GOPNIK Comment pensent les bébés

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GOPNIK Comment pensent les bébés
Comment pensent les bébés ?
Alison GOPNIK, Andrew MELTZOFF, Patricia Kuhl
Ed Le Pommier 2007
Notes de lecture / F.Boule, 2012
Chap 1 D’antiques questions…
les questions sur l’origine de la connaissance : question d’autrui, du monde extérieur et du langage.
Thèse : considérer le bébé à la naissance comme un ordinateur (pourvu d’un programme), mais capable de
modifier lui-même le programme en fonction de l’environnement et des interactions avec les adultes.
Le bébé élabore dès la naissance une « représentation du monde » qui co-évolue avec les autres.
Pas d’opposition Nature/Culture : le « câblage » initial intègre déjà des éléments culturels (produits de
l’évolution), comme la pré-disposition à construire des représentations, à explorer, à entrer dans un langage.
L’immaturité du bébé à la naissance (donc son extrême dépendance) est une caractéristique qui est à
l’origine de la plasticité et de la capacité d’exploration accompagnée.
Point de vue classique (Locke) : tabula rasa ne permet pas d’expliquer la construction du savoir.
Points de vue de Piaget et Vygotski (années 30) chercher la construction du savoir chez l’enfant et côté
biologie. Mais Piaget (plutôt platonicien) s’appuie exclusivement sur l’interaction avec l’environnement (au
détriment des interactions sociales) et Vygotski à l’inverse.
Interprétations contemporaines de Freud et de Skinner passim.
Années 60 : développement de l’ordinateur et « Problem Solving » : le cerveau comme ordinateur et
réciproquement.
Chap 2 Ce que les enfants apprennent sur les gens.
Capacité innée : interpréter les gens comme des personnes (comportement et intention).
Technique pour appréhender le savoir du nourrisson : le repérage du regard, ses préférences et sa
perception de la nouveauté.
Le nouveau-né distingue très tôt les humains des autres objets animés, et en particulier les mouvements et le
regard. Un mois (et même quelques jours) : imitation des expressions faciales —> repérage (inné) de la
similitude entre l’expression observée et l’imitation propioceptive.
Autre exemple de résonance imitative et affective : le « flirt » (dès 3 mois) : gazoullis en réponse au jeu
adulte. Comportement d’empathie (cri—>cri)
A un an, les enfants regardent ce qu’on leur désignent et montrent du doigt.
devant un objet nouveau : recherche d’abord interrogative vers la mère puis conformation à la réponse
adulte. Comportement imitatif pour utiliser un objet nouveau.
18 mois : l’enfant comprend que les préférences des uns ne sont pas celles des autres.
Deux ans : attirance vers l’interdit pour braver l’adulte. Conflit entre le désir de comprendre les autres et le
besoin de coexistence.
Deux ans : goût pour les jeux de reversibilité (faire pareil : je cache, tu caches) mais sans tenir compte du
point de vue de l’autre (cacher du bon côté de l’écran) ; Acquis à 3 ans.
3 ans : construction de représentations (opinions) concernant eux-mêmes ou les autres, mais pas de mise à
distance (une représentation peut être fausse), ni de souvenir de son origine (je sais, mais je ne sais pas
depuis quand). Pas une amnésie (les enfants ont une excellente mémoire) mais confusion entre le fait et la
représentation (vécu ou entendu dire) ; pas de « mémoire autobiographique continue » ; peu d’évocation
postérieure des évènements précédents trois ans.
A partir de 3 ans recherche d’une relation fusionnelle avec l’adulte, mais construite et non pas innée :
produit d’une théorie des relations élaborée par l’enfant, tenant compte de ce que l’autre est différent de lui.
A partir de 5 ans : la conscience d’apprendre (savoir sur le savoir), et pas seulement acquérir.
Autisme : déficit d’altérité ; pas d’imitation spontanée, ni de lien privilégié aux humains, a fortiori de
construction de l’Autre. Imputé par la psychanalyse à un déficit de relation maternelle ; à tort.
La mise à distance de la véracité d’une opinion est un jalon décisif.
Rôle privilégié des grands frères et sœurs comme relais d’imitation et construction des représentations (plus
facilement qu’avec les adultes). mais on ne sait pas par quelle voie.
Chapitre 3 : ce que les enfants apprennent des choses
Antiquité : comprendre les choses, c’est accéder à leur essence.
Après la Renaissance : la perception est une construction modélisée à partir de la sensibilité.
Certaines relations aux objets sont innées Mais pas la rupture de l’apparence (objet caché)
Attrait du nouveau-né pour les rayures et les objets en mouvement. Anticipation spontanée du mouvement
(contredit Piaget ?).
Intégration très précoce de la notion de distance (portée de la main). La distinction fond/objet très précoce.
Adéquation très précoce du toucher et de l’image (rugueux/lisse p.ex.), ainsi que de la corrélation entre
direction du son et de l’image. Confirmation des observations de Piaget sur l’objet caché.
Rappel de Hume concernant la causalité (causalité= concordance habituelle) ; or le bébé de 3 mois associe
déjà cause et effet (mais sans relation explicative, causalité « magique »). Mais à un an, ils distingue causalité
physique et causalité psychologique : tirer sur la couverture, usage du râteau ;
Exemple : une voiture A percute une voiture B à l’arrêt, B avance. Mais si on représente la scène sans
contact : bizarre !
Grand mystère : la construction des catégories. Entre 12 et 18 mois, les enfants commencent à opérer des
classements spontanés (crayons\ voitures). Deux ans : on associe un mot à certains objets par ailleurs
identiques mais produisant certain effet ; l’enfant retient le mot et l’association.
Distinction vivant/inerte et association bébé-animal — adulte.
Digression : Syndrome de Williams. A l’inverse des autistes, rapports humains très faciles, langage très
élaboré, mais peu de schématisation (objet permanent, lois physiques ou biologiques). La catégorisation
serait donc (sauf cas patho) câblée à la naissance.
Le besoin d’explorer, d’expliquer et de comprendre ferait donc partie du programme génétique ; il est
favorisé par la capacité de contact avec les adultes, et le fait que ceux-ci sont eux-mêmes programmés pour
favoriser l’expérience.
Les schèmes de permanence, causalité, mouvement… sont antérieurs au langage. Mais le développement
langagier favorise plus ou moins certaines représentations du monde.
Chapitre 4 Ce que les enfants apprennent sur le langage.
La compréhension du langage suppose une analyse très fine du flux sonore, de l’intonation, et un savoir
syntaxique. Ce dont l’ordinateur est à ce jour assez peu capable (pas de reconnaissance universelle de la
parole). Un enfant de trois ans a intégré toutes les variantes possibles de locutions de sa langue maternelle.
Années 60 : Noam Chomsky postule un innéisme grammatical.
Il y a donc une prédisposition universelle à n’importe quelle langue, et après trois ans une spécification vers
la langue « maternelle ».
Chaque langue catégorise les sons dans une chaîne sonore continue (exemple r\l dans certaines langues,
comme anglais ou français, pas en japonais ; b\p distingué différemment en anglais ou en français).
A un mois, le bébé distingue les contrastes sonores propres à leur langue, ou à n’importe quelle autre.
A partir de dix mois, ils majorent la catégorisation de leur propre langue, et diminue les autres.
—> Période critique de 6 à 12 mois pour intégrer le groupe culturel langagier.
Vers un an : segmentation de la chaîne parlée et accent tonique.
Vers 7-8 mois : babil (répétition de syllabe, majoration de certaines voyelles…) universel
Mais vers 12-15 mois le babil est orienté par la langue maternelle.
Vers 18 mois « pati » est français est associé à toutes les situations d’achèvement ou de disparition, « oh oh »
ou « voila » à un succès… Début du langage : grande demande de désignation (Quoi c’est ?) et emploi très
élargi (« chien »—> tout animal etc).
L’apprentissage de la syntaxe commence par la locution de binomes probables (« encore gâteau ») en
omettant les éléments syntaxiques « faibles » (articles, marques du pluriel, suffixes…).
Dyslexie ou dysphasie : probablement composante génétique ; en partie liée à un défaut d’analyse sonore.
( FB. cf. dyscalculie associée à un défaut de représentation numérique et de transcodage).
L’élaboration de prototypes (patterns) avant 6 mois est fondamental dans le processus ultérieur
d’apprentissage de la langue. Ces prototypes sont au détriment des autres langues. A 12 mois, les
prototypes « maternels » sont établis.
Le gazouillis et le babil seraient un entraînement spontané (cf. Jeu pour Wallon) à l’imitation des sons.
Le développement du langage est contemporain de la catégorisation (cf Piaget et Wallon : « associer un signe
à un signifié…). Le « parler bébé » serait un facteur (spontané) universel favorisant ; il fait parti du
« programme » génétique de tout adulte.
Chapitre 5 Ce qui se passe dans la tête des bébés.
Retour sur la métaphore cerveau–ordinateur. L’évolution a placé dans le patrimoine génétique des
programmes d’exploration très performants (construction de représentations) ; les bébés privilégient dès la
naissance les rapports aux humains (voix et visages), les mouvements, les couleurs, les textures et le
découpage fond/objet.
L’élément décisif est l’auto-modification du programme (FB ce qui correspondrait aux différents « stades »).
Le système de représenattion (SRT) change pendant les 3 premières années (et au-delà).
La connaissance scientifique se construit de la même façon : expérience—> prévision —> évolution de SRT =
changement de modèle. Besoin compulsif d’apprendre ; connaissance nouvelle —> plaisir intense.
L’imitation est un mécanisme inné (instinct culturel) qui déclenche les interactions productives.
Chapitre 6 : ce que les scientifiques ont appris sur le cerveau des bébés
Spécialité cellulaire, élagage synaptique —> spécialisation : passim.
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