A3 – Mur en pierre brute hourdée

Transcription

A3 – Mur en pierre brute hourdée
Arts de bâtir:
A3 – Mur en pierre brute hourdée
Pays:
Egypte
PRÉSENTATION
Emprise Géographique
Définition
Mur en pierre brute hourdée
- Pas ou très peu d'intervention de taille.
- Forme: aléatoire jusqu'à pseudo
quadrangulaire
- Origine: carrière, épierrement, torrent de
montagne
- Appareil: non assisé et non réglé jusqu'à
pseudo assisé (selon la forme et la régularité
du matériau brut)
- Pose: à bain soufflant avec ou sans calage
des gros éléments, avec ou sans bourrage
des joints par des petits éléments.
Milieu
Dans l’espace MEDA, à quelques exceptions près, on constate qu’on utilise la pierre brute hourdée dans tous les milieux : rural, urbain, en plaine,
en montagne et en bord de mer. Sa présence est courante partout.
Des variantes de cette technique associant des systèmes plus ou moins sophistiqués de chaînage en bois ou en briques ont été décrites par
l’Algérie, l’Egypte, la Grèce, le Maroc, la Tunisie et la Turquie.
En Egypte, la pierre brute hourdée est couramment employée dans tous les milieux.
On peut observer une variante de cette technique associant des éléments en bois de palmier pour chaîner les maçonneries des constructions
hautes.
Illustrations
Vues générales :
Vues de détail :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
1/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
PRINCIPE CONSTRUCTIF
Fondations
Illustrations
La recherche du « bon sol » est un préalable pour le constructeur.
Si la roche affleure, le mur prend directement appui dessus. Sinon, tous les pays creusent
une fouille en rigole d’une profondeur variant de 30 cm minimum à exceptionnellement 120
cm maximum ; la moyenne se situant entre 50 et 70 cm.
Trois points caractérisent la maçonnerie de fondation : 1. sa largeur qui peut être égale à
l’épaisseur du mur en élévation ; elle est cependant assez couramment supérieure d’une
vingtaine de cm ; 2. le type de matériaux qui la constituent ; 3. la hauteur du mur de fondation
qui, quand le niveau du sol est inégal, peut être élevé en soubassement pouvant dépasser le
mètre.
Les matériaux qui garnissent la tranchée de fondation sont toujours pierreux : des pierres
concassées ou cailloux, pierres plates, galets jusqu’aux moellons bruts à presque
parfaitement équarris pouvant atteindre 40 cm de côté. La nature des pierres utilisées en
fondation est parfois volontairement différente de celle des pierres employées pour le mur en
élévation (pierres pl us dures, plus régulières, moins poreuses…).
Ces matériaux sont le plus souvent liés au mortier de chaux bien dosé, au mortier de terre
tout venant ou mixte terre + chaux. Un mortier de plâtre est renseigné par l’Algérie et la
Tunisie.
De manière générale, la description des systèmes de fondation mis en œuvre
traditionnellement par l’ensemble des pays reflète la nécessité d’assurer à la construction une
assise stable répartissant sa charge sur le sol naturel de la manière la plus adéquate et la
plus économi que possible.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée, quand une fondation s’avère nécessaire
(présence d’un sol meuble ou humide), des tranchées sont creusées sur une profondeur
variant de 50 à 100 cm. Elles sont remplies de petites pierres et de mortier.
Matériaux constructifs
Nature -Dureté
Principe constructif - épaisseur
Dans l’espace MEDA, pour construire en pierre brute hourdée, on emploie tous les types de
pierre y compris celles qui se délitent (notamment les schistes).
Le calcaire est la pierre par excellence dans l’ensemble des pays. Sa dureté varie de 2-3
(pour le « Toub » tunisien par ex.) à 8-9 à Chypre. (En l’absence de norme commune sur la
dureté, on a considéré une échelle de 1 à 10 comme suit : craie = 1, marbre = 7 à 8, granite =
10).
Après le calcaire, on trouve le grès, le schiste, le basalte, le granite et les galets de torrents.
Pour les chaînages horizontaux en bois, on utilise selon les disponibilités, le chêne, le cèdre,
le châtaignier, le pin d’Alep et le palmier mais aussi le genévrier et l’abricotier.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée, on emploie communément du calcaire
(dureté renseignée : 3 à 4).
Dans la région de SIWA, la pierre de sel dénommée « KERSHIF » est le matériau local
traditionnel toujours utilisé (dureté renseignée :
Modules
La pierre brute a comme caractéristique principale de se présenter sous toutes les formes
possibles : irrégulières à presque régulières. Toutes les dimensions sont donc rencontrées.
Ainsi, dans l’espace MEDA, selon la nature des pierres disponibles localement, la longueur
des blocs varie de 10 à 50/55 cm, leur hauteur d’assise, de 2 à 25 cm et leur profondeur, de
10 à 35/40 cm. Les moellons bruts ou équarris se distinguent notamment des pierres
taillées/dressées 6 faces par le fait qu’ils doivent être manipulés par un homme sans moyen
de levage. Quand les pierres extraites de la carrière sont trop grosses et donc trop lourdes,
elles sont simplement recassées à la pioche ou au pic de carrière.
Selon les essences de bois employées, les pièces formant chaînage sont courtes ou longues
(de 50 cm à 2,50 m maximum), brutes ou équarries, de sections comprises (pour celles
renseignées) entre 5 et 12 cm.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée, les dimensions renseignées sont
approximativement :
-pour les petits blocs : 20 cm en longueur, 15 cm en profondeur et 10 cm en hauteur ;
-pour les gros blocs : 40 cm en longueur, 30 cm en profondeur et 20 cm en hauteur.
Ces dimensions sont données à titre indicatif étant entendu que les moellons bruts utilisés
sont le plus fréquemment de forme tout à fait aléatoire, particulièrement ceux en pierre de sel
« KERSHIF ».
Principe constructif - Détail du mur (Siwa)
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
2/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Hourda ge
Illustrations
Mise en œuvre
Dans l’espace MEDA, la composition des mortiers de hourdage rencontrés pour les murs en
pierre brute est :
- chaux + sable. A ce mélange, on ajoute couramment un deuxième, troisième voire
quatrième agrégat inerte : gravier, tuileau, déchets de pierre, cendres
- chaux + terre (+ éventuellement sable)
- terre + paille
- terre seule
En Algérie et en Tunisie, on utilise localement du plâtre traditionnel seul (+ quelquefois sable)
En Egypte, les murs en pierre calcaire brute sont hourdés soit au mortier de terre, soit au
mortier de chaux + sable + tuileau + cendres « Qosromel ».
Dans la région de SIWA, les pierres de sel « KERSHIF » sont hourdées au mortier de terre
tout venant.
Liant - Nature
Dans l’espace MEDA, les deux liants traditionnels intervenant dans la composition des
mortiers de hourdage des pierres brutes sont la terre et la chaux.
En Algérie (dans le M’Zab) et en Tunisie (dans la région de Nefzaoua), le plâtre est utilisé
traditionnellement comme liant.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée, les liants traditionnels sont la terre (le plus
fréquemment) et la chaux.
Agrégat - Nature
Dans l’espace MEDA, les agrégats entrant traditionnellement dans la composition des
mortiers de hourdage des pierres brutes sont : le sable, le gravier, le tuileau, les déchets de
pierre, la paille grossièrement ou finement hachée et parfois la terre. Exceptionnellement, on
trouve des cendres.
En Egypte, pour les murs en pierre calcaire brute hourdée, l’agrégat utilisé pour le mortier à la
chaux est le sable. On peut également parfois y observer des ajouts de tuileau et/ou de
cendres « Qosromel ».
Agrégat - Granulométrie
La granulométrie des agrégats cités varie selon leur nature de 0-3 à 0-12 mm.
En Egypte, la granulométrie renseignée du sable employé pour le mortier à la chaux est de 03 mm.
Dosage
Dans l’espace MEDA, pour les maçonneries en pierre brute, les mortiers de hourdage à base
de chaux sont tout aussi fréquents que ceux à base de terre.
La notion de volume de mortier utilisé pour ce type de maçonnerie est importante. Selon que
les pierres présentent des formes quasi régulières ou très irrégulières, la consommation en
mortier de hourdage peut respectivement varier de 4 à 25% du volume de la maçonnerie
voire à 50%, en Egypte, dans la région de Siwa, pour les pierres de sel « Kershif ».
Dans ces cas très consommateurs, ce mortier, d’ailleurs le plus souvent à base de terre –
beaucoup plus économique – est également employé pour le jointoiement et quelquefois
même le surplus est étalé sur la maçonnerie comme enduit de protection.
Les mortiers à base de chaux sont eux amaigris par l’ajout d’agrégats moyens (sable, tuileau)
et gros (graviers, déchets de pierre, paille hachée). Ces charges inertes permettent
d’économiser le liant ; la notion d’économie étant toujours présente.
Le dosage renseigné par la plupart des pays pour le mortier de hourdage à base de chaux est
de 1 à 2 volumes de liant pour 3 à 4 volumes d’agrégats.
Le dosage du mortier de terre lorsqu’il est chargé de paille n’est pratiquement jamais précisé ;
c’est la pratique du constructeur qui le détermine naturellement.
En Egypte, le dosage renseigné pour le mortier à la chaux est d’ 1 volume de liant pour
3 volumes d’agrégats.
Construction du mur dans l’Oasis de Siwa
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
3/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Epaisseur et dimensions
Dans l’espace MEDA, les murs en pierre brute hourdée sont à simple ou à double épaisseur suivant la longueur des moellons disponibles
localement et transportables manuellement.
Pour les murs à simple épaisseur, soit un seul rang d’éléments parpaings forme les deux parements, soit des moellons posés en boutisse
assurent le liaisonnement de la maçonnerie à deux rangs.
Dans ce cas, les épaisseurs renseignées varient de 30 cm minimum à 50/55 cm maximum.
Pour les murs à double épaisseur, les deux parements sont liaisonnés par un remplissage intermédiaire composé d’un mélange d’un mortier
grossier et de déchets de pierre.
L’introduction de chaînages horizontaux en bois tout comme ceux en briques (moins fréquents), régulièrement répartis dans la maçonnerie,
améliore les performances constructives du mur. Ces dispositifs de chaînage permettent à la fois :
- de compenser les formes irrégulières des moellons par des reprises d’assises ;
- de liaisonner les deux parements par des pièces transversales formant éléments parpaings ;
- d’apporter plus de cohésion et de stabilité et d’autoriser de ce fait à construire moins épais et à élever le mur plus haut ;
- d’encaisser, sans compromettre l’équilibre de la construction, les violentes sollicitations sismiques pour les régions concernées (Méditerranée
orientale).
L’épaisseur des murs à double épaisseur sans chaînage varie de 55 à 100/120 cm maximum ; avec chaînage, de 50 à 60 cm voire
exceptionnellement 100 cm.
Quand les constructions en pierre brute hourdée ont des étages, la plupart des pays renseignent un démaigrissement du mur en montant pour
limiter les descentes de charges et le dimensionner par niveau en fonction de celles qu’il reçoit du dessus.
Si la stabilité de la maçonnerie est précaire et en l’absence d’un dispositif de chaînage horizontal, la hauteur des murs est limitée à 3-4 m. Sinon,
suivant la qualité de l’appareillage et l’ingéniosité du système de chaînage horizontal, la hauteur des murs varie entre 6 et 12 m (épaisseur
maximum à la base du mur sans chaînage = 80 à 100/120 cm, avec chaînage, 50 à 60 cm). Exceptionnellement, on rencontre des constructions
de 15 m de haut. Ces grandes hauteurs sont réservées à l’habitat en milieu urbain.
En Egypte, l’épaisseur des murs en pierre calcaire brute hourdée varie de 40 à 80 cm.
Dans la région de SIWA, l’épaisseur des murs en pierre de sel « KERSHIF » varie de 30 à 70 cm.
Ces maçonneries (tant en pierre calcaire qu’en pierre de sel) sont rudimentaires, à simple épaisseur, utilisant beaucoup de mortier de hourdage et
de petites pierres de blocage. Le liaisonnement est parfois assuré par des moellons posés en boutisse.
Ces murs se démaigrissent dans l’élévation des étages. Ils peuvent atteindre une hauteur maximum de 12 m.
Aspect de finition
Dans l’espace MEDA, les murs en pierre brute hourdée sont soit laissés nus quand l’appareillage est très régulier, jointoyés (en creux, en relief)
ou non, soit protégés par un s imple badigeon à la chaux, soit partiellement (enduit à pierre vue) ou totalement revêtus d’un enduit à la chaux, à la
terre ou de chaux + terre. Ces différents types d’enduit peuvent également être recouverts d’un badigeon à la chaux, à la terre ou organi que. Ce
badigeon constitue d’ailleurs souvent la couche d’entretien de l’enduit.
Contrairement aux murs en pierre taillée équarrie ou en pierre dressée/taillée 6 faces, la décision de la finition de la maçonnerie en pierre brute
hourdée procède principalement d’une intention d’ordre fonctionnel.
Suivant la nature des pierres mises en œuvre, la qualité de l’appareillage, des essences de bois employées pour les dispositifs de chaînage
horizontaux, des mortiers de hourdage et de jointoiement, le mur en pierre brute est plus ou moins vulnérable à l’eau. Le badigeon et/ou l’enduit
assurent sa protection.
La préoccupation esthétique est ici généralement secondaire. Elle se limite souvent au choix de colorer les badigeons d’entretien.
En Egypte, les murs en pierre calcaire brute hourdée peuvent rester nus ou être protégés par un enduit à la chaux.
Dans la région de SIWA, les murs en pierre de sel « KERSHIF » sont le plus souvent recouverts par un enduit de terre qui est en fait le surplus du
mortier de hourdage. Ce type de maçonnerie est, en effet, composé de 50% de pierre et de 50% de mortier de terre. Un badigeon à la chaux est
parfois appliqué sur cet enduit de terre. On peut quelquefois, observer des enduits de protection à la chaux.
Outils
Dans l’espace MEDA, aucun outil spécifique commun aux utilisateurs n’a été renseigné pour la mise en œuvre des murs en pierre brute hourdée.
L’outillage de base commun à tous est extrêmement simple : fil à plomb, niveau, cordeau pour la géométrie, truelles pour les morti ers, outils de
percussion pour éventuellement retoucher les moellons.
En Egypte, aucun outil spécifique n'a été renseigné pour la construction des murs en pierre brute hourdée.
Métiers
Dans l’espace MEDA, les constructions en pierre brute hourdée sont habituellement réalisées par le maçon accompagné parfois par un tailleur de
pierre (pour les angles, linteaux, jambages) et exceptionnellement par un charpentier (pour les dispositifs de chaînage horizontaux en bois).
En milieu rural, certains pays précisent que selon la tradition locale, le futur habitant, sa famille et les villageois aident le maçon.
En Egypte, c'est traditionnellement le maçon qui construit les murs en pierre brute hourdée.
Dans la région de SIWA, le maçon est aidé par le futur habitant.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
4/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
P e r f o r m a n c e s T h e r m i q u e - Acoustique
La qualité de l’isolation thermique varie principalement en fonction de la nature des matériaux pierreux mis en œuvre et de l’épaisseur de la
maçonnerie.
Dans l’espace MEDA, l’ensemble des pays renseigne des performances thermiques satisfaisantes pour leurs constructions en pierre brute
hourdée aux murs souvent épais à l’exception des constructions en granite, basalte et autres roches compactes, médiocres isolants thermiques.
La performance idéale est obtenue par un matériau poreux (calcaire) combinée avec une épaisseur de mur supérieure à 60 cm (2 qualités
permettant d’accumuler la chaleur aux heures ensoleillées) et avec un fort gradient de température entre le jour et la nuit (le mur restituant aux
heures froides de la nuit la chaleur emmagasinée pendant les heures chaudes de la journée).
Cette technique de construction est également favorable à la qualité acoustique du fait de l’épaisseur des maçonneries.
En Egypte, les performances thermiques et acoustiques des murs en pierre brute hourdée sont renseignées comme étant très satisfaisantes.
Pathologie de vieillissement
Dans l’espace MEDA, les pathologies de vieillissement décrites par la plupart des pays sont liées à la fois aux matériaux employés, à la technique
de mise en œuvre et aux conditions climatiques.
Les ennemis des murs en pierre brute hourdée sont l’eau et les mouvements sismiques.
Les effets néfastes de l’eau de pluie battante mais aussi des infiltrations, des remontées capillaires (le phénomène de condensation n’étant
jamais cité par les partenaires) entraînent, quand elles existent, l’altération et le décollement des couches de protection (badigeon, enduit), la
dégradation plus ou moins grave des pierres suivant leur nature et la perte du mortier de jointoiement et de hourdage.
Des désordres structurels (fissures, décohésions ponctuelles des maçonneries,.. .) en résultent alors.
L’affaissement aux niveaux des angles est fréquent quand ceux-ci n’ont pas fait l’objet d’un traitement spécifique permettant de les consolider.
Au plan sismique, le risque principal est le cisaillement brutal. Pour éviter ou limiter ce phénomène, les pays concernés ont mis au point des
systèmes astucieux de chaînages horizontaux le plus fréquemment en bois. Ils signalent qu’en absence de protection, le bois se dégrade au fil du
temps aussi bien à l’extérieur (intempéries) qu’à l’intérieur (humidité).
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée, les pathologies renseignées sont :
- décohésion des pierres calcaire et de sel « KERSHIF » en raison de leur faible densité (dureté 2 à 4 maximum) ;
- fissuration, bombement, décohésion des maçonneries (pour rappel, les murs en pierre de sel sont composés à parts égales de pierre et de
mortier).
Dans la région de SIWA, traditionnellement aucun entretien, ni aucune réparation des constructions en pierre de sel « KERSHIF » ne sont
effectués. Les habitants laissent délibérément leur maison s’effondrer pour en reconstruire une nouvelle sur la parcelle adjacente avec les pierres
récupérées.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
5/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE
En Egypte (texte en anglais) :
Murs en pierre calcaire brute hourdée (Rough Limestone Wall with Mortar) – (Texte en anglais)
1
Number of workers depends on work scale, shape of wall, openings and decoration, etc…Normally cutter works alone, builder needs two
assistants for preparing mortar, and one assistant for building work ; Optimal climate is dry weather.
2
A) Foundations dug under builder’s supervision
B) Stone cutter breaks stones according to sized suitable for wall
C) Workers prepare mortar
D) Builder lays foundations using the same stones, wider than the wall. The work is done using mortar. Depth depends on size of
construction, soil, etc…
E) Wall stones are built by builder and assistant using mortar.
3.
Digging foundations : 1 worker 2 m3/8 hours (depending on kind of soil)
Stone cutting : output depends on sizes to be broken
Preparing mortar : 2 workers according to building needs
Building : builder 1 m3/8 hours (depending on kind and thickness of wall)
•
Builder makes 50 cm high of wall per day (8 hours) and leaves them 3 days for the mortar to harden, depending on wall thickness and the
weather.
After finishing building work, builder fixes joints between stones (pointing) for bare wall. This is done using mortar of lime and sand with stone
powder.
Master Builder does verification and control of work result.
•
•
Murs en pierre de sel « KERSHIF » brute hourdée (Texte en français)
•
Nombre de personnes : 3 personnes assistent le maçon. Le climat optimal est un temps sec.
•
Les fondations sont creusées sous la supervision du maçon.
•
Les assistants préparent le mortier une semaine environ avant la construction. La terre argileuse employée pour le mortier est extraite à une
profondeur de 1 à 2 m sous la couche rocheuse de « KERSHIF ». Elle est mélangée avec de l’eau jusqu’à l’obtention d’un mortier assez
consistant.
•
Le maçon remplit les fondations, plus larges que les murs, en utilisant les même pierres et du mortier.
•
Les murs sont construits conjointement par le maçon et ses assistants, dans la proportion de 50% de pierre et de 50% de terre.
•
Les pierres de sel « KERSHIF » sont extraites des rivages du lac salé ou récupérées dans les ruines des maisons effondrées. Les trop
grosses pierres sont recassées à la pioche.
•
Le mur est construit, sur une hauteur totale de +/- 2m, par tranches horizontales alternant une couche de mortier jeté à la main, une couche
de pierres disposées les unes contre les autres, enfoncées dans le mortier puis encore, une couche de mortier. Des petites pierres sont
intercalées dans les interstices pour bloquer la maçonnerie.
•
Le maçon élève une première tranche horizontale de mur d’ 1 m de hauteur environ. Ensuite, il monte sur la maçonnerie pour réaliser les
deux tranches suivantes de +/- 50 cm de hauteur chacune. Ces murs sont toujours enduits à la terre avec le mortier de hourdage.
Préparation du mortier : 2 personnes, selon la taille et les besoins du bâtiment.
•
Construction : Le maçon monte environ 50 cm de hauteur de mur par jour (8 heures). 4 m3 de mortier et 4 m3 de pierre sont nécessaires
pour l’élévation d’un mur de 3m X 4m, d’une épaisseur de 35 à 40 cm.
•
Le séchage du mur nécessite 4 à 5 jours en hiver ; 3 jours au moins en été (suivant l’épaisseur du mur et les conditions climatiques).
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
6/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
OUVRAGES ASSOCIÉS
Angles et piliers
Illustrations
Angles : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes matériaux
Dans l’espace MEDA, on peut observer dans tous les pays des angles construits comme le
courant du mur ce qui entraîne d’ailleurs à ce niveau, pour la technique des pierres brutes
hourdées sans système de chaînage horizontal, des désordres structurels spécifiques.
On constate cependant que le plus souvent les c onstructeurs se préoccupent de la stabilité de
cet endroit de la construction particulièrement sollicité que sont les angles.
Le traitement le plus couramment cité est le chaînage vertical réalisé au moyen de pierres de
plus grandes dimensions, taillées plus soigneusement pour leur assurer une meilleure assise
et comportant une arête plus ou moins vive pour marquer l’angle droit. Une pierre de même
ou d’une autre nature que celle des murs mais plus dure est quelquefois employée.
Des éléments décoratifs (colonnette, pierre sculptée,…) y sont parfois intégrés.
Le dispositif de chaînage horizontal en bois, lorsqu’il existe, comporte toujours un système de
renforcement aux angles variant suivant la tradition locale de mise en œuvre.
En milieu urbain, il est fréquent que les angles des murs de rez -de-chaussée soient
chanfreinés à 45° ou arrondis de manière à faciliter la circulation dans les ruelles très étroites.
En Egypte, aucun traitement particulier n’est réservé aux angles des constructions en pierre
brute hourdée. Ils sont montés avec la même technique que celle employée pour le courant
du mur.
Piliers : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes
matériaux
Dans l’espace MEDA, la plupart des pays construisent des piliers avec la technique de la
pierre brute hourdée. Ils insistent tous sur la nécessité de sélectionner les pierres aux lits
d’assise les plus réguliers possible afin d’obtenir une maçonnerie homogène, ne nécessitant
pas trop de mortier de hourdage, résistante à la compression.
Les piliers sont carrés, rectangulaires ou cylindriques, toujours en pleine pierre, quelquefois
avec alternance de lits de brique.
En Egypte, la construction de piliers est possible avec la technique de la pierre calcaire brute
hourdée. Ils sont réservés aux édifices de grandes dimensions. Leur écartement est
généralement important.
La technique du mur en pierre de sel « KERSHIF »ne permet pas la construction de piliers.
Angle : harpé, enduit
La Baie et son encadrement
Linteaux et arcs
Dans l’espace MEDA, dans les constructions en pierre brute hourdée, on rencontre plusieurs
types de linteau :
- simple : unique pièce de bois brute ou équarrie, branches ou tronçons de tronc coupés en
deux juxtaposés en longueur, pierre monolithe allant de la simple pierre plate pour les petites
ouvertures à la pierre soigneusement taillée parfois même moulurée ou sculptée. Il franchit la
largeur de la baie et s’appuie sur les jambages ;
- fractionné : arc appareillé en pierre ou en briques.
Le linteau peut être surmonté d’une décharge en arc (exceptionnellement en bâtière) le plus
fréquemment composée de plusieurs éléments en pierre, moins souvent en briques cuites ou
crues (à Chypre par exemple) qui reportent les charges supérieures sur les jambages.
Pratiquement, chaque pays exploite trois solutions : le linteau d’une seule pièce (pierre ou
bois), avec ou sans décharge, l’arc en éléments fractionnés, courbe ou plat.
Dans le milieu rural, le linteau en bois est dominant. Il peut être en frêne, en palmier (en
raison de sa texture fibreuse et de sa faible résistance, sa portée est cependant limitée à +/2 m), en cèdre.
En Egypte, pour la technique des murs en pierre calcaire brute hourdée, les linteaux sont
simples, en bois ou en pierre, avec ou sans arc de décharge. Ils peuvent aussi être
f ractionnés, en pierre, avec ou sans arc de décharge.
Dans les murs en pierre de sel « KERSHIF », on n’observe que des linteaux en bois de
palmier (tronçons de tronc parfois coupés en deux dans le sens de la longueur), d’une portée
maximale de 1,8 à 2 m (les longueurs d’appui sur la maçonnerie étant de +/- 50 cm et la
largeur des baies de +/- 50 à 80 cm).
Utilisation de la pierre de taille pour les
chainages, jambages…
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
7/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
OUVRAGES ASSOCIÉS (Suite)
La Ba i e e t s o n e n c a d r e m e n t ( s u i t e )
Illustrations
Jambages
Dans l’espace MEDA, les jambages sont le plus couramment montés dans le cours du mur,
avec le même matériau et la même technique. Les moellons employés peuvent cependant
être de plus grandes dimensions et de forme plus régulière.
Quelques pays réalisent les jambages en un ou plusieurs éléments en pierre équarrie ou
taillée parfois moulurée ou sculptée. Dans ce cas, ils supportent généralement un linteau
monolithe en pierre ou en bois. Des jambages en briques sont décrits et illustrés par le Maroc
et la Tunisie.
La Grèce et la Turquie précisent que lorsqu’un chaînage horizontal en bois existe, les
jambages sont constitués par deux pièces de bois équarries reliées perpendiculairement aux
éléments longitudinaux du chaînage qui font office de linteau en partie supérieure et de seuil,
en partie inférieure.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée (calcaire ou de sel), les jambages sont
réalisés avec la même technique que celle employée pour le courant du mur, sans aucun
traitement spécifique.
Appuis
Dans l’espace MEDA, les appuis non saillants sont les plus communément observés. Les
appuis saillants sont plus rares. Peu de précisions en ce qui concerne les matériaux utilisés :
le bois en planche ou en pièce équarrie, la pierre taillée parfois moulurée.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée (calcaire ou de sel), les appuis sont non
saillants.
Dimensions
Dans l’espace MEDA, le percement des baies se présente le plus souvent sous forme d’un
rectangle vertical. De multiple ouvertures en arc en plein cintre, outrepassé, surhaussé,
polylobé enrichissent la composition des façades extérieures et intérieures (principalement au
Maroc, en Tunisie, en Algérie et dans le sud de l’Espagne).
Les dimensions de ces percements varient en largeur de 10 cm minimum à 2,50 m maximum
voire 3 m exceptionnellement et en hauteur, de 30 cm à 2,50 m maximum.
Les petites ouvertures faisant office de système de ventilation sont parfois réalisées de
manière à obtenir un effet décoratif dans l’appareillage de la maçonnerie (en Algérie, par
exemple).
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée (calcaire ou de sel), les dimensions des
baies varient en largeur de 20 à 120 cm et en hauteur, de 40 à 200 cm maximum.
Très habituellement, les baies de fenêtre sont de petites dimensions en raison de la chaleur.
Ouvertures, Finition : baies simple ou
élaborée sur des façades enduites
Eléments associés
Dans l’espace MEDA, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie nous décrivent des volumes
en encorbellement accrochés aux façades.
Des balcons, parfoi s ajouts tardifs, des galeries de circulation au 1er étage des habitations,
des dépassements de troncs supports de plancher ou de toiture, des gargouilles en palmier
au travers des acrotères sont les principaux éléments associés cités par les pays partenai res.
En Egypte, dans les murs en pierre de sel « KERSHIF », on observe, en façades, le
dépassement des troncs de palmier utilisés comme poutres de plancher ou comme supports
de toiture plate
L i a i s o n m u r -t o i t u r e
Dans l’espace MEDA, de manière générale, lorsque la toiture est à versants, les murs
gouttereaux en pierre brute hourdée sont protégés par le dépassement de longueur variable
de la toiture (chevrons, planches en bois supportant le matériau de couverture).
Presque partout, on signale des pierres plates, des moellons ou des briques cuites posés en
encorbellement sur la tête des murs.
Pour les toitures plates, soit le mur se prolonge par un acrotère plus ou moins haut, ajouré ou
non, clôturant ainsi la toiture-terrasse, soit l’enduit de protection de la toiture retombe sur la
partie supérieure des murs extérieurs, soit un système permettant d’éloigner l’eau de pluie
des murs est mis en place (branchages au Maroc, par exemple).
La bonne évacuation de l’eau de pluie est une préoccupation générale pour la protection des
murs en pierre brute hourdée comme d’ailleurs pour toutes les techniques de construction
vulnérable à l’eau.
En Egypte, pour les murs en pierre brute hourdée (calcaire ou de sel), aucune liaison
spécifique avec la toiture n’a été renseignée.
Dans le cas des toitures plates, l’enduit de protection est appliqué sur la toiture et retombe sur
la partie supérieure des murs extérieurs.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
8/9
A3 Egypte – Mur en pierre brute hourdée
US A G E , E V O L U T I O N E T T R A N S F O R M A T I O N
Usage
Types de bâtiments
Dans l’espace MEDA, la technique de la pierre hourdée avec ou sans chaînage horizontal en bois ou en briques est utilisée partout
principalement pour les bâtiments d’habitation et leurs annexes mais aussi pour les édifices publics ou religieux.
En Egypte, la technique du mur en pierre brute hourdée (calcaire ou de sel) est employée pour tous les types de bâtiments.
Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu
Dans l’espace MEDA, la technique de la pierre brute hourdée remonte partout aux temps immémoriaux.
Son usage est très nettement en voie de disparition sinon totalement disparu dans quelques pays. La technique traditionnelle reste néanmoins
utilisée dans certains pays, en milieu rural exclusivement et de manière générale pour la restauration des édifices anciens.
En Egypte, la technique du mur en pierre brute hourdée est ancestrale
La technique du mur en pierre calcaire brute hourdée est utilisée pour les nouvelles constructions mais rarement, en raison de son coût élevé.
Elle reste également d’usage pour la restauration des édifices anciens.
La technique des murs en pierre de sel « KERSHIF » reste traditionnellement d’usage ; les matériaux étant disponibles (puisque très souvent de
remploi) et la mise en œuvre, très économique.
Raisons de la disparition ou de la modification de la technique
Dans l’espace MEDA, les motifs évoqués pour la disparition de la technique de la pierre brute hourdée sont le plus fréquemment :
- l’apparition de nouveaux matériaux jugés plus performants au niveau de leur mise en œuvre ;
- un coût élevé de la main d’œuvre qualifiée qui, peu sollicitée, se raréfie entraînant dans ce processus la disparition du savoir-faire, tant du point
de vue de la technique de construction que de celui de l’entretien.
Les chaînages horizontaux en bois ou en briques sont remplacés par des ossatures en béton armé.
Evolution / Transformation
Les matériaux
Les moellons bruts sont remplacés, sur les circuits commerciaux, par les blocs agglomérés coulés (parpaings de ciment, de béton cellulaire, de
terre cuite). Ils sont de modules identiques avec des pièces spécifiques pour les traitements d'angle, linteaux et autres particularismes. Ils sont
assemblés sur un rang de largeur variable avec des raidisseurs en béton armé.
En Egypte, pour les murs en pierre calcaire brute hourdée et principalement pour les nouvelles constructions, le mortier de ciment remplace peu à
peu le mortier à la chaux ou à la terre.
Les aspects techniques
Peu d'outillage pour la mise en œuvre. Actuellement, moyens mécaniques supplémentaires pour la manutention, l'approvisionnement (transport,
levage) et le gâchage du mortier par bétonnière. La méthode de pose des matériaux modernes est semblable à la différence près qu'elle se
réalise sur un rang et non deux rangs liaisonnés.
Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement
- Fiables pour la conservation de structure si les matériaux uti lisés sont en mesure de supporter les charges. Les résistances varient selon les
types de matériaux (ciment / terre cuite / béton cellulaire), largeurs, creux ou pleins. Pareil pour la transformation.
- Le coût économique est largement inférieur à la maçonnerie de moellons équarris et bruts.
- Selon les matériaux choisis, on a des différences importantes en ce qui concerne les pouvoirs d'isolation thermique. Pareil avec les largeurs.
Possibilité de mettre en œuvre en même temps l'isolation thermique.
- Au niveau esthétique problème d'épaisseur à respecter : le bâti ancien est supérieur ou égal à 0,60 mm et c'est visible dans les percements
(baies et portes)
Sur le bâti ancien, la technique de remplacement par des blocs modernes ne peut fonctionner que si la maçonnerie est ensuite enduite.
Sur la construction neuve, en particulier l'habitat individuel pavillonnaire, ces techniques de remplacement sont les plus pratiquées.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
9/9

Documents pareils