Mai 2007 - Association Française du Violoncelle

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Le Violoncelle
Revue de l’Association française du violoncelle
N°23
Mai 2007
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Présidents d’honneur :
Maud Tortelier
Janos Starker
Étienne Vatelot
2, rue Jacques Cœur
75004 Paris
Site internet :
www.levioloncelle.com
Le Violoncelle
Revue de
l’Association française du violoncelle
Directeur de la publication : Michel Oriano
N° ISSN 1628-4135
N° 23 - Mai 2007
Guy Coquoz
Luthier
Réglages
de sonorité
Cordes boyau
La Folia®
Achat - Vente
[email protected]
46, Rue de Rome
75008 Paris
Tel 01 55 30 00 30 Fax 01 55 30 07 25
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SOMMAIRE
- Editorial........................................................................p. 3
- Courrier des lecteurs.................................................p. 3-4
- Informations..............................................................p. 5-9
- Musicora 2007 ...........................................................p. 10
- Le coin des amateurs .................................................p. 11
- Entretien avec Philippe Hersant ...........................p. 12-13
- Le trac, maladie contagieuse......................................p. 14
- Musiques du monde et musiques traditionnelles ....p. 15-16
- Coup d’œil sur le Sénégal :
entretien avec Aude Vanackère........................p. 16-17
- Coup d’œil sur le Brésil :
entretien avec Emmanuelle Robert..................p. 17-18
- Entretien avec Henri Demarquette .......................p. 19-22
- Florentine Mulsant, compositrice ..............................p. 23
- Nicolas Gosset, luthier...............................................p. 24
- « Il Medico » de Stradivarius.....................................p. 24
- Un violoncelle pour gauchers ....................................p. 25
- Le coin des enfants ....................................................p. 26
- Disques et DVD ....................................................p. 27-29
- Un violoncelle pupitre ...............................................p. 29
EDITORIAL
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons la disparition de Mstislav Rostropovitch, qui, né en 1927, venait de
fêter son quatre-vingtième anniversaire. Ce n’est pas à nos lecteurs violoncellistes qu’il est nécessaire de présenter cet
immense artiste qui a servi la grande musique mieux que quiconque, grâce à une virtuosité liée à une musicalité éblouissantes. Merci à lui d’avoir enrichi notre répertoire en créant ou en commandant plus de cent œuvres majeures pour notre
instrument, parmi lesquelles on peut citer par exemple les sonates et les Suites de Britten ou de Prokofiev, les concertos de
Chostakovitch, Dutilleux, Lutoslawski, Sauguet, Schnittke, le Triptyque de Renaud Gagneux, le Cantique du Soleil de
Sofia Gubaidulina, le Concert à Quatre d’Olivier Messiaen, la Mélodie concertante de Henri Sauguet, les Variations de
Walter Piston, etc., etc.
Pour son 80ème anniversaire, Eric Tanguy lui a dédié sa dernière œuvre, In Terra Pace pour violoncelle et orchestre, qui sera
créée à Reims en juin prochain par Anne Gastinel, et un hommage lui sera rendu à Beauvais, à l’occasion de la rencontre
annuelle d’ensembles de violoncelles.
Il y a une quarantaine d’années, certains d’entre nous se souviennent d’avoir découvert Rostro, qui faisait ses débuts parisiens dans la Symphonie concertante de Prokofiev au Palais de Chaillot : nous avions tous été aussitôt subjugués par son
aura et la puissance incomparable de sa sonorité, qui parvenait à dominer un gigantesque orchestre dans l’immense salle
du Trocadéro.
Dieu sait combien il ne nous a pas déçus par la suite ! Figurant dans le panthéon des plus grands musiciens du 20ème siècle,
Rostropovitch a su renouveler l’interprétation des grands chefs d’œuvre classiques de notre instrument. Créateur de tant de
partitions contemporaines, c’est largement grâce à lui qu’aujourd’hui on compte sur les doigts de la main les compositeurs
qui n’ont pas écrit de pièces pour le violoncelle, lequel les inspire largement autant que tous les autres instruments, ce qui
n’était pas le cas auparavant, lorsque la majorité d’entre eux privilégiaient souvent au piano et au violon.
Il y a un an et demi, lors de la dernière édition du concours qui porte son nom, et auquel notre association avait été invitée
à participer en faisant auditionner des jeunes élèves, Rotro avait eu la gentillesse de féliciter et d’encourager l’AFV, et nous
sommes honorés de lui dédier ce vingt troisième numéro, qui compte pour la première fois 32 pages.
Merci Slava. Vous allez nous manquer cruellement. Tous nos lecteurs sont invités à écrire ce que vous avez représenté pour
eux sur le forum de notre site www.levioloncelle.com, et nous n’avons pas fini de parler de vous.
Michel Oriano
COURRIER DES LECTEURS
- « Etant dans ma centième année, je ne quitte plus ma maison. Je reçois toujours avec grand plaisir votre journal « Le
Violoncelle ». Ayant eu l’un des premiers numéros, qui
racontait l’histoire de Danièle Darrieux quittant le violoncelle pour le cinéma, je vous signale que la dame qui assistait
à ce départ du conservatoire, c’était moi. » Lise Burgaud.
- « Bien avant la parution du livre d’Alain Lambert sur
Maurice Maréchal, mon mari avait traduit un livre russe de
S.L. Guinzbourg que Jacqueline Heuclin m’avait procuré.
Je vous donne un exemplaire de cette traduction dont vous
pouvez publier ce qui vous paraîtra intéressant. Longue vie
à la revue “Le Violoncelle” qui relie tous les passionnés ».
Jocelyne Reydy.
Merci beaucoup, chère madame. Nous ne manquerons pas
de publier des extraits de ce texte dans l’un de nos prochains numéros, et/ou sur notre site internet.
- « Je souhaite connaître les possesseurs actuels ou anciens
de violoncelles du luthier Paul Kaul (documents, photos,
enregistrements réalisés avec ces instruments, etc.) Merci
aux lecteurs de votre revue susceptibles de répondre à cette
requête ». Philippe Faller, 7 rue de la Néva, 75008 Paris ; tél.
01 42 67 10 09 ; [email protected]
- « En lisant la revue, je m’aperçois que chacun peut évoquer sa carrière, ses enregistrements et ses créations. Aussi
je me permets de vous signaler que j’ai eu le plaisir de créer
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le concerto pour violoncelle d’André Patrick, dont la carrière d’instrumentiste et de compositeur est décrite sur son site
[email protected]
J’ai également enregistré avec Josette Floux sous le nom de
« Duo Vuillaume », chez Cybélia, les duos pour violonvioloncelle d’Arthur Honegger et de Marcel Mihalovici,
ainsi qu’un trio avec piano d’Antoine
Tisné avec Marie-Claude Chevalier.
Toujours en duo, mais chez VibratoMusique, nous avons enregistré pour violon-violoncelle la Passacaille de
Haendel-Halvorsen et « 4 Regards »
d’André Patrick. »
Michel Marchesini, membre de
l’Orchestre du Théâtre National de
l’Opéra de Paris, 1er violoncelle solo de
l’orchestre de l’Association des Concerts
Pasdeloup, professeur de violoncelle et
de musique de chambre à l’ENS au
Raincy.
- « Je viens de réaliser un nouveau
disque à Oslo avec Terje Isunget, un
grand batteur norvégien, qui mesure
environ 2 mètres ! Exceptionnel de
grâce gestuelle, il est spécialiste des
musiques ethniques scandinaves. Son jeu
oscille entre une ondulation douce et une
déferlante un jour de tempête. Son chant vient des profondeurs des fjords. Moi, je ne mesure qu’un mètre 80, et mon
violoncelle se joue de moi dès que je tente de l’apprivoiser.
Mes amis disent que je chante en braille et que mon jeu
oscille entre Maurice Baquet et Tristan Tzara ». VPC Les
Allumés du jazz ; distr. Orkhestraz Internationale.
Didier Petit, [email protected] ; tél., fax :
01 43 64 50 35 / 06 14 40 60 51
- « Chers amis ! Depuis que le disque de notre Ensemble de
Violoncelles Nomos est sorti, tout va très bien !!! Si vous
souhaitez l’acheter, vous pouvez le trouver dans les Espaces
Culturels Leclerc, à la FNAC, et en tout bon magasin de
disques sur commande en donnant le nom du disque, du
label (Ame Son) et du distributeur (Codaex). Nomos est un
point de rencontre entre musiciens interprètes et compositeurs, musiciens et public, mais aussi un collectif d’expérimentation, de circulation de projets. Il a pour vocation principale de soutenir la pratique du répertoire contemporain
existant, en invitant de nombreuses personnalités, mais il est
également à l’origine de nombreuses
commandes et projets. C’est enfin un
ensemble de violoncellistes, interprète
d’œuvres rares et virtuoses, spectaculaires et émouvantes. » Titre du disque :
“Aperghis, Globokar, Pascal, Roy,
Xenakis”. Direction artistique :
Christophe Roy. Direction : Michel
Pozmanter : Iannis Xenakis /
« Windungen » pour douze violoncelles,
1976 ; Georges Aperghis / « Totem » pour
huit violoncelles, 1997 ; Robert Pascal /
« Au plus profond d’un étrange rêve
éveillé » pour quatre violoncelles, 1989,
version à seize violoncelles ; Camille
Roy / « Tresses» pour douze violoncelles,
2005 ; Vinko Globokar / « Freu(n)de »
pour six (ou douze) violoncelles, 1987,
version à dix-huit violoncelles. »
- « L’Anmam, Association Nationale
des Métiers de l’Accompagnement
Musical souhaite développer plus encore la communication et la diffusion d’informations entre les professionnels des métiers de l’accompagnement et le monde musical.
Notre site Web vous propose, entre autres facettes de l’accompagnement, ses INFOS PRATIQUES : une nouvelle
rubrique “Petites Annonces” relaie par exemple des
recherches de pianistes-accompagnateurs pour les instrumentistes ou chanteurs pour leurs concerts ou concours ;
une rubrique “Actualités”, pour toute manifestation ayant
trait à l’accompagnement, concerts, formations, stages... ;
sans oublier les “Offres d’emploi”. N’hésitez pas à nous
contacter ». Anne Morvan, Secrétaire Adjointe ANMAM
[email protected] ; http://anmam.free.fr
Jean-Yves Lacombe
« Tout d’abord, un grand merci très chaleureux à toute l’équipe bénévoles qui consacre son temps à la bonne marche de
l’AFV. Le Forum est une véritable mine d’or sans lequel je n’aurais sans doute pas osé me lancer dans la pratique du violoncelle (en tous cas pas aussi rapidement ni aussi facilement), et si l’objectif essentiel de l’AFV est de promouvoir cette
pratique, il est pleinement atteint (je ne suis pas le seul que le Forum ait ainsi aidé).
Depuis que j’ai commencé (il y a un peu plus de 2 mois), j’ai pris conscience du côté onéreux de cette passion... Et c’est
avec un petit pincement au cœur que j’ai lu certains posts de personnes qui cherchent désespérément une solution pour
s’adonner au violoncelle malgré un budget serré. Ça me donne envie d’essayer de leur venir en aide, et c’est l’objet de ma
démarche auprès de vous… Peut-être que dans le cadre d’une opération J’aide les violoncellistes de votre région ou de
votre ville, l’AFV peut se tourner vers les Conseils Généraux, les Mairies, voire le Ministère de la Cuture… » L’oncle Olive
Inutile de dire combien ce courrier donne du baume au cœur de la petite équipe qui gère notre association.
En proposant de nous aider à trouver des subventions pour aider les violoncellistes, l’Oncle Olive nous ouvre une
nouvelle voie de travail dont nous lui sommes infiniment reconnaissants. Nous reviendrons sur le développement de
ce projet dans nos prochains numéros. En attendant, toutes vos réactions seront les bien venues.
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Avec David Oistrakh
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Les main
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Rostropov de
itch
Mstislav
Rostropovitch
Témoignages d’internautes sur
le site www.levioloncelle.com
Avec
Galina
Vishmevskaya
Avec Sviatoslav Richter
“Il y a quelque chose qui s’effondre. Il a toujours été là, dans
les dizaines d’enregistrements,
les heures de musique que je
passais en boucle, les morceaux
dont il m’a fait tomber amoureuse, il était
dans toutes les conversations, comme une
évidence ; je repense au concours
Rostropovitch il y a deux ans, je repense
au concert auquel je suis allée il y a six
mois où il a dirigé la 8ème et le concerto
pour violoncelle de Shostakovitch à la
salle Pleyel, c’était fantastique de voir ce
mythe humain en vrai.
Merci merci merci merci à toi Mstislav
de nous avoir appris le violoncelle
moderne.”
Masha
“J’ai mal... je ne peux me permettre de
jouer cette 2ème suite car je la massacrerais mais je vais l’écouter à 20 heures !
par Slava !!! Je jouerai chez moi
l’allegro appassionato de Saint Saëns...
pour lui...
En apprenant sa mort, j’ai pleuré
comme un gamin. Ce soir encore, j’ai
mal... mais je me dis que nous tous
avons été investis d’une mission, qui
est de continuer à faire vivre notre merveilleux instrument... Je me dis qu’enfin, là haut, Pablo, Paul, Jacqueline ne
s’ennuieront plus... Merci de continuer
à nous faire rêver, Slava”
Mamcello
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INFORMATIONS
Conservatoire
En remplacement de Jean-Marie Gamard, qui va prendre
sa retraite l’été prochain, Jérôme Pernoo a été nommé professeur de violoncelle au Conservatoire National de
Musique et de Danse de Paris. Nous publierons un entretien
avec Jérôme dans le prochain numéro de notre revue.
Rencontres et festivals
- Les quinzièmes Rencontres d’Ensembles de Violoncelles
de Beauvais se dérouleront du 11 au 15 mai 2007. Cette
édition rendra hommage à Mstislav Rostropovitch et sera
aussi marquée par un concert exceptionnel consacré à la
création.
Participants : Dana Ciocarlie, Eric Maria Couturier,
Alexis Descharmes, Shani Dikula, Paolo Giacometti, MarieElizabeth Hecker, Laurent Korcia, Eric Le Sage, Cyrille
Lesne, Frédéric Lodéon, François Salque, Hüseyin Sermet,
Sylvia Vadimova, Peter Wispelwey, le Quatuor Psophos,
l’Octuor de violoncelles, les Solistes du Conservatoire
de Paris, l’ensemble 2e2m, la Synfonietta Cracovia…
[email protected] ; tél. 03 44 06 36 06.
- Première édition des Rencontres interrégionales de violoncelle en terre catalane, au Prieuré de Marcevol (66) du
5 au 8 mai : 4 ateliers : Ensembles de violoncelles ; orchestre
de violoncelles ; violoncelle baroque : Paul Rousseau ;
master class : Frédéric Borsarello. 2 concerts ; 1 conférence
de lutherie. Contact : Denis Mocquot : 06 60 64 52 15.
- Les 8èmes Rencontres Pro Quartet de Fontainebleau se dérouleront du 11 mai au 16 juin (www.proquartet.fr). Parmi les formations de musique de chambre invitées, on notera : les quatuors Gémeaux (Suisse), Carducci (Grande Bretagne), Accord
(Hongrie), Amedeo Modigliani (France), Amaryllis
(Allemagne), Quiroga (Espagne), Ardeo (France), Alfama
(Belgique), Leonis (France), Thaïs (Belgique), Benaïm
(France), les Trios Arcadis et Ancker (Suède), ainsi que le violoncelliste Eckart Runge.
Luthiers et Archetiers d’Art de France se réunira pour la
48ème fois à Arles du 13 au 17 juin. Au cours d’un concert,
Emmanuel Girard interprètera des pièces anglaises et françaises du 17ème siècle pour violoncelle et pour viole de
gambe. Parmi les conférences, signalons en particulier
celles de Eric Saudat sur François Gervais, qui construisit
un violoncelle dans les tranchées en 1915, de François
Pérego sur la couleur et les jeux de lumière dans les vernis
des instruments du quatuor, de Nelly Poidevin sur les différentes évolutions des archets à travers le temps, et Sylvette
Milliot, qui présentera son dernier ouvrage sur Jean-Baptiste
Vuillaume. Rens. [email protected]
- 7èmes rencontres musiciens, luthiers, archetiers, www.festivalmusiquesurciel.fr à Cordes sur Ciel.
Stages et masterclasses
- L’association Cello ad Libitum : 5ème édition des stages
violoncelle/piano/ flûte/ musique de chambre. « Conçus
pour les adultes amateurs, ces séjours ont pour objectif de
faire passer une semaine intense de musique aux participants,
en leur proposant chaque jour : cours d’instruments ou de
musique de chambre, répétitions avec piano et cours de
musique d’ensemble. Le stage, encadré par des professeurs
diplômés et expérimentés, permet un travail de fond. C’est
aussi pour certains une première expérience de la musique
d’ensemble. Chacun a la possibilité d’assister aux cours des
autres stagiaires, y compris ceux des autres instruments. Le
tout dans une ambiance conviviale et en pleine nature.
Deux séjours sont programmés en 2007 :
- en Normandie (au Tapis Vert) du 13 au 20 juillet
- en Bourgogne (à la Parenthèse) du 30 juillet au 5 août
[email protected]
- Barbara Marcinkowska donnera une master class du 20 au
26 août 2007, à l’Académie internationale de musique au
Pays de George Sand (Indre). Contact : Nathalie Rateau tél. 02 54 06 04 95 - [email protected]
- Du 16 au 20
mai se déroulera
le
Festival
Brahms Aimezvous au Théâtre
municipal
de
Colmar, auquel
participeront les
violoncellistes
Marc Coppey et
Xavier Phillips.
www.les-musicales.com
- En visitant le site de l’ association Cordes en Iles, fondée
en 2006 par des jeunes musiciens professionnels (entre
23 et 28 ans), vous pourrez obtenir des informations sur la
première édition de l’Académie Internationale de Musique
de Belle Ile en Mer qu’elle organise avec le soutien de la
Haute École de Musique du Conservatoire de Genève, et
qui comportera une master class de violon, une d’alto et une
de violoncelle donnée par le violoncelliste catalan Lluis
Claret, professeur au CNR de Toulouse, qui donnera deux
concerts à la Citadelle Vauban. Cette initiative a été encouragée par les violoncellistes Arto Noras et Marcio Carneiro.
http://www.cordes-en-iles.com/
- Le 48ème Congrès
du Glaaf. Le
Groupement des
- Le stage annuel organisé par Geneviève TeulièresSommer se déroulera du 15 au 25 août à Vallouise dans les
Hautes-Alpes dans un cadre magnifique. Ancienne élève
d’André Navarra, Geneviève Teulières-Sommer a elle-
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même formé nombre de nos jeunes solistes au CNR de
Marseille, et actuellement à l’Ecole Normale de Musique
de Paris et à la Guilhall School of Music de Londres. Ce
stage propose également des cours de :
guitare et luth, violon et initiation au
violon
baroque,
piano, clavecin, flûte
traversière et initiation au traverso, Signature violoncellistique de Geneviève Teullière
chant, flûte à bec,
ainsi que des cours de violoncelle baroque avec Aude
Vanackère, professeur à l’ENM d’Aix en Provence. Pour
plus de renseignements : www.musique-en-ecrins.org
- La treizième édition de l’Académie franco-tchèque de
musique de Telc aura lieu à Telc du 1er au 11 juillet 2007.
Les inscriptions à l’Académie – particulièrement pour le
cours de violoncelle – sont ouvertes jusqu’au 15 mai. Le
cours de violoncelle sera assuré cette année par M. Jiri
Barta, soliste international.
http://www.academie-telc.cz/index.php?lang=fr
- Du 28 juillet au 5 août, la municipalité de Chambon-surLignon accueillera trois professeurs, parmi lesquels figure
le violoncelliste Klaus Heitz, qui donneront des « Leçons
de maîtres », s’adressant à des futurs professionnels ou à
des jeunes professionnels, en solistes ou en ensembles.
Rens. 04 78 72 00 91.
- Deuxièmes rencontres de violoncellistes amateurs dans
les Hautes Alpes, 8-14 juillet (voir p. 17).
- 3ème Stage d’ensembles de violoncelles Ponticelli à
Saverne (Bas-Rhin), organisé par l’AMMA (Association de
Mélomanes et Musiciens Amateurs) du 30 juillet au 3 août.
Ce stage réunit des adultes amateurs ainsi que des grands
élèves venant des deux rives du Rhin. Parmi le professeurs
figurent Véronique Flachs, violoncelle solo de l’Orchestre
Philharmonique de Strasbourg, et Christian Wolf, du
Quatuor Manfred (CNR de Dijon). Tél/Fax : 0049761 45
640. [email protected]
- Musique au sommet : Deuxièmes Rencontres de
violoncellistes amateurs à Villard Saint Pancrace, 8-14 juillet,
http:/cello-au-sommet.biogspot.com (voir page 15).
- La pratique musicale en Provence, du 18 au 25 août, à
Pertuis, Vaucluse (84120). Ce stage s’adresse à des musiciens
adultes non-professionnels de niveau très bon à supérieur
(voir « Le Violoncelle » n°19). Encadrement pédagogique par
des professeurs spécialisés dans l’enseignement de la
musique de chambre. http://www.fuguesenliberte.com
- Alpenkammermusik Festival, Leising, Autriche :
6-15 juillet, parmi les professeurs figure le violoncelliste
Trey Lee, qui a remporté plusieurs prix internationaux.
[email protected]
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- Signalons également The 2007 Music Workshop Guide,
publié par l’association Amateur Chamber Music Players,
www.acmp.net, 1123 Broadway, New York, NY 10010, tél ;
212 /64567424, qui répertorie une grande quantité de stages
pour musiciens amateurs aux quatre coins du monde.
A titre d’ exemples : le Festival de quatuor à cordes de
Prague (17-29 août), au cours duquel des amateurs seront
encadrés par des professionnels tchèques ; la Cello
Academy danoise (www.celloacademy.org.) ; les rencontres
de l’Association française de Musiciens amateurs au
Chambon sur Lignon, 15-27 juillet, et Vierzon, 27 octobre4 novembre ; tél. 04 67 81 08 28 [email protected]) ;
Semaine de quatuor à cordes sur le Lac de Constance en
Allemagne (www.streichquartettwochen @online.de) ;
Musique de chambre à Florence (www.chambermusicholidays.com) ; Let’s Make Music in St. Petersburg (12-20
aout) ; Baroque Week à Oxford (www.baroqueweek.org.uk) ; Late Starter String Summer School, ouverte
à des adultes débutants à Doncaster, G.B., du 15 au 21 juillet
([email protected]) ; Oxford Cello School Adult
Improvers Course ([email protected]) ; L’Art
de l’improvisation, Suny, NY, 29 juillet-3 août
([email protected]) ; Chamber Players’Retreat
for Adult Amateur Musicians à Falls Village, USA (contact :
Jennifer Combs, [email protected]) ; The Ithaca
Violoncello Institute, Geneva, NY, USA, 23 juin 10 août,
[email protected] ; Lake Placid Chamber
Music Seminar for Adults, Lake Placid, NY, USA
(www.lakeplacidinstitute.org) ; Play Week Virginia, 8-15 juillet
(www.playweek.net) ; New Directions Cello festival,
Sacramento, California, 8-10 juin (www.newdirectionscello.com).
Créations
- Le trio de Franck Krawczyk sera créé à l’occasion
des Rencontres Musicales Proquartet, qui se dérouleront du
11 au 16 mai. (Rens. 01 444 61 85 50).
- Florentine Mulsant : Sonate pour violoncelle seul, (voir p. 23).
- 7 obrazow na wspak de Ryszard et Tensions de
Jean Poinsignon seront interprétés par Agèes Vesterman,
Deborah Walker et Ryszard Bednerczuk le 3 mai et le 5 mai
à la Cité Internationale de Paris, à l’occasion d’un « Concert
sur sculptures sonores ». http://agnes.vesterman.free.fr
- Les éditions Billaudot nous ont d’autre part informé de la
création mondiale du Concerto pour violoncelle et orchestre
de Pascal Zavaro au mois de janvier dernier.
Concours
Bordeaux accueillera du 4 au 9 juillet le 5è Concours
international de quatuor à cordes, placé sous la direction
artistique du violoncelliste Alain Meunier, et qui s’adresse
aux formations dont les membres sont nés après 1967.
www.quatuorabordeaux.com
Partitions
- Gustave Bouchet : Humeurs, rumeurs, pour violoncelle et
percussion. (François Dhalmann).
- Brahms : Poco allegretto de la symphonie n°3, arr. de
Pascale Michaca. (Billaudot).
- Tchaikovski : Scherzo, Pizzicato ostinato de la Symphonie
n°4, arr. de Pascale Michaca. (Billaudot).
- Franchomme : 12 Caprices-études op 7, pour violncelle seul
(avec acc. d’un second violonelle ad libitum). (Billaudot).
- Dernières éditions du catalogue Fac-similés des éditions
Fuzeau : Canzone de Tanaiev, et VI Sonates de Merci (Coll.
Dominantes) ; Basse continue volume 2, France 1600-1800
(Coll. Méthodes et Traités). Rens. [email protected]
- Frédéric Borsarello : Tango triste, pour deux violoncelles
(Delrieu).
- Pierre Fouillard : Picture’s Detail (Durand).
- Fauré : Quintette n°1 op. 89, éd. Critique de Roty Howat
(Namelle).
- Nicole Chambard : Ballade en A-La-Mi (Notissimo).
- Jean-Claude Wolff : 3 Solitudes (Notissimo)
- Walter Ernst Haberl : Latin for
Alex (Universal)
- Castera : Lent et grave (Salabert).
- Rikuya Terashima : Sonate pour
violoncelle solo (Een-on)
- Geminiani : Sonates pour violoncelle et basse continue (Fuzeau :
nouvelle collection de fac-similés).
- Lowell Liebermann : Trio n°2 op.
87, pour flûte, vcelle et piano.
- J.B. Masse : Sonates à deux violoncelles (Fuzeau).
Livres
- Philippe Beaussant : Passage
de la Renaissance au baroque.
(Fayard).
- Martine Cadieu : Constellations,
entretiens avec Henri Ditilleux, (éd.
Michel de Maule), ISBN 978-287623-181-8.
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- Michèle Reverdy : Composer la musique aujourd’hui
(Kliensieck, 2007). Ce livre propose d’entrer dans l’atelier
d’un compositeur de musique contemporaine. Qu’est-ce
que l’imagination musicale ? Qu’est-ce qui la déclenche ?
Comment pense le compositeur ? Quel est le temps de
l’écriture ? Comment la fréquentation des œuvres du passé
peut-elle alimenter la réflexion sur l’œuvre à venir ? Il est
question à la fois du bonheur qui préside à la création et des
doutes qui assaillent l’artiste, et aussi le fait d’être une
femme dans un univers largement masculin. Qu’advient-il
de l’œuvre achevée ? Qui va la programmer ? Comment
se passe le travail avec les interprètes ? Autant de questions
traitées du point de vue d’un compositeur d’aujourd’hui.
- Pascale Bertrand : Contes pour un musicien : recueil de
5 contes sur différents éléments de la théorie musicale : la
mesure, les modes majeur et mineur, les intervalles, le silence et les instruments de l’orchestre. « Cette œuvre est un
merveilleux outil pédagogique illustré d’images accessibles
à tous, et s’adresse aussi bien à des amateurs et à des professionnels qu’ à un public non averti… L’auteur dirige
depuis 15 ans des ateliers sur le mouvement intérieur de la
Parole. Ouvrage disponible sur commande auprès des librairies musicales, par mail ([email protected]), ou auprès d’Emmanuelle Robert, violoncelliste,
06 64 70 39 13 (voir p. 16/17).
• Extraits des Pennies G. Plowright publications de la « Strad
Library » (contact : ESCO, P.o. Box 935, Fincingfield,
Braintree, Essex CM7, UK ; www.thestrad.com) :
- Dictionary of British Violin and Bow Makers ( Dennis
G. Plowright).
- Italian Violin Makers (Walter Hamma).
- The Violin Family and its Makers in the British Isles
(Brian W. Harvey).
- Dictionnaire Universel des Luthiers (René Vannes).
- The Cooper Collection (2 volumes consacrés à la lutherie française et italienne, par Albert Cooper).
- Electric Violins (par Roberto Cadozzi).
Cinéma
Pour contribuer à compléter notre inventaire de films dans
lesquels le violoncelle joue un rôle, un lecteur nous signale
Deception, tourné en 1946, avec Bette Davis et Claude
Rains, l’histoire d’un violoncelliste, un chef d’orchestre, et
une femme. On y entend le Concerto en ré de Haydn au
début, ainsi que le Concerto op.37 de Erich Korngold, qui
l’a composé pour ce film.
Internet
Voir le site http://www.wps.pwp.blyueyonder.co.uk/cello.htm,
sur lequel on peut dores et déjà lire des articles sur Emmanuel
Feuermann, How to hold the Cello, How to hold the bow, Easy
cello bowing, The Young Cellist, Romberg et l’histoire du violoncelle, My first 14 pieces (très facile), Midi accompaniment
files (pour les jeunes violoncellistes), Light folksongs (Europe
de l’est), Fedorchenko : a selection from a Russian study
book ; Upside cello bow example with pictures.
1/ Pédagogie
- Teaching from the Balance Point : A Guide for Suzuky
Parents, Teachers and Students (Edward Kreltman).
- Essay on the Craft of Cello Playing : Volume 1 :
Prelude, Bowing, Coordination ; vol. 2 : The Left
Hand. (Christopher Bunting).
- The Musician’s Hand : a Clinical Guide (Ian Winspur
et Parry Christopher Wynn).
- New Directions in Cello Playing Easier and Play without Pain (Victor Sazer, nouvelle édition).
- Handbook for Cello Students : Music Theory and
Other Facts (Phyllis Luckman).
- Playing the String Game (Phyllis Young).
- The Twentieth Century String Quartet (Douglas
Jarman)
- Medical Problems of the Instrumentalist Musician
(Raoul Tubiana).
- The String Play ( Phyllis Young).
- Bowed Arts (Reflections of the cellist Bernard
Greenhouse on his life and music, par Laurinen Owen.)
- Cello (par William Pleeth).
2/ Lutherie
- The Bow, its History, Manufacture and Use (Henry
Saint-George).
- German Bow Makers (Klaus Grünke).
- Violin Makers of Hungary (Peter Benedek).
- Violin Makers of the German School (Walter Hamma).
- Los Luthiers Espanoles (Ramon C. Pinto).
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MUSICORA 2007
MC278
Comme chaque année depuis sa création, L’AFV a tenu un stand au Salon de la
musique Musicora, où nous avons également organisé un concert donné par des
élèves du CNR de Paris. Ci-dessous les impressions exprimées sur le forum de
notre site internet par l’une de nos visiteuses :
« C’était magique, Musicora ! Il y avait des cellos partout (et des violons ? Ah
bon, je n’avais pas remarqué) et des cellistes aussi. Nous allions de stand en
stand et entendions des fragments de Bach, de Saint Saens, d’Elgar, de Chosta
... on se dirigeait à l’oreille ... !
Et une copine qui voulait essayer tous les violoncelles et qui n’osait pas toute
seule au début, avant de se mettre courageusement à jouer son Feuillard sur un
très beau violoncelle baroque. Bravo !
Et les instruments magnifiques de Gauthier Louppe, sculptés, somptueux, mais
impossible de lui faire dire le prix (ça vaut peut-être mieux !)
Et la démonstration de “virtuosité” au violoncelle qui m’a laissée pantoise !
Et Madame Irma qui refusait de laisser son cello à la consigne ... elle croyait
Le concert de l’AFV à Musicora
qu’on allait le lui voler ...
Et la boîte incroyable à 2000 euros, qui pesait ... le poids d’un ananas (c’est le
Chinois allemand qui la vendait qui l’a juré).
Et puis ... je l’avoue, je suis tombée sous le charme de Xavier Gagnepain qui m’a entendue menacer de passer à la viole
de gambe “pour jouer juste une fois dans ma vie” et a entamé une conversation impromptue sur la musique, comme ça,
sur le stand de l’AFV, avant de donner à Darius une leçon de
“pouce” dont nous n’avons pas perdu une miette ...
A refaire l’an prochain ... »
Fac-similes
Collection dirigée par Jean Saint-Arroman
Méthodes & Traités
BASSE CONTINUE
SERIE I - FRANCE
1600-1800
Tous les textes théoriques, méthodes,
traités, articles concernant la basse
continue reproduits en 6 volumes.
L’Ensemble
des 6 volumes
Ref. 6222
6 volumes réalisés par
JEAN SAINT-ARROMAN
387,50 €
VOLUME I :
Ref. 5994 – 68,00 Euros TTC
VOLUME IV :
Ref. 5997 – 64,00 Euros TTC
VOLUME II :
Ref. 5995 – 62,00 Euros TTC
VOLUME V :
Ref. 5998 – 58,50 Euros TTC
VOLUME III :
Ref. 5996 – 64,00 Euros TTC
VOLUME VI :
Ref. 5999 – 71,00 Euros TTC
Nouveau Site Internet : www.editions-classique.com
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Xavier Gagnepain sur le stand de l’AFV
308,00 €
E-mail: [email protected]
B.P. 406 - Courlay - 79306 BRESSUIRE CEDEX - FRANCE
Tél. 05 49 72 91 20 Fax 05 49 72 02 03
C’est également à Musicora que l’AFV a tenu son assemblée générale annuelle, dont vous pouvez lire le compte
rendu sur notre site www.levioloncelle.com, ou le recevoir
sur simple demande de votre part.
A noter que le nouveau bureau est composé comme suit :
Philippe Bodart, Frédéric Borsarello, Jean-Claude Bussac,
Marc Coppey, Jean-luc Deville, Vincent Fiack, Mathieu
Fontana, Doris Franck, Blandine Huchet, Marie-Paule
Milone, Philippe Muller, Michel Oriano, Catherine
Paoletti, Raphaël Pidoux, Fabienne Ringenbach, Fanny et
Gilles Romiguière.
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LE COIN DES AMATEURS
Vincent Fiack, notre nouveau webmaster
Agé de 25 ans, Vincent Fiack, qui a récemment repris la
gestion du site internet de l’AFV, travaille actuellement en
tant que développeur au Centre Régional d’Informatique
Hospitalière d’Alsace. Nous lui avons demandé de se présenter auprès de nos lecteurs.
« Mes parents habitent dans un village d’environ trois
mille habitants. Il n’y avait qu’une seule “école” de
musique, qui ne faisait que de l’accordéon. Pour gagner de
nouveaux adeptes, il y avait à l’époque une année d’initiation gratuite, avec solfège et instrument (une mélodica).
Après cette initiation, j’ai eu le choix entre faire de l’accordéon, et ne rien faire : les autres instruments étaient trop
loin, trop chers. J’ai donc arrêté la musique. A la fin du collège, devant mon insistance, j’ai pu prendre des cours de
guitare (folk et électrique). J’ai passé le temps du lycée à
jouer dans un groupe de métal. Etudiant, j’ai dû laisser tomber la guitare, faute de place et de temps. Une fois employé,
je voulais reprendre, mais la guitare, seul, ça n’est pas terrible, surtout quand on ne sait jouer qu’à partir de tablatures. J’ai brièvement essayé la clarinette en autodidacte,
mais une fois la méthode finie, je ne savais pas que jouer.
En écoutant le répertoire “classique”, j’ai découvert les
cordes frottées. Une courte hésitation entre le violoncelle
et la contrebasse, et me voici violoncelliste débutant depuis
deux ans. Mes objectifs sont très simples : jouer le plus possible, avec le plus de monde différent possible. Jusqu’à présent, j’ai pu jouer avec des enfants de 6 à 14 ans, instrumentations diverses, musique renaissance, avec ma femme qui
a repris la flûte traversière en même temps que moi le violoncelle, avec un organiste, avec un flûtiste à bec, en
ensemble de violoncelles ... Il me manque encore l’accompagnement de chanteurs, mais
j’espère bien y remédier dans les
années à venir !
J’ai pris connaissance de l’AFV
sur le forum de son site intenet :
mon cas illustre bien le rôle joué
par l’AFV en tant qu’outil de
communication. Internet permet
en effet de mettre en contact des
micro-communautés partageant
les mêmes centres d’intérêt. Le
site de l’AFV en est un parfait
exemple : plus de 1600 inscrits
sur le forum, quelques habitués,
des informations, mais aussi des
prises de bec ... On retrouve la même chose sur à peu près
tous les sites communautaires. Ce qu’il faut à mon avis
pour ne pas tourner en rond, ce sont des projets communs,
qui regroupent les utilisateurs et permettent de mieux nous
connaître. Voilà pourquoi, lorsque, l’année dernière,
Fabienne Ringenbach a lancé son invitation à une rencontre
de certains d’entre nous à Mirecourt, j’ai sauté sur l’occasion. »
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ENTRETIEN AVEC PHILIPPE HERSANT
roman d’Emily Brontë. Même s’il ne s’agit pas de
musique descriptive, ces œuvres sont indubitablement imprégnées par l’atmosphère du scénario
pour l’une, du roman pour l’autre. Ce sont, je crois,
des œuvres très chargées en émotions. L’expression
est mon souci majeur lorsque j’écris de la
musique : peut-être cela me vaut-il de toucher parfois un public habituellement rétif à la musique
contemporaine – mais cela me vaut aussi d’être
taxé de rétrograde ou de néo-romantique par les
tenants de l’avant-garde !
Cyrille Tricoire et Philippe Hersant
Philippe Hersant, votre actualité discographique de ces
derniers mois est marquée par la sortie de deux enregistrements dans lesquels prédomine la voix du violoncelle. Est-ce une coïncidence ou bien le signe d’une
attention toute particulière pour cet instrument ?
Ce n’est pas une coïncidence : je suis très attiré par cet instrument, depuis mes débuts de compositeur, et mon grand
regret est de ne pas savoir en jouer… Sans doute mon professeur de composition, André Jolivet, a-t-il contribué a renforcer cette inclination naturelle : il avait une vraie passion
pour le violoncelle. Pour ma part, je lui ai consacré de nombreuses œuvres et lui ai souvent donné un rôle prédominant
dans mes œuvres orchestrales. Heathcliff, par exemple,
débute par un solo de violoncelle…
Je constate, par ailleurs, que les autres instruments que je
privilégie volontiers possèdent le même registre, que ce soit
le basson, le trombone ou la viole de gambe…
La critique a unanimement accueilli de façon particulièrement élogieuse votre 2ème concerto pour violoncelle
et orchestre ainsi que Heathcliff. Parlez- nous un peu de
ces compositions. Comment expliquez-vous que vos
œuvres touchent autant l’auditeur (et les interprètes)
alors que la musique de notre temps fait souvent
« peur » !
Ces deux œuvres (très sombres !) présentent des points
communs, bien qu’elles aient été écrites dans des circonstances différentes. On pourrait les qualifier d’ “opéras sans
paroles”, car elles s’appuient toutes deux, de façon plus ou
moins explicite, sur un argument littéraire. Mon second
concerto pour violoncelle m’a été inspiré par la lecture du
scénario d’un film de Fellini (jamais tourné) « Le Voyage
de G. Mastorna » , et Heathcliff est une suite d’orchestre
tirée du ballet « Hurlevent », dont l’argument provient du
J’enseigne le violoncelle au Conservatoire
National de Région de Montpellier. Selon vous,
doit-on sensibiliser très tôt un enfant à la
musique de son temps par l’apprentissage de
pièces adaptées, ou bien attendre que l’étudiant
soit suffisamment autonome pour aborder le
répertoire contemporain ?
Je pense que plus tôt on s’y prend, mieux cela vaut.
L’enfant est moins conditionné culturellement que
l’adulte. Et le chemin vers la musique d’aujourd’hui risque d’être plus difficile pour un étudiant
dont le professeur aura continûment manifesté de l’indifférence ou de l’hostilité envers tout ce qui sort du grand répertoire classico-romantique.
La lecture de votre biographie confirme un homme de
grande culture littéraire. Votre hommage à Fellini dans
le 2ème concerto ouvre un appétit pour le cinéma.
En ma qualité d’interprète de vos œuvres, j’ai été particulièrement sensible au travail des couleurs. Si vous
deviez nous parler d’arts plastiques pour illustrer votre
musique, à quels peintres feriez-vous référence ?
J’ai une passion pour la peinture et suis en effet très attentif
aux « couleurs » dans mes œuvres, c’est-à-dire (pour tenter de donner un équivalent sonore) aux alliages des timbres
instrumentaux. Si je ne devais citer qu’un peintre qui, me
semble-t-il, pourrait illustrer ma musique, ce serait Monsu
Desiderio. Ce nom étrange cache en fait deux peintres lorrains, installés à Naples au XVIIè siècle, et qui peignaient
d’étranges paysages apocalyptiques. Je leur ai du reste
rendu hommage dans une de mes pièces d’orchestre intitulée « Paysage avec ruines ».
A propos de peinture, l’Orchestre National de
Montpellier a rendu très récemment un vibrant hommage au peintre Pierre Soulages en proposant un programme uniquement d’œuvres composées après 1950.
Le planning des répétitions a été le même que celui
habituellement constaté pour un programme classique.
Pour diverses raisons, il est souvent impossible d’offrir un nombre suffisant de services nécessaire à la
bonne exécution d’une œuvre actuelle. Le public écoute et juge parfois une œuvre contemporaine altérée par
un travail peut-être insuffisant.. Qu’en pensez-vous ?
Bien sûr, cela pose problème... Un compositeur passe en
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général de longs mois sur une œuvre d’orchestre. Puis,
quand vient le moment de la création en public, tout va très
vite : deux ou trois heures de répétition, la générale, le
concert. C’est souvent assez frustrant ! Moi-même, je ne
me sens pas très efficace dans ces moments-là : je découvre
mon œuvre et si problème il y a, je ne sais trop quoi proposer, à chaud, pour tenter d’y remédier. Mais je n’ai plus la
même sensation lors d’une reprise, sans doute parce que j’ai
fait les petites retouches qui s’imposaient, que j’ai bien
repéré les difficultés et que j’en ai fait part au chef d’orchestre. Alors tout se met en place beaucoup plus vite. Une
brève répétition bien menée peut donner des résultats
magnifiques !
Une place assez étroite est souvent offerte à la musique
de notre temps dans la programmation des grandes
institutions musicales. Est-ce selon vous une injustice
ou bien une prudence exagérée mais justifiée des programmateurs sachant qu’il est plus facile de remplir
une salle avec la 5ème de Beethoven qu’avec une œuvre
contemporaine?
Si certains programmateurs sont exagérément prudents,
c’est souvent parce qu’eux-mêmes ne sont pas convaincus
de la nécessité de jouer la musique de notre temps. « Cela
fait fuir le public », disent-ils, mais le public a parfois bon
dos. Les programmateurs plus audacieux réussissent généralement leur pari, s’ils s’en donnent les moyens (René
Koering en offre un exemple éloquent !) S’ils proposent un
équilibre judicieux entre grand répertoire et musique
contemporaine, entre tradition et innovation, je constate que
le public, dans son ensemble, les suit très volontiers.
www.philippehersant.com
Propos recueillis par Cyrille Tricoire,
violoncelle solo de l’Orchestre de Montpellier
N.B. Cyrille Tricoire tient la partie de soliste dans l’enregistrement du
2ème concerto pour violoncelle de Philippe Hersant (Universal; Victoire
de la musique 2004).
UN VIOLONCELLISTE GÉORGIEN IMMIGRÉ
tuor qui le conduit en France,
Allemagne, Belgique, Danemark,
Finlande,
Italie,
Pologne,
Tchécoslovaquie…
Dans plusieurs anciens numéros de
notre revue, nous avions déjà
consacré des articles à des violoncellistes immigrés. Hélène Villette
nous a communiqué cette petite
biographie de Revaz Matchabeli,
talentueux émule de Mstislav
Rostropovitch.
Né à Tbilissi (Géorgie) en 1950,
Revaz Matchabeli commence le
violoncelle à l’âge de sept ans avec le professeur Illarion
Tcheishvili, puis avec Guéorgui Barnabischvili et le célèbre
violoncelliste Daniel Shafran au Conservatoire National de
Tbilissi où il obtient de nombreux premiers prix.
A l’âge de 15 ans, il obtient un premier prix au Concours
Interrépublicain (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) qui lui
permet d’entreprendre une carrière de soliste à travers le
pays avec l’Orchestre Philharmonique de Géorgie. Il joue
ainsi de nombreux concertos : Dvorak, Haydn, SaintSaëns, Tchaïkovsky…Il est alors remarqué par Mstislav
Rostropovitch qui lui prodigue régulièrement ses conseils.
En 1975, violoncelle solo de l’Orchestre National de Chambre
de Géorgie, il part en tournée dans le pays ainsi qu’en
Allemagne, Bulgarie, Finlande, Pologne, Tchécoslovaquie…
Parallèlement, il crée et enregistre de nombreuses œuvres pour
violoncelle de compositeurs géorgiens : Otar Taktakichvili,
Elizbar Lomdaridzé, Herman Djaparidzé, Mikael Odzeli…
Il se perfectionne alors au « Gnessin Institut » dans la classe
de Valentin Berlinsky (violoncelliste du quatuor Borodine).
En 1987, le quatuor, qui a pris le nom
de « quatuor Tbilissi de la RadioTélévision géorgienne » remporte le
premier prix du Concours International
Dimitri Chostakovitch à Leningrad.
En 1990, Radio-France invite le quatuor salle Gaveau pour
un concert mémorable (Webern, Stravinsky, Roslavetz,
Tzin-Tzade, Schnittke), retransmis en direct sur FranceMusique. A partir de 1993, le quatuor s’installe en France
grâce au soutien de Jack Lang et du photographe Marc
Riboud qui leur proposent le statut d’ »Artistes en
Résidence ». Après de nombreuses tournées en France et
en Europe, le quatuor Tbilissi se dissout.
Revaz Matchabeli reprend alors sa carrière de soliste et se
produit en récitals, avec orchestre et dans différentes.formations de musique de chambre en France et à l’étranger.
A noter que Revaz Matchabeli interprétera des sonates de
Brahms, Prokofiev et Rachmaninov, ainsi que celle de son
compatriote Nafilyan en pemière audition publique, le
9 mai à l’Institut des jeunes aveugles, 56 Bd des Invalides,
75007 Paris. Renseignements : 01 42 50 85 55
En 1979, il crée un quatuor avec lequel il remporte le 1er prix
du Concours International de Quatuors de l’Union Soviétique
et le 2e Grand Prix du Concours International de Quatuors à
Cordes d’Evian. Il se consacre alors exclusivement au quaLe Violoncelle N°23 - Mai 2007 - P 13
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LE TRAC,
MALADIE CONTAGIEUSE
Tous les musiciens, même les plus chevronnés, savent que nul
ne peut échapper à un accès de panique inattendue. Ainsi,
jouant en direct sur Radio France, déstabilisée parce qu’elle
avait pas retrouvé sa sourdine que nous avions remplacée par
une pince à linge, j’ai vu, de mes yeux vus, une super violoncelliste oublier de jouer l’un des mouvements d’une Suite de
Britten ! Sans aller jusqu’à ce paroxysme, beaucoup de nos
lecteurs ont sans doute des anecdotes à raconter sur ce sujet.
Merci à eux de nous les communiquer. Permettez-moi d’ouvrir
la marche dans l’espoir de recueillir en échange certains de
vos propres souvenirs.
Un jour, j’ai participé à un petit concours de musique de
chambre amateur, au cours duquel nous devions interpréter le
Trio de Weber pour piano, flûte et violoncelle. Respectivement
ancien interne des hôpitaux,
ingénieur sorti de polytechnique,
et agrégé de l’université docteur
d’Etat, nous étions rompus au
passage de concours autrement
difficiles et c’était par pur plaisir que nous nous apprêtions à
franchir cette épreuve qui nous
impressionnait d’autant moins
que nous n’étions pas nés de la
dernière pluie puisque nous
avions dépassé la quarantaine, et
que cette expérience ne comportait aucun enjeu pour nous. Nous avions l’habitude de jouer
en public, notamment ce trio que nous connaissions pas cœur
et qui, ne comportant pas de difficulté particulière, ne nous
tendait aucun piège.
Sûrs de nous, totalement décontractés, nous prenons place
devant le jury, et notre ami médecin, excellent pianiste, s’apprête à attaquer. Il lève les mains au dessus du clavier, mais, ô
surprise, celles-ci demeurent immobiles, comme si ses bras
étaient paralysés. Il se ressaisit, reprend son souffle, et au bout
d’une trentaine de secondes, il démarre en toute sérénité. Au
bout de quelques mesures, lorsque j’entre pour jouer le thème,
voici que, à ma grande surprise, je sens mon archet zigzaguer
sur les premières notes. Bof ! je suis sans doute le seul à
m’en apercevoir. Mais quand vient le tour du flûtiste, ses
lèvres se mettent à trembler et produisent un p. p. p. p. p. qui
nous déstabilise définitivement, au point que, en éclatant de
rire, nous nous levons, plions nos partitions, et repartons gros
Jean comme devant.
Michel Oriano
ERRATUM
Dans le dernier numéro de notre revue, nous avons,
p. 22, parlé d’un enregistrement de transcriptions de
Franz Liszt par Alexis Descharmes, et publié un article
de ce violoncelliste, intitulé « 30 ans, 30 commandes ».
Il s’agissait bien d’Alexis Descharmes, et non
Deschamps, comme nous l’avons malencontreusement
écrit, ce dont nous nous excusons.
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MUSIQUES DU MONDE ET MUSIQUES TRADITIONNELLES
Une évidence d’abord : notre culture occidentale
n’est pas universelle, et la musique est beaucoup plus
omniprésente dans la plupart des sociétés dites « primitives » que dans la nôtre. Si certains musiciens
« classiques » se sont toujours montrés fascinés par les
« musiques du monde », ils ont longtemps constitué
une minorité. Un grand violoncelliste du 20ème siècle ne
déclarait-il pas encore récemment qu’au terme d’une
tournée en Afrique, « ce ne fut qu’en débarquant sur un
aéroport européen qu’il rencontra des gens qui s’intéressaient à la musique » (sic) !
Les flûtistes, les guitaristes, les harpistes, les percussionnistes ou les violonistes ont sans doute prêté
l’oreille à ces musiques plus tôt que les violoncellistes,
tout simplement parce que, contrairement au nôtre, leurs
instruments ou des instruments analogues étaient utilisés dans beaucoup de folklores, et l’on connaît les
Dominique de Williencourt dans le Sahara
témoignages de Menuhin ou de Stern, lorsqu’ils découvrirent les musiques locales de l’Inde ou de la Chine. impressions fugitives et ces timbres imprégnés de nostalgie.
Auparavant, dès la seconde moitié du 19ème siècle, des compo- La corde grave est baissée jusqu’au La pour reproduire le
siteurs, notamment en Europe centrale et méridionale, leur double son du doudouk ». (Contact : Europ & Art 01 53 79 23 71,
avaient montré le chemin, mais en se confinant encore aux [email protected])
folklores de leurs propres régions (ex. Dvorak, Bartok, de De son côté, la chanteuse violoncelliste Birgit Yew, que nous
Falla, Ravel, etc.) : il s’agissait encore de « musiques tradi- avions interviewée dans notre numéro 20, poursuit son explotionnelles » plutôt que de ce qu’il est convenu de nommer ration des musiques « non classiques » dans un concert intitulé Feemuz, où, avec Hend Zaouari au kanoun, elle interprè« musiques du monde ».
te de la musique celte et asiatique.
Si cela leur a pris davantage de temps, à l’instar de Yo Yo Ma, Mentionnons encore le concert londonien intitulé « The
par exemple, dont La Route de la soie (1) et les expériences Global Cello », au cours duquel un pianiste, un violoniste et
sud américaines ont été largement médiatisées, plusieurs vio- trois violoncellistes (Nathalie Haas, Ernst Reijseger et Gustavo
loncellistes occidentaux ont récemment ouvert leur horizon sur Tavares) ont interprété de la musique écossaise, africaine, caribéenne et brésilienne.
d’autres traditions que les nôtres.
C’est ainsi, par exemple, qu’à l’occasion de l’Année de
l’Arménie, Dominique de Williencourt interprètera Nos lecteurs sont chaleureusement invités à nous fournir
Echmiadzine et le Mont Ararat, composé à partir de thèmes d’autres exemples de ce type. Nous attirons aujourd’hui leur
arméniens qu’il avait entendus au pied du Mont Arara sur attention sur le cas de la musique celte, que nous avions déjà
lequel se serait posée l’Arche de Noé (2). Il écrit à ce sujet : abordé à l’occasion de notre entretien avec Birgit Yew. A ce
« J’ai voulu rendre hommage à ce peuple écrasé par l’histoire… sujet, nous les renvoyons au site internet de l’ Encyclopedia
Mon itinéraire de violoncelliste m’a permis de rencontrer des of Traditional Celtic Music (http://standingstones), où, en
populations oubliées ou souvent mises à l’écart. En me met- attendant de publier une page intitulée « The Traditional Cello
tant à l’écoute des Touaregs dans le sud algérien, des Tibétains Page », l’auteur a récolté un certain nombre de témoignages
sur les contreforts de l’Himalaya et des Arméniens autour du historiques qui démontrent que, contrairement aux idées
Lac Sevan, j’ai voulu reproduire, grâce au violoncelle, ces reçues, le violoncelle a toujours joué un rôle dans la musique
écossaise. (3)
A noter à ce sujet qu’en février dernier a eu lieu à
Glasgow un festival de musique écossaise interprétée par
un duo composé d’une harpe écossaise et d’un violoncelle, deux instruments qui se sont révélés sonner merveilleusement ensemble. (voir http://celloharp.com). Et
c’est avec son instrument qu’Abby Newton, une violoncelliste américaine, anime des ateliers et parcourt les
écoles primaires de New York, pour initier les enfants à
différentes musiques traditionnelles.
(1) « Au cours de mes tournées de concerts, écrit Yo Yo
Ma, j’ai découvert la richesse de la diversité des traditions musicales, depuis l’envoûtement des Suites de
Bach, jusqu’aux traditions séculaires du violon celte et
les profondes tensions du bandonéon du tango argentin.
Yo Yo Ma
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Ceci m’a amené à réfléchir sur les
cultures, les religions, les idées,
qui ont imprégné pendant des
siècles les pays situés sur l’itinéraire de la route de la soie… En
1998, j’ai créé le projet de La
Route de la soie dans l’intention
d’explorer les croisements d’idées
des différentes cultures de ces
pays, et dans l’espoir de semer les
graines d’un nouveau champ artisAbby Newton
tique, tout en célébrant les traditions vivantes et les voix musicales du monde entier. »
(2) Echmiadine et le Mont Ararat a été enregistré dans un
disque où figurent d’autres compositions de Dominique de
Williencourt, parmi lesquelles on peut citer : Dharamsala, la
Montagne aux Aromates, pour octuor de violoncelles, et
Bersabée, pour violoncelle et orchestre de chambre.
(3) Au cours de ses recherches, Abby Newton a exploré le rôle
du violoncelle dans la musique écossaise : entre autres
exemples, elle mentionne le compositeur écossais Neil Gow,
qui jouait des danses accompagné par son frère Donald au
violoncelle. Un tableau de la National Gallery de Londres
représente ces deux musiciens. Dans son livre intitulé Music
and Society in Lowland Scotland in the 18th Century (Mercat
Press, 2003), David Johnson écrit : « Le violoncelle a joué
un rôle important dans la vie du compositeur folkorique écossais Oswald, et l’on peut regretter qu’il n’ait pas écrit de
sonates pour cet instrument ».
Coup d’œil sur le Brésil : entretien avec Aude Vanackère
Organisatrice des Deuxièmes Rencontres de Violoncellistes Amateurs dans les Hautes Alpes
✔ Votre parcours musical nous a semblé susceptible d’intéresser nos lecteurs. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je n’appartiens pas à une famille de musiciens, mais mon
grand-père, ouvrier à Paris, aimait tellement la musique qu’il
économisait sur ses faibles revenus pour aller au concert et
pratiquait la mandoline. Héritiers de cette passion, plusieurs
de ses petits enfants font de la musique, de même que ma
mère, qui s’est mise à la viole de gambe sur le tard. Comme
nous habitions à la campagne dans la Drôme, celle-ci s’efforçait de m’emmener tous les 15 jours à Romans, où j’ai pu
commencer le violoncelle à l’âge de 12 ans. En 1980, je suis
entrée au CNR de Marseille dans la classe de Geneviève
Teulières, à qui je dois une grande reconnaissance pour son
dynamisme, ses encouragements et ses immenses qualités de
pédagogue.
Comme j’avais toujours été attirée par la musique baroque, en
sortant de ce conservatoire, je suis allée pendant six ans en
Hollande où j’ai suivi l’enseignement d’Anner Bylsma, puis
au Lemmens-Institut de Louvain, en Belgique. J’enseigne
aujourd’hui le violoncelle baroque à l’ENM d’Aix en
Provence. Chaque mois, pendant un week-end, j’initie au
répertoire baroque des élèves venant de toute la France. Je suis
également membre depuis une quinzaine d’année de l’orchestre des « Musiciens du Louvre ».
✔ C’est au cours de vos études aux Pays Bas que vous avez
rencontré votre mari, le violoncelliste brésilien, Fernando
Lima de Albuquerque, qui participe aujourd’hui avec vous
et Karel Steylaerts, à l’encadrement des rencontres de vio-
loncellistes amateurs. Au bord de l’Amazone
Né au Brésil, Fernando
a en effet fait ses études
musicales en Hollande
et en Belgique avant
d’entrer au CNR de
Paris en classe de
musique
ancienne.
Après douze ans de carrière d’orchestre en
Belgique
puis
en
Espagne, il a ressenti le
besoin de se rendre utile et de consacrer pleinement à l’enseignement. Il est depuis quatre ans professeur à l’école de
musique de Briançon, où il a commencé avec six élèves dont
quatre adultes, et en compte aujourd’hui trente huit !
✔ Comment expliquez-vous sa passion pour l’enseignement ?
Du fait de son enfance au Nord-Est du Brésil, où faire du violoncelle tient du miracle, il a très tôt réalisé la chance que
représente le fait de pouvoir s’exprimer par la musique. Il a
fait ses débuts dans une école où chaque enfant avait à fabriquer son instrument tant bien que mal avec l’aide d’un menuisier, avant de recevoir les conseils d’un curé passionné de
musique, qui s’était donné pour mission d’aider des enfants à
sortir de la misère par le travail manuel et la musique. De la
même manière, le violoncelliste brésilien Aureo de Freitas a
créé un orchestre-école de violoncelle dans la forêt amazonienne (1) où les enfants font preuve d’un talent fabuleux : ils
ont un sens du rythme naturel, sont réceptifs, et font de la
musique avec enthousiasme et décontraction. Fernando a toujours eu à cœur de pouvoir un jour à son tour aider de jeunes
compatriotes à trouver leur voie, et il a cette année obtenu
deux bourses pour deux jeunes violoncellistes brésiliens qui
passent leur année scolaire à Briançon.
✔ Il existe en effet d’autres expériences de ce type, notamment en Colombie, où la musique permet de sauver des
enfants, et, d’une certaine manière, c’est aussi ce que cherchent à faire des gens comme ceux qui gèrent dans les
milieux défavorisés français l’opération « Dix mois d’école à l’opéra », dont nous avons parlé dans un numéro
précédent de notre revue « Le Violoncelle ».
Rencontre dans les Hautes-Alpes
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Venons-en maintenant aux rencontres de violoncellistes
amateurs que vous allez encadrer en juillet prochain dans
les Hautes Alpes avec votre mari et le violoncelliste belge
Karel Steylaerts.
L’idée de ces rencontres est venue de nos élèves adultes, qui
ont constitué une association dans le but de se rencontrer pendant une semaine avec des professeurs dans le cadre enchanteur des champs, de la montagne, de ravissantes petites chapelles dont les portes ouvertes permettent au chant des
grillons d’accompagner nos activités musicales. Dans la journée, des cours particuliers et des cours de petits ensembles
alterneront, et tous les soirs, un concert sera donné par des
professionnels ou des stagiaires. Je précise qu’il s’agit d’amateurs adultes de tous niveaux désirant se perfectionner, échanger, ou tout simplement passer du temps avec leur instrument
pendant une semaine.
✔ Quel répertoire allez-vous travailler cette année ?
L’an dernier, nous nous étions concentrés essentiellement sur
le répertoire baroque joué sur instruments modernes.
Beaucoup d’amateurs sont en effet attirés par cette musique
qui permet de prendre rapidement du plaisir à jouer des petites
sonates sans trop de difficultés techniques et de s’accompagner les uns les autres. Mais cette année, nous allons ouvrir
notre horizon en programmant des pièces allant de la musique
ancienne au jazz, en
passant par les chansons brésilienne, et
pour ceux qui le désirent, un approfondissement du répertoire
baroque avec archet
baroque et cordes en
boyau. Nous aimerions contribuer à
ce que la frontière Jeunes Brésiliens
entre
musiciens
« baroques » et « modernes » disparaisse , et qu’il ne soit plus
question que de style et de matériel à utiliser de préférence
pour un certain répertoire. Il suffit d’entendre nombre de nos
jeunes solistes actuels passer du violoncelle baroque au violoncelle moderne avec aisance pour réaliser que les différents
styles de musique sont comme la pratique des langues étrangères : plus on les pratique, mieux, on en maîtrise les finesses,
et plus il s’avère facile de passer de l’une à l’autre.
(1) Il s’agit de The Amazon Youth Cello Choir, créé dans les
années 1990. Voir www.acva-para.com
Coup d’œil sur le Sénégal : entretien avec Emmanuelle Robert
✔ Vous donnez des concerts en soliste et avec orchestre.
Parallèlement, vous vous passionnez pour la musicothérapie et l’enseignement du violoncelle que vous dispensez à
Paris depuis 15 ans.
J’appartiens à une famille de musiciens. Après avoir commencé avec Claude Brion au CNR de Douai et avoir obtenu mes
diplômes, je suis venue à Paris dans la classe de Marc Latarjet,
et reçu l’enseignement d’Agnès Vesterman. J’ai donné des
concerts, et je me suis spécialisée dans l’enseignement, la thérapie et la musique, en me donnant pour mission de développer la créativité de mes élèves, car je trouve que, dans notre
société, beaucoup de musiciens se cantonnent à quelque chose
de petit. Ceci contraste avec d’autres cultures, comme celle du
Sénégal où j’ai l’occasion de travailler, et où les gens jouissent
d’une joie de vivre, d’une lumière spontanée, que nos enfants
occidentaux conservent rarement après l’âge de 5 ou 6 ans.
Mon but est donc
d’amener
mes
élèves enfants et
adultes à retrouver cette innocence, cette spontanéité, ce plaisir de
vivre avec comme
support leur instrument.
✔ Quelles sont
vos activités au
Jeune Sénégalais a l’ouvrage
Sénégal ?
Je me suis jointe à l’association ADIAMA, qui signifie « celui
qui crée » en diola banjal, une association humanitaire et artistique pour la paix et la non-violence, au profit des enfants et
jeunes défavorisés, qui s’est implantée en Casamance, au sud
du Sénégal. Cette
association part du
principe
qu’entre
modernité et tradition,
les jeunes sont encore
sous le poids de la
soumission traditionnelle ; face aux aînés,
ils n’ont pas le droit à
la parole, et encore
moins à l’initiative,
d’où la création d’une Casamance
structure, Le Village
d’Outouka, qui a pour mission d’enraciner les valeurs de tolérance, de respect, d’écoute et de dialogue, pour contribuer à
une culture de paix et de non-violence. Les ateliers d’art permettent aux enfants et adultes de s’exprimer, et de devenir des
êtres conscients, autonomes, créateurs de leur vie.
L’an dernier, je suis donc allée en Casamance avec mon violoncelle et un groupe d’élèves musiciens, peintres, danseurs,
acteurs, photographes, avec un projet : Rencontre artistique et
humaine au village d’Outouka. Nous avons animé des ateliers
dans les différentes disciplines artistiques, avec les artistes
locaux, dans le but de créer avec eux une structure dont ils ne
bénéficient pas dans leur société. Nous avons présenté sur
place et à Paris un spectacle, une exposition de peintures, photos, et marionnettes, ainsi qu’un film en cours de réalisation.
J’ai créé une classe de violoncelle et j’ai pu constater chez ces
gamins une grande motivation, une spontanéité, un sens du
rythme, un don pour le chant, une persévérance, très supérieurs
à ceux de nos compatriotes.
Je me rends au Sénégal deux fois par an pendant trois
semaines, et, dans l’intervalle, un artiste local prend la relève
et se débrouille. Actuellement, nous ne disposons malheureu-
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sement que d’un violoncelle entier, Présentation du violoncelle
mais ce n’est qu’un début.
✔ Profitons de cet entretien pour
lancer un appel aux lecteurs de
notre revue qui, s’ils disposent de
petits instruments (des quarts, des
demis) dont ils n’ont pas l’usage,
seraient les bien venus à en faire
don à votre association qui accomplit ce merveilleux travail avec des
moyens précaires. Et naturellement, je me doute que vous recherchez des sponsors, qui peuvent
entrer en relation avec votre association par le biais de votre site internet www.associationadiama.com . E-mail [email protected] ; téléphone : 06 22 74 44 37.
A quel type de musique initiez-vous ces enfants ?
Dans la brousse où ils habitent, ils n’ont évidemment pas l’occasion d’entendre les œuvres de notre répertoire occidental.
Mais ils se montrent fascinés quand je joue devant eux ; souvent ils se réunissent dans l’atelier, et demandent de jouer,
d’apprendre le violoncelle. Lors de mon dernier voyage je leur
ai apporté une partition, et j’ai découvert qu’ils apprenaient
très vite, ils sont très demandeurs, cela leur donne aussi le sens
de la responsabilité car le violoncelle est fragile, ils n’ont pas
l’habitude de cette notion. Bien sûr, je m’associe avec des instruments locaux comme le djembe, la cora, le balafon. Cette
expérience comporte en effet une dimension d’échange, et des
griots m’ont initiée aux thèmes et aux rythmes de leur
musique. J’ai ainsi la chance de pouvoir jouer, improviser,
accompagner des danseurs au bord de l’océan, dans le cadre de
la nature sauvage, en oubliant pour un temps tout ce qui est
partition. Nous avons d’ailleurs donné un concert à l’Alliance
Française de Ziguinchor, suite à ces rencontres.
✔ Ceci a-t-il un impact sur votre enseignement en France ?
Je suis entrain de monter une classe d’improvisation à Paris,
qui accueille des adultes et des enfants disposant de bases techniques au violoncelle. Ceci correspond chez moi à une tendance naturelle à insister sur le développement de l’être et de la
créativité de mes élèves. J’insiste surtout sur le plaisir et la rencontre entre l’instrument et la personne qui le joue. J’attends
plusieurs semaines avant d’introduire une partition chez mes
débutants, et je cherche surtout à leur
faire prendre conscience du contact
avec l’archet, le manche, l’instrument. Je commence par des choses
très simples et très vite j’essaie de
leur faire recréer avec leur instrument
des chansons enfantines qu’ils
connaissent. Ensuite, je prends le bon
vieux Feuillard, tout en gardant du
temps pour créer en improvisant.
J’insiste aussi beaucoup sur le souffle
et le son, afin d’augmenter l’aisance,
la fluidité dans le jeu : la conscience
corporelle a en effet un impact
important sur le son, sur la présence que dégage le musicien
avec son instrument.
✔ Et vous-même, avez-vous le sentiment de « créer » en
jouant ?
Certains spectacles, certains livres m’ont donné envie de les
mettre en musique. C’est ainsi qu’à la suite d’une rencontre
avec le comédien et metteur en scène François Bourcier, j’ai
composé et interprété la musique pour sa pièce « Lettres de
délation » d’après un livre d’André Halimi. J’illustre aussi des
expositions ou des lectures. Actuellement, je suis en train
d’écrire la musique de « Contes pour un musicien » de
Pascale Bertrand (1) : il s’agit là d’une belle expérience qui
consiste à rapprocher des récits, des mots, avec la musique,
afin de faire ressentir à un public averti ou non la vie intérieure des éléments fondamentaux de la théorie musicale.
✔ Pourrait-on dire que « création » constitue le mot clef
du message que vous souhaitez transmettre ?
Je pense en effet que notre société a figé l’identité d’un trop
grand nombre de personnes. A travers mon enseignement, je
stimule l’être humain, à retrouver son authenticité, sa joie de
vivre ; ma mission est de les accompagner vers le chemin de
leur créativité grâce à l’expression artistique, afin qu’ils
deviennent les créateurs de leur propre vie.
A ce sujet j’anime régulièrement des stages pour les musiciens : « Créer la musique de sa vie. »
Contact : Emmanuelle Robert, 06 64 70 39 13
E mail [email protected]
(1) Voir informations, rubrique livres, p. 9
Couves d’une revue
musicale Chinoise :
ce n’est pas tout à
fait du violoncelle
mais ça donne quand
même envie.
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ENTRETIEN AVEC HENRI DEMARQUETTE
A chacun son parcours
musical.
Depuis la création
de notre revue,
outre un certain
nombre d’amateurs, de luthiers,
de compositeurs,
etc., nous avons
interviewé
une
quarantaine de
violoncellistes
professionnels, à
qui nos posons des
questions diverses
Henri Demarquette avec Olivier Greif
et variées, mais
dont certaines se recoupent. On aurai tort de considérer
ceci comme un exercice purement répétitif, car les
réponses à une même question s’avèrent diverses et
variées : elles donnent non seulement des pistes pour
connaître la personnalité individuelle de chacun de nos
interlocuteurs, mais, petit à petit, elles sont susceptibles
de nous fournir le matériau pour une synthèse révélatrice de certaines différences subtiles, mais aussi de
constantes qui varient selon les personnes, et qui ouvrent
peut-être des pistes à une réflexion sur la spécificité des
violoncellistes par rapport à ceux qui pratiquent
d’autres instruments. Ceci est susceptible de nous fournir la matière pour un ouvrage synthétique que l’on
pourrait intituler « Profil des violoncellistes ».
Parmi ces questions, nous demandons régulièrement à nos
interlocuteurs comment ils se sont mis au violoncelle, s’ils
faisaient partie d’une famille de musiciens, si, dans leur
enfance ils ont choisi eux-mêmes de faire de la musique,
s’ils ont commencé par pratiquer un autre instrument,
s’ils ont été guidés par leurs parents, comment ils ont
découvert le violoncelle et pourquoi ils ont décidé de s’y
consacrer plutôt qu’à un autre instrument. Je pense à un
chapitre consacré à « La Genèse des violoncellistes ».
Henri, toi qui, né en 1970, fais partie d’une génération
qui a vu s’épanouir en France une floraison de super
violoncellistes, que répondrais-tu à cette question ?
Ma famille est « à moitié musicienne », puisque ma mère
est violoniste professionnelle, mais mon père, altiste amateur, exerce un métier dans la banque qui l’a amené à beaucoup voyager outre mer. C’est ainsi que, de l’âge de 2 à
6 ans, j’ai passé la première partie de mon enfance au
Burundi. Dans cette situation d’expatriés, mes parents ont
formé un petit groupe de musiciens, et je les entendais régulièrement faire de la musique de chambre. Ma mère avait
aussi monté une chorale, et j’adorais les écouter chanter de
la musique a capella. On m’avait mis un violon entre les
mains, mais cela s’était mal passé, et quand j’ai vu un violoncelliste jouer avec mes parents, j’ai été séduit par l’aisance, le confort de cet instrument. Je m’installais derrière
lui, et je faisais des gestes en l’imitant. Lorsque l’on me
demandait ce que je faisais, je répondais que je jouais de
la contrebasse, et lorsque nous sommes rentrés en France,
mes parents m’ont conseillé de me mettre au violoncelle,
qu’ils surnommaient « petite contrebasse ».
J’ai alors commencé le violoncelle pendant six mois avec
Paul Boufil. Puis nous sommes partis pendant deux ans en
Nouvelle Calédonie, où je travaillais un peu avec ma mère,
avant d’arrêter la musique pour me livrer à d’autres occupations ludiques : plage, bateau, tennis, foot… J’avais un
planning qui m’occupait à plein temps ! Lorsque, quand
j’avais 10 ans, nous sommes rentrés définitivement en
France, j’ai été frustré de ne plus pouvoir me consacrer à
ces occupations sportives, et je me suis senti désœuvré :
j’ai eu l’impression qu’il ne me restait plus que le violoncelle, auquel je me suis mis à fond les manettes.
Peut-on dire qu’en définitive, le violoncelle a été ton
choix personnel ?
Absolument. J’ai eu, comme tout le monde, des déclencheurs: une Suite de Bach que j’ai entendue un jour, des
concerts qui ont suscité des chocs émotionnels et qui m’ont
décidé de m’y consacrer totalement. Je me souviens en particulier d’un concert de Frédéric Lodéon au Festival de
Prades , qui m’a procuré une impression d’enthousiasme
chaleureux.
A partir de ce moment, je me suis mis à travailler de moimême, et c’est ainsi qu’après deux années au Conservatoire
de Cachan, élève de Maguy Hauchecorne , professeur atypique s’il en est, je suis entré au Conservatoire National dès
l’âge de 13 ans, où j’ai été très heureux, malgré ma différence d’âge avec mes camarades de la classe de Philippe
Muller. C’est alors que j’ai lié des amitiés avec Edouard
Sapey Triomphe, Marc Coppey, Raphaël Pidoux, Xavier
Phillips, François Salque, Nadine Pierre…
Mais la plupart de ces camarades de ta génération sont
entrés au conservatoire un tout petit peu plus tard que toi.
En effet, et quand je suis arrivé, Philippe Muller a fait preuve de prudence, et s’est demandé s’il ne serait pas sage que
j’attende une année pour acquérir un peu plus de maturité.
Mais tout s’est bien passé, et Philippe s’est montré d’autant plus ouvert que, sans faire preuve d’assez de docilité
peut-être, je vivais très bien ma scolarité
Tu insistes beaucoup sur l’ambiance amicale qui régnait
alors. D’une certaine manière, n’étiez vous pourtant pas
en compétition les uns par rapport aux autres ?
Bien sûr nous sommes en compétition depuis notre plus
jeune age jusqu’ à récemment au post e de professeur au
conservatoire mais il règne incontestablement un esprit de
corps, et c’est peut être l’une des spécificités du violoncelle. Malgré l’existence de concours, il existe chez nous un
esprit de solidarité, de famille. Ceci est peut-être dû au fait
que, contrairement au violon par exemple, le violoncelle a
dû lutter pour s’imposer ; mais aussi au fait qu’en France,
nous appartenons à une école particulièrement prestigieuse.
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Par exemple, dans un
concours international,
il n’y a pas que les
Russes qui font peur :
quand on voit arriver
une brochette de violoncellistes français,
cela impressionne.
Il existe une solidarité
chez nous : nous nous
aimons beaucoup les
uns les autres, nous
nous réunissons pour
jouer en ensembles,
nous avons une association, un journal, choses
impensables chez les violonistes, par exemple, ou encore les
pianistes, qui ont le privilège de pouvoir jouer seuls, bien
qu’on observe une évolution depuis quelque temps, dans la
mesure où on remarque que ces derniers marquent davantage d’intérêt pour la musique de chambre, et prennent plaisir
à faire de la musique avec d’autres sans rester toute leur vie
seuls devant leur clavier. En ce qui me concerne, l’amitié
avec mes collègues m’a toujours stimulé et rendu heureux.
Penses-tu que cette floraison des grands talents français
de ta génération soit le résultat du prestige de la génération précédente ?
Il est vrai que, mis à part quelques cas comme Gautier
Capuçon, qui a dix ans de moins, Emmanuelle Bertrand et
quelques autres, nous tenons dans un mouchoir de poche :
une bonne dizaine d’entre nous ont le même âge à un ou
deux ans près. En gros, on peut parler de la génération 1970.
Le prestige de la génération précédente a beaucoup contribué à rendre le violoncelle extrêmement populaire, je dirais
même l’instrument vedette du 20ème siècle, il est donc naturel que nous soyons nombreux.
Après Muller, tu as travaillé avec Gendron, puis Starker.
Qu’aurais-tu à dire sur ce que chacun t’a apporté de particulier ?
Pour quelqu’un de jeune comme je l’étais, l’enseignement
hyper moderne de Muller s’est avéré formidable, car il fait
en sorte d’aider à s’épanouir la personnalité de ses élèves,
et il insiste sur la musicalité. Lors d’un concours, on ne
reconnaît pas ses élèves à leurs coups d’archet, leurs doigtés, l’imitation du professeur ; il laisse chacun s’exprimer,
tout en maintenant une rigueur, un « classicisme », dans le
goût, et l’autocratie des anciens a disparu avec lui.
Chez Gendron, ce fut différent : il fallait d’abord passer par
ses propres traces, par l’imitation. Mais il avait une vision
unique du violoncelle, que je qualifierais d’ « anti rostropovienne », c’est-à-dire qu’il exigeait beaucoup de coups d’archet, la pureté du son, la clarté de la main gauche héritée de
Casals, et, sur le plan philosophique, une rigueur par rapport
à la lecture du texte. C’était un grand penseur très cultivé
dans tous les domaines. Il m’a également beaucoup apporté.
Tu viens de laisser entendre que tu opposais l’héritage de
Casals à celui de Rostropovitch. Qu’entends-tu par là ?
La révolution de Casals, ce fut l’articulation. Auparavant,
on jouait du violoncelle sans vibrer, en glissant entre chaque
note, le bras gauche collé au corps. Le Quatuor Capet
illustre ceci : la transition entre chaque note se faisait par
« porté de voix ». Casals, qui jouait du piano, a voulu que
l’archet fasse la ligne, et que la main gauche fasse l’articulation. D’où la main gauche qui tape sur les cordes, ce que
Tortelier s’est efforcé de faire à son tour.
Concernant Rostro, en plus de sa virtuosité exceptionnelle,
ce qui frappe surtout chez lui, c’est sa faculté de pouvoir
caser un maximum de notes dans un même coup d’archet,
sa manière de faire de très, très longues phrases, c’est à dire
le lyrisme, le chant, héritage culturel de sa Russie natale.
Et puis, Rostro, comme Casals ou Gendron, possède une
culture encyclopédique, un raffinement accompagné d’une
puissance mentale et intellectuelle fabuleuse, et un esprit de
synthèse exceptionnel : par exemple la faculté, dans une
phrase de Schumann, de pouvoir faire passer Stendhal,
Delacroix, Bach, etc…
En 1984, j’ai aussi connu Fournier à Genève, à l’occasion
d’une série d’un mois de cours. Ce qui m’a frappé chez lui,
ce fut le rayonnement de sa personnalité, une présence irradiante. Pour moi, sa caractéristique principale était la simplicité ; il n’avait plus rien à prouver, il jouait simplement
avec plein d’émotion. Son concerto de Dvorak est sans
doute le plus beau avec celui de Casals…
Et Starker ? Comment as-tu décidé d’aller travailler
avec lui à Bloomington ?
C’est Vatelot qui m’en a donné l’idée. Il m’avait dit en plaisantant : il y a trois violoncellistes qu’il faut aller voir :
Starker pour la technique, Gendron pour la musique, et Yo
Yo Ma pour la carrière. Je n’ai pas eu l’occasion de travailler avec ce dernier, malgré toute l’admiration que je lui
porte. Mais après quatre ans avec Gendron, j’ai voulu aller
aux États-Unis. Chez Starker, j’ai admiré la rapidité d’esprit, d’analyse, la célérité du diagnostic, une pédagogie
brillantissime. J’adore le personnage. J’étais un peu intimidé avant de le rencontrer, et quand j’ai vu ses yeux bleus,
j’ai aussitôt perçu toute sa gentillesse, sa douceur, qui m’ont
aussitôt séduit et mis à l’aise. J’ai profité de mon séjour
pour prendre des cours de pilotage en même temps que ceux
de Starker, ce musicien doué d’un sens exceptionnel du
rubato, du phrasé, de l’imagination rythmique, que l’on
retrouve chez les Tziganes, bien que, naturellement, l’héritage hongrois de Starker soit indépendant de la société
bohème des Tziganes.
Je dirais que Starker a été le premier à me faire prendre
conscience de la fondamentalité du rythme. Lors de mon
premier cours, je lui ai joué le premier mouvement de
Dvorak ; à la fin du cours, il m’a donné rendez-vous le
samedi suivant en me disant : oublie le second mouvement : je sais comment tu vas le jouer ; passons directement
au finale. Cela voulait dire : inutile de chercher à t’influencer sur un style ; je respecte le tien, et tenons-nous en à ce
que je peux t’apporter, tout en respectant ton interprétation
personnelle. Ceci dénote une grande modestie de sa part,
liée à un respect pour ses étudiants.
Outre le rythme, Starker sait s’y prendre pour pousser un
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instrumentiste au maximum de ses capacités, et lui donner
les moyens de continuer à réfléchir même lorsqu’on n’est
plus en sa présence. Il nous a laissé à tous des traces imprégnées à jamais dans nos têtes.
Tout ce que tu viens de nous dire sur ta formation est
passionnant. Passons maintenant à ta carrière.
J’ai quitté Bloomington à l’âge de 23, 24 ans. J’avais déjà
donné pas mal de concerts, par exemple Dvorak au Théâtre
des Champs Elysées et les Variations Rococo avec Menuhin.
Et je me suis lancé dans la carrière, en faisant de la musique
de chambre, des concertos, et en menant ma petite barque
tranquillement. J’ai fait de très belles rencontres, par
exemple avec Brigitte Engerer, Renaud Capuçon, ou Michel
Dalberto. Je cite souvent Pierre Fournier qui disait qu’ « il
n’avait pas fait sa carrière par le public, mais
par les musiciens », ce qui est un peu mon
cas. De ce point de vue, j’ai l’impression
qu’en termes de génération, je me trouve à une
charnière. Auparavant, le conservatoire était
dominé par un esprit très élitiste, très aristocratique. Avec ma génération, les choses ont
évolué : on a rehaussé le prestige des musiciens d’orchestre ou de musique de chambre,
c’est-à-dire l’importance de partager, en faisant de la musique d’ensemble.
En même temps, on s’est ouvert à d’autres
musiques que la musique dite « classique »,
comme le jazz, les « musiques du monde », etc.
Collabores-tu avec les compositeurs pendant qu’ils écrivent une œuvre pour toi ?
Ils me demandent des conseils, et il m’arrive de leur dire :
« cela, ça ne va pas sonner, ceci ne peut pas fonctionner sur
le violoncelle… » ; mais je le fais avec prudence, car j’ai
conscience qu’il existe beaucoup d’innovations qui paraîtront classiques dans trente ans. Par exemple, lorsqu’il l’a
créé, Rostropovitch a refusé de changer la moindre note
dans « Tout un monde lointain » de Dutilleux.
Il arrive pourtant que le compositeur ne réalise pas qu’on
peut faire un écart d’une dixième dans certaines positions,
mais pas dans d’autres, qu’on ne peut pas faire un ré-fa en
double corde dans le grave, certaines quintes dans l’aigu,
qu’une octave sonne parfois moins bien qu’une note toute
seule, des choses comme ça. Mais il faut aussi sentir ce qu’a
voulu dire le compositeur, alors que parfois, à
son insu, la réalisation s’éloigne de son idée
originelle. Par exemple, quelquefois, je joue ce
qui est écrit en demandant si c’est ce qu’il a
voulu dire. Parfois, il répond que oui, mais il
arrive aussi qu’il réalise que ça ne marche pas
au violoncelle comme il l’avait imaginé dans
sa tête.
J’ai entendu ton enregistrement de la sonate qu’a écrit pour toi Florentine Mulsant
que j’ai trouvée superbe (voir p. 23).
C’est également à mon insu que Florentine a
commencé à composer cette œuvre, ce qui
m’a fait très plaisir, car c’est en effet une très
Comment se déroule ta carrière aujourd’hui ?
belle pièce. Ce que j’aime chez Florentine,
Après avoir pas mal « bourlingué » musicac’est en partie le fait que ce soit une femme :
lement ces dernières années, je me recentre
j’apprécie le naturel de sa composition ; elle
maintenant sur le répertoire fondamental de
ne cherche pas à prouver quelque chose ;
l’instrument et participe au maximum à la
c’est une musique profondément naturelle et
création contemporaine en travaillant avec les Henri Demarquette
sincère , et il y a un souffle qui vous emporcompositeurs et en suscitant dans la mesure avec Pierre Fournier
te, un feu particulièrement ardent plus caractéde mes moyens des œuvres nouvelles. Je
ristique des femmes que des hommes (je pense
viens de créer le concerto de Pascal Zavaro, celui d’Olivier à Jacqueline Du Pré, Martha Argerich, Maria Callas, etc.).
Greif , la sonate de Florentine Mulsant…
Bach, Dutilleux, etc., avaient déjà travaillé sur la transPeux-tu nous dire quelques mots sur ces œuvres qui te cription en notes de musique du prénom et du nom du
sont dédiées, des circonstances dans lesquelles elles ont dédicataire. De la même manière, Florentine Mulsant
transforme Henri en si-mi bémol-la-mi-ré-do, et
été écrites ?
J’ai fait la connaissance de Greif au festival des Arcs après Demarquette en ré-mi bémol-sol dièze-mi bémol-sol-solavoir joué certaines de ses pièces de musique de chambre. mi bémol (1). Qu’en penses-tu ?
Ensuite, nous avons donné des concerts ensemble (c’est un Ce n’est pas très important. Cela me fait penser à Ravel, qui
pianiste génial), jusqu’au jour où il m’a dit qu’il écrivait un disait qu’on peut superposer n’importe quel thème sur
concerto pour moi, qui à été créé le jour de mon anniversaire n’importe quel autre, et qu’on peut écrire de la bonne
à Notre Dame ! Cette œuvre m’a étonné, et a été très appré- musique en tout état de cause. Il y a là un côté gageure :
ciée par le public. Et il est vrai que c’est une pièce lyrique, c’est une façon de dire : « j’ai assez d’art de composition
rhapsodique, haletante, déchirante, dont on ne sort pas indem- pour partir de n’importe où ».
ne. On y trouve divers collages, par exemple de musique afri- Selon moi, le troisième mouvement de cette sonate est le
caine, à côté de soudaines concessions à l’harmonie.
plus original, parce qu’on y trouve une volonté de polyphoLe concerto de Zavaro est essentiellement rythmique, diffi- nie éclatée impressionnante. Ainsi, dans la 5ème Suite de
cile, ambigu, très original sur le plan instrumental. Et je Bach ou dans la 2ème suite de Britten, on trouve des fugues
constate qu’aujourd’hui, dans les concerts, les auditeurs sans une seule double corde. Ici, c’est l’esprit de la passaréagissent, alors qu’auparavant, le public demeurait essen- caille introduit par des voix qui cohabitent à une assez grantiellement passif.
de distance les unes des autres. Il faut un peu voyager dans
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le manche, mais cette polyphonie éclatée où on ne joue pas
simultanément deux notes est originale. Le second mouvement est plus percussif, répétitif, un peu bartokien ; c’est
une sorte de mouvement perpétuel obstiné. Mais le premier,
comme le troisième mouvement, est très chantant.
Créer ainsi des partitions nouvelles doit être passionnant.
Cela me procure une grande joie et me donne l’impression
de suivre l’histoire en marche. D’autant que je reste très
souple par rapport à l’évolution actuelle de la musique, que
je ne m’autorise pas à juger ; je me laisse aller à suivre les
courants, en restant œcuménique.
Depuis Kodaly, on constate une augmentation spectaculaire du répertoire pour violoncelle seul.
En effet. Par exemple les Strophes de Dutilleux sont pour
moi un chef-d’œuvre absolu, qui prend ses origines dans la
sonate pour violon et violoncelle de Ravel, où notre instrument évolue dans des registres nouveaux. Lorsque le piano
est absent, les partitions sont enrichies par le besoin de créer
une polyphonie à nous tout seuls, des variétés de timbres,
sans nécessairement faire appel à des doubles cordes, mais
en exploitant toutes les ressources du violoncelle et en en
explorant de nouvelles.
Dans un autre registre, j’ai un disque qui va sortir, dans
lequel on trouve surtout des transcriptions de compositeurs
français comme Massenet, Poulenc, Ravel, ou Duparc, avec
Brigitte Engerer, dans lequel le chant joue un rôle prédominant. J’ai moi-même pris quelques cours de chant qui
m’ont appris à mieux respirer, à tenir le souffle, à articuler,
car le chant ce n’est pas seulement faire sortir le son du fond
de sa poitrine, mais aussi articuler pour prononcer clairement les lettres et les syllabes. On chante avec sa poitrine,
mais aussi avec sa langue. Dans mon enseignement, j’insiste beaucoup sur ce point.
Pour terminer as-tu des choses à dire sur le violoncelle
de Cappa que tu joues actuellement ?
Avant
ce
Cappa,
le
F o n d s
Instr umental
f r a n ç a i s
m’avait prêté
un très joli instrument italien
bien qu’ anonyme, qui m’a
permis de faire
la transition
entre le son
français
de
mon
instrument précédent
Gand Père et le
son
italien.
Mais j’ai eu
une aventure
avec l’ archet.
Je joue en effet depuis longtemps un archet de Perçois que
j’adore, et que j’avais acheté avec une hausse ouverte.
L’archetier avait donc réalisé une hausse adaptée au jeu
moderne qui était très librement inspirée de l’original et qui
m’a convenu pendant une bonne dizaine d’années. Et puis,
comme tout le monde, j’ai pris soin de m’adapter patiemment à mon nouveau violoncelle. Après un certain temps,
je me suis dit que mon archet était trop lourd, et que le son
restait dans la caisse. J’ai alors demandé qu’on me fasse une
copie fidèle de la hausse originale en termes de forme et de
poids. En réduisant sensiblement le poids de la hausse, l’
archet à retrouvé son équilibre, et le son, tout à coup, s’est
révélé parfait ! Comme quoi, jouer du violoncelle est le
résultat d’un travail à trois : l’instrumentiste, l’instrument,
mais aussi l’ archet, dont le rôle est aussi fondamental que
celui de ses deux partenaires.
Nous avons alors pu, mon Cappa, mon archet et moi, nous
adapter les uns aux autres, et j’en tire la conclusion qu’avec
des instruments exceptionnels, il faut faire preuve de
modestie, accepter de se remettre en cause, ne pas chercher
à imposer sa propre sonorité, mais tirer le meilleur parti de
ce ménage à trois. Il faut proposer, trouver la bonne direction, et avancer ensemble.
Le prix astronomique des instruments ne fait-il pas davantage galérer particulièrement les musiciens français ?
L’acquisition de ce violoncelle à été pour moi une aventure
qui a duré 9 mois, les mêmes d’ailleurs - à une semaine
près - qu’il a fallu à mon fils pour naître... J’ai eu beaucoup
de chance mais, d’une façon générale, je déplore le manque
de confiance des banques envers le financement des instruments : elles ne comprennent pas pourquoi ils sont si chers,
ont peur qu’ils disparaissent etc. Il semble beaucoup plus
rassurant de financer un voilier, une voiture pour le ParisDakar alors qu’ils ne sont pas sensés avoir gagné beaucoup
de valeur après la course... Je sens en ce moment un début
d’évolution des mentalités dans ce sens mais il reste encore
beaucoup de travail à accomplir en France, alors que cela
semble naturel dans d’autres pays.
Propos recueillis par Michel Oriano
1/ Le premier mouvement décline les notes musicales du prénom,
le second celle du nom et le dernier propose la synthèse des deux.
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Florentine Mulsant, compositrice
Née à Dakar en 1962, ancienne élève
du CNSM de Paris, lauréate du prix de
la Schola Cantorum, puis professeur
d’écriture musicale à la Sorbonne,
Florentine Mulsant consacre tout son
temps à la composition depuis 1999.
« Par son physique fin et nerveux, elle
ressemble à sa musique en un mélange de vivacité joyeuse et de gravité
méditative.
Son style suit sa propre voie dans un
style personnel que l’on pourrait résumer à trois polarités : les fruits de
l’expérience post-sérielle sans oublier
la tradition et un langage très lyrique
de nature expressionniste.
Depuis quelques années, les cordes
ont pris une importance particulière
dans sa production. « J’aime les
cordes depuis très longtemps, déclaret-elle. Mon grand-père était violoniste. Je ne pense pas que l’on puisse
écrire pour ces instruments sans les
avoir entendus de très près, sans les
avoir touchés ni connaître le son d’une
corde à vide de l’un d’entre eux… Le
choix de l’instrument ou de la formation est déterminant pour la couleur
timbrale. Je respecte toujours l’identité de la formation désignée et je rentre
dans la couleur musicale proposée ».
Ecrite en 2003, la sonate pour violoncelle et piano, qui exploite en profondeur la personnalité de notre instrument, illustre parfaitement ces propos.
H. Demarquette l’a enregistrée sur un
disque de musique de chambre où on peut également entendre les sonates
pour violon seul et pour violon et piano, ainsi que le trio interprété par
Frédéric Bourlet (piano), Lyonel Schmit (violon) et Véronique Bourlet
(violoncelle). Réf : Furore Verlag, distr. Codaex
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Deuxième mouvement de la sonate pour violoncelle
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LUTHERIE
Nicolas Gosset, luthier et chercheur rémois du XVIIIe siècle
Par François-Joseph Pommet et Leïla Barbedette
À l’occasion de l’édition 2007 de Musicora, l’atelier de
lutherie François-Joseph Pommet présentait quatre instruments restaurés du XVIIIe siècle : un violoncelle de Nicolas
Gosset et trois violons, de Claude Aubert de Troyes, JeanBaptiste Deshayes dit Salomon - né à Reims - et Jacques
Bocquay. L’exposition de ces instruments a été l’occasion
d’effectuer quelques recherches sur leurs auteurs. Cet
article propose un aperçu de l’activité de Nicolas Gosset.
Nicolas Gosset naît en 1715 et travaille à Reims. À l’âge de
soixante-dix ans, en 1785, il se marie en la paroisse Saint
Etienne, également fréquentée par la famille des Salomon.
Il choisit pour témoin un autre voisin, Jacques Turpin, organiste de la cathédrale de Reims.
Nous avons pu voir trois violoncelles de Nicolas Gosset
d’inspiration Amati, réalisés d’après le même modèle mais
de vernis jaune ou rouge et datant tous du milieu du siècle.
D’un point de vue technique, si l’exécution très personnelle
reste dans un style naïf, la sonorité fait preuve d’une belle
richesse de timbre. Nous n’avons pas vu d’autres instruments du quatuor qu’il aurait signés, mais certains documents qu’il a laissés concernant ses recherches montrent
qu’il s’intéressait à une gamme d’instruments variée.
En 1769, avec la collaboration de Jacques Turpin, Nicolas
Gosset met au point un nouveau système de frettage pour les
instruments à cordes sur lequel il dépose un rapport à
l’Académie des Sciences1. Ils « remarquent » tous deux
qu’un instrument fretté ne sonne pas juste. On est alors en
pleine période de recherches et de discussions sur les tempéraments. Gosset décide quant à lui de fretter ses instruments
en privilégiant dièses ou bémols selon les notes. Il se voit
alors obligé de considérer chaque demi-ton, et parle dans son
rapport de demi-tons mineurs et majeurs. On comprend qu’il
appuie son étude sur la gamme de Zarlin, dans laquelle un
demi-ton chromatique est composé de 3 commas et un demi-
ton diatonique de 5 ou 6 commas selon qu’il est le complément du demi-ton mineur dans
un ton mineur ou majeur. Le
demi-ton chromatique est donc
mineur et le diatonique
majeur2. La hauteur de la note
étant déterminée par la longueur de corde vibrante, les
frettes ne doivent pas se trouver à la même distance du sillet
sur chaque corde. Gosset abandonne donc les frettes continues en boyau pour des frettes
fixes et discontinues adaptées à
chaque corde. Selon l’accord
de la basse de viole dont il
donne l’exemple dans son rapport, on peut représenter un
instrument fretté par ses soins
grâce au schéma présenté ici.
Un tel système demande une
grande précision pour un résultat qui ne doit pas rendre le jeu
du musicien des plus faciles !
Nicolas Gosset est également l’auteur d’un « clavecin perpendiculaire » dont une réclame a paru dans les Affiches de
Reims en 1776. Le clavicythérium, à cordes verticales, était
connu au XVe siècle avant même le clavecin à cordes horizontales, mais il était courant dans la deuxième moitié du
XVIIIe siècle de déposer des brevets concernant des « améliorations » apportées aux clavecins.
Gosset fait partie de ces luthiers que la curiosité poussait vers
l’étude des instruments les plus divers, donnant naissance de
nombreuses inventions. Cet engouement pour la recherche et
l’innovation s’exacerbera au cours du XIXe siècle.
[1] Académie des Sciences de l’Institut de France, séance du 16 décembre 1769. [2] Jean Lattard, Gammes et tempéraments musicaux, Masson, Paris, 19. Jean Lattard,
Gammes et tempéraments musicaux, Masson, Paris, 1988.
Les violoncelles de Stradivarius (suite) : “Il Mediceo” 1690
Voici la traduction de Fabienne Ringenbach de la notice concernant cet instrument dans le catalogue de l’Exposition de
Crémone de 2004, “I Violoncelli di Antonio Stradivarius” :
“Le violoncelle appartenant au quintette construit pour le Prince Ferdinand était, tout comme la viola tenore dans son état
original lorsqu’il fut transféré en 1863 à l’actuel Conservatoire Cherubini. Toutefois, il fut l’objet d’attaques de vers à bois,
et son manche de fissures : ceci nécessita des réparations qui furent confiées en 1877 à Luigi et Ettore Castellani de Florence.
L’instrument subit alors un processus de modernisation : le manche original, la touche et le cordier furent remplacés
tandis que les grandes dimensions de la caisse furent conservées. Un seul autre exemplaire des violoncelles de grand
modèle de Stradivarius est resté intact dans ses mesures : il s’agit du “Castelbarco”, caractérisé par un fond en peuplier, aujourd’hui conservé à la Librairy of Congress de Washington DC. Les bords, le vernis et d’autres détails du
“Mediceo” on subit une légère usure qui ajoute une certaine beauté à l’aspect de l’instrument.
Tous les autres violoncelles de grand modèle construits par Stradivarius ont été réduits dans leurs dimensions, parfois
de façon drastique, ce qui a un impact inévitable sur l’aspect visuel de l’ensemble. Il est possible de suivre l’évolution
de la réflexion de Stradivarius, qui parvint à concevoir un violoncelle de dimensions plus restreintes, en confrontant cet
instrument avec le “Cristiani” de 1700, le “Gore-Booth” de 1710, le “Duport “ de 1711 et le “Bass of Spain” de 1713.”
Ce violoncelle demeure aujourd’hui conservé dans les collections du Conservatoire Luigi Cherubini à Florence en Italie.
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UN VIOLONCELLE
POUR GAUCHERS
Jacques Bauer, luthier à Angers, met en ce moment même
la dernière main à mon violoncelle de gauchère : il sera terminé dans quelques semaines, en juin 2007. Mon histoire
de violoncelle commence en décembre 2004. Barbara
Marcinkowska (élève d’André Navarra, professeur au CNR
de Versailles, violoncelliste sublime, auteur de Je commence le violoncelle et d’Une rencontre avec André Navarra et
sa méthode d’enseignement du violoncelle parus aux éditions Armiane), que je rencontre alors, est la première à
accepter de m’enseigner en respectant ma nature de gauchère. Lorsque je retrouve Barbara pour le cours hebdomadaire, je suis chaque fois impressionnée par la précision de
ses conseils et sa pédagogie : elle accorde une grande
importance à la tenue de l’archet (mouvement du bras natu-
rel et souple, détente des épaules, position du poignet, etc.).
Je suis aussi émerveillée par le sérieux infini avec lequel
elle organise la transmission, par sa conscience aiguë de la
musique, et le soin qu’elle prend de la personne qui se trouve avec elle pour faire de la musique. Je joue sur un violoncelle dont l’ordre des cordes a été interverti (par Cordes et
Ame, rue de Rome).
Très vite, elle me conseille de demander à Jacques Bauer
s’il accepterait de fabriquer un violoncelle de gauchère.
Elle-même joue sur un instrument construit par Jean Bauer,
le père de Jacques, l’un des plus grands luthiers contemporains. Je me rends donc à Angers où je fais la connaissance
de Jean, alors âgé de 91 ans, et de son fils Jacques qui
accepte la commande de ce violoncelle atypique. Habité
par un enthousiasme rayonnant, Jean entreprend de choisir
des planches d’érable et d’épicéa pour s’associer à cette
aventure tout à fait inédite. Deux années ont passé depuis.
Lors de ma dernière visite, j’ai joué l’instrument « à
blanc » (voir la photo ci-dessus) : il sonne magnifiquement. La prochaine visite, en juin, verra l’aboutissement
d’un travail de lutherie original, exceptionnel et superbement réussi. C’est l’occasion pour moi de rendre hommage
à l’audace, à la générosité et à l’intelligence d’une violoncelliste et d’un luthier ; grâce à eux, la musique est un bonheur dont les gauchers ne sont pas exclus.
Annie Trassaert (E-mail : [email protected])
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Quand j’aurai de la moustache
je n’aurai plus besoin de trimballer
mon violoncelle
LE COIN DES ENFANTS
Quelques mots d’enfants communiqués par des professeurs et
des parents :
- “Je suis dyslexique des mains.”
- “Je suis daltonien des oreilles.”
Mon violoncelle
est mon copain
- “J’ai zappé une nuance.”
- “J’ai mes cordes comme des élastiques.”
- Un petit débutant travaillant la pose du deuxième doigt : « Je
suis fatigué : est-ce que je peux changer de main ? »
- Un élève qui avait de la peine à jouer le morceau travaillé
durant la semaine m’a dit : “Mes doigts ont dû grandir durant
la nuit, je n’arrive plus à trouver les notes!...”
Après avoir acheté la
nouvelle rallonge de
pique, Barbara a
trouvé que le travail
du violoncelle était
beaucoup plus cool.
- J’ai joué un morceau pour un petit élève en vibrant. Le garcon me regarda avec pitié et me demanda : « Vous faites ça
exprès ? » Je sais bien que je suis un peu vieux, mais quand
même !
- La première fois que j’ai joué du violoncelle devant mon
bébé nouveau-né, après quelques instants de perplexité, il
s’est mis à pleurer.
- “Hugo je t’avais demandé de faire attention à te tenir droit
comme un i, cette semaine...” Alors, Hugo, arrondissant
encore plus le dos: “Ben oui regarde: je fais bien le nid...”
On s’accorde avec l’oreille
- Mon petit frère de 4 ans, à qui j’apprends quelques mots
d’anglais, comme bonjour, au revoir, s’il vous plait, merci,
bonne nuit, et quelques couleurs, me dit : « Celui qui a
inventé ta musique, c’est Black ? »
- Une élève lisant « anonyme » comme compositeur : “C’est
marqué anonyme comme ça personne ne sait qui a composé
le morceau et on peut pas aller se plaindre s’il est trop difficile !”
On peut faire de la gym en
travaillant son violoncelle...
... et même du billard !
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Prise de son(s) !
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DISQUES ET DVD
Titres des nouveaux disques et dvd relevés par Fabienne Ringenbach dans les revues de mars et avril 2007
Violoncelle seul :
- Emmanuelle BERTRAND : Édith Canat de Chizy (née
en 1950), Formes du vent et autres œuvres citées dans la
rubrique musique de chambre pour le même cd. Solstice
SODCD 234.
- Sung-Won YANG : Zoltan Kodaly, Sonate op.8, Adagio &
autres œuvres citées dans la rubrique vlcelle et piano. Emi
5756852.
Violoncelle & piano :
- Peter BRUNS & Roglit Iskay : Charles Koechlin (18671950), Chansons bretonnes op.115, Sonate op.66, Debussy,
Sonate. Integral Hänssler 98258.
- Pablo CASALS & Rudolf Serkin : Beethoven, intégrale
des Sonates. Enregistrement 1951-1953, 2 cd Membran
223992.
- Robert COHEN & Roger Vignoles : Grieg, Sonate op.36,
Franck, Sonate op.36, Dvorak,Rondo op.94.
Abeillemusique.com CRD 3391.
- Henri DEMARQUETTE & Brigitte Engerer : “l’Invitation
au voyage”, (pièces originales et transcriptions) : SaintSaëns, le Cygne, Debussy, Clair de Lune, Plus que lente,
Beau soir, Poulenc, la Reine de cœur, Fauré, Élégie op.24,
Duparc, l’Invitation au voyage, Soupir, Massenet,
Méditation de Thaïs, Ravel, Kaddisch, Pavane pour une
infante défunte, Pièce en forme de Habanera. WEA Warner
2564699782.
- Anthony LEROY & Sandra Moubarak : Johannes
Brahms, Sonates op. 38 & 99, Anklänge op.7, Die
Mainacht op.43. Zig-Zag Territoires ZZT070202.
- Rafael ROSENFELD & Dénes Varjon : Beethoven, Sept
Variations sur un air de la flûte enchantée de Mozart
WoO46, Schumann, Fantasiestucke op.73, Liszt, Première
Élégie, Janacek, Pohadka, Debussy, Sonate, Hindemith,
Pièce de Fantaisie op.8 n°2. Abeillemusique.com PC 10184.
- Sung-Won YANG & Ick-Choo Moon : Zoltan Kodaly,
œuvres pour vlcelle seul citées dans la rubrique précédente,
Sonatine, Sonate op.4. Emi 5756852.
- Marie BITLLOCH membre de l’Ensemble 360 : Mozart,
Quatuor KV 285, Adagio KV 580a, Quintettes KV 452 &
581. Abeillemusique.com ASV Gold GLD 4022.
- Florentine BOURLET, Henri DEMARQUETTE et
Véronique Bourlet, Lyonel Schmit (violon), Fabrice Bourlet
(piano) : Florentine Mulsant (née en 1962), Sonate op.27,
Trio op. 23 & autres œuvres sans vlcelle. AR RE-SE.
- Alain BRUNIER, membre du Quatuor Debussy & Marie
Josèphe Jude, piano : Georges Martin Witkowski ( 18671943), Quatuor en mi maj & Quintette en si min.
Abeillemusique.com, Arion ARN 68715.
- Gautier CAPUçON, Renaud Capuçon (violon), Frank
Baley (piano) : Schubert, Trios n° 1 & 2, Sonatensatz D 28,
Notturno D 897. Emi Virgin 3654762.
- Birgit ERICHSON membre du Trio Abbeg : Mozart, Trios
KV 10 à 15, Divertimento KV 254. Integral Distribution
Tacet 148.
- David FINCKEL membre du Quatuor Emerson & Léon
Fleisher (piano) : Brahms, les trois Quatuors à cordes &
Quintette avec piano. 2 cd Deutsche Grammophon 477
6458.
- Stephan FORCK membre du Quatuor Vogler & Olivier
Triendl (piano) : Ludwig Thuille (1861-1907), Quintettes.
Codaex CPO 777090.
- Vladimir FORTIN membre du Quatuor Zemlinsky & Josef
Kluson (alto) : Dvorak, les sept Quatuors de jeunesse,
Quintette op.1, Deux Valses op.54, Quatuor en fa maj.
(fragment), Mouvement de Quatuor en la min. Coffret de
4 cd Harmonia Mundi Praga Digitals PRD 350028.
- Margaret GAY membre du Quatuor Eybler : Joseph
Eybler (1765-1846), les Trois Quatuors op.1. Codaex
Ananlekta AN 29914.
Musique de chambre :
- Valentin BERLINSKY membre du Quatuor Borodine &
Luba Edlina (piano) : Brahms, les 3 Quatuors avec piano.
Enregistrement 1972, Codaex Melodiya MELCD1001010.
- Vaclav BERNASEK membre du Quatuor Kocian, Suzanne
EYCHÜLLER membre du Trio Beethoven, Vladimira
Klanska (clarinette), Jaromir Klepac (piano) : Erno
Dohnanyi (1877-1960)., Sérénade pour trio à cordes,
Sextuor pour cor, clarinette, cordes & piano, Quatuor à
cordes n°2. Harmonia Mundi Praga PRDDSD250237.
- Emmanuelle BERTRAND, Raphaël MERLIN membre du
Quatuor Ébène, Orchestre de Paris & autres musiciens :
Édith Canat de Chizy (née en 1950), Alive (quatuor à
cordes), Wild (alto & vlcelle), les Rayons du jour (concerto
pour alto & orch), Formes du vent (vlcelle seul), Falaises
(quatuor & vlcelle principal). Solstice SOCD 234.
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CHERCHEZ L’ERREUR...
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- Marie HALLYNCK & Sophie Hallynck (harpe) : “Esprit
de suite”, Marin Marais, Suite (cinq vieilles danses françaises), Stravinsky, Suite italienne, Marcel Tournier,
Suite d’image n°4, Manuel de Falla, Suite populaire espagnole. Integral Distribution Fuga libera FUG 519.
- Marie HALLYNCK membre du Trio César Franck : Joseph
Jongen, Deux pièces en trio op.95, Habanera op.86 (vlcelle
& piano), Poème op.16 (vlcelle & piano), autres œuvres
sans vlcelle. Abeillemusique.com Cyprès CYP 1647.
- Patrick LANGOT membre de l’ensemble Syntonia :
Schumann, quintette op.44, Franck, Quintette en fa min.
Loreley LY 023.
- Yovan MARKOVITCH membre du Quatuor Ysaÿe &
Pascal Rogé (piano) : Franck, Quatuor, Quintette, Sonate
pour Piano & vlon. Harmonia Mundi Ysaÿe records YR 03.
- Yovan MARKOVITCH membre du Quatuor Ysaÿe :
Debussy, Quatuor, Stravinsky, Concertino, Trois pièces,
Double canon, Fauré, Quatuor. Codaex Wigmore Hall live
WHLIVE0011.
- Raphaël MERLIN membre du Quatuor Ébène : Bartok,
Quatuors n°1 op.7 Sz 40, n°2 op.17 Sz 67 & n°3 Sz 85.
Harmonia Mundi Mirare MIR 029.
- Matthias MOOSDORF membre du Quatuor de Leipzig :
Beethoven, Quatuor n°13 op.130, Grande Fugue op.133.
Codaex MDG Gold 307 0851-2.
- Mickael MÜLLER membre du Quatuor Paranyi : Bartok,
Quatuors n°1 & 2. Harmonia Mundi Praga Digitals PRD
250235.
- Markus NYIKOS membre du Quatuor avec piano
Philharmonique de Berlin : Paul Juon (1872-1940),
Rhapsodie op.37, Quatuor op.50. CD Diffusion Musiques
Suisses MGB CD 6244.
- Daniel RACLOT, Arthur Campbell (clarinette), Frances
Renzy & Jean-Pascal Meyer (piano) : Bahms, Trio op.114
& autres œuvres sans vlcelle. Integral Distribution Hybride
Audite 92554.
- Arnau Tomàs REALP membre du Quatuor Casals :
“Influencias”, Ravel, Quatuor en fa maj., Eduardo Toldra,
Vistas al mar, Joaquin Turina, la Oracion del torero.
Harmonia Mundi HMI 987072.
- Lucia SWARTS membre du Quatuor Rombouts, Bart
Schneemann (hautbois), Paolo Giacometti (piano) :
Mozart, Quatuors KV 370 & 421 (transcritpion Rosinack).
Codaex Channel Classics CCSSA23906.
- Serge SHIRINSKY membre du Quatuor Beeethoven,
Evgueni ALTMAN, & Armen GEORGIAN membre du
Quatuor Komitas : Chostakovitch, les quinze Quatuors,
deux Pièces pour octuor op. 11. Enregistrement 1956-1974,
coffret 5 cd Abeillemusique.com Dorémi DHR79115.
- Helen THATCHER membre du Quatuor Sorrel & Martin
Roscoe, piano : Dimitri Chostakovitch, intégrale des
Quatuors à cordes et Quintette avec piano op. 57. 6 cd
Chandos CHAN 10398.
- Richard TUNNICLIFFE, Lisa Beznoziuk (flûte), Paulo
Beznoziuk (vlon), Tom Dunn (alto) : Mozart, Quatuors KV
285, 285a, 285b, 298, Beethoven, Sérénade op.25.
Abeillemusique.com Avie 2108.
- Kyril ZLOTNIKOV membre du Quatuor de Jerusalem :
Chostakovitch, Quatuors n°6 op.101, n°8 op.110 & n°11
op.122. Harmonia Mundi HMC 901953.
Violoncelle & orchestre :
- Gautier CAPUÇON, Renaud Capuçon, Orchestre
National de Lille, dir. Paul Polivnik, Mishiyohi Inoue &
Jean Claude Casadessus : Thierry Escaich (né en 1965),
Miroir de l’ombre, Vertige de la croix, Chaconne.
Universal, Accord 442 9057.
- Han-Na CHANG, Orchestra dell’Accademia nazionale di
Santa Cecilia dir. Antonio Pappano : Glazunov, Mélodie op.20
n°1, Saint-Saëns, Allegro Appassionato op.43, Dvorak,
Rondo op.94, Tchaïkovsky, Andante cantabile, Lalo,
Concerto en ré min, Casals, El cant delsocells. EMI 3823902.
- Christophe COIN (vlcelle & vlcelle piccolo), Il Giardino
Armonico dir. Giovanni Antonini : Vivaldi, Concertos
RV398,406,410,414,419,421, Concerto pur vlcelle & basson RV 409. Naïve OP 30426.
- Pierre FOURNIER, Francis Poulenc (piano), Orchestra
dell’Associazione Alessandro Scarlatti di Napoli dir.Franco
Caracciolo : Schumann, 3 Fantasiestücke op.73, Debussy,
sonate, Stravinsky Suite italienne, Poulenc, Sérénade,
Aubade,
Trois
pièces.
Enregistrement
1953,
Abeillemusique.com Twilight TWICDAS 0630.
- Pierre FOURNIER, Philharmonia orchestra, dir. Malcom
Sargent : Schumann, Concerto, Tchaïkovsky, Variations
Rococo op.33, Dvorak, Concerto, Saint-Saëns, Concerto
n°1. Enregistrement 1948-1957, 2 cd EMI Rarissimes
3852702.
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Page 29
- Alban GERHARDT, Rundfunk-sinfonieorchester de
Berlin, dir. Hannu Lintu : “The romantic cello concerto vol
2”, Robert Volkmann, Concerto op.33, Albert Dietrich,
Concerto op.32, Friedrich Gernsheim, Concerto op.78,
Schumann, Concerto op.129. Hyperion CDA67583.
- Françoise GROBEN, Graf Mourja (violon), Peter Paul
(piano) : Brahms, Trios n°2 &3. Integral distribution221334.
- Natalia GUTMAN, Mahler Chamber Orchestra dir
Claudio Abbado : Brahms Sérénade n°1, Schumann,
Concerto. Universal DG 4765686.
- Leslie PARNAS, Yehudi Menuhin (vlon), *orchestre du
Festival de Prades dir.Pablo Casals, **Orchestre de la
Radio d’Allemagne du Nord, dir. Antal Dorati, ***The
London Mozart Players dir. Gervase de Peyer : *Brahms,
double concerto op. 102 enregistré en 1969, **Bloch,
Schelomo, Rhapsodie hébraïque enregistré en 1975,
***Tchaikovsky, Variatons Rococo op.33 enregistré en
1975.Dorémi DHR 7844.
- Jérôme PERNOO, Orchestre de Bretagne dir. Nicolad
Chalvin : Saint-Saëns, Concerto n°2 & autres œuvres sans
vlcelle solo. Abeillemusique.com Timpani 1C1116.
- Suzanne RAMON, Philharmonie de Russie dir.
Constantine Oberlian : Dvorak, Concerto, le Silence des
bois, Glazunov, le Chant du menestrel, Kaufmann,
Cantabile. Arkès AMDG 038.
- Mstislav ROSTROPOVITCH, accompagné par différents
orchestres, chefs & pianistes : Saint-Saëns, Concerto,
Schumann, Concerto, Glazunov, Chant du menestrel,
Borodine, Danse Polovtsienne, Prokofiev, Cendrillon,
Strauss, Stimmungsbilder op.9, Haendel, Te Deum HWV
283, Chopin, Introduction et Polonaise brillante,
Granados, Intermezzo, Popper, Danse des Elfes,
Schumann, 5 pièces populaires, Paganini, Mouvement
perpétuel. Enregistrement 1953-1954 2 cd Deutsche
Gramophon 4776505.
- Raphael WALLFISCH, Royal Liverpool Philarmonic
Orchestra dir. Vernon Handley : Gerald Finzi (1901-1956),
Concerto op.40 & autres œuvres sans vlcelle
solo.Abeillemusique.com Chandos CHAN 10425.
- Paul WATKINS membre du Nash Ensemble :
Mendelssohn, Trios op.49 & 66, Variaions concertantes op.
17. Abeillemusique.com Onyx 4011.
Ensemble de violoncelles :
- Julius BERGER, Yoohan CHOI, Niklas EPPINGER,
Diego GARCIA, Yoon-Jung HWANG, Aleksandra OHAR,
Tai-Yang ZHANG, Stefan Hussong (accordéon), Sofia
Goubaïdoulina & Viktor Suslin (waterphones) : Sofia
Goubaïdoulina (née en 1931), Am Rande des Abgrunds,
Quaternion, In croce (vlcelle & accordéon)... Distrart,
Wergo WER66842.
Divers :
- Paolo PANDOLFO (viole de gambe), Guido Morini (clavecin & orgue), Thomas Boysen (théorbe & vihuela),
Céline Scheen (soprano), Andrea De Carlo (violone),
Alvaro Garrido (percussions), Marie Gelis (orgue) :
“Improvisando”. HM Glossa GLOP 30409.
- Mstislav ROSTROPOVITCH entouré de nombreux interprêtes dont Martha Argerich & Rudolf Serkin (piano), de
nombreux orchestres et chefs divers : “The Glory of
Rostropovitch”, Bernstein, Boccherini, Brahms, Chopin,
Chostakovich, Dvorak, Glazunov, Messiaen, Prokofiev,
Schubert, Schumann, Tartini, Tchaïkovsky, Vivaldi.
Coffret de 8 cd DG 476579.
- “Cello Adagios” : Lynn HARRELL, Julian LLOYD WEBBER, Heinrich SCHIFF, Janos STARKER, divers orchestres
& chefs : Saint-Saëns, le Cygne, Rachmaninov, Vocalise,
Massenet, Méditation de Thaïs, Bach, Adagio, Fauré, Après
un rêve, Elgar, Adagio du concerto, Schumann, Rêverie, et
nombreux autres titres... 2 cd Universal DECCA 4756016.
DVD :
- Daniel MÜLLER-SCHOTT, Anne-Sophie Mutter (violon),
André Prévin (piano) : Mozart,Trios. Universal Decca
0734216.
UN VIOLONCELLE-PUPITRE
En 1993, la journaliste anglaise Margaret Campbell nota qu’ayant pris du poids, le célèbre
violoncelliste belge François Servais (1807-1866) éprouvait de la difficulté à tenir son instrument entre ses genoux, et que la pique aurait été inventée pour remédier à cet inconvénient, ce qui aurait également enfin permis aux femmes de ne plus tenir leur violoncelle
« en amazone » !
Après cette introduction, l’auteur de l’article rapporte qu’« un violoncelliste hollandais
nommé Arthur Arnold ayant par hasard frotté son archet sur les cordes de son instrument
alors qu’il reposait sur un canapé, remarqua que, lorsqu’il n’est pas en contact avec les
jambes, celui-ci produit davantage de vibrations. Considérant en outre que jouer debout
donnait plus d’aisance au bras droit, ce qu’illustre la tendance des enfants à se lever jouant,
il inventa un système dénommé l’Arnold StandArt » (illustration ci-contre).
Plusieurs de ses collègues, parmi lesquels figurent Mischa Maisky et WilliamPleeth, se sont
déclarés impressionnés par cette expérience, et certains d’entre eux auraient adopté ce
stratagème pour donner des master class en se tenant debout.
Le Violoncelle N°23 - Mai 2007 - P 29
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Le Violoncelle N°23 - Mai 2007 - P 30
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