Dépistage et prise en charge de l`hépatite B et

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Dépistage et prise en charge de l`hépatite B et
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DEPISTAGE ET PRISE EN CHARGE DE L’HEPATITE B
ET DE L’HEPATITE C
Pr Laurent Alric
Service de Médecine Interne-Pôle Digestif CHU Purpan
Les infections par le virus de l’hépatite B et de l’hépatite C concernent 500 000 personnes
adultes en France métropolitaine, soit environ 280 000 pour l’hépatite B et 221 000 pour
l’hépatite C. Ce type d’hépatite virale est trois fois plus fréquent chez les personnes en
situation de précarité. L’infection virale évolue chez l’adulte vers l’hépatite chronique dans 5
à 10% des cas pour l’hépatite B, et dans 50 à 90 % des cas pour l’hépatite C. Le terme évolutif
est une cirrhose qui peut se compliquer d’hépatocarcinome. On considère que sur les 4 000
décès par hépatites, observés de manière annuelle en France, 1 330 sont liés à l’hépatite B et
2 640 à l’hépatite C. Cela correspond, par exemple, à une mortalité supérieure à celle du
SIDA ou du cancer du col de l’utérus.
L’hépatite B :
Elle touche 5 fois plus les hommes que les femmes avec un taux de portage d’antigène HBs
chez l’homme de 1 %, et 0.2 % chez la femme. Le mode de contamination le plus fréquent
reste la transmission sexuelle ou le contact avec le sang d’un sujet contaminé. La
transmission materno-fœtale est particulièrement élevée. Le dépistage repose sur la
recherche de l’antigène HBs. La vaccination doit être proposée systématiquement dans les
populations à risque mais également chez le nourrisson avec un rattrapage chez le préadolescent et les populations à risque.
Le dépistage doit être proposé aux populations suivantes :
-
professionnels de santé non encore vacciné
-
usagers de drogues
-
familles ou collectivités en contact avec le virus de l’hépatite B
-
adeptes du piercing et tatouage
-
hémodialysés ou transfusés
-
partenaires sexuels multiples
-
voyages en pays d’endémie
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-
milieu carcéral
-
naissance en pays d’endémie : Afrique et Asie
-
patient devant avoir une chimiothérapie ou un traitement immunosuppresseur.
Le traitement de l’hépatite B repose actuellement sur trois médicaments majeurs : le PEG
INTERFERON, le BARACLUDE et le VIREAD. L’avantage du PEG INTERFERON en
injection sous cutanée est d’être donné sur une durée déterminée de 12 mois mais avec
parfois des difficultés de tolérance. Par contre, les analogues nucléosidisues et nucléotidiques
utilisés par voie orale comme le BARACLUDE et le VIREAD sont le plus souvent prescrits
sur une durée indéterminée, avec cependant une tolérance excellente. Ils permettent une
négativation de la virémie B dans plus de 90 % des cas.
La complication majeure de l’hépatite B reste l’hépatocarcinome, en particulier au stade de
cirrhose,
avec la nécessité de réaliser de manière semestrielle, un dosage de
l’alphafoetoprotéine et une échographie hépatique.
L’hépatite C :
Cette hépatite virale touche un peu plus les femmes que les hommes, et le mode de
transmission est parentéral, par le contact avec le sang d’un sujet infecté. Pour la période
antérieure à 1992, la transfusion sanguine était le facteur de risque majeur, et depuis cette
date, avec le dépistage sur les dons de sang, les usagers de drogue sont le réservoir principal
de la maladie. L’usage de drogue est également à l’origine des nouveaux cas. De même, 25 %
des personnes porteuses du VIH ont également une co-infection avec le virus de l’hépatite C,
soit environ 23 000 patients. Le dépistage de la maladie repose sur la sérologie de l’hépatite C
qui, en cas de positivité, doit être confirmée par la recherche de l’ARN du virus C par PCR.
Le dépistage doit être proposé dans les populations à risque :
-
transfusion sanguine avant 1992
-
examens médicaux invasifs (gynécologiques, IVG, cathétérisme cardiaque) à une
période où l’utilisation de matériel à usage unique n’était pas généralisée
-
hémodialysés
-
adeptes du piercing et tatouage
-
usagers de drogue.
Le traitement de l’hépatite C repose sur l’INTERFERON PEGYLE associé à la RIBAVIRINE
sur une durée de 6 à 12 mois. En fonction du génotype viral, le taux d’éradication du virus
de l’hépatite C de manière définitive, varie de 45 à 80 %. Dans le cadre de la surveillance
d’éventuelles complications, il faut rester vigilant sur le risque d’hépatocarcinome avec, pour
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les patients au stade de cirrhose, la nécessité de réaliser une échographie semestrielle,
couplée à un dosage de l’alphafoetoprotéine. Ce risque persiste même en cas d’éradication
virale si le patient avait été traité au stade de cirrhose.
Réf. Plan national de lutte contre les hépatites B et C ; 2009 – 2012 ; Direction
Générale de la Santé ; 12 janvier 2009.