chapitre i état actuel du développement, de l`aménagement et de l
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chapitre i état actuel du développement, de l`aménagement et de l
CHAPITRE I ÉTAT ACTUEL DU DÉVELOPPEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT ET DE L’ENVIRONNEMENT 1 - ÉTAT ACTUEL DU DÉVELOPPEMENT 1.1. LA GUADELOUPE PAYS DE L’ARCHIPEL 1.1.1. LES CONTRASTES DE L’ENVIRONNEMENT NATUREL Formée de deux îles principales, la Basse-Terre (950km2) et la Grande-Terre (570km2), la Guadeloupe dite continentale est le foyer d’une constellation de six îles : Marie-Galante (150km2, située à 14 milles de la Guadeloupe), les deux îles des Saintes (14km2, à 6 milles), la Désirade (25km2, à 5 milles), Saint-Martin (50km2, à 137 milles) et Saint-Barthélemy (24km2 à 112 milles), soit un territoire d’une superficie totale d’environ 1780km2. L’ensemble constitué de la «Guadeloupe continentale» et des «îles proches» — Marie-Galante, Les Saintes, La Désirade — est situé au tiers septentrional de l’arc des Petites Antilles, par 61° de longitude ouest et 16° de latitude nord. Le continent sud-américain (Venezuela) est à 600km et la Floride à un peu plus de 2000km. À environ 240 km au nord, les «îles du nord» — Saint-Barthélemy et Saint-Martin — se situent par 62° de longitude ouest et 18° de latitude nord. La Guadeloupe est une entité administrativement unifiée et géographiquement éclatée. Elle présente globalement des principes d’unité et des éléments de diversité. ❏ Principes d’unité Ces principes concernent : • l’appartenance géographique à l’arc des petites Antilles courant entre le 12° et 18° de latitude nord, qui est aussi l’arc de la créolité ; • l’appartenance à la zone climatique tropicale avec son alternance entre la saison plutôt sèche «le carême » (de janvier à mai) et celle plutôt humide «l’hivernage» (de juin à décembre) ; • l’appartenance, commune à l’ensemble des Antilles grandes et petites, à une zone de risques naturels majeurs ; • enfin, le fait même, commun à toutes les îles, de l’importance géographique et naturelle du littoral. Pour l’ensemble de la Guadeloupe, qui compte 34 communes, seule une commune ne dispose pas de littoral (Saint-Claude). Le linéaire côtier représente 680 km, ce qui, comparé à une surface de 1700 km2, est le rapport le plus élevé de tous les départements métropolitains et d’outre-mer. ❏ Éléments de diversité L’archipel guadeloupéen offre une très grande diversité de milieux naturels et de paysages ; cette diversité se retrouve rarement ailleurs en telle abondance sur un espace aussi réduit. Elle se décline de multiples manières, rendant compte des constituants essentiels des paysages et des caractéristiques écologiques : • diversité du sous-sol opposant par exemple la Basse-Terre et les Saintes à la lithologie volcanique, à la Grande-Terre et à Marie-Galante à la lithologie essentiellement calcaire ; • diversité du relief différenciant nettement les deux îles principales composant la Guadeloupe dite continentale : Basse-Terre (le point culminant des Petites Antilles à la Soufrière 1467m) et Grande-Terre (point culminant à 326m dans la région des Grands-Fonds) ; • diversité de la pluviométrie réalisant par exemple un contraste fort entre les sommets de la BasseTerre (précipitations moyennes aux environs de 4000mm/an) et les autres composantes du territoire régional ; • diversité des couvertures du sol, à l’origine d’une palette diversifiée d’espaces naturels ou agricoles allant du paysage de cactus de Saint-Barthélemy à la sole cannière dominante en Grande-Terre et Marie-Galante jusqu’aux bananeraies de la Côte-au-Vent de Basse-Terre, dont tout le centre est recouvert par la plus grande forêt primaire des petites Antilles (près de 20.000ha) ; • enfin, diversité de la nature et des formes du littoral où se présentent successivement des secteurs de falaises, des secteurs d’alluvionnement favorisés par la présence d’une barrière corallienne, des zones humides de mangroves et d’anses sableuses, de linéaires rocheux et de secteurs marécageux ou de lagune. 1.1.2. LES CONTRASTES DE L’ENVIRONNEMENT HUMAIN Les hommes, comme les paysages, sont le résultat d’apports successifs sur des périodes historiquement courtes. Ce télescopage humain et temporel et ces éléments de diversité se sont combinés pour donner naissance à une civilisation originale. La Guadeloupe est un archipel à diversité humaine qui a su construire sa cohésion identitaire. A/ La Guadeloupe, archipel à diversité humaine La pluralité des origines ethniques est encore perceptible dans les îles de la Guadeloupe. Caraïbes, Normands, Bretons, Anglais, Africains, Espagnols, Indiens, ont marqué et marquent encore de leurs empreintes l’archipel guadeloupéen. Le caractère archipélagique même, les différences de développement et la diversité géographique, y compris à la seule échelle de la Guadeloupe «continentale», ont conduit parfois à des replis sur soi et à des évolutions différenciées. La brutale confrontation aux valeurs du monde dit moderne ne s’effectue donc pas sur des bases identiques. Le rapport à la terre, à la propriété, à l’héritage, au travail, à l’habitat et au logement, des groupes ethniques ou sociaux est différent selon les modèles comportementaux transmis à chaque génération, et qui gardent des traces vivaces du statut social en vigueur pendant la période d’esclavage ou après son abolition. Les habitudes alimentaires et les coutumes vestimentaires, les rapports familiaux, les croyances témoins de la représentation du monde extérieur contribuent à constituer une mosaïque dont chaque partie revendique son droit à la différence. La sociologie guadeloupéenne est marquée par l’existence d’une singularité vivace, sourcilleuse quant à sa reconnaissance soit en tant que personne soit en tant que groupe, rendant difficile de ce fait la prise de mesures dont la trop grande uniformité négligerait ces particularismes. B/ Une civilisation originale, résultat d’un alliage de traditions Il n’est pas de civilisation sans le vecteur commun d’un langage. Le créole en est un. Il identifie, rapproche et gomme certaines aspérités des disparités sociales et ethniques. Le territoire façonne les hommes, crée les liens en les obligeant à partager la subsistance tirée de la terre, à faire appel aux ressources des savoir-faire et des connaissances de chacun et en les forçant à les échanger. La nécessité de cette combinaison fait de chaque guadeloupéen, appuyé sur ses spécificités, un contributeur en puissance à la civilisation commune. La fusion des coutumes, l’échange des traditions, l’assimilation des différences ont fourni les bases d’une culture commune. Celle-ci s’exprime dans le quotidien aussi bien que dans l’expression artistique. La spontanéité des réactions, la convivialité, traduisent la construction d’une civilisation de la proximité, connue et assumée notamment par les représentants élus du peuple. Les moments de grande communion populaire et de partage d’une identité commune ont l’occasion de s’exprimer au travers des symboles que sont les victoires des sportifs de haut niveau en provenance directe du terroir de l’archipel ou issus de la diaspora guadeloupéenne. 1.1.3. UNE GÉOGRAPHIE DE BASSINS Malgré la diversité de ses territoires, la Guadeloupe s’organise autour : ❏ du Bassin vert Il s’identifie à la Basse-Terre. C’est une région volcanique, au relief accidenté et où les lieux de vie sont rythmés par cet environnement typé. On y distingue deux grandes zones : le nord Basse-Terre et le sud Basse-Terre, cette dernière accueillant la capitale administrative de la région : la ville de BasseTerre. ❏ du Bassin saléen Il s’identifie à la Grande-Terre, région se caractérisant par de grandes plaines terminées de plages au sable blanc. On y distingue : • • • le pôle économique Pointe-à-Pitre-les Abymes, à forte concentration de population et d’activités économiques ; le pôle de la Riviera, au sud, à vocation touristique ; le Nord Grande-Terre, moins développé que les deux précédentes composantes territoriales. ❏ du Bassin des îles Il se décompose en deux sous-ensembles : • les îles proches : Marie-Galante, les Saintes, la Désirade ; • les îles du Nord, plus lointaines : Saint-Martin et Saint-Barthélemy, la première étant divisée en deux parties sans véritable frontière l’une française, l’autre hollandaise). 1.2. LA DUALITÉ D’APPARTENANCE : PROBLÉMATIQUE DU PAYS DE L’ARCHIPEL La Guadeloupe est une des composantes de l’arc antillais mais elle est aussi partie intégrante de la République Française et, de ce fait, de l’Union Européenne. Cette double appartenance n’est pas sans conséquences sur l’état du développement socio-économique de l’archipel des «huit îles». 1.2.1. L’ARC ANTILLAIS : FRATERNITÉ ET CONCURRENCE Au sein des Petites Antilles, les îles indépendantesi ont créé leur marché commun, le CARICOM. Leurs échanges sont orientés pour l’essentiel vers les USA et le Canada, qui sont aussi le premier foyer générateur des investissements et clientèles touristiques dont elles bénéficient. Cette orientation prioritaire est évidemment plus marquée encore pour les îles ou archipels relevant de la souveraineté des USA (Îles Vierges et Porto Rico). Ce sont également dans certaines de ces îles, et notamment les plus grandes d’entre elles — Porto Rico, Trinidad-Tobago —, que des investissements, pour l’essentiel américains, ont permis d’établir des industries de main-d’œuvre (électronique, confection) ou même des industries plus capitalistiques, fondées alors, il est vrai, sur l’exploitation de ressources minérales dont est dépourvue la Guadeloupe : bauxite en Jamaïque, raffineries de pétrole à Curaçao et Trinidad. Ces développements économiques jouent beaucoup sur la compétitivité-prix suscitée dans ces îles par un coût de la main-d’œuvre sensiblement plus faible que dans les Antilles françaises. À ce titre, l’insertion de la Guadeloupe dans l’arc antillais est placée dans le registre d’une concurrence forte visà-vis des productions essentielles de l’archipel que sont l’économie touristique et les productions agricoles tropicales. On observe par ailleurs que les échanges de la Guadeloupe avec le monde caribéen et l’Amérique du Nordii sont faibles en valeur absolue et relative : Trafic passagers aériens (données CCI ; aéroport de Pôle-Caraïbes ; 1998) Importations de marchandises (en millions de F ; 1998) Exportations de marchandises (en millions de F ; 1998) VALEUR ABSOLUE 191 000 VALEUR RELATIVE 11% 2 060 60 19% 7% La Guadeloupe est certes partie prenante de l’arc antillais quant à l’histoire et l’identité, d’où la notion d’arc de la créolité. Mais il est clair qu’elle y est, quant au système économique et social et quant à l’état du développement, un isolat singulieriii. C’est pourquoi son appartenance à la République Française est bien le facteur essentiel de compréhension de l’état de développement socio-économique qui est le sien. 1 Saint-Kitts et Nevis, Antigua et Barbuda, la Dominique, Sainte-Lucie, la Barbade, Saint-Vincent et Grenadines, Grenade, Trinitad et Tobago. 1 Hors les données relatives aux échanges avec la Martinique et la Guyane française. 1 De même que la Martinique. 1.2.2. LA MÉTROPOLE ET L’UNION EUROPÉENNE : GARANTS DE LA SOLIDARITÉ La Guadeloupe, comme les autres départements d’Outre-Mer, est une projection des systèmes métropolitains d’encadrement de la vie collective par les grands services publics que sont l’éducation, la santé, l’administration générale et la protection sociale. L’idée est bien d’assurer, à ce titre, une équivalence globale entre l’outre-mer et la métropole, ce qui n’a pas été le cas dans la plupart des autres îles des Antilles vis-à-vis de leurs métropoles respectives. De cette situation, qui est aussi une volonté politique, résultent deux grandes conséquences : • • l’importance des transferts depuis la métropole et l’Union Européenne ; le rôle tout à la fois de moteur et de régulateur joué par la dépense publique. Les transferts et la dépense publique — qui sont une recette pour les ménages ou les entreprises — constituent autant d’éléments explicatifs du rôle prédominant joué par la consommation dans l’économie de l’archipel. Ils représentent environ 50% en termes de contributions à la richesse. Ils se retrouvent plus encore au niveau de l’emploi puisque Administrations et Commerce-Distribution représentent près de 55% du total régional de l’emploi, là où le taux de chômage avoisine les 30% . Si le déficit correspondant de la balance commerciale s’établit à 10 milliards de francs, soit plus de 35% de la valeur du P.I.B., il est à noter cependant qu’il est en partie compensé par l’excédent de la balance des services grâce aux activités de l’économie touristique d’une part et par les exportations de l’agriculture, pilier de l’économie, d’autre part. Il convient enfin de souligner, comme l’indique la balance des échanges, qu’une part des revenus ainsi distribués dans l’archipel constituent des ressources pour des produits et services métropolitains. 1.3. UNE ARCHITECTURE ÉCONOMIQUE FONDÉE SUR DEUX PILIERS Hors ce qui vit des activités soit publiques soit de commerce-distribution, l’économie guadeloupéenne compte deux «moteurs» principaux relevant du secteur marchand : • • le tourisme : un secteur a fort potentiel de développement l’agriculture, véritable pilier de l’économie de l’archipel. 1.3.1. LES TOURISMES : UN SECTEUR À FORT POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT Le tourisme en Guadeloupe est un phénomène relativement récent, son développement actuel correspond à une phase de décollage. Il n’est pas directement mesurable dans la comptabilité économique. En ayant recours aux hypothèses et ratios habituels dans ce domaine, on peut toutefois évaluer sa contribution productive à environ 11% de l’économie guadeloupéenne. Il se compose de quatre sous-ensembles et cette diversité explique la richesse potentielle de l’archipel à cet égard : • • • • le tourisme de séjour ; le tourisme de découverte ; le tourisme de croisière ; le tourisme de plaisance. A/ Le tourisme de séjour De 1986 à 1999, la capacité hôtelière de l’archipel a plus que doublé, permettant d’affirmer la Guadeloupe en tant que destination balnéaire. Cette forte progression s’est opérée grâce à la conjugaison de trois facteurs : • la progression de la demande, le soleil venant de plus en plus concurrencer la neige pour les départs en vacances en saison d’hiver ; • la libéralisation du trafic aérien avec pour résultat l’accroissement du nombre de sièges et la forte réduction des tarifs ; • la défiscalisation qui a permis la mise en place de lits en relation avec l’offre accrue de sièges aériens. CAPACITÉ HÔTELIÈRE EN % DU NOMBRE DE CHAMBRES 1986 1990 1993 1995 1996 1997 1998 TOTAL CHAMBRES 4 102 6 066 7 798 7 917 8 294 8 530 8 371 GRANDE-TERRE BASSE-TERRE LES SAINTES SAINT-MARTIN SAINT-BARTHÉLEMY TOTAL 57% 6% 3% 22% 12% 100% 43% 5% 2% 42% 8% 100% 44% 5% 1% 42% 8% 100% 47% 7% 1% 37% 8% 100% 46% 7% 1% 38% 8% 100% 48% 7% 1% 36% 8% 100% 47% 7% 4% 35% 7% 100% Source : données IEDOM, rapport annuel 1998. L’offre hôtelière est aujourd’hui concentrée (82%) en deux pôles principaux : • la Riviera au sud Grande-Terre ; • et Saint-Martin. Cette forte évolution a permis un triplement de la fréquentation touristique en une dizaine d’années, passant de 227 000 à 660 000. Les potentialités sont en la matière importantes et pourraient se traduire par un doublement à l’horizon du schéma d’aménagement régional. B/ Le tourisme de découverte Il est fondé sur la richesse du patrimoine naturel et répond à l’une des tendances fortes de l’évolution de la demande. Il complète de plus en plus le tourisme de séjour. En ce sens, le patrimoine naturel doit être considéré comme le «fonds de commerce» du tourisme guadeloupéen et justifier toutes les mesures de valorisation face à des fréquentations en forte croissance. C/ Le tourisme de croisière À l’échelle mondiale, le marché de la croisière est en forte progression avec pour leader le marché de la clientèle américaine (+7%/an). La région Caraïbes est devenue une destination privilégiée et, au sein de celle-ci, la Guadeloupe qui présente un ensemble d’avantages concurrentiels comparés à d’autres destinations : patrimoine naturel et urbain, capacités d’alimentation en eau potable, infrastructures d’accueil, sécurité... À ce titre, Pointe-à-Pitre y a déjà conquis le statut de port-base. ANNÉE 1987 1988 1989 1990 1991 1992 NOMBRE DE PASSAGERS (ENTRÉES ET SORTIES) 70 000 60 000 180 000 260 000 280 000 240 000 ANNÉE 1993 1994 1995 1996 1997 1998 NOMBRE DE PASSAGERS (ENTRÉES ET SORTIES) 262.000 313 000 458 000 611 000 543 000 418 000 Source : Port Autonome de la Guadeloupe. Le tourisme de croisière est un secteur à fort potentiel pour deux motifs : • les croisiéristes de la croisière de transit reviennent souvent sur l’une de leurs destinations, et cela constitue une opportunité exceptionnelle de développement ; • la croisière basée — cas de Pointe-à-Pitre — constitue sur le territoire une véritable activité économique permanente impliquant de nombreux métiers et permettant de valoriser les infrastructures terrestres. Cependant, les chiffres en baisse des deux dernières années révèlent des facteurs de fragilité et/ou d’intensification de la concurrence dans l’arc antillais. D/ Le tourisme de plaisance L’atout de la Guadeloupe pour la plaisance est d’être un archipel et donc de disposer d’une mer «intérieure» qui permet de rythmer les croisières. Cette configuration est particulièrement adaptée à une demande en forte croissance tant en Amérique du Nord qu’en Europe. La plaisance s’organise aujourd’hui autour des équipements suivants : • la marina de Bas du Fort à Pointe-à-Pitre (1000 places) ; • • • la marina de Rivière Sens [Gourbeyre] (300 places) ; la marina de Saint-François [Grande-Terre] (170 places). Le port du Doigt de Gant (ou marina Port la Royale) à Saint-Martin a une capacité de 90 anneaux, 11000m2 de plan d'eau, 1800m2 de terre-plein. Le port de Longvillier à l'Anse Marcel dispose d'une capacité de 130 anneaux et la marina Oyster Pond une centaine d’anneaux. La navigation de plaisance est à l’origine de flux économiques soit très généraux (avitaillement), soit très spécialisés sur des savoir-faire précis : motorisation, matériaux composites, réfrigération, désalinisation... L’activité de location de bateaux implique enfin toute une filière regroupant la gestion des déplacements, de l’hébergement, de l’entretien... ❏❏❏ Levier déterminant du développement économique, le tourisme n’en est pas moins confronté à un ensemble de difficultés qu’il s’agit de lever : • la montée des concurrences de destinations comme Cuba ou Saint-Domingue ; • la concentration des hébergements sur la Riviera et Saint-Martin ; • une clientèle essentiellement métropolitaine et une faible part de clientèle étrangère limitée aux îles du Nord ; • une valorisation insuffisante du tourisme nautique, plus particulièrement pour la plaisance : les infrastructures d’accueil lourdes (marinas) ou légères (mouillages) sont insuffisantes. 1.3.2. L’AGRICULTURE, L’AUTRE PILIER DE L’ÉCONOMIE Produisant essentiellement des services, la Guadeloupe est très fortement dépendante de l’extérieur. L’agriculture est le seul secteur guadeloupéen exportateur de marchandises (sucre, banane, melon, fleurs). La filière agricole pèse environ 10% du total de la valeur ajoutée et de l’emploi dans l’économie guadeloupéenne soit une part voisine de celle du secteur tourisme. L’agriculture représente aussi le quart de l’économie productive, ce qui illustre mieux son importance en Guadeloupe. La part de l’agriculture dans la valeur ajoutée de la Guadeloupe est le double de ce qu’elle est en métropole. Le ratio emploi/production est particulièrement élevé en Guadeloupe pour l’agriculture. 1.3.2.1. Deux filières dominantes A/ La filière canne à sucre Elle demeure l’un des fondements de l’économie et même de la société guadeloupéenne : elle a connu, depuis plusieurs décennies, un déclin important qui semble aujourd’hui enrayé, laissant même à la filière des perspectives de développement dans le cadre d’une Organisation Commune des Marchés (l’OCM-sucre) pérennisée. A1/ Le déclin passé Il se constate à la considération des éléments suivants : • la production a chuté de 1 600 000 tonnes au début des années 60 à une moyenne de 600.000 tonnes lors des dernières campagnes ; • la surface utilisée a décru dans des proportions similaires : de 25 000 hectares à environ 12 600 hectares ; • A2/ l’appareil industriel de transformation de la canne en sucre s’est fortement concentré. Désormais, seules deux usines subsistent : Gardel au Moule (Grande-Terre) et GrandeAnse pour les bassins canniers de l’île de Marie-Galante. Une filière soutenue par les pouvoirs publics : l’OCM-sucre L’OCM-sucre protège la filière des concurrences tant des autres producteurs de canne à sucre que des producteurs de sucre à partir des betteraves cultivées dans l’Union Européenne. Cette protection s’exerce au double niveau d’une garantie des prix (requérant l’intervention d’une aide compensatoire substantielle) et de quotité, soit 1.500.000 tonnes à ce prix garanti. La production actuelle — de 600.000 tonnes à 700.000 tonnes dont 50.000 tonnes pour les distilleries— est nettement inférieure au contingent à prix garanti. De plus, ce volume se situe encore en dessous du seuil de rentabilité industrielle des deux usines (environ 800.000 tonnes). A3/ Le rhum Trois types de rhum sont produit en Guadeloupe : • • • le rhum agricole fabriqué par une dizaine de distilleries. Mis en vieillissement pendant au moins sept ans, il donne naissance au «rhum vieux» ; l’un et l’autre constituent des produits de qualité d’appellation d’origine ; le rhum industriel ou de distillerie produit par trois sociétés ; le rhum léger. La production totale exprimée en hectolitre d’alcool pur (HAP) se situe entre 40000 et 70000 par an. A4/ Des perspectives de développement À moyen et long termes, la pérennité globale de l’OCM-sucre fournit un contexte favorable au développement de la filière. La préservation et même un certain accroissement de la sole cannière et la poursuite de l’amélioration des rendements assureront dans de bonnes conditions la rentabilité des usines et les exportations vers la métropole et l’Union Européenne. B/ La filière banane Considérée comme une culture traditionnelle, elle est en fait devenue culture d’exportation après le cyclone de 1928. Jouissant d’un régime européen de protection, l’OCM-banane, cette spéculation constitue depuis quelques années la première filière d’exportation de l’agriculture guadeloupéenne en volume et en valeur. Dès lors, on pourrait penser qu’elle devrait constituer le point d’appui essentiel du développement de l’agriculture. Mais deux facteurs se conjuguent pour inciter à un diagnostic de prudence s’agissant de perspectives de croissance : • les événements climatiques — cyclones — dont la fréquence s’est accrue lors de ces dernières années — 1994, 1995 et de nouveau 1998, 1999 — ont frappé durement les bananeraies de la Basse-Terre Côte au Vent et durablement fragilisé la filière ; • l’OCM-banane est soumise à des évolutions très sensibles résultant des arbitrages de l’organisation mondiale du commerce (O.M.C.). La filière risque d’être moins «garantie» par l’ « OCM-banane » qu’elle ne le fut dans le passé mais d’autres types d’aides viendront compenser cette évolution. C’est pourquoi le constat d’un volume de production — de 80.000 tonnes à 120.000 tonnes selon les années — sensiblement inférieur à celui du contingent à prix garanti — 150.000 tonnes — invite à une certaine prudence quant aux perspectives, le contingent de 150.000 tonnes restant l’objectif de la filière. 1.3.2.2. Les autres cultures végétales L’ensemble des autres cultures vivrières, maraîchères et patrimoniales couvre une superficie de près de 6000ha. Dans un contexte marqué par la prédominance de la spéculation cannière et bananière, ces autres productions végétales dites de diversification contribuent essentiellement à l’alimentation du marché interne, à l’exception du melon (de 1500 tonnes à 2000 tonnes produites) exporté vers l’Europe et, dans une moindre mesure, des fleurs ornementales. Les nombreuses tentatives de diversification qu’a connues l’agriculture guadeloupéenne depuis quelques années n’ont pas en général, sauf pour le melon, obtenu des résultats satisfaisants à l’export mais il existe encore sur le marché local de larges possibilités de reconquête : les cultures de diversification qui représentent actuellement près de 40% de la production agricole finale ne couvre que 60% des besoins locaux ; . Les années à venir verront également s’intensifier les efforts en faveur des cultures patrimoniales qui peuvent bénéficier de « marchés de niche ». Certains résultats ont déjà été atteints pour certaines d’entre elles (en particulier le café), notamment dans la zone périphérique du Parc National 1.3.2.3. L’élevage Après l’échec de la plupart des structures collectives de commercialisation mises en place en début des années 90, l’élevage à la Guadeloupe se caractérise par une production animale de type familial, qui concerne notamment les bovins, les cabris créoles, les porcs et les volailles. Il existe quelques exploitations semi-industrielles de porcs et de volailles ; si la production d’œufs frais est proche de l’autosuffisance le taux de couverture de la demande . 1.4. DÉMOGRAPHIE : DÉCÉLÉRATION ET INVERSION DES FLUX En longue période, la Guadeloupe a connu des évolutions très contrastées en relation essentiellement avec la plus ou moins forte intensité des phénomènes migratoires. POPULATION (EN MILLIERS) 1954 1961 1967 1974 1982 1990 1999 229 283 313 324 328 387 422 TAUX DE CROISSANCE ANNUEL (EN %) +3,00 +1,70 +0,50 +0,20 +0,20 +2,07 +0,98 Lors de la dernière décennie, la croissance reste soutenue mais en décélération. Cela tient à quelques grandes tendances de nature différente. • Globalement, le taux de fécondité décline depuis quelques années dans les Antilles et s’appliquera à des effectifs d’âge moins importants, en valeur absolue, que précédemment. Sur la dernière décennie, il reste encore le seul facteur explicatif de la croissance démographique. 1982-1990 1990-1999 SOLDE NATUREL + 36 543 + 44 181 • Le solde migratoire présente, en longue période, une évolution discontinue. Fortement négatif dans les années 60 et 70, quand l’émigration organisée et spontanée fut à son maximum, puis très positif depuis 1980 quand au tarissement de l’émigration vers la métropole s’est ajouté l’important flux migratoire de l’ensemble des Antilles. Autant le taux de fécondité et le solde naturel relèvent de tendances structurelles, autant le solde migratoire dépend des situations économiques conjoncturelles des Antilles dans leur ensemble et de la métropole, sans compter les quelque 100 000 personnes nées en Guadeloupe et résidant en métropole et les quelque 60 000 originaires de Guadeloupe mais nés en métropole. 1982-1990 1990-1999 SOLDE MIGRATOIRE + 22 044 - 8 638 ❏❏❏ Le dernier recensement de 1999 indique que la population de la Guadeloupe aujourd’hui (422 000 habitants) est en deçà des prévisions élaborées sur la base du recensement de 1990 qui s’étageaient de 445 000 à 480 000 habitants (INSEE). Compte tenu des tendances structurelles afférentes à la fécondité mais également de ce que l’on sait des pôles d’immigration et des foyers d’émigration, tant aux échelles européennes qu’américaines, il semble peu probable que la Guadeloupe retrouve les taux de croissance du passé. La période récente apparaissant comme intermédiaire entre les périodes de stagnation et les périodes de forte croissance, on pourrait la retenir comme hypothèse à 15 ans, conduisant à une population d’environ 500 000 habitants. 2 - ÉTAT ACTUEL DE L’ENVIRONNEMENT - ESPACES NATURELS ET RISQUE 2.1. LES ESPACES NATURELS : UNE DIVERSITÉ EXCEPTIONNELLE 2.1.1. MOSAÏQUE DES ESPACES NATURELS ET DES UNITÉS PAYSAGÈRES 2.1.1.1. Éléments de diversité A/ Diversité du relief Cette diversité oppose les régions volcaniques aux régions calcaires. ❏ Les formations volcaniques Élément principal de cet ensemble, la «Basse-Terre», exclusivement volcanique, possède le point le plus élevé de toutes les Petites Antilles avec la Soufrière qui culmine à 1467 m. - La Basse-Terre : • au Nord des petits dômes des Mamelles, les édifices volcaniques sont essentiellement constitués par la superposition de projections et de coulées laviques à disposition plus ou moins rayonnante ; • au centre, les volcans forment l’armature de l’île et résultent de la superposition de coulées massives et de formations volcaniques sous-marines ; • au sud, des édifices récents, aux formes structurales souvent bien conservées, s’organisent essentiellement en deux ensembles autour du massif de la Madeleine et autour du massif de la Soufrière ; • enfin, à l’extrémité sud, les Monts Caraïbes, volcans morphologiquement bien individualisés dont l’activité a débuté sous la mer avec des émissions basaltiques, terminent la chaîne. Aux littoraux bas et marécageux du nord-est s’opposent assez nettement les côtes à falaises du reste de l’île. Selon la nature du matériel, ces falaises présentent un aspect varié. - Les Saintes Exclusivement volcanique, cet archipel offre deux aspects différents. À l’ouest, Terre de Bas est une île massive, circulaire, bordée de hautes falaises. Légèrement plus récente, Terre de Haut est beaucoup plus découpée et géologiquement plus complexe. ❏ Relief et modelé des régions calcaires Monde à part dans l’archipel guadeloupéen, les pays calcaires se caractérisent par l’importance des formes planes, malgré l’existence de quelques beaux accidents tectoniques. - La Grande-Terre Île apparemment plate et basse, elle présente quatre entités bien marquées : • la région des plateaux du Nord est constituée de plateaux monotones, d’environ 50 m d’altitude à l’Est, reliés entre eux par des escarpements de failles au pied desquels se sont développées de larges plaines de corrosion karstique ; • les plateaux du sud-est, d’altitude plus faible (environ 20m), se définissent aussi par une empreinte karstique plus forte. À la différence des plateaux du Nord, s’organise un réseau hiérarchisé de vallées bien calibrées, à fond plat ; • les Grands-Fonds correspondent au relèvement brusque de la série calcaire. Le modelé est celui d’un dédale de mornes et de dépressions présentant une grande anarchie apparente ; • vigoureusement inscrite dans le paysage, à 20 ou 30 m en contrebas des plateaux calcaires du Nord et des Grands-Fonds, la dépression de Morne à l’Eau est longue de 12 km pour 2 de large en moyenne. Le littoral Atlantique est un littoral d’émersion avec de nombreux secteurs de falaises mortes. À l’opposé, le littoral occidental de Grande-Terre est formé, pour l’essentiel, de secteurs de submersion. - La Désirade L’originalité de cette île, de 11km de long pour 2 de large, réside dans l’existence d’un plateau calcaire, «la Montagne», culminant à 276m. Le littoral sud-est est construit avec de nombreuses plages et récifs soulevés. - Marie-Galante Île dissymétrique, exclusivement calcaire, Marie-Galante est comme la Grande-Terre, basculée vers l’Ouest. Cependant à la différence de cette dernière, l’épaisse masse calcaire (200 m) est très homogène. ❏ Les îles du Nord Le matériel de ces deux îles est essentiellement constitué de formations sédimentaires et volcanosédimentaires qui leur donnent des paysages tourmentés. B/ Diversité de pluviométrie La Guadeloupe se caractérise par des régimes pluviométriques très variables dans le temps et dans l’espace. En moyenne, pour un point donné, le rapport entre le mois le plus sec de la saison sèche ou carême et le mois le plus arrosé de la saison des pluies peut être de 1 à 4. La variabilité spatiale est également conséquente. La pluviométrie annuelle varie de moins de 1000 millimètres à plus de 5000 millimètres. La Grande-Terre et les îles proches sont des îles dites sèches par opposition à la Basse-Terre qui est considérée comme «le château d’eau» de la Guadeloupe. C’est le relief montagneux de cette dernière qui, conjugué aux flux véhiculés par les alizés majoritairement de secteur est, explique le volume des précipitations. La pluviométrie, le relief et la géologie expliquent également l’existence d’un réseau hydrographique développé en Basse-Terre et quasiment inexistant sur la Grande terre et les dépendances. C/ Diversité des écosystèmes Des formations végétales qui se différencient sur plusieurs centaines de kilomètres en Amérique du Sud se trouvent juxtaposées le long d’un parcours de quelques kilomètres sur l’île de la Basse-Terre. La multiplicité d’écosystèmes différents et de leurs interpénétrations réciproques fonde en grande partie l’originalité écologique de systèmes insulaires comme ceux de la Guadeloupe. Le différentiel entre la demande en eau de l’atmosphère, l’évapotranspiration potentielle et les précipitations annuelles est à l’origine de variations climatiques considérables sur de faibles distances. Au delà de 300 à 400m d’altitude en Basse-Terre, le bilan hydrologique est positif tous les mois et la forêt ne connaît pas de saison sèche : elle est sempervirente. À basse altitude, les précipitations se compensent par l’évapotranspiration potentielle, supérieure à 1500mm par an, et les plantes s’adaptent à une saison sèche plus ou moins longue, soit par rétention d’eau, soit en perdant leurs feuilles. Les principales unités écologiques terrestres actuels sont les suivantes : • Forêts semi-décidues (perdant en partie leur feuillage) qui, du fait du développement de l’agriculture, n’existent plus aujourd’hui que sous forme de bois secondaires, dont certains servent de refuge à une flore encore extrêmement riche ; • Forêts sempervirentes saisonnières (toujours vertes) qui n’existent plus que sous forme de quelques reliques secondarisées. La majorité des terrains qu’elles occupaient ont été consacrés à l’agriculture : la banane, la canne ou, sous le vent de la Basse-Terre, les jardins des « habituées ». Cette unité écologique s’étend autour des massifs volcaniques de la Basse-Terre et englobe aussi les régions basses de l’ouest de la Grande-Terre (plaine des Abymes, plaine de Grippon, vallées des Grands-Fonds). La vallée de la Rivière Saint-Louis à Marie-Galante est apparentée à cette même unité écologique ; • Forêts ombrophiles qui possèdent encore de vastes formations naturelles. Cet état est une conséquence du fait que les sols y sont généralement impropres à l’agriculture. La composition floristique et la structure des peuplements traduisent alors la diversité des conditions environnementales locales ; • L’étage altimontain apparaît au dessus de 900m d’altitude au sud de la Basse-Terre et au voisinage de la ligne de crêtes dans le nord de l’île (vers 550m). Ces forêts, de moins en moins hautes, cèdent bientôt la place à de hauts fourrés auxquels succèdent enfin de bas fourrés ligneux nommés «savanes d’altitude». L’instabilité des sols se traduit par de fréquents glissements de terrain qui réamorcent localement la succession végétale et entretiennent, de fait, des formations pionnières originales. • Les régions inondées restent confinées aux abords du littoral. Deux systèmes forestiers se partagent ces milieux : la mangrove sous influence marine directe et la forêt marécageuse qui ne supporte qu’une eau à peine saumâtre. La plus grande mangrove des Petites Antilles se situe dans le Grand Cul-de-Sac marin, vaste baie logée entre la Grande-Terre à l’est et la Basse-Terre à l’ouest. La densité biologique des formations végétales naturelles de la Guadeloupe est très importante. À titre d’exemple, la seule île de Marie-Galante recèle plus d’espèces d’arbres que la France métropolitaine, et la Désirade, avec 100 espèces pour seulement 22 km2, à peine moins. L’île de la Basse-Terre possède la flore la plus riche (342 espèces d’arbres) et la plus grande variété de milieux : tous les écosystèmes antillais y sont représentés. L’horizon supérieur des forêts ombrophiles du versant sous le vent constitue un véritable foyer de biodiversité du nord au sud de la Basse-Terre, où le nombre d’espèces est exceptionnellement élevé. La forêt des Bains Jaunes, sous le vent du massif de la Soufrière, est sans doute l’une des plus riches des Petites Antilles. Les unités écologiques marines ont les mêmes caractéristiques de densité sur un espace limité. Le Grand cul-de-sac Marin recèle, à lui seul, les trois grandes unités marines : la mangrove, les haliers de phénogames et les récifs coralliens. Les récifs de l’archipel constituent globalement un réservoir de biodiversité d’un intérêt majeur : les systèmes coralliens de la côte sous le vent sont parmi les plus riches de la Caraïbe. 2.1.1.2. Principes d’unité La mise en valeur agricole de la Guadeloupe s’amorce en 1635 avec l’établissement des premiers colons français sur le littoral occidental de la Basse-Terre. S’amorce alors une transformation du paysage naturel qui va progressivement gagner l’ensemble des zones basses de l’île montagneuse, puis aborder avec le siècle suivant la Grande-Terre où se développera le maillage caractéristique de la production sucrière. Ce schéma évoluera peu durant le XIXe siècle. Avec le développement de la culture bananière (1930-1940) dans le sud de la Basse-Terre, la géographie agricole de la Guadeloupe va changer. Géologie, géomorphologie, climatologie, végétation, occupation du sol, structures foncières et répartition de l’habitat se combinent, dans des proportions chaque fois différentes, pour engendrer des paysages bien typés, voire des terroirs, suscitant le sentiment d’appartenance à une alchimie spécifique des conditions naturelles et du savoir-faire des hommes. • La côte sous le vent, terroir entre mer et montagne à la topographie accidentée, offre un paysage littoral varié, entaillé de grandes vallées profondes. L’agriculture, en fait une agroforesterie, y a développé des produits à forte typicité : café, cacao, vanille, fruits…Des fonds coralliens, un littoral préservé et des reliefs méconnus en font un terroir à fort potentiel d’écotourisme. • La montagne centrale, de la forêt altimontaine du nord au sud de la Basse-Terre jusqu’aux Monts Caraïbes, est la zone de densité biologique maximale et la ressource en eau de la Guadeloupe continentale. C’est aussi un paysage naturel de grande beauté devenu rare dans la Caraïbe. • La côte au vent, témoin de l’identité paysagère duale, cannière au nord, bananière au sud, présente un paysage qui s’organise autour des grandes unités agricoles. Au nord, de vastes parcelles de canne d’où l’arbre est exclu offrent un paysage de grande qualité, en contraste de teinte et de structure avec la montagne forestière. Au sud, les bananeraies ont un aspect sombre et plus forestier, elles sont marquées par des haies végétales, des ravines non cultivées et une présence plus proche de la forêt mésophile. • Le Grand cul-de-sac Marin, terroir «en soi», à la fois terrestre et marin, s’organise autour des mangroves et des forêts inondées qui en font l’unité. • Les Grands Fonds, terroir de «marronnage» avant l’abolition de l’esclavage, possèdent un paysage particulièrement original par les formes du relief et l’occupation du sol. Les vallées encaissées et sinueuses, au tracé capricieux, à fond plat tapissé d’argile de décalcification, contrastent avec des mornes aux versants raides et convexes (pentes de 30 à 40°) au sol squelettique. Les fonds de vallées ou «coulées», au sol épais, fertile et humide, souvent inondés en saison des pluies, portent des cultures variées. C’est aussi un territoire de grande richesse floristique et faunistique, où par ailleurs la nappe phréatique utilisable est la plus développée. • Le plateau calcaire de la Grande-Terre, séparé en deux par la dépression de Morne-à-l’Eau, est d’abord un paysage cannier remarquable, marqué par les vestiges des moulins à vent, et dont l’identité à été particulièrement bien préservée dans le nord Grande-Terre. Ce terroir dispose également d’une côte atlantique aux falaises d’une grande qualité paysagère. • Marie-Galante offre un paysage agricole et naturel tout à fait remarquable. En outre, l’île recèle des zones de très grande qualité biologique comme la baie de Folle Anse. • Les « îles sèches », c’est-à-dire les deux îles du nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy), ont chacune une identité bien spécifique mais ont en commun de grandes qualités paysagères et aussi de grandes difficultés d’approvisionnement en eau. 2.1.2. LES PRINCIPALES PROTECTIONS DU PATRIMOINE ENVIRONNEMENTAL 2.1.2.1. Les protections réglementaires ❏ Le Parc National (loi de 1960) Dernier des parcs nationaux français créés à ce jour, c’est le seul dans un département d’outre-mer. ❏ Les réserves naturelles (loi de 1976) Quatre réserves naturelles protègent des territoires littoraux et marins parmi les plus riches de l’archipel. Il s’agit de : • • • • la réserve marine et terrestre du Grand Cul-de-Sac Marin créée en novembre 1987 ; la réserve marine de Saint-Barthélemy créée en octobre 1996 ; la réserve marine et terrestre de Saint-Martin créée en septembre 1998 ; la réserve marine et terrestre des îlets de Petite Terre de la Désirade créée en septembre 1998. Le classement des îlets Pigeon, des fonds marins qui les entourent et des faciès littoraux qui leur font face est à l’étude sous forme de réserve naturelle. ❏ Les sites classés (loi de 1930) Quatre sites classés protègent autant de paysages remarquables : • • • • le Gros Morne et la Grande Anse de Deshaies, classés en avril 1980 ; l’Anse à la Barque, sur les communes de Bouillante et de Vieux-Habitants, classée en mai 1980 ; le Pain de sucre et la Baie de Pompière, à Terre de Haut aux Saintes, classée en mai 1991 ; la Pointe des Châteaux, sur la commune de Saint-François, classée en mai 1997. Au moins cinq projets sont à l’étude, dont deux (Pointe de la Grande Vigie et les falaises de MarieGalante) sont à un stade très avancé. ❏ Les sites inscrits (loi de 1930) Il existe cinq sites inscrits qui viennent compléter les sites classés : • • • • • le Fort Marigot à Saint Martin, inscrit en décembre 1984 ; la Sucrerie et la Batterie, Grande Pointe, à Trois-Rivières, inscrits en juillet 1986 ; le bassin versant en arrière de Grande Anse à Deshaies inscrit en octobre 1986 ; l’Anse à la Barque, sur les communes de Bouillante et Vieux-Habitants, inscrit en décembre 1986 ; Terre de Haut en totalité, l’îlet Cabrit, le Grand îlet, et l’îlet de la Rotonde aux Saintes, inscrits en décembre 1986. ❏ Les forêt bénéficiant de régimes de protection • la forêt départementalo-domaniale issue de l’ancien domaine colonial couvre environ 28000ha ; • la forêt domaniale du littoral issue des 50 pas géométriques couvrant environ 1500ha répartis tout au long de la côte ; • les forêts du Département, qui sont soumises au régime forestier, couvrent environ 1400ha. • la mangrove, protégée au titre de l’article L 146-6 du code de l’urbanisme, couvre environ 7500ha. ❏ Les arrêtés de biotope (loi de 1976) Huit arrêtés préfectoraux de protection du biotope ont été pris, entre décembre 1992 et mai 1998, pour protéger des plages de ponte de tortues, des grottes à chauve-souris ou encore des habitats de l’iguane commun ainsi que des milieux abritant des espèces végétales comme le gaïac, certaines orchidées ou le cactus «tête à l’anglais». ❏❏❏ À ces protections il convient d’ajouter celles qui résultent du code de l’urbanisme et en particulier des dispositions de la loi littoral que le schéma d’aménagement régional et en particulier son chapitre S.M.V.M. ont pour objet d’identifier et de délimiter. 2.1.2.2. Le Conservatoire des Espaces Littoraux et Rivages Lacustres (CELRL) En Guadeloupe, Le Conservatoire du Littoral a déjà acquis 8 sites représentant près de 300ha. Le Conservatoire du Littoral est destiné également à obtenir la gestion des espaces naturels des 50 pas géométriques, lorsque ceux-ci s’appuient à l’arrière des 50 pas sur des ensembles naturels significatifs. 2.1.2.3. Les inventaires et labels internationaux La qualité exceptionnelle des espaces naturels de la Guadeloupe est à l’origine de l’inscription de tout ou partie d’entre eux à l’inventaire des sites RAMSAR (Grand Cul-de-Sac Marin en 1993) ou encore dans les réserves mondiales de la biosphère (Basse-Terre et Grand Cul-de-Sac Marin en 1992). Par ailleurs les autres zones d’intérêt écologique sont répertoriées dans les ZNIEFF. 2.2. LES RESSOURCES NATURELLES Les deux principales ressources naturelles exploitées de l’archipel sont d’une part l’eau et d’autre part les carrières. 2.2.1. L’EAU La géologie et le climat très contrastés entre la Basse-Terre et la Grande-Terre conduisent à deux types de ressource en eau très différentes et de volume très inégal. Sur la Basse-Terre la ressource en eau est prélevée principalement dans les rivières qui prennent naissance dans la zone centrale du Parc National. La qualité de cette ressource est donc préservée des dégradations à l’amont des bassins versants mais subit l’impact des activités humaines à l’aval. Les bassins versants présentent, à une exception près, des tailles réduites inférieures à 35km2. Seule la Grande Rivière à Goyaves, qui se développe sur 40 kilomètres, possède un bassin versant d’environ 150km2. 3 Les 17 captages de la Basse-Terre permettent de produire 85% des 55 millions de m nécessaires à l’alimentation de la population. L’eau utilisée en Grande-Terre provient majoritairement du réseau de transfert depuis les prises en rivières et les sources de la Basse-Terre. Seuls 29 millions de m3, sur les 55 millions de m3 prélevés, sont facturés, ce qui signifie que le rendement des réseaux est très faible (52%). Une amélioration de seulement 10% de ce rendement constituerait une ressource supplémentaire de 5 millions de m3. Les eaux souterraines de Grande-Terre constituent le principal aquifère de l’archipel guadeloupéen. Leur exploitation couvre environ 15% des besoins en eau potable de la Guadeloupe continentale et contribue également aux besoins en eau agricole et industrielle. Les eaux souterraines de Marie-Galante assurent la totalité de l’alimentation en eau potable de ses habitants. Pour les autres îles, la ressource en eau provient soit d’un transfert par conduites sous-marines depuis la Guadeloupe continentale (les Saintes, la Désirade), soit de l’eau de mer par désalinisation (Saint-Martin, Saint-Barthélemy). 2.2.2. LES CARRIÈRES Les ressources disponibles dans l’archipel sont liées aux origines géologiques des territoires : • • • • des granulats d’origine terrestre (volcanique) utilisés pour la fabrication de bétons hydrauliques et des couches supérieures de chaussée ; du tuf et des calcaires tendres pour remblais et couches de forme de chaussées ; de l’argile pour briques et carreaux céramiques ; du sable marin. ❏ Les granulats Les granulats sont produits à partir de carrières de roches dures ou proviennent de matériaux de rivières concassés, prélevés dans le cadre de campagnes d’entretien des rivières liées aux épisodes cycloniques que subissent nos régions. Les carrières actuelles se trouvent toutes dans le périmètre du S.M.V.M., mais les études menées dans le cadre de l’élaboration du Schéma Départemental des Carrières (en cours d’adoption) identifient de nombreux sites, en Basse-Terre susceptibles d’être exploités pour l’extraction de matériaux. Les besoins sont complétés par des importations de matériaux de Dominique et de Martinique (300 000t/an). ❏ Les tufs et calcaires Contrairement aux granulats de la Basse-Terre, ces matériaux sont facilement exploitables, sans gros moyens techniques (explosifs notamment) et l’absence de règles techniques fines pour leur utilisation font que la quasi totalité des Grands Fonds de la Grande-Terre et de Marie-Galante constitue un gisement énorme pour les entreprises de travaux publics. Sur la Grande-Terre, 110 zones d’extraction ont été comptabilisées dont 70 plus ou moins en activité. Ces zones possèdent un impact extrêmement important sur les paysages, laissant apparaître des fronts de taille dépassant parfois 50m. 2.3. L’ÉTAT DES NUISANCES Les nuisances sont de trois types mais d’importance très inégale : 2.3.1. LES REJETS LIQUIDES Il s’agit principalement des effluents domestiques insuffisamment traités ou rejetés sans traitement et des rejets d’origine industrielle. À l’heure actuelle moins de la moitié des stations d’épuration collective fonctionne correctement, les principales causes de défaillance étant le manque d’entretien et la sous-capacité des ouvrages. Pour les mini stations et les micro stations, le pourcentage de dysfonctionnements est difficile à estimer mais est probablement supérieur. Le non-entretien des ouvrages en est la cause. La pollution des eaux d’origine industrielle provient majoritairement de la filière canne. Le poids de cette pollution est équivalent à celui de la pollution domestique (environ 400000 équivalents habitants), avec un taux de traitement encore plus mauvais ; en effet seul un tiers du flux total subit une dépollution et cette dépollution reste partielle. Cependant un programme volontariste impliquant l’ensemble des partenaires, publics et privés, se met en place permettant d’envisager des marges de progrès considérables. 2.3.2. LES DÉCHETS SOLIDES Si la collecte des déchets est effectuée dans des conditions satisfaisantes sur la quasi totalité de la Guadeloupe, le traitement est nettement insuffisant. La seule filière existante pour les déchets ménagers est celle de la décharge contrôlée pour les quelque 300 000 tonnes de déchets produits par an. Le plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés adopté en 1997 a cependant déjà connu un début de mise en œuvre avec notamment la mise en place des premières déchetteries et des premiers programmes de collecte sélective. Dans ce domaine, les investissements prévus au cours des sept prochaines années permettront d’améliorer nettement la situation par la construction des usines d’incinération et la réhabilitation progressive des décharges existantes. Les 11.000 tonnes annuelles de déchets industriels spéciaux produits en Guadeloupe sont majoritairement des huiles usagées et des déchets d’hydrocarbures dont la collecte est globalement bien assurée. Le plan régional d’élimination des déchets industriels spéciaux en cours d’adoption prévoit une valorisation locale de ces déchets. 2.3.3. L’AIR La pollution de l’air ne pose pas de véritable problème direct en Guadeloupe puisque, balayées par les alizés, les émanations de fumées s’éloignent rapidement des côtes. Les secteurs de l’énergie et des transports sont la plus grande source de polluants atmosphériques. Les véhicules automobiles produisent 40% des 20.000 t/an de NOx et 100% des 4.500t/an d’hydrocarbures embrûlés émis à l’atmosphère. La Guadeloupe n’étant pas une région à proprement parler industrielle, 90% des rejets en SO2 (10.000t/an) et en poussières (800t/an) proviennent de la production d’électricité. La fermeture de Jarry Sud au profit de la centrale bagasse/charbon est de nature à améliorer nettement la situation des émission en SO2 et surtout NOx et, d’ici 2005, 25 % de l’electricité livrée au réseau interconnecté d’EDF sera produite à base d’énergies renouvelables non polluantes, contre 4% en 1998. Par ailleurs, d’ici 2001, l’application de la réglementation sur les stations services et les dépots pétroliers amènerera à une récupération de la totalité des composés organiques volatils. 2.4. LES RISQUES NATURELS 2.4.1. L’ALÉA SISMIQUE La proximité de la zone de subduction entre la plaque Amérique et la plaque Caraïbe et les réseaux de failles qui parcourent les territoires font de l’archipel un espace soumis à un aléa sismique fort. Les effets destructeurs d’un séisme sont de deux catégories : • les effets directs concernent les déformations liées aux vibrations résultant du passage des ondes et les éventuelles ruptures à la source du tremblement de terre. Ils concernent l’ensemble du territoire. Des particularités locales peuvent néanmoins modifier de manière significative ces effets : - d’une part la configuration (topographie, géologie) du terrain peut modifier les valeurs du signal vibratoire (amplitude, fréquence) ; - d’autre part, des déformations du sol particulières peuvent se produire au voisinage des failles, si celles-ci participent à la génération du séisme ; • les effets induits concernent, outre les phénomènes éventuels du type raz-de-marée, l’ensemble des mouvements de terrain pouvant être provoqués par un séisme : glissements de terrain, voire de versant, sous sollicitations sismiques ; éboulements et chutes des blocs rocheux en surplomb ; phénomène de «liquéfaction» des sols qui provoque des pertes brutales de portance entraînant l’affaissement des bâtiments ou leur effondrement par ruine des fondations. La cartographie de synthèse établie par le BRGM en 1995 sur la base des atlas communaux des risques naturels hiérarchise le territoire en fonction de sa plus ou moins grande susceptibilité aux mouvements de terrains, à la liquéfaction des sols, aux effets de sites, à la présence de failles. Ces travaux constituent une première référence permettant d’amorcer une politique de prévention à l’égard des futures implantations urbaines. Le diagnostic sur les sites anthropophisés actuels (étude GEMITIS sur Pointe-à-Pitre) oriente les dispositions de confortement à prendre et les plans de secours à rendre opérationnels. 2.4.2. L’ALÉA VOLCANIQUE L’éruption de 1976 du massif de la Soufrière, ses signes actuels d’activité, l’évacuation quasi totale des populations de l’île de Montserrat à 60km au nord-ouest de la Basse-Terre, en 1999, suite à une éruption, donne à l’aléa volcanique un caractère très présent. L’aléa volcanique portant sur le massif de la Soufrière a fait l’objet d’études cartographiques à l’échelle du 1/25000e (rapport BRGM R 31 669 ANT 4S 90 - J Dagain, J. Ph. Rancon). Trois cartes ont été réalisées : • • • le zonage des effets des éruptions phréatiques ; le zonage des effets des éruptions magmatiques modérées à fortes ; le zonage des effets des éruptions magmatiques paroxysmales (de type Mont Saint Helens 1980). Il s’agit, dans le cas d’espèce, de se doter des moyens permettant d’organiser au mieux l’évacuation des populations. L’important dispositif de veille mis en place par l’Institut de Physique du Globe permet un suivi en continu de l’activité volcanique et donc une mise en alerte éventuelle adaptée à la gravité de la situation. 2.4.3. LES ALÉAS LIÉS AUX CYCLONES ET AUX INONDATIONS La situation de l’archipel l’amène à être régulièrement sur la trajectoire de tempêtes tropicales et de cyclones destructeurs (Cléo le 22 août 1964, Ines le 27 septembre 1966, Hugo le 16 septembre 1989, Luis et Marilyn en 1995, José et Lenny en 1999 pour les plus récents). Outre les dégradations infligées au bâti et aux cultures par des vents violents susceptibles de concerner le territoire, les effets dus aux dépressions tropicales et aux cyclones sont de deux ordres : • • • marées de tempête ; houles cycloniques ; inondations pluviales et fluviales. La houle cyclonique se forme à la périphérie du cyclone et peut entraîner des dégâts matériels importants sur les côtes touchées. Les marées de tempête provoquent des inondations marines importantes notamment au niveau des baies peu profondes. Les inondations fluviales et pluviales ont un effet très brutal du fait de l’intensité des précipitations et de l’importance des dénivelés. L’accumulation des terres et blocs forment embâcle, et les zones de plus faible pente sont envahies. L’inondation pluviale concerne les zones de dépression topographique de la Grande-Terre et de Marie-Galante qui n’offrent pas aux eaux de pluies d’exutoire et sont ainsi inondées lors des épisodes pluvieux intenses. 2.4.4. LES ALÉAS LIÉS AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN Outre le séisme comme facteur déclenchant, la pluviosité, le drainage, la nature et l’épaisseur des différentes couches géologiques, les modalités d’occupation par l’homme d’une topographie souvent chahutée sont la cause de mouvements de terrain aux conséquences souvent dramatiques. Le glissement de terrain est un phénomène affectant en général les roches «meubles», qui provoque le déplacement d’une masse de terrain sur une surface de rupture. Lorsque le phénomène prend une ampleur exceptionnelle, plusieurs dizaines d’hectares, on peut parler de glissement de versant. Comme pour les autres risques, les Atlas communaux délimitent les zones les plus exposées à ce type de risque. ❏❏❏ Les différentes cartographies par type d’aléa qui ont été établies font apparaître pour l’Archipel une géographie du risque : • pour partie uniforme : aucune zone n’est significativement épargnée par les vents cycloniques ou certains effets directs d’un séisme ; • pour partie très différenciée : la topographie, la proximité de la mer, la nature des sols et sous sols sont autant de facteurs pouvant amplifier de manière importantes la puissance destructrice de certains aléas. Pendant longtemps, contraintes d’accostage, avatars de l’histoire, nécessité d’étendre la sole arable ont assez peu tenu compte de cette géographie hiérarchisée du risque : • • • Pointe-à-Pitre et son agglomération ont été construites sur une zone à forte présence de failles actives et de terrains liquéfiable ; Basse-Terre et son agglomération sont implantées dans un périmètre soumis à l’aléa volcanique ; toutes les communes, sauf Saint-Claude, sont littorales : une proportion importante de leur territoire est susceptible d’être inondée... 2.5. UN PATRIMOINE BÂTI POTENTIELLEMENT STRUCTURANT Le patrimoine bâti est harmonieusement réparti sur l’ensemble du territoire régional. Témoignage concret de l’histoire guadeloupéenne dont il permet de retracer les différentes périodes, ce patrimoine constitue la mémoire nécessaire à toute société mais il offre également des potentialités importantes de développement économique (réhabilitation, rénovation, entretien, animation...) et touristique (offre incitative d’un tourisme culturel de qualité). 2.5.1. LES VILLES DE FONDATION Pointe-à-Pitre et Basse-Terre restent, dans ce domaine comme dans d’autres, deux pôles structurants. Leur poids historique, leur fonction de capitale économique pour l’une, administrative pour l’autre, leur situation géographique au sud de la Grande-Terre et de la Basse-Terre devraient permettre d’atteindre un véritable équilibre entre l’agglomération pointoise urbaine, située aux portes de la Grande-Terre et de son patrimoine sucrier, et le sud de la Basse-Terre, plus rural, pour partie sur le territoire du parc national et riche du site archéologique majeur de Trois-Rivières. 2.5.2. LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL Ces deux pôles structurants sont au cœur de plusieurs réseaux patrimoniaux constitués par : • les forts et batteries ; • les habitations sucrières et caféières; • les usines et moulins ; • les sites archéologiques ; auxquels il faut ajouter le patrimoine domestique, urbain et rural. Soixante sites environ sont protégés. Basse-Terre a obtenu le label du Ministère de la culture et de la communication de «Ville d’art et d’histoire». Le même label devrait être accordé à Pointe-à-Pitre en 2000. La protection et la valorisation du patrimoine culturel guadeloupéen doivent toutefois être renforcées sur la base d’un inventaire scientifique et exhaustif inscrit au prochain contrat de plan ÉtatRégion. 3 - ÉTAT ACTUEL DE L’AMÉNAGEMENT 3.1. L'AGRICULTURE ET LES ESPACES AGRICOLES : UNE RICHESSE À PRÉSERVER ET À VALORISER 3.1.1. LES MULTIPLES ENJEUX DU SECTEUR AGRICOLE L'activité agricole, de par sa triple fonction économique, environnementale et sociale, observe un rôle essentiel dans la tenue et l’organisation de l’espace et la vie des territoires ruraux. Les sols de grande valeur agronomique correspondent aux cultures traditionnelles cannes et bananes (croissant basse-terrien, large bande nord-est en Grande-Terre, Marie-Galante). Avec les melonnières de la frange littorale nord-est en Grande-Terre, l'ensemble constitue la zone des productions agricoles d'exportation. Parce que ces produits constituent la principale richesse naturelle de la Guadeloupe et parce qu'il existe une garantie de débouché à l'exportation en particulier en ce qui concerne la canne, la fonction économique y est prédominante. L'activité agricole, sur l'ensemble du territoire, remplit également une fonction économique indirecte en raison de sa complémentarité avec l'activité touristique, autre secteur créateur de richesses en Guadeloupe. Le maintien de l'activité agricole dans les Grands Fonds, et dans certaines parties de Marie-Galante, conditionne l'entretien de paysages de qualité. En côte sous le vent, sur la Basse-Terre, et certains secteurs à Marie-Galante, où les pentes sont souvent fortes, les cultures protègent les sols de l'érosion. Pour ces raisons, la fonction environnementale est prédominante dans ces zones. L'activité agricole génère des emplois directs (chefs d'exploitation et salariés agricoles) et des emplois indirects au sein du tissu rural qu'il anime ou encore dans les industries de transformation agroalimentaires. Cette fonction sociale de l'agriculture s'exerce donc sur l'ensemble du territoire. Elle est particulièrement cruciale dans les territoires ruraux isolés (ex : l’île de Marie-Galante) où la population active y est entièrement rurale et majoritairement agricole. 3.1.2. LE DIFFICILE RAJEUNISSEMENT DE L’AGRICULTURE En 1997, près de 12000 exploitations agricoles ont été dénombrées contre 16500 en 1989, soit une perte de 27% en 8 ans (- 3,5% par an). Les chefs d'exploitation âgés de 50 ans et plus représentent près des deux tiers de l'ensemble. La succession n'est pas assurée dans bon nombre de cas et nécessite d'être encadrée. La taille moyenne des exploitations est stable, voire en légère progression. Cependant, voisine de 3ha, elle demeure très insuffisante en comparaison à la Surface Minimale d'Installation (SMI) équivalente en Guadeloupe à 10ha de canne. Outre quelques grandes exploitations cannières ou bananières convenablement structurées, les exploitations agricoles guadeloupéennes sont de surcroît très morcelées et les parcelles qui les composent sont petites et disséminées. 3.1.3. LES TERRES ARABLES: LA RÉDUCTION Entre 1989 et 1997, soit en 8 ans, la surface agricole utilisée — SAU — a peu évolué. Cependant, les terres arables sont passées de 30000ha à 24000ha, soit une diminution de 6000ha (- 20%). C'est une perte considérable qui affecte les surfaces les plus intéressantes d'un point de vue économique. En effet, cette diminution correspond principalement à celle des grandes cultures d'exportation (canne à sucre, banane). SURFACE AGRICOLE UTILISÉE PAR NATURE DE CULTURE (EN HECTARE) : Canne Banane Élevage Légumes Autres Total dont terres arables Source DAF 1989 16 700 ha 7 300 ha 14 200 ha 3 800 ha 4 700 ha 46 700 ha 30 000 ha 1997 12 600 ha 5 700 ha 14 200 ha 3 000 ha 14 500 ha 50 000 ha 24 000 ha 3.1.4. LES POLITIQUES PUBLIQUES D’AMÉNAGEMENT FONCIER : DES ACQUIS Le morcellement et la surface des parcelles, l’origine de la propriété, ainsi que les conditions pédologiques ou climatiques ont nécessité, depuis de nombreuses années, la mise en place d’opérations d’aménagement foncier dans le but principal de maintenir, voire de créer des exploitations agricoles viables bénéficiant d’une structure foncière agricole satisfaisante. Il s’agit de la réforme foncière, des opérations groupées d’aménagement foncier et du développement de l’irrigation. La réforme foncière mise en place dès 1980 s’inscrivait dans le cadre de la restructuration de la filière canne-sucre-rhum avec pour objectif le maintien de la sole cannière et l’installation d’agriculteurs associée à des groupements fonciers agricoles (GFA) propriétaires du foncier. Elle a concerné au total 10600ha dont 6346ha de GFA pour lesquels elle a mobilisé 470 MF de crédits, soit un coût à l’hectare de plus de 74000 F dont 24000 F pour les travaux d’amélioration foncière (voirie, défrichement, drainage..). Il faut y ajouter les investissements en irrigation d'un montant au moins équivalent. Les engagements financiers publics accordés pour une utilisation agricole des terres doivent impérativement être respectés par le maintien en agriculture des surfaces concernées par la réforme foncière. Le maintien des opérations groupées d’aménagement foncier (OGAF) est également une réponse aux problèmes liés à l’aménagement foncier. L’irrigation est un préalable au développement agricole notamment en Grande-Terre. Des réseaux existent mais sont sous-exploités en raison d'un retard des équipements à la parcelle et d’une insuffisante sécurité d’approvisionnement en eau. L'évolution souhaitée par la profession nécessite l'utilisation de nouvelles ressources en eau par retenue de stockage, le renforcement des réseaux de transfert et l'équipement des parcelles avec du matériel performant en matière de consommation d'eau (système goutte à goutte, pivot...). En 1989, il y avait près de 3000ha irrigués avec près de 1500 agriculteurs abonnés ; en 1997, les chiffres correspondants sont 3600ha et 1900 abonnés. Le potentiel irrigable total est supérieur à 8000ha sur la Grande-Terre. Il faut veiller à préserver "des ensembles agricoles cohérents". Deux ou trois maisons peuvent suffire à compromettre un projet d’irrigation sur 50 ou 100 hectares, et mettre ainsi en péril les productions correspondantes. 3.1.5. LA SURFACE AGRICOLE UTILISÉE FACE AU DÉFI FONCIER L'évolution de la surface agricole utilisée résulte de la combinaison de deux facteurs : nombre d'agriculteurs et taille moyenne des exploitations. La taille moyenne des exploitations étant stable, voire en légère augmentation, la perte de S.A.U. est donc imputable à la diminution du nombre d'agriculteurs. La diminution du nombre d'agriculteurs résulte elle-même de : • l’augmentation des départs ; • la diminution des installations aidées. Il n'y a pas de désintérêt pour l'activité agricole. Cependant l’installation se heurte essentiellement à un problème foncier. Il est très difficile de trouver, à un prix raisonnable, une exploitation suffisamment grande et bien structurée. C'est pourtant la condition sine qua non pour une installation viable et un développement durable. Cela soulève un double problème : • le foncier "bien de spéculation" prend le pas sur le foncier "bien économique" et "facteur de production". La forte densité de population, la pression touristique, le retard des infrastructures et la nécessité de préserver des espaces naturels peuvent expliquer cette tendance lourde ; • aux exceptions notables des groupements fonciers agricoles de la réforme foncière et de quelques grandes exploitations en faire valoir direct, le foncier est morcelé (exploitations de petite taille), mal structuré (parcelles exiguës et disséminées) et le mode de faire valoir est parfois archaïque (colonage) et incertain (indivisions). 3.2. LES ESPACES URBANISÉS 3.2.1. ÉTAT ACTUEL 3.2.1.1. Une mutation urbaine accélérée A/ Une société désormais à dominante urbaine La généralisation du phénomène urbain (urbanisation des références et des modes de vie) est désormais en Guadeloupe une réalité indéniable ; en témoigne la répartition des emplois avec plus de 70% pour le tertiaire contre 10% pour l’agriculture. Elle est, sauf bouleversement total, irréversible : le retour «à la terre» d’une part importante de la population apparaît ici encore plus qu’ailleurs d’autant plus improbable que la surface agricole potentielle est limitée (moins de 30% du territoire). Ce basculement dans la modernité urbaine s’est traduit par une amélioration notable des grandes prestations collectives à la population (santé, action sociale, éducation, infrastructures et moyens de déplacement/communication). Ces prestations ont rattrapé en niveau celles servies en France métropolitaine ; elles intéressent, grâce en particulier aux revenus de transferts qui compensent les fortes inégalités encore très présentes la quasi-totalité des populations. Par nature, cette mutation est en revanche profondément déstabilisante (brouillage des valeurs identitaires et donc des modalités et règles d’occupation du sol) et ce d’autant plus qu’elle a été extrêmement rapide et intéresse en conséquence des populations encore profondément marquées par les traditions de l’habitat rural diffus. B/ Une tradition rurale longtemps quasi-exclusive Jusqu'à la fin du XIXème siècle, l’essentiel des populations se répartissait d’une part sur les petites et très petites exploitations (plantations des premiers colons, petites exploitations vivrières des «blancs matignons», des «marrons» et des «affranchis», jardins créoles...) et, d’autre part, de manière prépondérante au plan socio-économique, sur les grandes plantations cannières des plateaux calcaires et des piémonts. «L’habitation sucrière» concentrait sur de vastes unités foncières l’essentiel du pouvoir économique et politique et regroupait l’ensemble des populations et des métiers nécessaires à son exploitation. Véritable petite unité urbaine, elle laissait ainsi aux bourgs un rôle de simple relais d’échange et aux villes (Pointe-à-Pitre, Le Moule, Basse-Terre, les quartiers de SainteAnne et de Saint-François...) un panel relativement réduit de fonctions (comptoirs portuaires, résidence du pouvoir central et de ses services, défense militaire...). La ville dense comme moyen traditionnel de maximiser les échanges en concentrant sur un territoire géographiquement réduit un ensemble très diversifié de fonctions (pouvoirs, productions manufacturières, commerces, religion, divertissements...) a donc eu en Guadeloupe un développement longtemps très limité. Il faut attendre la modernisation par la vapeur de l’industrie de la canne pour assister à une diversification et concentration conséquentes des activités dans les centres urbains avec l’apparition de la «grande usine» en périphérie des villes, des bourgs, et le développement spontané d’une première vague de quartiers en leurs franges. C/ Une mutation urbaine accélérée à partir des années 60 Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la croissance contemporaine de la départementalisation porte en germe une tertiairisation accélérée des activités ; l’économie de mono- production agricole laisse la place à une économie de la consommation : l’économie cannière perd son rôle dominant au début des années 60. La fermeture des unités sucrières de 1963 à 1980 amplifie l’exode rural vers les villes pourvoyeuses d’emplois : • l’agglomération pointoise qui, avec son port de commerce, la zone d’activités de Jarry, l’aéroport international du Raizet et un centre ancien drainant un commerce de distribution très actif, s’affirme définitivement comme capitale économique ; • Basse-Terre, qui garde le rôle éminent de capitale administrative mais a souffert de la menace volcanique de 1976 ; • les villes ou bourgs concernés par le développement de la banane (Est de la Basse-Terre) ou du tourisme (Riviera). Cette augmentation des populations urbaines est d’autant plus massive que la croissance démographique est forte (par accroissement naturel conséquent et solde migratoire positif). Elle concerne des villes mal structurées pour y répondre : si l’important travail de reconstruction entrepris suite au cyclone de 1928 les a dotées d’un important réseau de bâtiments administratifs et religieux structurants (œuvres de l’architecte Ali Tur), les plans d’extensions urbains tracés à la même époque pour Basse-Terre et Pointe-à-Pitre n’ont pas abouti. Les quartiers d’habitat auto-construit prolifèrent ; ils s’établissent sans viabilisation préalable sur les portions les plus ingrates des périphéries urbaines (zones compressibles ou à fortes topographies, terrains inondables des 50 pas géométriques, zones enclavées...). La question du logement devient une priorité pour les pouvoirs publics. Pour répondre à la fois à une attraction par la ville d’une population très importante et à faibles ressources, enrayer ainsi le développement des quartiers spontanés et commencer à résorber l’insalubrité déjà installée, il convient d’engager la production massive de logements sociaux. Cette politique est notamment initiée, suite aux dégâts provoqués par le cyclone de 1956, par l’énorme opération que constitue la Rénovation Urbaine de Pointe-à-Pitre, calquée sur les opérations de tours et de barres des années 50-60 en métropole (7000 logements). Cette politique d’intervention massive de la collectivité publique dans la production de logements va perdurer et même s’amplifier suite à la réforme de 1986 et à l’importante augmentation des crédits consacrés au logement social aux débuts des années 90. Les opérations de logements locatifs sociaux qui constituent toujours un impératif absolu se sont multipliées. D’échelle aujourd’hui plus modeste (opérations de 100/150 logements réalisées par regroupements d’immeubles généralement en R+3 ou logements individuels en bande) et d’architecture mieux intégrée, elles représentent dorénavant un tiers du total d’environ 6500 constructions/an. Avec les opérations de lotissements pavillonnaires qui constituent l’autre forme dominante d’extension urbaine, elles participent de manière importante à une urbanisation accélérée des modes de vie. 3.2.1.2. La surface urbanisée résidentielle A/ Un modèle extensif de développement de l’urbain résidentiel Le phénomène urbain s’est généralisé alors même que les taux de motorisation sont devenus très importants. Les contraintes d’accessibilité aux fonctions urbaines ont ainsi changé d’échelle. Comme ailleurs, la ville diffuse se répand hors de toutes limites en juxtaposant ici trois modes dominants d’occupation de l’espace : • l’habitat diffus s’installe le long de tous les axes routiers et des ramifications de desserte ; prolongement modernisé du modèle d’habitat vernaculaire, ce mode d’urbanisation très extensif est particulièrement actif en zone littorale ; dans les conditions actuelles ; il constitue une agression irréversible à un environnement souvent fragile ; • formes déjà plus organisées mais souvent réalisées en impasse donc peu aptes à contribuer au maillage efficace des dessertes secondaires, les opérations de lotissement privé juxtaposent des tissus généralement très lâches et très consommateurs d’espace ; • seuls éléments de densification résidentielle, les opérations de logements sociaux restent pour l’essentiel, faute de disponibilités foncières équipées et financièrement accessibles, réalisées au gré d’opportunités excentrées et sans plan d’intégration d’ensemble. À l’exception des opérations de résorption de l’habitat insalubre en zone urbaine (telle Boissard), elles sont mal raccordées aux services de la ville et contribuent, à contre-emploi, à l’étalement des périphéries, à un émiettement des fonctions urbaines, à la fragilisation du lien social et à la montée de la délinquance. B/ Un recyclage de l’urbain constitué très limité Le marché foncier dans l’urbain constitué reste peu actif malgré une présence forte de dents creuses et de bâtisses inoccupées dans les zones urbaines : l’Agence Foncière de la Guadeloupe a ainsi repéré près de 500 hectares de parcelles inoccupées dans les centres-villes, les centres-bourgs et les sections (hameaux) de la Guadeloupe continentale et les îles proches. Plusieurs raisons expliquent l’atonie de ce marché : • la plupart des parcelles inoccupées sont en situation d’indivision qui demande pour être débloquer des démarches longues et coûteuses ; • les collectivités restent réticentes vis-à-vis de l’outil que constitue le droit de préemption urbain ; • le coût du foncier reste élevé en centre-ville (et tout particulièrement dans le centre ancien de Pointe-à-Pitre). Les financements mis en œuvre pour la résorption de l’habitat insalubre RHI sont restés longtemps le seul outil disponible pour engager les restructurations urbaines lourdes qui sont nécessaires pour mettre en conformité nombre de quartiers anciens avec les exigences d’hygiène et de confort actuelles. Au-delà, et de manière plus fondamentale, la qualité des services fournis par les centres reste insuffisante pour qu’habiter en ville soit une alternative jugée attractive par une population soucieuse de maintenir un lien fort avec la nature. Des formes d’urbanisation intermédiaire (développement de la maison de ville au sein des nombreuses disponibilités foncières) doivent être trouvées pour concilier proximité urbaine et maintien des valeurs attachées au jardin créole. C/ Le paradoxe des densités Le modèle très extensif de développement urbain actuellement constaté se traduit par des densités très faibles en termes d’occupation bâtie. Pour la Guadeloupe continentale et ses îles proches, la densité moyenne (habitants + équipements) est de seulement 19 habitants/hectare en zones d’habitat aggloméré; elle tombe à moins de 13 habitants/ha sur le cumul habitat aggloméré et diffus hors zones agricoles. Pointe-à-Pitre, qui alterne zones à forte concentration résidentielle (verticale dans les tours et barres de la RUPAP..., horizontale dans les faubourgs du centre historique) et zones à très faible densité résidentielle (centre administratif et d’affaires, centre ancien dorénavant voué essentiellement au commerce...), a une densité moyenne de 82 habitants/ha. Avec une topographie plus contraignante et la présence importante d’immeubles administratifs, la densité résidentielle de Basse-Terre ne dépasse pas 21 habitants/ha. Ce constat est d’autant plus surprenant que : • la densité globale est forte : 237 habitants/km2 en moyenne alors même que le caractère volcanique d’une partie de l’Archipel dote une part importante des territoires de pentes inhospitalières ; • la densité «ressentie» est très importante : hors quelques grandes unités paysagères encore protégées, dont celles du Parc National, l’espace apparaît comme étant, dans de nombreux endroits, déjà saturé. Réparti en discontinu rapproché le long de la quasi totalité des voies de circulation, le bâti est omniprésent. Un réseau de voiries secondaires en peignes et donc insuffisamment maillé concentre sur les voiries de transit de la zone littorale la totalité d’un trafic rendu extrêmement important par une organisation inefficace des transports collectifs et par l’éloignement domicile/travail, domicile/services (et tout particulièrement domicile/école), domicile loisirs... D/ Le logement des Guadeloupéens Le parc des résidences principales, estimé à 145 000 logements, est un parc en constitution dont environ le tiers a été construit depuis moins de 10 ans. La taille des pièces est en augmentation, ce qui traduit une augmentation notable du confort. Ces logements s’ouvrent par ailleurs sur de vastes espaces privatifs extérieurs, élément fondamental sous les tropiques. Le taux d’occupation des logements s’est très nettement amélioré, il est aujourd’hui d’environ trois personnes par logement, assez proche de la moyenne nationale (2,45). Les logements en situation de surpeuplement le sont pour les ménages les plus pauvres, les ouvriers et inactifs non retraités et les familles de plus de quatre enfants. Un effort important reste néanmoins à faire. On dénombre en effet encore aujourd’hui près de 15% de logements pour lesquels l’un des éléments de confort sanitaire reste absent (eau, WC, douche), soit environ 22 000 logements concernés. Les logements précaires, à la fois par l’état de leur bâti mais également et souvent par leur localisation (zone à risque, difficulté pour l’amenée des réseaux), sont estimés à environ 36 000 logements dont 15 000 sont à démolir. Par ailleurs, la forte augmentation de la population constatée au cours des 20 dernières années, ainsi que la situation économique précaire d’une grande partie des ménages, dont les ressources restent proches des niveaux des minima sociaux, ont freiné les actions tendant à améliorer l’habitat. L’enquête logement 1996-1997 donne la photographie de l’opinion et des attentes des Guadeloupéens en matière d’habitat : • • • 20% seulement des ménages jugent leur condition de logement déficiente ou très déficiente ; parmi les locataires, 56% désirent accéder à la propriété ; ce sont les plus de 40 ans (66%) qui majoritairement cherchent à accéder à la propriété, ainsi que les indépendants, cadres et professions intermédiaires (75%). Le Guadeloupéen reste ainsi majoritairement très attaché au statut de propriétaire qui correspond actuellement à celui de 60% des ménages. 3.2.1.3. La surface urbanisée pour les activités économiques Les activités, commerce et industrie en particulier, se sont concentrées dans l'agglomération pointoise, principalement à Jarry et autour du Complexe Euro-Caribéen d'Activités (CECA) : 80% des créations d'emplois dans les 10 dernières années, 2/3 des établissements de plus de 20 emplois, 380ha soit 70% des surfaces totales de zones d'activités, 85% des entreprises industrielles, 40% des entreprises artisanales, et pour la seule zone de Jarry 1000 entreprises et 10000 emplois. La capacité d'extension de ce pôle reste très importante : 230ha à Jarry (Houelbourg-Moudong), 140ha autour de la nouvelle aérogare Pôle Caraïbe (Dothémare). Les autres zones d'activités sont réparties à Baillif, Saint-Claude, Gourbeyre, Lamentin, Sainte-Rose, Petit-Bourg et le Moule, et totalisent 160ha et, à quelques exceptions près, ont du mal à se remplir. Dans certaines zones d'activités importantes comme Jarry, le commerce et les services marchands coexistent avec l'industrie et l'artisanat. Ces différentes activités se côtoient le plus souvent de façon non organisée, si ce n'est que les commerces préfèrent s'installer en façade des voies principales. Seule la Pointe-Jarry est marquée par des activités industrialo-portuaires ; elle est incluse dans un périmètre à risques. 3.3. L’ARMATURE URBAINE L'armature urbaine de la Guadeloupe se caractérise par la multiplicité et la diversité ; les particularismes géographiques, le poids de l'histoire, des rythmes différenciés de développement économique expliquent une structure urbaine marquée par l’existence d’une part de deux pôles polyvalents différenciés regroupant plus de la moitié des populations et correspondant aux agglomérations constituées autour de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre et, d’autre part, d’un réseau hiérarchisé de pôles secondaires, répartis pour l’essentiel sur l’étroit cordon littoral, mais en relation avec de vastes bassins de vie. 3.3.1. UN BIPÔLE URBAIN NETTEMENT DIFFÉRENCIÉ A/ L'agglomération pointoise: une formidable concentration Le fort développement économique et urbain de l'agglomération pointoise, métropolisation, se traduit par une importante concentration des hommes et des comme conséquences négatives un cumul de dysfonctionnements (difficultés nuisances...), une détérioration du cadre de vie, des coûts élevés d'urbanisation et le de situations de marginalisation et d'exclusion. en cours de richesses avec de circulation, développement Siège de grands équipements et de services régionaux à vocation d'échanges, de formation, de recherche et de santé, l'agglomération doit faire face à une évolution complexe et à des déséquilibres territoriaux : urbanisation extensive sur des espaces agricoles et ruraux qui engendre un accroissement très important des flux automobiles, croissance et répartition inégales du logement locatif, accroissement des déplacements domicile-travail, redéploiement excentré des activités et des services qui fragilise le rôle historique de la ville-centre. ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DU PÔLE POINTOIS COMMUNES EN 1990 EN 1999 VARIATION DE LA POPULATION ENTRE 1990 ET 1999 Absolue Pointe-à-Pitre Baie-Mahault Lamentin Petit-Bourg Les Abymes Le Gosier Morne-à-l’Eau Sainte-Anne Total 26 029 15 036 11 334 14 867 62 605 20 688 16 042 16 934 183 535 20 948 23 389 13 434 20 528 63 054 25 360 17 154 20 410 204 277 -5 081 8 353 2 100 5 661 449 4 672 1 112 3 476 20 742 Solde naturel 2 869 2 681 1 250 1 819 6 777 2 748 1 398 1 883 21 425 SUPERFICIE DENSITÉ AU KM2 Solde migratoire (En km2) En 1990 En 1999 -7 950 5 672 850 3 842 -6 328 1 924 -286 1 593 -683 2,66 46,00 65,60 129,88 81,25 45,20 64,50 80,29 515,38 9 785 327 173 114 771 458 249 211 356 7 875 508 205 158 776 561 266 254 396 B/ L'agglomération de Basse-Terre : une dynamique de rééquilibrage La pression est restée beaucoup moins marquée sur Basse-Terre qui concentre en revanche une grande partie des emplois administratifs de l’Archipel. Basse-Terre s’est néanmoins replacée dans un mouvement de mutations qui, bien que ne permettant pas aujourd'hui d'afficher une croissance notable de population, rend compte d'une grande capacité à renouveler la ville-centre sur elle-même et à dynamiser le développement de l’agglomération. Elle est confirmée dans ses fonctions dominantes par la concentration des fonctions et des services administratifs, politiques et culturels. Les atouts de développement sont liés à la dimension historique et patrimoniale et à la présence de lieux de références porteurs d'identité, de lisibilité et d'animation. Des vocations nouvelles sont aujourd'hui mises en œuvre : vocations économiques spécifiques s'appuyant sur la valorisation des potentialités naturelles, maritimes et littorales, fonctions d'animation, fonctions culturelles, fonctions universitaires. ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DU PÔLE DE BASSE-TERRE COMMUNES Basse-Terre Saint-Claude Gourbeyre Baillif Vieux-Fort Vieux-Habitants Trois-Rivières Total EN 1990 EN 1999 14 003 10 316 6 330 6 004 1 478 7 373 8 556 54 060 12 410 10 237 7 642 5 837 1 601 7 611 8 738 54 076 VARIATION DE LA POPULATION ENTRE 1990 ET 1999 SUPER FICIE Absolue Solde naturel Solde migratoire (en km2) -1 593 -79 1 312 -167 123 238 182 16 1 201 739 647 491 92 722 801 4 693 -2 794 -818 665 -658 31 -484 -619 -4 677 5,78 34,30 22,52 24,30 7,24 58,70 31,10 184,00 DENSITÉ AU KM2 En 1990 En 1999 2 423 301 281 247 204 126 275 294 2 147 298 339 240 221 130 281 294 3.3.2. UNE STRUCTURE COMMUNALE HIÉRARCHISÉE Héritiers d’une histoire diversifiée par micro-région ou terroir, les villes moyennes et bourgs sont fortement diversifiés. Quelques communes continuent à apporter aux larges bassins de vie qu’elles structurent une part importante des fonctions urbaines qui leur sont nécessaires mais sont en même temps fortement dépendantes des deux agglomérations capitales : leur poids démographique et leur croissance sont inversement proportionnels à la distance qui les sépare de Pointe-à-Pitre et, de manière beaucoup moins sensible, de Basse-Terre. Pour une part importante des services, les îles proches se rattachent essentiellement aux pôles urbains de la Guadeloupe continentale avec la particularité de Grand-Bourg, centre de services, vis-àvis de l’île de Marie-Galante. LES VILLES DE PLUS DE 10000 HABITANTS HORS AGGLOMÉRATION DE POINTE-À-PITRE ET DE BASSE-TERRE COMMUNES Saint-Martin Sainte-Rose Capesterre-Belle-Eau Le Moule Saint-François POPULATION 1999 DENSITÉ 1999 29 078 17 574 19 568 20 827 110 659 546 148 189 251 175 ÉVOLUTION DES DENSITÉS 1990-1999 + 2,0% + 25,4% + 2,7% + 15,1% + 33,6% 3.4. LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORTS ET DÉPLACEMENTS 3.4.1. LES INFRASTRUCTURES ROUTIÈRES Le réseau routier guadeloupéen est relativement jeune car il n'a véritablement commencé à être développé que depuis les années 60. En l'absence de tout transport par voie ferrée et compte tenu de la faible utilisation du transport maritime, sauf à destination des îles proches, la route assure la quasi totalité des déplacements de personnes et de marchandises. Aujourd'hui, pour l'ensemble de l'archipel, le réseau routier se décompose entre environ 340km de routes nationales, 600km de routes départementales et 1560km de voies communales, soit un total de 2500km. Les principaux axes de Guadeloupe sont les suivants: axe concerné RN 1 RN 2 RN 3 RN 4 RN 5 RN 6 RN 7 RN 8 RN 9 RN 10 RN 11 RD 23 RD 24 RD 32 DÉSIGNATION De Basse-Terre à Pointe-à-Pitre par Capesterre-Belle-Eau De Basse-Terre à Pointe-à-Pitre par Deshaies (dite route de la côte sous le vent) De Basse-Terre à Matouba (Saint-Claude) De Pointe-à-Pitre à Saint-François par Sainte-Anne De Pointe-à-Pitre à Saint-François par Morne-à-l'Eau et Le Moule De Morne-à-l'Eau à Anse-Bertrand via Port-Louis Saint-Martin - tour de l'île entre les deux frontières avec Sant Marteen De Morne-à-l'Eau (Bazin) à Anse-Bertrand via les Mangles Marie-Galante : de Saint-Louis à Capesterre de Marie-Galante De la RN1 (échangeur de Jabrun) à Jarry (entrée du port autonome) Dite "Rocade nord" : de la RN1 (échangeur de la Jaille) à la RN5 ( échangeur de Providence) via l'aérogare nord du Raizet Dite Route des Mamelles, de la RN1 (échangeur de Versailles) à la RN2 (carrefour Mahault à Pointe-Noire) Dite voie principale de Jarry, de la RN1 (Pont de la Gabarre) à la RN10 Dite Voie Verte, de la RN1 (Échangeur de La Jaille) à la RN10 linéaire en km 62 89 10 35 44 27 17 16 24 6 8 25 2 2 La carte jointe situe ces axes et en précise les caractéristiques. L'organisation du territoire de la Guadeloupe "continentale" se caractérise par l'existence d'un pôle économique centré sur Pointe-à-Pitre - Abymes (50% des emplois environ) et d'un second pôle centré sur Basse-Terre (15% des emplois environ) regroupant les fonctions administratives. Les études confirment l’importance de l’itinéraire Basse-Terre - Pointe-à-Pitre et des liaisons entre l'agglomération Pointoise et Petit-Bourg, Sainte-Rose, Morne-à-l’Eau, Sainte-Anne. Il n'y a actuellement quasiment pas d'alternative à la route pour répondre à la demande de transport, tant pour les personnes que pour les marchandises. Ainsi, le trafic routier est en constante progression (4 à 6% par an, plus dans certains secteurs). Les trafics les plus élevés sont situés aux abords de l'agglomération Pointoise, supérieurs à 60 000 véhicules/jour pour les tronçons les plus chargés. Le parc dépasse 130 000 véhicules et, chaque jour, on estime à plus de 50 000 les personnes changeant de commune pour rejoindre leur lieu de travail et entre 5 et 6 millions les kilomètres parcourus. Le trafic sur le réseau structurant (cf. carte annexée) est donc très important, surtout aux entrées des principales agglomérations. En moyenne, il a doublé depuis 1986. Quant au taux d'accroissement estimé pour les prochaines années, il restera compris entre 4% et 5%, du fait notamment de la poursuite de l'équipement des ménages en véhicules (actuellement à 58%, alors qu'il atteint 78% à 80% en métropole). Quant au transport de marchandises interne à la Guadeloupe continentale, il est exclusivement routier. Il est caractérisé par un grand nombre de petits transporteurs (supérieur à 500, artisans principalement). Les transports liés à l'activité bâtiment travaux publics représentent 70% du total, mais la part de poids lourds dans le trafic total n'excède pas 5%, ce qui est faible. Toutefois il est plus important aux abords de l'agglomération pointoise et il peut induire des difficultés très importantes sur les tronçons d'itinéraires en limite de saturation et dans les zones aux caractéristiques géométriques réduites. Depuis quelques années, avec une seule usine sucrière en Guadeloupe continentale, la liaison nord Basse-Terre/Le Moule (section Gardel) est particulièrement difficile au moment de la récolte. Ainsi, certaines sections du réseau routier sont aujourd’hui saturées ou en limite de saturation, en particulier dans l'agglomération pointoise, et ce malgré les investissements substantiels réalisés ces dernières années avec notamment la construction de la rocade nord qui offre un deuxième franchissement de la Rivière Salée et une accessibilité meilleure du nord de la Grande-Terre depuis la Basse-Terre. 3.4.2. DES TRANSPORTS TERRESTRES À ORGANISER Pour le transport collectif routier, il existe une offre peu organisée et très dispersée (environ 550 services réguliers et 250 services scolaires, assurés principalement par des artisans). Leur part de marché diminue et est estimée aujourd'hui à moins de 20% des déplacements de personnes, ce qui reste significatif comparé aux taux observés dans des agglomérations de taille similaire en métropole. Ces transports sont essentiellement concentrés aux abords des agglomérations de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre. Le service est donc abondant mais il reste à organiser. Certains aspects de la notion de service public mériteraient d'être améliorés (respect des horaires, cohérence des tarifications, organisation de correspondances, offre de transport en heures creuses). Par contre, un atout incontestable du système actuel est son coût faible pour l'usager et pour la collectivité. 3.4.3. LES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES Les infrastructures portuaires qui seront décrites de manière détaillée dans le SMVM (identification en l’état actuel et orientations les concernant) sont des outils essentiels d’échange pour l’archipel. TRAFIC DE FRET MARITIME TOTAL (en millions de tonnes) NOMBRE D’ESCALES NAVIRES FRET 1993 2,4 1994 2,6 1995 2,6 1996 2,9 1997 2,9 1998 2,9 1764 2009 1832 2000 1950 2099 1997 543 240 689 1472 1998 418 176 715 1309 TRAFIC PASSAGERS (EN MILLIERS) CROISIÈRES INTER-ÎLES INTRA-ARCHIPEL TOTAL 1993 262 190 560 1012 1994 313 210 590 1113 1995 458 200 700 1358 1996 611 244 682 1537 L’activité portuaire est dominée par le port de Pointe-à-Pitre/Jarry (plus de 90%), et cela en cohérence avec la concentration des activités économiques sur cette zone. Le port de Basse-Terre a, quant à lui, fait l’objet d’investissements suite aux dommages cycloniques de 1995. Il a enregistré, en 1998, un trafic de l’ordre de 65000t pour le fret et de 4000 passagers. Son développement représente un enjeu stratégique (découverte par les croisiéristes du patrimoine basseterrien, exportation de la banane, sécurisation des approvisionnements...). 3.4.4. LES INFRASTRUCTURES AÉROPORTUAIRES La desserte de l’archipel est assurée par : • la nouvelle aérogare «Pôle Caraïbes» mise en service en février 1996 et conçue pour 2,5 millions de passagers. S’y ajoute un ensemble d’opérations d’amélioration des infrastructures : piste, desserte, bâtiments de services... ; • sur Saint-Martin, l’aéroport de Juliana, dans la partie hollandaise, a également un statut international et dessert les îles du nord de l’archipel (510 700 passagers en 1997) ; une série d’aérodromes (un pour chaque île), dont deux sont ouverts à la circulation aérienne publique : Saint-François et Marie-Galante, en plus du Raizet, et cinq à usage restreint : Baillif, Les Saintes, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et La Désirade. • TRAFIC PASSAGERS, EN MILLIERS, PAR RÉSEAU, EN 1998 (HORS TRANSIT) Europe et divers Antilles-Guyane Caraïbes Amérique du Sud Domestique Amérique du Nord Total 1995 1996 1997 1998 977 267 170 106 201 1541 1091 289 178 110 20 688 1125 300 181 126 19 751 1155 325 163 145 18 1807 VARIATION 1998/1995 +18,3% +21,9% -4,5% +36,3% -12,7% +17,3% Source : Antiane Eco n° 41, juin 1999 - Chambre de Commerce et d’Industrie de Pointe-à-Pitre. Les liaisons avec l’Europe restent très largement majoritaires avec près de 65% du trafic. La libéralisation partielle de la desserte aérienne de la Guadeloupe (1986), outre une augmentation notoire du nombre de passagers (+52% en quatre ans), s’est traduite par une nouvelle répartition du marché entre compagnies françaisesiv. Dans un contexte où les liaisons avec les Caraïbes et les Amériques (hors Antilles-Guyane) restent modestes (11% du trafic) les parts de marché des compagnies étrangères sont marginales (en revanche, American Airlines assure 39% du trafic de l’aéroport de Juliana à Saint-Martin). Le réseau domestique (archipel) enregistre des progressions moindres (25% en quatre ans) en raison de la concurrence du transport maritime assuré par des vedettes rapides pour les îles proches. 3.5. LES INFRASTRUCTURES DE L’ÉNERGIE 3.5.1. BILAN ÉNERGÉTIQUE La Guadeloupe se caractérise par une croissance soutenue de la consommation totale de l’énergie évaluée en 1998 à 800 000 tonnes équivalent pétrole, contre 679 700 TEP en 1996 et 650 000 TEP en 1995. Cette croissance est imputable à différents paramètres : • • • • • • la croissance démographique ; le niveau moyen de consommation encore très inférieur à celui de la métropole (1,9 TEP/hab./an contre 3,9 TEP/hab./an) ; l’équipement croissant des ménages et des entreprises, notamment en matière de climatisation ; l’important taux de motorisation ; les besoins croissants liés à l’évolution de la fréquentation touristique ; l’intensité des événements cycloniques. ÉVOLUTION DE L’ÉNERGIE TOTALE LIVRÉE AU RÉSEAU EDF Énergie totale en GWh Taux annuel de progression 1994 862 +5,3% 1995 916 +6,2% 1996 974 +6,3% 1997 1048 +7,6% 1998 1136 +8,4% 3.5.2. SITES DE PRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT DE LA PART DES ÉNERGIES RENOUVELABLES En 1998, plus de 90% de l’énergie produite l’était à partir d’hydrocarbures et des centrales thermiques. Jarry nord EDF Jarry sud EDF Jarry Énergie Antilles Marie-Galante EDF Désirade EDF Les Saintes EDF ÉNERGIE 1998 EN GWh 742,3 281,3 0 10,1 1,8 0,1 La centrale bagasse-charbon du Moule (SIDEC, EDF, Air Liquide) a livré 53,5 GWh en 1998. En 1984, la Région et l’ADEME ont lancé le plan régional pour la maîtrise de l’énergie (P.R.M.E.) avec la volonté de porter à 25% la part des énergies renouvelables dans la production de l’électricité. Ce plan confère à la Guadeloupe le statut d’un nouveau pôle de compétence aux échelles nationale, européenne et caribéenne. Les installations sont les suivantes : SITE ÉNERGIE LIVRÉE EN 1998 EN GWh 0,9 1,6 12,4 6,9 2,0 23,2 TYPE D’ÉNERGIE La Désirade Marie-Galante Carbet Bananier Baillif Bouillante Énergie éolienne Énergie éolienne Énergie hydraulique Énergie hydraulique Énergie hydraulique Géothermie En 2000, ces sites produiront 12% de l’électricité livrée au réseau interconnecté et permettront une économie de 100 000 tonnes de pétrole. ❏❏❏ S’agissant des évolutions en cours et à moyen terme, il convient de signaler : • • que l’arrivée de la centrale thermique du Moule (fin 1998) et de la centrale Énergie Antilles (fin 1999) sera compensée par le déclassement des moyens EDF de Jarry sud (1999) ; en conséquence, la progression des puissances installées sera quasiment identique jusqu’en 2004 ; • à partir de 2004, de nouveaux déclassements de moyens EDF ne permettront plus de garantir une parfaite adéquation puissance installée/puissance nécessaire ; les déficits, estimés à 40 MW en 2007 et 170 MW en 2010, et ce malgré la progression des énergies renouvelables, imposeront un nouveau site de production ; • enfin, la législation actuelle, qui impose un stock minimal correspondant à 73 jours de consommation (stocks stratégiques), n’est pas respectée. CAPACITÉ RÉELLE MOYENNE DE STOCKS Essence Gazole Fioul lourd 72 jours 50 jours 50 jours Carburéacteur 45 jours Le besoin en nouveaux stockages d’hydrocarbures est donc immédiat. 3.6. LES GRANDES FONCTIONS COLLECTIVES 3.6.1. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE : L’AVENIR 3.6.1.1. Enseignement supérieur ❏ L’Université des Antilles et de la Guyane (U.A.G.) • Sur le site de Fouillole à Pointe-à-Pitre, l’Université des Antilles et de la Guyane accueille aujourd’hui, en Guadeloupe, 5464 étudiants en formation initiale et 652 en formation continue. Jeune, elle subit depuis quelques années le contrecoup du développement très rapide et important du nombre de ses étudiants. En effet, depuis 1986, les effectifs de la formation initiale ont globalement plus que doublé en Guadeloupe (+123%). Il en va de même de la formation continue dont les effectifs ont été multipliés par 6. L’explosion ne s’est pas accompagnée de l’indispensable adaptation des structures existantes, d’où : • une suroccupation des espaces construits, liée à des déficits très importants en locaux ; • l’absence de certaines fonctions indispensables à l’enseignement, à l’accueil, aux échanges entre équipes et à la vie sur les campus ; • l’inadaptation fonctionnelle de certaines entités. Le domaine universitaire de Fouillole accueille l’Unité de Formation et de Recherche (U.F.R.) de Sciences Exactes et Naturelles (S.E.N.), l’U.F.R. de Sciences Juridiques et Économiques (S.J.E.), l’U.F.R. de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (S.T.A.P.S.), la Faculté de Médecine, l’Antenne de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines (L.S.H.), le complexe sportif, la bibliothèque universitaire, le bâtiment administratif, la résidence universitaire, le Service d’Éducation Permanente et de Formation continue (S.E.P.F.C.) et bientôt le Laboratoire de biologie marine. • Sur le site de Saint-Claude se développe depuis deux ans l’Institut Universitaire Technologique (I.U.T.), avec deux départements : gestion des entreprises et agroalimentaire. ❏ Les autres sites de formation • L’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (I.U.F.M.) à Pointe-à-Pitre. • Les sections de techniciens supérieurs réparties sur 8 lycées du territoire guadeloupéen (5 en Basse-Terre, y compris le lycée agricole, et 3 en Grande-Terre), accueillent environ un millier d’étudiants qui représentent 16% des effectifs de l’enseignement supérieur en Guadeloupe. • Les autres structures d’enseignement supérieur préparent soit à des formations spécifiques (classe préparatoire aux écoles supérieures de commerce), soit à des diplômes selon les modalités de la formation continue. L’enseignement supérieur se caractérise en Guadeloupe par deux phénomènes : • une offre encore trop limitée de formation et de filières en particulier technologiques (hormis BTS) et dans les deuxième et troisième cycles universitaires ; • une concentration de l’activité d’enseignement supérieur sur l’agglomération pointoise. 3.6.1.2. Recherche La Guadeloupe dispose du plus important dispositif de recherche de l’outre-mer français, avec un effectif de 650 permanents. À côté de la recherche universitaire localisée à Fouillole, le noyau dur est constitué par des centres, instituts ou laboratoires régionaux des grands organismes de recherche français largement répartis sur le territoire : • Institut National de la Recherche Agronomique (I.N.R.A.) à Petit-Bourg, Le Moule et Petit-Canal ; • Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (C.I.R.A.D.) à Capesterre-BelleEau, Petit-Bourg et Vieux-Habitants ; • Institut de Physique du Globe de Paris (I.P.G.P.) à Gourbeyre ; • Institut Pasteur à Pointe-à-Pitre ; • Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (I.N.S.E.R.M.) à Pointe-à-Pitre ; • Bureau de Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M.) aux Abymes. Les organismes d’appui et de transfert de technologie et ceux ayant partiellement des activités de recherche viennent compléter le dispositif. 3.6.2. SANTÉ 3.6.2.1. Le réseau des équipements sanitaires Au 30 septembre 1999, les équipements sanitaires de la région sont constitués de : • • 10 établissements publics de santé : 1 centre hospitalier universitaire, 5 centres hospitaliers, 1 centre hospitalier spécialisé «psychiatrie», 2 hôpitaux locaux et 1 centre de soins de longue durée (centre gérontologique du Raizet) ; 13 établissements de santé privés à but lucratif. Ces équipements s’articulent autour de deux pôles principaux : • • le centre hospitalier universitaire Pointe-à-Pitre/Abymes, avec vocation régionale, et qui couvre l’ensemble de l’archipel ; le centre hospitalier général intercommunal de Basse-Terre/Saint-Claude. 3.6.2.2. L’adaptation du réseau La révision du schéma régional d’organisation sanitaire, approuvé le 19 janvier 1995, est en cours. Son approbation interviendra au début de l’an 2000. Le rôle du schéma régional d’organisation sanitaire est d’assurer une satisfaction optimale des besoins de la population en fixant, pour les installations, équipements et activités de soins qu’il couvre, une distribution géographique cohérente. Le schéma régional d’organisation sanitaire général se distingue du schéma régional d’organisation sanitaire de psychiatrie qui sera approuvé et mis en application dès la fin de 1999. Il détermine l’ensemble des structures intra et extra hospitalières de prise en charge de la santé mentale. Une nouvelle sectorisation vise à désengorger le centre hospitalier de Monteran-Saint-Claude dans le souci de soigner les malades mentaux au plus près de leur domicile. Sur cette même lancée, la carte sanitaire de psychiatrie, spécifique à la Région Guadeloupe et jusque là inexistante, verra le jour début 2000. Dans le cadre des études engagées, les nouveaux schémas régionaux d’organisation sanitaire et la carte sanitaire de la Région Guadeloupe poursuivront les objectifs fixés, à savoir : • restructuration hospitalière tant dans le secteur public que dans le secteur privé gagée par la transformation progressive de l’excédent du nombre de lits et places d’hospitalisation. • développement des alternatives à l’hospitalisation : hospitalisation de jour ou à domicile, chirurgie ambulatoire, etc. ; • renforcement de la vocation régionale du centre hospitalier universitaire Pointe-à-Pitre, tant dans le domaine des soins que dans celui de l’hébergement ; • développement de la coopération interrégionale. 3.6.3. LA CULTURE : CIMENT DE LA SOCIÉTÉ GUADELOUPÉENNE L’occultation historique, pratiquée durant des décennies, a laissé croire aux Guadeloupéens que ni eux ni leur territoire n’avaient d’histoire et de patrimoine culturel, en dehors du folklore, qui a d’ailleurs sa place comme partout ailleurs mais qui ne saurait représenter à lui seul le passé d’un peuple et de son terroir Les conséquences de cette occultation pouvaient être minimisées tant que la société de tradition orale s’appuyait sur des structures familiales et des règles de vie commune solidement ancrées. La destruction de cette armature rend urgentes la protection et la valorisation des racines culturelles pour continuer à nourrir cette capacité de création et d’innovation dont témoigne en particulier nombre d’artistes, littérateurs, musiciens guadeloupéens. Dans une société riches d’apports divers et de métissages multiples, l’expression culturelle foisonne. On peut néanmoins identifier de nombreuses composantes fédératrices parmi lesquelles : ❏ Les sites archéologiques et historiques Plusieurs lieux d’archéologie ainsi que des sites historiques ont été repérés. Une soixantaine de monuments sont d’ailleurs inscrits ou classés. Les sites de l’histoire industrielle sont implantés sur tout le territoire guadeloupéen, y compris sur les dépendances îliennes (moulins, aqueducs, habitations, distilleries, sucreries, manioqueries, etc.). ❏ Les traditions musicales et vestimentaires L’héritage musical est fondé sur des instruments, des techniques et des rythmes spécifiques. Certains d’entre eux font appel aux souvenirs les plus lointains, mais aussi les plus viscéraux du monde guadeloupéen. La tradition vestimentaire, ses significations sociales et ses rites doivent trouver un refuge afin que ces témoins de notre passé puissent être transmis aux générations actuelles. ❏ Le langage et les traditions mythologiques Le langage fait partie du patrimoine culturel, notamment parce qu’il est le véhicule de la représentation du monde. Le créole guadeloupéen commence à être enseigné, il convient d’oeuvrer pour sa reconnaissance de langue régionale. La mythologie guadeloupéenne est riche de sa diversité antillaise et constitue l’un des instruments de compréhension, tant des mentalités que des structures fondamentales de la société. ❏ La tradition du carnaval Le carnaval a su rester en Guadeloupe un moment fort et authentique de mobilisation et de création populaire. Il constitue ainsi un événement culturel d’importance dont la valorisation doit par ailleurs contribuer à améliorer l’attractivité touristique du territoire ; l’impact économique est d’autant plus significatif que l’organisation et l’animation des différentes festivités carnavalesques générent dans toutes les communes un nombre non négligeable d’emplois. 3.6.4. LE SPORT : LA PROMOTION D’UNE VALEUR ❏ Le sport : champ d’excellence guadeloupéenne et facteur de cohésion sociale Le sport est tout à la fois une activité dérivative et un vecteur de valeurs. Des sportifs guadeloupéens de très haut niveau contribue régulièrement au rayonnement de la France dans la compétition mondiale. ❏ Les équipements sportifs La plupart des équipements composant le parc actuel ont été réalisés entre 1962 et 1975 pour satisfaire la pratique du football, largement répandue, ou promouvoir des disciplines dites de base (athlétisme, natation) : • des stades (football et athlétisme) ont été réalisés dans toutes les communes de la Guadeloupe ; • deux piscines olympiques de 50m sont implantées : l’une sur l’agglomération de Pointe-à-Pitre, l’autre sur la Basse-Terre ; quatre bassins de 25m complètent ces installations ; • i onze salles couvertes et une dizaine d’équipements sportifs de proximité existent. Saint-Kitts et Nevis, Antigua et Barbuda, la Dominique, Sainte-Lucie, la Barbade, Saint-Vincent et Grenadines, Grenade, Trinitad et Tobago. ii Hors les données relatives aux échanges avec la Martinique et la Guyane française. iii De même que la Martinique. iv Françaises ou d’origine française (Air Liberté et AOM).