Les Phobies sociales

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Les Phobies sociales
Définition
Les phobies sociales concernent les individus qui, dans une ou des situations sociales
éprouvent une forte anxiété. Ces manifestations anxieuses intenses et la plupart du
temps paralysantes ou inhibitrices conduisent le sujet à éviter les dites situations, d’où
un fort handicap.
Critères diagnostiques DSM IV (manuel diagnostique le plus courant)
A. Une peur persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien
de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des
gens non familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle observation attentive
d'autrui. Le sujet craint d'agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon
embarrassante ou humiliante.
B. L'exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi
systématique une anxiété qui peut prendre la forme d'une Attaque de panique
liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une
anxiété et une détresse intenses.
E. L'évitement, l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s)
sociale(s) redoutée(s) ou de performance perturbent , de façon importante, les
habitudes de l'individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses
activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie
s'accompagne d'un sentiment de souffrance important.
F. Pour les individus de moinsde 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la
durée est d'au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets
physiologiques directs d'une substance ni à une affection médicale et ne sont
pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec
ou sans agoraphobie).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la
peur décrite en A est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne
redoute pas de bégayer, etc..
Les caractéristiques habituelles associées à la phobie sociale comprennent une
hypersensibilité à la critique, à une évaluation négative ou au rejet, une faible
estime de soi ou des sentiments d'infériorité. Les sujets ayant une phobie
sociale craignent souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de
estime de soi ou des sentiments d'infériorité. Les sujets ayant une phobie
sociale craignent souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de
passer un examen.
De manière plus détaillée
L’anxiété
sociale
est
perçue
sous
deux
angles
essentiels
:
- Anxiété de performance : face à un observateur, au centre de l’attention, perte
des
moyens
et
ressources
:
anxiété
de
performance.
- Anxiété d’interaction : se sentir évalué dans une relation et à son désavantage.
Perte du statut d’interlocuteur valable : anxiété relationnelle.
PERFORMANCE
INTERACTION SOCIALE
Téléphoner en public
Parler à des gens qui détiennent une autorité
Participer au sein d’un petit
groupe
Aller à une soirée
Manger dans un lieu public
Contacter par téléphone quelqu’un qui ne vous
connaît pas très bien
Boire en compagnie dans un lieu
public
Parler à des gens que vous ne connaissez pas
très bien
Jouer, donner une représentation
ou une conférence
Rencontrer des inconnus
Travailler en étant observé
Etre le centre d’attention
Ecrire en étant observé
Exprimer son désaccord ou sa désapprobation
à des gens que vous ne connaissez pas très
bien
Uriner dans des toilettes
publiques
Regarder dans les yeux des gens que vous ne
connaissez pas très bien.
Entrer dans une pièce alors que
tout le monde est déjà assis
Essayer de draguer quelqu’un
Prendre la parole à une réunion
Rapporter des marchandises dans un magasin
Passer un examen
Donner une soirée
Faire un compte rendu à un
groupe
Résister aux pressions d’un vendeur insistant
Hierarchie peur / évitement des situations
- Chez l'enfant :
Peur et évitement chez des enfants
phobiques sociaux
Situation
Parler en public
88%
Manger en face des autres
39,3%
Etre en classe avec les autres
enfants
27,6%
Ecrire en étant observé
27,6%
Utiliser les toilettes publiques
24,1%
Parler à des personnes
représentant l'autorité
20,7%
- Chez l'adulte :
Situation
Prise de parole et interaction formelles (cours,
réunions...)
Peur et évitement chez des
sujets phobiques sociaux
70%
Prise de parole et interactions informelles (repas
avec des inconnus, soirée...)
Affirmation de soi : exprimer son désaccord,
refuser, demander, donner son avis...
31%
Observation par les autres : effectuer une tâche
(manger, boire, travailler...) sous le regard des
autres.
22%
Phobie sociale et autres troubles
Phobie sociale et autres troubles
Pourcentage
Trouble panique
4,7%
Trouble obsessionel compulsif
11,1
Dysthymie
12,5
Agoraphobie
Phobie spécifique
44,9%
59%
Les chiffres indiquent une propension au développement d'autres troubles. Cette
observation conduit à s’intéresser avec plus d’attention au facteur commun : l’anxiété
elle-même.
Les grandes lignes de la phobie sociale
1. Impression d’incompétence
Selon l'histoire du sujet (événements de vie, traumatismes, éducation, stress divers, etc...)
l'impression d'incompétence (d'être « nul », pas à la hauteur...) est omniprésente avec le plus
souvent une forte empreinte émotionnelle.
Ce sentiment entraîne différents phénomènes : peur de l’observation d’autrui, peur de
l’évaluation, peur de ne pas être intéressant, peur du silence, peur du ridicule, dévalorisation,
impression générale d’incompétence sociale...
2. Perfection et reconnaissance
En même temps que ce sentiment d'incompétence, la personne souffrant de phobie sociale crée
un paradoxe puisque viennent se greffer des croyances, aspirations irréalistes pouvant se
résumer schématiquement ainsi :
- Je dois être parfait : de cette auto-injonction résulte une forte pression, un enjeu important
dans les situations sociales puisqu'il faut être compétent, intéressant, talentueux etc... en toute
circonstance.
- Je dois être apprécié par tous : ce postulat entraîne diverses manifestation comme un
manque d'affirmation de soi, un évitement de ce qui peut être conflictuel, une faible expression
des émotions etc...
Ces deux objectifs sont fortement anxiogène (car par nature inaccessible),
d'autant plus si ils s'ajoutent à un sentiment d'incompétence : quelqu'un qui
se pense nul et qui en même temps s'impose d'être parfait et apprécié par
tous se place dans une situation inextricable et angoissante.
La peur va donc être présente à chaque coin de rue, se manifestant à travers différents
symptômes.
3 S
tô
3. Symptômes
- Symptômes physiologiques : tensions et manifestations neuro-végétatives
disproportionnées : tensions musculaires, douleurs musculaires, fatigue, rougissement,
tremblement, sensation d’étouffement, tachycardie, sudation excessive, sécheresse de la
bouche, …
- Symptômes cognitifs : hyper vigilance, focalisation, hyper conscience de soi et par voie de
conséquence, difficulté de concentration, de mémoire (trou noir) distorsions cognitives (lecture
de la réalité éloignée de la réalité elle-même), anticipation anxieuse...
- Symptômes comportementaux : conduites d’évitement direct ou subtil, besoin de
réassurance extérieure, défaut d'affirmation de soi, de gestion des conflits, d'expression des
émotions, vérifications, inhibition, hyperactivité...
5. Schéma du processus
Bien que très schématique, voici une représentation du processus de la phobie sociale :
Mise en place - quelques modèles
1. Modèle comportemental
La phobie sociale résulte d'un apprentissage.
Deux cas de figure :
- Apprentissage d'une conduite dysfonctionnelle : en clair, le sujet prend comme
exemples des individus ou relations déjà problématiques (ex : parents peu sociabilisés
peu tolérants ou peu affectifs)
, peu tolérants ou peu affectifs)
- Apprentissage non référencé : le sujet n'a pas de références, d'exemples d'un
comportement social adapté.
2. Modèle cognitif
La phobie sociale nait d'un mauvais traitement de l'information :
- Le danger vécu, expérimenté est intégré (stress chronique durant l'enfance, exemple
familial et/ou social d'anxiété, traumatismes divers)
La réalité (ici les relations sociales) est ensuite interprétée en fonction de dangers
potentiels.
- Un sujet phobique social a une conscience déformée de lui-même : image négative
et sous-évaluation.
Exemple de schéma cognitif
I. Le sujet pense se conduire de manière ridicule ou inacceptable
II. Il craint des conséquences négatives telles le rejet, la dévalorisation de son
image ou de son statut
III. Ces pensées font naître le phénomène anxieux :
- Les symptômes anxieux (tremblement, rougissement…) deviennent eux-mêmes
des signes de danger et viennent nourrir l’anxiété.
- L’hypervigilance aux manifestations somatiques et aux pensées entraînent une
baisse des compétences sociales : le sujet est tourné vers l’intérieur (pensées,
corps), non vers l’extérieur (la relation)
- Les comportements d’évitements, de fuite entraînent chez l’autre des
comportements sinon similaires du moins altérés.
IV. La performance sociale est insatisfaisante
V. L'anxiété est nourrie, développée. Les compétences ne se développent pas
Retour en I.
Enfants, ados, phobie sociale / Angoisse de séparation / Refus scolaire
Les rapports phobie sociale/ Angoisse de séparation / refus scolaire anxieux sont
évidents mais encore peu précis.
L'angoisse de séparation est traitée par ailleurs.
Le refus scolaire anxieux, appelé parfois « phobie scolaire », est également à mettre
en avant (peur panique d’aller à l’école). Néanmoins tout refus scolaire ne constitue
pas nécessairement une phobie Cette hétérogénéité constitue d’ailleurs déjà un
pas nécessairement une phobie. Cette hétérogénéité constitue d’ailleurs déjà un
problème.
Relations phobie scolaire et phobie sociale : quelque essai de schémas
1. Refus scolaire du au Trouble angoisse de séparation
Le problème originel n’est pas l’école ou les relations sociales mais la séparation
provoquée par l’école.
Le désir relationnel est là, mais l’anxiété de séparation prédomine :
Altération
- des relations sociales (crainte d’aller chez des amis…),
- du vécu de l’école (superficiel inhibé car non-essentiel pour l’enfant eu regard de
la séparation).
Les situations sont évitées, les compétences ne se développent pas
2. Refus scolaire du à une phobie sociale
Le système scolaire est le système social par excellence pour un enfant. Il est donc
logique de trouver un refus scolaire à l’intérieur d’une phobie sociale déjà mise en
place.
Crainte de l’évaluation, de la critique (professeurs ou camarades…)
3. Refus scolaire du à une Anxiété de performance
L'anxiété de performance peut exister à travers une phobie sociale ou
indépendamment de celle-ci
L’anxiété de performance se met en place au gré de traumatismes :
- Panique, perte de moyen en situation d’évaluation
- Peur d’être mal évalué (notation, jugement moral)
- Peur d’être agressé par des camarades
ou
Anxiété sociale / Mécanismes
L’anxiété sociale est multiforme : trac, timidité, phobies sociales sont des phénomènes
différents qui contiennent eux-mêmes une belle diversité.
On peut néanmoins dégager une ligne commune :
1) La peur du regard
Le tableau des situations anxiogènes, plus haut dans l’article, révèle un centre, un
facteur commun, originel : la peur du regard de l’autre. La crainte d’être exposé au
regard d’autrui est systématique. A l’origine du mécanisme, elle va en stimuler le
développement. Il est à noter que cet élément, comme les autres qui vont être décrits,
sont présents chez chaque individus, ce sont les proportions et la nature handicapante
qui mènent au trouble. Personne n’aime être regardé, un sujet souffrant d’anxiété
sociale simplement plus que les autres. Il s’agit là d’une peur instinctive, animale
pourrait-on dire.
2) Peur du jugement
Sur cette peur instinctive va se construire une deuxième strate, celle-ci psychologique
: le regard devient jugement, est interprété comme tel.
La peur du regard de l’autre se « concrétise » psychologiquement :
Ex :
- Toute relation est une évaluation
- Le sujet est tourné vers lui-même, non vers ce qui se passe autour de lui, vers la
relation.
- Le sujet juge sa prestation plus négativement qu’un observateur le ferait
- Le sujet sélectionne : il se souvient essentiellement des prestations décevantes
- Les relations sont anticipées, appréhendées négativement
- Les commentaires positifs ne sont pas entendus et intégrés.
- Le sujet est inhibé (les compétences sont altérées ou bloquées, non-développées)
-…
Cette peur du jugement est en relation avec des phénomènes et mécanismes divers
a) Peur de soi : le sujet peut avoir mis en place une anxiété quant à ses propres
réactions. Hypervigilance, attention portée sur soi, focalisation qui perturbent la
performance elle-même où l’attention pour être efficace doit être portée vers
performance elle-même où l’attention pour être efficace, doit être portée vers
l’extérieur.
b) Peur du regard d’autrui : jugement et évaluation : le sujet est inhibé (altération
des facultés) car il redoute le jugement, l’évaluation, en l’occurrence, négatifs. On
peut rapprocher cela du trac, anxiété d’évaluation, de performance. Ici, c’est de la
performance sociale dont il est question. Celle-ci est interprétée à travers le filtre de
l’anxiété :
- L’attention de l’autre est surévaluée (« il me surveille, pas le droit à l’erreur »)
- Le jugement négatif est surévalué (« il m’a trouvé nul(le) »)
c) Peur de l’image de soi : le sujet qui souffre d’anxiété sociale a des difficultés à
s’adresser des compliments sur ses performances. En découle un grand besoin de
reconnaissance. Le désir de donner une bonne impression est donc fréquent. Le
problème naît de la présence conjointe de cette ambition et de la peur de ne pas y
parvenir. Désir et peur mêmes sont ici à la naissance du trouble. On peut ajouter à
cela des exigences excessives que même des «non-phobiques sociaux» n’auraient pas.
Les performances sont donc nécessairement insatisfaisantes.
Anxiété sociale et comportements
L’anxiété est un trouble cognitif. On vit une situation, on en pense quelque chose. Les
pensées (les différentes peurs que nous venons d’aborder) donnent lieu à des
émotions et comportements dysfonctionnels, non-adaptés au bien-être.
Les comportements anxieux sont schématiquement au nombre de 4 : évitement,
inhibition, vérification, hyperactivité, avec une prédominance des deux premiers,
évitement et inhibition, dans le domaine des difficultés sociales.
a) Evitement : les différentes peurs dont nous avons parlé conduisent l’individu à
l’évitement plus ou moins développé des situations anxiogènes.
Nous sommes ici dans le principe du cercle vicieux. A chaque évitement, la valeur
anxiogène de la situation augmente.
Le trouble s’ »auto-nourrit » :
b) Inhibition : l’inhibition représente l’altération ou le blocage d’une ou de plusieurs
facultés ou compétences.
L’évitement est ponctuel, extrême, non systématique, mais l’inhibition est un
phénomène plus constant, pour devenir presque un « style relationnel ». En situation
anxiogène, le sujet n’a plus accès à ses ressources et compétences relationnelles
(silences, hésitations, altération de la compréhension même…) alors qu’en situation
non-anxiogène, toutes les qualités requises sont là.
Même cercle vicieux que pour l’évitement :
Phobie sociale et anticipation anxieuse – Particularités
L’anticipation anxieuse se produit avant les situations-problèmes. Elle prend
schématiquement trois dimensions : psycho-corporelle, cognitive, comportementale.
On peut considérer que ces symptômes « font » partie du vécu anxieux de la situation
elle-même.
L’anticipation
sera
donc
marquée
par
:
- d’un point de vue psycho-corporel : tension musculaire, difficulté végétatives
d i v e r s e s ,
r e s p i r a t o i r e s .
- d’un point de vue comportemental : évitement, hyperactivité, vérification, inhibition.
- d’un point de vue cognitif : hypervigilance, focalisation, troubles de la mémoire…
Ces caractéristiques de l’anticipation sont valables dans le cadre de tous les troubles
anxieux, mais prennent une valeur particulière dans l’optique de la phobie sociale.
Pour
prendre
quelques
exemples
:
- Même si toute phobie est respectable, Il est irrationnel de craindre une souris (une
souris
n’est
pas
«
rationnellement
dangereuse
»)
- Il est irrationnel de penser mourir ou devenir fou(folle) pendant une prochaine
a t t a q u e
d e
p a n i q u e .
- Il est rationnel de penser que l’on va louper une performance sociale avant la
performance. La phobie sociale inhibe. Le sujet ne se comporte donc pas
naturellement, en pleine possession de ces moyens.
L’anticipation anxieuse dans la phobie sociale s’inscrit donc dans un « fond » de
réalité. Il est logique d’avoir peur : quand on est inhibé, on est « moins bon »
socialement.
Cet aspect est à prendre en compte thérapeutiquement. Pour neutraliser l’anticipation,
il ne suffit pas de rassurer, de mettre à jour le discours catastrophiste, les
comportements dysfonctionnels ou d’expliquer les manifestations corporelles, Il faut
également développer ses compétences sociales, dans tout ce que cela implique.
Dans le cas contraire, la peur sera quelque part « justifiée ».
Conclusion et ouverture
Cette présentation de la phobie sociale la décrit comme un processus à plusieurs
composants :
- émotionnels.
p
s
c
o
y
m
c
h o - c o r p o r e l
c
o
g
n
i
t
i
f
p o r t e m e n t a u
s
s
x
C'est arbitrairement en fonction de ces différents et possibles domaines d'intervention
que les prochaines parties de cette page sont organisées, même si les interactions
entre ces différents éléments sont bien entendu nombreuses et complexes.
II. Dimension psycho-corporelle : ce que je ressens
"L'angoisse. Réaction inévitable de l'être face à l'inconnu qui l'enserre"
Fernand Ouelette
Réaction d'alarme - fausse alarme
La dimension corporelle de l'anxiété est omniprésente : la gorge qui se serre,
l'estomac qui se noue, la respiration qui devient difficile, les tremblements, la
sudation... Ces marqueurs sont universels, cela, tout à fait normalement puisqu'il
s'agit de réactions naturelles. Le corps panique.
Une crise de panique est une réaction d'alarme. Le corps réagit comme
s'il y avait agression réelle, il se mobilise pour faire face au danger. Mais
les manifestations physiologiques de la panique, utiles dans le cas d'une
agression réelle, deviennent inadaptées donc gênante pour une personne
qui n'a pas besoin réellement de "sauver sa peau".
Ces manifestations (plus ou moins présentes, plus ou moins développées
s e l o n
l ' i n d i v i d u )
:
P a l p i t a t i o n s ,
t a c h y c a r d i e
T r a n s p i r a t i o n
Tremblements
ou
secousses
musculaires
Sensations
de
souffle
coupé
ou
impression
d’étouffement
Douleur
ou
inconfort
thoracique
S e n s a t i o n
d ’ é t r a n g l e m e n t
Douleur
ou
gène
gastrique
Nausée
ou
gène
abdominale
- Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou d’impression d’évanouissement
- Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
Parasthésie (sensation d’engourdissement ou de picotements)
- Frissons, bouffées de chaleur
C'est en celà qu'on appelle une crise de panique une fausse alarme : le corps réagit
comme s'il y avait danger réel, alors qu'il n'y a pas de danger réel. Ces phénomènes
té
é l
l
t
l
é
sont évoqués plus longuement sur la page consacrée au
.
trouble panique
Dans le domaine de la phobie sociale, ces manifestations de panique ou de type
panique sont fréquentes, cumulant 4 ou 5 symptômes (voire plus) parmi ceux qui
viennent d'être énumérés. Comprendre ces symptômes et apprendre à les remettre en
cause
apportent
des
outils
non
négligeables.
"Ça se vit, l'anxiété. Ça vous rentre de partout, ça vous pénètre,
et plus on se démène, plus ça fait mal."
Jean-François Somcynsky
Tension musculaire et déséquilibres
En forme de résumé, voici un schéma des tensions musculaires typiques liées à
l'anxiété sociale. Tensions à l'origine des deséquilibres et symptômes que chacun aura
pu remarquer. Les thérapeutiques et ressources de développement viseront donc à
rétablir un équilibre psycho-corporel plus adapté.
Dysfonctionnements respiratoires et tension musculaire
La crise paroxystique que constitue la panique ou le schéma ci-dessus des principaux
ancrages corporels de l'anxiété mettent en valeur des éléments importants dans le
cadre de la phobie sociale. En résumé, la personne souffrant de phobie sociale est
tendue musculairement et respire mal, de manière forcée et artificielle, a fortiori dans
les situations d'interaction sociales. Remettre en cause le trouble peut donc passer par
i
d
lâ h
d'
i i
ll
un apprentissage du relâchement et d'une respiration naturelle.
Le dialogue tonique
a. Tonus musculaire
La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
- Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou
soumise au système nerveux végétatif.
- Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils
permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise
au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles
sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus
musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée.
Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu. Dans le
cadre de la phobie sociale, la tension est extrémisée dans le haut du corps.
b. Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de
l ’ a p p r e n t i s s a g e
d e
s a
régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à
une agression :
- Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément.
Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le
problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus
musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La
tension devient chronique, augmentant l'anxiété, nuisant au bien-être mais aussi à la
performance sociale.
- Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne
crée pas ou peu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis
retrouver rapidement et aisément son état de départ. cet état de régulation permet au
sujet d'accéder à ses ressources et de garder un seuil de stimulation bas. l'anxiété ne
se développe pas.
c. Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans ses relation avec
lui même, mais aussi avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue
tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière
sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses
spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre
appréciation
de
la
vie
en
relation.
La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation, adaptée dans son utilisation aux
particularités de chacun.
La respiration
R e s p i r a t i o n
E m o t i o n
La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que
l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la
circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de
vue physiologique.
D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est
plus à prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de
constater que cette relation est bilatérale :
La vie psychique influe sur la respiration.
La respiration influe sur la vie psychique.
F o n c t i o n
r e s p i r a t o i r e
Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le
plus important de la fonction respiratoire.
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à
l’inspiration et monte à l’expiration.
Il assure une respiration ample et abdominale.
Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le
diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires
contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un
surcroît d’effort.
En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire,
on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.
La vie respiratoire
La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage,
celle des dormeurs profonds et des animaux.
L'éducation ("Tiens-toi droit!", "rentre ton ventre"), la vie sociale modifient la
respiration naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle.
Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre
émotionnel.
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme.
En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage
thoracique, crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, …
Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de
conscience de l’individu dans sa globalité.
Respiration et enracinement
Se relaxer debout est une chose étrange, mais essentielle car adaptée au réel. Quand
il y a difficulté, tension, mal-être, c’est en relation avec soi, les autres ou le monde. La
position première est alors la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme entre
exigences extérieures et ressentis intérieurs : être présent à soi et au monde. Position
juste que l’enfant possède, installé dans son centre de gravité mais pervertie par les
enjeux de nos exigences, celles des autres ou du monde qui nous entoure.
Ainsi déséquilibré, la confiance ne vient plus pour l’homme de
ce qu’il est, corporellement et réellement, mais de ce qu’il
pense, de ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les autres.
Déséquilibre provoquant tensions, insécurité, rapports
conflictuels, …
Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout,
responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en
lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un
juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et
au monde.
Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté
par l’enfant qui se tient debout, le bas-ventre. Naturel, ce
centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne
s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour
a u
s o u r c e .
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un
lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au
devenir de l’être.
Illustration : Centre de gravité bas, respiration ventrale, jambes légèrement pliées ne
gardant que les tensions nécessaires, pieds bien en appui sur le sol, assise du bassin.
Les apports des techniques psychocorporelles
Relaxation
- Prendre conscience des tensions, apprendre à les réguler. Ceci entraîne une
meilleure connaissance de soi, des différents états que l’on peut traverser ou vivre,
nourrit détente, conscience de soi et confiance.
- Réhabiliter certaines parties du corps oubliées ou muettes et ainsi favoriser le dosage
des dépenses d’énergie et des tensions qui en naissent, équilibrant l'individu dans ses
sensations.
- Se sentir bien dans sa peau, équilibré, ce qui favorisera une juste attitude face aux
éléments perturbateurs. Par voie de conséquence, renforcement de la personnalité, de
la confiance en soi…
- Développement des capacités d’éveil. « S’éveiller à » , c’est porter son attention sur
un phénomène nouveau. En relaxation, l’attention est portée sur le corps.
Habituellement, on ne porte attention à son corps qu’en cas de plaisir intense ou, plus
fréquemment lorsqu’il souffre, se manifeste de manière négative. On « pose » son
attention, on découvre pour la simple découverte, pleinement. Il ne s’agit pas d’une
attention instinctive ou spontanée, mais d’une expérience vécue en pleine conscience,
être complètement présent à ce qui se produit, mais sans tension ou volontarisme.
Etre là tout simplement.
Travail respiratoire
- La respiration a une fonction régulatrice de la part émotionnelle de l’anxiété,
prépondérante.
- Respirer consciemment, c’est libérer les tensions internes, oxygéner le cerveau, le
corps.
- En respirant « ventralement » on réhabilite la part instinctive du corps, oubliée.
- Quitter le rythme extérieur pour être attentif à son rythme intérieur : la respiration
est un formidable outil de lâcher-prise.
- Maîtriser les enjeux émotionnels de la vie en relation (prise de parole, enracinement,
confiance en soi).
Sophrologie
- D’un point de vue physiologique, l’individu apprend à détecter, reconnaître et
anticiper les réactions organiques qui accompagnent l'anxiété et ainsi à les dissoudre
avant qu'elles n'atteignent leur paroxysme.
La relaxation dynamique apporte les sensations nécessaires à cette maîtrise. Le
schéma corporel vécu dans sa globalité, sa connaissance et celle de la relaxation
permettent de soulager les parties du corps qui supportaient à elles seules toutes les
tensions.
- L’état alpha, état de détente est obtenu de plus en plus aisément et de plus en plus
rapidement jusqu’à un effet quasi-instantané. Il permet à l’individu au cours de la
journée, d’expulser les tensions, de recharger ses forces et ses défenses.
- La sophrologie en développant les potentiels de l’être humain, ces capacités de
calme, de sérénité, de confiance en lui, de maîtrise de son corps, développe l’individu
mais aussi, en inter-relation, modifie la manière dont il est perçu par les autres.
Au delà d'une réducation musculaire ou respiratoire, les rapports de l’individu avec le
monde sont recadrés, mais aussi ceux du monde avec l’individu.
III. Dimension cognitive
"L'homme descend du songe." A. Blondin
Intolérance à l'incertitude
Le terme d'intolérance à l'incertitude parait judicieux dans le cadre de
l'anxiété.
Face à une situation, l'incertitude survient. Elle nourrit l'inquiétude et par la
même le phénomène anxieux.
L'inquiétude se conceptualise sous la forme d'un discours intérieur, de
pensées verbales ou bien d'images mentales catastrophistes.
" Il ne me trouve pas intéressant"
"Je n'y arriverai jamais"
"Je suis nul"
"Ils vont se moquer de moi"
"Il va m'agresser"
Il parait donc justifié de poser tout d'abord l'anxiété comme un trouble cognitif. Les
cognitions étant ici, les pensées, représentations, images mentales...
Les manifestations anxieuses qui suivent témoignent d'ailleurs de cette dimension
cognitive :
Sensation de danger imminent et mal identifié
Sensation d’impuissance face au danger
Sensation qu’un événement négatif menace
Pensées inquiétantes et répétitives échappant à la volonté du sujet
Tension dans l’attente d’une nouvelle importante mais encore incertaine
Tension dans l’attente d’un rendez-vous ou d’une épreuve importante
Tension accompagnée d’appréhension et de rumination mentale
Tension accompagnée de crises de panique
Peur de se retrouver seul et impuissant dans des situations dangereuses
Peur d’adopter des comportements humiliants ou embarrassants
Préoccupation obsessionnelle à propos d’une action déterminée.
Pensée obsessionnelle de violence infligée ou subie
Souvenirs récurrents et envahissants d’un événements stressant
Peur de prendre des décisions erronées
Dans le cadre de la phobie sociale, l'intolérance à l'incertitude va se manifester entre
autres chez l'individu au regard de sa performance et de ce que les autres peuvent en
juger (car un jugement est supposé). Les informations n'étant pas nécessairement
claires et accessibles, ce qui rend l'incertitude intolérable, le sujet va mettre en place
tout un système d'évaluation de la situation, pour établir une illusion de contrôle sur
ce qui est en train de se passer, tout un ensemble de schémas, postulats, distorsions
de la réalité et de pensées automatiques, sensées diminuer l'anxiété mais augmentant
en fait le phénomène.
Dimension cognitive de l’anxiété
L’approche cognitive propose une vision globale du processus qui mène à un trouble
t e l
l ’ a n x i é t é .
L’anxiété est un trouble éminemment cognitif. Mais la description s’applique également
à des difficultés telles la dépression ou certains troubles de la personnalité et du
comportement.
L’étape cognitive est donc essentielle. Ca n’est pas ici la réalité qui pose problème
mais ce qui en est pensé.
On ressent ce que l'on pense.
Les 3 points essentiels du traitement cognitif de l’information vont être développés. Ils
constituent également la colonne vertébrale d’une prise en charge thérapeutique.
Dimension cognitive du sujet ou « Comment traitons-nous les informations » :
1) Schémas, postulats, croyances et inconscient
2) Processus, distorsions
3) Pensées automatiques
1) Schémas, postulats, croyances et inconscient
Les termes « schéma », « postulat », « croyance » sont employés indifféremment
selon les auteurs. Ces schémas sont des composants stables, mis en place
essentiellement lors d’expérience pendant la petite enfance.
Ces schémas sont inconscients. Avec le terme inconscient, nous sommes loin de
l’emploi psychanalytique. Il faudrait plutôt le rapprocher du sens de mémoire à long
terme, inexact mais moins ambigu.
Au gré de notre histoire, de notre sensibilité, de stress répétés pendant l’enfance, de
traumatismes, d’exemples familiaux ou sociaux, nous emmagasinons tous des
informations diverses dans la mémoire à long terme. Ses informations,
dysfonctionnelles dans le cas de l’anxiété, sont stockées sous la forme de postulats,
schémas…
Dans le cadre de l’anxiété, ces schémas reflèteront souvent :
- Une vision menaçante du monde extérieur
- Une vision défaillante du monde intérieur
- Une vision péjorative du futur
Un postulat-type sera par exemple : « Si je ne contrôle pas la situation,
quelque chose de mauvais va arriver ». D’autres schémas du même
type se regrouperont sous la forme de perception d’un danger et
d’incapacité de faire face.
A travers le filtre de l’anxiété, « danger et contrôle », la vision de soi,
des autres, du monde va s’orienter et faire naître de nouveaux postulats, schémas
différents selon l’individu. Quelques exemples en reprenant les trois groupes essentiels
:
- Une vision menaçante du monde extérieur : « La vie, c’est marche ou
crève » / « les autres sont des requins » / « L’enfer, c’est les autres » / on
n’existe que quand on gagne » / « Les hommes ne s’intéressent qu’au sexe » /
« La vie est une souffrance »…
- Une vision défaillante du monde intérieur : « je suis nul » / « je ne vais
pas y a arriver » / « je n’ai pas de chance » / « je n’ai rien d’intéressant à dire
» / Je n’existe pas sans mes performances »…
- Une vision péjorative du futur : « Personne ne sait ce que l’avenir nous
réserve », « Il vaut mieux être toujours sur ses gardes »…
Nous mettons donc tous en place des schémas, schémas que jean cottraux définit par
« structure organisée qui contient les savoirs et les attentes de l’individu vis-à-vis du
monde ».
Il y a trouble comme l'anxiété lorsque ces schémas sont inadaptés aux bien-être.
Les difficultés sont multiples :
un
schéma
parait
indiscutable
et
rigide
- Le schéma va orienter tout traitement de l'information. ce qui vient le confirmer est
amplifié,
ce
qui
lui
est
contraire
est
minimisé
- Un schéma est inconscient : il surgit à travers l'émotion, sans nécessairement passer
par
la
conscience
et
son
traitement
logique.
- Le schéma n'est pas traité de manière logique mais est donné comme vrai.
- Pour atténuer les effets du schéma, l'individu va mettre en place des
c o m p o r t e m e t n t s
d y s f o n c t i o n n e l s .
- ...
Ces schémas cognitifs constituent le "domaine de définition" du trouble. Ils sont
fondés sur un traitement dysfonctionnel de l'information, s'auto-renforcent et sont en
partie inconcient. Il s'agira donc de les remettre en cause, de manière rationnelle et
consciente dans un entretien de thérapie cognitive ou de manière inconsciente avec
l ' h y p n o s e
e r i c k s o n i e n n e .
2) Processus, distorsions
Chez le sujet anxieux, une distorsion s’opère au stade cognitif. La lecture de la réalité
s’éloigne dangereusement de la réalité elle-même. C’est ce que l'on appelle une
lecture dysfonctionnelle.
A titre d’exemple, quelques pensées dysfonctionnelles :
- Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur luimême.
Ex : « Ils me prennent pour un imbécile . »
- Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à
l a
f o r m e
n é g a t i v e .
Ex : « De toute façon, on ne vas pas y arriver. »
- Maximalisation et minimalisation : dans le cadre du stress, tendance à surestimer
les
échecs,
à
sous-estimer
les
réussites.
Ex : «Là, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire.»
Généralisation
:
généralisations
Ex : « Je ne suis pas fait pour les examens …»
abusives.
- Tout ou rien : dans le cadre du stress, par exemple, ne penser qu’en terme de
réussite.
Ex : « On n’existe que quand on gagne.»
- Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui sert l’idée
anxiogène
ou
stressante,
en
le
sortant
de
son
contexte.
Ex : « Il ne m’a pas passé le sel. Tu vois qu’il ne m’aime pas.»
- Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.
Ex : «Tout ce qui arrive est de ma faute.»
On le voit, dans la phobie sociale, la réalité est distordue. Il est nécessaire de mettre
en valeur et de faire prendre conscience au sujet de ces erreurs de traitement de
l'information, pour ensuite les recadrer en mettant en place une lecture plus
rationnelle de la réalité.
3 )
P e n s é e s
Le
cognitivisme
est
avant
tout
On analyse donc ce qui, dans les pensées,
disfonctionne
et
génè
Penser, chez l’être humain se concrétise,
a u t o m a t i q u e s
une
science
de
la
pensée.
modes de pensées, dans les croyances,
re
le
mal-être.
schématiquement de deux manières :
Pensées automatiques : ce mode de pensée n’est pas contrôlé ou conscient.
L’individu est passif. Ses pensées s’imposent à lui-même comme des schémas
prédéfinis issus de l’observation (subjective et déformée) par le sujet de lui-même de
son environnement et de toutes leurs interactions.
Ex : « ça n’arrive qu’à moi », «de toute façon je vais me planter », «il ne me supporte
pas … »
Ce mode de pensée est donc automatique, immuable et constant : la pensée contrôle
l e
s u j e t
Pensées rationnelles : mode de pensée contrôlé et conscient (autant que cela est
possible et envisageable). Il s’agit d’une pensée intentionnelle, plus ponctuelle. Face à
un événement, on ne réagit pas automatiquement, on ne se laisse pas influencer par
un vécu, des interprétations abusives et mécaniques. On prend du recul, on recherche
une démarche logique et rationnelle : Le sujet contrôle la pensée.
Du choix entre ces deux modes de réponses de la pensée dépend l'équilibre du sujet.
La démarche cognitive propose de s’interroger sur ces pensées automatiques et leur
mise en place, pour, dans un second temps les remplacer par des observations plus
rationnelles et conformes à la réalité. Le sujet reprend le contrôle de ses pensées et de
leur pertinence.
Remettre en cause ses a-priori, c’est se permettre de repartir sur de nouvelles bases,
de rendre possible le changement, de générer d’autres comportements chez soi et, en
interrelation chez les autres. La pensée anxieuse entre autres dans la phobie sociale :
est
irrationnelle
ou
outrancière.
- détient le monopole (il n'y pas d'autres manières de penser la réalité qui soit
disponible).
Il s'agit donc de remettre en cause la pensée automatique en proposant des pensées
alternatives, permettant ainsi de briser le monopole de ce qui est anxiogène.
Croyances
Les croyances sont des règles généralisantes établies par l’individu sur lui-même, les
autres et le monde. Les croyances vont donc conditionner et orienter l’appréhension
de la réalité. Les croyances constituent en quelque sorte la trame de la carte de la
réalité du sujet. En cela, elles n’émergent que peu ou pas à la conscience. Une des
démarches utiles en thérapie va être de mettre à jour ces représentions du monde.
Nous avons tous des croyances
Ces croyances peuvent être des croyances ressources (favorisant la performance), des
d
li i
( i
àl
f
)
croyances neutres et des croyances limitantes (nuisant à la performance).
Cette vision du monde est un filtre qui s’installe entre le sujet et la réalité et
conditionne donc pensées, émotions (états internes) et comportements, dans un
système qui s’auto-renforce et s’auto-valide :
Auto-renforcement et auto-validation
L’être humain a besoin de cohérence et de logique. Aussi le sujet va s’organiser en
fonction de ses croyances et inconsciemment filtrer les informations qui viennent
valider et renforcer le système de représentation du monde. Ce tri va se muer à
certains moments en une démarche de distorsion de la réalité pour qu’elle vienne
convenir aux croyances personnelles (« Tu vois, je te l’avais dit ! »). Ce besoin de
confirmer les représentations et stéréotypes internes va conduire le sujet à créer sa
réalité, dans une boucle cognitive, émotionnelle et comportementale automatique.
Si la boucle se construit sur des croyances ressources, positives, le sujet s’inscrit dans
une logique interne de bien-être, réussite, de performance…
Si la boucle se construit sur des croyances limitantes, négatives, le sujet évolue dans
une logique interne de mal-être, d’échec ou d’inefficacité.
Exemple de boucle :
La prise de conscience de ces boucles constitue également une étape importante dans
la remise en cause de la phobie sociale.
Croyances et apprentissages
Dans les paragraphes précédents, nous venons de voir que c’est en fonction de ce que
nous pensons du monde que nous orientons nos choix. Cette connaissance se construit
selon divers processus qui prendront selon le cas, une forme limitante ou
enrichissante. Chacun se construit sa carte du monde, nous n’agissons pas sur la
réalité mais sur la représentation qu’on en a. Cette nature non-logique et constitutive
de l’ego entraine nécessairement des dysfonctionnements. Parmi ceux-ci, nous en
retiendrons trois familles, prépondérantes, proposées par la programmation neurolinguistique et qui viennent complèter la démarche cognitive :
1) Généralisation (mise en place des croyances, des jugements de valeurs) : c’est le
processus qui vise à tirer une leçon générale d’événements particuliers, premier filtre
entre nous et la réalité. Ainsi, on établit des croyances, jugements de valeur.
Construite sur des événements du passé, la généralisation permet d’installer une
illusion de contrôle, illusion de comprendre le présent et de prévoir l’avenir. On
entrevoit aisément à la fois son effet rassurant à court terme mais aussi son effet
pernicieux à moyen et long terme.
2) Sélection omissions et distorsions : Ayant mis en place des croyances, on
sélectionne ce qui vient confirmer le système, renforcer les croyances. On en vient à
distordre l’information pour qu’elle puisse entrer dans ce cadre de référence.
3) Filtres
Nous filtrons donc la réalité, cela plutôt trois fois qu’une :
- Filtre neurologique : notre perception de l’extérieur dépend de notre cerveau, de
notre système nerveux, de la perception par les sens…
- Filtre culturel, social : nous apprécions la réalité selon les critères du groupe
auquel nous appartenons.
- Filtre personnel : chaque individu est unique, aura donc une conceptualisation du
réel personnelle en fonction de ses différentes expériences (éducation, influence
f
ili l
i l é é
d
i )
familiale, sociale, événements de vie…)
Un des buts en thérapie de la phobie sociale sera donc d’observer la carte du monde
établie par le sujet et de la recadrer de manière adaptée au bien-être en ouvrant
l'éventail de ses choix, des lectures possibles. Ceci implique une synchronisation du
thérapeute sur le client, car pour en faire évoluer les frontières, il faut s'installer dans
le territoire. Le thérapeute docte, conseilleur ou mentor n'a que peu de chance d'y
parvenir.
Scénario catastrophe
Ce n’est donc pas le monde qui importe, dans le domaine de l’anxiété, mais la carte
que l’on en fait. Schémas, postulas, pensées automatiques s’installent comme de
multiples filtres entre l’individu et la réalité.
Dans le cadre de la phobie sociale, le « scénario catastrophe ». Une technique appelée
flèche descendante (cf illustration ci-contre) met bien en valeur ce processus.
A chaque « intersection », l’hypothèse la plus négative est choisie, pour prendre le
monopole. Cette tendance se développe, devient automatique et inconsciente. La
lecture de la réalité devient une lecture-catastrophe.
Exemple de processus anxieux :
La flêche descendante est à explorer dans son intégralité, le sujet prenant conscience
de la faible probabilité de ce qui est appréhendé, des multiples embranchements et de
la nature extrême et souvent irrationnelle voire absurde des options choisies.
Elle permet également de prendre en compte le véritable enjeu de la situation souvent
sous-jacent.
P a r
e x e m p l e
:
"Je vais avoir le trac" -> "Je vais bafouiller" -> "Ils vont me trouver ridicule" -> "Ils
vont se moquer de moi" -> "je vais être rejeté". Ici la peur du trac révèle une peur
plus profonde, celle du rejet.
Anxiété sociale et objectif
Pour une bonne partie de la population ayant à souffrir d’anxiété sociale, la notion
d’objectif est importante. Dans de nombreux cas, si bien sur elle ne se résume pas à
cela, un des composants essentiels de l’anxiété sociale est très fréquemment l’anxiété
de performance. La « peur de ne pas être à la hauteur ». Elle est souvent manifeste.
Mais on ne se demande que très rarement : « à la hauteur » de quoi, de qui ? En
matière de performance, l’objectif est important. Adapté, il porte et encourage la
f
i d
é il
ill l
f
E
iè
d’
ié é
i l
performance, inadapté, il torpille la performance. Et en matière d’anxiété sociale,
l’objectif est souvent inadapté, car irréaliste, flou…
A b s o l u
e t
i n s a t i s f a c t i o n
En discutant avec des personnes anxieuses, on remarque assez vite une certaine
insatisfaction chronique : « J’aurai pu faire mieux », « Oui, j’y suis arrivé, mais c’était
facile »… « J’étais pas au top »… Bref, phénomène étrange, qui fait qu’on ne se
satisfait pas de ses réussites, en en voulant toujours plus. Une espèce de quête
ultime, absolue mais hélas pour le bien-être, désespérément virtuelle.
Comment se phénomène se construit ?
Quelques idées :
Ces schémas sont sociaux et culturels : « toujours plus jamais assez » pourrait
être la devise de quelques millions de personnes. L’entraîneur de foot braillant,
vociférant sur la touche ou le prof de latin et son « peut mieux faire » à quelqu’un qui
a des notes honorables, participent au phénomène. Et comme quelques-uns, s’ils ne
sont pas dégoûtés par le foot ou le latin, réussissent (malgré tout) a être performant,
cela conforte tout ce petit monde dans ces schémas. « Tu vois, il y arrive, j’ai eu
raison d’être exigeant. » Il y a là une erreur d’analyse, car ceux qui réussissent ne le
font pas grâce à ces schémas, mais malgré ceux-ci et au regard de leurs qualités et
ressources personnelles.
L’entourage familial apporte sa pierre à l’édifice. Cela peut se passer comme ça :
un enfant fait un dessin et va le montrer à un de ses parents.
1) Si le parent fait un compliment, cela encourage l’enfant à dessiner et à développer
ses compétences. Tout cela nourrit la confiance en soi.
2) Si le parent n’apporte pas d’appréciation un tant soit peu positive, ne dit rien ou
critique, l’enfant va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez. Il va améliorer son
dessin - ne va pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait
assez - améliorer son dessin - ne pas avoir de compliment – va avoir l’impression de
ne pas en avoir fait assez… Le compliment devient virtuel, absolu. Et la quête d'absolu
peut durer longtemps.
Dans le domaine de l’anxiété sociale, on se trouve donc assez souvent au contact de
personnes en recherche de cet absolu, par définition inaccessible. Ils n’obtiendront pas
le compliment mais aussi, effet secondaire et pernicieux, ne jugeront pas recevables
les compliments et attentions de la vie courante qui sont eux, parfaitement réels mais
bien fades au regard de la quête du St graal : « non, c’est rien », « c’était facile, tout
le monde peut le faire ». En résumé, il y a donc recherche par nature insatisfaisante et
génératrice d’anxiété d’un compliment virtuel, au détriment d’autres compliments,
informations réelles et fondatrices de l’estime de soi et la confiance que le sujet
s’accorde.
Lacune "objectivale"
Dans ce climat d’insatisfaction chronique, l’objectif établi avant une performance
sociale, risque fort d’être également absolu et inaccessible. C'est-à-dire tout le
contraire de ce que doit être un objectif générateur de performance. Il est alors tout à
fait normal et naturel d’appréhender, de mettre en place des stratégies d’anticipation
anxieuse ou d’évitement, de se découvrir des inhibitions et blocages divers au moment
d
i
E
l
de gravir un « Everest personnel ».
Cette lacune « objectivale » de la performance dans l’anxiété sociale est intéressante
car recadre le débat dans le réel, à mi-chemin parfois entre la thérapie et le coaching.
Le relevé des distorsions opérées par le sujet, établit d’autre part une esquisse de la
genèse de son anxiété, facteurs sociaux et familiaux qui font quitter la sphère du
trouble psychologique, pour celui, plus rassurant de l’apprentissage.
Critères d’un objectif non anxiogène
1. L’objectif doit être important pour la personne et celle-ci doit considérer la
réalisation de l’objectif comme salutaire. Pour ce qui nous préoccupe ici, la mutation
cognitive est importante, un objectif modeste, diminuera l’anxiété de performance et
paradoxalement, augmentera la qualité de la dite performance : « il est important
pour moi d’avoir un objectif moins exigeant. C’est ainsi que ma prestation sera de
qualité satisfaisante ». Si cette « mutation » est en place, l’investissement sera
important.
2. Le paragraphe précédent entraîne que l’objectif doit être modeste, c’est-à-dire,
susceptible d’être atteint, réaliste et réalisable. Chaque objectif atteint motive et
impulse de l’espoir dans la capacité à évoluer, changer.
3. Un objectif doit être concret, précis et comportemental : ces critères sont
importants, car ils permettent de vérifier que l’objectif a été atteint. « être bien » ou «
donner un sens à ma vie » sont des objectifs flous, imprécis et par nature
insatisfaisants car toujours perfectibles. Alors, aucun progrès n’est vérifiable.
4. Centration sur le début plutôt que sur la finalité. Un objectif doit décrire les
premières petites étapes accessibles plutôt qu’une finalité absolue. "Pour être calme à
cette réunion, je dois d’abord… »
5. Ne pas mésestimer la dureté de l’objectif. Reconnaître sa difficulté :
- La déception sera moins forte en cas de non-réussite de l’objectif
La
satisfaction
sera
importante
en
cas
de
réussite.
Mettre en place un objectif de ce type n’est aucunement un pis-aller mais un challenge
dans le cadre de l’anxiété sociale.
6. Ecologie : on devra toujours vérifier si la satisfaction de l’objectif ne provoquera pas
des effets secondaires indésirables, conscients ou inconscients qui viendraient bloquer
la démarche.
7. Examen et développement des ressources. il est nécessaire d'identifier et de mettre
en place les ressources nécessaires à la résolution de l’objectif : apprentissages,
développement de compétences, exposition en imagination, …
ARTICLE EN COURS DE REDACTION
Bibliographie
Les phobies sociales / D . Servant / Masson
La peur des autres / C. André / Editions Odile Jacob
La timidité / L. Crawford / j’ai lu
La timidité / C. André / Que sais-je, puf
La timidité chez l’enfant et l’adolescent / G. George / Dunod
Réussir à surmonter le trac / JY Bellego / Ellébore
S’affirmer et comuniquer / JM Boisvert / Editions de l’homme
L’intelligence relationelle / ML Pierson / Editions d’organisation
Affirmez-vous / F. Fanget / Eeditions Odile Jacob
L’estime de soi / C. André / Editions Odile Jacob
Les phobies, perspectives nouvelles / J. Cottraux, E. Mollard / PUF
Phobie et relaxation / collectif / L’esprit du temps
Psychothérapie des phobies / L. Vera / Dunod
Les phobies / C. André / Dominos - Flamarion
Ces pages seront développées au fil du temps
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