Les patrons très dubitatifs sur le crédit d`impôt

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Les patrons très dubitatifs sur le crédit d`impôt
Les patrons très dubitatifs sur le crédit d'impôt
MARIE BELLAN - LES ECHOS | LE 13/01/2014
Les dirigeants de grosses PME et de grands groupes jugent sévèrement
les dispositions fiscales du budget 2014.
Le « ras-le-bol fiscal » n'est pas forcément celui
que l'on croit. Si les chefs d'entreprise jugent
sévèrement les mesures fiscales de la dernière
loi de Finances, ils se disent aussi prêts à payer
plus d'impôts, au niveau de leur entreprise mais
aussi personnellement dans les deux
prochaines années, si cela peut permettre de
sortir le pays de la crise. Ce résultat étonnant
provient d'un sondage réalisé auprès de 210
chefs d'entreprise ou directeurs financiers de
grosses PME et de grands groupes par l'institut
MRC&C pour le cabinet de commissaire aux
comptes Denjean. Pas moins de 57 % d'entre
eux se disent prêts à acquitter davantage de
taxes sur leur entreprise et 54 % au niveau
personnel. « Cela ne doit pas être interprété
pour autant par le gouvernement comme une
porte ouverte à de nouvelles ponctions fiscales
», prévient Thierry Denjean, fondateur du
cabinet. Deux éléments conditionnent en effet
cette réponse. Premièrement que le
gouvernement mette en place un système
fiscal, qui soit plus stable, plus compréhensible
et qui rémunère mieux le risque. Deuxièmement que cela permette à la France d'être
sortie de la crise en 2016, pour baisser alors les prélèvements. « Le ras-le-bol se
concentre plus sur le manque de stratégie fiscale pour les années à venir que sur le
niveau des prélèvements », détaille Thierry Denjean.
La taxe à 75 % rejetée
Les mesures fiscales prises jusqu'à présent par le gouvernement sont jugées très
sévèrement. C'est le cas de la taxe à 75 %, qui ne concerne que 9 % des entreprises
du panel, mais se trouve rejetée à 77 %. Plus étonnant, 52 % des patrons interrogés
n'attendent rien du crédit d'impôt pour la compétitivité et pour l'emploi (Cice) pour
l'exercice 2013. Soit que le gain attendu de cette mesure dans les comptes annuels
de 2013 soit nul (38 %), soit que la direction financière de l'entreprise ne se soit
même pas donné la peine de le calculer (14 %). Ce désintérêt peut s'expliquer par le
fait que ces entreprises ont une large partie de leurs salaires au-dessus du seuil de
2,5 SMIC fixé par la loi pour pouvoir bénéficier du Cice. Seuls 8 % des décideurs
financiers comptent tirer du Cice un gain significatif, représentant de 3 % à 4 % de la
masse salariale globale de leur entreprise. L'avance de trésorerie pour l'année 2013
intéresse, il est vrai, davantage les TPE et PME que les grands groupes. 86 % du
panel du sondage n'a ainsi pas fait de demande de préfinancement et, sur ce
nombre, 38 % expliquent qu'il n'ont pas besoin de cette trésorerie supplémentaire.