Construction du genre et mixité à l`école : des

Construction du genre et mixité à l’école : des recherches en éducation physique
Vanessa Lentillon-Kaestner1, Antoine Bréau1 & Lucie Schoch2
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Unité d’enseignement et de recherche en Education Physique et Sportive (UER-EPS), Haute
Ecole Pédagogique du Canton de Vaud (HEP-VD)
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Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (ISSUL)
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Introduction et objectifs de l’atelier
L’Unité d’Enseignement et de Recherche en Education Physique et Sportive (UER-EPS) de la
Haute Ecole Pédagogique du Canton de Vaud (HEP-VD) développe depuis quelques années
un certain nombre de travaux sur la construction du genre et la mixité à l’école et plus
particulièrement en Education Physique et Sportive (EPS). Ces travaux sont actuellement
menés en collaboration avec d’autres instituts en Suisse (Institut des Sciences du Sport de
l’Université de Lausanne, ISSUL) et à l’internationale (Université Ramon Llull Blanquerna
de Barcelone). Dans le cadre de ces travaux de recherche, nous portons un regard croisé sur la
problématique du genre en utilisant des approches mixtes (questionnaires, entretiens et/ou
observations) et des approches théoriques variées et complémentaires (psychologie sociale,
analyse de l’activité). Dans la perspective de développement d’un pôle de recherche autour
des questions du genre et de la mixité en EPS, il nous semble important d’échanger autour de
nos projets de recherche afin de développer des collaborations avec des enseignants et
chercheurs intéressés par la question du genre dans le sport et/ou à l’école dans d’autres
branches d’enseignement. Ainsi, les objectifs de cet atelier sont les suivants :
présenter et échanger autour de nos projets de recherche sur la question du genre et la mixité
en EPS ;
développer des collaborations sur la problématique du genre en EPS ou plus largement à
l’école (impliquant plusieurs branches d’enseignement) ;
croiser les approches théoriques et méthodologiques afin d’appréhender au mieux la
problématique du genre en EPS et à l’école.
Contextualisation et présentation de l’atelier
Dans un contexte international, la problématique du genre à l’école est devenue un « thème
crucial » (Rapport Eurydice, 2010, p. 3), notamment au regard des inégalités et des
stéréotypes sexistes toujours présents dans les établissements scolaires. A l’école, filles et
garçons à l’école vivent des expériences sociales n’offrant pas le même type d’opportunités de
réalisation de soi. Ainsi, l’école participe au maintien du système catégoriel asymétrique de
sexe. A l’école, les élèves sont, encore, avant tout des filles et des garçons (Durand-Delvigne,
1996).
Parce qu’on ne saurait « penser le corps sans son sexe, sans la sexuation » (Fraisse, 1996,
p.10), l’EPS représente ainsi une discipline scolaire fortement impliquée dans le processus de
construction du genre. A l’école les disciplines scolaires sont perçues, sans ambiguïté, comme
sexuées : chacune d’elle est connotée plutôt masculine ou plutôt féminine. L’EPS, en
s’appuyant sur le sport, a une connotation « masculine ». Le sport en général, par son histoire
et ses représentations (l’affrontement, le défi et l’épreuve), reste une activité profondément
masculine (Arnaud & Terret, 1996 ; Connell, 2009).
En contexte mixte, de nombreuses différences entre les filles et les garçons au niveau des
interactions et de l’évaluation ont été constatées en EPS, toujours au détriment des filles
(Cogérino, 2005). L’école contribue elle-même à produire une bonne partie des inégalités en
faveur des garçons en EPS (Cogérino, 2005) : des activités enseignées majoritairement
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masculines, des choix d’entrée dans les activités qui répondent aux attentes des garçons (et
non à celles des filles), la non prise en compte des différences génétiques entre les deux sexes
dans les activités non chronométrées ou non métrées, l’intériorisation des stéréotypes de genre
chez les enseignants, etc. (Lentillon & Cogérino, 2003). Néanmoins, les filles ne sont pas
neutres dans la construction et le maintien des inégalités en EPS. De part l’intériorisation des
stéréotypes de genre, elles acceptent la domination masculine en EPS et contribuent ainsi au
maintien des inégalités filles – garçons en EPS dans un contexte mixte (Lentillon, 2007,
2008 ; Lentillon & Cogérino, 2005 ; Lentillon, Cogérino & Kaestner, 2006).
Dans un contexte international où la mixité scolaire est de plus en plus remise en
question avec le développement notamment d’écoles non mixtes (Duru Bellat, 2012 ; Yates,
2011), la question d’une EPS enseignée en contexte mixte ou séparée continue d’occuper une
place importante, fréquemment débattue (Hills, 2012). Les cours d’EPS en contexte séparé
peuvent ainsi être vus comme une manière de créer de nouvelles opportunités pour les élèves,
avec notamment une meilleure participation et un meilleur apprentissage des filles (Lines &
Stidder, 2003). A ce propos, si certains travaux viennent confirmer la richesse de la non mixité
en EPS (Jackson, 2002 ; Lirgg, 1994), d’autres rappellent que séparer les sexes peut au
contraire renforcer les stéréotypes de genre et légitimer les discrimination (Stidder, 2000).
Face au manque d’homogénéité des résultats, nous profitons dans le cadre de nos travaux de
recherche actuels du contexte original de l’enseignement de l’EPS dans le canton de Vaud,
mixte et non mixte en classe de secondaire 1. Nous souhaitons, en s’appuyant sur une
approche mixte (questionnaires et entretiens collectifs), notamment connaître le point de vue
des élèves à l’égard de la mixité et de la non mixité en éducation physique et à l’école en
général et évaluer les effets de la mixité / non mixité en EPS sur l’intériorisation des
stéréotypes de genre chez les élèves. Ce projet de recherche est mené en collaboration avec
l’ISSUL (L. Schoch).
En complément, un doctorat basé sur l’observation d’élèves en cours d’EPS (mixtes et non
mixtes) est en cours (A. Bréau co-dirigé par V. Lentillon-Kaestner et D. Hauw). En
s’appuyant sur la théorie du « doing gender » (West & Zimmerman, 2009), l’objectif est ainsi
de repérer ces moments qui « font le genre » et de comprendre les effets que chaque contexte
d’enseignement, mixte et non mixte peut avoir sur des apprentissages propres au champ de
l’EPS mais aussi sur des données moins visibles (cf. curriculum caché, Forquin, 1986) en lien
avec la construction du genre et plus globalement sur la construction du citoyen et de la
citoyenne de demain.
Enfin, en parallèle des travaux réalisés sur l’enseignement de l’EPS au niveau secondaire,
nous questionnons actuellement la construction du genre dès l’école primaire (Dafflon
Novelle, 2006 ; Zaidman, 1996). En conservant des outils similaires (questionnaires et focus
groups) mais adaptés au public interrogé, ce projet souhaite mesurer la présence de
stéréotypes de genre chez de jeunes élèves, allant de trois à sept ans. Notons que ce projet
s’inscrit dans une perspective internationale (collaboration avec l’Université Ramon Llull
Blanquerna de Barcelone).
Des perspectives de recherche futures sont actuellement envisagées notamment en
s’intéressant aux points de vue des enseignants en lien avec la mixité / non mixité en EPS.
Le déroulement de cet atelier tournera autour des points suivants :
- La problématique du genre et de la mixité en EPS et à l’école
- Présentation de projets de recherche en cours sur la construction du genre et la mixité en
EPS
- Echanges autour des perspectives de recherche et collaborations envisageables
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Nom des participants, des institutions et contacts
Prof. Dr. Vanessa LENTILLON KAESTNER, professeure HEP, Haute Ecole Pédagogique
du canton de Vaud, Lausanne ; ([email protected])
Antoine BREAU, assistant diplômé, Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud,
Lausanne ; ([email protected])
Dr. Lucie SCHOCH, maître d’enseignement et de recherche suppléante, Université de
Lausanne ; ([email protected])
Références bibliographiques
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Durand-Delvigne, A. (1996). Confrontation inter-groupes de sexe et identité de genre :
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Fraisse, G. (1996). La différence des sexes. Paris : PUF.
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Hills, L. A. & Croston, A. (2012). It should be better all together’: exploring strategies for
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Jackson, C. (2002). Can single sex classes in coeducational schools enhance the learning
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