chapitre i état actuel du développement, de l`aménagement et de l

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chapitre i état actuel du développement, de l`aménagement et de l
CHAPITRE I
ÉTAT ACTUEL DU DÉVELOPPEMENT,
DE L’AMÉNAGEMENT
ET DE L’ENVIRONNEMENT
1 - ÉTAT ACTUEL DU DÉVELOPPEMENT
1.1. LA GUADELOUPE PAYS DE L’ARCHIPEL
1.1.1. LES CONTRASTES DE L’ENVIRONNEMENT NATUREL
Formée de deux îles principales, la Basse-Terre (950km2) et la Grande-Terre (570km2), la
Guadeloupe dite continentale est le foyer d’une constellation de six îles : Marie-Galante (150km2,
située à 14 milles de la Guadeloupe), les deux îles des Saintes (14km2, à 6 milles), la Désirade
(25km2, à 5 milles), Saint-Martin (50km2, à 137 milles) et Saint-Barthélemy (24km2 à 112 milles), soit
un territoire d’une superficie totale d’environ 1780km2.
L’ensemble constitué de la «Guadeloupe continentale» et des «îles proches» — Marie-Galante, Les Saintes, La
Désirade — est situé au tiers septentrional de l’arc des Petites Antilles, par 61° de longitude ouest et 16° de
latitude nord. Le continent sud-américain (Venezuela) est à 600km et la Floride à un peu plus de 2000km. À
environ 240 km au nord, les «îles du nord» — Saint-Barthélemy et Saint-Martin — se situent par 62° de
longitude ouest et 18° de latitude nord.
La Guadeloupe est une entité administrativement unifiée et géographiquement éclatée. Elle présente globalement
des principes d’unité et des éléments de diversité.
❏ Principes d’unité
Ces principes concernent :
•
l’appartenance géographique à l’arc des petites Antilles courant entre le 12° et 18° de latitude
nord, qui est aussi l’arc de la créolité ;
•
l’appartenance à la zone climatique tropicale avec son alternance entre la saison plutôt sèche «le
carême » (de janvier à mai) et celle plutôt humide «l’hivernage» (de juin à décembre) ;
•
l’appartenance, commune à l’ensemble des Antilles grandes et petites, à une zone de risques
naturels majeurs ;
•
enfin, le fait même, commun à toutes les îles, de l’importance géographique et naturelle du littoral.
Pour l’ensemble de la Guadeloupe, qui compte 34 communes, seule une commune ne dispose
pas de littoral (Saint-Claude). Le linéaire côtier représente 680 km, ce qui, comparé à une surface
de 1700 km2, est le rapport le plus élevé de tous les départements métropolitains et d’outre-mer.
❏ Éléments de diversité
L’archipel guadeloupéen offre une très grande diversité de milieux naturels et de paysages ; cette diversité se
retrouve rarement ailleurs en telle abondance sur un espace aussi réduit. Elle se décline de multiples manières,
rendant compte des constituants essentiels des paysages et des caractéristiques écologiques :
•
diversité du sous-sol opposant par exemple la Basse-Terre et les Saintes à la lithologie
volcanique, à la Grande-Terre et à Marie-Galante à la lithologie essentiellement calcaire ;
•
diversité du relief différenciant nettement les deux îles principales composant la Guadeloupe dite
continentale : Basse-Terre (le point culminant des Petites Antilles à la Soufrière 1467m) et
Grande-Terre (point culminant à 326m dans la région des Grands-Fonds) ;
•
diversité de la pluviométrie réalisant par exemple un contraste fort entre les sommets de la BasseTerre (précipitations moyennes aux environs de 4000mm/an) et les autres composantes du
territoire régional ;
•
diversité des couvertures du sol, à l’origine d’une palette diversifiée d’espaces naturels ou
agricoles allant du paysage de cactus de Saint-Barthélemy à la sole cannière dominante en
Grande-Terre et Marie-Galante jusqu’aux bananeraies de la Côte-au-Vent de Basse-Terre, dont
tout le centre est recouvert par la plus grande forêt primaire des petites Antilles (près de
20.000ha) ;
•
enfin, diversité de la nature et des formes du littoral où se présentent successivement des
secteurs de falaises, des secteurs d’alluvionnement favorisés par la présence d’une barrière
corallienne, des zones humides de mangroves et d’anses sableuses, de linéaires rocheux et de
secteurs marécageux ou de lagune.
1.1.2. LES CONTRASTES DE L’ENVIRONNEMENT HUMAIN
Les hommes, comme les paysages, sont le résultat d’apports successifs sur des périodes historiquement courtes.
Ce télescopage humain et temporel et ces éléments de diversité se sont combinés pour donner naissance à une
civilisation originale. La Guadeloupe est un archipel à diversité humaine qui a su construire sa cohésion
identitaire.
A/ La Guadeloupe, archipel à diversité humaine
La pluralité des origines ethniques est encore perceptible dans les îles de la Guadeloupe. Caraïbes, Normands,
Bretons, Anglais, Africains, Espagnols, Indiens, ont marqué et marquent encore de leurs empreintes l’archipel
guadeloupéen.
Le caractère archipélagique même, les différences de développement et la diversité géographique, y compris à la
seule échelle de la Guadeloupe «continentale», ont conduit parfois à des replis sur soi et à des évolutions
différenciées. La brutale confrontation aux valeurs du monde dit moderne ne s’effectue donc pas sur des bases
identiques.
Le rapport à la terre, à la propriété, à l’héritage, au travail, à l’habitat et au logement, des groupes ethniques ou
sociaux est différent selon les modèles comportementaux transmis à chaque génération, et qui gardent des traces
vivaces du statut social en vigueur pendant la période d’esclavage ou après son abolition.
Les habitudes alimentaires et les coutumes vestimentaires, les rapports familiaux, les croyances témoins de la
représentation du monde extérieur contribuent à constituer une mosaïque dont chaque partie revendique son droit
à la différence.
La sociologie guadeloupéenne est marquée par l’existence d’une singularité vivace, sourcilleuse quant à sa
reconnaissance soit en tant que personne soit en tant que groupe, rendant difficile de ce fait la prise de mesures
dont la trop grande uniformité négligerait ces particularismes.
B/ Une civilisation originale, résultat d’un alliage de traditions
Il n’est pas de civilisation sans le vecteur commun d’un langage. Le créole en est un. Il identifie, rapproche et
gomme certaines aspérités des disparités sociales et ethniques.
Le territoire façonne les hommes, crée les liens en les obligeant à partager la subsistance tirée de la terre, à faire
appel aux ressources des savoir-faire et des connaissances de chacun et en les forçant à les échanger. La
nécessité de cette combinaison fait de chaque guadeloupéen, appuyé sur ses spécificités, un contributeur en
puissance à la civilisation commune.
La fusion des coutumes, l’échange des traditions, l’assimilation des différences ont fourni les bases d’une culture
commune. Celle-ci s’exprime dans le quotidien aussi bien que dans l’expression artistique.
La spontanéité des réactions, la convivialité, traduisent la construction d’une civilisation de la proximité, connue
et assumée notamment par les représentants élus du peuple. Les moments de grande communion populaire et de
partage d’une identité commune ont l’occasion de s’exprimer au travers des symboles que sont les victoires des
sportifs de haut niveau en provenance directe du terroir de l’archipel ou issus de la diaspora guadeloupéenne.
1.1.3. UNE GÉOGRAPHIE DE BASSINS
Malgré la diversité de ses territoires, la Guadeloupe s’organise autour :
❏ du Bassin vert
Il s’identifie à la Basse-Terre. C’est une région volcanique, au relief accidenté et où les lieux de vie
sont rythmés par cet environnement typé. On y distingue deux grandes zones : le nord Basse-Terre et
le sud Basse-Terre, cette dernière accueillant la capitale administrative de la région : la ville de BasseTerre.
❏ du Bassin saléen
Il s’identifie à la Grande-Terre, région se caractérisant par de grandes plaines terminées de plages au
sable blanc. On y distingue :
•
•
•
le pôle économique Pointe-à-Pitre-les Abymes, à forte concentration de population et d’activités
économiques ;
le pôle de la Riviera, au sud, à vocation touristique ;
le Nord Grande-Terre, moins développé que les deux précédentes composantes territoriales.
❏ du Bassin des îles
Il se décompose en deux sous-ensembles :
• les îles proches : Marie-Galante, les Saintes, la Désirade ;
• les îles du Nord, plus lointaines : Saint-Martin et Saint-Barthélemy, la première étant divisée en
deux parties sans véritable frontière l’une française, l’autre hollandaise).
1.2. LA DUALITÉ D’APPARTENANCE : PROBLÉMATIQUE DU PAYS DE L’ARCHIPEL
La Guadeloupe est une des composantes de l’arc antillais mais elle est aussi partie intégrante de la
République Française et, de ce fait, de l’Union Européenne. Cette double appartenance n’est pas
sans conséquences sur l’état du développement socio-économique de l’archipel des «huit îles».
1.2.1. L’ARC ANTILLAIS : FRATERNITÉ ET CONCURRENCE
Au sein des Petites Antilles, les îles indépendantesi ont créé leur marché commun, le CARICOM.
Leurs échanges sont orientés pour l’essentiel vers les USA et le Canada, qui sont aussi le premier
foyer générateur des investissements et clientèles touristiques dont elles bénéficient. Cette orientation
prioritaire est évidemment plus marquée encore pour les îles ou archipels relevant de la souveraineté
des USA (Îles Vierges et Porto Rico).
Ce sont également dans certaines de ces îles, et notamment les plus grandes d’entre elles — Porto
Rico, Trinidad-Tobago —, que des investissements, pour l’essentiel américains, ont permis d’établir
des industries de main-d’œuvre (électronique, confection) ou même des industries plus capitalistiques,
fondées alors, il est vrai, sur l’exploitation de ressources minérales dont est dépourvue la Guadeloupe
: bauxite en Jamaïque, raffineries de pétrole à Curaçao et Trinidad.
Ces développements économiques jouent beaucoup sur la compétitivité-prix suscitée dans ces îles
par un coût de la main-d’œuvre sensiblement plus faible que dans les Antilles françaises. À ce titre,
l’insertion de la Guadeloupe dans l’arc antillais est placée dans le registre d’une concurrence forte visà-vis des productions essentielles de l’archipel que sont l’économie touristique et les productions
agricoles tropicales.
On observe par ailleurs que les échanges de la Guadeloupe avec le monde caribéen et l’Amérique du
Nordii sont faibles en valeur absolue et relative :
Trafic passagers aériens
(données CCI ; aéroport de Pôle-Caraïbes ; 1998)
Importations de marchandises (en millions de F ; 1998)
Exportations de marchandises (en millions de F ; 1998)
VALEUR
ABSOLUE
191 000
VALEUR
RELATIVE
11%
2 060
60
19%
7%
La Guadeloupe est certes partie prenante de l’arc antillais quant à l’histoire et l’identité, d’où la notion
d’arc de la créolité. Mais il est clair qu’elle y est, quant au système économique et social et quant à
l’état du développement, un isolat singulieriii.
C’est pourquoi son appartenance à la République Française est bien le facteur essentiel de
compréhension de l’état de développement socio-économique qui est le sien.
1
Saint-Kitts et Nevis, Antigua et Barbuda, la Dominique, Sainte-Lucie, la Barbade, Saint-Vincent et Grenadines,
Grenade, Trinitad et Tobago.
1
Hors les données relatives aux échanges avec la Martinique et la Guyane française.
1
De même que la Martinique.
1.2.2. LA MÉTROPOLE ET L’UNION EUROPÉENNE : GARANTS DE LA SOLIDARITÉ
La Guadeloupe, comme les autres départements d’Outre-Mer, est une projection des systèmes
métropolitains d’encadrement de la vie collective par les grands services publics que sont l’éducation,
la santé, l’administration générale et la protection sociale.
L’idée est bien d’assurer, à ce titre, une équivalence globale entre l’outre-mer et la métropole, ce qui
n’a pas été le cas dans la plupart des autres îles des Antilles vis-à-vis de leurs métropoles
respectives.
De cette situation, qui est aussi une volonté politique, résultent deux grandes conséquences :
•
•
l’importance des transferts depuis la métropole et l’Union Européenne ;
le rôle tout à la fois de moteur et de régulateur joué par la dépense publique.
Les transferts et la dépense publique — qui sont une recette pour les ménages ou les entreprises —
constituent autant d’éléments explicatifs du rôle prédominant joué par la consommation dans
l’économie de l’archipel.
Ils représentent environ 50% en termes de contributions à la richesse. Ils se retrouvent plus encore au
niveau de l’emploi puisque Administrations et Commerce-Distribution représentent près de 55% du
total régional de l’emploi, là où le taux de chômage avoisine les 30% .
Si le déficit correspondant de la balance commerciale s’établit à 10 milliards de francs, soit plus de
35% de la valeur du P.I.B., il est à noter cependant qu’il est en partie compensé par l’excédent de la
balance des services grâce aux activités de l’économie touristique d’une part et par les exportations
de l’agriculture, pilier de l’économie, d’autre part.
Il convient enfin de souligner, comme l’indique la balance des échanges, qu’une part des revenus
ainsi distribués dans l’archipel constituent des ressources pour des produits et services métropolitains.
1.3. UNE ARCHITECTURE ÉCONOMIQUE FONDÉE SUR DEUX PILIERS
Hors ce qui vit des activités soit publiques soit de commerce-distribution, l’économie guadeloupéenne
compte deux «moteurs» principaux relevant du secteur marchand :
•
•
le tourisme : un secteur a fort potentiel de développement
l’agriculture, véritable pilier de l’économie de l’archipel.
1.3.1. LES TOURISMES : UN SECTEUR À FORT POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT
Le tourisme en Guadeloupe est un phénomène relativement récent, son développement actuel
correspond à une phase de décollage.
Il n’est pas directement mesurable dans la comptabilité économique. En ayant recours aux
hypothèses et ratios habituels dans ce domaine, on peut toutefois évaluer sa contribution productive à
environ 11% de l’économie guadeloupéenne.
Il se compose de quatre sous-ensembles et cette diversité explique la richesse potentielle de l’archipel
à cet égard :
•
•
•
•
le tourisme de séjour ;
le tourisme de découverte ;
le tourisme de croisière ;
le tourisme de plaisance.
A/ Le tourisme de séjour
De 1986 à 1999, la capacité hôtelière de l’archipel a plus que doublé, permettant d’affirmer la
Guadeloupe en tant que destination balnéaire. Cette forte progression s’est opérée grâce à la
conjugaison de trois facteurs :
•
la progression de la demande, le soleil venant de plus en plus concurrencer la neige pour les
départs en vacances en saison d’hiver ;
•
la libéralisation du trafic aérien avec pour résultat l’accroissement du nombre de sièges et la forte
réduction des tarifs ;
•
la défiscalisation qui a permis la mise en place de lits en relation avec l’offre accrue de sièges
aériens.
CAPACITÉ HÔTELIÈRE EN % DU NOMBRE DE CHAMBRES
1986
1990
1993
1995
1996
1997
1998
TOTAL CHAMBRES
4 102
6 066
7 798
7 917
8 294
8 530
8 371
GRANDE-TERRE
BASSE-TERRE
LES SAINTES
SAINT-MARTIN
SAINT-BARTHÉLEMY
TOTAL
57%
6%
3%
22%
12%
100%
43%
5%
2%
42%
8%
100%
44%
5%
1%
42%
8%
100%
47%
7%
1%
37%
8%
100%
46%
7%
1%
38%
8%
100%
48%
7%
1%
36%
8%
100%
47%
7%
4%
35%
7%
100%
Source : données IEDOM, rapport annuel 1998.
L’offre hôtelière est aujourd’hui concentrée (82%) en deux pôles principaux :
• la Riviera au sud Grande-Terre ;
•
et Saint-Martin.
Cette forte évolution a permis un triplement de la fréquentation touristique en une dizaine d’années,
passant de 227 000 à 660 000.
Les potentialités sont en la matière importantes et pourraient se traduire par un doublement à l’horizon
du schéma d’aménagement régional.
B/ Le tourisme de découverte
Il est fondé sur la richesse du patrimoine naturel et répond à l’une des tendances fortes de l’évolution
de la demande. Il complète de plus en plus le tourisme de séjour.
En ce sens, le patrimoine naturel doit être considéré comme le «fonds de commerce» du tourisme
guadeloupéen et justifier toutes les mesures de valorisation face à des fréquentations en forte
croissance.
C/ Le tourisme de croisière
À l’échelle mondiale, le marché de la croisière est en forte progression avec pour leader le marché de
la clientèle américaine (+7%/an).
La région Caraïbes est devenue une destination privilégiée et, au sein de celle-ci, la Guadeloupe qui
présente un ensemble d’avantages concurrentiels comparés à d’autres destinations : patrimoine
naturel et urbain, capacités d’alimentation en eau potable, infrastructures d’accueil, sécurité...
À ce titre, Pointe-à-Pitre y a déjà conquis le statut de port-base.
ANNÉE
1987
1988
1989
1990
1991
1992
NOMBRE DE
PASSAGERS
(ENTRÉES ET SORTIES)
70 000
60 000
180 000
260 000
280 000
240 000
ANNÉE
1993
1994
1995
1996
1997
1998
NOMBRE DE
PASSAGERS
(ENTRÉES ET SORTIES)
262.000
313 000
458 000
611 000
543 000
418 000
Source : Port Autonome de la Guadeloupe.
Le tourisme de croisière est un secteur à fort potentiel pour deux motifs :
•
les croisiéristes de la croisière de transit reviennent souvent sur l’une de leurs destinations, et
cela constitue une opportunité exceptionnelle de développement ;
•
la croisière basée — cas de Pointe-à-Pitre — constitue sur le territoire une véritable activité
économique permanente impliquant de nombreux métiers et permettant de valoriser les
infrastructures terrestres.
Cependant, les chiffres en baisse des deux dernières années révèlent des facteurs de fragilité
et/ou d’intensification de la concurrence dans l’arc antillais.
D/ Le tourisme de plaisance
L’atout de la Guadeloupe pour la plaisance est d’être un archipel et donc de disposer d’une mer
«intérieure» qui permet de rythmer les croisières. Cette configuration est particulièrement adaptée à
une demande en forte croissance tant en Amérique du Nord qu’en Europe.
La plaisance s’organise aujourd’hui autour des équipements suivants :
• la marina de Bas du Fort à Pointe-à-Pitre (1000 places) ;
•
•
•
la marina de Rivière Sens [Gourbeyre] (300 places) ;
la marina de Saint-François [Grande-Terre] (170 places).
Le port du Doigt de Gant (ou marina Port la Royale) à Saint-Martin a une capacité de 90
anneaux, 11000m2 de plan d'eau, 1800m2 de terre-plein. Le port de Longvillier à l'Anse Marcel
dispose d'une capacité de 130 anneaux et la marina Oyster Pond une centaine d’anneaux.
La navigation de plaisance est à l’origine de flux économiques soit très généraux (avitaillement), soit
très spécialisés sur des savoir-faire précis : motorisation, matériaux composites, réfrigération,
désalinisation... L’activité de location de bateaux implique enfin toute une filière regroupant la gestion
des déplacements, de l’hébergement, de l’entretien...
❏❏❏
Levier déterminant du développement économique, le tourisme n’en est pas moins confronté à un
ensemble de difficultés qu’il s’agit de lever :
•
la montée des concurrences de destinations comme Cuba ou Saint-Domingue ;
•
la concentration des hébergements sur la Riviera et Saint-Martin ;
•
une clientèle essentiellement métropolitaine et une faible part de clientèle étrangère limitée aux
îles du Nord ;
•
une valorisation insuffisante du tourisme nautique, plus particulièrement pour la plaisance : les
infrastructures d’accueil lourdes (marinas) ou légères (mouillages) sont insuffisantes.
1.3.2. L’AGRICULTURE, L’AUTRE PILIER DE L’ÉCONOMIE
Produisant essentiellement des services, la Guadeloupe est très fortement dépendante de l’extérieur.
L’agriculture est le seul secteur guadeloupéen exportateur de marchandises (sucre, banane, melon,
fleurs).
La filière agricole pèse environ 10% du total de la valeur ajoutée et de l’emploi dans l’économie
guadeloupéenne soit une part voisine de celle du secteur tourisme. L’agriculture représente aussi le
quart de l’économie productive, ce qui illustre mieux son importance en Guadeloupe.
La part de l’agriculture dans la valeur ajoutée de la Guadeloupe est le double de ce qu’elle est en
métropole. Le ratio emploi/production est particulièrement élevé en Guadeloupe pour l’agriculture.
1.3.2.1. Deux filières dominantes
A/ La filière canne à sucre
Elle demeure l’un des fondements de l’économie et même de la société guadeloupéenne : elle a
connu, depuis plusieurs décennies, un déclin important qui semble aujourd’hui enrayé, laissant même
à la filière des perspectives de développement dans le cadre d’une Organisation Commune des
Marchés (l’OCM-sucre) pérennisée.
A1/
Le déclin passé
Il se constate à la considération des éléments suivants :
•
la production a chuté de 1 600 000 tonnes au début des années 60 à une moyenne de
600.000 tonnes lors des dernières campagnes ;
•
la surface utilisée a décru dans des proportions similaires : de 25 000 hectares à environ
12 600 hectares ;
•
A2/
l’appareil industriel de transformation de la canne en sucre s’est fortement concentré.
Désormais, seules deux usines subsistent : Gardel au Moule (Grande-Terre) et GrandeAnse pour les bassins canniers de l’île de Marie-Galante.
Une filière soutenue par les pouvoirs publics : l’OCM-sucre
L’OCM-sucre protège la filière des concurrences tant des autres producteurs de canne à sucre
que des producteurs de sucre à partir des betteraves cultivées dans l’Union Européenne.
Cette protection s’exerce au double niveau d’une garantie des prix (requérant l’intervention
d’une aide compensatoire substantielle) et de quotité, soit 1.500.000 tonnes à ce prix garanti.
La production actuelle — de 600.000 tonnes à 700.000 tonnes dont 50.000 tonnes pour les
distilleries— est nettement inférieure au contingent à prix garanti. De plus, ce volume se situe
encore en dessous du seuil de rentabilité industrielle des deux usines (environ 800.000 tonnes).
A3/
Le rhum
Trois types de rhum sont produit en Guadeloupe :
•
•
•
le rhum agricole fabriqué par une dizaine de distilleries. Mis en vieillissement pendant au
moins sept ans, il donne naissance au «rhum vieux» ; l’un et l’autre constituent des produits
de qualité d’appellation d’origine ;
le rhum industriel ou de distillerie produit par trois sociétés ;
le rhum léger.
La production totale exprimée en hectolitre d’alcool pur (HAP) se situe entre 40000 et 70000 par
an.
A4/
Des perspectives de développement
À moyen et long termes, la pérennité globale de l’OCM-sucre fournit un contexte favorable au
développement de la filière. La préservation et même un certain accroissement de la sole
cannière et la poursuite de l’amélioration des rendements assureront dans de bonnes conditions
la rentabilité des usines et les exportations vers la métropole et l’Union Européenne.
B/ La filière banane
Considérée comme une culture traditionnelle, elle est en fait devenue culture d’exportation après le
cyclone de 1928.
Jouissant d’un régime européen de protection, l’OCM-banane, cette spéculation constitue depuis
quelques années la première filière d’exportation de l’agriculture guadeloupéenne en volume et en
valeur.
Dès lors, on pourrait penser qu’elle devrait constituer le point d’appui essentiel du développement de
l’agriculture.
Mais deux facteurs se conjuguent pour inciter à un diagnostic de prudence s’agissant de perspectives
de croissance :
•
les événements climatiques — cyclones — dont la fréquence s’est accrue lors de ces dernières
années — 1994, 1995 et de nouveau 1998, 1999 — ont frappé durement les bananeraies de la
Basse-Terre Côte au Vent et durablement fragilisé la filière ;
•
l’OCM-banane est soumise à des évolutions très sensibles résultant des arbitrages de
l’organisation mondiale du commerce (O.M.C.). La filière risque d’être moins «garantie» par
l’ « OCM-banane » qu’elle ne le fut dans le passé mais d’autres types d’aides viendront
compenser cette évolution.
C’est pourquoi le constat d’un volume de production — de 80.000 tonnes à 120.000 tonnes selon les
années — sensiblement inférieur à celui du contingent à prix garanti — 150.000 tonnes — invite à une
certaine prudence quant aux perspectives, le contingent de 150.000 tonnes restant l’objectif de la
filière.
1.3.2.2. Les autres cultures végétales
L’ensemble des autres cultures vivrières, maraîchères et patrimoniales couvre une superficie de près
de 6000ha. Dans un contexte marqué par la prédominance de la spéculation cannière et bananière,
ces autres productions végétales dites de diversification contribuent essentiellement à l’alimentation
du marché interne, à l’exception du melon (de 1500 tonnes à 2000 tonnes produites) exporté vers
l’Europe et, dans une moindre mesure, des fleurs ornementales.
Les nombreuses tentatives de diversification qu’a connues l’agriculture guadeloupéenne depuis
quelques années n’ont pas en général, sauf pour le melon, obtenu des résultats satisfaisants à
l’export mais il existe encore sur le marché local de larges possibilités de reconquête : les cultures de
diversification qui représentent actuellement près de 40% de la production agricole finale ne couvre
que 60% des besoins locaux ; .
Les années à venir verront également s’intensifier les efforts en faveur des cultures patrimoniales qui
peuvent bénéficier de « marchés de niche ». Certains résultats ont déjà été atteints pour certaines
d’entre elles (en particulier le café), notamment dans la zone périphérique du Parc National
1.3.2.3. L’élevage
Après l’échec de la plupart des structures collectives de commercialisation mises en place en début
des années 90, l’élevage à la Guadeloupe se caractérise par une production animale de type familial,
qui concerne notamment les bovins, les cabris créoles, les porcs et les volailles. Il existe quelques
exploitations semi-industrielles de porcs et de volailles ; si la production d’œufs frais est proche de
l’autosuffisance le taux de couverture de la demande .
1.4. DÉMOGRAPHIE : DÉCÉLÉRATION ET INVERSION DES FLUX
En longue période, la Guadeloupe a connu des évolutions très contrastées en relation essentiellement
avec la plus ou moins forte intensité des phénomènes migratoires.
POPULATION
(EN MILLIERS)
1954
1961
1967
1974
1982
1990
1999
229
283
313
324
328
387
422
TAUX DE
CROISSANCE
ANNUEL (EN %)
+3,00
+1,70
+0,50
+0,20
+0,20
+2,07
+0,98
Lors de la dernière décennie, la croissance reste soutenue mais en décélération. Cela tient à
quelques grandes tendances de nature différente.
•
Globalement, le taux de fécondité décline depuis quelques années dans les Antilles et
s’appliquera à des effectifs d’âge moins importants, en valeur absolue, que précédemment.
Sur la dernière décennie, il reste encore le seul facteur explicatif de la croissance démographique.
1982-1990
1990-1999
SOLDE NATUREL
+ 36 543
+ 44 181
•
Le solde migratoire présente, en longue période, une évolution discontinue. Fortement négatif
dans les années 60 et 70, quand l’émigration organisée et spontanée fut à son maximum, puis
très positif depuis 1980 quand au tarissement de l’émigration vers la métropole s’est ajouté
l’important flux migratoire de l’ensemble des Antilles.
Autant le taux de fécondité et le solde naturel relèvent de tendances structurelles, autant le solde
migratoire dépend des situations économiques conjoncturelles des Antilles dans leur ensemble et
de la métropole, sans compter les quelque 100 000 personnes nées en Guadeloupe et résidant
en métropole et les quelque 60 000 originaires de Guadeloupe mais nés en métropole.
1982-1990
1990-1999
SOLDE MIGRATOIRE
+ 22 044
- 8 638
❏❏❏
Le dernier recensement de 1999 indique que la population de la Guadeloupe aujourd’hui
(422 000 habitants) est en deçà des prévisions élaborées sur la base du recensement de 1990 qui
s’étageaient de 445 000 à 480 000 habitants (INSEE).
Compte tenu des tendances structurelles afférentes à la fécondité mais également de ce que l’on sait
des pôles d’immigration et des foyers d’émigration, tant aux échelles européennes qu’américaines, il
semble peu probable que la Guadeloupe retrouve les taux de croissance du passé.
La période récente apparaissant comme intermédiaire entre les périodes de stagnation et les périodes
de forte croissance, on pourrait la retenir comme hypothèse à 15 ans, conduisant à une population
d’environ 500 000 habitants.
2 - ÉTAT ACTUEL DE L’ENVIRONNEMENT - ESPACES NATURELS ET RISQUE
2.1. LES ESPACES NATURELS : UNE DIVERSITÉ EXCEPTIONNELLE
2.1.1. MOSAÏQUE DES ESPACES NATURELS ET DES UNITÉS PAYSAGÈRES
2.1.1.1. Éléments de diversité
A/ Diversité du relief
Cette diversité oppose les régions volcaniques aux régions calcaires.
❏ Les formations volcaniques
Élément principal de cet ensemble, la «Basse-Terre», exclusivement volcanique, possède le point le
plus élevé de toutes les Petites Antilles avec la Soufrière qui culmine à 1467 m.
-
La Basse-Terre :
•
au Nord des petits dômes des Mamelles, les édifices volcaniques sont essentiellement
constitués par la superposition de projections et de coulées laviques à disposition plus ou
moins rayonnante ;
•
au centre, les volcans forment l’armature de l’île et résultent de la superposition de coulées
massives et de formations volcaniques sous-marines ;
•
au sud, des édifices récents, aux formes structurales souvent bien conservées, s’organisent
essentiellement en deux ensembles autour du massif de la Madeleine et autour du massif de
la Soufrière ;
•
enfin, à l’extrémité sud, les Monts Caraïbes, volcans morphologiquement bien individualisés
dont l’activité a débuté sous la mer avec des émissions basaltiques, terminent la chaîne.
Aux littoraux bas et marécageux du nord-est s’opposent assez nettement les côtes à falaises du
reste de l’île. Selon la nature du matériel, ces falaises présentent un aspect varié.
-
Les Saintes
Exclusivement volcanique, cet archipel offre deux aspects différents. À l’ouest, Terre de Bas est
une île massive, circulaire, bordée de hautes falaises. Légèrement plus récente, Terre de Haut est
beaucoup plus découpée et géologiquement plus complexe.
❏ Relief et modelé des régions calcaires
Monde à part dans l’archipel guadeloupéen, les pays calcaires se caractérisent par l’importance des
formes planes, malgré l’existence de quelques beaux accidents tectoniques.
-
La Grande-Terre
Île apparemment plate et basse, elle présente quatre entités bien marquées :
•
la région des plateaux du Nord est constituée de plateaux monotones, d’environ 50 m
d’altitude à l’Est, reliés entre eux par des escarpements de failles au pied desquels se sont
développées de larges plaines de corrosion karstique ;
•
les plateaux du sud-est, d’altitude plus faible (environ 20m), se définissent aussi par une
empreinte karstique plus forte. À la différence des plateaux du Nord, s’organise un réseau
hiérarchisé de vallées bien calibrées, à fond plat ;
•
les Grands-Fonds correspondent au relèvement brusque de la série calcaire. Le modelé est
celui d’un dédale de mornes et de dépressions présentant une grande anarchie apparente ;
•
vigoureusement inscrite dans le paysage, à 20 ou 30 m en contrebas des plateaux calcaires
du Nord et des Grands-Fonds, la dépression de Morne à l’Eau est longue de 12 km pour 2
de large en moyenne.
Le littoral Atlantique est un littoral d’émersion avec de nombreux secteurs de falaises mortes. À
l’opposé, le littoral occidental de Grande-Terre est formé, pour l’essentiel, de secteurs de
submersion.
-
La Désirade
L’originalité de cette île, de 11km de long pour 2 de large, réside dans l’existence d’un plateau
calcaire, «la Montagne», culminant à 276m. Le littoral sud-est est construit avec de nombreuses
plages et récifs soulevés.
-
Marie-Galante
Île dissymétrique, exclusivement calcaire, Marie-Galante est comme la Grande-Terre, basculée
vers l’Ouest. Cependant à la différence de cette dernière, l’épaisse masse calcaire (200 m) est
très homogène.
❏ Les îles du Nord
Le matériel de ces deux îles est essentiellement constitué de formations sédimentaires et volcanosédimentaires qui leur donnent des paysages tourmentés.
B/ Diversité de pluviométrie
La Guadeloupe se caractérise par des régimes pluviométriques très variables dans le temps et dans
l’espace.
En moyenne, pour un point donné, le rapport entre le mois le plus sec de la saison sèche ou carême
et le mois le plus arrosé de la saison des pluies peut être de 1 à 4.
La variabilité spatiale est également conséquente. La pluviométrie annuelle varie de moins de 1000
millimètres à plus de 5000 millimètres. La Grande-Terre et les îles proches sont des îles dites sèches
par opposition à la Basse-Terre qui est considérée comme «le château d’eau» de la Guadeloupe.
C’est le relief montagneux de cette dernière qui, conjugué aux flux véhiculés par les alizés
majoritairement de secteur est, explique le volume des précipitations.
La pluviométrie, le relief et la géologie expliquent également l’existence d’un réseau hydrographique
développé en Basse-Terre et quasiment inexistant sur la Grande terre et les dépendances.
C/ Diversité des écosystèmes
Des formations végétales qui se différencient sur plusieurs centaines de kilomètres en Amérique du
Sud se trouvent juxtaposées le long d’un parcours de quelques kilomètres sur l’île de la Basse-Terre.
La multiplicité d’écosystèmes différents et de leurs interpénétrations réciproques fonde en grande
partie l’originalité écologique de systèmes insulaires comme ceux de la Guadeloupe.
Le différentiel entre la demande en eau de l’atmosphère, l’évapotranspiration potentielle et les
précipitations annuelles est à l’origine de variations climatiques considérables sur de faibles distances.
Au delà de 300 à 400m d’altitude en Basse-Terre, le bilan hydrologique est positif tous les mois et la
forêt ne connaît pas de saison sèche : elle est sempervirente. À basse altitude, les précipitations se
compensent par l’évapotranspiration potentielle, supérieure à 1500mm par an, et les plantes
s’adaptent à une saison sèche plus ou moins longue, soit par rétention d’eau, soit en perdant leurs
feuilles.
Les principales unités écologiques terrestres actuels sont les suivantes :
•
Forêts semi-décidues (perdant en partie leur feuillage) qui, du fait du développement de
l’agriculture, n’existent plus aujourd’hui que sous forme de bois secondaires, dont certains servent
de refuge à une flore encore extrêmement riche ;
•
Forêts sempervirentes saisonnières (toujours vertes) qui n’existent plus que sous forme de
quelques reliques secondarisées. La majorité des terrains qu’elles occupaient ont été consacrés à
l’agriculture : la banane, la canne ou, sous le vent de la Basse-Terre, les jardins des
« habituées ». Cette unité écologique s’étend autour des massifs volcaniques de la Basse-Terre
et englobe aussi les régions basses de l’ouest de la Grande-Terre (plaine des Abymes, plaine de
Grippon, vallées des Grands-Fonds). La vallée de la Rivière Saint-Louis à Marie-Galante est
apparentée à cette même unité écologique ;
•
Forêts ombrophiles qui possèdent encore de vastes formations naturelles. Cet état est une
conséquence du fait que les sols y sont généralement impropres à l’agriculture. La composition
floristique et la structure des peuplements traduisent alors la diversité des conditions
environnementales locales ;
•
L’étage altimontain apparaît au dessus de 900m d’altitude au sud de la Basse-Terre et au
voisinage de la ligne de crêtes dans le nord de l’île (vers 550m). Ces forêts, de moins en moins
hautes, cèdent bientôt la place à de hauts fourrés auxquels succèdent enfin de bas fourrés
ligneux nommés «savanes d’altitude». L’instabilité des sols se traduit par de fréquents
glissements de terrain qui réamorcent localement la succession végétale et entretiennent, de fait,
des formations pionnières originales.
•
Les régions inondées restent confinées aux abords du littoral. Deux systèmes forestiers se
partagent ces milieux : la mangrove sous influence marine directe et la forêt marécageuse qui ne
supporte qu’une eau à peine saumâtre.
La plus grande mangrove des Petites Antilles se situe dans le Grand Cul-de-Sac marin, vaste baie
logée entre la Grande-Terre à l’est et la Basse-Terre à l’ouest.
La densité biologique des formations végétales naturelles de la Guadeloupe est très importante. À
titre d’exemple, la seule île de Marie-Galante recèle plus d’espèces d’arbres que la France
métropolitaine, et la Désirade, avec 100 espèces pour seulement 22 km2, à peine moins. L’île de
la Basse-Terre possède la flore la plus riche (342 espèces d’arbres) et la plus grande variété de
milieux : tous les écosystèmes antillais y sont représentés.
L’horizon supérieur des forêts ombrophiles du versant sous le vent constitue un véritable foyer de
biodiversité du nord au sud de la Basse-Terre, où le nombre d’espèces est exceptionnellement
élevé. La forêt des Bains Jaunes, sous le vent du massif de la Soufrière, est sans doute l’une des
plus riches des Petites Antilles.
Les unités écologiques marines ont les mêmes caractéristiques de densité sur un espace limité.
Le Grand cul-de-sac Marin recèle, à lui seul, les trois grandes unités marines : la mangrove, les
haliers de phénogames et les récifs coralliens.
Les récifs de l’archipel constituent globalement un réservoir de biodiversité d’un intérêt majeur :
les systèmes coralliens de la côte sous le vent sont parmi les plus riches de la Caraïbe.
2.1.1.2. Principes d’unité
La mise en valeur agricole de la Guadeloupe s’amorce en 1635 avec l’établissement des premiers
colons français sur le littoral occidental de la Basse-Terre. S’amorce alors une transformation du
paysage naturel qui va progressivement gagner l’ensemble des zones basses de l’île montagneuse,
puis aborder avec le siècle suivant la Grande-Terre où se développera le maillage caractéristique de
la production sucrière.
Ce schéma évoluera peu durant le XIXe siècle.
Avec le développement de la culture bananière (1930-1940) dans le sud de la Basse-Terre, la
géographie agricole de la Guadeloupe va changer.
Géologie, géomorphologie, climatologie, végétation, occupation du sol, structures foncières et
répartition de l’habitat se combinent, dans des proportions chaque fois différentes, pour engendrer des
paysages bien typés, voire des terroirs, suscitant le sentiment d’appartenance à une alchimie
spécifique des conditions naturelles et du savoir-faire des hommes.
•
La côte sous le vent, terroir entre mer et montagne à la topographie accidentée, offre un
paysage littoral varié, entaillé de grandes vallées profondes. L’agriculture, en fait une
agroforesterie, y a développé des produits à forte typicité : café, cacao, vanille, fruits…Des fonds
coralliens, un littoral préservé et des reliefs méconnus en font un terroir à fort potentiel
d’écotourisme.
•
La montagne centrale, de la forêt altimontaine du nord au sud de la Basse-Terre jusqu’aux
Monts Caraïbes, est la zone de densité biologique maximale et la ressource en eau de la
Guadeloupe continentale. C’est aussi un paysage naturel de grande beauté devenu rare dans la
Caraïbe.
•
La côte au vent, témoin de l’identité paysagère duale, cannière au nord, bananière au sud,
présente un paysage qui s’organise autour des grandes unités agricoles. Au nord, de vastes
parcelles de canne d’où l’arbre est exclu offrent un paysage de grande qualité, en contraste de
teinte et de structure avec la montagne forestière. Au sud, les bananeraies ont un aspect sombre
et plus forestier, elles sont marquées par des haies végétales, des ravines non cultivées et une
présence plus proche de la forêt mésophile.
•
Le Grand cul-de-sac Marin, terroir «en soi», à la fois terrestre et marin, s’organise autour des
mangroves et des forêts inondées qui en font l’unité.
•
Les Grands Fonds, terroir de «marronnage» avant l’abolition de l’esclavage, possèdent un
paysage particulièrement original par les formes du relief et l’occupation du sol. Les vallées
encaissées et sinueuses, au tracé capricieux, à fond plat tapissé d’argile de décalcification,
contrastent avec des mornes aux versants raides et convexes (pentes de 30 à 40°) au sol
squelettique. Les fonds de vallées ou «coulées», au sol épais, fertile et humide, souvent inondés
en saison des pluies, portent des cultures variées. C’est aussi un territoire de grande richesse
floristique et faunistique, où par ailleurs la nappe phréatique utilisable est la plus développée.
•
Le plateau calcaire de la Grande-Terre, séparé en deux par la dépression de Morne-à-l’Eau, est d’abord
un paysage cannier remarquable, marqué par les vestiges des moulins à vent, et dont l’identité à été
particulièrement bien préservée dans le nord Grande-Terre. Ce terroir dispose également d’une côte
atlantique aux falaises d’une grande qualité paysagère.
•
Marie-Galante offre un paysage agricole et naturel tout à fait remarquable. En outre, l’île recèle des zones
de très grande qualité biologique comme la baie de Folle Anse.
•
Les « îles sèches », c’est-à-dire les deux îles du nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy), ont chacune une
identité bien spécifique mais ont en commun de grandes qualités paysagères et aussi de grandes difficultés
d’approvisionnement en eau.
2.1.2. LES PRINCIPALES PROTECTIONS DU PATRIMOINE ENVIRONNEMENTAL
2.1.2.1. Les protections réglementaires
❏ Le Parc National (loi de 1960)
Dernier des parcs nationaux français créés à ce jour, c’est le seul dans un département d’outre-mer.
❏ Les réserves naturelles (loi de 1976)
Quatre réserves naturelles protègent des territoires littoraux et marins parmi les plus riches de
l’archipel. Il s’agit de :
•
•
•
•
la réserve marine et terrestre du Grand Cul-de-Sac Marin créée en novembre 1987 ;
la réserve marine de Saint-Barthélemy créée en octobre 1996 ;
la réserve marine et terrestre de Saint-Martin créée en septembre 1998 ;
la réserve marine et terrestre des îlets de Petite Terre de la Désirade créée en septembre 1998.
Le classement des îlets Pigeon, des fonds marins qui les entourent et des faciès littoraux qui leur font
face est à l’étude sous forme de réserve naturelle.
❏ Les sites classés (loi de 1930)
Quatre sites classés protègent autant de paysages remarquables :
•
•
•
•
le Gros Morne et la Grande Anse de Deshaies, classés en avril 1980 ;
l’Anse à la Barque, sur les communes de Bouillante et de Vieux-Habitants, classée en mai 1980 ;
le Pain de sucre et la Baie de Pompière, à Terre de Haut aux Saintes, classée en mai 1991 ;
la Pointe des Châteaux, sur la commune de Saint-François, classée en mai 1997.
Au moins cinq projets sont à l’étude, dont deux (Pointe de la Grande Vigie et les falaises de MarieGalante) sont à un stade très avancé.
❏ Les sites inscrits (loi de 1930)
Il existe cinq sites inscrits qui viennent compléter les sites classés :
•
•
•
•
•
le Fort Marigot à Saint Martin, inscrit en décembre 1984 ;
la Sucrerie et la Batterie, Grande Pointe, à Trois-Rivières, inscrits en juillet 1986 ;
le bassin versant en arrière de Grande Anse à Deshaies inscrit en octobre 1986 ;
l’Anse à la Barque, sur les communes de Bouillante et Vieux-Habitants, inscrit en décembre
1986 ;
Terre de Haut en totalité, l’îlet Cabrit, le Grand îlet, et l’îlet de la Rotonde aux Saintes, inscrits en
décembre 1986.
❏ Les forêt bénéficiant de régimes de protection
• la forêt départementalo-domaniale issue de l’ancien domaine colonial couvre environ 28000ha ;
• la forêt domaniale du littoral issue des 50 pas géométriques couvrant environ 1500ha répartis tout
au long de la côte ;
• les forêts du Département, qui sont soumises au régime forestier, couvrent environ 1400ha.
• la mangrove, protégée au titre de l’article L 146-6 du code de l’urbanisme, couvre environ 7500ha.
❏ Les arrêtés de biotope (loi de 1976)
Huit arrêtés préfectoraux de protection du biotope ont été pris, entre décembre 1992 et mai 1998,
pour protéger des plages de ponte de tortues, des grottes à chauve-souris ou encore des habitats de
l’iguane commun ainsi que des milieux abritant des espèces végétales comme le gaïac, certaines
orchidées ou le cactus «tête à l’anglais».
❏❏❏
À ces protections il convient d’ajouter celles qui résultent du code de l’urbanisme et en particulier des
dispositions de la loi littoral que le schéma d’aménagement régional et en particulier son chapitre
S.M.V.M. ont pour objet d’identifier et de délimiter.
2.1.2.2. Le Conservatoire des Espaces Littoraux et Rivages Lacustres (CELRL)
En Guadeloupe, Le Conservatoire du Littoral a déjà acquis 8 sites représentant près de 300ha. Le
Conservatoire du Littoral est destiné également à obtenir la gestion des espaces naturels des 50 pas
géométriques, lorsque ceux-ci s’appuient à l’arrière des 50 pas sur des ensembles naturels
significatifs.
2.1.2.3. Les inventaires et labels internationaux
La qualité exceptionnelle des espaces naturels de la Guadeloupe est à l’origine de l’inscription de tout
ou partie d’entre eux à l’inventaire des sites RAMSAR (Grand Cul-de-Sac Marin en 1993) ou encore
dans les réserves mondiales de la biosphère (Basse-Terre et Grand Cul-de-Sac Marin en 1992).
Par ailleurs les autres zones d’intérêt écologique sont répertoriées dans les ZNIEFF.
2.2. LES RESSOURCES NATURELLES
Les deux principales ressources naturelles exploitées de l’archipel sont d’une part l’eau et d’autre part
les carrières.
2.2.1. L’EAU
La géologie et le climat très contrastés entre la Basse-Terre et la Grande-Terre conduisent à deux
types de ressource en eau très différentes et de volume très inégal.
Sur la Basse-Terre la ressource en eau est prélevée principalement dans les rivières qui prennent
naissance dans la zone centrale du Parc National. La qualité de cette ressource est donc préservée
des dégradations à l’amont des bassins versants mais subit l’impact des activités humaines à l’aval.
Les bassins versants présentent, à une exception près, des tailles réduites inférieures à 35km2. Seule
la Grande Rivière à Goyaves, qui se développe sur 40 kilomètres, possède un bassin versant
d’environ 150km2.
3
Les 17 captages de la Basse-Terre permettent de produire 85% des 55 millions de m nécessaires à
l’alimentation de la population. L’eau utilisée en Grande-Terre provient majoritairement du réseau de
transfert depuis les prises en rivières et les sources de la Basse-Terre.
Seuls 29 millions de m3, sur les 55 millions de m3 prélevés, sont facturés, ce qui signifie que le
rendement des réseaux est très faible (52%). Une amélioration de seulement 10% de ce rendement
constituerait une ressource supplémentaire de 5 millions de m3.
Les eaux souterraines de Grande-Terre constituent le principal aquifère de l’archipel
guadeloupéen. Leur exploitation couvre environ 15% des besoins en eau potable de la Guadeloupe
continentale et contribue également aux besoins en eau agricole et industrielle. Les eaux souterraines
de Marie-Galante assurent la totalité de l’alimentation en eau potable de ses habitants.
Pour les autres îles, la ressource en eau provient soit d’un transfert par conduites sous-marines
depuis la Guadeloupe continentale (les Saintes, la Désirade), soit de l’eau de mer par désalinisation
(Saint-Martin, Saint-Barthélemy).
2.2.2. LES CARRIÈRES
Les ressources disponibles dans l’archipel sont liées aux origines géologiques des territoires :
•
•
•
•
des granulats d’origine terrestre (volcanique) utilisés pour la fabrication de bétons hydrauliques et
des couches supérieures de chaussée ;
du tuf et des calcaires tendres pour remblais et couches de forme de chaussées ;
de l’argile pour briques et carreaux céramiques ;
du sable marin.
❏ Les granulats
Les granulats sont produits à partir de carrières de roches dures ou proviennent de matériaux de
rivières concassés, prélevés dans le cadre de campagnes d’entretien des rivières liées aux épisodes
cycloniques que subissent nos régions.
Les carrières actuelles se trouvent toutes dans le périmètre du S.M.V.M., mais les études menées
dans le cadre de l’élaboration du Schéma Départemental des Carrières (en cours d’adoption)
identifient de nombreux sites, en Basse-Terre susceptibles d’être exploités pour l’extraction de
matériaux.
Les besoins sont complétés par des importations de matériaux de Dominique et de Martinique
(300 000t/an).
❏ Les tufs et calcaires
Contrairement aux granulats de la Basse-Terre, ces matériaux sont facilement exploitables, sans gros
moyens techniques (explosifs notamment) et l’absence de règles techniques fines pour leur utilisation
font que la quasi totalité des Grands Fonds de la Grande-Terre et de Marie-Galante constitue un
gisement énorme pour les entreprises de travaux publics.
Sur la Grande-Terre, 110 zones d’extraction ont été comptabilisées dont 70 plus ou moins en activité.
Ces zones possèdent un impact extrêmement important sur les paysages, laissant apparaître des
fronts de taille dépassant parfois 50m.
2.3. L’ÉTAT DES NUISANCES
Les nuisances sont de trois types mais d’importance très inégale :
2.3.1. LES REJETS LIQUIDES
Il s’agit principalement des effluents domestiques insuffisamment traités ou rejetés sans traitement et
des rejets d’origine industrielle.
À l’heure actuelle moins de la moitié des stations d’épuration collective fonctionne correctement, les
principales causes de défaillance étant le manque d’entretien et la sous-capacité des ouvrages.
Pour les mini stations et les micro stations, le pourcentage de dysfonctionnements est difficile à
estimer mais est probablement supérieur. Le non-entretien des ouvrages en est la cause.
La pollution des eaux d’origine industrielle provient majoritairement de la filière canne. Le poids de
cette pollution est équivalent à celui de la pollution domestique (environ 400000 équivalents
habitants), avec un taux de traitement encore plus mauvais ; en effet seul un tiers du flux total subit
une dépollution et cette dépollution reste partielle. Cependant un programme volontariste impliquant
l’ensemble des partenaires, publics et privés, se met en place permettant d’envisager des marges de
progrès considérables.
2.3.2. LES DÉCHETS SOLIDES
Si la collecte des déchets est effectuée dans des conditions satisfaisantes sur la quasi totalité de la
Guadeloupe, le traitement est nettement insuffisant. La seule filière existante pour les déchets
ménagers est celle de la décharge contrôlée pour les quelque 300 000 tonnes de déchets produits par
an. Le plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés adopté en 1997 a
cependant déjà connu un début de mise en œuvre avec notamment la mise en place des premières
déchetteries et des premiers programmes de collecte sélective.
Dans ce domaine, les investissements prévus au cours des sept prochaines années permettront
d’améliorer nettement la situation par la construction des usines d’incinération et la réhabilitation
progressive des décharges existantes.
Les 11.000 tonnes annuelles de déchets industriels spéciaux produits en Guadeloupe sont
majoritairement des huiles usagées et des déchets d’hydrocarbures dont la collecte est globalement
bien assurée. Le plan régional d’élimination des déchets industriels spéciaux en cours d’adoption
prévoit une valorisation locale de ces déchets.
2.3.3. L’AIR
La pollution de l’air ne pose pas de véritable problème direct en Guadeloupe puisque, balayées par
les alizés, les émanations de fumées s’éloignent rapidement des côtes.
Les secteurs de l’énergie et des transports sont la plus grande source de polluants atmosphériques.
Les véhicules automobiles produisent 40% des 20.000 t/an de NOx et 100% des 4.500t/an
d’hydrocarbures embrûlés émis à l’atmosphère.
La Guadeloupe n’étant pas une région à proprement parler industrielle, 90% des rejets en SO2
(10.000t/an) et en poussières (800t/an) proviennent de la production d’électricité. La fermeture de
Jarry Sud au profit de la centrale bagasse/charbon est de nature à améliorer nettement la situation
des émission en SO2 et surtout NOx et, d’ici 2005, 25 % de l’electricité livrée au réseau interconnecté
d’EDF sera produite à base d’énergies renouvelables non polluantes, contre 4% en 1998.
Par ailleurs, d’ici 2001, l’application de la réglementation sur les stations services et les dépots
pétroliers amènerera à une récupération de la totalité des composés organiques volatils.
2.4. LES RISQUES NATURELS
2.4.1. L’ALÉA SISMIQUE
La proximité de la zone de subduction entre la plaque Amérique et la plaque Caraïbe et les réseaux de failles qui
parcourent les territoires font de l’archipel un espace soumis à un aléa sismique fort.
Les effets destructeurs d’un séisme sont de deux catégories :
•
les effets directs concernent les déformations liées aux vibrations résultant du passage des ondes et les
éventuelles ruptures à la source du tremblement de terre. Ils concernent l’ensemble du territoire. Des
particularités locales peuvent néanmoins modifier de manière significative ces effets :
- d’une part la configuration (topographie, géologie) du terrain peut modifier les valeurs du
signal vibratoire (amplitude, fréquence) ;
- d’autre part, des déformations du sol particulières peuvent se produire au voisinage des
failles, si celles-ci participent à la génération du séisme ;
•
les effets induits concernent, outre les phénomènes éventuels du type raz-de-marée, l’ensemble des
mouvements de terrain pouvant être provoqués par un séisme : glissements de terrain, voire de versant, sous
sollicitations sismiques ; éboulements et chutes des blocs rocheux en surplomb ; phénomène de
«liquéfaction» des sols qui provoque des pertes brutales de portance entraînant l’affaissement des bâtiments
ou leur effondrement par ruine des fondations.
La cartographie de synthèse établie par le BRGM en 1995 sur la base des atlas communaux des risques naturels
hiérarchise le territoire en fonction de sa plus ou moins grande susceptibilité aux mouvements de terrains, à la
liquéfaction des sols, aux effets de sites, à la présence de failles.
Ces travaux constituent une première référence permettant d’amorcer une politique de prévention à l’égard des
futures implantations urbaines.
Le diagnostic sur les sites anthropophisés actuels (étude GEMITIS sur Pointe-à-Pitre) oriente les dispositions de
confortement à prendre et les plans de secours à rendre opérationnels.
2.4.2. L’ALÉA VOLCANIQUE
L’éruption de 1976 du massif de la Soufrière, ses signes actuels d’activité, l’évacuation quasi totale des
populations de l’île de Montserrat à 60km au nord-ouest de la Basse-Terre, en 1999, suite à une éruption, donne
à l’aléa volcanique un caractère très présent.
L’aléa volcanique portant sur le massif de la Soufrière a fait l’objet d’études cartographiques à l’échelle du
1/25000e (rapport BRGM R 31 669 ANT 4S 90 - J Dagain, J. Ph. Rancon).
Trois cartes ont été réalisées :
•
•
•
le zonage des effets des éruptions phréatiques ;
le zonage des effets des éruptions magmatiques modérées à fortes ;
le zonage des effets des éruptions magmatiques paroxysmales (de type Mont Saint Helens 1980).
Il s’agit, dans le cas d’espèce, de se doter des moyens permettant d’organiser au mieux l’évacuation des
populations.
L’important dispositif de veille mis en place par l’Institut de Physique du Globe permet un suivi en continu de
l’activité volcanique et donc une mise en alerte éventuelle adaptée à la gravité de la situation.
2.4.3. LES ALÉAS LIÉS AUX CYCLONES ET AUX INONDATIONS
La situation de l’archipel l’amène à être régulièrement sur la trajectoire de tempêtes tropicales et de cyclones
destructeurs (Cléo le 22 août 1964, Ines le 27 septembre 1966, Hugo le 16 septembre 1989, Luis et Marilyn en
1995, José et Lenny en 1999 pour les plus récents).
Outre les dégradations infligées au bâti et aux cultures par des vents violents susceptibles de concerner le
territoire, les effets dus aux dépressions tropicales et aux cyclones sont de deux ordres :
•
•
•
marées de tempête ;
houles cycloniques ;
inondations pluviales et fluviales.
La houle cyclonique se forme à la périphérie du cyclone et peut entraîner des dégâts matériels importants sur les
côtes touchées.
Les marées de tempête provoquent des inondations marines importantes notamment au niveau des baies peu
profondes.
Les inondations fluviales et pluviales ont un effet très brutal du fait de l’intensité des précipitations et de
l’importance des dénivelés.
L’accumulation des terres et blocs forment embâcle, et les zones de plus faible pente sont envahies.
L’inondation pluviale concerne les zones de dépression topographique de la Grande-Terre et de Marie-Galante
qui n’offrent pas aux eaux de pluies d’exutoire et sont ainsi inondées lors des épisodes pluvieux intenses.
2.4.4. LES ALÉAS LIÉS AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN
Outre le séisme comme facteur déclenchant, la pluviosité, le drainage, la nature et l’épaisseur des différentes
couches géologiques, les modalités d’occupation par l’homme d’une topographie souvent chahutée sont la cause
de mouvements de terrain aux conséquences souvent dramatiques.
Le glissement de terrain est un phénomène affectant en général les roches «meubles», qui provoque le
déplacement d’une masse de terrain sur une surface de rupture. Lorsque le phénomène prend une ampleur
exceptionnelle, plusieurs dizaines d’hectares, on peut parler de glissement de versant.
Comme pour les autres risques, les Atlas communaux délimitent les zones les plus exposées à ce type de risque.
❏❏❏
Les différentes cartographies par type d’aléa qui ont été établies font apparaître pour l’Archipel une géographie
du risque :
•
pour partie uniforme : aucune zone n’est significativement épargnée par les vents cycloniques ou certains
effets directs d’un séisme ;
•
pour partie très différenciée : la topographie, la proximité de la mer, la nature des sols et sous sols sont autant
de facteurs pouvant amplifier de manière importantes la puissance destructrice de certains aléas.
Pendant longtemps, contraintes d’accostage, avatars de l’histoire, nécessité d’étendre la sole arable ont assez peu
tenu compte de cette géographie hiérarchisée du risque :
•
•
•
Pointe-à-Pitre et son agglomération ont été construites sur une zone à forte présence de failles actives et de
terrains liquéfiable ;
Basse-Terre et son agglomération sont implantées dans un périmètre soumis à l’aléa volcanique ;
toutes les communes, sauf Saint-Claude, sont littorales : une proportion importante de leur territoire est
susceptible d’être inondée...
2.5. UN PATRIMOINE BÂTI POTENTIELLEMENT STRUCTURANT
Le patrimoine bâti est harmonieusement réparti sur l’ensemble du territoire régional. Témoignage
concret de l’histoire guadeloupéenne dont il permet de retracer les différentes périodes, ce patrimoine
constitue la mémoire nécessaire à toute société mais il offre également des potentialités importantes
de développement économique (réhabilitation, rénovation, entretien, animation...) et touristique (offre
incitative d’un tourisme culturel de qualité).
2.5.1. LES VILLES DE FONDATION
Pointe-à-Pitre et Basse-Terre restent, dans ce domaine comme dans d’autres, deux pôles
structurants. Leur poids historique, leur fonction de capitale économique pour l’une, administrative
pour l’autre, leur situation géographique au sud de la Grande-Terre et de la Basse-Terre devraient
permettre d’atteindre un véritable équilibre entre l’agglomération pointoise urbaine, située aux portes
de la Grande-Terre et de son patrimoine sucrier, et le sud de la Basse-Terre, plus rural, pour partie sur
le territoire du parc national et riche du site archéologique majeur de Trois-Rivières.
2.5.2. LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL
Ces deux pôles structurants sont au cœur de plusieurs réseaux patrimoniaux constitués par :
• les forts et batteries ;
• les habitations sucrières et caféières;
• les usines et moulins ;
• les sites archéologiques ;
auxquels il faut ajouter le patrimoine domestique, urbain et rural.
Soixante sites environ sont protégés. Basse-Terre a obtenu le label du Ministère de la culture et de la
communication de «Ville d’art et d’histoire». Le même label devrait être accordé à Pointe-à-Pitre en
2000. La protection et la valorisation du patrimoine culturel guadeloupéen doivent toutefois être
renforcées sur la base d’un inventaire scientifique et exhaustif inscrit au prochain contrat de plan ÉtatRégion.
3 - ÉTAT ACTUEL DE L’AMÉNAGEMENT
3.1. L'AGRICULTURE ET LES ESPACES AGRICOLES : UNE RICHESSE À PRÉSERVER
ET À VALORISER
3.1.1. LES MULTIPLES ENJEUX DU SECTEUR AGRICOLE
L'activité agricole, de par sa triple fonction économique, environnementale et sociale, observe un rôle
essentiel dans la tenue et l’organisation de l’espace et la vie des territoires ruraux.
Les sols de grande valeur agronomique correspondent aux cultures traditionnelles cannes et bananes
(croissant basse-terrien, large bande nord-est en Grande-Terre, Marie-Galante). Avec les melonnières
de la frange littorale nord-est en Grande-Terre, l'ensemble constitue la zone des productions agricoles
d'exportation. Parce que ces produits constituent la principale richesse naturelle de la Guadeloupe et
parce qu'il existe une garantie de débouché à l'exportation en particulier en ce qui concerne la canne,
la fonction économique y est prédominante.
L'activité agricole, sur l'ensemble du territoire, remplit également une fonction économique indirecte en
raison de sa complémentarité avec l'activité touristique, autre secteur créateur de richesses en
Guadeloupe.
Le maintien de l'activité agricole dans les Grands Fonds, et dans certaines parties de Marie-Galante,
conditionne l'entretien de paysages de qualité. En côte sous le vent, sur la Basse-Terre, et certains
secteurs à Marie-Galante, où les pentes sont souvent fortes, les cultures protègent les sols de
l'érosion. Pour ces raisons, la fonction environnementale est prédominante dans ces zones.
L'activité agricole génère des emplois directs (chefs d'exploitation et salariés agricoles) et des emplois
indirects au sein du tissu rural qu'il anime ou encore dans les industries de transformation agroalimentaires. Cette fonction sociale de l'agriculture s'exerce donc sur l'ensemble du territoire. Elle est
particulièrement cruciale dans les territoires ruraux isolés (ex : l’île de Marie-Galante) où la population
active y est entièrement rurale et majoritairement agricole.
3.1.2. LE DIFFICILE RAJEUNISSEMENT DE L’AGRICULTURE
En 1997, près de 12000 exploitations agricoles ont été dénombrées contre 16500 en 1989, soit une
perte de 27% en 8 ans (- 3,5% par an).
Les chefs d'exploitation âgés de 50 ans et plus représentent près des deux tiers de l'ensemble. La
succession n'est pas assurée dans bon nombre de cas et nécessite d'être encadrée.
La taille moyenne des exploitations est stable, voire en légère progression. Cependant, voisine de
3ha, elle demeure très insuffisante en comparaison à la Surface Minimale d'Installation (SMI)
équivalente en Guadeloupe à 10ha de canne.
Outre quelques grandes exploitations cannières ou bananières convenablement structurées, les
exploitations agricoles guadeloupéennes sont de surcroît très morcelées et les parcelles qui les
composent sont petites et disséminées.
3.1.3. LES TERRES ARABLES: LA RÉDUCTION
Entre 1989 et 1997, soit en 8 ans, la surface agricole utilisée — SAU — a peu évolué. Cependant, les
terres arables sont passées de 30000ha à 24000ha, soit une diminution de 6000ha (- 20%). C'est une
perte considérable qui affecte les surfaces les plus intéressantes d'un point de vue économique. En
effet, cette diminution correspond principalement à celle des grandes cultures d'exportation (canne à
sucre, banane).
SURFACE AGRICOLE UTILISÉE
PAR NATURE DE CULTURE (EN HECTARE) :
Canne
Banane
Élevage
Légumes
Autres
Total
dont terres arables
Source DAF
1989
16 700 ha
7 300 ha
14 200 ha
3 800 ha
4 700 ha
46 700 ha
30 000 ha
1997
12 600 ha
5 700 ha
14 200 ha
3 000 ha
14 500 ha
50 000 ha
24 000 ha
3.1.4. LES POLITIQUES PUBLIQUES D’AMÉNAGEMENT FONCIER : DES ACQUIS
Le morcellement et la surface des parcelles, l’origine de la propriété, ainsi que les conditions
pédologiques ou climatiques ont nécessité, depuis de nombreuses années, la mise en place
d’opérations d’aménagement foncier dans le but principal de maintenir, voire de créer des
exploitations agricoles viables bénéficiant d’une structure foncière agricole satisfaisante. Il s’agit de la
réforme foncière, des opérations groupées d’aménagement foncier et du développement de
l’irrigation.
La réforme foncière mise en place dès 1980 s’inscrivait dans le cadre de la restructuration de la
filière canne-sucre-rhum avec pour objectif le maintien de la sole cannière et l’installation
d’agriculteurs associée à des groupements fonciers agricoles (GFA) propriétaires du foncier. Elle a
concerné au total 10600ha dont 6346ha de GFA pour lesquels elle a mobilisé 470 MF de crédits, soit
un coût à l’hectare de plus de 74000 F dont 24000 F pour les travaux d’amélioration foncière (voirie,
défrichement, drainage..). Il faut y ajouter les investissements en irrigation d'un montant au moins
équivalent.
Les engagements financiers publics accordés pour une utilisation agricole des terres doivent
impérativement être respectés par le maintien en agriculture des surfaces concernées par la
réforme foncière.
Le maintien des opérations groupées d’aménagement foncier (OGAF) est également une réponse
aux problèmes liés à l’aménagement foncier.
L’irrigation est un préalable au développement agricole notamment en Grande-Terre. Des réseaux
existent mais sont sous-exploités en raison d'un retard des équipements à la parcelle et d’une
insuffisante sécurité d’approvisionnement en eau. L'évolution souhaitée par la profession nécessite
l'utilisation de nouvelles ressources en eau par retenue de stockage, le renforcement des réseaux de
transfert et l'équipement des parcelles avec du matériel performant en matière de consommation
d'eau (système goutte à goutte, pivot...).
En 1989, il y avait près de 3000ha irrigués avec près de 1500 agriculteurs abonnés ; en 1997, les
chiffres correspondants sont 3600ha et 1900 abonnés. Le potentiel irrigable total est supérieur à
8000ha sur la Grande-Terre.
Il faut veiller à préserver "des ensembles agricoles cohérents". Deux ou trois maisons peuvent suffire
à compromettre un projet d’irrigation sur 50 ou 100 hectares, et mettre ainsi en péril les productions
correspondantes.
3.1.5. LA SURFACE AGRICOLE UTILISÉE FACE AU DÉFI FONCIER
L'évolution de la surface agricole utilisée résulte de la combinaison de deux facteurs : nombre
d'agriculteurs et taille moyenne des exploitations.
La taille moyenne des exploitations étant stable, voire en légère augmentation, la perte de S.A.U. est
donc imputable à la diminution du nombre d'agriculteurs.
La diminution du nombre d'agriculteurs résulte elle-même de :
• l’augmentation des départs ;
• la diminution des installations aidées.
Il n'y a pas de désintérêt pour l'activité agricole. Cependant l’installation se heurte essentiellement à
un problème foncier. Il est très difficile de trouver, à un prix raisonnable, une exploitation suffisamment
grande et bien structurée. C'est pourtant la condition sine qua non pour une installation viable et un
développement durable.
Cela soulève un double problème :
•
le foncier "bien de spéculation" prend le pas sur le foncier "bien économique" et "facteur
de production". La forte densité de population, la pression touristique, le retard des
infrastructures et la nécessité de préserver des espaces naturels peuvent expliquer cette
tendance lourde ;
•
aux exceptions notables des groupements fonciers agricoles de la réforme foncière et de
quelques grandes exploitations en faire valoir direct, le foncier est morcelé (exploitations de petite
taille), mal structuré (parcelles exiguës et disséminées) et le mode de faire valoir est parfois
archaïque
(colonage)
et
incertain
(indivisions).
3.2. LES ESPACES URBANISÉS
3.2.1. ÉTAT ACTUEL
3.2.1.1. Une mutation urbaine accélérée
A/ Une société désormais à dominante urbaine
La généralisation du phénomène urbain (urbanisation des références et des modes de vie) est
désormais en Guadeloupe une réalité indéniable ; en témoigne la répartition des emplois avec plus de
70% pour le tertiaire contre 10% pour l’agriculture.
Elle est, sauf bouleversement total, irréversible : le retour «à la terre» d’une part importante de la
population apparaît ici encore plus qu’ailleurs d’autant plus improbable que la surface agricole
potentielle est limitée (moins de 30% du territoire).
Ce basculement dans la modernité urbaine s’est traduit par une amélioration notable des grandes
prestations collectives à la population (santé, action sociale, éducation, infrastructures et moyens de
déplacement/communication). Ces prestations ont rattrapé en niveau celles servies en France
métropolitaine ; elles intéressent, grâce en particulier aux revenus de transferts qui compensent les
fortes inégalités encore très présentes la quasi-totalité des populations.
Par nature, cette mutation est en revanche profondément déstabilisante (brouillage des valeurs
identitaires et donc des modalités et règles d’occupation du sol) et ce d’autant plus qu’elle a été
extrêmement rapide et intéresse en conséquence des populations encore profondément marquées
par les traditions de l’habitat rural diffus.
B/ Une tradition rurale longtemps quasi-exclusive
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, l’essentiel des populations se répartissait d’une part sur les petites et
très petites exploitations (plantations des premiers colons, petites exploitations vivrières des «blancs
matignons», des «marrons» et des «affranchis», jardins créoles...) et, d’autre part, de manière
prépondérante au plan socio-économique, sur les grandes plantations cannières des plateaux
calcaires et des piémonts. «L’habitation sucrière» concentrait sur de vastes unités foncières l’essentiel
du pouvoir économique et politique et regroupait l’ensemble des populations et des métiers
nécessaires à son exploitation. Véritable petite unité urbaine, elle laissait ainsi aux bourgs un rôle de
simple relais d’échange et aux villes (Pointe-à-Pitre, Le Moule, Basse-Terre, les quartiers de SainteAnne et de Saint-François...) un panel relativement réduit de fonctions (comptoirs portuaires,
résidence du pouvoir central et de ses services, défense militaire...).
La ville dense comme moyen traditionnel de maximiser les échanges en concentrant sur un territoire
géographiquement réduit un ensemble très diversifié de fonctions (pouvoirs, productions
manufacturières, commerces, religion, divertissements...) a donc eu en Guadeloupe un
développement longtemps très limité.
Il faut attendre la modernisation par la vapeur de l’industrie de la canne pour assister à une
diversification et concentration conséquentes des activités dans les centres urbains avec l’apparition
de la «grande usine» en périphérie des villes, des bourgs, et le développement spontané d’une
première vague de quartiers en leurs franges.
C/ Une mutation urbaine accélérée à partir des années 60
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la croissance contemporaine de la
départementalisation porte en germe une tertiairisation accélérée des activités ; l’économie de mono-
production agricole laisse la place à une économie de la consommation : l’économie cannière perd
son rôle dominant au début des années 60.
La fermeture des unités sucrières de 1963 à 1980 amplifie l’exode rural vers les villes pourvoyeuses
d’emplois :
•
l’agglomération pointoise qui, avec son port de commerce, la zone d’activités de Jarry, l’aéroport
international du Raizet et un centre ancien drainant un commerce de distribution très actif,
s’affirme définitivement comme capitale économique ;
•
Basse-Terre, qui garde le rôle éminent de capitale administrative mais a souffert de la menace
volcanique de 1976 ;
•
les villes ou bourgs concernés par le développement de la banane (Est de la Basse-Terre) ou du
tourisme (Riviera).
Cette augmentation des populations urbaines est d’autant plus massive que la croissance
démographique est forte (par accroissement naturel conséquent et solde migratoire positif).
Elle concerne des villes mal structurées pour y répondre : si l’important travail de reconstruction
entrepris suite au cyclone de 1928 les a dotées d’un important réseau de bâtiments administratifs et
religieux structurants (œuvres de l’architecte Ali Tur), les plans d’extensions urbains tracés à la même
époque pour Basse-Terre et Pointe-à-Pitre n’ont pas abouti.
Les quartiers d’habitat auto-construit prolifèrent ; ils s’établissent sans viabilisation préalable sur les
portions les plus ingrates des périphéries urbaines (zones compressibles ou à fortes topographies,
terrains inondables des 50 pas géométriques, zones enclavées...).
La question du logement devient une priorité pour les pouvoirs publics. Pour répondre à la fois à une
attraction par la ville d’une population très importante et à faibles ressources, enrayer ainsi le
développement des quartiers spontanés et commencer à résorber l’insalubrité déjà installée, il
convient d’engager la production massive de logements sociaux.
Cette politique est notamment initiée, suite aux dégâts provoqués par le cyclone de 1956, par
l’énorme opération que constitue la Rénovation Urbaine de Pointe-à-Pitre, calquée sur les opérations
de tours et de barres des années 50-60 en métropole (7000 logements).
Cette politique d’intervention massive de la collectivité publique dans la production de logements va
perdurer et même s’amplifier suite à la réforme de 1986 et à l’importante augmentation des crédits
consacrés au logement social aux débuts des années 90.
Les opérations de logements locatifs sociaux qui constituent toujours un impératif absolu se sont
multipliées. D’échelle aujourd’hui plus modeste (opérations de 100/150 logements réalisées par
regroupements d’immeubles généralement en R+3 ou logements individuels en bande) et
d’architecture mieux intégrée, elles représentent dorénavant un tiers du total d’environ 6500
constructions/an.
Avec les opérations de lotissements pavillonnaires qui constituent l’autre forme dominante d’extension
urbaine, elles participent de manière importante à une urbanisation accélérée des modes de vie.
3.2.1.2. La surface urbanisée résidentielle
A/ Un modèle extensif de développement de l’urbain résidentiel
Le phénomène urbain s’est généralisé alors même que les taux de motorisation sont devenus très
importants. Les contraintes d’accessibilité aux fonctions urbaines ont ainsi changé d’échelle.
Comme ailleurs, la ville diffuse se répand hors de toutes limites en juxtaposant ici trois modes
dominants d’occupation de l’espace :
•
l’habitat diffus s’installe le long de tous les axes routiers et des ramifications de desserte ;
prolongement modernisé du modèle d’habitat vernaculaire, ce mode d’urbanisation très extensif
est particulièrement actif en zone littorale ; dans les conditions actuelles ; il constitue une
agression irréversible à un environnement souvent fragile ;
•
formes déjà plus organisées mais souvent réalisées en impasse donc peu aptes à contribuer au
maillage efficace des dessertes secondaires, les opérations de lotissement privé juxtaposent des
tissus généralement très lâches et très consommateurs d’espace ;
•
seuls éléments de densification résidentielle, les opérations de logements sociaux restent pour
l’essentiel, faute de disponibilités foncières équipées et financièrement accessibles, réalisées au
gré d’opportunités excentrées et sans plan d’intégration d’ensemble. À l’exception des opérations
de résorption de l’habitat insalubre en zone urbaine (telle Boissard), elles sont mal raccordées aux
services de la ville et contribuent, à contre-emploi, à l’étalement des périphéries, à un émiettement
des fonctions urbaines, à la fragilisation du lien social et à la montée de la délinquance.
B/ Un recyclage de l’urbain constitué très limité
Le marché foncier dans l’urbain constitué reste peu actif malgré une présence forte de dents creuses
et de bâtisses inoccupées dans les zones urbaines : l’Agence Foncière de la Guadeloupe a ainsi
repéré près de 500 hectares de parcelles inoccupées dans les centres-villes, les centres-bourgs et les
sections (hameaux) de la Guadeloupe continentale et les îles proches.
Plusieurs raisons expliquent l’atonie de ce marché :
•
la plupart des parcelles inoccupées sont en situation d’indivision qui demande pour être débloquer
des démarches longues et coûteuses ;
•
les collectivités restent réticentes vis-à-vis de l’outil que constitue le droit de préemption urbain ;
•
le coût du foncier reste élevé en centre-ville (et tout particulièrement dans le centre ancien de
Pointe-à-Pitre).
Les financements mis en œuvre pour la résorption de l’habitat insalubre RHI sont restés longtemps le
seul outil disponible pour engager les restructurations urbaines lourdes qui sont nécessaires pour
mettre en conformité nombre de quartiers anciens avec les exigences d’hygiène et de confort
actuelles.
Au-delà, et de manière plus fondamentale, la qualité des services fournis par les centres reste
insuffisante pour qu’habiter en ville soit une alternative jugée attractive par une population soucieuse
de maintenir un lien fort avec la nature. Des formes d’urbanisation intermédiaire (développement de la
maison de ville au sein des nombreuses disponibilités foncières) doivent être trouvées pour concilier
proximité urbaine et maintien des valeurs attachées au jardin créole.
C/ Le paradoxe des densités
Le modèle très extensif de développement urbain actuellement constaté se traduit par des densités
très faibles en termes d’occupation bâtie.
Pour la Guadeloupe continentale et ses îles proches, la densité moyenne (habitants + équipements)
est de seulement 19 habitants/hectare en zones d’habitat aggloméré; elle tombe à moins de
13 habitants/ha sur le cumul habitat aggloméré et diffus hors zones agricoles.
Pointe-à-Pitre, qui alterne zones à forte concentration résidentielle (verticale dans les tours et barres
de la RUPAP..., horizontale dans les faubourgs du centre historique) et zones à très faible densité
résidentielle (centre administratif et d’affaires, centre ancien dorénavant voué essentiellement au
commerce...), a une densité moyenne de 82 habitants/ha.
Avec une topographie plus contraignante et la présence importante d’immeubles administratifs, la
densité résidentielle de Basse-Terre ne dépasse pas 21 habitants/ha.
Ce constat est d’autant plus surprenant que :
•
la densité globale est forte : 237 habitants/km2 en moyenne alors même que le caractère
volcanique d’une partie de l’Archipel dote une part importante des territoires de pentes
inhospitalières ;
•
la densité «ressentie» est très importante : hors quelques grandes unités paysagères encore
protégées, dont celles du Parc National, l’espace apparaît comme étant, dans de nombreux
endroits, déjà saturé. Réparti en discontinu rapproché le long de la quasi totalité des voies de
circulation, le bâti est omniprésent. Un réseau de voiries secondaires en peignes et donc
insuffisamment maillé concentre sur les voiries de transit de la zone littorale la totalité d’un trafic
rendu extrêmement important par une organisation inefficace des transports collectifs et par
l’éloignement domicile/travail, domicile/services (et tout particulièrement domicile/école), domicile
loisirs...
D/ Le logement des Guadeloupéens
Le parc des résidences principales, estimé à 145 000 logements, est un parc en constitution dont
environ le tiers a été construit depuis moins de 10 ans. La taille des pièces est en augmentation, ce
qui traduit une augmentation notable du confort. Ces logements s’ouvrent par ailleurs sur de vastes
espaces privatifs extérieurs, élément fondamental sous les tropiques.
Le taux d’occupation des logements s’est très nettement amélioré, il est aujourd’hui d’environ trois personnes
par logement, assez proche de la moyenne nationale (2,45). Les logements en situation de surpeuplement le sont
pour les ménages les plus pauvres, les ouvriers et inactifs non retraités et les familles de plus de quatre enfants.
Un effort important reste néanmoins à faire. On dénombre en effet encore aujourd’hui près de 15% de logements
pour lesquels l’un des éléments de confort sanitaire reste absent (eau, WC, douche), soit environ 22 000
logements concernés. Les logements précaires, à la fois par l’état de leur bâti mais également et souvent par leur
localisation (zone à risque, difficulté pour l’amenée des réseaux), sont estimés à environ 36 000 logements dont
15 000 sont à démolir.
Par ailleurs, la forte augmentation de la population constatée au cours des 20 dernières années, ainsi que la
situation économique précaire d’une grande partie des ménages, dont les ressources restent proches des niveaux
des minima sociaux, ont freiné les actions tendant à améliorer l’habitat.
L’enquête logement 1996-1997 donne la photographie de l’opinion et des attentes des Guadeloupéens en matière
d’habitat :
•
•
•
20% seulement des ménages jugent leur condition de logement déficiente ou très déficiente ;
parmi les locataires, 56% désirent accéder à la propriété ;
ce sont les plus de 40 ans (66%) qui majoritairement cherchent à accéder à la propriété, ainsi que les
indépendants, cadres et professions intermédiaires (75%).
Le Guadeloupéen reste ainsi majoritairement très attaché au statut de propriétaire qui correspond actuellement à
celui de 60% des ménages.
3.2.1.3. La surface urbanisée pour les activités économiques
Les activités, commerce et industrie en particulier, se sont concentrées dans l'agglomération
pointoise, principalement à Jarry et autour du Complexe Euro-Caribéen d'Activités (CECA) : 80% des
créations d'emplois dans les 10 dernières années, 2/3 des établissements de plus de 20 emplois,
380ha soit 70% des surfaces totales de zones d'activités, 85% des entreprises industrielles, 40% des
entreprises artisanales, et pour la seule zone de Jarry 1000 entreprises et 10000 emplois.
La capacité d'extension de ce pôle reste très importante : 230ha à Jarry (Houelbourg-Moudong),
140ha autour de la nouvelle aérogare Pôle Caraïbe (Dothémare).
Les autres zones d'activités sont réparties à Baillif, Saint-Claude, Gourbeyre, Lamentin, Sainte-Rose,
Petit-Bourg et le Moule, et totalisent 160ha et, à quelques exceptions près, ont du mal à se remplir.
Dans certaines zones d'activités importantes comme Jarry, le commerce et les services marchands
coexistent avec l'industrie et l'artisanat. Ces différentes activités se côtoient le plus souvent de façon
non organisée, si ce n'est que les commerces préfèrent s'installer en façade des voies principales.
Seule la Pointe-Jarry est marquée par des activités industrialo-portuaires ; elle est incluse dans un
périmètre à risques.
3.3. L’ARMATURE URBAINE
L'armature urbaine de la Guadeloupe se caractérise par la multiplicité et la diversité ; les
particularismes géographiques, le poids de l'histoire, des rythmes différenciés de développement
économique expliquent une structure urbaine marquée par l’existence d’une part de deux pôles
polyvalents différenciés regroupant plus de la moitié des populations et correspondant aux
agglomérations constituées autour de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre et, d’autre part, d’un réseau
hiérarchisé de pôles secondaires, répartis pour l’essentiel sur l’étroit cordon littoral, mais en relation
avec de vastes bassins de vie.
3.3.1. UN BIPÔLE URBAIN NETTEMENT DIFFÉRENCIÉ
A/ L'agglomération pointoise: une formidable concentration
Le fort développement économique et urbain de l'agglomération pointoise,
métropolisation, se traduit par une importante concentration des hommes et des
comme conséquences négatives un cumul de dysfonctionnements (difficultés
nuisances...), une détérioration du cadre de vie, des coûts élevés d'urbanisation et le
de situations de marginalisation et d'exclusion.
en cours de
richesses avec
de circulation,
développement
Siège de grands équipements et de services régionaux à vocation d'échanges, de formation, de
recherche et de santé, l'agglomération doit faire face à une évolution complexe et à des déséquilibres
territoriaux : urbanisation extensive sur des espaces agricoles et ruraux qui engendre un
accroissement très important des flux automobiles, croissance et répartition inégales du logement
locatif, accroissement des déplacements domicile-travail, redéploiement excentré des activités et des
services qui fragilise le rôle historique de la ville-centre.
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DU PÔLE POINTOIS
COMMUNES
EN 1990 EN 1999
VARIATION DE LA POPULATION ENTRE 1990 ET
1999
Absolue
Pointe-à-Pitre
Baie-Mahault
Lamentin
Petit-Bourg
Les Abymes
Le Gosier
Morne-à-l’Eau
Sainte-Anne
Total
26 029
15 036
11 334
14 867
62 605
20 688
16 042
16 934
183 535
20 948
23 389
13 434
20 528
63 054
25 360
17 154
20 410
204 277
-5 081
8 353
2 100
5 661
449
4 672
1 112
3 476
20 742
Solde
naturel
2 869
2 681
1 250
1 819
6 777
2 748
1 398
1 883
21 425
SUPERFICIE
DENSITÉ
AU KM2
Solde
migratoire
(En km2)
En 1990
En 1999
-7 950
5 672
850
3 842
-6 328
1 924
-286
1 593
-683
2,66
46,00
65,60
129,88
81,25
45,20
64,50
80,29
515,38
9 785
327
173
114
771
458
249
211
356
7 875
508
205
158
776
561
266
254
396
B/ L'agglomération de Basse-Terre : une dynamique de rééquilibrage
La pression est restée beaucoup moins marquée sur Basse-Terre qui concentre en revanche une
grande partie des emplois administratifs de l’Archipel.
Basse-Terre s’est néanmoins replacée dans un mouvement de mutations qui, bien que ne permettant
pas aujourd'hui d'afficher une croissance notable de population, rend compte d'une grande capacité à
renouveler la ville-centre sur elle-même et à dynamiser le développement de l’agglomération.
Elle est confirmée dans ses fonctions dominantes par la concentration des fonctions et des services
administratifs, politiques et culturels. Les atouts de développement sont liés à la dimension historique
et patrimoniale et à la présence de lieux de références porteurs d'identité, de lisibilité et d'animation.
Des vocations nouvelles sont aujourd'hui mises en œuvre : vocations économiques spécifiques
s'appuyant sur la valorisation des potentialités naturelles, maritimes et littorales, fonctions d'animation,
fonctions culturelles, fonctions universitaires.
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DU PÔLE DE BASSE-TERRE
COMMUNES
Basse-Terre
Saint-Claude
Gourbeyre
Baillif
Vieux-Fort
Vieux-Habitants
Trois-Rivières
Total
EN 1990 EN 1999
14 003
10 316
6 330
6 004
1 478
7 373
8 556
54 060
12 410
10 237
7 642
5 837
1 601
7 611
8 738
54 076
VARIATION DE LA POPULATION ENTRE 1990 ET
1999
SUPER
FICIE
Absolue
Solde
naturel
Solde
migratoire
(en km2)
-1 593
-79
1 312
-167
123
238
182
16
1 201
739
647
491
92
722
801
4 693
-2 794
-818
665
-658
31
-484
-619
-4 677
5,78
34,30
22,52
24,30
7,24
58,70
31,10
184,00
DENSITÉ
AU KM2
En 1990
En 1999
2 423
301
281
247
204
126
275
294
2 147
298
339
240
221
130
281
294
3.3.2. UNE STRUCTURE COMMUNALE HIÉRARCHISÉE
Héritiers d’une histoire diversifiée par micro-région ou terroir, les villes moyennes et bourgs sont
fortement diversifiés.
Quelques communes continuent à apporter aux larges bassins de vie qu’elles structurent une part
importante des fonctions urbaines qui leur sont nécessaires mais sont en même temps fortement
dépendantes des deux agglomérations capitales : leur poids démographique et leur croissance sont
inversement proportionnels à la distance qui les sépare de Pointe-à-Pitre et, de manière beaucoup
moins sensible, de Basse-Terre.
Pour une part importante des services, les îles proches se rattachent essentiellement aux pôles
urbains de la Guadeloupe continentale avec la particularité de Grand-Bourg, centre de services, vis-àvis de l’île de Marie-Galante.
LES VILLES DE PLUS DE 10000 HABITANTS
HORS AGGLOMÉRATION DE POINTE-À-PITRE ET DE BASSE-TERRE
COMMUNES
Saint-Martin
Sainte-Rose
Capesterre-Belle-Eau
Le Moule
Saint-François
POPULATION
1999
DENSITÉ
1999
29 078
17 574
19 568
20 827
110 659
546
148
189
251
175
ÉVOLUTION
DES DENSITÉS
1990-1999
+ 2,0%
+ 25,4%
+ 2,7%
+ 15,1%
+ 33,6%
3.4. LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORTS ET DÉPLACEMENTS
3.4.1. LES INFRASTRUCTURES ROUTIÈRES
Le réseau routier guadeloupéen est relativement jeune car il n'a véritablement commencé à être développé que
depuis les années 60. En l'absence de tout transport par voie ferrée et compte tenu de la faible utilisation du
transport maritime, sauf à destination des îles proches, la route assure la quasi totalité des déplacements de
personnes et de marchandises.
Aujourd'hui, pour l'ensemble de l'archipel, le réseau routier se décompose entre environ 340km de routes
nationales, 600km de routes départementales et 1560km de voies communales, soit un total de 2500km.
Les principaux axes de Guadeloupe sont les suivants:
axe
concerné
RN 1
RN 2
RN 3
RN 4
RN 5
RN 6
RN 7
RN 8
RN 9
RN 10
RN 11
RD 23
RD 24
RD 32
DÉSIGNATION
De Basse-Terre à Pointe-à-Pitre par Capesterre-Belle-Eau
De Basse-Terre à Pointe-à-Pitre par Deshaies (dite route de la côte sous le vent)
De Basse-Terre à Matouba (Saint-Claude)
De Pointe-à-Pitre à Saint-François par Sainte-Anne
De Pointe-à-Pitre à Saint-François par Morne-à-l'Eau et Le Moule
De Morne-à-l'Eau à Anse-Bertrand via Port-Louis
Saint-Martin - tour de l'île entre les deux frontières avec Sant Marteen
De Morne-à-l'Eau (Bazin) à Anse-Bertrand via les Mangles
Marie-Galante : de Saint-Louis à Capesterre de Marie-Galante
De la RN1 (échangeur de Jabrun) à Jarry (entrée du port autonome)
Dite "Rocade nord" : de la RN1 (échangeur de la Jaille) à la RN5 ( échangeur de
Providence) via l'aérogare nord du Raizet
Dite Route des Mamelles, de la RN1 (échangeur de Versailles) à la RN2 (carrefour
Mahault à Pointe-Noire)
Dite voie principale de Jarry, de la RN1 (Pont de la Gabarre) à la RN10
Dite Voie Verte, de la RN1 (Échangeur de La Jaille) à la RN10
linéaire
en km
62
89
10
35
44
27
17
16
24
6
8
25
2
2
La carte jointe situe ces axes et en précise les caractéristiques.
L'organisation du territoire de la Guadeloupe "continentale" se caractérise par l'existence d'un pôle économique
centré sur Pointe-à-Pitre - Abymes (50% des emplois environ) et d'un second pôle centré sur Basse-Terre (15%
des emplois environ) regroupant les fonctions administratives.
Les études confirment l’importance de l’itinéraire Basse-Terre - Pointe-à-Pitre et des liaisons entre
l'agglomération Pointoise et Petit-Bourg, Sainte-Rose, Morne-à-l’Eau, Sainte-Anne.
Il n'y a actuellement quasiment pas d'alternative à la route pour répondre à la demande de transport, tant pour les
personnes que pour les marchandises.
Ainsi, le trafic routier est en constante progression (4 à 6% par an, plus dans certains secteurs). Les trafics les
plus élevés sont situés aux abords de l'agglomération Pointoise, supérieurs à 60 000 véhicules/jour pour les
tronçons les plus chargés. Le parc dépasse 130 000 véhicules et, chaque jour, on estime à plus de 50 000 les
personnes changeant de commune pour rejoindre leur lieu de travail et entre 5 et 6 millions les kilomètres
parcourus.
Le trafic sur le réseau structurant (cf. carte annexée) est donc très important, surtout aux entrées des principales
agglomérations. En moyenne, il a doublé depuis 1986. Quant au taux d'accroissement estimé pour les prochaines
années, il restera compris entre 4% et 5%, du fait notamment de la poursuite de l'équipement des ménages en
véhicules (actuellement à 58%, alors qu'il atteint 78% à 80% en métropole).
Quant au transport de marchandises interne à la Guadeloupe continentale, il est exclusivement routier. Il est
caractérisé par un grand nombre de petits transporteurs (supérieur à 500, artisans principalement). Les transports
liés à l'activité bâtiment travaux publics représentent 70% du total, mais la part de poids lourds dans le trafic total
n'excède pas 5%, ce qui est faible. Toutefois il est plus important aux abords de l'agglomération pointoise et il
peut induire des difficultés très importantes sur les tronçons d'itinéraires en limite de saturation et dans les zones
aux caractéristiques géométriques réduites. Depuis quelques années, avec une seule usine sucrière en
Guadeloupe continentale, la liaison nord Basse-Terre/Le Moule (section Gardel) est particulièrement difficile au
moment de la récolte.
Ainsi, certaines sections du réseau routier sont aujourd’hui saturées ou en limite de saturation, en particulier dans
l'agglomération pointoise, et ce malgré les investissements substantiels réalisés ces dernières années avec
notamment la construction de la rocade nord qui offre un deuxième franchissement de la Rivière Salée et une
accessibilité meilleure du nord de la Grande-Terre depuis la Basse-Terre.
3.4.2. DES TRANSPORTS TERRESTRES À ORGANISER
Pour le transport collectif routier, il existe une offre peu organisée et très dispersée (environ 550 services
réguliers et 250 services scolaires, assurés principalement par des artisans). Leur part de marché diminue et est
estimée aujourd'hui à moins de 20% des déplacements de personnes, ce qui reste significatif comparé aux taux
observés dans des agglomérations de taille similaire en métropole. Ces transports sont essentiellement concentrés
aux abords des agglomérations de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre.
Le service est donc abondant mais il reste à organiser. Certains aspects de la notion de service public
mériteraient d'être améliorés (respect des horaires, cohérence des tarifications, organisation de correspondances,
offre de transport en heures creuses). Par contre, un atout incontestable du système actuel est son coût faible pour
l'usager et pour la collectivité.
3.4.3. LES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES
Les infrastructures portuaires qui seront décrites de manière détaillée dans le SMVM (identification en
l’état actuel et orientations les concernant) sont des outils essentiels d’échange pour l’archipel.
TRAFIC DE FRET MARITIME
TOTAL (en millions
de tonnes)
NOMBRE D’ESCALES
NAVIRES FRET
1993
2,4
1994
2,6
1995
2,6
1996
2,9
1997
2,9
1998
2,9
1764
2009
1832
2000
1950
2099
1997
543
240
689
1472
1998
418
176
715
1309
TRAFIC PASSAGERS (EN MILLIERS)
CROISIÈRES
INTER-ÎLES
INTRA-ARCHIPEL
TOTAL
1993
262
190
560
1012
1994
313
210
590
1113
1995
458
200
700
1358
1996
611
244
682
1537
L’activité portuaire est dominée par le port de Pointe-à-Pitre/Jarry (plus de 90%), et cela en cohérence
avec la concentration des activités économiques sur cette zone.
Le port de Basse-Terre a, quant à lui, fait l’objet d’investissements suite aux dommages cycloniques
de 1995. Il a enregistré, en 1998, un trafic de l’ordre de 65000t pour le fret et de 4000 passagers. Son
développement représente un enjeu stratégique (découverte par les croisiéristes du patrimoine basseterrien, exportation de la banane, sécurisation des approvisionnements...).
3.4.4. LES INFRASTRUCTURES AÉROPORTUAIRES
La desserte de l’archipel est assurée par :
•
la nouvelle aérogare «Pôle Caraïbes» mise en service en février 1996 et conçue pour 2,5 millions
de passagers. S’y ajoute un ensemble d’opérations d’amélioration des infrastructures : piste,
desserte, bâtiments de services... ;
•
sur Saint-Martin, l’aéroport de Juliana, dans la partie hollandaise, a également un statut
international et dessert les îles du nord de l’archipel (510 700 passagers en 1997) ;
une série d’aérodromes (un pour chaque île), dont deux sont ouverts à la circulation aérienne
publique : Saint-François et Marie-Galante, en plus du Raizet, et cinq à usage restreint : Baillif,
Les Saintes, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et La Désirade.
•
TRAFIC PASSAGERS, EN MILLIERS, PAR RÉSEAU,
EN 1998 (HORS TRANSIT)
Europe et divers
Antilles-Guyane
Caraïbes Amérique du Sud
Domestique
Amérique du Nord
Total
1995
1996
1997
1998
977
267
170
106
201
1541
1091
289
178
110
20
688
1125
300
181
126
19
751
1155
325
163
145
18
1807
VARIATION
1998/1995
+18,3%
+21,9%
-4,5%
+36,3%
-12,7%
+17,3%
Source : Antiane Eco n° 41, juin 1999 - Chambre de Commerce et d’Industrie de Pointe-à-Pitre.
Les liaisons avec l’Europe restent très largement majoritaires avec près de 65% du trafic. La
libéralisation partielle de la desserte aérienne de la Guadeloupe (1986), outre une augmentation
notoire du nombre de passagers (+52% en quatre ans), s’est traduite par une nouvelle répartition du
marché entre compagnies françaisesiv. Dans un contexte où les liaisons avec les Caraïbes et les
Amériques (hors Antilles-Guyane) restent modestes (11% du trafic) les parts de marché des
compagnies étrangères sont marginales (en revanche, American Airlines assure 39% du trafic de
l’aéroport de Juliana à Saint-Martin). Le réseau domestique (archipel) enregistre des progressions
moindres (25% en quatre ans) en raison de la concurrence du transport maritime assuré par des
vedettes rapides pour les îles proches.
3.5. LES INFRASTRUCTURES DE L’ÉNERGIE
3.5.1. BILAN ÉNERGÉTIQUE
La Guadeloupe se caractérise par une croissance soutenue de la consommation totale de l’énergie
évaluée en 1998 à 800 000 tonnes équivalent pétrole, contre 679 700 TEP en 1996 et 650 000 TEP
en 1995.
Cette croissance est imputable à différents paramètres :
•
•
•
•
•
•
la croissance démographique ;
le niveau moyen de consommation encore très inférieur à celui de la métropole (1,9 TEP/hab./an
contre 3,9 TEP/hab./an) ;
l’équipement croissant des ménages et des entreprises, notamment en matière de climatisation ;
l’important taux de motorisation ;
les besoins croissants liés à l’évolution de la fréquentation touristique ;
l’intensité des événements cycloniques.
ÉVOLUTION DE L’ÉNERGIE TOTALE LIVRÉE AU RÉSEAU EDF
Énergie totale en GWh
Taux annuel de progression
1994
862
+5,3%
1995
916
+6,2%
1996
974
+6,3%
1997
1048
+7,6%
1998
1136
+8,4%
3.5.2. SITES DE PRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT DE LA PART DES ÉNERGIES
RENOUVELABLES
En 1998, plus de 90% de l’énergie produite l’était à partir d’hydrocarbures et des centrales
thermiques.
Jarry nord EDF
Jarry sud EDF
Jarry Énergie Antilles
Marie-Galante EDF
Désirade EDF
Les Saintes EDF
ÉNERGIE 1998 EN GWh
742,3
281,3
0
10,1
1,8
0,1
La centrale bagasse-charbon du Moule (SIDEC, EDF, Air Liquide) a livré 53,5 GWh en 1998.
En 1984, la Région et l’ADEME ont lancé le plan régional pour la maîtrise de l’énergie (P.R.M.E.) avec
la volonté de porter à 25% la part des énergies renouvelables dans la production de l’électricité.
Ce plan confère à la Guadeloupe le statut d’un nouveau pôle de compétence aux échelles nationale,
européenne et caribéenne.
Les installations sont les suivantes :
SITE
ÉNERGIE LIVRÉE EN
1998
EN GWh
0,9
1,6
12,4
6,9
2,0
23,2
TYPE D’ÉNERGIE
La Désirade
Marie-Galante
Carbet
Bananier
Baillif
Bouillante
Énergie éolienne
Énergie éolienne
Énergie hydraulique
Énergie hydraulique
Énergie hydraulique
Géothermie
En 2000, ces sites produiront 12% de l’électricité livrée au réseau interconnecté et permettront une
économie de 100 000 tonnes de pétrole.
❏❏❏
S’agissant des évolutions en cours et à moyen terme, il convient de signaler :
•
•
que l’arrivée de la centrale thermique du Moule (fin 1998) et de la centrale Énergie Antilles (fin
1999) sera compensée par le déclassement des moyens EDF de Jarry sud (1999) ;
en conséquence, la progression des puissances installées sera quasiment identique jusqu’en
2004 ;
•
à partir de 2004, de nouveaux déclassements de moyens EDF ne permettront plus de garantir
une parfaite adéquation puissance installée/puissance nécessaire ; les déficits, estimés à 40 MW
en 2007 et 170 MW en 2010, et ce malgré la progression des énergies renouvelables, imposeront
un nouveau site de production ;
•
enfin, la législation actuelle, qui impose un stock minimal correspondant à 73 jours de
consommation (stocks stratégiques), n’est pas respectée.
CAPACITÉ RÉELLE MOYENNE DE STOCKS
Essence
Gazole
Fioul lourd
72 jours
50 jours
50 jours
Carburéacteur
45 jours
Le besoin en nouveaux stockages d’hydrocarbures est donc immédiat.
3.6. LES GRANDES FONCTIONS COLLECTIVES
3.6.1. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE : L’AVENIR
3.6.1.1. Enseignement supérieur
❏ L’Université des Antilles et de la Guyane (U.A.G.)
•
Sur le site de Fouillole à Pointe-à-Pitre, l’Université des Antilles et de la Guyane accueille
aujourd’hui, en Guadeloupe, 5464 étudiants en formation initiale et 652 en formation continue.
Jeune, elle subit depuis quelques années le contrecoup du développement très rapide et
important du nombre de ses étudiants. En effet, depuis 1986, les effectifs de la formation initiale
ont globalement plus que doublé en Guadeloupe (+123%). Il en va de même de la formation
continue dont les effectifs ont été multipliés par 6.
L’explosion ne s’est pas accompagnée de l’indispensable adaptation des structures existantes, d’où :
• une suroccupation des espaces construits, liée à des déficits très importants en locaux ;
• l’absence de certaines fonctions indispensables à l’enseignement, à l’accueil, aux échanges entre
équipes et à la vie sur les campus ;
• l’inadaptation fonctionnelle de certaines entités.
Le domaine universitaire de Fouillole accueille l’Unité de Formation et de Recherche (U.F.R.) de Sciences
Exactes et Naturelles (S.E.N.), l’U.F.R. de Sciences Juridiques et Économiques (S.J.E.), l’U.F.R. de
Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (S.T.A.P.S.), la Faculté de Médecine, l’Antenne
de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines (L.S.H.), le complexe sportif, la bibliothèque universitaire, le
bâtiment administratif, la résidence universitaire, le Service d’Éducation Permanente et de Formation
continue (S.E.P.F.C.) et bientôt le Laboratoire de biologie marine.
•
Sur le site de Saint-Claude se développe depuis deux ans l’Institut Universitaire Technologique (I.U.T.),
avec deux départements : gestion des entreprises et agroalimentaire.
❏ Les autres sites de formation
•
L’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (I.U.F.M.) à Pointe-à-Pitre.
•
Les sections de techniciens supérieurs réparties sur 8 lycées du territoire guadeloupéen (5 en Basse-Terre,
y compris le lycée agricole, et 3 en Grande-Terre), accueillent environ un millier d’étudiants qui
représentent 16% des effectifs de l’enseignement supérieur en Guadeloupe.
•
Les autres structures d’enseignement supérieur préparent soit à des formations spécifiques (classe
préparatoire aux écoles supérieures de commerce), soit à des diplômes selon les modalités de la formation
continue.
L’enseignement supérieur se caractérise en Guadeloupe par deux phénomènes :
•
une offre encore trop limitée de formation et de filières en particulier technologiques (hormis BTS) et dans
les deuxième et troisième cycles universitaires ;
•
une concentration de l’activité d’enseignement supérieur sur l’agglomération pointoise.
3.6.1.2. Recherche
La Guadeloupe dispose du plus important dispositif de recherche de l’outre-mer français, avec un effectif de 650
permanents.
À côté de la recherche universitaire localisée à Fouillole, le noyau dur est constitué par des centres, instituts ou
laboratoires régionaux des grands organismes de recherche français largement répartis sur le territoire :
• Institut National de la Recherche Agronomique (I.N.R.A.) à Petit-Bourg, Le Moule et Petit-Canal ;
• Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (C.I.R.A.D.) à Capesterre-BelleEau, Petit-Bourg et Vieux-Habitants ;
• Institut de Physique du Globe de Paris (I.P.G.P.) à Gourbeyre ;
• Institut Pasteur à Pointe-à-Pitre ;
• Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (I.N.S.E.R.M.) à Pointe-à-Pitre ;
• Bureau de Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M.) aux Abymes.
Les organismes d’appui et de transfert de technologie et ceux ayant partiellement des activités de recherche
viennent compléter le dispositif.
3.6.2. SANTÉ
3.6.2.1. Le réseau des équipements sanitaires
Au 30 septembre 1999, les équipements sanitaires de la région sont constitués de :
•
•
10 établissements publics de santé : 1 centre hospitalier universitaire, 5 centres hospitaliers,
1 centre hospitalier spécialisé «psychiatrie», 2 hôpitaux locaux et 1 centre de soins de longue
durée (centre gérontologique du Raizet) ;
13 établissements de santé privés à but lucratif.
Ces équipements s’articulent autour de deux pôles principaux :
•
•
le centre hospitalier universitaire Pointe-à-Pitre/Abymes, avec vocation régionale, et qui couvre
l’ensemble de l’archipel ;
le centre hospitalier général intercommunal de Basse-Terre/Saint-Claude.
3.6.2.2. L’adaptation du réseau
La révision du schéma régional d’organisation sanitaire, approuvé le 19 janvier 1995, est en cours.
Son approbation interviendra au début de l’an 2000.
Le rôle du schéma régional d’organisation sanitaire est d’assurer une satisfaction optimale des
besoins de la population en fixant, pour les installations, équipements et activités de soins qu’il
couvre, une distribution géographique cohérente.
Le schéma régional d’organisation sanitaire général se distingue du schéma régional d’organisation
sanitaire de psychiatrie qui sera approuvé et mis en application dès la fin de 1999. Il détermine
l’ensemble des structures intra et extra hospitalières de prise en charge de la santé mentale.
Une nouvelle sectorisation vise à désengorger le centre hospitalier de Monteran-Saint-Claude dans le
souci de soigner les malades mentaux au plus près de leur domicile. Sur cette même lancée, la carte
sanitaire de psychiatrie, spécifique à la Région Guadeloupe et jusque là inexistante, verra le jour
début 2000.
Dans le cadre des études engagées, les nouveaux schémas régionaux d’organisation sanitaire et la
carte sanitaire de la Région Guadeloupe poursuivront les objectifs fixés, à savoir :
•
restructuration hospitalière tant dans le secteur public que dans le secteur privé gagée par la
transformation progressive de l’excédent du nombre de lits et places d’hospitalisation.
•
développement des alternatives à l’hospitalisation : hospitalisation de jour ou à domicile, chirurgie
ambulatoire, etc. ;
•
renforcement de la vocation régionale du centre hospitalier universitaire Pointe-à-Pitre, tant dans
le domaine des soins que dans celui de l’hébergement ;
•
développement de la coopération interrégionale.
3.6.3. LA CULTURE : CIMENT DE LA SOCIÉTÉ GUADELOUPÉENNE
L’occultation historique, pratiquée durant des décennies, a laissé croire aux Guadeloupéens que ni
eux ni leur territoire n’avaient d’histoire et de patrimoine culturel, en dehors du folklore, qui a d’ailleurs
sa place comme partout ailleurs mais qui ne saurait représenter à lui seul le passé d’un peuple et de
son terroir
Les conséquences de cette occultation pouvaient être minimisées tant que la société de tradition orale
s’appuyait sur des structures familiales et des règles de vie commune solidement ancrées. La
destruction de cette armature rend urgentes la protection et la valorisation des racines culturelles pour
continuer à nourrir cette capacité de création et d’innovation dont témoigne en particulier nombre
d’artistes, littérateurs, musiciens guadeloupéens.
Dans une société riches d’apports divers et de métissages multiples, l’expression culturelle foisonne.
On peut néanmoins identifier de nombreuses composantes fédératrices parmi lesquelles :
❏ Les sites archéologiques et historiques
Plusieurs lieux d’archéologie ainsi que des sites historiques ont été repérés. Une soixantaine de
monuments sont d’ailleurs inscrits ou classés. Les sites de l’histoire industrielle sont implantés sur tout
le territoire guadeloupéen, y compris sur les dépendances îliennes (moulins, aqueducs, habitations,
distilleries, sucreries, manioqueries, etc.).
❏ Les traditions musicales et vestimentaires
L’héritage musical est fondé sur des instruments, des techniques et des rythmes spécifiques. Certains
d’entre eux font appel aux souvenirs les plus lointains, mais aussi les plus viscéraux du monde
guadeloupéen. La tradition vestimentaire, ses significations sociales et ses rites doivent trouver un
refuge afin que ces témoins de notre passé puissent être transmis aux générations actuelles.
❏ Le langage et les traditions mythologiques
Le langage fait partie du patrimoine culturel, notamment parce qu’il est le véhicule de la représentation
du monde. Le créole guadeloupéen commence à être enseigné, il convient d’oeuvrer pour sa
reconnaissance de langue régionale. La mythologie guadeloupéenne est riche de sa diversité
antillaise et constitue l’un des instruments de compréhension, tant des mentalités que des structures
fondamentales de la société.
❏ La tradition du carnaval
Le carnaval a su rester en Guadeloupe un moment fort et authentique de mobilisation et de création
populaire. Il constitue ainsi un événement culturel d’importance dont la valorisation doit par ailleurs
contribuer à améliorer l’attractivité touristique du territoire ; l’impact économique est d’autant plus
significatif que l’organisation et l’animation des différentes festivités carnavalesques générent dans
toutes les communes un nombre non négligeable d’emplois.
3.6.4. LE SPORT : LA PROMOTION D’UNE VALEUR
❏ Le sport : champ d’excellence guadeloupéenne et facteur de cohésion sociale
Le sport est tout à la fois une activité dérivative et un vecteur de valeurs. Des sportifs guadeloupéens
de très haut niveau contribue régulièrement au rayonnement de la France dans la compétition
mondiale.
❏ Les équipements sportifs
La plupart des équipements composant le parc actuel ont été réalisés entre 1962 et 1975 pour
satisfaire la pratique du football, largement répandue, ou promouvoir des disciplines dites de base
(athlétisme, natation) :
•
des stades (football et athlétisme) ont été réalisés dans toutes les communes de la Guadeloupe ;
•
deux piscines olympiques de 50m sont implantées : l’une sur l’agglomération de Pointe-à-Pitre,
l’autre sur la Basse-Terre ; quatre bassins de 25m complètent ces installations ;
•
i
onze salles couvertes et une dizaine d’équipements sportifs de proximité existent.
Saint-Kitts et Nevis, Antigua et Barbuda, la Dominique, Sainte-Lucie, la Barbade, Saint-Vincent et Grenadines,
Grenade, Trinitad et Tobago.
ii
Hors les données relatives aux échanges avec la Martinique et la Guyane française.
iii
De même que la Martinique.
iv
Françaises ou d’origine française (Air Liberté et AOM).