L`UNICEF ou la déconstruction critique de la documentation d`une
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L`UNICEF ou la déconstruction critique de la documentation d`une
L'UNICEF ou La déconstruction critique de la documentation d'une organisation travaillant avec les enfants. Arias Marta: [email protected] Delaloye Romaine: [email protected] Torres Sandy: [email protected] Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy L'UNICEF ou La déconstruction critique de la documentation d'une organisation travaillant avec les enfants. TABLE DES MATIERES : 1. Présentation de l'organisation 3 2. Analyse de l'image de l'enfant 10 2.1 Site internet www.unicef.org et publications sur l'éducation du site 11 2.2 Les filles, le VIH/SIDA et l'éducation 22 2.3 What is the effect of Child labour on learning achievement 33 3. Conclusion 42 4. Bibliographie 44 4. Annexe 45 2 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy 1. Présentation de l'Unicef L'organisation a été créée peu après la 2ème Guerre Mondiale, le 11 décembre 1946, dans le but de fournir une aide d'urgence aux enfants d'Europe et de Chine menacés par la famine et la maladie, importantes conséquences du conflit. Son nom complet était Fonds international de secours à l'enfance des Nations Unies, de la dénomination anglaise United Nations International Children's Emergency Fund. Mais son identification se fera au travers du terme UNICEF. En 1950, son mandat a été étendu aux besoins à long terme des enfants et des femmes de tous les pays peu développés économiquement. L'Unicef est promu organisme permanent de l'Organisation des Nations Unies – ONU – en 1953 et son mandat est renouvelé pour une durée indéterminée. À cette date, son nom a été abrégé et il est devenu le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance, mais il a conservé son acronyme originel. Et en 1965, elle reçoit le prix Nobel de la paix pour avoir encouragé "la fraternité entre les nations". L'Unicef est une organisation à but humanitaire de l'ONU dont l'objectif est d'améliorer les conditions de vie des hommes et en particularité celles des enfants dans les pays du tiers-monde. Sur son site internet l'Unicef dit effectivement qu'elle a été créée dans le but "d'œuvrer avec d'autres en vue de surmonter les obstacles dont la pauvreté, la violence, la maladie et la discrimination jalonnent le cheminement de l'enfant. Nous pensons pouvoir, en conjuguant nos efforts, servir la cause de l'humanité". Ces pays en voie de développement souffrent souvent d'un déficit des éléments de base pour pouvoir grandir en bonne santé et se développer normalement. On y trouve trop peu d'eau potable, d'installations sanitaires, d'alimentation en abondance et équilibrée, d'assistance médicale ainsi que l'enseignement primaire. En 1989, l'Assemblée Générale des Nations unies adopte la Convention des Droits de l'Enfant qui entre en vigueur en 1990. Les droits des enfants et l'application de ces lois partout dans le monde deviendront alors l'une des principales préoccupations de l'organisation. L'Unicef est présente aujourd’hui dans le monde entier c'est-à-dire 161 pays et régions afin de trouver des solutions aux problèmes qui touchent les enfants, surtout les pauvres, et leurs familles. L'organisation attache une grande importance à donner aux enfants la possibilité de 3 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy concrétiser leurs droits. Ses activités sont conceptualisées sous la forme de défis auxquels elle se doit de faire face, tel l'encouragement des soins, l'aide à la prévention de la maladie et de la mort infantiles, la sécurité de la grossesse et de l’accouchement, le combat contre la discrimination et la coopération avec les communautés pour s’assurer que les filles aussi bien que les garçons aillent à l'école. L'Unicef se présente comme le "porte-parole des enfants" pour demander au monde de se préoccuper d'avantage de leurs besoins fondamentaux. L’Unicef parle des enfants aux gouvernements, aux organisations internationales et aux groupes communautaires tout autour du monde et s'efforce de créer les conditions nécessaires pour que les enfants vivent heureux, en bonne santé et dans la dignité. Public cible des discours de l'organisation L'Unicef s'adresse aux individus et aux institutions qui sont ou seraient en mesure de répondre aux besoins des jeunes générations. Il s'agit de l'ensemble de la communauté internationale, placé alors en position de témoin face au sort réservé aux enfants menacés par la pauvreté, la guerre, la violence et l'exploitation. Structure de l'organisation et dépendance financière 7'200 personnes dans le monde entier travaillent pour l'Unicef, dans le but de promouvoir et de protéger les droits des enfants. Une des forces de l'Unicef est sa grande souplesse d'intervention. Cette organisation donne une grande indépendance à ses différents bureaux ce qui leur permet une plus grande mobilité et en développant la capacité d'initiative de ces représentants. Elle favorise des projets au plan régional ou local plutôt qu'international avec des solutions type applicables par grands secteurs verticaux quel que soit le contexte politique, économique et social du pays concerné. 4 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Il existe 126 bureaux de pays, dont certains s'occupent de plusieurs pays. Chaque pays rempli la mission de l'Unicef à travers un programme de coopération spécifique mis au point avec le gouvernement du pays hôte. L'action menée par l'Unicef dans un pays est intégrée aux autres activités des Nations Unies dans ce même pays. La gestion et l'administration générales de l'organisation sont assurées au siège à New York, où est élaborée la politique mondiale en faveur des enfants. L'un des bureaux spécialisés, la Division des approvisionnements, basée à Copenhague, s'occupe de la distribution des articles essentiels tels que la majorité des doses de vaccin devant sauver la vie des enfants des pays en développement, par exemple. Différents types d'acteurs structurent l'organisation. Ils sont tous au même plan, chacun a sa spécialisation. Les activités de l'Unicef sont supervisées et suivies par le Conseil d'administration. C'est l'organe directeur de l'Unicef. Il s'occupe d'élaborer les politiques, d'approuver les programmes et de fixer les plans administratifs et financiers et les budgets. Il est formé de 36 membres représentant leurs gouvernements respectifs originaires d'Afrique, d'Asie, d'Europe orientale, d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Europe occidentale et de d'autres États, comme par exemple le Japon. Les membres du Conseil d'administration sont élus par le Conseil économique et social de l'Organisation des Nations Unies, en général pour un mandat de trois ans. Le Conseil d'administration tient ses réunions au Siège de l'ONU à New York. Non seulement il décide des politiques, des programmes et des finances, mais il est aussi chargé de fournir un appui intergouvernemental aux activités de l'organisation et d'en superviser la réalisation conformément aux directives générales de l'Assemblée générale des Nations Unies et du Conseil économique et social de l'ONU. Les comités nationaux s'unissent pour les enfants. Ce sont des organisations non gouvernementales, qui tiennent un rôle de représentants des idées de l'Unicef et de porte-parole. Provenant de 37 pays différents ils travaillent pour récolter des fonds, promouvoir des programmes et mener des campagnes défensives. Plus précisément leur activité consiste, lors du lancement d'une campagne par exemple, à être pleinement actifs aux réunions tenues avec les institutions des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et les gouvernements donateurs, à définir des orientations, des stratégies et des budgets, à aidé à formuler des messages 5 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy clés, à élaborer des matériels d'information, à préparer des rapports de lancement et à vendre divers produits de l'Unicef tel des cartes de voeux. De plus ils font découvrir l'Unicef aux pays industrialisés et contribuent à donner aux enfants la possibilité de s'exprimer et de parler de leurs préoccupations. L'une des célèbres campagnes, "Change For Good®", organisée par les Comités nationaux, permet aux personnes rentrant chez elles sur les lignes aériennes internationales de faire don des pièces et billets de banque en monnaie locale qui leur restent. Les Comités nationaux mobilisent autour des droits de l’enfant de nombreux et divers partenaires. En 2005, les comités internationaux ont récolté environ un tiers des recettes totales de l'Unicef. Cette même année, en s’appuyant sur la Convention relative aux droits de l’enfant et sur les recommandations du Comité des droits de l’enfant, ainsi que sur les OMD, les Comités nationaux ont exercé des pressions sur les gouvernements, l’Union européenne et le G8. Ils ont lancé d'importantes campagnes d’information et de collecte de fonds dans les médias. Ils ont organisé des expositions et d'autres événements spéciaux. Les ambassadeurs itinérants sont environ 300 célébrités, parmi eux des acteurs, des musiciens, des sportifs, des artistes célèbres, qui, à l’échelle internationale et nationale, prennent position en faveur des enfants, en mettant leur renommée au service de notre cause. A chaque fois qu'une personne connue se joint à l'organisation, c'est parce qu'elle a déjà prouvé son dévouement à améliorer la vie des enfants du monde. La notoriété de ces ambassadeurs représente bien sûr avantages de taille pour l'Unicef. Comme les stars sont omniprésentes au cœur de l'actualité, elles sont donc capables d'attirer l'attention sur les besoins des enfants, autant dans leur propre pays que sur le terrain, lorsqu'elles visitent des projets et programmes humanitaires à l'étranger. Elles profitent de leur talent et de leur notoriété pour rassembler des fonds et plaider la cause des enfants, ainsi que pour appuyer la mission de l'Unicef qui est de garantir le droit de chaque enfant à la santé, l'éducation, l'égalité et la protection. L'Unicef est la première des organisations de charité, en 1954, à avoir fait appel à des stars. a Le premier ambassadeur itinérant fût le comédien Danny Kaye. Ce rôle a été repris par l'actrice Audrey Hepburn, qui consacra la fin de sa vie à l'Unicef, puis par d'autres ambassadeurs 6 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy internationaux, nationaux ou régionaux. Actuellement c'est le tennisman Roger Federer qui est la vedette. L'Unicef est totalement dépendante de cotisations volontaires. Les gouvernements fournissent deux tiers des ressources, les groupes privés et environ 6 millions de particuliers offrent également une aide considérable par l'intermédiaire des Comités nationaux. Des entreprises apportent elles aussi une aide financière ou en nature à diverses actions. Objectifs L'activité de l'Unicef est, globalement, de donner à la population les moyens d'améliorer sa situation en tenant compte de chaque particularité locale. Dans le but de chercher une solution à aux difficultés qui touchent les enfants, les dirigeants du monde entier, composant l'Assemblée générale des Nations Unies, ont créé, en l'an 2000, la "Déclaration du Millénaire". Celle-ci comporte une série d'objectifs collectifs prioritaires pour la paix et la sécurité, la réduction de la pauvreté, l'environnement et les droits de l'homme. Il s'agit de mesures essentielles pour faire croître l'humanité et pour assurer sa survie, ceci dans un but social et économique pour tous les pays, fondamental pour la sécurité mondiale. Ces dirigeants ont également conçu un plan à suivre pour aller de l'avant: les Objectifs du Millénaire pour le développement. L'idée est que d'ici à 2015, le monde devrait obtenir de grandes améliorations dans les secteurs les plus importants du développement humain. Ces objectifs sont les suivant : - Éliminer l’extrême pauvreté et la faim - Assurer l’éducation primaire pour tous - Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes - Réduire la mortalité infantile - Améliorer la santé maternelle - Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies - Assurer un environnement durable - Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. 7 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Bien que ces objectifs concernent l'humanité tout entière, ils concernent en premier lieu les enfants, parce que six des huit objectifs concernent directement les enfants et en atteignant les deux autres, leur vie sera améliorée de façon considérable. Parce qu'ils sont, entre autres, les premiers à mourir lorsque ces besoins de base ne sont pas satisfaits. En tant qu'institution de l'ONU, l'Unicef est la seule agence intergouvernementale qui se consacre exclusivement aux enfants. Avec d'autres institutions de l'ONU et ses partenaires internationaux, l'Unicef a incorporé les objectifs à son mandat. Le projet est que chaque action de l'Unicef constitue un pas vers les objectifs du Millénaire pour le développement. De plus, l'Unicef soutient que pour réaliser les objectifs mondiaux pour le développement, la première étape consiste à scolariser les filles. Si la scolarisation des filles n'augmente pas dans les deux années à venir, les objectifs mondiaux visant à réduire la pauvreté et améliorer la condition humaine resteront hors d'atteinte et, inversement, l'abrogation des barrières à l'éducation des filles serait également bénéfique pour les garçons et pour leurs pays. Collaborations et partenariats "Partenariats pour un succès partagé" est l'une des stratégies proposées par l'Unicef. L’organisation collabore toujours avec d’autres partenaires en vue d’améliorer la situation, car les problèmes auxquels elle fait face sont trop importants pour pouvoir être résolus par une seule organisation. Les principaux collaborateurs sont, les gouvernements et les pouvoirs publics, des chefs d’État et des ministres aux gouverneurs, aux maires et aux conseils communautaires. L'Unicef coopère avec tous les échelons de la hiérarchie. L'organisation travaille aussi avec les organisations non gouvernementales, nationales ou internationales, les associations de jeunes, les groupes de femmes, les groupes religieux, les collectifs communautaires et familiaux. Les jeunes participent également à part entière à l’action de l’Unicef, de même que des personnalités du monde entier influentes dans divers domaines participent à faire évoluer les choses. Elle mobilise également les médias pour promouvoir ces actions. Pour finir, l'Unicef s'associe souvent aussi avec des multinationales, des compagnies nationales ou de petites et moyennes entreprises afin d'utiliser les atouts du secteur privé pour mieux servir les intérêts des enfants du monde entier. 8 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Lorsqu'une firme soutient l'action de l'organisation, c'est non seulement pour en faire profiter les enfants du monde, mais aussi pour renforcer son image de marque, montrer qu'elle prend ses responsabilités sociales et améliorer ses relations avec la clientèle. Ce qui caractérise tous les partenariats de l'Unicef, ce sont des objectifs communs, un respect mutuel et le fait de profiter des atouts l'un de l'autre. 2. Analyse de l'image de l'enfant Nous nous sommes focalisées sur le thème de l'éducation pour pouvoir analyser la représentation que fait l'Unicef des enfants. L'éducation est fondamentale pour le bien-être des enfants dans les pays du tiers-monde. C'est un bon moyen pour les aider et améliorer leurs conditions. Les supports nous permettront de voir l'importance qu'accorde l'Unicef à leur éducation. Nous avons d'abord analysé son site internet en faisant un commentaire sur la présentation du site www.unicef.org. Et une analyse de la partie du site concernant le problème de l'éducation Nous avons ensuite étudié l'image des enfants au travers de deux documents qu'a publié l'organisation et qui sont disponibles sur son site : - Les filles, le VIH/SIDA et l'éducation, publié en décembre 2004 par l'Unicef. Ce document s'intéresse à l'importance de l'éducation des enfants, notamment des filles pour lutter contre la pandémie du Sida dans les pays en développement. - What is the effect of Child labour on learning achievement, publié par l'organisation en 2000. Ce texte montre l'importance de l'éducation pour tous les enfants. En voyant un rapport entre l'activité économique des enfants et leur mauvaise performance à l'école. Le texte se concentre sur des données récentes d'une étude réalisée au Ghana, au Pakistan et au Bangladesh. 9 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy 2.1 Site internet www.unicef.org et publications sur l'éducation du site A. Commentaires sur la présentation du site Internet www.unicef.org Pour exister, notamment face à aux autres organisations, l'Unicef doit garantir sa propre promotion. L'association doit se faire connaître auprès du grand public et des institutions, elle doit se positionner par rapport à une cause et doit exposer ses caractéristiques, ses principes, son travail. Dans cet objectif de communication, les médias sont les principaux moyens utilisés, nous nous intéresserons dans ce travail à l'utilisation par l'Unicef du support universel qu'est internet. L'Unicef dispose de plusieurs sites différents, mais souvent spécifiques à un pays. C'est pour cette raison que nous avons préféré travailler sur le site ".org", pensant qu'il donnerait une vision plus internationale du travail de l'Unicef. Malgré la volonté de multilinguisme du site, celui en langue française donne accès à un nombre limité de documents importants et de vidéos par rapport au site anglais. Le site internet de l'Unicef paraît être un très bon instrument d'analyse du discours de l'organisation, sans considérer le fait que comme il est destiné à une hétérogénéité d'individu sa compréhension est parfois un peu complexe. Le pronom "nous", représentant l'Unicef et ses collaborateurs, agit comme garant du discours divulgué sur internet. Ce "nous" renvoie respectivement à un "vous", c'est-à-dire à des "autres" conçus comme destinataires des discours à disposition sur le site. Ce "vous1", peu cité tel quel sur le site, représente le public cible de l'organisation ou, du moins, de son site internet. Il englobe les individus en général, qu'ils soient seuls ou en groupe, les éducateurs, les organisations non gouvernementales, locales et internationales, les médias, les parlementaires et les enfants des pays industrialisés. Internet permet à l'organisation d'informer et de mobiliser à la fois ces gens, son discours combine construction d'un problème publique et recherche de solutions. Le site internet de l'Unicef s'adresse donc à un public largement diversifié, ceci explique, par exemple, sa traduction en plusieurs langues. 1 Exemple: http://www.unicef.org/french/crc/index_30217.html 10 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Le site internet de l'Unicef est une source considérable de renseignements et d'informations concernant l'organisation et ses activités. Le réseau permet à l'association de renforcer son image, de faire connaître ses actions, ses projets et ses besoins à un public étendu à un faible coût. La création de son site lui permet d'avoir un lieu d'information consultable en permanence, adaptable à tous les fuseaux horaires et lui permet aussi de fonder des partenariats avec des sites à grande fréquentation pour se faire connaître et lui permet enfin de créer une relation virtuelle avec ses visiteurs. Cette visibilité dans le champ concurrentiel des associations humanitaires est loin d'être acquise par la seule présence de l'organisation sur le web, mais participe à celle-ci. Le site internet est constitué de plusieurs instruments permettant de profiter des communautés d'internautes pour faire la promotion du site. Il y a par exemple, l'envoi d'e-cards2. Lorsque l'on arrive sur le lien, un message d'accueil s'affiche: "Envoyez une carte virtuelle Unicef et changer la vie d'un enfant". Ce texte vise à provoquer en nous un sentiment de culpabilité de penser d'abord, et souvent que, à notre bien-être personnel. Ces e-cards ont, a première vue, un caractère esthétique dominant afin de donner envie à l'internaute de les envoyer, mais leur contenu incarne aussi les valeurs soutenues par l'association. L'e-card est un outil ludique qui permet à l'expéditeur de montrer son intérêt pour une cause. De plus, l'inscription de l'adresse du site sur ces cartes permettra au récepteur de la carte de se rendre directement sur le site et participe ainsi à la renommée du site. L'envoi d'un message3 pour conseiller le site à un ami constitue un autre exemple de la propagation d'informations via les communautés. Le site propose à l'internaute d'envoyer un message pour recommander la visite du site ou un article à un ami. Pour ce faire, il doit entrer l'adresses e-mail des personnes destinataires. On suppose que, même s'il est dit que les adresses e-mails fournies ne serviront qu’à envoyer l’article demandé, ce moyen permet à l'Unicef de se créer un fichier de personnes susceptibles d'être intéressées par au moins une des facettes de l'organisation. 2 3 http://www.unicefshop.org/fr_FR/ecards/listEcard.do Envoyez cet article http://www.unicef.org/french/girlseducation/index_action.html (un des liens possibles) 11 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy L'Unicef donne une place importante aux enfants faisant partie des internautes. Elle les constitue même en un groupe à part entière. La rubrique "la voix des jeunes" leur est quasi exclusivement consacrée. On voit ceci en partie par le fait que le lecteur des pages qui compose la rubrique est tutoyé et les couleurs sont plus vives que sur le reste du site. Les jeux, les quizz et les sondages proposés dans cette rubrique permettent une nouvelle forme de promotion du site vers une cible plus jeune. L'intérêt du jeu est d'attirer la venue de l'enfant sur le site et d'augmenter sa fréquentation, de permettre à l'enfant d'acquérir des nouvelles connaissances tout en s'amusant. Internet permet un accès à une information riche. L'organisation trouve, via internet, un moyen de diffusion d'information sans contrainte d'audimat, sans souci de conformité aux prescriptions journalistiques et sans obligation de simplification dictée par les attentes des lecteurs. Le site propose une information conséquente sur les actions que l'Unicef mène et les journalistes du monde entier n'hésitent pas à s'en servir comme sources d'information. Le contenu du site est interactif, ciblé et adapté aux attentes des différents internautes, puisqu'il présente des informations en trois langues, puisqu'il permet, via un moteur de recherche4 affilié au site, d'avoir accès à toute la documentation existante et puisqu'il propose, via des menus déroulant pour chaque rubriques, d'obtenir des informations plus précises. Le site présente de façon scénarisée les actions menées par l'Unicef, ceci permet à l'organisation de faire découvrir aux gens ce qui est fait avec leurs dons. Aussi, elle propose des vidéos5 et des reportages photos6 montrant les actions menées sur le terrain, donnant ainsi une idée plus concrète de l'usage fait des dons. Les ressources vidéo et audio font même l'objet de toute une rubrique du site à l'attention de tous les curieux, mais aussi des médias. La réussite du site web de l'Unicef dépend entre autre de sa capacité à faire oublier que l'organisation demande de l'argent. Les personnes qui viennent sur le site pour obtenir des 4 Recherche http://www.unicef.org/french/girlseducation/index_action.html (un des liens possibles) 5 VIDEO http://www.unicef.org/ 6 12 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy informations ne s'attendent pas à être agressées par des requêtes de dons, c'est pour cette raison que la recherche de fonds occupe un niveau secondaire. Une rubrique entière, intitulée "soutenez l'Unicef", est consacrée à la collecte de don, mais chacun est libre de cliquer ou non dessus. De plus on apprend dans cette rubrique que les dons financiers ne sont pas le seul moyen de contribuer avec Unicef à aider les enfants, on peut aussi procéder à l'achat de cartes ou de cadeaux et se porter volontaire. On retrouve aussi une discrète balise active sur quelques pages du site. Mais avant de voir apparaître le premier appel de parrainage7 il faut avoir ouvert trois fenêtres différentes. On s'aperçoit bien que le but de l'Unicef n'est pas d'assaillir le futur donateur en lui proposant tout au long de sa visite des messages incessants qui finiront par agir sur ses décisions psychologies à son insu. L'Unicef veille à respecter une certaine éthique dans la mise en œuvre de ses obligations. Même si l'on est conscients que les dons faits à l'Unicef garantissent sa survie, le bon fonctionnement de l'organisation ne doit pas être présenté, et surtout pas dans une documentation à visée démocratique, comme la finalité de celle-ci, qui positionnerait les causes des problèmes des enfants comme un prétexte. Le but du site internet est d'établir une communauté et de construire la situation des enfants dans le monde comme un problème d'intérêt public. Comme on la vu, les différents instruments disponibles sur internet permettent l'établissement de ce lien relationnel. Les interviews de personnalités et de spécialistes, les témoignages de bénévoles et de personnes aidées, les chats, le courrier, les reportages sur le terrain contribuent aussi à tisser ce lien. Sur le site français8, on remarquera encore plus l'importance de ces éléments, due à leur présence en page d'accueil. Lorsque l'on clique sur l'onglet "notre action", l'Unicef nous expose ses cinq domaines d'intervention, avec la possibilité de cliquer sur chacun d'eux pour arriver à des pages plus détaillées sur le domaine. L'Unicef travaille à donner aux enfants un bon départ dans la vie, à les aider à survire et à s'épanouir, à leur créer un environnement protecteur, à axer la politique sur les droits de l'enfant et pour finir à donner aux enfants une éducation de base. Ces cinq domaines d'activité sont tous interdépendants, les progrès réalisés dans l'un servent au progrès de tous les autres. Tout d'abord, pour que l'organisation permette à chaque enfant de bénéficier d'une entrée positive dans la société, elle doit leurs assurer de bonnes bases desquelles dépendront tous leurs 7 8 Faites un don... http://www.unicef.org/french/girlseducation/index_1.php www.unicef.fr 13 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy autres droits. C'est pour cette raison que les investissements réalisés à cette période sont l'un des meilleurs moyens d'assurer un développement économique et social durable. Le deuxième secteur de travail concerne la survie et le développement. L'Unicef se bat pour l'accès et la formation aux soins de santé et à la nutrition (vaccination, prévention et lutte du paludisme,...). L'organisation offre des vaccins à plus d'un tiers des enfants des pays en développement, qui sont ainsi protégés contre des maladies. Elle distribue aussi d'autres matériels importants lors des situations d'urgence, comme de l'eau potable ou des médicaments. En collaboration avec l'OMS9, elle soutient le développement d'un accès local à l'eau salubre et d'une hygiène de base, indispensables pour atteindre les objectifs de santé, de développement et d'éducation. C'est aussi dans ce secteur que la lutte contre le Sida s'opère. Cette maladie meurtrière contribue à augmenter la pauvreté de la société. L'Unicef soutient les personnes qui aident les enfants orphelins à cause du Sida. Elle veut instaurer une éducation préventive et des interventions de conseils axées surtout sur les adolescents. Le troisième secteur veille à assurer une protection aux enfants. L'Unicef tente de créer des environnements protecteurs qui contribueront à prévenir et maîtriser la violence, l'exploitation et la discrimination, et à y répondre. Elle aide à rassembler les ressources dont les écoles, les communautés et les familles ont besoin pour s'occuper des enfants abandonnés et des orphelins de parents morts du SIDA. Le quatrième secteur se rapporte aux droits de l'enfant. L'Unicef s'occupe de créer un partenariat mondial pour le développement et de renforcer les politiques nationales et locales permettant de protéger et faire prospérer les droits de l'enfant. Le dernier secteur vise à développer une éducation de base accessible à tous et surtout aux filles. L'Unicef s'investit pour faire disparaître les inégalités entre les sexes et à l'accès à l'éducation de base. Mais la constitution d'un environnement favorable à l'apprentissage ne se fera pas sans que la distribution d'eau, les moyens d'assainissement et l'hygiène ne s'améliorent. C'est aux textes, publiés sur le site internet et concernant ce dernier domaine, la scolarisation des enfants, que nous nous intéresserons plus précisément. B. Analyse des publications sur site concernant le problème de l'éducation des enfants Nous avons choisi de traiter le champ de l'éducation, car c'est l'un des domaines d'activité, avec la santé et l'eau, pour lesquels l'Unicef s'investit le plus. De plus, dans les premières lignes des textes en réseau, il est écrit que ce secteur de l'éducation revêt une grande importance non 9 Organisation mondiale de la Santé 14 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy seulement pour le bien-être des enfants, mais aussi pour la stabilité sociale et le développement économique du monde en général. Sur cette page web indiquant les domaines d'intervention, est mentionné le domaine "éducation de base", suivit d'une petite phrase informative "une éducation de qualité pour tous, les filles en particulier". Celle-ci laisse déjà entrevoir l'importance presque exagérée que l'Unicef donne aux filles dans son projet d'éducation. Exagérée, car dans les informations que l'on trouve en ligne il n'est sujet presque que des filles, la position des garçons n'est jamais abordées, la seule chose qui est dites est qu'une meilleure éducation des filles sera aussi favorables aux garçons. Cette survalorisation de l'éducation des filles est due à la croyance en ses retombées bénéfiques sur de nombreux aspects de la survie et du développement. L'organisation avance qu'une bonne formation des femmes est importante pour assurer la relève. C'est les mères, plus proches de leurs enfants, jouent le rôle le plus important dans l'éducation de leurs enfants. Si elles n'ont pas elles même reçue une éducation satisfaisante il sera d'autant plus difficile pour elles de transmettre à leurs enfants les éléments nécessaires à une éducation de base. D'ailleurs quand les mères sont éduquées, elles envoient leurs enfants à l'école, ce qui permet de stopper le cercle vicieux de la pauvreté intergénérationnelle. Les femmes instruites ont tendance à se marier plus tard et à avoir moins d'enfants. L'Unicef voit en l'éducation des filles un outil formidable de limitation de diffusion du Sida. Une femme instruite trouvera plus facilement du travail et aura alors une autonomie financière, de plus les informations qu'elle aura reçue sur la maladie lui permettront de savoir comment se protéger. Il est intéressant de signaler que cette volonté de lutte pour la scolarisation des filles s'oppose catégoriquement aux revendications faites dans les pays industrialisés. En effet, dans la majorité de ces pays où l'objectif de scolarisation des filles semble être atteint, on remarque que les filles réussissent globalement mieux que les garçons. On pourrait croire qu'étant donné la progression constante des filles à l'école, la société serait encouragée à maintenir le soutient qu'elle leurs apporte. Au contraire, c'est à présent, dans les pays évolués, la situation des garçons qui est soulevée. Ceux-ci subiraient des discriminations au sein du système scolaire, en ramenant les écarts de réussite scolaire à une question de revanche. 15 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Après avoir cliqué sur le domaine, on est surpris de remarquer que sur la page web apparaissant, l'appellation du domaine d'intervention été modifié. De "éducation de base" on est passé à "éducation de base et égalité des sexes". A la lecture des textes on comprend vite les raisons de cet amalgame, le projet d'égalité entre les sexes précédant celui de l'éducation, si les disparités entre les sexes, qui s'opèrent à l'école déjà, dans un grand nombre de pays, ne sont pas éliminées, l'objectif de l'instruction pour tous ne pourra pas être atteint. Dans son discours sur l'éducation, l'Unicef insiste sur l'importance de l'égalité des sexes et sur l'élimination des différences discriminantes. Suivant une logique constructiviste, elle tend à montrer que si les distinctions de genre sont le produit d'une construction sociale, il est alors possible et même indispensable, d'en faire une déconstruction pour améliorer la situation de l'enfant. Il faut s'appliquer à déconstruire ce qui a été intégré par les hommes et les femmes, puis inculquer aux enfants, comme modèle du masculin et du féminin dans ces sociétés, car ces modèles impliquent encore, dans ces pays, des discriminations trop pénibles à surmonter. Ceci n’étant possible qu'au travers de l'éducation, l'Unicef pense qu'une instruction identique pour tous les enfants, où seront reconstruits les modèles de l'homme et de la femme d'un point de vue moins différencié, oserait-on dire d'un point de vue proche de celui adopté en Occident, permettra de faire évoluer les conditions de ces enfants et celles de la population de ce pays et, au finale, celles de la société dans son entier. Déjà dans l'introduction de ce document l'on découvre ce que le terme "éducation" sous-entend pour l'Unicef. Celui-ci n'est pas assimilé au strict univers des enfants, mais au contraire, il permet à l'Organisation d'intégrer l'entier de la population mondiale dans son action en déclarant que "l'éducation constitue un droit de l'homme" en général plus que de l'enfant. D'autre part il est dit que l'éducation est "indispensable au développement de l'individu et de la société", ceci laisse entrevoir une dimension stratégique des propos de l'Unicef. On a pu remarquer que cette dimension stratégique couvre d'ailleurs une grande partie des documents dont l'Unicef est l'auteur. En utilisant des expressions comme "société", "sécurité humaine", "développement communautaire", "progrès national", dans l'introduction et dans la suite du texte, et en montrant comment l'aide apportée aux enfants est bénéfique à tous, l'organisation tente d'émouvoir les gens soucieux de leur devenir et ainsi d'obtenir un maximum de dons. Ces dons seront alors effectués, 16 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy plus dans un souci de sauvegarde personnelle que dans un souci de compassion pour des enfants qui ne sont pas les siens et pour lesquels on a pitié. Cette supposition n'implique en aucun cas une réduction de l'ensemble des dons effectués à un acte relevant de l'égoïsme pur, même si pourtant d'autres exemples vont dans ce sens, telle l'aide financière apportée par les entreprises dans une volonté de reconnaissance sociale de leur image. Cette observation donne la possibilité de s'interroger sur le caractère humanitaire et social du discours de l'Organisation et sur le but du discours en se demandant si celui-ci ne laisse pas plutôt transparaître un message standardisé incitant à la consommation? Cette question amenant à de multiples réflexions est posée en ayant à l'esprit que le domaine de l'humanitaire représente, dans l'imaginaire collectif, un producteur d'informations non manipulées, une source légitime. L'Unicef a accolé au principe d'éducation une caractéristique, celle de la qualité, qui lui est désormais indissociable. Cette particularité permet à l'organisation de définir au mieux ce qu'elle entend par éducation. C'est-à-dire une instruction qui permette aux enfants d'apprendre en tous les cas à lire, écrire et compter, qui permette d'étudier des choses utiles et praticables dans leur environnement quotidien et surtout qui prenne place dans un milieu scolaire sécurisé. A l'oreille, l'expression "éducation de qualité" renvoie à l'idée de "label de qualité", désignation attribuée à un produit pour récompenser ses créateurs respectant des normes de production distinguant ainsi le produit parmi ses confrères. Cette expression de "label de qualité" renvoie au contexte du marché, c'est-à-dire à une dimension économique laissant entrevoir les objectifs stratégiques des propos de l'organisation. Dans la suite du texte, on apprend que cinq éléments ont un impact sur la qualité de l'éducation, le bagage des élèves, le milieu scolaire, les résultats, les mécanismes et le contenu. Ce dernier élément est celui qui nous intéresse. Par rapport à la volonté de l'Unicef d'intégrer tout le monde dans cette nécessité d'éducation, on comprend l'égale importance donnée à l'enseignement de savoirs pratiques (égalité, santé, prévention, paix) par rapport aux connaissances de bases (lecture, écriture). L'apprentissage d'un savoir-vivre pratique prime dans le discours de l'organisation face à celui des mathématiques ou d'une langue internationale, car c'est le degré d'aptitudes pratiques qui améliorera l'humanité toute entière et non pas la connaissance personnelle de l'enfant isolé. 17 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Tout comme son titre, l'introduction de ce document nous place dans l'attente d'un contenu évoquant la situation des enfants en général face à l'éducation. On est surpris de voir que, sans la moindre explication, celle-ci venant tout de même plus tard, et à la suite d'une dernière phrase ponctuent l'introduction qui parle à la fois "d'éducation pour tous" et "d'équité pour tous", le texte est dès le premier chapitre axé principalement, voir uniquement, sur la condition des filles. Parler de l'éducation des filles simplifie l'élaboration de liens avec d'autres secteurs importants de l'Unicef. On retrouve la dimension stratégique des propos de l'organisation, lorsque le secrétaire général Kofi Annan déclare que l'éducation des filles est "un placement à long terme dont le rendement est exceptionnellement élevé". Les termes "placement" et "rendement" étant spécifique au vocabulaire économique ont un aspect dérangeant dans le contexte de l'humanitaire, ils évoquent indirectement les moyens de financement de l'organisation. Le droit à l’éducation fait partie des droits humains fondamentaux proclamés il y a un demi-siècle dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et à nouveau, en 1989, dans la Convention relative aux droits de l’enfant. Pourtant, "plus de 150 millions d’enfants dans les pays en développement commencent leur scolarité, mais n’atteignent pas la cinquième année d’études. Ils quittent l’école sans avoir acquis les notions élémentaires de lecture, d’écriture et de calcul et les compétences essentielles qui constituent la base de l’apprentissage la vie durant" (UNICEF, 1999, 2002) Les collaborateurs de l'Unicef savent depuis longtemps que l’avenir des pays en développement passe par l’éducation des filles. Dans, "Nous les peuples10", le rapport du Secrétaire général des Nations Unies fait lors du Millénaire il dit que "l'expérience a montré à l'envi qu'investir dans l'instruction des filles produit directement et rapidement des résultats en ce qui concerne la nutrition et la santé de toute la famille, la baisse de la fécondité, la réduction de la pauvreté et les performances économiques en général". Pour Kofi Annan, "l’éducation des filles n’est pas une option mais un impératif au développement économique, social et politique des sociétés" 10 Annan, Kofi A., Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, « Nous les peuples » : le rôle de l’Organisation des Nations Unies au XXIe siècle, Organisation des Nations Unies, Département de l’information, New York, 2000. 18 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy (Communiqué de Presse, Déclaration du Secrétaire général à l’Assemblée générale sur les femmes, 5 juin 2000). L'image fondamentale des enfants donnée par l'organisation est, dans ce domaine que nous avons choisi: l'éducation, celle d'enfants pauvres, vivant dans des pays peu développés économiquement et bénéficiant d'une éducation inutile ou, souvent, d'aucune éducation. Plus précisément, cette image est en particulier celle de petites filles, victimes du sexisme et des comportements stéréotypés, à qui l'on empêche de suivre une formation minimale nécessaire. L'Unicef pense que mettre l'accent sur l'éducation des filles est la meilleure manière d'arriver à l'éducation de qualité pour tous. Ceci en s'opposant aux facteurs traditionnels qui soutiennent l'idée selon laquelle il suffit de donner une éducation et instruction aux garçons, car c'est eux qui auront à gagner le pain pour leur famille et à soutenir leurs vieux et pauvres parents. L'organisation est convaincue que la jeunesse féminine est en mesure de changer la face de l'humanité, à condition qu'elle y soit préparée. L'Unicef est pourtant trop vague dans ses explications, on pourrait penser que le simple fait de simplifier l'accès des filles à l'enseignement et d'améliorer la qualité de celui-ci suffise à démocratiser mondialement l'éducation et donc à améliorer les conditions de la société, mais cette déduction est beaucoup trop simpliste. L'Unicef omet de préciser dans ces documents web que la distinction entre l'éducation du garçon et celle de la fille est basée sur le but visé par l'instruction. L'éducation des filles, dans la plupart des pays en voie de développement, n'est pas une éducation scolaire qui se fait à l'école, mais elle se fait auprès de sa mère qui lui apprend le double rôle qu'elle aura à jouer dans la société: celui d'épouse et celui de mère de famille. L'éducation des garçons quant à elle a plus tendance à se faire à l'école. Elle a pour objectif de leur apprendre les rudiments de la lecture, du calcul et de l'écriture pour pouvoir trouver plus tard un travail. De plus, il faut tenir compte des particularités de chaque pays qui provoquent des variations de ce but. Celui-ci est ancré dans la culture traditionnelle, mais il faudra pourtant le modifier et le faire accepter avant de pouvoir réformer l'éducation des filles. On pourrait croire que le désir d'éducation va à sens unique, que c'est l'Unicef uniquement, qui souhaite éduquer davantage les filles pour améliorer l'éducation en général et ainsi la vie de chacun. Car dans les documents sur internet, on ne voit pas, d'un autre côté, un besoin des filles de s'épanouir, de jouir de tous leurs droits en ayant accès à une école, même si on se doute bien 19 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy que c'est le cas. En fait ce pôle n'apparaît pas dans l'explication de l'action de l'Unicef, mais par contre, le site internet de l'organisation consacre toute une rubrique aux témoignages réels de jeunes filles pouvant désormais aller à l'école grâce à l'aide apportée par l'Unicef. Les garçons étant fortement mis de côté dans le discours de l'organisation, c'est aux filles et à l'analyse du traitement qui leur est octroyé par l'Unicef que nous nous intéresserons. Les filles sont caractérisées comme des victimes. Les statistiques montrent que sur les 121 millions d'enfants déscolarisés, 65 millions sont des filles. Le SIDA frappe un nombre disproportionné de femmes n'ayant jamais reçu d'information sur comment se protéger. La discrimination sexiste et les inégalités les privent du pouvoir de prendre des décisions, de gagner un revenu et de se prémunir de la violence, des mauvais traitements et de l'exploitation. Leurs droits juridiques sont, dès qu'ils le peuvent, bafoués. En contexte de conflit leur sont infligés des sévices sexuels, ainsi que l'exploitation économique, Par conséquent, les obstacles à leur scolarisation les privent de toute possibilité d'avenir, mais ils ont aussi des effets négatifs sur leur santé et leur survie. Les filles sont en situation d'infériorité, au sein de la famille, face à la préférence accordée aux garçons, ancrée depuis longtemps dans le système patriarcal, traduite souvent pour les filles par le délaissement, une alimentation réduite et peu de soins. Leur situation est décrite comme intolérable, pénible et alarmante. La violence qui frappe les filles est si profondément enracinée dans les cultures du monde entier qu'elle est presque invisible. Mais, en proposant toujours des solutions, l'Unicef présente aussi leur situation comme remédiable. Il est donc important de reconnaître le caractère indissociable et complémentaire de la "Convention relative aux droits de l'enfant" et de la "Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes". La fille atteinte du SIDA est l'un des cas-type qui revient le plus souvent pour illustrer les conséquences de leur non-scolarisation. Les raisons du taux élevé d'infection chez les filles reflètent des réalités biologiques, sociales et économiques. Du point de vue biologique, des lésions peuvent plus facilement survenir dans les voies génitales féminines durant les rapports sexuels, ce qui augmente le risque de transmission du VIH. Du point de vue social et économique, il y a plusieurs causes. Les inégalités de pouvoir et les normes sociales qui s'appliquent aux filles limitent le contrôle de celles-ci sur leur vie sexuelle, ce qui les rend 20 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy vulnérables à la violence sexiste et aux rapports forcés. Souvent en situation de précarité, les jeunes femmes peuvent être obligées de faire le commerce du sexe. De plus, ces filles ne savent rien de la sexualité et des méthodes de base pour se protéger du SIDA, ce manque de connaissances augmente leur risque d'être infectées. Ainsi donc, les écoles offrent un moyen idéal de garantir une éducation de bonne qualité basée sur l'acquisition de compétences importantes dans la vie courante pour prévenir le SIDA. Les écoles sont aussi un moyen d'acquérir une formation indispensable pour trouver un travail et gagner un revenu ce qui réduit ainsi leur dépendance économique. Il n'existe pour le moment aucun vaccin permettant de radier la maladie, l'éducation est donc le seul moyen de venir à bout de la discrimination et de l'ignorance qui perpétuent la propagation du SIDA. Sur le site internet, on trouve, par exemple, de modèles de mise en œuvre à l'école de programmes d'acquisitions de compétences nécessaires à la vie quotidienne où la prévention su SIDA est utilisée comme exemple pour chacun d'eux. Pour décrire ses actions L'Unicef adopte un ton dramatique uniforme dans la quasi totalité de la documentation. Le style du discours de l'organisation s'organise surtout autour de la volonté d'inspirer la pitié et de provoquer la sensibilité du lecteur. La construction du récit s'accompli selon une logique de l'émotion. Il est tout de même critiquable de voir que l'Unicef cherche à toucher le sentiment du lecteur, donateur potentiel, plutôt que sa raison. Les enfants, l'acteur principal des propos de l'organisation humanitaire, sont constitués comme une victime. En opposition au combattant, opposition encore plus marquée car celui-ci prend la figure d'un adulte. Dans les documents en ligne, les filles sont celles qui font le plus souvent office d'illustration de la victime, "les filles sont victimes d'une discrimination sexiste qui diminue leurs chances d'accéder à l'éducation"11. Discrimination faite de la part d'adultes envers ces fillettes. La notion d'école "amie des enfants" présentée sur internet est utilisée pour montrer que l'école doit être une institution qui "respecte la diversité et garantit l'égalité de l'apprentissage pour tous les enfants, y compris les enfants qui travaillent, les enfants appartenant à des minorités ethniques, les sidéens et leurs proches, les enfants handicapés et les enfants victimes d'exploitation et de violence"12. Il alors est possible de tirer de cette phrase les autres 11 http://www.unicef.org/french/girlseducation/index_bigpicture.html 12 http://www.unicef.org/french/girlseducation/index_focus_schools.html 21 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy caractéristiques, plus générales, de la victime dont parle l'Unicef, c'est-à-dire celles d'enfants malades du Sida, exploités, brutalisés, parfois invalides et surtout pauvre.Cette conception de l'enfance où l'enfant apparaît comme une "victime innocente" face au monde des adultes cruel et dangereux est selon J. Boyden13 l'une des deux conceptions de l'enfance développée au XXème siècle. La seconde conçoit, au contraire, l'enfant comme "un délinquant aux marges de la société". Le choix de figures "faibles", essentiellement celles de la femme et de l'enfant, pour illustrer son discours peut être vu, si l'on décide d'adopter un point de vue économique, comme un désir d'obtenir le meilleur profit de celui-ci (du discours). Pour la même raison, l'identité ethnique ou religieuse des populations dont parle l'Unicef ne sont jamais utilisée pour les représenter. Il s'avère que l'organisation fait abstraction, dans son discours de tout ce qui pourrait révéler une distance sociale entre le mécène et les victimes, hormis la douleur de ces dernières. Ceci dans l'espoir qu'un sentiment de proximité soit créé et favorise la solidarité traduite par le don financier. Suite à cette présentation faite du malheur des populations des pays non industrialisés, l'organisation expose l'aide et les solutions que peuvent apporter ses actions une fois mises en place. La mise en œuvre de ces actions impliquant et nécessitant le don, il est plus facile d'attirer des donateurs en leur donnant une idée, grâce à des vidéos et des photos, des bienfaits que leur argent va apporter aux populations. Les photos visibles sur le site qui illustrent les différentes actions de l'Unicef sont en majorité celles d'enfants jouissant des bienfaits de l'aide apportée par celle-ci plutôt que des représentations des populations souffrantes. On identifie deux grandes lignes directrices qui organisent le discours de l'organisation. Celui de la présentation des populations en danger et celui de la mise en évidence des solutions amenées par l'organisation et des effets bénéfiques des actions de celle-ci. Malgré tout, la construction des énoncés de l'organisation est influencée par certaines contraintes. La plus contraignante de ces exigences est l'importance de récolter un grand nombre de dons pour maintenir la survie de l'association. Si cette pression se fait trop ressentir elle pourrait avoir un impact extrêmement négatif en poussant l'association à présenter une vision exagérée de la situation misérable des populations du tiers monde, ce qui entraînerait une sorte de représentation trompeuse de la réalité. Mais, étant une organisation stable et soutenue par une autre organisation 13 "Childhood and the policy makers: A comparative perspective on the globalization oh childhood", J. Boyden, p.197 22 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy (l'ONU) qui elle n'a plus besoin de faire ses preuves, il semble que ce ne soit pas le cas que pour l'Unicef. 2.2 Les filles, le VIH/SIDA et l'éducation Dans ce texte, il est question du Sida et de l'importance qu'a l'éducation des enfants par rapport à cette maladie, puisqu'elle est un moyen de prévention contre sa propagation. L'éducation doit être réalisée dans un contexte particulier pour que tout se passe bien. L'éducation des filles pose problème, puisque celles-ci y ont moins facilement accès, alors qu'elles représentent la majorité des nouvelles infections. L'Unicef a trois priorités pour aider les écoles à jouer un rôle optimal dans la protection des filles et pour atténuer l'impact du Sida : 1. Scolariser les filles et s'assurer qu'elles n'abandonnent pas l'école 2. Fournir une éducation basée sur les aptitudes pratiques 3. Protéger les filles contre la violence sexiste à l'école. Nous allons analyser l'image de l'enfant, telle qu'elle est donnée par l'Unicef dans ce document. Le texte traite des problèmes que rencontrent les enfants suite à la pandémie du Sida, notamment dans les pays en voie de développement. Voici le constat de l'organisation « plus de deux millions d'enfants de moins de quinze ans vivent avec le VIH/SIDA, mais des millions d'autres, même s'ils ne sont pas séropositifs eux-mêmes, sont mis en position de vulnérabilité lorsque la maladie frappe des membres de leurs familles et d'autres adultes de leur entourage ». L'Unicef nous informe sur les diverses conséquences de cette maladie sur les enfants, certains tombent malades, d'autres perdent un ou leur deux parents. Ils ont alors de nouvelles "tâches" à faire tels qu'aider et soigner des membres de la famille atteints du virus, travailler pour subvenir aux besoins de la famille et ils doivent par conséquent très souvent arrêter l'école. La protection de ces enfants n'est pas garantie, ils n'ont pas forcément des personnes autour d'eux qui pourraient les aider et ils risquent très fortement de ne pas avoir accès à l'école. Le texte souligne ici le paradoxe, puisque « les enfants sont privés d'une éducation de qualité, alors que c'est ce dont ils ont le plus besoin pour se prémunir contre le VIH/SIDA ». Les enfants sont des "victimes" sous tous les points de vue, non seulement à cause de la maladie et les conséquences 23 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy qu'elle entraîne dans leur vie, mais aussi le risque qu'elle pourrait engendrer dans leur futur proche s'ils sont contaminés. L'éducation est alors perçue comme un moyen pour prévenir ces enfants, futurs adultes et par conséquent personnes "sexuellement actives". L'Unicef pense à leur avenir en recherchant des moyens pour les aider et c'est l'éducation qui vient en premier. Leur deuxième priorité est de « fournir une éducation basée sur les aptitudes pratiques », c'est-à-dire faire en sorte que ces enfants puissent avoir accès aux informations et aux connaissances pratiques nécessaires pour diminuer leurs risques face à la maladie. Une instruction de qualité est donc perçue comme le meilleur moyen pour dévier le cours de la pandémie. L'Unicef met donc très en avant l'importance de l'éducation pour les enfants. Le contexte des pays en voie de développement influence cette image d'une enfance difficile. Le concept de l'enfant est étroitement lié à la situation dans laquelle ils se trouvent. La façon dont on voit le monde dépend de "où" et "quand" nous vivons, les "notions" changent et se développent au fur et à mesure. La situation familiale a une influence dans la vie de ces enfants, par exemple l'Unicef montre que la différence du rapport qu'entretient un enfant avec l'école change si celui-ci a encore ces deux parents ou s'il est orphelin. Le premier sera plus facilement scolarisé puisque ces tâches correspondront à son âge, alors que le deuxième devra plutôt s'occuper des tâches domestiques ou de ces frères et sœurs par exemple. Sa situation sera alors beaucoup plus compliquée, puisqu'il se retrouve seul, sans points de repères, triste et devant faire face aux critiques des autres parce que cette maladie est mal perçue et qu'elle est considérée comme un déshonneur. Le texte n'utilise pas uniquement le concept de l'"enfant" en opposition aux adultes, mais fait également usage d'autres catégories. Cette publication de l'Unicef ne fait pas de définition des concepts, c'est néanmoins au travers de leur utilisation que nous comprenons ce qu'ils représentent pour l'organisation. « The ways in which we commonly understand the world, the categories and concept we use are historically and culturally specific » (Burr, 1995). Comme le signale Burr, il faut remettre ces catégories dans la vision du monde qu'a l'Unicef pour pouvoir les comprendre et analyser ce qu'ils entendent par celles-ci La catégorie des "enfants" est utilisée lorsqu'il est question de l'éducation et de son importance pour les protéger contre le Sida, mais également dans le rapport avec leurs parents. Les enfants 24 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy sont très souvent décrits comme "vulnérables" – surtout les orphelins – puisque leur non-accès à l'école, fait qu'ils n'entendront pas parler de la maladie et qu'ils seront « plus exposés que les autres aux mauvais traitements et à l'exploitation ». Nous verrons plus tard que la confrontation de ceux-ci avec la maladie d'une personne de leur entourage a des conséquences sur leurs rôles au sein du foyer. L'image des enfants qui est présentée dans ce texte, est celle d'enfants dépassés par la situation dans laquelle ils vivent, « les enfants dont les membres de la famille sont malades ou mourants sont traumatisés et souvent abandonnés à leur chagrin à cause de l'isolement et de l'opprobre liés au VIH/SIDA ». La volonté de l'organisation est que leurs pratiques soient modifiées pour leur plus grand bien et leur futur, qui implique l'avenir de la société toute entière. Il n'y a pas une réelle description ou un concept de l'enfant. Ils sont vus comme le futur de la société et c'est au travers d'une éducation de qualité que celle-ci sera améliorée ou du moins que les conséquences du Sida pourront être résolues ou au moins diminuées. A l'intérieur de la catégorie des enfants, nous retrouvons dans le texte, les "filles" et les "garçons". Ces sous-catégories permettent de faire une différence de genres, qui ont un impact dans les rôles attribués par exemple le rapport au pouvoir et l'accès à l'éducation. La catégorie des "filles" a une importance dans le texte. Nous considérons qu'elles représentent, et c'est ainsi qu'elles sont montrées, les "femmes" de demain. D'ailleurs ces deux catégories vont souvent de paire dans le texte. Nous analyserons plus loin les différences de genres. La catégorie des "adolescents" sert dans cette publication à parler des premiers rapports sexuels. Cette période, de quinze à dix-neuf ans, a une grande importance dans nos sociétés occidentales et représente le moment entre l'enfance et l'âge adulte. Cette catégorie est sinon très peu utilisée puisque pour les populations dont il est question, ce n'est pas un passage aussi important. La catégorie "jeunes" est préférée et revient fréquemment, elle est plus parlante pour les pays en voie de développement. Elle comprend, les "jeunes filles", les "jeunes femmes" et les "jeunes hommes" et englobe les personnes de quinze à vingt-quatre ans. Comme nous l'avons vu, la catégorie de l'"enfance" est utilisée pour le rapport avec l'éducation, alors que la catégorie des "jeunes" liée aux objectifs de l'Unicef, c'est-à-dire qu'ils aient « accès aux informations et aux connaissances pratiques dont ils ont besoin pour limiter le risque de contracter la maladie ». C'est aux "jeunes" qu'un programme global d'éducation doit être inculqué. Contrairement aux "enfants" pour qui le lien avec la maladie se fait au travers de tiers, tels que des proches malades, à moins d'être séropositifs par transmission maternelle. La catégorie des 25 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy "jeunes" est en contact beaucoup plus direct avec le Sida et la notion d'"instruction" prend alors toute son importance. Les jeunes femmes instruites sont plus en sécurité face à la maladie. D'après ses études, l'Unicef insiste sur une corrélation entre le niveau d'éducation des personnes et leurs comportements sexuels, qui seront sans risques ou au moins plus surs. Le fait d'être "instruit" ou non a une influence notable sur la diminution des risques. C'est pour cette raison que l'Unicef insiste sur l'éducation des "enfants" afin que lorsqu'ils seront "jeunes" leurs comportements sexuels soient sains, étant donné qu'ils utiliseront les connaissances qu'ils ont acquises. Finalement, il y a la catégorie des "adultes" comprenant les "femmes" et les "hommes". Elle permet de montrer les résultats obtenus lorsque les personnes sont instruites et pour qui les risques sont moins élevés. Cette catégorie sert surtout à montrer les résultats, les constats, les problèmes dans les rapports entre les hommes et les femmes. L'organisation considère que ce n'est plus auprès de ces personnes qu'il faut se concentrer pour améliorer la situation. Les genres sont un point important dans la propagation de la maladie du Sida. Notamment la question des rapports entre les hommes et les femmes dans ces sociétés en voie de développement, où l'inégalité des sexes est un problème majeur. Dans le texte, ils mettent l'accent sur les filles – et les femmes – pour qui la situation est encore plus difficile à cause de cet écart. Différents facteurs sont à considérer pour expliquer cette inégalité de risques et les conséquences de la séropositivité : le facteur biologique, le facteur social et le facteur économique. Ces différents facteurs ont une influence sur la tolérance des femmes face à la maladie. Tout d'abord le facteur biologique, parce qu'elles sont plus sensibles au virus et que leur risque de contamination pendant l'acte est plus élevé que pour les hommes. Et c'est encore plus dangereux pour les filles, parce que leur appareil génital n'est pas encore tout à fait développé et que leurs rapports sont fréquemment forcés et pratiqués avec violence. Le facteur social a également son influence, Il reprend le problème de la violence, tel que les rapports non consentis. Les femmes sont moins en sécurité à cause des déséquilibres de pouvoir. Le problème de sécurité peut aussi bien se retrouver dans leur propre foyer qu'à l'école. Leur première expérience n'est pas toujours consentie. C'est le problème de ces sociétés en voie de développement, de leurs coutumes, mais aussi du rôle attribué aux femmes. Même l'accès aux informations, ainsi qu'aux services médicaux leur sont très souvent refusés. Les croyances de ces peuples ont la plupart du temps des 26 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy conséquences néfastes pour elles. L'Unicef donne l'exemple où dans certaines régions les hommes séropositifs croient qu'ils peuvent guérir du Sida s'ils entretiennent un rapport sexuel avec une jeune fille vierge! Le rôle des femmes dans ces sociétés est dangereux, ce qui entraîne les difficultés. Le facteur économique renforce cette situation de soumission des femmes. La pauvreté peut également empêcher un accès à des soins médicaux et l'accès à une bonne instruction. « Comme les filles et les femmes sont souvent plus pauvres et moins instruites que les hommes, elles sont aussi plus souvent dépendantes financièrement et socialement », dit l'Unicef. Le facteur économique est crucial, la "pauvreté" renforce la plupart du temps cette crise. Ces déséquilibres de pouvoir limitent leur choix dans leurs relations. Cette inégalité des sexes est un problème difficile à résoudre. C'est toute la société qu'il faudrait modifier pour améliorer le rôle des femmes. Pour cette raison, l'Unicef insiste autant sur une « éducation basée sur les aptitudes pratiques est interactive, [qui] permet aux jeunes d'analyser leurs convictions culturelles et sociales ». C'est en modifiant les enfants d'une société, leurs croyances et en leur inculquant des notions d'égalité que cet objectif pourrait être résolu. La situation des femmes dans ces sociétés en voie de développement – surtout là qu'elles ont plus de problèmes avec la maladie – est compliquée et difficile. C'est avec une éducation de qualité que l'Unicef souhaite les aider. Celle-ci garantirait une égalité entre les enfants, qu'ils soient garçons ou filles. Il est ici question de leur troisième objectif, c'est-à-dire de « protéger les filles contre la violence sexiste à l'école ». L'éducation est donc perçue comme un moyen efficace pour l'évolution de ces sociétés. C'est au travers de l'instruction, qu'ils désirent modifier les comportements et les croyances "périlleuses" du point de vue occidental – de ces sociétés, vers des comportements sains et si possible une égalité dans les rapports de sexe. C'est leur façon de contribuer au bon développement de ces sociétés. Il faut cependant tenir en compte la tension qui existe dans ces sociétés, entre l'école et l'argent. La situation des familles est très difficile et le fait d'envoyer les enfants à l'école ou non n'est pas toujours un choix, mais une obligation pour la survie de la famille. L'Unicef tient compte de cela et fait diverses propositions intéressantes pour aider ces populations. Par exemple une éducation gratuite, une aide financière pour les familles pauvres qui envoient leurs enfants à l'école, servir des repas à l'école ou distribuer des rations alimentaires directement aux familles pour répondre aux besoins nutritifs. Ce sont des moyens pour soulager les familles dans le besoin et dans l'éducation des enfants. Ces solutions proposées ont déjà été mises en œuvre dans 27 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy quelques pays, ce qui leur permet de montrer les bons résultats obtenus pour encourager la poursuite de ce genre d'actions. Ces différentes propositions ont également comme objectif de motiver les familles à scolariser leurs enfants. L'organisation est motivée par sa vision du monde, typique des pays industrialisés. Comme dit Boyden, "in the modern era, mass education is believed to be a fundamental human right, a goal all societies should seek to achieve" (Boyden, 1990), d'où l'insistance de l'Unicef sur l'éducation, considérée comme un droit pour les enfants. Toutefois comme ces enfants sont dans un environnement particulier et plutôt hostile à un bon développement, l'école ne doit pas simplement être un lieu de formation scolaire. Il faut motiver ces enfants pour qu'ils aient envie de venir. Une certaine souplesse est nécessaire et demandée à l'école. Les enfants vivent dans des conditions particulières, ils sont souvent contraints à s'absenter des cours, pour exercer une activité professionnelle, soigner des personnes de la famille ou s'occuper d'autres personnes, leurs frères et sœurs par exemple. Les enfants doivent comprendre qu'ils sont les bienvenus. L'école doit s'adapter à ces enfants, mais aussi toucher ceux qui auraient abandonné le système scolaire. Elle doit correspondre aux besoins des élèves, ce qui est plus simple par exemple s'ils trouvent ce qu'ils y apprennent utiles pour leur vie quotidienne. Le contexte social et culturel de ces pays est une influence non-négligeable sur l'image de ces enfants. L'image de l'enfance est influencée par la vision du monde et le concept d'enfance des pays industrialisés dont fait partie l'organisation. « All ways of understanding are historically and culturally relative. Not only are they specific to particular cultures and periods of history, they are seen as products of that culture and history, and are dependent upon the particular social and economic arrangements prevailing in that culture at the time » (Burr, 1995). Il semble donc indispensable à l'Unicef d'agir ainsi puisque la situation dans ces pays est catastrophique et qu'ils ont les moyens d'agir. Les problèmes que doivent endurer ces enfants sont déjà souvent médiatisés, notamment les problèmes alimentaires et de santé qui existent dans ces régions. Le rôle des filles étant encore plus difficile, à cause du problème d'inégalité. Renforcé par leur problème de scolarisation, puisque l'école n'est pas perçue dans ces sociétés comme primordiale pour elles. Leurs tâches sont plutôt de rester à la maison et d'aider leur mère. C'est une image très caricaturale, mais qui persiste néanmoins dans ces sociétés. C'est pour cette raison que l'organisation doit autant insister auprès de ces peuples sur l'importance de l'école pour les filles et qu'elle doit mettre en place des techniques de "motivation" pour scolariser tous les enfants. 28 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Surtout que d'après leurs résultats, l'éducation des filles a une influence majeure sur la pandémie du Sida et pourrait diminuer la transmission du virus. Ce qui ressort est l'impact de la préoccupation de l'organisation a vouloir développer ces sociétés et à imposer la scolarisation, considérée comme un droit dans nos sociétés. C'est le reflet des enjeux de pouvoir entre ces sociétés. Comme le suggère Prout et James dans An Introduction to Social Constructionism (1990), l'enfance est une "variable d'analyse sociale" de ces pays en voie de développement. Divers compétences, devoirs et inaptitudes sont associés à l'enfance selon les sociétés. Les visions de l'enfance sont aussi nombreuses que les sociétés et par conséquent peuvent être contradictoires, une nécessité dans une pourra être considérée comme inutile dans une autre. L'exemple de la scolarisation des filles est une bonne illustration pour cela, elle semble tout à fait normale dans les pays développés, mais ne l'est pas dans les pays du Sud. Le manque d'éducation dans ces sociétés n'est pas si important, la priorité est donnée à la survie. C'est un point de vue très occidental que d'associer l'enfance à l'école. Toute une construction historique a été développée dans nos pays pour arriver à ce statut d'importance et de mise en valeur de l'enfance. Il faut néanmoins tenir en compte le discours des personnes de ces pays à qui l'Unicef présente la portée de l'éducation. Elle doit donc se justifier de vouloir imposer l'école à ces enfants, comme moyen de prévention contre la maladie du Sida. L'école est donc non seulement montrée comme un moyen d'enseigner, de transmettre des connaissances scolaires, mais aussi comme une aide pour ces pays. Pour cette raison que des solutions sont mises en œuvre pour motiver la scolarisation. Un changement du statut de l'enfance est demandé, les fonctions des enfants vont devoir être modifiées. Le facteur de la maladie du Sida est déjà un cadre contraignant pour l'enfant puisque son rôle au sein de la maison en est changé et qu'il oriente les activités des membres du ménage et donc influence la situation des enfants. Comme souligne le texte, les orphelins ont moins de chance d'être scolarisés puisque ils sont souvent retirés de l'école pour s'occuper des malades, de leurs frères et sœurs ou travailler et ainsi ramener de l'argent. Situation qui n'existerait que exceptionnellement pour des enfants qui ont toute leur famille ou dans nos sociétés industrialisées par exemple. Le problème réside pour les enfants qui n'ont pas de proches vers qui se tourner et qui seront alors confrontés aux problèmes d'alimentation, de pauvreté et de discrimination. Les enfants se retrouvent seuls et ont alors de grandes difficultés pour survivre. Les fonctions de l'enfant dépendent par conséquent des contraintes économiques dans lesquelles ils vivent et de ce 29 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy qu'ils doivent faire pour survivre. La "qualité" de l'enfance dans notre vision occidentale est une variable importante pour considérer une société et son développement. Plus les enfants auront une bonne qualité de vie, plus cela signifiera qu'ils vivent dans une société qui se porte bien. L'évolution des fonctions de l'enfant est influencée par la bonne santé des parents, puisqu'ils peuvent alors aller à l'école et non travailler par exemple. La situation familiale se répercute sur l'enfance de ses membres. L'Unicef est donc confronté à un conflit entre la morale familiale traditionnelle de ces sociétés et la volonté des pays industrialisés d'instaurer une école obligatoire. L'organisation veut retirer les enfants de cette morale en montrant l'importance de l'école pour leur bien-être et celui de la société. Le rôle des filles est encore plus compliqué puisque leur accès à une éducation de qualité, n'est pas considéré comme primordial dans ces sociétés alors que c'est un point indispensable pour freiner la pandémie du Sida. D'où l'accent de l'Unicef à vouloir "éduquer" les filles, tel est leur premier objectif "scolariser les filles et s'assurer qu'elles n'abandonnent pas l'école". Tout le contexte doit cependant être pris en compte, une redéfinition historique est nécessaire, mais elle est confrontée aux cultures locales, aux croyances. Le rôle de la femme doit être redéfini dans ces sociétés pour que l'organisation réussisse à la faire évoluer. En plus du facteur de l'inégalité des sexes, l'école doit répondre à certaines conditions et offrir une vraie sécurité aux filles, c'est un autre obstacle qui s'impose. Cette publication n'est pas une brochure ordinaire, comme on pourrait attendre de ce type d'organisation. Elle a été réalisée comme un rapport officiel. La seule "image" se trouve sur la couverture, ce sont deux filles regardant l'objectif avec un regard qui interpelle. Il n'est pas question de monter des images chocs tout le long du texte, mais de fournir un texte sérieux. C'est un texte écrit et bien rédigé, avec des objectifs, des statistiques de résultats d'"analyses d'études nationales représentatives". L'utilisation de toutes ces données est une façon de légitimer leur discours par un appui sur des faits réels. Ces données sont critiquables dans le sens qu'elles ne sont que des généralités et qu'elles sont manipulables. Il n'est pas question d'une analyse, mais une exposition de leurs résultats, de leurs projets et de leurs objectifs, ainsi qu'un moyen de montrer ce qu'ils ont déjà réalisé et ce qu'il reste à faire. Comme dans tout document de ce genre, il y a une schématisation des problèmes: le Sida, le manque d'éducation, les rapports de sexes, etc., qui permet de mieux comprendre la situation. Le phénomène se limite aux pays en voie de développement, l'Afrique et l'Amérique Latine 30 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy notamment. Ce qui facilite la compréhension du document dans le sens que la pandémie destructrice du Sida, surtout en Afrique, est très médiatisée dans nos pays et c'est un vrai problème. Les différents types d'enfants sont très explicites: les "orphelins", les "filles", etc. et sont des catégories auxquels nous octroyons facilement des attributs et des besoins. L'enfant est une vraie catégorie sociale en soi dans le texte. Mise en opposition aux "jeunes" et aux "adultes", beaucoup de choses semblent alors aller de soi avec cette catégorie dans la vision de l'enfance dans notre société moderne et celle que vante l'Unicef. « Childhood is accompanied by a set of rights that can be enshrined in international law » (Boyden, 1990). Les droits des enfants ont une importance considérable dans notre société. Une certaine confrontation de l'image de la famille est faite, avec les parents « who have special rights and obligations with regard to children » (Burr, 1995). Ce sont des fonctions pour ces catégories qui nous semblent aller de soi. La vision du monde industriel est transportée aux pays du Sud. Ce qui est critiquable est le fait qu'à aucun moment, la parole n'est donnée aux enfants. Nous ignorons en tant que lecteurs ce qu'ils pensent de ce problème, de leur rapport avec la maladie. C'est une présentation de données basées sur des statistiques. Il n'y a que celles-ci qui justifient leurs actions et les objectifs proposés. Il n'y a pas de remise en question, mais une présentation d'initiatives qui ont soit déjà fait leur preuve dans une région et qu'il faut répandre, soit qui doivent être mises en place. Un autre point discutable est de mettre au même niveau tous les pays en voie de développement, alors que les conditions ne sont pas les mêmes dans toutes ces régions. Ils montrent bien qu'ils ont fait plusieurs analyses dans différents pays d'Amérique Latine, Afrique Subsaharienne, etc. mais ils ne font pas de différences entre ces pays alors que les conditions, les coutumes, les rôles des personnes changent selon la région ou le pays. Comme dans toute publication d'organisation, le texte se rapporte à elle-même. Sa propre organisation est au centre et elle présente ses propres projets. Un manque d'autocritique peut alors être fait. Il faut cependant tenir en compte les objectifs de ce genre de publication pour toute organisation. La recherche de donateurs, l'exposition de leurs résultats pour garder les soutiens 31 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy qu'ils possèdent. Pour mieux comprendre ce genre de publication, il faut prendre en compte le "cadre structurel contraignant". Comme toute organisation a but humanitaire, l'Unicef est totalement dépendante des cotisations volontaires et doit donc pour survivre justifier ses actions et montrer les bons résultats qu'elle a obtenu, ce qui lui permettra de conserver ses donateurs et si possible d'en gagner par la même occasion. Dans ce texte, que nous avons analysé, l'organisation ne présente que des actions qui ont réussi et dont les résultats ont été positifs. Elle insiste sur l'importance de l'éducation, le besoin, la nécessité qu'il y a à investir là-dedans en montrant les problèmes, les conditions difficiles de ces pays en voie de développement. Nous retrouvons très souvent des objectifs à terme, qu'il faut atteindre dans des "encadrés" qui se détachent du texte et qui donnent des exemples concrets. Un paragraphe, avec comme sous-titre "initiatives internationales", parle des donateurs, ici internationaux, comme la Banque mondiale, « [qui] fournissent une assistance technique, afin de faire redémarrer le secteur de l'éducation des filles dans les pays qui risquent de ne pas atteindre les objectifs de l'éducation pour tous ». L'Unicef montre à ces donateurs qu'ils possèdent déjà et qu'ils souhaitent garder, ainsi qu'aux futurs donateurs, ce qu'ils font de l'argent qui leur est versé. Pour exprimer que c'est un bon investissement. Dans ce paragraphe, leur collaboration avec l'Unesco est mise en avant. Etant également une organisation importante et connue – membre de l'ONU comme l'Unicef – la légitimité de celle-ci n'étant plus à faire, ils montrent qu'ils travaillent avec des "groupes" de confiance, ce qui leur attribue une certaine crédibilité en plus. Cette publication est disponible sur leur site internet et donc est accessible à tout le monde, autant à ces donateurs, qu'à promouvoir leurs actions et leurs résultats. Elle n'est pas une publication avec le motif de chercher des donateurs, mais plutôt un bilan qui montre les résultats, les objectifs et les stratégies. Il n'est pas facile pour ces organisations d'aider ces pays du Sud, où la distribution des ressources est inégale et les problèmes de maladie et de pauvreté compliquent les actions. Ils doivent faire face aux coutumes et lois locales de chaque pays. Dans ce document, l'image qu'ils font de l'enfant correspond au problème de l'enfance dans les pays tiers-monde et celle qu'ils souhaiteraient pour ces sociétés et qui convient à celle des pays développés. La vision des pays développés s'impose et n'est jamais remise en cause, c'est celle qui est juste. L'imposition d'une 32 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy vision comme "juste", dans l'idée qu'elle correspond selon Burr à la "réalité", à un "sens commun" est la conséquence des relations de pouvoir. Les pays industrialisés détiennent ce pouvoir et c'est à eux d'agir. S'ils agissent ainsi c'est parce qu'ils voient les problèmes de ces pays du Sud, qui sont en situation difficile. Un regard est toujours porté, il est impossible d'avoir une vision neutre d'une situation, nous sommes toujours influencé par ce que nous connaissons. « The gap between reality and people's everyday understanding of the world and their place in it is often discussed in terms of "ideology" » (Burr, 1995). L'envie de parvenir à une enfance "idéale" pour ces enfants est toujours influencée par notre propre vision du monde. « In this respect, the move to set global standards for childhood and common policies for child welfare may be far from the enlightened step anticipated by its proponents » (Boyden, 1990). Et l'organisation ne remet pas en cause sa vision, étant donné qu'elle est justifiée et que les résultats obtenus pour l'instant encouragent à suivre cette optique-là et à investir dans l'éducation de ces enfants. 2.3 What is the effect of Child labour on learning achievement Education pour tous les enfants Dans ce chapitre nous allons analyser différents stratégies utilises par l’Unicef pour créer des liens entre les enfants, le travail et l’éducation, dont l’éducation est la base primordial. Les chefs mondiaux ont unanimement étreint un ensemble de buts pour les enfants. Toutes les nations ont accepté d'entreprendre des mesures consécutives spécifiques pour garantir que les buts d'un « Monde Approprié pour les Enfants » deviennent une réalité dans leurs propres pays et dans le monde. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés à traiter un des buts que l’Unicef veut acquérir, l’éducation. La Convention relative aux droits de l'enfant consacre deux articles spécifiquement à l'éducation. L'article 28 dit que l'éducation primaire devrait être gratuite et obligatoire pour tous les enfants et que les gouvernements doivent s'assurer qu'aucun enfant n'est exclu du système éducatif pour une question d'argent. L'éducation secondaire devrait aussi être ouverte à tous les enfants, mais malheureusement elle n’est pas obligatoire. L'article dit aussi qu'à l'école, la discipline doit être imposée dans le respect de la dignité humaine, ce qui veut dire que les enseignants doivent se montrer compréhensifs et tolérants. L'article 29 dit que 33 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy l'éducation doit favoriser le développement de la personnalité et de ses capacités pour avoir un meilleur avenir. Une éducation de base de qualité va permettre aux filles et aux garçons d'être mieux dotés en connaissance et compétence nécessaires à l'adoption d'un comportement. Les droits de l’enfant contiens aussi des articles que nous pouvons toujours relier au sujet de l’éducation, par exemple les articles 2, 3, 6, 13, 14, 19, 24, 31, et 3214 Malgré tous ces efforts, dans le monde, plus de 121 millions d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire ne sont pas scolarisés. Comme nous le percevons dans le tableau ci dessous, plus de la moitié des enfants non scolarisés dont 65 millions sont des filles. Il s'agit donc d'une violation de leurs droits que l’Unicef veut lutter contre mais pour l’accomplir elle en a besoin le soutien de plusieurs organisations et gouvernements ainsi que le celui des gens qui n’ont pas l’habitude ou qui ne savent pas qu’il est obligatoire d’envoyer les enfants à l’école. Nombre d’enfants Garçons Filles Total Afrique Subsaharienne 21.6 23.8 45.4 Moyen-Orient et Afrique 3.7 5.1 8.8 Asie du Sud 18.7 23.6 42.3 Asie de l’Est et Pacifique 5.2 4.9 10.0 Amérique Latine et 1.8 1.5 3.3 1.3 1.6 2.9 Pays industrialisés 1.4 1.2 2.6 Monde 53.8 61.6 115.4 en âge de fréquenter l’école primaire non scolarisés (en millions) du Nord Caraïbe Europe centrale et orientale 14 Voir annexe : Droits de l'enfant 34 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Ainsi un première exemple qui a été donné est le cas du Népal. Cette année, après que des troubles politiques ont désorganisé la vie au Népal, des rassemblements d’une nouvelle sorte ont été tenus dans les villages et les villes du pays le mois dernier. Ils ont été menés par des enfants scandant des slogans comme : « envoyer les enfants à l'école » « n'établissons pas une discrimination entre les filles et les garçons », « protéger les droits d'enfant », « étendre le sens de la connaissance ». Les rassemblements font partie d'une campagne scolaire appelée « bienvenu à l’école » ceci a l’intention d’augmenter l'enrôlement de l’école primaire , surtout pour les filles ainsi qu’autres enfants qui sont plus défavorisés. Ce qui est admirable dans cette campagne ce sont les propres enfants qui manifeste leur mécontentement dans la rue et pas seulement les personnes adultes comme nous avons l’habitude de voir. La campagne était divisé en deux phases, la première était plutôt dirigé aux filles, pour augmenter leur quota à l’école et la deuxième améliorer l’éducation, et l’environnement pour que les enfants puissent rester le plus de temps possible à l’école. L’Unicef a dû travailler pour accomplir cette campagne avec environ 6,400 groups communautaires, avec le gouvernement local, des organisations nongouvernemental et d’autres agences des Nations Unis. Malgré cette initiative proposé il y a encore plusieurs défi a résoudre, comme les coutumes, la pauvreté, la manque d’infrastructure, et les différences marqués entre les filles et les garçons. Un deuxième exemple que nous avons pu trouver est le cas des enfants de Soudan qui vont à l’école. Après plusieurs guerres dans le pays, le nouveau gouvernement a lancé une campagne appelée « Go to School », une bonne initiative qui a comme but de permettre à 1.6 millions d’enfants en âge d’être scolarise d’aller dans l’école vers la fin de 2007. Ceci démontre la coopération qui existe entre cette grande organisation international et les gouvernements des pays, autrement sans la collaboration du gouvernement et surtout les pays qui ont autant des conflits, les projets ne pourrions pas s’organiser. Les enfants du Soudain devaient payer des fraies pour aller à l’école (ils étaient pas au courant que l’école primaire devrai être gratuite et encore moins qu’il est obligatoire), mais ceci a été supprimé par le nouveau gouvernement. Cependant il existe un grand problème d’espace pour des nombreux enfants qui veulent en aller. La plus part de temps les cours sont donné dans des endroits les moins habituel (sous l’ombre d’un arbre, dans des maison abandonnés, etc.) mais ceci seulement démontre que les enfants ont une grande envie et désir d’apprendre. C’est une motivation surtout pour les filles car c’est pour 35 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy la premier fois qu’elles peuvent aller à l’école puisque pour la plus part d’entre elles sont forcé au mariage et seulement 1% finissent leur scolarité de base. Comme troisième exemple que nous avons choisit et approfondi est le sujet sur les enfants travailleurs en relation avec ses études dans les pays défavorisés. L’Unicef ne dénigre pas le fait qu’il y a des enfants travailleurs dans le monde mais ce que l’Unicef essaie de faire est d’établir des normes et lois pour favoriser une certaine équité entre l’éducation et le travail. Alors la question qui se pose dans le texte écrit par Christopher Heady est la suivante : « What is the effect of child labour on learning achievemnts ? » ce qui peut être traduit par : Quel est l’effet du travail sur la réussit scolaire des enfants ?. Cette document est consacré à trois différents pays, Ghana, Pakistan, Bangladesh, et met ou plutôt essaie de mettre en évidence la difficile tâche des enfants-travailleurs en parallèle à leur scolarité. Pourquoi l’éducation est important ?, Selon l’Unicef l’éducation est un élément fondamental pour améliorer la qualité de vie dans les pays en voie de développement. L’éducation donc aide les gens à sortir de la pauvreté. Mais une hypothèse donné dans l’article exprime que les enfant qui travaillent n’ont pas beaucoup de temps pour étudier, faire ses devoirs et jouer au même temps. Cette hypothèse a été mise en doute par le propre auteur en nous donnant la réponse suivant : les enfants peuvent travailler environ dix heures par semaines ainsi ils atteint un bon milieu pour aller à l’école, faire ses devoirs, jouer, et travailler. 1. Le cas du Ghana 15 Ghana est un pays très pauvre en Afrique où l’esclavage des enfants est encore connu malgré les lois orienté vers l’abolition. En comparant les chiffres du tableau 1 nous avons remarqué une différence entre les filles et les garçons qui vont à l’école. Toute au long de leur période de scolarité il existe nettement une plus grande proportion des garçons que des filles qui vont à l’école. Le cas pour les filles est assez complexe, les filles commence leur éducation comme les garçons mais elles arrivent à une certaine age où elles continue le travail sans retourner à l’école. Nous avons remarque aussi que les filles sont plus prédisposé à travailler dans les taches 15 Voir annexe : tableau 1 36 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy ménagers que les garçons, cela inclus typiquement des taches telles que : cherche du bois ou de l’eau, cuisiner, nettoyer, faire les achats, et prendre soin des enfants. Surtout à l’âge entre quinze et dix-neuf ans la proportion de filles diminuent clairement, seulement 39.9% de filles comparé à 55.1% de garçons vont à l’école. Pour les garçons le fait de travailler est très positive. Bien sur il faut prendre en considération que les garçons, en général, travaillent moins que les filles. Mais si les garçons travaillent peu donc environ dix heures par semaine, ils sont plus propices d’aller à l’école que ceux qui ne travaillent pas de tout. Tandis que ceux qui travaillent plus des heures il est peu probable qu’ils aient à l’école. Le travail peut se effectuer dans les fermes de leurs propres familles, les entreprises de leur propre famille, les taches de ménages, il y a des enfants qui travaillent dehors leur cercle familial mais ceci est très rare au Ghana. Comme attendu, le revenu du ménage augment les chances de scolarisation des enfants mais la taille du ménage a un effet négatif : plus il y a d’enfants dans une famille moins il y a d’argent pour chacun d’eux. Un autre problème principal pour les enfants est l’éloignement de leur domicile à l’école la plus proche : souvent installés dans des villages isolés le chemin de l’école se transforme en parcours du combattant. 2. Le cas du Pakistan 16 Le Pakistan un pays qui se trouve à l’est de l’Asie méridionale qui a beaucoup de problèmes économiques avec ses endettements important sans oublier d’ajouter la tension persistant avec son pays voisin, l’Inde. Si nous comparons avec le cas du Ghana il y a une proportion moins nombreuses d’enfants qui vont à l’école et particulièrement encore moins nombreuses de filles surtout à l’âge de 15 à 19 ans le pourcentage est le plus bas, seulement 11.5% comparé à 41.5% pour les garçons. Il l y a un grand numéro des garçons qui vont à l’école à l’âge de 10 à 14, avec 72.9% tandis que les filles sont beaucoup plus occupé dans le travail de la maison ou dans la ferme. Un autre phénomène chez les enfants du Pakistan est qu’ils travail hors de leur cercle familial est de ce fait ils ont d’autres responsabilités et obligations pour aller à l’école ou faire leurs devoirs donc sans les laisser le temps de faire les deux au même temps. Cependant le travail le plus commun au Pakistan reste comme même le travail à la maison ou à la ferme, là aussi nous pouvons constater 16 Voir annexe : tableau 2 37 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy que les filles travaillent presque 100% dans les taches ménagers puisque entre l’âge de 10 à 14, 99.4% des filles travailles et de 15 à 19 ans, 97.8%. Mais il y a aussi un autre problème au Pakistan, il y a une plus grande proportion qu’au Ghana des enfants qui ni travaillent, ni vont à l'école : 35 % de filles et 10 % de garçons. Cela sert seulement pour renforcer la conclusion que les politiques conçues pour décourager le travail des enfant peuvent être plutôt moins importantes que les politiques qui promeuvent directement la présence scolaire. Ceci devient donc un défit pour l’Unicef, d’essayer de toucher tous les petites villages de ce pays pour encourager le gouvernement et surtout les parentes d’envoyer leurs enfants à l’école et aussi enseigner aux gens la différence qui existe entre « labour » et « work ». Puisque le problème du Pakistan est que les enfants travaillent plus de dix heures par semaine sans laisser qu’il y ait un effet positive pour les enfants de travailler et d’aller à l’école comme nous l’avons vu dans le cas du Ghana. Ici le fait de travailler est vu comme un effet négatif pour leur scolarité. 3. Le cas du Bangladesh 17 Bangladesh est un Etat d’Asie qui corresponde à l’ancien Pakistan oriental. C’est une région très humide avec des fréquentes inondations. Le pays est très pauvre en ressources minérales, dont l’industrialisation est inexistante. Le pays souffre du surpeuplement, la population s’accroît de trois millions d’habitant par an. Le Bangladesh est l’un des Etat les plus pauvres du monde et survit avec l’aide international. Le cas du Bangladesh est un peu différent aux autres deux puisque l’étude a été fait dans une zone urbaine et pas dans une zone rurale comme le cas du Ghana et du Pakistan. Le tableau proposait pour cette étude est moins complet que les deux autres cas. Les enfants du Bangladesh ont presque la même proportion entre les filles et les garçons qui travaillent uniquement. Par contre les enfants qui combinent le travail et l’école il y a une plus grande proportion pour les garçons qui arrivent à faire cela que les filles (les garçons entre 8 à 11, 6.6% et les filles, 1.8%. A l’âge de 12 à 16 les garçons ont 6.4% et les filles 1.4%). Etonnamment à l’âge de 8 à 11 ce sont les filles avec 61.2% qui vont seulement à l’école comparé avec 54.8% de garçons, mais malheureusement cette chiffre tombe quand les filles attendent l’âge de douze ans. Nous pourrions faire des intéressant comparaisons avec les cas du Ghana et du Pakistan mais le fait 17 Voir annexe : Tableau 3 38 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy d’avoir des différents groupes d’âge qui corresponde pas aux autres deux cas fait cette tache plus difficile. Néanmoins la différence entre les garçons et les filles qui vont à l’école est plus petite qu’au Pakistan. Par contre il y a une grande trou pour les enfants de combiner l’école et le travail au Bangladesh qu’au Ghana. Nous retrouvons aussi presque le même scénario qu’au Pakistan avec une haute proportion des enfants qui ni travaillent ni vont à l’école. Mais ici les raisons pour lesquelles les enfants ne vont pas à l’école sont différents que dans les deux autres cas puisque les infants qui travaillent le font dehors leur ménage. Pourtant les enfants sont trop occupé pour étudier. Mais bien sûr il y a des autres raisons comme l’équipement scolaire qui n’est pas convenable, les écoles sont très coûteuse, les filles sont trop occupées dans les travaux de ménage et c’est plutôt les garçons qui ne veulent pas aller à l’école. Pour résumer les résultats du texte il paraît que c’est plus difficile de combiner l’école et le travail à Bangladesh et moins difficile de le faire au Ghana. Ceci peut être dû à la différence entre ces deux pays car la proportion du temps et l’endroit du travail des enfants n’est pas la même. Au Ghana nous avons vu que les enfants avaient un effet positive lors qu’ils travaillaient dix heures par semaine dans leur cercle familial tandis que pour les enfants de Bangladesh ou Pakistan les enfants travaillent dehors ce cercle et donc plus de temps. Par conséquent c’est plus difficile pour les enfants de combiner le travail et l’école. Un autre point important à mentionner est que généralement c’est plus difficile pour les filles de combiner le travail avec l’école et ceci surtout dans le cas du Pakistan mais moins fort au Ghana. Les filles aussi ont tendance à pas aller ni à l’école ni au travail. Effectivement cette recherche est un sort de noyau pour commencer des nouvelles enquêtes sur le rapport enfants/travail ou bien filles/travail. La recherche est très bien structuré, avec beaucoup de statistique qui fait que le lecteur soit plus attentif aux petites détailles. Malheureusement dans ce genre d’études il y a une tendance à généraliser. Il existe plusieurs facteurs qui cause les filles de pas aller à l’école autant que les garçons il faut prendre en considération, donc tous ces principaux facteurs qui sont à l'origine des inégalités dans l'éducation et les inclurent dans le texte. Par exemple : • La pauvreté. Quand les enfants vont à l'école, ils ont moins de temps pour faire un travail rémunéré ou pour aider à la maison. Et parfois, il y a des frais de scolarité à payer ou il faut acheter un uniforme et la famille n'en a pas les moyens. Donc si le budget est serré et 39 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy qu'il faut faire un choix entre envoyer un garçon ou une fille à l'école, les parents donnent souvent la préférence au garçon, estimant que c'est un meilleur investissement à long terme. Ils peuvent estimer, par exemple, qu'un garçon gagnera mieux sa vie. Par ailleurs, dans certains pays, quand une fille se marie, elle est considérée comme la propriété de la famille de son mari avec tout ce qu'elle gagne. • Le mariage précoce et la grossesse. Dans de nombreux pays, et surtout dans les pays que nous venons de mentionner, les filles se marient tôt et elles ont rapidement des enfants, ce qui met souvent fin à leur éducation. Quand un mariage précoce s'accompagne de la conviction que les femmes mariées ne doivent pas travailler pour gagner leur vie, comme c'est le cas dans certains pays, les familles ne voient pas pourquoi leurs filles devraient faire des études. Par ailleurs, la fille risque de devoir consacrer tout son temps aux travaux ménagers et à s'occuper de ses enfants. • Les attentes. Les parents ou les personnes chargées ne sont pas toujours convaincus que les filles peuvent réussir à l'école ou sur le marché du travail. Alors, ils ne les soutiennent pas pour qu'elles puissent avoir une éducation. Souvent, les enfants dont on attend peu obtiennent des résultats scolaires médiocres parce qu'ils ne sont pas soutenus ou encouragés à étudier à la maison. Et plus, quand les parents ne s'attendent pas à ce que leurs enfants obtiennent de bons résultats, les enfants ne sont pas motivés et ils manquent de confiance en soi. • Le travail. On confie souvent beaucoup plus de travaux ménagers aux filles qu'à leurs frères. Dans les familles désavantagées, les filles doivent parfois travailler de longues heures dans des usines ou dans les champs, faire des travaux dans la rue au risque de mettre leur santé en danger, quand on ne les place pas comme bonnes à l'extérieur pour arrondir le revenu familial. Même quand les filles sont scolarisées, elles doivent parfois travailler si dur qu'elles sont trop fatiguées pour étudier. Elles se laissent alors décourager et abandonnent l'école. C'est aussi souvent le cas des garçons dans les familles pauvres. Mais les autres différences d'attitude décrites plus haut font que les filles sont plus souvent privées d'éducation que les garçons. • La déclaration de naissance. Dans le monde, on estime à 40 millions le nombre d'enfants qui ne sont pas déclarés à la naissance. Et dans de nombreux pays, le seul fait de ne pas posséder d'acte de naissance empêche l'enfant d'être inscrit à l'école ou de passer des 40 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy examens. C’est cela qui cause une mauvaise estimation de dates dans les recherches et donc les chercheurs tendent à généraliser. • La sécurité. C’est facile à dire « envoyer vos enfants à l’école mais si les écoles sont à des kilomètres, les parents ont peur d’envoyer leur enfants tous seuls. Et donc les parents peuvent décider de garder leurs filles à la maison s'ils pensent que le chemin de l'école est trop long ou qu'il est dangereux pour une fille seule. Ils peuvent aussi craindre les brimades, le harcèlement sexuel ou la violence de la part des autres élèves ou même des enseignants. En plus, les filles ne se sentent pas toujours en sécurité s'il n'y a pas d'enseignante qui peut leur servir de modèle et à qui se confier. • L'hygiène et les sanitaires. Ceci est un problème que nous n’avons pas en tête mais quand les établissements sont pauvres, cela peut poser des problèmes particuliers aux filles. Par exemple, trop d'écoles dans le monde n'ont pas de toilettes ou d'eau courante; il arrive alors qu'on demande aux filles d'aller puiser de l'eau. D'autres écoles n'ont que des toilettes de garçons, ou alors les toilettes ne sont pas propres, ce qui met en danger la santé des élèves. • Les stéréotypes. Même dans les pays où la majorité des filles vont à l'école, leurs choix peuvent être limités si elles-mêmes, leurs parents ou leurs enseignants, sont convaincus que certaines matières conviennent mieux aux garçons qu'aux filles. On peut aussi obliger les filles à s'acquitter de tâches ménagères alors qu'elles devraient être en train d'étudier, ou ne pas les autoriser à faire du sport. L'autre problème est parfois l'absence d'images positives ou d'informations en classe sur les filles et les femmes, ou encore une représentation limitée des femmes et des filles, qui sont confinées par exemple dans les rôles de mères ou de responsables de l'entretien de la maison. Le seul fait de ne pas avoir de modèles forts de femmes dans une école rend d'autant plus difficile l'élimination de ces stéréotypes. 41 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy 3. Conclusion L'analyse de l'Unicef dans le domaine de l'éducation des enfants montre la complexité de ce sujet et tout ce qui en découle. De cette étude ressort un grand engagement de l'Unicef pour l'éducation, mais par la même occasion un manque de clarté par rapport à l'atteinte de ce but est constaté. Dans notre première analyse, nous avons vu que le site internet de l'Unicef est un bon premier exemple de ce paradoxe: cette précision dans tous les détails rend le site compliqué et difficile à suivre et à comprendre, mais en même temps réunis toutes les informations nécessaires à une bonne compréhension de l'ensemble, c’est une bonne source de recherches et d’informations. La rubrique « la voix des jeunes » est exclusivement pour les enfants. Les enfants peuvent faire des jeux, s’informer de leur droit, etc., mais les enfants qui ont plus besoin de ce genre d’information sont ceux qui n’ont pas accès à ce genre de service, qui n'ont ni ordinateurs, ni internet. La deuxième analyse, qui consistait à étudier des documents publiés par l'Unicef nous révélant une grande inégalité selon les sexes en ce qui concerne l'éducation. Il est très important pour l’Unicef que les filles soient scolarisées, ceci a été clairement montré tout le long de cette analyse. L’Unicef nous donne plusieurs raisons et même utilise sur son site internet des témoignages des filles pour attirer l’attention des lecteurs. Ce thème est très vaste et complexe puisque l’Unicef veut fortement démontrer une vision occidentale en parlant des pays qui ont des visions différentes. Avec le document du SIDA par exemple l’Unicef approfondit ses objectifs pour une meilleure éducation des filles. L’Unicef démontre même que ce sont les filles les victimes de cette maladie et c'est avec l’enseignement et la scolarité qu'elles peuvent se protéger. Mais le problème persiste, puisque pour la plupart des filles, habitant dans les pays en voie de développement, ont des rapports sexuels forcés et même la scolarité ne suffit pas à ce qu'elle puisse être protégées. La troisième analyse nous ouvre les yeux sur le lien entre le travail est la réussite scolaire des enfants. Dans cette partie l’Unicef est très claire que c'est un choix pour les enfants de travailler, mais cela ne doit pas être obligatoire. Le travail, mais avec des limites, est acceptable lorsque les enfants peuvent combiner les deux activités. Le travail est bon seulement s'il permet aux enfants d’avoir une éducation, le temps de jouer et le temps d’approfondir leurs connaissances. Donc un 42 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy maximum de dix heures de travail par semaine est bien vu par l’organisation. Ici nous voyons aussi la différence entre "work" et "labor" mise en évidence par l’Unicef et qui donne une connotation positive au "work" et une connotation négative au "labor". L'Unicef, face au problème de l'éducation, nous donne une impression de grandeur et de connaissances des problèmes, mais a de la peine au final à faire passer ses idées et ses solutions de manière pratique sur le terrain. La vision des enfants a changé en peu de temps comme nous avons vu dans le cours, les enfants sont de nos jours considérés comme le Futur. L'avenir est au moins protégé par cette organisation internationale appelée Unicef qui essaye de faire de son mieux, malgré la complexité de chaque société. Sachant cela, les ONG ne peuvent pas créer un modèle unique applicable à toutes les sociétés à travers le monde. 43 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy 4. Bibliographie - Boyden J. (1990), Childhood and the policy makers : A comparative perspective on the globalization of childhood, (pp. 190-229), in. A. Prout & A. James, ibid. - Burr V. (1995), An Introduction to Social Constructionism, (introduction), Londres, New York, éd. Routledge. - Prout A. & James A. (1990), Constructing and reconstructing childhood. Contemporary issues in the sociological study of childhood, (preface, introduction), Londres, New York, Philadelphie, éd. The Falmer Press. 5. Annexe Droits de l’enfant Article 2 : la non-discrimination Article 3 : intérêt supérieur de l’enfant Article 6 : droit à la vie Article 13 : liberté d’expression et d’information Article 14 : liberté de pensée, de conscience, et de religion Article 19 : prévention de toute type d’abus Article 24 : santé de l’enfant Article 31 : repos et loisirs Article 32 : protection contre l’exploitation économique 44 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Tableau 1 : Ghana: Participation in School & Work (per cent) Age in years: Sex: 7-9 10-14 15-19 Girls Boys Girls Boys Girls Boys 62.4 78.0 74.4 81.4 39.9 55.1 1. Non-agricultural employment 0.0 0.0 0.4 0.2 1.1 1.5 2. Agricultural employment 0.0 0.1 0.1 0.3 0.4 0.2 3. Total non-household employment 0.0 0.1 0.4 0.5 1.5 1.7 4. Work in household enterprise 1.6 1.0 5.1 2.7 15.4 7.3 5. Work on household farm 15.8 19.9 28.3 35.6 35.4 44.6 6. Housework 82.8 76.8 96.2 89.8 94.2 85.3 7. Total household work 83.4 78.5 96.5 93.5 95.9 94 School attendance 45 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Tableau 2 : Pakistan: Participation in School & Work (per cent) Age in years: Sex: 5-9 10-14 15-19 Girls Boys Girls Boys Girls Boys 31.0 30.6 72.9 11.5 41.5 0.1 0.6 0.1 0.5 11.1 2.6 13.0 5.6 0.6 3.5 1.5 17.9 4. Total non-household employment 11.9 6.2 14.4 22.7 5. Work on household farm 30.0 22.1 35.5 33.4 6. Work in household enterprise 1.6 2.3 2.2 8.8 7. Home work for sales 1.4 3.5 8. Housework 99.4 97.8 9. Total household work 99.5 School attendance 53.3 1. Permanent agricultural employment 2. Seasonal agricultural employment 3. Non-agricultural employment 46 23.5 98.2 40.0 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Tableau 3 : Work and School for Slum Children in Bangladesh Age in years: 8-11 12-16 Sex: Girls Boys Girls Boys Only work 13.4% 16.2% 55.3% 56.3% Work and school 1.8% 6.6% 1.4% 6.4% Only school 61.2% 54.8% 20.0% 24.7% Neither 23.6% 22.4% 23.3% 12.6% 47 Séminaire "L'enfant travailleur – Analyse de l'Unicef" Arias Marta, Delaloye Romaine et Torres Sandy Tableau 4 : Work and School Attendance Number % % Only Work % Only % Work School and School Neither Age 9 211 6.2 67.3 16.6 10.0 10 217 7.4 57.1 24.4 11.0 11 161 10.6 48.4 31.7 9.1 12 234 15.0 42.3 36.8 6.0 13 169 21.9 37.9 33.1 7.1 14 189 20.6 38.1 37.6 3.7 15 197 25.3 32.5 36.0 6.1 16 169 28.4 26.6 37.9 7.1 17 120 36.7 23.3 30.8 9.2 18 131 42.0 17.6 29.8 10.7 Male 961 17.2 42.2 36.1 4.5 Female 837 22.6 39.8 25.8 11.8 1798 19.7 31.3 7.9 Sex Total 41.1 48