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Liste des poèmes figurant dans la publication Terre et Climat - Poèmes & dessins 1. Ne te fais pas d'illusions, jeune ami de demain - Roger Mary, France 2. Poussière - Anne De Sète, France 3. The big mother - Edet Mbosowo, Nigeria 4. Land is life - Thomas Rashid Chitsulo, Malawi 5. As one tree dies two more will rise - Nam Vu, Vietnam 6. La machine à broyer - Gisèle Moyroud, France 7. Our motherland - Dave Chaitali, Inde 8. The hope for bread and joy - Otsile Modukanele, Bostwana 9. People live without recognizing - Kimmerlin Razafindrina, Madagascar 10. Terre femme - Chantal Millaud, France 11. Du 7ème ciel au 7ème continent - Olivier Morin, France 12. Natural story - Monika Ctvrteckova, République Tchèque 13. Only a fool knoweth not - Anthony Itopa, Nigeria 14. Quand je serai grand - Anne De Sète, France 15. La complainte du radis noir - Daniel Delporte, France 16. J'ai vu migrer la baleine blanche - Olivier Morin, France www.desertif-actions.fr 1 Ne te fais pas d'illusions, jeune ami de demain Les monoculteurs avides vont continuer allègrement à incendier la forêt vierge de l'Amérique du sud . La planète s'étouffe mais des avions transporteurs gigantesques et nombreux ,oh combien, continueront à Les chalutiers insatiables et les bateaux usines vont continuer à racler les fonds et des mers, ainsi ,les thons , venus sillonner le ciel de leurs traits vaporeux réacteurs des millions d'années Méditerranée pour se reproduire, vont s'engouffrer dans les gosiers nippons . Les marchands de poison vont continuer à vendre leurs mixtures aux pulvérisateurs multibranches, détruisant les abeille et les hommes par dessus le marché. Les politiciens politicards maîtres de la décence, vont continuer en toute inconscience à nous amener vers la grande décadence Depuis leurs antennes et satellites, les médias vont continuer à épandre leurs grimaces et leurs farces sur les "audios-spectato-humanoïdes", ajoutant à la confusion. Les bons à rien vont continuer à réclamer, et les bons à payer vont continuer à débourser. La planète s'étouffe mais les 4/4et les grosses voitures vont continuer à pulluler sur la voie publique. Les humains de plus en plus nombreux et de plus en plus pauvres pour la plupart, vont continuer allégrement à engendrer, si bien que dans quelque temps, ils ne pourront que se tenir debout les un serrés les uns contre les autres de réserve d'énergie. Les financiers finaudiers continueront à dérober, en toute légalité, les cassettes de retraités pour les prêter à taux conséquents aux pauvre Martins qui trembleront de perdre leur chaumière. Tout va continuer à se transformer en argent, tout, absolument tout : les arbres ,la terre, la mer, les paysages, l'eau des rivières, les maladies, les chansons, tout, tout, en argent des coffres forts, bien au chaud dans les paradis fiscaux. Combien pariez vous que la comédie continuera? Que pessimiste est ma parole, tel Alceste réapparu. Mais après tout ,on s'en fout, après nous le déluge. Ami des lendemain ,je ne t'envie pas? T'en baveras des ronds de chapeau, des tourmentes, des bourrasques tu subiras. Rentres ta tête dans tes épaules, quand surviendra la grande débâcle. Ne te fais aucune illusion ,mon jeune ami des lendemains incertains les pieds sur la terre sacrée chauffée au rouge cerise. www.desertif-actions.fr Roger Mary, France 2 Poussière Le soleil brille Pour éclaircir toute la poussière Que soulève le vent Cette poussière Qui n'est plus de la terre Cette poussière Qui n'est que poussière Qui n'est plus féconde Et se pose tristement Au bout du souffle du vent Le soleil brille Et dessèche la terre Après le passage du vent Et prépare la poussière De demain Les hommes ont vendu les Arbres Vivants Plus rien ne pousse 3 Les hommes aux yeux rougis Voient sur la poussière S'avancer la faim Ce qui poussait Ce qui vivait Ils l'ont vendu Le corps des hommes sèche Et maigrit Et se ride Couverts de poussière Ils avancent dans les nuées Du vent de poussière Et le vent les pousse Et les emporte Aux confins de la terre Morte Anne De Sète, France www.desertif-actions.fr The big mother Womb you do not have But in you life buds Into vertebrates and invertebrates Even into angiosperms and gymnosperms Muscles you possess not But all of us you carry Even our houses and structures You hold firm in place Brain you lack But conservation you’ve taught us By your efficient management of your fertility Through recycling of the organics Breast you’ve never grown But all earth’s occupants you nurture Some through the roots While some through the fields 4 Where is your heart? That you’re so caring Even in the face of abuse You’ve never revolted How I wish that every man Can just hear your voiceless cry So they could show you care As the big mother you are. Edet Mbosowe, Nigeria www.desertif-actions.fr Land is life It has witnessed man’s life from the cradle to the grave It has not let us down even in a single minute It supports us in every situation disregarding our financial status It is corrupt free and loves everyone disregarding the colour of skin It has not spared any other continent in this world It is too friendly to both living and non-living things It is a dear darling to human beings, trees, animals, and all the creatures All the Rivers, Lakes, Seas, Oceans lay their backs on it Shower them smiles to be blessed with water circle thus enhancing in evaporation Their stomachs full again Yes Yes Land is life! it deserves total care It is not a father but it supports our family It gives us food upon harvesting our crops It makes us heathier even if it not directly eaten How can I forget its delicious fruits to us Doesn’t it supports fruit trees? Mangoes, Oranges, Pine apples, Bananas, Maize, Cassava, beans aren’t they depend on it? Yes! the dear sources of carbohydrates, and countless Vitamins to us The food stuffs which wholeheartedly support our body Without it there is no man Yes Yes Land is life! How can I survive with an empty stomach for ages and worlds The riches are in it only wise men can agree! Various businesses are carried out on its back Where do the world best Hotels locate themselves? Show me any kind of Bank that is not snoring on its mat Hasn’t it hold gold, silver, diamond and copper? Show me a mine that is not located on it in this world? Haven’t you heard its cries when you degrade it? Shame on every wicked work that resulted into its desertification! This is my home I can plant many trees on it as I can Yes Yes Land is life! East West Home is the best If generosity pays back, how can I be so selfish? I cannot show brave face on Careless cutting down of trees, I cannot entertain overgrazing as bold as brass Desertification is the open murder! that is my daily preaching Open your ears you the whole world! The land was given once and it will not be given again God created it for your own use, don’t sour your blessing With patience understand its needs, thus your home Without land no life tell your neighbor Together we can fully eliminate desertification thus the theme! Yes Yes together we can have good life. Thomas Rashid Chitsulo, Malawi www.desertif-actions.fr 5 As one tree dies two more will rise When the brutal winter gives up, is when the trees wake up. After three elongated months, a seed has finally fallen into its Mother’s open arms, like a baby hugging back at its mother. When the seed takes root, is when the mother gives food. After so long the seed start to take root, is receiving nutrients from the ground, like a baby receiving milk from its mother. When the Gods cry, is when the plant thrives. After the first shower, the plant really explodes out of the ground, like a person feeling refreshed after a warm bath. When the plant grows up, is when the mother rest up. The grown plant will shelter its aging Mother, through whatever weather, cold or warm, without its loving arms, its mother will erode away with the rain. When the plant recreates, is when its Mother disintegrates. The seedlings will be fertilized by its mother, it will grow, protect and contribute, like its father. When the chainsaws roar, is when the arms fall. After a lifetime of growing, the plant’s roots slowly slip from its mother’s grip, and return to where it was born, its Mother. Nam Vu, Vietnam www.desertif-actions.fr 6 La machine à broyer... La machine avançait Montée sur des ergots d'essieux inexorables Programmée à la consommation et à la production d'un temps infini Rythmée en bielles et pistons, en tenons et mortaises mathématiques Efficace, évidente , internétisée au millième de seconde On entendait de loin et proche en proche ses ronflements monocordes ses criantes reprises . Les forêts , les coquelicots , les blés d'or Le pétrole , l'eau claire , l'argent , le zinc et le fluor Les couleurs et les mots Etaient avalés en cadence, en saccades , en sanglots , Bravades et escouades , Inexorablement la machine avançait, Tombaientdes eaux mêlées , boueuses, emportant tout sur leur passage Tombaient des jours semblables à des nuits Engin de mort pensé , conçu , imaginé , rêvé par l'homme La machine savante avalait , recrachait , produisait , détruisait , Au fur et à mesure comblait ici , excavait là, 7 Jusqu'où et jusqu'à quand ? Dieu implora la trève. Petit Poucet retrouve-t-il au fond de sa mémoire Un seul caillou qui puisse bloquer l'engrenage Cendrillon le carrosse somptueux avant l'aube dernière Blanche Neige , la pomme saine. Gisèle Moyroud, France www.desertif-actions.fr Our motherland Our motherland, the Incredible India is the land of divinity Land of spiritualism, land of love, land of unity in diversity Land of serenity and sanctity The land of service and humanity Our hearts are filled with purity India is the great land of opportunity and prosperity Technology and traditions go hand in hand We celebrate many festivals and religions in our land Temples, mosques, churches and synagogues exist in our land Hindus, Parsis, Budhist, Muslims, Christians, Jains, Jews, Sikhs all live in peace in this piece of land We celebrate festivals of colors Our life is filled with rainbow colors We walk in hand in hand On all different sand Of desert, stones, forest, hills and flat terrains In modern India the cities are now getting crowded with concrete jungles Our motherland, the Incredible India is the land of divinity Land of spiritualism, land of love, land of unity in diversity We have love for others Here we worship our motherland Fire, wind and water With great pride we consider our parents as teacher Land of many religions , many festivals, many languages, living with peace all together Our motherland, the Incredible India is the land of divinity Land of spiritualism, land of love, land of unity in diversity For us the nature, the land and water are God As we believe that ecosystem helps us even in times of Odd We must remember that we came on earth, nothing in our hand We will go empty hand from this pious land Perhaps burnt, buried inside the land Yet in the world people fight for a piece of land! We pollute the land We step upon the land We hurt and excavate the land Yet it keeps giving us without any expectations in return We get fruits, flora and fauna, sheds of trees in return Our holy motherland showers unconditional love in return Value the rich cultural heritage of our ecosystem -the treasure in our hand Before there is more deforestations, earthquakes and natures’ fury Everything is taken away from our hand Respect it, till it is in our hand Save trees as they save our lives www.desertif-actions.fr 8 There is no end of our growing greed With the ever growing needs Our motherland, the Incredible India is the land of divinity Land of spiritualism, land of love, land of unity in diversity Lets together have new beginning Enjoy the natural air conditioning effect below a tree since its free Grow more trees And set our motherland free From desertification, earthquake and floods These are the signals that the mother earth is crying out loud Care for our earth, care for our land and listen to its sound With fancy demands and concrete jungles growing in demand On this land of our motherland Feel gratitude and have pride for our great land- the motherland Tribute and salute to our motherland Our motherland, the Incredible India is the land of divinity Land of spiritualism, land of love, land of unity in diversity Dave Chaitli, Inde 9 www.desertif-actions.fr The hope for bread and joy Humans perceive land through various sentiments Some view this potent blank space of fertility As ineffectually barren and impotent Covering the face of Mother Nature’s humility With all sorts of hazardous junk Oh, how we have become so impudent. Through the eyes of a hungry weeping mother and child This broad vacant space lively yet so latent Is the only way through which this siege Of poverty, starvation and unemployment Held so awfully against mama Africa can end Clutching tight on his mother’s back The little boy weeps because of lack Mother continues to break her back Tilling the earth is one way to correct The torment need and abuse have left When her drunkard husband went 10 Both their tears and sweat merge With the expectant worked field The only hope for their lives to purge The sole chance for tomorrow’s bread sealed Yet still today the little boy a fever to catch Sleeping half-naked in the cold begging for yield The first blade shoots from beneath the soil The sad faces now anointed with the balm of joy Resulting in smiles that could travel many miles Giving assurance to purchase shoes for the boy And coax the aching swollen boils Left on the mother’s hands from working the soil Otsile Modukanele, Bostwana www.desertif-actions.fr People live without recognizing People live without recognizing where is food from? People wear jewels but do not imagine its origin. Food is from plant but plant depends on land, Jewels are from precious rocks but rocks are in land. Everything needs land; Plants need land to grow, People need land to plant, People need land to live. Animals and plants live on land, Decomposers, worms live in land, Above land, we have fruits. Under land, we have roots. Trees became boat, Because land is good. People became fat, Because land is food. People say, time is money, But I would say land is money. People say, no money no life, But I say, no land no life. 11 Land is wealth, so land is life. Land gives food, so land is health. Land nurturing people, Land nurturing life. Land for human being. Land for life existing. Land for world shaping. Land for sightseeing. People breathe air, air from plants. Plants eat nutrients, nutrients in land. No land, no trees. No trees no energy. No energy no life. Land for bricks, bricks for building, building for life. www.desertif-actions.fr Land is life, because it gives food. Land is life, because land provides wood. Land is life, because land provides meal. Land is life, because land forms hill. Landscape is from land, Homeland is from land, Highland is from land, Island is from land, Finland, England, Scotland, Switzerland, Netherland …are from land. Plane lands on land, Vehicles wheels on land People walk on land, Life depends on land. So land is source of food. Land is source of wealth. Land is source of life. Land is source of everything. Kimmerlin Razafindrina, Madagascar 12 www.desertif-actions.fr Terre-femme Je suis la terre La terre mère La terre femme Je suis ta femme Vois comme elle est rêche ma peau C'est que tu ne m'aimes pas Le vent seul me caresse Mais il me brûle il est trop chaud Mais il m'écorche il est trop fort Mais il m'assèche il est trop sec Occupe-toi de la terre La terre mère Occupe-toi de la terre femme Occupe-toi de ta femme Fais sourdre sa mouille Donne-lui ton sperme Eaux de la vie 13 La terre La terre mère La terre femme Aime-la comme ta femme Chantal Millaud, France www.desertif-actions.fr Du 7ème ciel au 7ème continent Les sirènes nous promettaient le septième ciel et nous voilà avec un septième, voir un huitième continent…de plastique. Et si le gyre du Pacifique Nord avec son puissant siphon marin, son vortex de déchets, cette immense soupe impopulaire, cette Grande Zone d’Ordures du Pacifique, était notre gouffre moderne, notre Charybde, comme un clin d’oeil à l’Odyssée ? Nous nous sommes bouchés les yeux et les oreilles pour continuer notre route sans rien changer de nos habitudes, de nos modes de vie, et les sirènes du progrès nous promettaient toujours. Nous voulions le chaud en hiver et le froid en été, les haricots de janvier et les tomates de novembre, nous voulions l’abondance et bien sûr l’éphémère, le dernier téléphone et la dernière application, le dernier message et son cortège de fautes, la dernière série, la dernière couleur et le dernier mot, les lunettes en 3D pour voir la vie en rose. Et c’est le dernier cri des oiseaux de l’amer qui vient se fracasser sur les oreilles mobiles de nos casques odieux, le dernier souffle des oiseaux du plastique avec son catalogue de pièces détachées. Ulysse choisit Scylla et perdit une partie de son équipage, nous n’éviterons pas Charybde et son tourbillon de plastiques charriés par les courants, formant de gigantesques spirales dans les Océans Pacifique, Atlantique et Indien. Il existe effectivement cinq 7ème continents dispersés car nous déversons chaque année six millions et demi de tonnes de détritus dans les océans. À l'image d'un puissant siphon marin, le vortex attire vers lui tous les résidus de notre société de (sur)consommation. Toutefois, contrairement au siphon, les déchets ne sont pas aspirés mais accumulés et bien visibles. Le tourbillon de ceux qui n’ont plus de saisons a tout aggloméré et mon Ulysse à moi est tout décomposé. Nous ne voulions pas entendre le chant d’autres sirènes qui nous mettaient en garde contre nousmêmes et nous voilà repus mais désarmés. Peut-être eût-il été préférable de choisir Scylla et son cortège d’abandon pour une mer vivante, ses poissons d’argent bleus et ses oiseaux de feu. Olivier Morin, France www.desertif-actions.fr 14 Natural story Natural Story Red, blue, green, yellow and much more… These are colours of our world. Look around, what can you see now? Grey trees, grey sky and grass. Do you really ask me… How? You won´t find out in the stars. It´s my ignor. It´s your ignor. Everyone just want to be rich. Close your eyes and go to store. Buy everything that you can hold, just for feeling it is yours. We are silly, we are blind. So please, open your mind. You don´t need all that stuffs, that´s the reason, why our world sucks. You won´t give up your comfortable life, will you? I can´t still decide. 15 Who will be first, who will be next? Someone has to begin. So please, help me and I´ll help you. Maybe sometimes we will be a big crew. Tell me, are we able to come out from the cloud of ignorants? Alone, I´m not strong enough. Promise me, from now to the end of our days we will help each other and listen what nature says. Meanwhile nobody hear you. How is it possible? Scream louder what our Mother Earth wants and our world will thank you. Monika Ctvrteckova, République Tchèque www.desertif-actions.fr Only a fool knoweth not You behold planes and ‘copters Fly across the sky, Ships and boats sail on water, Bikes and cars speed past you On roads where you live. Only a fool knoweth not That land is life. You run to a doctor for refuge From an illness that torments you, Get examined with medical equipment And soon smile home with drugs That promise to subdue your illness. Only a fool knoweth not That land is life. You build your house With blocks, wood and iron sheets, Coating it in beautiful colours. You draw current with wires To power your bulbs, TV and others. Only a fool knoweth not That land is life. 16 You wear clothes and shoes That enhance your look, Use cream that nourishes your body, And strap a watch round your wrist To have a sense of time. Only a fool knoweth not That land is life. You have forests around you That give you books and dailies, And supply you with oxygen That costs you not a dime. Only a fool knoweth not That land is life. You eat myriads of foods That give you nutrients And keep you alive. You draw water from the well To bathe, to drink and to wash. Only a fool knoweth not That land is life. Anthony Itopa, Nigeria www.desertif-actions.fr Quand je serai grand - Quand je serai grand, je serai fermier ! - Mais mon enfant, des fermiers, il n'y en a plus ! Les gens qui exploitent la terre (ils ne la travaillent plus, ils l'exploitent) ne sont plus des fermiers. Ils sèment plus de produits chimiques que de graines, les plantes qu'ils font pousser n'ont plus de haies pour s'abriter, elles ne font plus de graines, et la terre sous elles n'est plus noire et riche, mais nue et solitaire. Après la récolte, il faudra plus encore de produits chimiques pour d'autres graines. La terre est morte...(D'ailleurs même cette pauvre terre-là, on la recouvre, de ciment, de béton, de centres commerciaux ou de parkings.) On n'élève plus les animaux, non plus : eux aussi, on les exploite. Laisse tomber l'idée de la ferme, c'est fini. - Quand je serai grand, je vivrai dans la forêt, sous les grands arbres, avec plein d'animaux autour de moi ! - Mais mon enfant, des forêts, il n'y en a plus ! Par-ci par-là, des morceaux de forêt, pleins d'engins rugissants qui abattent les arbres. Et les grands arbres ont disparu depuis longtemps sous leurs dents mécaniques. Ceux qui sont restés n'ont pas le temps de devenir grands. Le sol derrière eux, abîmé par les chenilles et le poids des engins, est parti à la première pluie. Et les animaux qui n'avaient plus d'abri, ni de nourriture, à leur tour ont disparu. Partout dans le monde, on continue. Oublie la forêt, c'est fini. - Quand je serai grand, j'irai vivre avec les nomades du désert ! - Mais mon enfant, la paix du désert, il n'y en a plus ! D'abord, les touristes sont partout, même là. Et ils veulent voir, rien de plus, alors ils y vont en 4 x 4, dans le bruit, la poussière, et en remuant le moindre terrier de fennec. Ensuite, la guerre est partout, et laisse derrière elle des débris, des métaux, des bombes... Les puits s'empoisonnent, les oasis s'assèchent, les animaux du désert disparaissent, et les nomades avec eux. Laisse tomber la paix du désert, c'est fini. - Quand je serai grand, j'irai sur les traces de Jack London, dans l'immensité du Grand Nord ! - Mais mon enfant, le Grand Nord, il n'y en a plus ! Les hommes maintenant ne voyagent plus en raquettes, ni en traîneaux, il leur faut du pétrole pour les scooters des neiges et autres véhicules, à patins ou à chenilles. Ils ne vivent plus dans des igloos, mais dans des maisons, construites avec des matériaux importés par la voie des airs. Ils ne mangent plus de phoque congelé dehors, mais des conserves. En Alaska, on va extraire du pétrole en grand, et autour, là où la glace fond, des super-tankers vont circuler sans cesse. Oublie le Grand Nord, c'est fini. - Quand je serai grand, j'explorerai les montagnes, tout en haut, là où il n'y a personne, où les alpages sont purs ! - Mais mon enfant, des solitudes, il n'y en a plus ! Même autour des plus hauts sommets, on trouve des détritus, des plastiques et des conserves vides. Les alpages sont pleins de papiers gras, et les chiens des touristes y tuent tout ce qui vit. Laisse tomber les sommets, c'est fini. www.desertif-actions.fr 17 - Quand je serai grand, je naviguerai sur l'infini des mers ! - Mais mon enfant, des mers infinies, il n'y en a plus ! Partout d'énormes bateaux crachent des fumées et des détritus de toutes sortes. On a été tellement goinfres que les poissons disparaissent. Un nouveau continent s'est créé avec nos déchets. Des animaux s'y empoisonnent, ou s'y engluent. Les plastiques dérivants étouffent les tortues. Quant aux îles désertes, elles sont maintenant pleines de rats ou de chats qui ont tué tous les animaux naïfs qui y vivaient ; tu ne pourrais plus y vivre, il n'y a rien à manger. Oublie les mers infinies -c'est fini. - Mais alors ? Le monde n'est plus un vrai monde ? - Non, mon enfant. Dans le monde, tout a été exploré, et tout ce qui a été exploré est exploité. Et tout ce qui est exploité est désertifié. On a oublié de respecter la vie, et la vie ne nous respecte plus. - Mais moi, je n'y suis pour rien ? Pourquoi je me retrouve avec un monde aussi triste, alors que je ne lui voulais que du bien ? C'est ainsi, mon enfant. C'est ton héritage... et celui-là, tu ne peux pas le refuser... Anne De Sète, France 18 www.desertif-actions.fr La complainte du radis noir Pardon pour la parodie, Pour la complainte que voici, Si pour certains c'est leurs dollars, Pour moi ce soir , voici l'histoire La complainte du radis noir... Radis noir, Sur lequel je pars, oh dis ! Je ne suis pas Jésus Christ, Mais en vérité je vous le dis, Ici-bas si t'as plus un dollar, C'est l'enfer que tu vis... Je dis pas que les tunes c'est le paradis Mais t'es rien si t'as pas un radis, Radis, ou pas radis ? That is the question ,dis ! En Afrique, c'est comme ici , Jadis , c'était les colonies , A l'époque on leur a dit « Blanc », Mais toi tu leur as dit dit « Noir », Tu leur as dis « Noir ». Même après sous Valéry, Et lorsque Jacques a dit : Tiens voilà quelques subsides , Pour irriguer ton beau pays , Y faire pousser plein de radis, Mais l'argent s'est évanoui, A palabrer des décennies , Le fric est arrivé nulle part. Pas plus d'Euros que de Dollars, Parce que d'autres se sont servis, Et à présent ,tu broies du noir, Seul avec ton désespoir... Tandis que se désertifient Les terres de ton pays, C'est la sécheresse qui envahit, Qui envahit... Il faut mobiliser les esprits, En parler à tous les amis, Et impliquer tous les pays. Rien ne se fera mon ami Par l'opération du Saint Esprit. Mobilisons nos énergies, Et respectons tout ce qui vit, Depuis l'arbre d'Amazonie, Jusqu'à la belle posidonie ! La belle posidonie... Et refusons tous ces lobbies, Avant que tout ne soit roussi, Par leurs grossiers appétits, Que la garrigue ait tout envahi, Que ce soit là-bas comme ici, Du sud jusqu'au nord de Paris, Rejetons ces mauvais génies, Avant qu'ils nous aient démunis, Et mangé nos derniers radis, Nos derniers radis... Alors, bouge-toi mon ami, C'est ta planète qu'on crucifie ! Je voudrais qu'avec moi tu cries : STOP ! Maintenant ça suffit ! www.desertif-actions.fr Daniel Delporte, France 19 J'ai vu migrer la baleine blanche J'ai vu migrer la baleine blanche et son petit vers d'autres lieux amènes en d'autres profondeurs Pinocchio fait des signes et mange sans appétit la marée de minuit a freiné ses ardeurs Les esquimaux se font violence Mes mots exquis sont en partance J'ai vu grogner l'oursonne blanche et ses marmots Quand ça raquait dessous ses pattes à la dérive C'est le dégel de haut en bas, j'ai mal aux mots C'est la guerre froide et le silence dans tes coursives Y'a plus de glace dans mon Whisky Y'a plus de place pour mes Huskys Les manchots font la cour à leur nouvel empereur L'Articque a des allures de cité interdite La graisse du vieux phoque a pris le gout du beurre Ma mémoire prend l'eau les soirs où tu médites Les cachalots ont mis les voiles pour garder l'ambre Leur chant de profondeur a faussé les sonars On rejette en mer les corps des squales qu'on démembre Je te cherche à tâtons la nuit quand tu t'égares Ton manteau blanc se fait la malle Mes rêves bleus quand je t'emballe Les pirogues sont en rades, le poisson s'est barré Les matelots perdus ont des yeux de merlans J'attends au bout du quai la fin de la récrée Pour dire aux chalutiers le prix du carburant Mon ruisseau vert n'a plus de fleuve Comment veux-tu que je m'abreuve Madagascar la rouge s'érode et tout s'en va J'ai mis de la couleur partout pour le contour La terre se barre dans les ravines et tout en bas Il nous faut déborder du trait pour voir le jour Y'a plus d'anchois dans tes filets Y'a plus le choix, laisse moi filer Olivier Morin, France Ton glacier bleu pleure à minuit Mon permafrost a des ennuis www.desertif-actions.fr 20