre 2013 n’a pas été simple, mais nous avons connu un redressement au second semestre. Le chiffre d’affaires a du coup connu une croissance assez limitée, entre +1% et +2%. Et l’année 2014 a bien démarré», indique Alexandre Lefebvre. Pour autant, ce dernier ne regrette pas d’avoir réalisé l’opération en pleine crise. «Lorsque nous avons monté ce deuxième Lbo, nous avions fait des simulations et pris en compte l’environnement. Nous savions que 2013 ne serait pas extraordinaire en termes de conjonc- ture pour la distribution.» «Quand vous investissez dans une marque via un Lbo, souligne-t-il, vous investissez à la fois sur son territoire, ce qui le rend unique. Mais aussi sur un modèle économique. Or, nous sommes très confiants sur le potentiel de développement de la Fée Maraboutée en France et à l’international. Son modèle repose en effet à 80% sur le gros. Et la marque est très bien diffusée en multimarques. D’autre part, comme elle n’a pas un réseau propre très développé (8 succursales début 2013), elle a peu de frais fixes. Notre idée est plutôt de la développer de façon raisonnable, en plus des multimarques, à travers des affiliés partenaires.» La légèreté des structures, c’est ce qui fait à ses yeux la différence du cas Fée Maraboutée avec ceux d’autres dossiers Lbo du textile-habillement. «Quand la conjoncture devient difficile, nous ne rencontrons pas les mêmes problèmes que les entreprises dotées d’un lourd réseau, explique Alexandre Lefebvre. L’activité distribution est en effet encore très sensible à la conjoncture. Quand le marché fonctionne bien, c’est une activité extrêmement profitable. Mais quand les performances commerciales ne sont pas au rendez-vous, que vous devez supporter les frais fixes d’un réseau et que vous avez noué un Lbo à des conditions antérieures à la crise, vous êtes dans les ennuis.» Toutefois, pour Alexandre Lefebvre, Lbo et succursalisme ne font pas forcément mauvais ménage. Alexandre Lefebvre évoque par exemple le cas de Maisons du Monde, objet de deux Lbo bien menés en 2006 et 2009. Mais également celui du groupe Smcp (Sandro, ... Maje, Claudie Pierlot) qui a noué un premier Lbo fin 2010 avec les deux fonds L Capital et Florac, puis un autre, en avril 2013, avec le géant américain Kkr. «Même dans une conjoncture difficile, ces enseignes parviennent à vendre très bien leurs produits et font preuve d’une capacité créative qui leur permet de fournir le bon produit au bon prix», observe Alexandre Lefebvre. La crise n’est donc pas pour lui un empêchement absolu pour nouer des Lbo. «Un Lbo peut être conçu pour une période prospère comme pour une période plus difficile. Cela ne remet pas forcément en cause les fondamentaux de l’entreprise. Et si les choses sont plus difficiles, on fait comme dans toute entreprise, on essaie de revoir le remboursement des dettes et de trouver des solutions innovantes.» Silverfleet se lancerait-il encore aujourd’hui dans un Lbo mettant en jeu un distributeur succursaliste du textile habillement ? «Silverfleet est un fonds plutôt généraliste, ayant réalisé une dizaine d’investissements et nous essayons donc de ne pas trop nous surexposer dans un secteur en particulier, répond Alexandre Lefebvre. Outre la Fée Maraboutée, nous sommes aussi présents chez Creatrade, une société allemande de vente sur catalogue et de vente en ligne d’articles de mode et d’accessoires pour la maison, et chez Office, une enseigne britannique de distribution de chaussures tendance. Mais si on nous proposait aujourd’hui une entreprise d’une certaine taille, avec un concept qui a fait ses preuves, nous regarderions le dossier.» S.B.E. ● L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE ●●● besoin de crédibilité dans la durée, que ce soit pour ses futures levées de fonds ou pour financer de nouvelles acquisitions. Pour ce faire, mieux vaut ne pas laisser trop de “traces de sang” sur le parcours. D’un autre côté, le taux de succès ne peut pas être de 100%. Il y a donc forcément de la “casse”. Mais quand il y en a, on a un peu vite tendance à vilipender les fonds d’investissement. C’est un peu facile, ils ont aussi pas mal de vertus et donc de belles réussites à leur actif. N’oublions pas non plus qu’il y a parfois aussi de la “casse” dans les affaires familiales comme dans les grands groupes. Pour avoir travaillé avec ces trois types d’actionnaires, j’ai pu constater que “nobody is perfect”. Chacun d’eux a ses points forts et ses points faibles.» Sur le choix cornélien des fonds – réinvestir ou aller au dépôt de bilan – Richard Simonin note encore «qu’il n’y a pas de réponse standard. C’est évidemment très difficile pour un fonds, particulièrement si une affaire a été achetée à un prix élevé, de devoir reconsidérer totalement son horizon de sortie et de remettre de l’argent dans l’affaire. Dans certains cas, c’est peutêtre malgré tout la bonne décision, dans d’autres, la sagesse est de ne pas le faire. C’est très loin d’être une science exacte. Chez Gentleman Farmer, c’est moi qui ai recommandé au fonds Cobalt de jeter l’éponge compte tenu du manque de “souplesse” des banques. Au contraire chez Limoni, il m’est apparu clairement que réinvestir était la solution compte tenu du fait que les banques avaient accepté une réduction de la dette plus que substantielle». Sauvegarde Pour Chantal Baudron, «aujourd’hui, les difficultés sont telles que cela peut pousser davantage de fonds à placer en sauvegarde judiciaire l’entreprise sous Lbo. Cela permet alors de renégocier la dette». Celle-ci, qui conseille aussi les fonds, observe d’ailleurs au passage des difficultés croissantes chez ces derniers., avec cependant «une diversité notable des performances de l’un à l’autre». Autre évolution soulignée par Chantal Baudron, héritée selon elle de la culture anglo-saxonne : «Les fonds ne se contentent plus de suivre les tableaux de bord de l’entreprise. Ils recrutent des conseillers qui viennent du monde de l’entreprise et qui les aident à accompagner et suivre les chefs d’entreprise.» Car personne ne peut évidemment remplacer les hommes de terrain pour entretenir, accélérer un succès, mais également parfois pour le relancer. Richard Simonin le rappelle : même une affaire en grande difficulté peut renaître de ses cendres. Et pour lui, l’histoire de Camaïeu est un cas d’école. Créée en 1984 par la famille Torck, cette enseigne visait à l’origine à la fois la femme, l’homme et l’enfant. Après quelques années «formidables», l’enseigne a connu des difficultés. C’est alors qu’est intervenu en 1998, ce qui a été, rappelle-t-il, «l’un des premiers Lbo importants dans la distribution de textile-habillement», associant le fonds 3i, un nouveau dirigeant, Jean-François Duprez, et la famille fondatrice. Les trois activités ont alors été scindées : seule la femme est restée dans le giron de Camaïeu, l’enfant est devenu Okaïdi et l’homme Jules. Une relance qui a débouché à la fois sur la renaissance de Camaïeu et la création de deux autres belles success-stories. Aujourd’hui encore, malgré ses récentes difficultés, Richard Simonin estime que «Camaïeu reste une belle affaire» dont il «pense qu’elle va être remise sur les rails». SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE AVEC STÉPHANIE ATHANÉ ● 6 Journal du Textile N°2211 / 6 mai 2014 Un Lbo échoue à cause de trop de changements... ou de pas assez R connaît extrêmement bien le monde de la mode et les Lbo. Ce manager expérimenté, ex-dirigeant de Givenchy, Kenzo, Escada, Harrod’s ou Etam, avait été appelé à la rescousse (en 2010) de la marque-enseigne Gentleman Farmer, confrontée après un Lbo à une «crise de transition et de transformation». Richard Simonin avait été alors le dernier, après Alain Moreau et Anémone Bérès, d’une série de dirigeants, qui s’étaient succédé entre 2008 et fin 2011. Mais il n’avait pas pu empêcher le dépôt de bilan. Depuis, il a lancé son bureau de conseil et est aujourd’hui président de la chaîne de parfumerie sélective Limoni – leader du marché italien –, dont il a piloté avec succès la restructuration financière en 2012. Il est aussi senior advisor de la chaîne de lingerie Hunkemöller pour le compte du fonds Pai. Connaissant la difficulté de l’exercice auquel sont confrontés ses pairs, il se montre très modeste dans son approche et ses jugements. Commentant les «cas» Vivarte, Camaïeu et Gérard Darel, il entend se limiter «à exprimer son opinion» et «se défend de vouloir donner des leçons». A ses yeux, «les cas Camaïeu et Vivarte sont très intéressants pour illustrer la difficulté qu’il y a à faire évoluer un businessmodel existant, même si les principaux dirigeants sont convaincus de la nécessité de ce changement. Dans ces deux enseignes, les dirigeants avaient certainement perçu que leur modèle avait perdu de son efficacité et que les affaires déclinaient. Il fallait donc changer. Mais la difficulté, c’est de définir sur quels paramètres agir». Or, Richard Simonin dit n’avoir «jamais oublié la leçon de François Baufumé, son patron chez Kenzo pendant huit ans, à savoir qu’il ne faut pas (voire jamais) changer trop de paramètres à la fois». «Si malgré tout, le dirigeant décide de tout bousculer en même temps, il prend des risques, poursuit-il. C’est ce qui s’est passé à un moment donné chez Camaïeu. Lorsque ICHARD SIMONIN RICHARD SIMONIN. «Quand on change trop de paramètres à la fois sur un marché extrêmement tendu, les chances de réussite ne sont pas énormes.» DR ficile. Dans de tels cas de figure, que le nouveau dirigeant mis en place soit exceptionnel ou pas, s’il hérite à la fois d’une dette colossale et d’une rentabilité en déclin sur un marché morose, le pari devient difficile. Il se retrouve à la barre d’un énorme paquebot difficile à manœuvrer.» Multiplication des fronts Richard Simonin se refuse aujourd’hui à dire «si la stratégie mise en place par le nouveau manager de Vivarte est bonne ou pas». «Il est trop tôt pour le savoir», estime-t-il. Mais il remarque «seulement», et là encore il insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’«un avis, d’une opinion personnelle», que «quand on change trop de paramètres à la fois, comme cela a été fait Il est très difficile de faire évoluer un business-model même si les dirigeants sont convaincus de la nécessité du changement. sont apparues ses premières difficultés, quelque temps après le premier Lbo, il a été décidé de mettre en place une démarche marketing qui n’a été faite qu’à moitié. Le précédent business model a donc été déréglé sans qu’on parvienne à faire fonctionner le nouveau. Dans un tel cas de figure, vous accélérez la perte de votre clientèle existante qui ne s’y retrouve plus, sans avoir réussi à en conquérir une nouvelle.» Dans le cas de Vivarte, Richard Simonin retrouve certains éléments du cas Camaïeu. «A un moment donné, l’affaire a été formidablement profilée, analyse-t-il. Mais là aussi, sans blâmer qui que ce soit, son équipe dirigeante historique était, de mon point de vue, à la fin d’une histoire. Le niveau d’endettement stratosphérique et un marché tendu par la crise, n’ont pas contribué à améliorer la situation. Après le départ de Georges Plassat, et un bref interim du directeur financier, Antoine Metzger, l’arrivée de Marc Lelandais s’est forcément déroulée dans un contexte très dif- pour La Halle, sur un marché extrêmement tendu, les chances de réussite ne sont pas énormes. Quand on bouge beaucoup de curseurs à la fois, cela induit logiquement qu’au niveau de l’exécution on doive se battre sur trop de fronts à la fois.» «Chez Vivarte, il y a déjà eu une évolution importante, avec le renouvellement d’une partie de l’équipe dirigeante, suite au départ de Georges Plassat, poursuit Richard Simonin. Or, dans le cas de La Halle, l’enseigne la plus importante du groupe, décider d’abandonner, presque brutalement, un positionnement discount pour aller vers une politique de marques propres, principalement basée sur la déclinaison de marques-enseignes de centreville, pose plusieurs questions : la clientèle de périphérie actuelle en est-elle demandeuse et à quel niveau de prix ? Comment la clientèle de centre-ville de ces marques comme Kookaï, qui se portent assez bien, va-t-elle réagir à ces marques-bis ? Enfin, quand vous évoluez vers un univers plus qualitatif et donc beaucoup plus segmenté en termes d’offre, cela entraîne aussi un changement important de la supply chain, avec des cycles-produits, des prix, et des problématiques de réassort très différentes du discount. C’est encore une difficulté supplémentaire et non des moindres.» Richard Simonin ouvre une parenthèse en rappelant le précédent de Carrefour, qui avait fortement innové avec son concept Carrefour Planet. «L’idée d’introduire des univers, des ambiances différentes dans l’hypermarché, semblait tout à fait intéressante à première vue. Or, je me souviens d’avoir visité un hyper Carrefour en Belgique, et constaté que si le concept était plutôt bien exécuté et attractif, plusieurs rayons – notamment ceux du textile-habillement – étaient à moitié vides.» Chez Camaïeu, l’option prise est différente. «La nouvelle dirigeante semble avoir l’intention de revenir aux fondamentaux, de se concentrer sur l’offre-produit, la supply-chain et les “bonnes pratiques retail”, indique-t-il. J’ai tendance à penser qu’elle va remettre assez rapidement les choses “d’équerre”. Dans de telles situations, je suis sincèrement convaincu qu’il faut d’abord commencer par faire repartir le chiffre d’affaires, les marges, et donc les résultats, avant de réfléchir à la transformation d’un business-model. C’est moins glamour, certes, mais ça permet de limiter significativement les risques.» A propos d’un autre cas d’enseigne de mode sous Lbo, rencontrant quelques accrocs, Gérard Darel, Richard Simonin la qualifie de «superbe affaire», de «son point de vue personnel payée cher». Et ce d’autant que son «actif le plus important – qui avait été la source principale de création de valeur – constituait également un risque non négligeable pour l’avenir : Madame Darel. Elle a été dans cette maison une «femme orchestre» exceptionnelle. De l’offre-produit au concept-magasin en passant par l’image et la communication, elle a piloté l’ensemble du marketing mix et ce, pendant des années. Le remplacement de ce type de personnage-clé est épouvantablement difficile à préparer, organiser, exécuter, j’en suis pleinement conscient. Mais choisir le «changement dans la continuité» est une garantie absolue d’échec. On pense ne pas prendre de risques et en fait on les prend tous ! C’est l’extrême opposé de la transformation dans laquelle on change trop de paramètres à la fois. Là, en fait, on ne change rien. Si ce n’est gérer le départ du chef d’orchestre. On fait monter en première ligne quelques musiciens de très bon niveau, présents de longue date et on se rend compte trop tard que la musique ne fait plus vibrer les foules. Du coup, la marque est devenue sans saveur, elle a perdu ses aspérités. Ces trois années de flottement ont certainement affecté négativement le chiffre d’affaires comme la rentabilité». Pour autant, Richard Simonin ne croit pas du tout «que la situation soit – toutes proportions gardées – analogue à celle de Vivarte». «C’est dommage, mais à mon sens pas dramatique, conclut-il. Aujourd’hui, il s’agit pour les nouvelles dirigeantes (Sandrine Lilienfeld et la directrice artistique Brigitte Comazzi-Duval, Ndlr), de relancer la machine. Ce n’est pas facile, il leur faudra prendre quelques risques, mais si l’on n’en prend pas, on est certain de ne pas réussir.» S.B.E. ●