La recherche au service de la qualité de vie et de l`autonomie
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La recherche au service de la qualité de vie et de l`autonomie
Evaluation et optimisation d’une aide à la communication chez des patients en situation de handicap (handicap et aide à la communication) Marie-Laure Bocca; Marie-Laure Machado; Anne-Sophie Letousey; Laure-Marine Houel;Stéphane Besnard UMR-S 1075 COMETE INSERM & Université de Caen Normandie Pôle Recherche Formation Santé 2 rue des Rochambelles, 14 032 Caen, France [email protected] [email protected] Georges Lamy au Rousseau STARNAV 14 370 Chicheboville, France [email protected] Fausto Viader ; Elisabeth Groussard Service de Neurologie, CHU de Caen, 14032 Caen Cedex Florence Lemenager, Regine Richard Centre de l’Arche, 72650 St SATURNIN, France Résumé — Les technologies d’assistance facilitent la communication et favorisent la mobilité. Le système développé Head-Pilot permet le pilotage d’un ordinateur par mouvement de tête grâce à une webcam. Il présente comme avantages (i) de pouvoir être utilisé avec des outils informatiques déjà utilisés par les personnes en situation de handicap et (ii) il s’affranchit d’une source infra-rouge contrairement à de nombreux systèmes existants. L’objectif de ce travail était de vérifier par une étude clinique multi-site que les performances du système Head-Pilot ne différaient pas selon différents types de handicaps testés en comparaison avec groupe contrôle. Grâce aux différents tests créés pour cette étude de validation clinique, nous avons confirmé notre hypothèse de départ à savoir que les réglages personnalisés du système Head Pilot permettent, aux personnes testées en situation de handicaps, d’obtenir une performance égale à celle d’un sujet contrôle notamment grâce à l’adaptation adéquate de la vitesse de balayage et donc de la sensibilité du système de tracking Head-Pilot. Ainsi le système Head-Pilot est performant pour les types de handicap testés et suggère qu’il puisse être proposé à tout type de handicap. Ce travail offre de nombreuses perspectives, puisqu’il existe actuellement peu de solutions d’aide portant à la fois sur la communication, le suivi médical et le contrôle de la domotique que propose le système Head Pilot/Pictocom, qui, en outre s’adapte au fur et à mesure que s’aggrave le handicap notamment pour les pathologies neurodégénératives. Mots clés – handicaps moteurs; validation des performances; Head-Pilot; webcam; technologies d’assistance I. INTRODUCTION Carine Bourre ; Axelle Baillet CRRF Jacques CALVE, 62600 Berck sur Mer, France techniques permettent d’augmenter le niveau d'autonomie des personnes. Parmi les aides techniques, il existe celles s'interfaçant à un ordinateur. Head-Pilot est un logiciel de Head tracking qui permet d’interagir avec un système d’information (tablette, ordinateur), sans contact, grâce à l’analyse en temps réel des mouvements de la tête de l’utilisateur par une simple webcam. Contrairement aux systèmes existants d’Eye Tracker, le dispositif n’utilise pas de source infrarouge. Le pointeur se déplace sur l’écran piloté par les mouvements de la tête grâce à l’analyse de points fixes du visage par reconnaissance faciale. Cette technologie algorithmique est issue du savoirfaire de la société STARNAV et dérive d’un système de mesure très précis de la trajectoire de satellites à partir de points « fixes « (étoiles). Après avoir montré que les limitations fonctionnelles des muscles du cou de patient tétraplégiques n’influençaient pas le pilotage par le Head Pilot et que seule une diminution des capacités cognitives ralentissait l’apprentissage [2], nous avons cherché à tester la robustesse et la rapidité de contrôle du système Head Pilot sur un panel plus large de handicaps dans différents centres de rééducation. A notre connaissance Trente-cinq pourcents des personnes de plus de 60 ce travail est le premier à tester une aide technique dans un ans en situation de handicap ou non ont recourt à des aides protocole de recherche clinique, dans le but final d’améliorer techniques [1]. Dans les situations de handicap lourd, ces aides la qualité de vie des personnes avec un handicap. Handicap 2016 : La recherche au service de la qualité de vie et de l'autonomie, pp. 59-66, 2016. 60 M.L. Bocca, M.L. Machado, A.S. Letousey, L.M. Houel, C. Bourre, A. Baillet, F. Lemenager, R. Richard, G. Lamy., S. Besnard Notre hypothèse de travail était que les performances collées sur le visage du patient ou les lunettes (Tracker 2000) du système Head-Pilot chez des personnes à autonomie mais ces pastilles requièrent l’aide d’un tiers sur le long-terme. limitée, étaient similaires entre différents types de handicap et Enfin un logiciel gratuit de suivi du visage propose de façon en comparaison à celles des sujets contrôles sans déficit sommaire de piloter un ordinateur mais ce système reste peu fonctionnel. robuste et sans interface dédiée à l’aide à la communication. Dans cette étude notre objectif était de valider la II. ETAT DE L’ART De nombreux travaux ont été réalisés afin de développer des aides techniques, utilisant des technologies variées. Kubler et al. (1999) [3] ont mis au point un capteur électronique fonctionnant sur la base de potentiels électriques du cerveau. Par conditionnement les sujets apprenaient à piloter un automate qui permettait la sélection de lettres. Miner, Mc Farland et Wolpaw (1998) [4] ont montré la faisabilité de piloter le curseur sur un écran d’ordinateur grâce au contrôle du rythme électroencéphalogramme et Gelderblom (1999) [5] et De Witte (1999) [6] ont développé un bras manipulateur fixé sur le fauteuil roulant pour permettre d’appréhender des objets dans l’environnement. Enfin Soukoref et Mackenzie (1995) [7] se sont intéressés à la commande des dispositifs par la main alors que d’autres ont évalué les dispositifs de pointage tête-contrôlée. Le pilotage d’un ordinateur ou une tablette est également possible grâce à des systèmes d’Eye trackers qui sont basés sur l’analyse du mouvement des yeux par réflexion fonctionnalité et mesurer les performances réelles de personnes handicapées, ce qui diffère des objectifs des aides techniques présentées précédemment dont les développements étaient basés sur leur faisabilité. Head Pilot est une aide technique reposant sur le traitement d’image, il s’agit d’un logiciel qui peut être installé sur tout type de machine dès lors qu’une webcam est disponible. Les avantages de ce système sont l’absence de source émissive, la robustesse aux variations d'environnement lumineux, l’absence de contact physique entre l'utilisateur et la machine, la faible consommation électrique. Le système logiciel Head-Pilot a été récemment couplé à l’interface informatique Pictocom ce qui lui permet, hormis le contrôle d’un PC (utilisation d’internet, traitement de texte, etc…) de piloter la domotique de la maison, de réaliser un suivi de la douleur du patient (type de douleur par questionnaire initial et suivi journalier), de communiquer avec un panel de phrases prédéfinies et d’utiliser sa téléphonie (téléphone, SMS) de façon rapide. Ce système logiciel complet est d’autant plus cornéenne. Ces systèmes présentent les contraintes d’une important que la possibilité de contrôler son environnement installation précise (camera focalisée sur les yeux) et d’une est déterminante pour la qualité de la réinsertion sociale, lumière infra-rouge (repère de l’œil). Lorsque le sujet doit être familiale et professionnelle des personnes handicapées [8]. mobilisé, change de support (lit, fauteuil), modifie sa position au fur et à mesure de la journée, les caméras doivent êtres repositionnées ou ne fonctionnent plus et les effets à longterme de la lumière infra-rouge sur la rétine restent posés. Le concept même de dispositif le rend donc sensible à l'environnement (de nombreux objets peuvent se transformer en source infrarouge), impose une limitation des mouvements de l'utilisateur forte et induit un coût élevé, que ce soit pour la source infrarouge ou la caméra adaptée utilisée. Il existe également un système de tracking de pastilles réfléchissantes Afin d'adapter le système aux capacités de chaque patient, il est possible de réaliser une personnalisation complète du profil d’utilisation (régler les sensibilités verticales et horizontales, le temps de clic) pour optimiser le confort de l’utilisateur, ainsi que paramétrer les interfaces informatiques Pictocom selon les besoins souhaités. Evaluation et optimisation d’une aide à la communication chez des patients en situation de handicap 61 d’estimations des erreurs et de correction de ces dernières constituent les filtres de navigation. Pour résumer, les systèmes de navigation utilisent des filtres qui permettent d’extraire les valeurs optimales d’un système composé de capteurs inertiels caractérisés par un Fig 1 : Installation du Head Pilot sur un PC fixe et champ d’action de l webcam pour l’analyse des mouvements de la tête (à gauche), à droite couplage avec le signal peu bruité mais dérivant dans le temps et de dispositifs de recalages qui fournissent une mesure absolue (ne dérivant logiciel Pictocom pour commander la domotique. donc pas), mais dont le bruit de mesure est non négligeable et III. CONCEPTION ET DEVELOPPEMENT la bande passante peu importante. Une première méthode très basique consiste à comparer A. Matériel Le matériel utilisé lors des tests est composé d’ordinateurs régulièrement le signal dérivant au signal bruité et à appliquer standards fonctionnant sous windows 7. ou windows 8 et une correction constante par intervalles de temps. Cette équipés d’une webcam soit interne soit externe. Il est à noter méthode permet de se rapprocher du signal de référence et de que le logiciel Head Pilot est aujourd’hui adapté aux systèmes limiter les effets de la dérive. Des algorithmes plus évolués d’exploitation logiciels permettent d’identifier les paramètres caractéristiques des nécessaires à l’étude ont été développés et installés sur les erreurs et de les corriger. Disposer d’un capteur entaché d’une machines (Head Pilot et T launcheur). erreur n’est pas important s’il est possible de connaitre cette windows 10 et android. Les erreur et d’en corriger le système. Le choix de la méthode de B. Conception du système HEAD PILOT La webcam de la tablette ou de l’ordinateur acquiert des recalage est réalisé en fonction de la dynamique du système. images de l’utilisateur en train d’utiliser le PC ou la tablette. La Fig.2 présente le résultat obtenu par un simple filtre La tête de l’utilisateur est détectée par un algorithme basé sur d’estimation linéaire par partie. Le plus connu des filtres est la reconnaissance de motifs par réseaux de neurones. La bien sûr le filtre de Kalman qui permet de connaitre la nature de l’image acquise par une webcam implique un bruit meilleure estimée du vecteur d’état caractéristique de de position de quelques pixels (bruits électroniques, variation nombreux systèmes. de luminosité, mouvements). Il est alors nécessaire de mettre Reference "true" signal 3.16 en œuvre un système secondaire de poursuite utilisant une méthode sophistiquée de filtrage. Le comportement du 3.155 système est identique pour les deux dispositifs : dans le haute fréquence mais sont sujets à des dérives temporelles (Fig.2). Lors d’une acquisition longue, l’erreur de la mesure augmente proportionnellement à la racine carrée du temps. Il 3.15 Signal domaine de la navigation, les capteurs inertiels fonctionnent à 3.145 3.14 est dès lors nécessaire de recaler les mesures par un autre dispositif ne dérivant pas dans le temps. Ces recalages permettent d’estimer les erreurs précédentes et de les corriger. On utilise des dispositifs comme le GPS ou la visée stellaire pour réaliser ces tâches. Ces dispositifs sont par contre caractérisés par un bruit de mesure. Les algorithmes 3.135 0 20 40 60 80 100 Time 120 140 Fig 2 : Signal de Référence Application au déplacement d’un curseur : 160 180 200 62 M.L. Bocca, M.L. Machado, A.S. Letousey, L.M. Houel, C. Bourre, A. Baillet, F. Lemenager, R. Richard, G. Lamy., S. Besnard En ce qui concerne le mouvement d’un curseur sur un écran, le parallèle avec le signal présenté dans le paragraphe précédent est direct : si le signal dérive dans le temps, le mouvements de la tête et bénéficie d’une stabilité qui le rend fiable, efficace et agréable d’utilisation. pointeur ne permet plus, au bout d’un certain délai, de cliquer C. Etude préliminaire La première phase de développement de ce projet a sur les éléments choisis par l’utilisateur. Il est alors nécessaire porté, dans un premier temps, sur l’étude des performances de d’appliquer un offset important, ce qui se traduit par des 7 patients (Infirmité Motrice Cérébrale et tétraplégie) qui ont mouvements amples et très peu confortables. réalisé des séries de mesures physiologiques et des tests Si le signal est bruité sans dérive, l’utilisateur est toujours dans informatiques au centre d’essais clinique de Caen. Les la zone qui l’intéresse, mais il ne dispose pas de la précision capacités de mouvement de tête, d’acuité visuelle, de capacité de pointage suffisante pour pouvoir exploiter son périphérique psychomotrice ont été mesurées. Les tests étaient réalisés à logiciel. Le problème est particulièrement sensible pour la partir de module logiciels (Tlauncher) développés pour cette fonction d’autoclic, qui permet de déclencher un clic par une recherche clinique. L’analyse de cette première série immobilisation temporaire du curseur. d’expérience a démontré que les incapacités physiques STARNAV a ainsi mis en œuvre un filtre permettant n’étaient pas limitatives pour l’utilisation de l’outil. Les de fusionner de façon optimale les données provenant de deux réglages du logiciel ajustés aux possibilités de mouvement de sources distinctes : le flux optique est un signal à faible bruit, chaque individu étaient essentiels pour optimiser leurs mais qui dérive dans le temps. Le flux optique est initialisé sur performances. Dès lors, les premières conclusions de ce des points caractéristiques du visage. Les algorithmes de premier groupe de testeurs ont été que seules les limitations traitement d’image permettent alors de poursuivre ces points cognitives (patients IMC) avaient un impact sur les d’une image à l’autre, de façon robuste, avec une grande performances d’utilisation du Head-Pilot [2]. précision. Au cours du temps, le visage tourne, et certains points peuvent atteindre le « bord » du visage. Les algorithmes IV. MÉTHODES sont alors contraints de dériver pour maintenir le point sur une Vingt-quatre personnes ont alors été recrutées pour partie du visage. Ces phénomènes peuvent aussi voir le jour réaliser les tests à l’aide du module logiciel Tlauncher lors de variations de luminosité au cours desquelles les amélioré spécifiquement pour élargir l’échantillon de testeurs contrastes évoluent. à d’autres centres pour tester le système dans d’autres types de Pour parer ces dérives, nous mettons en œuvre un handicap. Ce logiciel Tlauncher était composé de 5 tests puissant algorithme de détection de visage utilisant un permettant d’évaluer les performances (temps de choix et identificateur de Haar. Requérant un temps de calcul vitesse d’exécution de commandes fictives à valider) des supérieur, cet algorithme permet un recalage régulier de la participants utilisant le système Head-Pilot selon différentes position du visage et il constitue une étape permettant de conditions. réinitialiser les points suivis par flux optique. Les images d’apprentissage (environ 3 minutes) avant de débuter le test acquises à 30 Hz sont sensibles aux fréquences d’éclairement pour ajuster la sensibilité de contrôle et s’adapter en fonction et sujettes aux bruits spatio-temporels des caméras à bas coût des capacités motrices de chacun. L’évaluation complète se que nous utilisons. Ces phénomènes induisent un bruit de composait de 5 tests. La durée approximative pour passer les 5 détection du centre du visage de plusieurs pixels. En tests était de 20 minutes Les participants avaient quelques minutes moyennant plusieurs points de suivi et en ajoutant un point de Ce travail a été réalisé auprès d’une population recalage régulier, le déplacement du curseur devient fidèle aux d’adultes testés au sein des centres de la Fondation Opale- Evaluation et optimisation d’une aide à la communication chez des patients en situation de handicap 63 Centre Jacques Cavet de Berck sur Mer et au centre de l’Arche Le troisième test, permettait d’évaluer la capacité de au Mans. Les sujets contrôles ont été testés au CHU de Caen. maintien d’une cible, soit la stabilité du contrôle. Dans un Les personnes handicapées étaient atteintes de Traumatisme premier temps le sujet devait rester sur la cible 2 secondes puis Crânien ou de Tétraplégie, de Sclérose en Plaques, ou de dans un deuxième temps ils devaient rester sur la cible 3 maladies neuro-musculaires (type dystrophie de Steinert). secondes. Au fur et à mesure la taille des cibles diminuait Le premier test permettait d’évaluer la dextérité jusqu’à atteindre la taille d’un icone de fermeture d’une globale et la capacité de balayage de tout l’écran. Le sujet fenêtre informatique. Le temps pour valider chaque cible était devait venir cliquer sur les 8 cibles en un minimum de temps mesuré et chaque sous-test comportait 10 cibles à valider. dans l’ordre voulu. Le temps pour aller cliquer sur chaque cible et le temps moyen pour réaliser le test étaient mesurés. Fig. 5 Test n°3 : stabilité de pointage Fig 3. Test n°1 : validation des réglages Le second test mesurait la capacité de balayage en fonction de l’endroit de l’écran. L’écran était divisé en quatre parties ; le sujet devait cliquer sur des cibles apparaissant au fur et à mesure dans la moitié gauche, puis dans la moitié droite, puis dans la moitié haute et enfin dans la moitié basse. Le temps de validation de chaque cible était mesuré. Les Le quatrième test mesurait la précision avec laquelle la cible était visée. Le sujet devait cliquer le plus au centre de la cible, au fur et à mesure la taille de la cible diminuait et des bombes apparaissaient. Le but étant d’être le plus précis possible sans cliquer sur les bombes. Le test était limité par le nombre de cibles présentées (8 au total). analyses étaient effectuées en comparant les temps de clic gauche et droit, puis les temps de clic haut et bas. Fig. 6 Test n°4 : précision et vitesse Le cinquième test (Fig. 5) était un test d’écriture avec un clavier virtuel. Le sujet devait recopier une phrase et le temps de réalisation était mesuré. Fig. 4 Test n°2 : Précision de pointage Fig. 7 Test n°5 : Ecriture 64 M.L. Bocca, M.L. Machado, A.S. Letousey, L.M. Houel, C. Bourre, A. Baillet, F. Lemenager, R. Richard, G. Lamy., S. Besnard V. RÉSULTATS Pour le test 1 (voir figure 8 et 9), les deux groupes 0.57). L’analyse de la moyenne des temps de validation entre les zones haut et bas, ne révèlait pas d’effet groupe (p = 0.07), (centres et contrôles) ne présentaient pas de différence dans le ni d’effet zone haut/bas (p> 0.05), ni d’interaction temps mis pour réaliser le test (p = 0.25, test t). Pour le temps groupe*zone haut/bas (p > 0.05). mis à réaliser le test, l’ANOVA à mesures répétées ne Pour le test 3 (Fig. 10), l’ensemble des sujets avaient montrait pas d’effet groupe, pas d’effet cibles, pas réussi à valider la totalité 20 cibles avec des délais de clic de 2 d’interaction (p > 0.05, respectivement). Pour le temps de sec et 3 sec. L’ANOVA à 3 facteurs pour le temps de validation des différentes cibles, l’ANOVA à mesures répétées validation des cibles n’a pas révélé d’effet groupe (p= 0.15) et ne montrait pas d’effet groupe, pas d’effet cibles, pas d’effet temps de clic (p = 0.79). En revanche, l’analyse mettait d’interaction (p = 0.05, respectivement). en évidence un effet significatif de la taille des cibles (p<0.001), qui montrait que plus la taille de cible diminuait, plus le temps de validation de la cible augmentait, et ceci pour les deux groupes. Il n’y avait pas d’interaction significative entre le groupe et la taille des cibles, entre le groupe et le temps de clic et entre la taille des cibles et le temps de clic. Une tendance à la significativité était observée pour la triple interaction groupe*taille des cibles*temps de clic (p= 0.08). Fig. 8 Résultats au test 1 : temps total pour valider les 8 cibles (moyenne + écart-type) Fig. 10 : Résultats au test 3 : temps de validation en fonction du numéro de cibles (moyenne + écart-type) Pour le test 4 (Fig. 11), le coefficient d’imprécision de l’ANOVA a montré un effet groupe (p = 0.002), un effet Fig. 9 Résultats au test 1 : moyenne des temps de clics pour chaque cible taille de cibles (p < 0.001) mais ne montrait pas d’interaction (moyenne + écart-type) entre les facteurs groupe et cible (p = 0.10). Les résultats indiquaient que les sujets centres avaient un coefficient Pour le test 2, l’étude de la moyenne des temps de d’imprécision plus petit que les sujets contrôles (0.09 + 0.04 validation des cibles sur les parties gauche et droite, ne pour les patients centres et 0.12 + 0.03 pour les contrôles). montrait pas d’influence du facteur groupe (centre vs contrôle, (Fig.9) p = 0.19), et du facteur (gauche/droite, p = 0.79) et ne mettait pas en évidence d’interaction groupe*zone gauche/droite (p = Evaluation et optimisation d’une aide à la communication chez des patients en situation de handicap 65 une évaluation de la précision avec des cibles de taille décroissante qui surgissaient aléatoirement. Les résultats des tests 1 et 2 révélaient que les participants du groupe centre ne mettaient pas plus de temps que les participants du groupe contrôle pour cliquer sur les cibles, lorsque celles-ci étaient de taille fixes et ce même si elles apparaissaient de manière aléatoire. Nous n’avons pas détectés de fatigabilité au cours de ce test, puisque les moyennes de temps de validation n’augmentaient pas entre la Fig. 11 : résultats au test 4 : coefficient d’imprécision en fonction des cibles cible 1 et la cible 8. De plus, l’absence d’interaction significative entre les Pour le test 5, plusieurs données n’ont pu être analysées du fait de difficultés techniques, aussi, l’analyse statistique n’a pu groupes et la position des cibles (zones haut/bas, droite/gauche) indiquait que la performance était la même quel être réalisée. que soit la localisation des cibles, traduisant une absence de VI. DISCUSSION/CONCLUSION difficultés motrices localisées. Enfin, le test 3 montrait que les cette précision de performance des participants du groupe performances de contrôle par mouvements de tête d’une centre n’était pas liée à un temps de réalisation de la tâche plus interface élevé puisque le test 3 était temporellement contraint (chaque Ce travail avait pour objectif d’évaluer informatique standardisée et calibrée auprès de personnes présentant une mobilité réduite au moins des cible devait être validée par clic soit en 2 s soit en 3 s). membres supérieurs et en cours de rééducation dans certains Pour le test 3, lorsque les cibles apparaissaient centres spécialisés, comparativement à un groupe sans aléatoirement et que leurs tailles variaient, les temps de pathologie notamment motrice. Les résultats complets validations présentés ci-dessus ont permis de mettre en évidence diminuaient, tant pour le groupe centre que le groupe contrôle. statistiquement qu’au cours des tests réalisés, les sujets Ce résultat indique une difficulté croissante pour réaliser la handicapés présentaient des performances similaires à celles tâche, toutefois cette difficulté est identique dans les deux obtenues par le groupe contrôle. Les 5 tests étaient réalisés groupes. Concernant le dernier test qui regroupait toutes les successivement car leur difficulté augmentait. L’absence de tâches, c’est-à-dire des cibles qui apparaissaient aléatoirement, différence significative de performance entre les deux groupes des cibles de plus en plus petites et des bombes à éviter, nous à tous les tests indique que les participants du groupe centre avons mis en évidence que le groupe centre était même plus étaient capables de s’adapter aux difficultés croissantes, performant que le groupe contrôle dans la précision de comme les participants contrôles. En effet, toutes les cibles pointage alors que seule une personne en situation de handicap étaient fixes et de mêmes dimensions pour le premier test. possédait un entrainement antérieur sur un système similaire Concernant le second test, les cibles étaient mobiles et de (mouvement de tête par reflet infra-rouge d’une pastille). Ce même dimension. Le troisième test se composait de cibles de résultat peut être lié à la motivation particulièrement plus en plus petites qui apparaissaient aléatoirement sur importante que nous avons pu relever des participants du l’écran, et dans une première série de mesures les cibles groupe « centre de rééducation » pour réaliser ces tests, devaient être cliquées en moins de 3 s et dans une seconde traduisant un intérêt particulièrement marqué pour le système série de mesures, en moins de 2 s. Enfin le dernier test était testé et pour faire progresser les dispositifs pour les personnes augmentaient lorsque la taille des cibles 66 M.L. Bocca, M.L. Machado, A.S. Letousey, L.M. Houel, C. Bourre, A. Baillet, F. Lemenager, R. Richard, G. Lamy., S. Besnard en situation de handicap, effet que nous avions qualitativement System tested in permanently disabled patients” IRBM, 34 observé lors des premiers tests [2]. L’autre hypothèse (2013) 124–130 explicative serait que le contrôle des mouvements du cou, [3] A. Kubler, B. Kotchoubey, T. Hinterberger, N. Ghanayim, seuls muscles encore fonctionnels chez les personnes en J. Perelmouter, M. Schauer, C. Fritsch, E. Taub, N. Birbaumer situation de handicap moteur sévère, seraient optimisés par les (1999). The thought translation device: a neurophysiological patients (meilleur contrôle cortical) et donc mieux utilisés que approach to communication in total motor paralysis. les personnes contrôles. Experimental Brain research, 124, 223-232. Grâce aux différents tests nous avons confirmé notre [4] L.A. Miner, D.J. McFarland, J.R. Wolpaw. (1998). hypothèse de départ à savoir que les réglages personnalisés du Answering questions with an electroencephalogram-based système Head Pilot permettent d’obtenir une performance brain computer interface. Archives of physical medicine and égale à celle d’un sujet contrôle notamment grâce à rehabilitation, 79, 1029-1033. l’adaptation adéquat de la vitesse de balayage et donc de la [5] G.J. Gelderblom. (1999). The manus user profile. Paper sensibilité du système de tracking Head-Pilot. Ainsi le système presented at the Proceedings of Workshop rehabilitation Head-Pilot est performant pour différents types de handicap robotics. Hoensbroek, The Netherlands, October. testés et suggère qu’il puisse être proposé à tout type de [6] L. De Witte. (1999). An approach for assessing cost- handicap. Ces résultats confirment les tendances observées effectiveness of the Manus. In Proceedings of Workshop dans l'étude préliminaire [2] à partir d'un faible échantillon et rehabilitation doivent être étendus auprès d’autres populations de personnes October. présentant des handicaps moteurs avec ou sans déficit cognitif. [7] W. Soukoref, I.S. MacKenzie. (1995). Theoretical upper Suite à ce travail, les développements en cours visent and lower bounds on typing speeds using a stylus and robotics. Hoensbroek, The Netherlands, à évaluer l’apport de cette aide technique et les améliorations keyboard, Behaviour & Information Technology, 14, 379-379 ergonomiques, directement au domicile ou en milieu [8] Laffont (2008). Conception rapide d’aides techniques pour institutionnel sur la qualité de vie des patients, les relations personnes tétraplégiques. Médiation et Information, Handicap patient-famille et patient-équipe médicale. et Communication. Volume 36 (pp103-116). REMERCIEMENTS Ce travail a été financièrement soutenu par l’Agence Nationale pour la Recherche et la Direction Générale de l’Armement dans le cadre d’un programme TECSAN (ANR 09-TECS-007) et est soutenu actuellement par un dispositif FEDER-Région Normandie dans le cadre du projet DOME6. REFERENCES [1] Poletti B. (2008). 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