Gustav Klimt (1862-1918) Par Dominique Dupuis

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Gustav Klimt (1862-1918) Par Dominique Dupuis
 Gustav Klimt (1862-1918) Par Dominique Dupuis-Labbé
Klimt s’inscrit dans ce courant dit historicisme, c’est à dire une peinture académique, un peu datée, trouvant ses
influences dans le baroque de Rubens (allégorie, emblème de la peinture du grand genre) et qui plait à l’aristocratie et la
haute bourgeoisie. Hans MAKART-Le Triomphe d'Ariane-1873-Belvédèr). La Fable-1883-HM, Vienne (illustration des
fable de la Fontaine).
Mais tout change en 1884 à la mort de Makart. Avec son frère Ernst et Franz Matsch, ils obtiennent la décoration des 10
plafonds des 2 escaliers du Burgtheater grâce à leur professeur aux arts déco, Landberger. Il a ainsi un début de carrière
fait d'une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales où
style et thématique correspondent à l’exigence officielle.
Gustav KLIMT-Le Théâtre de Taormina-1886-1888-tableau central du plafond de la cage d'escalier gauche du
Burgtheater Vienne Il reçoit des commandes officielles, comme la commande des pendentifs du grand escalier du
Kunsthistorisches Museum et crée des décors riches aux figures douces. Il répond à des offres privées comme les
peintures pour le palais du mécène Nikolaus Dumba (1898-1899). Le salon de musique est pour Klimt une occasion de
changer de style. C’est le moment de la construction du Pavillon de la Sécession. Son style devient plus mousseux. (cf
cours précédent) Il réalise les panneaux du grand hall de l’Université de Vienne. Les décors font alors scandale, il
remboursera d’ailleurs le montant de sa commande par l’intermédiaire d’un grand mécène. Le décor est loin de
l’académisme. La critique violente de la presse l’accuse d'outrager l'enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse. On
lui reproche ses peintures trop érotiques. Il faut noter que Klimt fait partie d’un cercle intellectuel, il fréquente Freud, lit
Nietzche, Schopenhauer… C’est la période de la frise Beethoven.
Klimt et le portrait
La quasi-totalité des portraits qu’il réalise sont ceux des épouses, filles de ses grands mécènes. Il met en place un principe
d’encadrement qui appartient au portrait, lui même saisissant et portrait d’une étrange symbolique. La qualité quasi
photographie du visage va très loin, cela donne une apparition inquiétante. Les femmes ne sont pas encore fatales,
menaçantes, castratrices, mais déjà un sentiment dérangeant se met en place, il est déjà dans l’investigation
psychologique.
Portrait de Joseph Pembauer-1890-TirolerLLandes museum, Innsbruck
Amour-1895-HM, Vienne ce thème nouveau des 3 âges de la vie met en scène la femme flottant dans la lumière et
l’homme dans l’ombre. Le cadre tient lieu d’architecture. Il y a là quelque chose de l’allégorie, du symbolisme avec une
trace de romantisme.
Pallas Athéné-1898-75x75-Wien museum c’est l’incarnation de la Sécession. Avec le portrait d’une figure victorieuse,
victoire e la peinture moderne. Elle sera utilisée comme affiche pour la 2ème exposition de la Sécession, lors de
l'inauguration de l'édifice de Joseph M. Olbrich. Sous un mode ironique, il détourne la représentation traditionnelle du
sujet en montrant sous le visage de la déesse aux traits d'une femme fatale, une gorgone tirant la langue. On retrouvera la
Nuda Veritas, petite figure de Nike, personnification de la Victoire
Nuda veritas-1899-252x56, 2-Theatersammlung der National Bibliotek, Vienne le personnage tend au spectateur le
miroir de la vérité, à ses pieds, le serpent, un puissant symbole sexuel. L'inscription placée en haut est une citation du
poète et dramaturge allemand Friedrich von Schiller: « Si tu ne peux plaire à tous par tes actes et ton art, plais à peu.
Plaire à beaucoup est mal. »
Judith I-1901-84x42-Osterreichische Galerie, Vienne éclatante et dans une pose très sensuelle. Apparaissent dans son
œuvre ces femmes fatales et dangereuses.
Judith II(Pallas)-1909-84x42-Osterreischische Museum, Vienne Judith est la femme vertueuse qui, après avoir séduit
Holopherne chef de Assyriens, lui coupe la tête ce qui contribue ainsi à la victoire des Israélites sur les Assyriens. Elle
symbolise la force de la femme moderne (comme Salomé) sur les hommes, usant de charmes et de ruse. La courbe de la
femme renvoie à la sensualité. Judith donne l'impression de crisper de plaisir ses doigts sur les cheveux d'Holopherne.
Dame avec chapeau et boa de plume-1909-69x55-Osterreichische Galerie, Vienne ce sont des cocottes, à côté de la
brune dangereuse, voici la rousse. En 1910, le décor doré, riche voire étouffant disparaît au profit des blancs et du dessin
sec (influence de Schiele?)
Portrait de Serena Lederer-1899-188x83-Met, NY a quelque chose de virginal.
ORA BRANDA-Emilie Flöge-1902 sa compagne, celle qui lui invente ses robes d’intérieur. C’est la couturière de la
grande société.
Portrait d'Emilie Flöge-1902-181x84-Historiches Museum la robe a certainement existé, mais E Flöge détestait ce
tableau qu’il vendra au KHV.
Portrait de Marie Hennenberg-1901-1902 tout l’attention est portée au visage, la robe est vaporeuse. Il a la volonté
d’aller au plus près.
Portrait de Margaret Stonborough-Wittgenstein-1905-180x90, 5-Munich commandé lors de son mariage, dans un style
art nouveau. Il a un goût pour ces grandes robes blanches, des brunes aux sourcils marqués, hiératiques qui affichent une
sérénité distante, voire passive. Mais il faut remarqué l’attention portée aux mains, crispées.
James Abott McNeil WHISTLER-Symphonie en blanc n°2-La Petite fille blanche-1864-76x51-Londres, Tate Britain
Il peint 26 portraits de la femme de la Société enter 1883 et 1918, comme un rêve ravissant et lumineux (comme
Whistler, Khnopff).
Portrait de Frieda Riedler-1906-153x133-Osterreichische Galerie assise, dans un décor d’yeux quasi pré-surréaliste. Elle
est coiffée comme une infante de Velázquez, dont il a vu l’œuvre.
Portrait d'Adèle Bloch-Bauer I-1907-138x138-Neue Galerie, NY Un des sommets de la période dorée. Elle semble
plongée dans l’or aux motifs d’yeux. Ses qualités d’observateur psychologique, son acuité à déceler les frustrations de ces
femmes sont sensibles.
Portrait d'Adèle Bloch-Bauer II-1912-190x120-Osterreichische Galerie, Vienne sur un décor de fleur riche, elle
apparaît comme une petite fille. Frontale. Elle semble libérée.
Portrait de Mäda Primavesi-v.1912-150x110, 5-Met, NY une enfant fleur, la jeunesse est arrogante, plus forte.
Portrait d'Eugénie Primavesi-1913-1914-140x84-CP le décor est très présent. Fille et femme du grand banquier, Klimt
fréquente la haute société, large d’esprit. Le modèle finit par être absorbé par le décor japonisant. Motif du vêtement et
décor résonnent à l’identique. Seul le visage émerge.
KLIMT-portrait de Johanna Staude-1917-1918-70x50-Osterreichische Galerie, Vienne inachevé ? il modélise le décor,
le fond redevient indéterminé, les vêtements et visage sont valorisés.
Les paysages
Il existe deux cycles de paysages. Il exécute une série de paysages, comme des mosaïques byzantines. Les minuscules
taches de couleurs ne sont pas néo-impressionnistes, mais réellement des tesselles. Il éprouve un grand goût pour la
nature.
Le Poirier-1903-101x101-The Busch-Reisinger Museum, Harvard University, Cambridge
Le Jardin fleuri-1905-1906-110x110-Narodni Galerie, Prague
ANONYME-Gustave Klimt dans son jardin dans une robe de E Flöge)
Il passe chaque été dans la famille de sa compagne. Ces paysages sont plus d’ordre symbolistes (comme Khnopff ou de
Gouve de Nuncques) dérive de la connaissance des mosaïques
Le Château Kammer-Attersee III-1910-110x110-Osterreichische Galerie, Vienne le motif dérive de la connaissance des
mosaïques et des tissus d’E Flöge
Allée dans le parc du château Kammer-1912- il connaît aussi la peinture de van Gogh, avec ces torsions.
Maison forestière à Weissenbach sur l'Attersee-1912-110x110-CP la prolifération décorative appartient à un ailleurs.
La thématique du cycle de la vie
Le destin de l’homme est un thème récurrent. Ce sont ses « portraits philosophiques »
Les trois âges de la vie-1905-Galerie nationale d'art moderne, Rome De l’enfance à la vieillesse, de la vie in utero à la
mort.
L ‘Espoir I-1903-189x67-Galerie nationale du Canada, Ottawa une femme enceinte va donner la vie, la mort attend son
heure
L ‘Espoir II-1907-1908-110x110-MoMA, NY représentation tête bêche, entremêlée des moment s de l’homme.
Le Baiser-1907-1908-180x180-Osterreichische Galerie, Vienne l’amour, le couple, dans un merveilleux manteau d’or
(feuilles d’or)
Danaé-1907-1908-77x83-CP la matérialisation du rapt de Danaé en rousse audacieuse, une métaphore du rapport
sexuel.
La jeune fille-1913-190x200-Narodni Galerie, Prague il représente les modifications de la jeune fille à la puberté, et ses
devenirs.
La vie et la mort-1916-178x198-CP, Vienne (2) il faut vivre sans avoir conscience de la mort, fermer les yeux pour jouir
de la vie.
Adam et Eve-1917-1918-173x60-Osterreichische Galerie, Vienne la vision s’apaise. Elle a un vrai corps de femme (aussi
scandaleuse que l’Olympia de Manet). L’homme se repose sur la femme, qui mène la danse de la vie..
ANONYME-Atelier de Klimt il meurt le 6 février 1918 à Vienne d'une attaque d'apoplexie, laissant inachevé quelques
toiles qui permettent de comprendre sa façon. Il commençait par l’élément décoratif. Il peignait les figures nues avant de
les habiller, donnant une très grande matérialité à ces personnages, une épaisseur charnelle.
L'Epousée-1917-1918-166x190-CP