2015_01_22_23_commentaire vf - Orchestre Philharmonique de
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Jeudi 22 et vendredi 23 janvier 2015 – 20h Palais de la musique et des congrès – Salle Érasme Orchestre philharmonique de Strasbourg Julia Jones direction Artur Pizarro piano Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Symphonie n° 7a en sol majeur « Alte Lambacher » K. App. 221/K. 45a Allegro maestoso Andante Presto Richard Strauss (1864-1949) Burlesque pour piano et orchestre, en ré mineur 20’ 18’ ► Benjamin Britten (1913-1976) Young Apollo pour piano, quatuor à cordes et orchestre à cordes op. 16 Moderato – Allegro molto Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) Symphonie n° 4 en la majeur op. 90 « Italienne » Allegro Andante Con moto moderato Presto 10’ 27’ 1 Wolfgang Amadeus Mozart Symphonie n° 7a en sol majeur « Alte Lambacher » K. App. 221/K. 45a Si Ludwig von Köchel a répertorié quarante et une symphonies de Mozart, d’autres recherches musicologiques ont montré que ce nombre devait être revu à la hausse et il est probable que Mozart en a laissé entre cinquante-cinq et soixante-dix. Parmi celles-ci figure la Symphonie en sol majeur K. 45a « Alte Lambacher ». Une autre symphonie en sol majeur dont le sous-titre est « Neue Lambacher » est selon toute vraisemblance de la main de Léopold, le père de Mozart. Le sous-titre des deux symphonies renvoie à l’abbaye de Lambach. Les moines avaient pour habitude d’offrir le gîte et le couvert aux voyageurs. En guise de remerciement, Léopold leur a donné les manuscrits des deux partitions, le 4 janvier 1769, lors du retour de la famille à Salzbourg. Alfred Einstein a estimé que la Symphonie K. 45a avait été composée par Mozart au cours du séjour à Vienne en 1768-1769. Mais l’étude des partitions originales permet de dater la composition en 1766, à La Haye aux PaysBas, probablement écrite pour l’investiture du Prince Guillaume. Écrite pour deux hautbois, deux cors et cordes, la Symphonie en sol majeur est en trois mouvements. On notera la vigueur et la rudesse du thème de l’Allegro maestoso et l’étroitesse des motifs lyriques des premier et troisième mouvements. Richard Strauss Burlesque pour piano et orchestre, en ré mineur Les œuvres concertantes de Richard Strauss n’ont pas acquis la même notoriété que les poèmes symphoniques. D’ailleurs, elles se situent aux extrémités de la production. Les premières de jeunesse trahissent une influence brahmsienne voire lisztienne, tandis que les œuvres de la dernière période portent un regard tendre et attristé sur le classicisme passé. En novembre 1885, Hans von Bülow démissionne de son poste de chef de l’Orchestre de Meinigen en raison de la diminution des effectifs. Richard Strauss, le chef assistant, refuse d’assurer la succession et accepte un poste de chef qui se libère à Munich en août 1886. C’est au cours de cette période que le jeune musicien compose la Burlesque pour piano et orchestre, qu’il soumet à son mentor, Hans von Bülow. Celui-ci déclare qu’il refuse de la jouer parce qu’il la juge « antipianistique ». De plus, elle exigerait « un empan trop important pour lui » et il répond à l’auteur : « Une position des mains différente à chaque mesure ? Vous vous imaginez vraiment que je vais rester assis devant mon piano pendant un mois à étudier une œuvre aussi rébarbative ? » Au moment de la composition de la Burlesque, Strauss se passionne pour la musique de Johannes Brahms. L’œuvre montre des affinités évidentes avec le deuxième mouvement du Second concerto pour piano en si bémol majeur op. 83 du vieux maître. Michael Kennedy souligne que « le génie de la Burlesque est que Strauss y utilise la parodie comme un hommage ». Si Claude Rostand estime que le titre ne doit pas faire penser qu’il s’agit d’une œuvre comique, Dominique Jameux affirme que la Burlesque est une farce (burla) : « Une bonne farce même, pour le pianiste, qui est mis à rude contribution ; aussi pour l’auditeur, qui a la surprise de voir le piano dialoguer surtout avec la percussion (timbales), à laquelle est confié un rôle tout à fait inhabituel. » 2 Sur le plan structurel, la Burlesque suit le schéma traditionnel d’un premier mouvement de forme sonate. Ce sont les quatre timbales qui énoncent le thème principal au rythme dansant. L’orchestre le reprend et entame un dialogue volubile et incisif avec le pianiste, qui, subrepticement, va glisser un deuxième thème à l’allure d’une valse quelque peu nonchalante. Serait-ce déjà une préfiguration des Valses du Chevalier à la rose ? Un troisième thème plus lyrique fait son apparition. Le dialogue se poursuit sur fond de battements des timbales. Après la réexposition, les timbales dans la nuance piano indiquent que la conclusion est proche. Il appartiendra au piano de mettre fin à cette farce « sur quelques notes ultimes de vif-argent». La Burlesque pour piano et orchestre en ré mineur sera créée par Eugen d’Albert sous la direction de Richard Strauss, le 21 juin 1890, à Eisenach. Au même concert figurait la création de Mort et Transfiguration. Benjamin Britten Young Apollo pour piano, quatuor à cordes et orchestre à cordes op. 16 Lorsque Benjamin Britten et Peter Pears arrivent au Canada, le 9 mai 1939, ils s’installent dans un hôtel de Montréal et assistent, quelques semaines plus tard, à la création canadienne des Variations sur un thème de Frank Bridge composées par Britten deux ans auparavant. L’organisateur de ce concert, la Canadian Broadcasting Corporation, commande alors au compositeur une « fanfare » pour piano et orchestre. Au cours de l’été, le couple loue un studio à Woodstock ; c’est là que Britten termine le cycle Les Illuminations d’après Rimbaud et entreprend l’écriture de la fanfare, qui deviendra Young Apollo. Dans une lettre du 29 juillet adressée à Enid Slater, l’épouse du poète anglais Montagu Slater (1902-1956), Britten écrit que l’œuvre lui a été inspirée par un soleil tel qu’il n’en a encore jamais vu. Ce soleil est Wulff Scherchen, le fils du chef d’orchestre Hermann Scherchen. Britten lui écrit : « Tu sais de qui il s’agit dans cette pièce-là, n’est-ce pas… » À bien des égards, Young Apollo apparaît comme une anticipation du personnage de Tadzio dans Death in Venice (Mort à Venise). Le titre de l’ouvrage, Young Apollo, renvoie à un vers d’Hyperion, poème inachevé de John Keats (1795-1821). « Il [Apollon] se tient devant nous, le nouveau dieu du soleil étincelant, frissonnant de vitalité radieuse. » La tonalité de la majeur, tonalité de la lumière pour le compositeur, irrigue toute la partition qui débute par le thème de la Fanfare introduit par le quatuor à cordes. Après une brillante cadence du soliste, un Allegro molto rayonnant de vitalité mène la danse. La Fanfare initiale réapparaît « dans un large Maestoso qui privilégie le dialogue entre le quatuor et l’orchestre». L’ouvrage se conclut sur un bref Lento. Young Apollo opus 16 fut créé à Toronto, le 27 août 1939, avec Benjamin Britten en soliste. Après une seconde exécution à New-York en décembre de la même année, le compositeur le retira de son catalogue et Young Apollo ne fut publié et joué qu’en 1979, trois ans après sa disparition. 3 Félix Mendelssohn-Bartholdy Symphonie n° 4 en la majeur op. 90 « Italienne » Il fallut près de trois années pour que Mendelssohn termine sa Symphonie italienne. Les ébauches remontent à l'année 1830, lors d’un séjour à Rome. Dans une lettre du 1er mars 1831, il écrit : « Si je pouvais au moins composer d'ici une de mes deux symphonies ! Pour ce qui est de l'Italienne je veux et dois attendre d'avoir vu Naples, qui doit y jouer un rôle. » Naples joue effectivement un rôle dans le quatrième mouvement. Le rythme de la Saltarelle et de la Tarentelle qui enflamme le finale en est la preuve. Le musicologue Karl Heinrich Ehrenforth pense que Mendelssohn aurait été impressionné, à Rome, par des cortèges de pélerins, ce qui pourrait expliquer le caractère de procession du mouvement lent. Un autre, Éric Werner, signale la concordance presque littérale du thème de l'Andante et du Lied de Zelter sur le poème de Goethe « Es war ein König in Thule ». Ce mouvement serait donc un hommage aux deux amis de Mendelssohn qui moururent l’un et l’autre en 1832. On l'aura compris, il ne s'agit pas d'une musique à programme. Créée avec succès sous la direction du compositeur, à Londres, le 13 mai 1833, à la Société philharmonique de Londres, commanditaire de l’œuvre, la Symphonie italienne ne répondit pas aux exigences de Mendelssohn qui, insatisfait par l'orchestration, en interdit la publication de son vivant. Il en entreprit la révision l'année suivante, mais mourut avant d'avoir terminé ce travail. Les modifications qu’il apporte consistent, pour les deuxième et troisième mouvements, en de légères retouches ayant trait à l’orchestration, au dessin mélodique ou à l’harmonie.. En revanche, il transforme la structure du Finale. Des cinq symphonies de Mendelssohn, la Symphonie italienne est la plus connue et la plus appréciée des auditeurs. L’Allegro s’ouvre sur un thème en staccato exposé aux violons puis repris à la manière d’une course-poursuite par les vents avant qu’il ne règne sur l’ensemble de l’orchestre. Un second thème plus calme est énoncé piano. Le développement d’une rare hardiesse se caractérise notamment, par un travail thématique complexe, de nature essentiellement contrapuntique. Le mouvement se conclut sur quelques accords nets. L’Andante est une sorte de marche prenant des teintes sombres (basson, hautbois, altos) qui n’est pas sans évoquer La Marche des pèlerins d’Harold en Italie que Berlioz composera un an plus tard. Le Scherzo « se distingue par un motif que se partagent les altos et les seconds violons». Des sonneries de cors annoncent le trio dont l’atmosphère est proche du Nocturne du Songe d’une nuit d’été. Tout comme l’Andante, le Scherzo s’éteint dans la douceur. Le contraste est saisissant avec le Presto qui évoque la tarentelle napolitaine sous la forme d’un Saltarello. Le rythme franc et obstiné entraîne le mouvement vers une apothéose joyeuse et éclatante. Orientations bibliographiques Le lecteur pourra satisfaire sa curiosité en consultant les ouvrages suivants : Mozart, Jean et Brigitte Massin, [Fayard] Strauss, Michael Kennedy, [Fayard] Strauss, Dominique Jameux, [Pluriel] 4 Benjamin Britten ou l’impossible quiétude, Xavier de Gaulle, [Actes Sud] Benjamin Britten ou le mythe de l’enfance, Mildred Clary, [Buchet Chastel] Felix Mendelssohn. La lumière de son temps, Brigitte François-Sappey, [Fayard] Orientations discographiques MOZART Symphonie n° 7a en sol majeur « Alte Lambacher » K. App. 221/K. 45a • Academy St Martin in the Fields, Sir Neville MARRINER direction [Pentatone] STRAUSS Burlesque pour piano et orchestre, en ré mineur • • • Gewandhaus Leipzig, Jean-Yves THIBAUDET piano, Herbert BLOMSTEDT direction [Decca] Orchestre symphonique de Chicago, Byron JANIS piano, Fritz REINER direction [RCA] Orchestre philharmonique de Vienne, Friedrich GULDA piano, Karl BÖHM direction [Orfeo] BRITTEN Young Apollo pour piano, quatuor à cordes et orchestre à cordes op. 16 • • • The Hallé Orchestra, Nikolai LUGANSKY piano, Kent NAGANO direction [Erato] Orchestre de Birmingham, Peter DONOHOE piano, Simon RATTLE direction [EMI] Orchestre symphonique de la BBC, Steven OSBORNE piano, Ilan VOLKOV direction [Hyperion] MENDELSSOHN-BARTHOLDY Symphonie n° 4 en la majeur op. 90 « Italienne » • • • • Orchestre symphonique de Londres, Claudio ABBADO direction [DG] Orchestre philharmonique de Vienne, Sir John Eliott GARDINER direction [DG] Orchestre de chambre d’Europe, Nikolaus HARNONCOURT direction [Teldec] Philharmonia Orchestra, Otto KlEMPERER direction [EMI] 5