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Jocelyne Fritsch-Lacoumette Université Paul Verlaine de Metz Master 2 Expertise et médiation culturelle 2009-2010 Rapport de stage Effectué au Parc naturel régional des Vosges du Nord Janvier-mai 2010 - sous la direction de Caroline Duchamp-Roelens/Parc naturel régional des Vosges du Nord Catherine Bourdieu/Université Paul Verlaine de Metz CONTRIBUTION A UN ETAT DES LIEUX DES PRATIQUES CULTURELLES SUR LE TERRITOIRE DU PARC NATUREL REGIONAL DES VOSGES DU NORD 1 Remerciements Toute ma gratitude va à l’équipe du Parc et à son accueil chaleureux, en particulier à ma tutrice de stage, Caroline Duchamp-Roelens, aux filles de la conservation et à Marie Vaxelaire qui s’est chargée de cartographier les résultats de mon enquête. Un grand merci également aux nombreuses personnes qui ont donné de leur temps pour me rencontrer, et me permettre de mener à bien ma mission. Je tiens à remercier l’équipe enseignante du Master « Expertise et médiation culturelle » de l’Université de Metz, qui m’a permis de replonger dans le milieu de la culture, et m’a donné l’encadrement administratif nécessaire pour que je puisse effectuer cette immersion au sein du Parc naturel régional des Vosges du Nord. 2 Introduction Ma pratique professionnelle, mes loisirs, une bonne part de ma vie sociale sont tournés vers le monde des arts mais le plus souvent c’est à Strasbourg que je vais assouvir ma faim de culture. Pourquoi ne pas regarder de plus près ce qui se passe chez moi ? D’autant qu’il s’y pratique d’assez jolies expériences artistiques. J’avais envie d’en savoir plus, de mieux comprendre, dans ce domaine, ma terre natale, rurale, réputée plutôt conservatrice, méfiante mais dotée d’un réel art de vivre, en accord avec l’harmonie de ses paysages. En outre, j’avais un certain nombre d’interrogations sur les liens existants entre ce territoire, son organisme de gestion, et la place qu’y occupe la « culture », prise dans son acceptation artistique. Comment fonctionne la structure de gestion du territoire ? Pourquoi n’a-t-elle pas de chargé de mission culture ? Comment envisage-t-elle son implication dans la culture hors la question du patrimoine ? C’est ce qui m’a poussée à vouloir effectuer mon stage professionnel de master 2 « Expertise et médiation culturelle » dans les Vosges du Nord. J’ai posé ma candidature auprès du SYCOPARC, organisme de gestion du Parc naturel régional des Vosges du Nord. J’ai eu la chance que son directeur accepte qu’un poste de stagiaire soit créé à mon intention. Lorsque mon stage a débuté, en janvier 2010, le PNRVN se trouvait être depuis plusieurs mois en phase de révision de sa charte1 : une période de réflexion bouillonnante durant laquelle devait être établi, notamment, un diagnostic territorial. C’est dans ce contexte qu’il m’a été proposé de réaliser ma mission. Le sujet, une contribution au diagnostic culturel, a été défini avec ma tutrice de stage, Caroline Duchamp-Roelens, chargée de conservation du patrimoine. Il s’agissait de pallier partiellement la méconnaissance existante sur les pratiques culturelles dans le territoire. Il a donc été décidé que j’élaborerai des outils pouvant contribuer à la partie culturelle du diagnostic territorial. Une récolte de données était nécessaire. Deux champs ont été choisis : 1 Cf. définition dans le glossaire 3 les pratiques artistiques « amateurs » d’une part et le spectacle vivant à travers les scènes professionnelles d’autre part. Un travail tout à fait nouveau pour moi, qui suis issue du monde de l’histoire, et de la presse écrite, mais qui, s’appuyant sur deux domaines que je connais bien, celui de l’enquête (rencontres, recherche) et celui du spectacle vivant, m’a paru possible. J’ai débuté cette mission en espérant qu’elle allait me permettre d’élargir mon champ de compétences tout en apprenant à mieux connaître le fonctionnement administratif du territoire et une certaine réalité de terrain. Pour mener à bien ce stage, j’ai d’abord, en partie I « Lieu de stage et contexte » tenté de mieux comprendre le contexte dans lequel il s’inscrivait, contexte à la fois géographique -le territoire-, institutionnel -le Sycoparc- et chronologique -la révision de charte-. Ensuite, en partie II « Projet en cours et mission », j’ai tâché de mieux cerner les enjeux du diagnostic culturel au sein d’un parc naturel régional. Puis j’ai cherché à cibler les modes d’investigations permettant de répondre au mieux à ma mission. L’établissement de deux questionnaires destinés, l’un aux communautés de communes, l’autre aux relais culturels et autres salles de spectacles professionnelles s’est vite imposé. En partie III « Résultats et perspectives », avec le concours du SIGIS2 du SYCOPARC, j’ai évoqué comment ces données ont été récoltées et exploitées, dans le cadre du diagnostic territorial. Notamment par la réalisation, par Marie Vaxelaire, chargée de mission pour le diagnostic territorial, de différentes cartes issues de mes enquêtes. Ces cartes font partie d’un document présentant le diagnostic culturel du PNRVN, document présenté en annexe. En IVe et dernière partie, j’ai effectué mon bilan de cette expérience dans une structure dont la culture n’est pas le moteur premier, mais dont la présence, sur un territoire rural, considéré comme enclavé par une part de ses habitants, est une indéniable source d’ouverture et de modernité. 2 Système d'Informations Géographiques Intégré du Sycoparc 4 I Lieu de stage et contexte A. Parc naturel régional des Vosges du Nord et SYCOPARC 1) Un territoire Largement recouvert de forêts et bénéficiant, sur son piémont, d’un paysage de prairies et de vergers souvent préservé, le massif des Vosges du Nord, culminant à 581 m, présente des reliefs successifs : falaises à éboulis au sud-ouest, montagnes en coussinets au centre et cuvettes dominées par des pitons rocheux au nord. Le site est notamment caractérisé par le grès rose : affleurant, ça et là, dans le vif d’une carrière, dans l’à-pic d’une falaise, dans la roche des sentiers, il est aussi la pierre de soubassement des maisons traditionnelles qui embellissent de nombreuses communes. Sur un triangle d’environ 1300 km2, situé entre Wissembourg, Saverne et Rolbing, le Parc naturel régional des Vosges du Nord (PNRVN)3 donne une entité administrative à ce territoire. Le PNRVN est à cheval sur deux départements, le Bas-Rhin et la Moselle et deux régions, l’Alsace et la Lorraine, il comporte 113 communes, dont 2/3 sont situées dans le BasRhin et 1/3 en Moselle, où vivent environ 85 000 personnes. Avec son voisin allemand le Pfälzerwald, il forme un vaste poumon vert, le plus boisé d’Europe occidentale, et constitue une réserve mondiale transfrontalière de la biosphère, reconnue par l’UNESCO, dans le cadre du programme « Man and Biosphère». Il est riche en espace, en paysage, en qualité de vie. Il possède un important patrimoine naturel et architectural, reconnu par sa double inscription comme PNR et réserve de biosphère. Relativement éloigné des principaux centres urbains, il a besoin que ses principaux bourgs soient dynamiques et il se tourne vers les villes jouxtant son territoire pour augmenter son offre culturelle. 3 Les sigles récurrents sont développés dans le glossaire. 5 2) Un organisme de gestion Fonctionnement et budget Un parc naturel régional est un espace de vie doté d’une identité forte. Remarquable par son patrimoine naturel, culturel et paysager, il est aussi fragile et menacé et fait l’objet d’un projet de développement fondé sur un certain nombre de valeurs. Son aménagement et sa gestion sont confiés à un syndicat mixte. Ainsi, le PNRVN est administré par le SYCOPARC. Il s’agit d’un comité syndical composé d’élus représentant les régions Alsace et Lorraine, des conseils généraux de la Moselle et du Bas-Rhin, les 113 communes du territoire et les 11 communautés de communes qui les regroupent. Son siège est au château de La Petite Pierre. Ses financements proviennent des collectivités concernées et de l’Etat : « Le budget de fonctionnement de base du Sycoparc assure le financement de l'équipe technique " statutaire " du Syndicat mixte, actuellement composée de 16 personnes. Il permet de garantir les moyens d'une animation permanente des orientations et des mesures de la charte, sans toutefois rendre possible la mise en œuvre concomitante de l'ensemble des programmes de travail, ni de faire face à des programmes ou projets nouveaux. Ce budget de fonctionnement est assuré dans le cadre des contributions des membres du Sycoparc, dont les montants sont réglés par ses statuts. Il s'établit en 2001 autour de 900.000 €.Dans le cadre de son rôle fédérateur, d'animation ou d'expertise, le Sycoparc peut être chargé de missions spécifiques. [] Le financement de ces missions fait l'objet de concours particuliers au projet concerné, auxquels pourra s'ajouter, le cas échéant, un financement dans le cadre du Fonds de Développement du Parc. »4 En 2008, le budget de fonctionnement comprenant l’équipe statutaire et les salariées de la Conservation était de 1.256.850 euros. Les missions spécifiques étaient budgétisées à hauteur de 670.441 euros.5 Pour mettre en œuvre la charte, le Parc fait appel à une équipe de salariés, menée par un directeur. Le président actuel du SYCOPARC est un élu mosellan, Michaël Weber. Le directeur du SYCOPARC est un ancien chargé de mission de la structure, Eric 4 Cité sur http://www.parc-vosges-nord.fr/, cliquer sur « fonctionnement » puis sur l’onglet « financement». Cf. Rapport d’activité 2008, disponible sur http://www.parc-vosges-nord.fr, cliquer sur « télécharger », puis surl’onglet « Rapports d’activité ». 5 6 Brua. Plus de trente salariés travaillent au SYCOPARC. Outre la cellule administrative, plusieurs cellules, chargées de plusieurs missions principales, sont distinguées de façons différentes, selon que l’on consulte le site internet du Parc ou le Carnet du Parc, présentant l’actualité du Parc. Le Carnet du Parc a été réactualisé plus récemment que le site, il est peut-être aussi un peu plus didactique, c’est donc sur lui que je m’appuie6 : Principales missions actuelles Dans « parc naturel régional », il y a « naturel », et la mission « Patrimoine naturel » est peutêtre la plus évidemment saluée par les habitants du Parc. La défense de la nature est son quotidien, et passe, évidemment, par une meilleure connaissance de la nature, d’où l’aspect très pointu de certaines de ses activités. Protection de la nature, Concertations sur les aménagements forestiers avec l’Office national des forêts et avec les chercheurs, accompagnement des élus, suivi scientifique d’espèces et de milieux remarquables, sensibilisation du public sont les bras armés de la cellule Nature. Auprès du grand public, ses opérations de promotion des vergers à haute tige se sont notamment fait connaître par le Festival du verger, à fort volet culturel, remplacé cette année par les Rendez-vous du verger, une série d’animations, expositions, rencontres, actions artistiques et pédagogiques et conférences réparties sur l’ensemble du territoire. La mission « Aménagement » traite des questions d’urbanisme, d’architecture et de paysage. Elle est en prise directe avec les habitants, notamment par le biais de ses « cafés bavards », des rendez-vous conviviaux entre particuliers et professionnels, encadrés par les architectes du parc. Stages d’initiation pratique à la mise en œuvre de matériaux renouvelable, ateliers de réflexion sur un projet architectural sont d’autres aspects de l’action de cette mission, qui a également la charge d’édicter des avis réglementaires sur les projets urbains soumis à notice ou étude d’impact. 6 Carnet du parc 2010, Parc naturel régional des Vosges du Nord, avril 2010, p. 6 à 17. 7 La mission « Observatoire du territoire- SIGIS » recense les connaissances sur le territoire dans tous les domaines utiles aux politiques publiques. Ses nombreuses bases de données sont traitées grâce à un système d’information géographique (SIG). La mission « Terroir » a notamment à son actif les marchés transfrontaliers et l’opération « Le paysage a du goût ». Elle a pour but de valoriser les produits locaux. La mission « Conservation » a en charge seize sites, centres d’interprétation du patrimoine ou musées, mis sous la responsabilité scientifique des attachées de conservations. Ce réseau, nommé « Chaîne de la découverte », permet, par la mutualisation des moyens techniques et humains, la mise en valeur, la protection et l’inventaire d’une partie importante du patrimoine culturel du territoire. Sa dernière application concrète est la mise en ligne des collections de la Chaîne de la découverte, sur un site internet qui leur est dédié. Par ailleurs, les enfants connaissent bien les « Amuse-musées », série d’animations mise en place à leur intention dans ces sites patrimoniaux. La mission « Tourisme et action culturelle » œuvre en faveur d’un tourisme durable, pour une offre de découverte du territoire axée sur la qualité, la proximité. Ses efforts en ce sens ont été couronnés par le prix d’excellence des destinations touristiques européennes EDEN. Quoiqu’essentiellement tournée vers le tourisme, elle est aussi chargée de l’opération culturelle « Regards d’artistes » et des liens avec certains festivals, comme « Au grès du jazz », à La Petite Pierre, qui connaît un succès croissant. L’aspect pédagogique est notamment pris en charge au sein de La Maison de l’eau et de la rivière (MER), centre d’initiation à l’environnement géré par le SYCOPARC. Un enseignant travaille à temps partiel sur différentes missions ; une chargée de mission est chargée des actions pédagogiques hors MER. La mission « Communication » fait connaître ces actions, et assure le bon suivi des relations du SYCOPARC avec les habitants, les partenaires et les visiteurs. 8 B Un moment charnière de la vie du territoire. 1) La révision de la charte, un projet de territoire Le projet de territoire d’un parc naturel régional est élaboré au sein d’une charte. Ce document contractuel entre le SYCOPARC et les élus du territoire décrit la stratégie générale du territoire et les objectifs fixés pour lui. La charte actuelle du PNRVN a été élaborée à partir de 1997. Elle a été approuvée par le décret du 9 juillet 2001, qui a renouvelé le classement des Vosges du Nord en Parc Naturel Régional pour une durée de dix ans. Ce renouvellement arrive à son terme. Ce sont les Régions, dans le cadre de leur compétence en aménagement du territoire, qui sont à l’initiative de la demande de classement en PNR auprès de l’Etat. Au printemps 2009, sur décision des conseils régionaux d’Alsace et de Lorraine7 le PNRVN a engagé le processus de révision de sa charte. La prochaine charte couvrira la période 2013-2025. Pour son élaboration, l’équipe du Parc, avec à sa tête l’Alsacien Eric Brua, et le Lorrain Michaël Weber, met en place un plan de concertation : impliquant tant les élus que les partenaires locaux et institutionnels, notamment par le biais de Journées des acteurs et partenaires (es), de comités de pilotages, de rencontres avec les élus et de réunions publiques avec les habitants, c’est l’artillerie lourde qui est engagée. Après une phase de diagnostic, la rédaction de la charte débutera cet automne. 2) Une opportunité pour la culture ? Dans le cadre du diagnostic territorial, ma mission est d’effectuer de la collecte de données : concernant le domaine culturel, et à l’exception notable des sites patrimoniaux et muséaux, tout, ou presque, est à faire. De nombreuses études sur le terrain permettent depuis plus de trente ans un suivi assez fin de la faune et de la flore sur le territoire. Peut-être le moment estil venu d’en savoir un peu plus sur certaines pratiques humaines ? Outre la pratique du théâtre 7 Réunis en commission permanente respectivement le 27 février et le 13 mars 2009. 9 amateur, sous sa forme dialectale de préférence, et l’écoute de la musique « oumpapa » (blasmusik), musique faussement vernaculaire et directement importée de l’autre côté du Rhin avec à sa tête l’incontournable Hansi Hinterseer, dont témoignent régulièrement les affiches apposées dans les supermarchés du secteur, y a-t-il dans le PNRVN quelque chose de neuf ? de différent ? est-ce un lieu où l’on chante, où l’on s’adonne à l’art de Thespis, où l’on crée des mondes imaginaires nouveaux ? Le diagnostic est un préalable nécessaire à toute réflexion ultérieure sur la politique à conduire en matière de culture. Par ailleurs, Eric Brua insiste sur la formidable opportunité qu’offre la révision de charte, dans un tiré à part de la presse locale : « La grande originalité d’un parc naturel régional, c’est que son territoire n’est pas fondé sur une frontière administrative, mais sur le partage de valeurs. Si l’on réunit des habitants, de Bitche à la Vallée de la Sauer, sur des sujets comme le développement économique, la forêt, le tourisme durable, ils parlent le même langage. De même, la révision de la charte est un moment clé pour se positionner, vérifier que l’on a toujours des liens, des objectifs communs »8 » Dans cet esprit, il me paraît opportun de se demander : l’élaboration d’une politique culturelle est-elle un objectif commun ? Réfléchir à la manière de faire de la culture dans ce territoire durant les dix prochaines années, et inscrire cette réflexion dans la charte ne garantit certes pas que ces pistes de travail soient abouties dans le même temps. Mais ne pas y réfléchir et donc ne pas les inscrire dans la charte est, à tous les coups, le meilleur moyen de s’assurer que rien ne pourra être fait dans ce domaine ! Condition nécessaire mais pas suffisante, donc, l’inscription d’une politique culturelle dans la nouvelle charte paraît une occasion à ne pas manquer pour les habitants des Vosges du Nord. C’est en tous les cas un choix qui se pose, et qui demande une réponse argumentée. 8 Cf. p « 12 pages pour comprendre le projet de territoire des Vosges du Nord », Jocelyne Fritsch, édité par le PNRVN(distribué avec les DNA et le Républicain lorrain du 22 avril 2010 et diffusé dans les offices de tourismes et autres lieux publics),p.6. 10 II Une mission : contribuer au diagnostic culturel A. La place de la culture dans un parc naturel régional 1) Avec ou sans chargé de culture Un parc naturel régional a cinq missions d'intérêt général qui doivent toutes concourir à une dynamique de développement durable : « -La protection et la gestion du patrimoine naturel et culturel : mettre en œuvre une gestion durable des milieux et des ressources naturelles (eau, sols, habitats, faune, flore, climat…), du patrimoine bâti, culturel et paysager, mais aussi lutter contre les pollutions, les changements climatiques et tous les impacts sur l'environnement ; -L'aménagement du territoire : contribuer à un aménagement harmonieux et équitable entre toutes les composantes de son territoire, aux côtés des collectivités territoriales, de l'Etat et de l'Union Européenne, afin de compenser les handicaps locaux ; -Le développement économique, social et culturel : soutenir ou impulser les politiques locales favorisant l'emploi, les services à la population, l'accès à la culture, aux loisirs, à la santé… qui s'inscrivent dans des démarches de développement durable, et en particulier qui intègrent des objectifs de performance environnementale (climat, préservation des ressources naturelles et paysages, …), de qualité de la vie, d'équité et de solidarité locale ; -L'accueil, l'éducation, l'information et la participation : se doter d'équipements, de moyens de communications et d'actions qui sensibilisent, responsabilisent et impliquent toute la population et qui facilitent de nouveaux échanges entre les populations urbaines et le territoire du Parc ; 11 -L'expérimentation : innover, s'adapter, évaluer, expérimenter, dans tous les domaines d'action du Parc. L'équipe du Parc coopère avec des programmes de recherche dans une perspective de transfert des résultats et savoir-faire. » 9 La culture trouve donc sa place par plusieurs biais au sein d’un PNR. Qu’il s’agisse d’action patrimoniale, de développement culturel, d’éducation, voire d’innovation, la transversalité de la culture apparaît comme une donnée forte dans les documents fondateurs des parcs. Une des questions qui se pose est : comment la mettre en œuvre ? Comment mener un travail spécifique aux missions des PNR ? Pour ce faire, le réseau « culture » des parcs a été réactivé en 2008 et a produit plusieurs documents de réflexion sur et/ou de présentation du rôle de la culture dans ces structures. « La dimension culturelle y a toujours été affirmée avec force en étant au cœur du concept qui a présidé à leur création et en cherchant à en imprégner l’action (...). Car la culture est continuité, et ce n’est qu’à cette condition qu’elle peut être véritablement porteuse de développement.» 10 En lisant ces documents, il apparaît notamment que selon les différents Parcs, leur histoire et leur singularité, l’organisme de gestion du Parc met ou non en place une mission « culture ». C’est le cas notamment au PNR de Lorraine, qui a initié un important travail de gestion de projets culturels, notamment en faveur du spectacle vivant. Le pôle culture du PNR des Ballons d’Alsace a instauré, entre autres, une tradition de résidences d’artistes œuvrant, avec les habitants, dans tous les genres artistiques, travaillant en prise directe sur un ou des sites du PNR. Plus généralement, qu’il y ait ou non une cellule spécifiquement « culture » ou que l’action culturelle soit diffuse au sein de plusieurs cellules d’un PNR, la plupart des initiatives 9 Cf. « 50 questions-réponses », sur le site de la Fédération des parcs naturels régionaux, http://www.parcs- naturels-regionaux.tm.fr/fr/approfondir/faq.asp?p=1&th=1 10 Document d’annonce des « Rencontres "Développement culturel : la place de l'artiste dans les projets de territoire" », Fédération des parcs naturels régionaux, 27 janvier 2009. 12 culturelles impliquent nature, patrimoine, artistes et population locale.11 Il apparaît que la présence d’un chargé de projet « culture » permet d’initier davantage d’actions culturelles et de les initier selon une certaine cohérence : ces actions forment plus volontiers une politique culturelle lisible et forte ; en l’absence d’un chargé de mission culture, beaucoup de PNR axent surtout leur volet culture sur la préservation et la mise en valeur du patrimoine culturel, qui lui-même est parfois porteur d’actions culturelles fortes. 2) La culture côté SYCOPARC En ce qui concerne le PNRVN, il n’y a plus de chargé de mission culture depuis plus de dix ans, alors même que ce poste existait auparavant. De fait, la culture y est essentiellement comprise sous son aspect patrimonial et prend la forme d’une cellule « conservation » très active, comportant trois conservatrices, deux personnes chargées des inventaires et une personne chargée de la politique des publics auprès des musées et des centres d’interprétation du patrimoine de la Chaîne des musées12. Par ailleurs, deux opérations, menées par d’autres cellules du PNRVN, méritent d’être relevées. L’une est clairement à visée culturelle : « Regards d’artiste », action portée par le chargé de mission « tourisme ». L’autre comporte un fort volet culturel et artistique : il s’agit de l’ancien Festival des vergers, devenu cette année «Les rendez-vous du verger », action portée par une chargée de mission nature. Lors d’une réunion de la cellule conservation avec le directeur, l’administrateur du SYCOPARC, le directeur de la culture au conseil général du Bas-Rhin (CG 67)13, la question d’un chargé de mission culture a été brièvement évoquée : Jean-Claude Bieber, administrateur du SYCOPARC, a rappelé qu’historiquement ce poste était prévu, et pourvu, aux PNRVN, mais que pour des raisons d’évolution de carrière ce poste s’est d’abord retrouvé vacant puis a 11 A ce sujet on lira avec profit le compte-rendu des « Rencontres du mardi 13 octobre 2009 au Teich », Fédération des parcs naturels régionaux. 12 13 Cf. glossaire. Réunion qui s’est tenue au château de La Petite Pierre, siège du SYCOPARC, le 18 février 2010. 13 disparu de l’organigramme. Philippe Maillet, directeur du CG 6714, a estimé qu’un chargé de mission culture n’était pas nécessaire ; il a émis la possibilité que désormais la culture soit traitée transversalement dans tous les services du SYCOPARC. Une option qui, pour être réalisable, nécessiterait au moins deux décisions fortes : que ce nouvel axe de travail apparaisse dans le cahier de charge de chaque employé concerné et que ces chargés de mission, majoritairement issus des sciences naturelles et de l’aménagement du territoire, acquièrent les compétences nécessaires dans la gestion de projets culturels. Cette question de la formation à la gestion de projets culturels des chargés de mission du SYCOPARC, n’a pas été soulevée durant cette réunion. Par ailleurs, le directeur de la culture au CG 67, parlant notamment des problèmes rencontrés pour la réouverture du musée de Bouxwiller a également émis la réflexion suivante : « Si nous avions pu croiser ces énergies, ces questions, dans une politique culturelle, nous nous serions rendu compte qu’il y avait des liens à construire, au lieu de travailler bout par bout ». Ce constat pourrait évidemment s’appliquer à l’ensemble de l’action culturelle du SYCOPARC. B. Un diagnostic, comment et pourquoi faire ? 1) Un état des lieux de la culture dans un territoire Les parcs naturels régionaux ont été créés en 1967 afin de concilier la sauvegarde du patrimoine, tant naturel que culturel, avec le développement local, et ceci, depuis la loi Voynet de 1999, dans une perspective appuyée de développement durable. Les bases essentielles de leur fondement législatif sont contenues dans la loi paysage du 8 janvier 1993 et son décret d’application du 1er septembre 1994. La loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) de 2000 met l’accent sur la question de la concertation et la loi de juillet 2003 soumet la charte à une enquête publique. Dans le cadre d’une révision de charte, il est donc assez récent de porter autant d’attention à l’information du public et à son implication dans le 14 Le CG 67 est l’un des financeurs du SYCOPARC et l’un des principaux financeurs de la Conservation. 14 processus de révision de charte. Cela explique que malgré l’histoire parfois ancienne des parcs - certains, comme le PNRVN, en sont à leur troisième révision -, le diagnostic territorial, en particulier en matière de culture, en est encore à ses balbutiements. La mise au point de systèmes similaires de parc en parc est seulement en cours de réflexion. Dans ce souci, Marc Gastambide, directeur de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France rappelait, au sujet d’une étude récemment lancée afin de mieux connaître les actions des Parcs en matière culturelle : « « L’étude sur l’inventaire des pratiques des Parcs naturels régionaux doit aller au-delà d’un simple rassemblement d’actions culturelles : elle est un outil argumenté pour faire valoir l’importance de la culture auprès des élus et auprès de certains Parcs encore en retrait. »15 Dans la mesure où une révision de charte comporte un état des lieux de la culture, elle peut donner des arguments de même type que cet inventaire des pratiques culturelles intra-parcs. Avant l’élaboration d’un projet de territoire (et donc de la charte), le diagnostic culturel permet d’évaluer la dynamique culturelle d’un territoire et donne des outils pour les choix futurs quant à la place de la culture dans la politique de l’organisme de gestion de ce territoire. 2) Des données encore peu modélisées De façon générale, il apparaît que la notion de diagnostic culturel reste assez imprécise, et peut être très différente selon les parcs. Elle prend pour les uns l’aspect de discussions avec les élus et les acteurs de territoire sur ce qui doit être fait en matière de culture. D’autres entament une étude sous forme d’état des lieux des pratiques culturelles sur le territoire, état des lieux lui aussi forcément partiel car à l’état d’ébauche. Certains, comme le PNR de la Chartreuse, ont réalisé un diagnostic portant sur le patrimoine et les équipements culturels. Le cas du PNR du Marais du Cotentin et du Bessin, ayant achevé récemment sa révision de charte, a été relevé lors d’une des dernières rencontres des représentants de la culture à la 15 « La part de la culture dans les territoires ruraux », Compte-rendu de la journée technique du réseau culture du vendredi 12 mars 2010 organisée par la Fédération des Parcs naturels régionaux, p.3. 15 Fédération des Parcs. Il est à noter que dans son cas, la révision de la charte a été l’occasion de la création d’un poste de chargé de mission culture, dont la première tache a porté sur l’aspect culturel de la révision de la charte, mais sans qu’un diagnostic culturel à proprement parlé ait été réalisé : en premier lieu, il s’agissait de réunions de bilan sur les actions du Parc (et non du territoire dans son ensemble) et d’organisation d’ateliers thématiques (relevant plus de la prospective que de l’état des lieux).16 “Certains chargés de mission sont inquiets face à la révision des chartes de leur parc et sur la place assignée à la culture dans le texte. Le cas de la révision du Parc des Marais du Cotentin et du Bessin démontre que, malgré une volonté forte d’intégrer largement la culture, il est possible de réduire sa place du fait de décisions extérieures au parc. Cependant, la culture a été prise en compte lors des réunions participatives des élus. La mobilisation des acteurs locaux apparaît un outil intéressant lors du travail de révision des chartes. Cependant, cette mobilisation doit être gérée de manière adroite puisqu’elle suscite un intérêt et un soutien pour la culture mais elle crée aussi une attente des acteurs qui demandent des résultats. L’exemple de la révision de la charte du Parc des Marais du Cotentin et du Bessin démontre que la culture peut être facilement évacuée du texte. Néanmoins, le travail effectué lors de la révision a permis aux élus de participer activement et de prendre conscience du rôle culturel du Parc »17 Cette notion de diagnostic culturel est finalement une donnée récente au sein des PNR, que l’on hésite parfois à utiliser, de peur, paradoxalement, de desservir la culture en donnant aux décideurs des arguments qui pourraient être utilisés contre elle. 3) Le cas du Parc naturel régional des Vosges du Nord A une question formulée comme suit lors d’une mission initiée en 2005 par la Fédération des parcs naturels régionaux : « Où en sont les parcs sur la question du diagnostic culturel 16 17 Idem, page 8. Ibid., p.9 16 participatif de territoire et sur la proposition d’une journée d’information sur le sujet ?», a été donnée, en ce qui concerne le Parc naturel régional des Vosges du Nord la réponse suivante : « Une dynamique avait été initiée par le Conseil régional d’Alsace pour une charte d’initiative culturelle (CHIC) qui visait surtout à identifier des opérations de financement. Une partie seulement du territoire sud du parc était concernée. Cependant, le parc en a profité pour mettre en place une méthodologie pour réaliser un diagnostic des acteurs (amateurs, professionnels) et des lieux de programmation. La Région n’y a pas trouvé d’intérêt et a préféré financer directement des actions pendant trois ans. Du coup la dynamique lancée s’est arrêtée et rien n’a été fait. Un travail est à mener, mais en prenant en compte dès le départ les questions suivantes : un diagnostic pour quoi faire ?, pour quel projet ? Et avec quel financement ?»18 Aujourd’hui, le contexte de révision de charte répond globalement à la première des questions soulevées dans ce document : un diagnostic est nécessaire pour être en conformité avec la règle du jeu présidant à la révision de la charte. Il est le préalable obligé à l’éventuel projet culturel que le SYCOPARC pourrait inscrire dans sa charte. Il donnera des appuis utiles pour, le cas échéant, initier un projet culturel cohérent, structuré et volontaire pour le PNRVN et étudier son mode de financement avec les structures partenaires du SYCOPARC, voire à inventer de nouvelles relations, exercice toujours difficile dans le cadre juridique et administratif forcément contraignant qui préside au fonctionnement de la structure. Le diagnostic culturel en cours, à mon arrivée, était essentiellement pris en charge par la cellule du SIGIS, système d’information géographique intégré du SYCOPARC, en collaboration avec les chargés de mission des cellules concernées. Si des données importantes étaient déjà collectées dans le domaine des patrimoines historiques et architecturaux, la partie concernant la vie et le développement culturel était peu avancée. C’est sur ce terrain que l’on me demanda d’intervenir. 18 Appui aux politiques culturelles des parcs. Rapport de mission, nov.2004-juin 2005. Mission réalisée par Sylviane Van de Moortele dans le cadre de la convention 2004 avec le Ministère de la Culture. p42. 17 C) Ma mission au sein du PNRVN 1) Les champs d’investigation En l’absence d’un chargé de mission culture, c’est l’une des conservatrices du pôle Conservation et patrimoine culturel qui a été ma tutrice de stage, Caroline Duchamp-Roelens. Ses attentes par rapport à ma mission de stage étaient claires : il s’agissait avant tout, d’obtenir un panel d’informations permettant d’amorcer un état des lieux de la culture pouvant contribuer au diagnostic territorial. Afin de dégager, ultérieurement, des enjeux possibles pour la culture au sein des Vosges du Nord. Il ne s’agissait pas, par contre, d’établir un bilan des actions culturelles réalisées par le SYCOPARC. L’idéal, dans un premier temps, aurait été de faire des recherches approfondies et d’analyser les indicateurs mis en place par ailleurs, afin d’en faire une synthèse et une proposition d’indicateurs cohérents avec le territoire de PNRVN. Mais étant donné l’étendue du chantier qui s’étendait devant moi, le temps imparti (4 mois et demi), le manque de données existantes et les impératifs de calendrier dus à la révision de charte en cours, il a été décidé de faire l’économie de cette synthèse et de partir des besoins et des spécificités du territoire. J’ai ainsi axé mon travail sur des champs qui intéressaient particulièrement le Parc, pour lesquels il n’y avait encore aucune donnée et qui correspondaient également à mes capacités, mon parcours et mes intérêts : les pratiques artistiques amateurs et les lieux scéniques. Pour ce faire, il me fallait identifier les personnes et lieux ressources potentiels et proposer des indicateurs d’évaluation à l’échelle du territoire, afin de réaliser un questionnaire pour chacun des thèmes étudiés. 2) Moyens mis à disposition Pour mener à bien ce travail, j’ai bénéficié de la collaboration des salariés du Parc. J’ai pu assister à toutes les réunions d’équipe ayant lieu durant mon stage et à des réunions internes à la cellule « conservation »Ma tutrice de stage a régulièrement fait le point avec moi sur l’avancée de ma recherche. Nos discussions ont été précieuses pour recadrer le sujet et la 18 façon de le traiter. Le fait d’avoir accès aux bases de données du Parc et au serveur interne du site internet de la fédération m’a donné accès à une partie importante de ce qui allait devenir ma bibliographie. La culture, dont beaucoup de chargés de mission des PNR craignent la fragilisation, donne depuis deux ans lieu à plusieurs réunions inter-parcs au sein de la fédération. Les comptesrendus de ces réunions, et les discussions à ce propos avec Caroline Duchamp-Roelens, ont été précieux. Dès le début de mon stage il a été question d’échanges sur la façon de réaliser ce diagnostic avec les pôles cultures de deux parcs voisins, le Parc naturel régional des Ballons d’Alsace (représenté par Violaine Jost) et le Parc naturel régional de Lorraine (représenté par Sandrine Close). En effet, le PNRL souhaitait de son côté lancer un diagnostic des acteurs et manifestations culturelles sur son territoire et souhaitait en discuter avec le PNRBV. Celui-ci, en effet, a déjà produit un « Annuaire des acteurs culturels du Parc des Ballons des Vosges ». Il a été difficile de trouver une date commune, et finalement cette réunion a dû se tenir en l’absence de la représentante du PNRBV. Mais des échanges téléphoniques avaient eu lieu au préalable. Le point de vue et l’expérience du PNRBV ont pu être pris en compte lors de cette réunion. Il était également envisagé de mener une séance de travail avec la DRAC Alsace, mais le rendez-vous, reporté à plusieurs reprises, n’a jamais pu avoir lieu. Une réunion au sujet de la conservation avec le directeur du CG67 a donné quelques éclairages sur la façon dont cette collectivité, financeur non négligeable de la culture au Parc, envisageait la façon de traiter de culture au PNRVN. Mes principaux interlocuteurs ont en fin de compte été les directeurs des lieux scéniques du territoire élargi du PNRVN et des représentants, élus ou salariés, des communautés de communes concernées. 3) Construction d’outils De précieuses collaborations en interne L’élaboration des questionnaires a été rectifiée suite à des discussions avec Carine Schutz, Isabelle Vergnaud-Goepp, chargée de mission à la conservation, et avec Elen Gouzien, 19 chargée des publics. La façon de sérier les questions et de présenter les questionnaires a été décidée en accord avec le SIGIS, l'Observatoire du Parc, qui allait être chargé de traiter de façon cartographique les données recueillies. Cette collaboration a été essentielle et s’est poursuivie jusqu’à la phase de rédaction de ce rapport de stage, qui intègre en annexe19 les cartes ainsi réalisées. « Le Système d'Informations Géographiques Intégré du Sycoparc (SIGIS©) a vocation à être l'outil de cohérence et de connaissance de base du territoire, à l'appui des projets d'aménagement du territoire, et de gestion de l'espace dans le Parc. Il participe également aux réflexions sur la mise en place de l’évaluation de sa charte, en particulier sur la définition des indicateurs d’évolution du territoire. La construction des bases d'un Observatoire pour le territoire du Parc (fonctions, échelle, système de projection, partenariats) est un travail permanent, qui a été poursuivi en 2003, notamment à travers le renforcement de l'outil technique (matériels et logiciels), l'acquisition, la constitution et la mise à jour de bases de données spatiales ou alphanumériques. »20 Des questionnaires21 pour des entretiens guidés Quels indicateurs utiliser ? Evidemment, dans le diagnostic qui nous occupe, à l’image de ce que réclame Jean-Michel Lucas, universitaire bien connu pour ses interventions sur la nouvelle gouvernance des politiques culturelles : « l’indicateur n’a de sens que s’il permet de nourrir des débats de valeurs, de les interroger, de les argumenter pour alimenter les arbitrages et construire les compromis » 22. Dans cette première approche d’une évaluation culturelle dans les Vosges du Nord, nous partons d’une base de connaissance zéro concernant nos deux champs d’étude. Il est dès lors apparu important de recueillir des données de base, tout en profitant de cette enquête pour amorcer le débat avec les interlocuteurs. Il a donc été décidé 19 Cf. en annexe document 7 Rapport d’activité 2003 du Sycoparc, p.3. 21 Cf. documents annexes 1 et 2. 22 Intervention de Jean-Michel Lucas durant la table ronde sur « La production d’indicateurs : source de sens pour les politiques culturelles territoriales »durant le colloque « Quelle évaluation dans les politiques culturelles », Annecy 24 septembre 2009. 20 20 que les questionnaires devaient être présentés davantage comme des guides d’entretien que comme une énième « paperasse » à remplir. Les questions posées brassaient un spectre très large, et devaient permettre d’engager une réflexion avec mes interlocuteurs. Questionnaire sur les relais culturels et scènes professionnelles du territoire : Il s’adressait aux directeurs des salles (relais culturels et salles professionnelles avérées) présentes sur le territoire élargi23 . Une série de questions a été formulée, portant tant sur l’équipement, l’administration, la médiation, la programmation que le public. Une dernière partie était liée à l’ancrage du site sur le territoire : elle devait permettre une réflexion plus générale sur les attentes face au territoire et à sa structure de gestion. En faire un bilan poussé permettrait de rendre compte des réussites et des synergies, mais aussi des échecs et des difficultés de cette première année de diagnostic. Questionnaire sur les pratiques culturelles du territoire : Adressé aux présidents des communautés de communes, il portait sur l’équipement en salle pouvant accueillir des manifestations artistiques ou culturelles, les pratiques amateurs, les festivals et événements culturels, l’éducation artistique. Il comportait aussi une partie d’entretien libre sur la place de la culture dans le paysage territorial. 23 « Territoire élargi » : cf. définition dans le glossaire. 21 III résultats et perspectives A) Méthodologie générale L’enquête a duré environ six semaines. Elle comportait 9 entretiens avec les directeurs des relais culturels et autres scènes du parc, et 14 entretiens avec des représentants des communautés de communes et de la commune isolée concernées24. Chaque rendez-vous était précédé d’un échange de mail avec envoi du questionnaire, puis d’entretiens téléphoniques, afin que mes interlocuteurs puissent effectuer, si cela leur paraissait judicieux, quelques recherches préalables. Par ailleurs, j’ai réalisé une vaste et non exhaustive recherche sur internet dans les différents domaines concernés par mon enquête, afin de compléter les informations données par les communautés de communes. Une série de coups de téléphone auprès de certaines associations et structures m’a permis de recouper et ou vérifier des informations ayant déjà fait l’objet d’une étude, comme les chorales, les ateliers scolaires, le théâtre25. Ces informations ont été ensuite en partie synthétisées sous la forme d’un vaste tableau Excel, base de travail pour Marie Vaxelaire, chargée de mission au SIGIS pour le diagnostic territorial. A. Résultats 1) Une première vision d’ensemble Très rapidement il est apparu que le questionnaire destiné aux communautés de communes ne pourrait être rempli dans le détail dans le respect du délai imparti. Obtenir des informations aussi précises que, par exemple, le nombre d’adhérents de chaque association, son année de 24 25 Cf. la liste de ces interlocuteurs et de leurs structures, en annexe, documents 4 et 5. On retrouvera la liste des principales structures ressources en annexe, document 6. 22 création, le nombre de ses actions, etc. aurait nécessité des prises de contact avec chacune d’entre elles. En accord avec ma tutrice de stage et avec les chargées de mission du SIGIS, je me suis donc limitée à des réponses plus succinctes telles, pour reprendre l’exemple cité plus haut, l’existence, ou non, d’associations ou autres structures intervenant dans le champ artistique envisagé. Cependant, cette évaluation a pour la première fois permis au SYCOPARC d’avoir des données concrètes et chiffrées sur de nombreux aspects de la culture dans son territoire. Elle permet une vision générale et abordée avec des critères identiques de l’activité des salles de spectacles. De même, elle dresse un premier portrait des pratiques artistiques amateurs de la population. Elle met aussi en évidence l’implication, souvent non revendiquée, des communautés de communes en faveur d’actions culturelles spécifiques, parmi lesquelles les actions en faveur du jeune public sont notables. 2) Certains éléments remarquables Les résultats sont partiellement présentés dans le document joint en annexe, « 3-Patrimoines culturels », réalisé par le SIGIS du PNRVN. C’est une partie du diagnostic de territoire établi dans le cadre légal de la révision de la charte. La partie « 33. Pratiques culturelles »comportant les paragraphes Culture et intercommunalité, Equipements scéniques, Pratiques en amateurs a été réalisée sur la base des données collectées lors de mon stage. Je me permets donc d’y renvoyer directement le lecteur. Par ailleurs, il se dégage de l’enquête certains éléments remarquables, parmi lesquels: Communautés de communes : un engagement pour la jeunesse, la musique, les festivals Même sans avoir pris en charge la compétence culture, certaines communautés de commune n’hésitent pas à investir des sommes conséquentes en faveur de la culture. Dans les actions culturelles prises entièrement ou partiellement en charge par les communautés de communes, on distingue principalement des festivals (Rêves de Mômes au Pays de Niederbronn-lesBains, La Sarre à Conte à la communauté de commune de Rohrbach-Lès-Bitche, Sur les 23 Sentiers du Théâtre au Soultzerland, Festival Jazz au Pays de La Petite Pierre, Festival de cinéma touristique pour la Région de Saverne, le Festival de théâtre de Phalsbourg, etc.). La formation musicale représente l’autre volet fort d’implication de plusieurs communautés de communes (Pays de Hanau, Pays de Sauer-Pechelbronn, Pays de Niederbronn-les-Bains, Région de Saverne, Val de Moder). Un troisième volet est formé par l’aide aux associations, encourageant surtout la formation des enfants et des jeunes ou la pratique amateur (en particulier l’exemple de la CC de Rohrbach-Lès-Bitche, qui subventionne fortement une association chargée de quasiment toute l’animation culturelle du secteur, par le biais de nombreux ateliers de formations, souvent donnés par des professionnels, et par l’achat d’un spectacle annuel destiné en priorité au jeune public). Lorsque les communautés de communes possèdent des services animations jeunesse, ceux-ci servent souvent de relais à la formation artistique des enfants et des jeunes, mais la qualité professionnelle des intervenants est une donnée fluctuante : il s’agit souvent d’animateurs ayant suivi une formation artistique, mais il peut aussi être fait appel à des intervenants artistiques professionnels. Il est à relever que tous les interlocuteurs des communautés de communes reconnaissent l’importance de la culture pour le bien-être d’un territoire et plusieurs se déclarent prêts à envisager, dans l’avenir, une implication plus grande. Par exemple, Charles Graff, président de la CC du Soultzerland déclare : « On est une jeune collectivité, et on se fait un point d’honneur d’avancer au fur et à mesure. La culture, on n’y a pas encore réfléchi. Ce n’est pas une priorité à court terme, mais dans un deuxième temps, j’y crois beaucoup ». David Ulbrich, agent territorial de la CC du Pays de Hanau dit pour sa part : « Nous envisageons la création d’un événement centré autour de la musique en pays de Hanau. Dans l’idée d’une promotion du territoire, axée sur ses atouts musicaux ». Une façon de renouveler et de régénérer un « capital musique » bien présent sur le territoire, mais en risque d’appauvrissement, comme le montre le fait que la pratique du chant choral, extrêmement vivace, passe notamment par les chorales paroissiales. Or, celles-ci sont souvent vieillissantes. 24 Pratiques amateurs : la présence de structures professionnelles est un plus En ce qui concerne les autres pratiques amateurs, on distingue un net déficit des formations et des pratiques en art plastique, en photographie, en nouvelles technologies, alors que le théâtre et le théâtre amateur continuent à avoir le vent en poupe. En partie grâce au théâtre dialectal, mais aussi grâce à la présence de compagnies professionnelles (et non dialectophones) sur le territoire. Des troupes professionnelles comme le Théâtre du Marché aux grains et la Compagnie de danse le Grand Jeu, de Bouxwiller, l’action plus ponctuelle de la compagnie Luc Amoros sur des projets comme celui du château de Lichtenberg en été 2009, et l’action fédératrice du CADHAME à Meisenthal entraînent la création de nombreux ateliers artistiques avec des enfants ou dans les écoles Le rôle moteur des structures professionnelles apparaît également à travers les relais culturels, qui participent de façon récurrente à la formation, dans tous les domaines du spectacle vivant. C’est également en leur sein que peuvent se remarquer certaines des rares interventions dans le domaine des nouvelles technologies. Lieux de spectacles : des éléments divers En ce qui concerne les données recueillies sur les espaces scéniques, elles mettent en valeur la diversité de la programmation, l’effort soutenu de certaines d’entre elles dans le domaine de la médiation, et l’importance de la programmation en faveur du jeune public. Il est à noter également que deux des structures sur les neuf (Maison des arts et congrès de Niederbronnles-Bains, Relais culturel de Wissembourg) étaient en cours de travaux de restructuration importante, qu’une autre (le CADHAME) a d’importants projets dans ce sens. Deux autres, le Marché aux grains à Bouxwiller et La Saline à Soultz-Sous-Forêts ont fait des remarques concernant l’exigüité ou la non-adéquation de la partie administrative de leurs locaux. Il serait intéressant d’exploiter également les propos des directeurs de ces lieux sur les liens entre l’art et le territoire, les vœux qu’ils formulent et les regrets, parfois lourds, sur le manque d’échanges et de projets communs 25 Le territoire élargi permet d’augmenter l’offre aux habitants -Enfin, on remarque l’importance, pour les habitants du parc, de l’offre culturelle proposée au sein du territoire élargi du PNRVN : si l’on se limitait au territoire stricto sensu, on ne compterait que 5 lieux scéniques professionnels sur les 9 retenus, et un grand nombre d’offres de formation n’existeraient pas. L’action d’associations comme le CADHAME à Meisenthal qui permet d’ancrer au cœur du massif des pratiques artistiques de haute qualité, l’intervention des intermittents du Théâtre du Marché aux grains et du Grand jeu dans les secteurs de l’enfance et des pratiques amateurs, les liens que ce théâtre conventionné a patiemment noués avec le territoire du PNRVN et ses habitants, ainsi que les efforts des établissements scolaires du territoire sont d’autant plus remarquables et méritent, à tout prix, d’être encouragés. B Perspectives pour la culture L’objectif du diagnostic est, par ricochet, de donner des clés pour l’élaboration d’un projet de développement culturel, comme l’explique le directeur du SYCOPARC, Eric Brua, dans un courrier adressé aux présidents des communautés de communes : « Ce sera un outil indispensable pour débattre du projet de développement culturel sur le territoire. »26 Des enjeux à imaginer et à défendre aujourd’hui pour mieux les mettre en œuvre demain. Dans l’idéal, cette première récolte d’informations culturelles pourrait être l’un des éléments de construction d’un projet culturel clairement défini au sein du SYCOPARC. Il convient évidemment à d’autres que moi de réfléchir à cette question. Pour l’heure, je cède la parole à mes interlocuteurs des communautés de communes, en retranscrivant ici leurs réponses à la question 14 du questionnaire destiné aux collectivités : « En quoi le Parc naturel régional des Vosges du Nord est-il légitime pour parler de culture ? » : 26 Cf. courrier du 10 février 2010, d’Eric Brua, à destination des présidents des communautés de communes du territoire et du périmètre élargi, reproduit en annexe. 26 -Joëlle Dossmann, directrice générale des services de la Communauté de communes (CC) du Pays de Niederbronn : « Parce que le Parc, c’est un territoire, avec des habitants, et que la culture, ça fait partie de la vie ». Sophie Pêche, responsable du spectacle vivant à la CC du Pays de Bitche : « La population est vieillissante. Il faut sortir des forêts. Il faut retenir les jeunes. Je ne sais pas où ils sortent. Mais pas au théâtre… » Frédéric Aveline, agent territorial de la CC de la Région de Saverne : « Tout est imprégné d’histoire, ou de projets futurs, parce qu’un territoire vivant doit savoir d’où il vient, mais aussi où il va ; la vocation première du Parc c’est l’environnement et le développement durable. Mais il n’est pas possible d’atteindre ces objectifs sans passer par une approche culturelle. Maintenir un espace de qualité est hautement tributaire de nos choix culturels. C’est au Parc de mettre un peu de fluidité et de réflexion dans tout ça, à côté d’autres acteurs. » Rémi Bertrand, président du Val de Moder : « La culture fait partie du patrimoine humain, la biodiversité est inscrite dans une culture locale. C’est le vécu des gens, la façon de s’organiser en société. Le paysage a été façonné par l’homme. C’est même inscrit dans la bible ! On ne va pas renier les fondamentaux. De ce fait, la culture fait partie d’un ensemble. On ne peut pas le séparer. Lalique n’existerait pas s’il n’y avait pas eu des savoir-faire ancrés dans un terroir. Nous, on trouve cela normal, mais si on l’analyse un peu, on se rend compte que ce terroir a une richesse phénoménale. L’art c’est une question d’appréciation. Ce n’est pas quantifiable, donc difficile à cerner. » -Richard Mathevot, agent de développement de la CC du Pays de La Petite Pierre : « Moi ça me paraît évident : un parc, c’est tout sauf une réserve de bêtes sauvages ! On est dans le vivre ensemble. Même ce patrimoine naturel il va au-delà de la nature, il est habité. Dans un PNR il est évident qu’on doit agir dans le domaine culturel » -Valérie Muller, directrice de l’association Jeunesse et Loisirs, avec Rémy Laurent directeur général des services de la CC de Rohrbach-Lès-Bitche : « Pourquoi légitime ? En terme de soutien logistique, pourquoi pas ? Mais on est à 90% situés hors du Parc et suffisamment autonomes pour mettre des choses en place nous-mêmes. Mais on ne ferme aucune porte. Le Parc est très peu un partenaire pour nous. » 27 -Odette Gully, adjointe au maire de Phalsbourg : « Parce que le Parc donne l’exemple. Par ses propositions, mais aussi, il s’investit dans des spectacles et il permet l’accessibilité à la culture par sa présence au sein de notre ville. Nous sommes une Ville-Porte, nous faisons partie du Parc donc nous mettons celuici en valeur chez nous. « Allez-y ». Le fait d’appartenir à ce parc nous donne de la fierté » -Emmanuelle Thomann, agent de développement patrimonial de la communauté de communes d’Alsace Bossue et Raphael Bauer, coordinateur Grange aux paysages : « Le Parc est dans une fédération nationale, il a une vision plus large, une vision transversale qu’une communauté de communes n’a pas. Le Parc, avec ses nombreuses compétences, peut apporter des choses sur le plan pratique. Le Parc est là pour accompagner des projets, pas pour les initier. Il faut trouver la juste place. » -Julie Feiss, agent de développement de la CC de Sarre-Union : « Parce qu’il agit déjà : une action importante est faite avec la conservation des musées. Il peut impulser des actions de qualité, autour d’un partenariat, d’un réseau d’acteurs du territoire. On est une bonne échelle de territoire pour communiquer sur ce qui se passe dans les différentes communautés de communes. Pour nous Meisenthal est incontournable. Si chaque regroupement de communes œuvrait dans le même sens, on aurait une programmation culturelle de qualité. L’existence du parc permet une cohérence.» François Rutsch, maire de Woerth et vice président de la CC de SauerPechelbronn : « Je pense que les agents du Parc ont une bonne connaissance du territoire. C’est un réseau. Et il y a la dimension, l’échelon du Parc. Le territoire se veut touristique. A part la nature, qu’avons-nous ? Nos valeurs et notre gastronomie. Il n’y a rien sur notre secteur pour les touristes. Il y a des choses à coordonner et à inventer. Tout est diffus, tu prends des confettis, tu lances des confettis, tu ne trouves rien ». Guy Husson, agent de développement de la CC de Sauer-Pechelbronn : « Si on fait quelque chose pour la culture, il ne faut surtout pas parler de culture… faire du social, oui, de la culture sous couvert de social. Pas d’envergure intercommunale, pas d’harmonie. La culture existe, mais est écrasée par la représentation sportive. Et les jeunes ont des problèmes de mobilité sur le territoire. » 28 Charles Graff, président de la CC de Soultzerland. : « Il faudrait aller dans les écoles et y faire connaitre l’action du Parc. A travers les écoles on peut faire beaucoup de choses, y compris de la culture, des projets culturels. Il faudrait que quelqu’un soit formé au Parc pour rencontrer les écoles, pas uniquement pour des projets « nature ». A la lecture de ces témoignages, et suite à la demande clairement exposée par plusieurs de mes interlocuteurs du questionnaire sur les lieux de spectacle (en particulier le directeur la Maison des arts et des congrès de Niederbronn/Moulin 9, la chargée des relations publiques du relais culturel de Wissembourg, et le directeur du Théâtre du Marché aux grains de Bouxwiller), il me paraîtrait important que le SYCOPARC s’investisse à côté des structures culturelles et des collectivités dans l’organisation d’Assises de la culture. Deux événements antérieurs récents appuieraient cette expérience : la tenue, qui m’a souvent été citée en exemple, en 2009, des assises du Tourisme sur le territoire et celle, à Strasbourg, la même année, des assises de la culture : deux expériences qui peuvent être riches d’enseignement. 29 IV Bilan du stage A. La découverte par l’immersion Au départ du travail, j’ai passé beaucoup de temps à essayer de comprendre le fonctionnement de la culture dans les PNR en général et dans le PNRVN en particulier. Je ne suis pas facilement arrivée à démarrer mon propre diagnostic : j’avais besoin de dégager les acquis et les réalisations de la charte précédente à dans le domaine culturel. J’avais besoin également de m’immerger dans la révision de la charte en cours. 1) Une étude qui en corrobore une autre Pour le premier point, il a pu être partiellement résolu grâce à une étude, menée en 2009 par une consultante, Françoise Heraut27, m’a été particulièrement utile. Françoise Heraut a fait le constat que les exigences de la charte 2001-2011 ont globalement été atteintes. En matière de développement culturel, les objectifs étaient de favoriser la vie culturelle sur le territoire par le soutien à la mise en réseau des lieux et des acteurs et par le développement des lieux de diffusion et de création culturelle. Pour chaque point évoqué, le SYCOPARC a mis en place au moins une action. Par contre, en ce qui concerne la promotion de la médiation artistique entre artistes et habitants/visiteurs, en liaison avec les collectivités et l’Etat, la structure de gestion du parc n’est pas intervenue. Mais l’étude relève que des structures installées sur le territoire avaient pleinement rempli ce rôle. En ce qui concerne la culture comme mode d’accompagnement des politiques du Parc sur le thème des paysages et des patrimoines, les opérations « Festival du verger », puis « Rencontres du verger » et « Regards d’artistes » s’inscrivent pleinement dans cette démarche. Françoise Heraut relève que le SYCOPARC s’est beaucoup investi sur la Conservation, beaucoup moins sur la conduite d’un projet culturel défini. Une bonne partie des données que j’ai collectées corroborent le constat fait par Françoise Heraut. Je ne fais que rejoindre sa propre conclusion lorsque dans mon chapitre 27 Cf. doc. 15 cité en bibliographie 30 précédent28, je préconise la tenue d’assises de la culture. En effet, elle a relevé à la fin de la partie qu’elle a consacrée à la culture qu’il manque un vrai débat sur le projet culturel du territoire. Philippe Maillet, directeur du CG 67, a également émis l’idée d’un débat avec les acteurs de territoire, concernant, il est vrai, la seule chaîne des Musées. 2) Plongée au cœur de la charte En ce qui concerne le deuxième point soulevé plus haut, à savoir ma curiosité quant à la révision de la charte, celle-ci a pu être amplement assouvie : j’ai dès avant mon entrée en stage été conviée à une réunion d’équipe sur la façon dont les Journées à destination des acteurs et des partenaires allaient être menées à cette occasion. Cette réunion était dirigée par Gonzague Devaux, le consultant chargé de seconder le SYCOPARC pour toute la durée de la révision de la charte. J’ai également participé à deux JAP, à une réunion publique, à l’élaboration d’un document de présentation de la révision de charte (à titre professionnel, en tant que rédactrice). Les membres de l’équipe du Parc ont à tout moment été très disponibles pour me donner les explications ou les informations nécessaires. J’ai pu contacter par téléphone d’anciens membres du SYCOPARC impliqués dans les révisions précédentes. Le fait d’arriver à ce moment précis de la vie du PNRVN29 fut en fait une excellente façon d’apprendre de façon accélérée le rôle, mais aussi le fonctionnement de ce type de structure. Enfin, sillonner tout le territoire pour me rendre à mes différents rendez-vous a été un vrai plaisir. Cela m’a permis de visualiser le territoire, de rencontrer des gens très divers et de me rendre mieux compte de la réalité du terrain et de l’offre culturelle, que je méconnaissais dans une large part. 28 29 Cf. Infra, p.27. L’ère est aux changements : Eric Brua, disait lors d’une réunion d’équipe du du 1er février 2009 : « En 2009 : révision du parc et du système informatique. En 2010 : on a eu une réforme intermédiaire de l’organisation et de l’exploitation de l’information au sein du Sycoparc. En 2011 on aura abouti à un nouveau projet de territoire (la charte) évaluable, et on étudiera comment la mettra en œuvre dans de nouveaux locaux » 31 B. Les acquis Ce stage m’a permis de m’intégrer à une équipe de travail polyvalente. Il a répondu à mon attente quant à la compréhension du rôle du SYCOPARC. Il m’a fait comprendre la diversité des façons dont les PNR pouvaient envisager la culture, surtout en comparant avec les actions culturelles entreprises par le PNR de Lorraine que nous avait exposé Sandrine Close, responsable de la culture au PNR et chargée de cours au master « Expertise et médiation culturelle ». A l’issue de mon stage, une réunion de travail entre les représentants de la culture aux PNR de Lorraine et des Vosges du Nord, précédée d’entretiens téléphoniques avec le PNR des Ballons des Vosges a bien mis en évidence le fait que chaque structure a des besoins différents, mais que les mêmes questions sont récurrentes .(Faut-il ou non faire un annuaire professionnel ; un listing des manifestations ; un audit pour mieux connaître les pratiques culturelles et que faire avec les données ?) La question s’est posée de la forme à donner à cette récolte de renseignements de façon à ce qu’elle serve éventuellement à d’autres membres de la Fédération des PNR. Sur le plan pratique, le travail fastidieux de la saisie des données m’a permis de mieux maîtriser Excel, et de vérifier l’étendue de ma patience... Il m’a incitée à être plus rigoureuse dans la définition et/ou la formulation des sujets d’étude, afin que ceux-ci entrent dans le cadre de métadonnées exploitables. L’apport de la cartographie à une analyse culturelle m’a beaucoup intéressée. Par ailleurs, j’ai pu mettre en œuvre une série de techniques que je possédais déjà : l’entretien téléphonique, l’entretien guidé, la recherche de données sur internet, la vérification et le recoupement des sources. Je me suis sentie à l’aise avec mes interlocuteurs, internes et externes à la structure. L’aspect très politique du travail au sein d’un PNR, dans le sens « affaire de la cité, et donc du territoire », comme nous l’avions envisagé durant le cours de Laurent Commaille « stratégies patrimoniales » m’a plu et m’a fait plus clairement prendre conscience de l’évolution du territoire tout autour de moi, tant géographique qu’humain. En ce sens la différence entre une politique culturelle, et une action culturelle m’a semblé 32 fondamentale. Il me paraitrait d’autant plus important que le diagnostic culturel en voie d’établissement, et le projet culturel qui pourrait en être dégagé prennent également en compte certaines des réponses qualitatives de mes interlocuteurs. Ces réponses ne peuvent être retranscrites par le biais d’un tableur, si perfectionné soit-il. Il en ressort clairement que beaucoup des acteurs culturels du territoire ont une grande attente vis-à-vis du Parc, attente réactivée par les démarches entreprises vers les acteurs et les habitants en cette période de révision de la charte. 33 V. Conclusion Ayant envie de réaliser un projet culturel portant sur le territoire, le PNRVN m’a donné de précieuses clés d’entrées, tant en terme de contacts, de réseau, que d’accès à des données scientifiques, culturelles, historiques sur le territoire. Le stage m’a partiellement permis (et m’a donné envie) de réintégrer le cercle vertueux des rencontres professionnelles, des échanges, des projets, une certaine dynamique. De façon générale, cet épisode dans ma vie a confirmé le fait que je me sentais suffisamment à l’aise dans le domaine de la culture pour continuer à y mener mes propres projets, tout en persévérant dans la voie de l’écriture. En effet, mon travail de stagiaire au PNRVN m’a permis d’intégrer un nouveau réseau, qui m’a d’ores et déjà ouvert des perspectives dans le domaine de la rédaction, et d’en réactiver d’autres. Par ailleurs, les rencontres et entretiens téléphoniques avec les directeurs de structures et les représentants des communautés de communes m’ont réellement permis de mieux connaître comme je l’espérais en début de stage -, ce territoire de vie qui est le mien. J’ai pris une meilleure mesure de l’importance de l’action de terrain qu’y mènent, parfois depuis des décennies, des structures artistiques de haut niveau, mais aussi des associations, des écoles, des directeurs de chorales... J’y ai retrouvé certains des idéaux de Firmin Gémier et du Théâtre populaire des origines. J’ai réalisé qu’une offre culturelle de qualité ne suffisait pas à motiver un public parfois éloigné de tout intérêt artistique, mais qu’il était possible, petit à petit, de créer des liens entre artistes, structures culturelles, monde scolaire et habitants, à condition de ne pas nier les désirs et les réalités d’un territoire profondément ancré dans ses racines, tourné vers ses forêts, ses jardins, mais animé par le besoin de s’ancrer dans la modernité et de se faire (re) connaître par autrui. C’est là, précisément, dans ce besoin de modernité et d’ouverture, que l’art a tout son rôle à jouer. Et c’est cette corde-là, sans doute, que le SYCOPARC aurait vocation, en tant que laboratoire des idées, à manœuvrer dans le champ artistique, comme il l’a déjà fait dans celui du développement local, de l’urbanisme, de la gestion sylvicole... En prenant appui sur ses artistes, sur sa jeunesse, sur ses talents, sur ses 34 richesses paysagères et culturelles en tant que sujet d’œuvre et/ou de réflexion artistique. Cette force-là pourrait, de surcroit, pleinement servir le projet de territoire du Parc naturel régional des Vosges du Nord. 35 VI.Bibliographie et sources Documents : 1. Compte-rendu des travaux du séminaire « Réseaux culturels et intercommunalité », dans le cadre du cycle de formation « développement culturel territorial », Parc naturel régional du Livradois Forez, publié par la Fédération des parcs naturels régionaux de France, 7 au 10 mars 2000. 2. Compte-rendu du colloque « Quels territoires pour les acteurs de la médiation culturelle », 30.11-1er.12.2009, tenu à Lyon dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier, notamment la table ronde sur “Quelle évaluation dans les politiques culturelles ? » Table ronde : La production d’indicateurs : source de sens pour les politiques culturelles territoriales ? Intervention de Jean-Michel Lucas. 3 « Appui aux politiques culturelles des parcs. Rapport de mission », nov.2004-juin 2005. Mission réalisée par Sylviane Van de Moortele dans le cadre de la convention 2004 avec le Ministère de la Culture. 4. « L’action culturelle dans les parcs et sa relation au cadre de vie. » Compte-rendu du séminaire technique « culture » des 12 et 13 mai 2005, publié par la Fédération des parcs naturels régionaux de France) 5. « Projet de direction », Direction de la culture et du patrimoine, document de travail (à ne pas diffuser), département du Bas-Rhin 6) « Diagnostic de la révision des chartes des parcs naturels régionaux en vue de leur renouvellement de classement ». Rapport de phase 1. Volume 2. Analyse par axe et volume 3. Version 2 - septembre 2008, éditée par le ministère de l’Écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire. 7) « Quelles stratégies participatives dans les Parcs naturels régionaux pour les créations/révisions de charte? Etude sur 13 Parcs », Agnès Boulard et Hélène Binet, Fédération des parcs naturels régionaux, mai 2008. 8) « Rencontres : Développement culturel : la place de l'artiste dans les projets de territoire » organisé par la Fédération des Parcs. Janvier 2010. 9) Carnet du parc 2010, Parc naturel régional des Vosges du Nord, avril 2010, 10) 12 pages pour comprendre le projet de territoire des Vosges du Nord, Parc naturel régional des Vosges du Nord avril 2010. 11) Portrait de territoire, PNRVN restreint, INSEE, 2009. 12) Portrait de territoire, PNRVN élargi, INSEE, 2009 13) Compte-rendu des « Rencontres du mardi 13 octobre 2009 au Teich », organisées par la Fédération des Parcs naturels régionaux, - le PNR des Landes de Gascogne et l'Iddac (Institut départemental de développement artistique et culturel), organisme partenaire du Conseil général de la Gironde, en collaboration avec Culture et Départements, 43 p. 36 14) « La part de la culture dans les territoires ruraux », Compte-rendu de la journée technique du réseau culture du vendredi 12 mars 2010 organisée la Fédération des Parcs naturels régionaux. 15). PowerPoint de Françoise Héraut, consultante, réalisé en 2009 dans le cadre d’une mission de diagnostic sur le PNRVN pour son bilan évaluatif interne. En particulier l’ »Orientation 5.2 : le développement culturel ». Document interne au PNRVN. 16) Rapport d’activité 2003 du SYCOPARC. Ouvrages 1) L'enquête et ses méthodes, le questionnaire, de F. de Singly 2) Les politiques culturelles des Parcs naturels régionaux, édité par les Parcs naturels régionaux de France. Dossier réalisé avec l’appui du ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales, et du ministère de la culture et de la communication. Novembre 2002, 3) Travail, culture et nature. Le développement local dans le contexte des parcs nationaux et naturels régionaux de France, de Ghimire Finger-Stich, éditions l’Harmattan, 1997. 4) Guide de découverte, Nature et culture de la réserve de Biosphère Vosges du NordPfalzerwald, 2008, ouvrage collectif, publications de l’UNECSO-réserve de la biosphère, Biosphère Vosges du Nord-Pfalzerwald Principaux sites internet et blogs consultés (outre ceux cités en annexe 5) www.parcs-naturels-regionaux www.parc-vosges-nord.fr ://www.relais-culturel-wissembourg.fr/ ://assoc-cassin-bitche.over-blog.com www.espace-rohan.org www.halle-verriere.fr http://www.lacastine.com www.la-saline.com www.lascene.pfaffenhoffen.org www.niederbronn-culture.com/2008/ www.espace-rohan.org www.cc-bitche-environs.fr www.cc-paysdelapetitepierre.fr www.cc-pays-de- niederbronn.fr www.psppmonpays.org www.phalsbourg.com www.sauer-pechelbronn.fr/ www.valdemoder.fr/ www.cc-pays-wissembourg.fr 37 www.cc-saverne.fr www.cc.pays-de-hanau.com 38 VII Glossaire et sigles Chaîne des musées : ce réseau de 16 musées fonctionne sur le principe de la mutualisation des moyens. Son fonctionnement est rendu possible grâce à la cellule « conservation » du PNRVN, mais aussi grâce à l’engagement des bénévoles des musées et grâce au soutien des collectivités locales et territoriales concernées. Une en son genre en France, la Chaîne des musées est une des grandes spécificités du PNRVN Charte : document déterminant des orientations de protection, de mise en valeur et de développement, et les mesures permettant de les mettre en œuvre. Elle exprime le projet du territoire pour 12 ans. Le label « PNR » est attribué au territoire par décret interministériel au vu de ce projet. La charte définit aussi les engagements de l’Etat et des collectivités territoriales concernées et les domaines d’intervention du SYCOPARC JAP : Journées des acteurs et partenaires, journées de travail organisées par le SYCOPARC avec les forces vives du territoire, dans le cadre de la révision de la charte. Périmètre élargi : il comprend l’ensemble des communes appartenant à une communauté de communes, dont au moins une des communes appartient au territoire du Parc Naturel Régional, c’est-à-dire 221 communes. PNRVN : le Parc naturel régional des Vosges du Nord, territoire regroupant toutes les communes ayant approuvé la charte constitutive. Révision de la charte : le projet de territoire étant défini pour 12 ans, la charte doit être périodiquement révisée. Cette révision est assurée par le Parc, avec l’ensemble des collectivités territoriales concernées, en étroite concertation avec tous les partenaires intéressés. Pour ce faire, des journées de travail avec les élus et les partenaires et des rencontres avec les habitants sont organisées toute l’année 2010. Au final en 2011 ou 2012 une enquête publique sera diligentée par les Régions Alsace et Lorraine. SYCOPARC : syndicat de coopération pour le parc des Vosges du Nord. Cet organisme de gestion est chargé de veiller à la mise en œuvre de la charte du PNRVN. 39 TABLE DES MATIERES Introduction................................................................................................................................3 I Lieu de stage et contexte .........................................................................................................5 A. Parc naturel régional des Vosges du Nord et SYCOPARC ......................................................5 1) Un territoire................................................................................................................................................ 5 2) Un organisme de gestion ............................................................................................................................ 6 Fonctionnement et budget ......................................................................................................................... 6 Principales missions actuelles ................................................................................................................... 7 B Un moment charnière de la vie du territoire. ..............................................................................9 1) La révision de la charte, un projet de territoire .......................................................................................... 9 2) Une opportunité pour la culture ?............................................................................................................... 9 II Une mission : contribuer au diagnostic culturel ................................................................11 A. La place de la culture dans un parc naturel régional ..............................................................11 1) Avec ou sans chargé de culture ................................................................................................................ 11 2) La culture côté SYCOPARC.................................................................................................................... 13 B. Un diagnostic, comment et pourquoi faire ? .............................................................................14 1) Un état des lieux de la culture dans un territoire ...................................................................................... 14 2) Des données encore peu modélisées ........................................................................................................ 15 3) Le cas du Parc naturel régional des Vosges du Nord ............................................................................... 16 C) Ma mission au sein du PNRVN .................................................................................................18 1) Les champs d’investigation ...................................................................................................................... 18 2) Moyens mis à disposition ......................................................................................................................... 18 3) Construction d’outils ................................................................................................................................ 19 De précieuses collaborations en interne .................................................................................................. 19 Des questionnaires pour des entretiens guidés ........................................................................................ 20 Questionnaire sur les relais culturels et scènes professionnelles du territoire : ....................................... 21 Questionnaire sur les pratiques culturelles du territoire : ........................................................................ 21 40 III résultats et perspectives ......................................................................................................22 A) Méthodologie générale ...............................................................................................................22 A. Résultats.......................................................................................................................................22 1) Une première vision d’ensemble .............................................................................................................. 22 2) Certains éléments remarquables............................................................................................................... 23 Communautés de communes : un engagement pour la jeunesse, la musique, les festivals ..................... 23 Pratiques amateurs : la présence de structures professionnelles est un plus ............................................ 25 Lieux de spectacles : des éléments divers ................................................................................................ 25 Le territoire élargi permet d’augmenter l’offre aux habitants.................................................................. 26 B Perspectives pour la culture ........................................................................................................26 IV Bilan du stage .....................................................................................................................30 A. La découverte par l’immersion..................................................................................................30 1) Une étude qui en corrobore une autre ...................................................................................................... 30 2) Plongée au cœur de la charte.................................................................................................................... 31 B. Les acquis .....................................................................................................................................32 V. Conclusion ...........................................................................................................................34 VI.Bibliographie et sources .....................................................................................................36 Documents : ............................................................................................................................................. 36 Ouvrages .................................................................................................................................................. 37 Principaux sites internet et blogs consultés (outre ceux cités en annexe 5) ............................................. 37 VII Glossaire et sigles ..............................................................................................................39 41