RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION

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RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
RECUEIL
DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes
Juin 2014 n Septembre 2016
S O M M A I R E
Extraits du message de son Excellence le Président de la République Abdelaziz Bouteflika
à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse (Alger, 3 mai 2015) .................................................................... 7
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Extraits des déclarations du Ministre de la Communication M. Hamid Grine
(Radio chaine III - 21 mai 2014) (Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger 19 février 2015) .....................................................................................................................................11
n
n
RACHID ARHAB / «Ethique et déontologie» .............................................................................................................................................. 15
n
PIERRE PÉAN / «Le journalisme d’investigation» ................................................................................................................................... 19
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MOHAMED RIDHA NADJAR / «La déontologie du journaliste à l’épreuve du scoop et du sensationnel»............ 23
JEAN-JACQUES JESPERS / «L’autorégulation, une réponse prometteuse aux défis actuels
du journalisme ?» .............................................................................................................................................................................................................. 37
n
BOUZIANE BENACHOUR / «Le journalisme de proximité. Quelques principes de terrain et un ensemble
de principes de pratiques moraux sur lesquels il ne faut pas transiger»........................................................................................... 41
n
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ABDESLAM BENZAOUI / «Géopolitique des médias : L’Algérie et les enjeux internationaux» .................................. 47
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ABDERRAHMANE AZZI / «Les nouvelles tendances de l’éthique et les lois de l’information».................................... 63
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DANIEL CORNU / «Ethique, déontologie et pratique du journalisme au temps de l’internet» ....................................... 67
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AHMED ABDELLI / «Liberté d’expression des médias : connotation historique et philosophique» .......................... 83
LEILA FILALI / «Manifestations des valeurs démocratiques : liberté d’opinion et d’expression dans la législation
algérienne sur l’information» ....................................................................................................................................................................................... 87
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BASSIM TWEISSI / «Le professionnalisme et la crédibilité dans les médias arabes» ...................................................... 91
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DOMINIQUE VON BURG / «La déontologie garante d’un journalisme crédible» ................................................................. 95
AHMED ESSAYED ENNADJAR / «Les considérations professionnelles et éthiques dans le journalisme :
une nécessité pour la modernisation et le développement» ................................................................................................................ 107
n
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SADOK HAMMAMI / «Le journalisme à l’ère des médias sociaux» ........................................................................................... 111
RICARDO GUTIERREZ / «Ethique et déontologie du journalisme : la responsabilité sociale du journaliste
et des médias» ................................................................................................................................................................................................................. 115
n
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MOHAMED KIRAT / «Ethique et déontologie du journalisme: défis et enjeux» .................................................................. 119
FATMA BENSAAD DUSSEAUT / «Le journalisme au défi des mutations technologiques :
quelle place pour l’éthique ?» .................................................................................................................................................................................. 123
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n
CHADLI BOUFAROUA / «La radio dans le futur» ................................................................................................................................. 133
PAULE BEAUGRAND-CHAMPAGNE / «Le conseil de presse du Québec :
40 ans de déontologie appliquée» ........................................................................................................................................................................ 137
n
n
LARBI TIMIZAR / «La formation continue, clé de la professionnalisation éthique des journalistes» ..................... 141
ANDRE VITALIS / «La révolution numérique en question : ce que nous apprennent cinquante ans
d’informatisation sociale» ........................................................................................................................................................................................... 145
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NICOLAS BECQUET / «Le boom du web mobile, une chance pour les journalistes»..................................................... 149
Extraits du Message
de son excellence le Président de la République,
Monsieur Abdelaziz Bouteflika
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse
(Alger, Dimanche 3 mai 2015)
Notre société a plus que jamais besoin, aujourd’hui, de parachever
l’œuvre de modernisation du système d’Information et de communication pour permettre aux médias d’assumer pleinement le rôle qui leur incombe
dans la transmission d’une information authentique et crédible à travers une analyse objective des faits de sorte que le citoyen puisse entrevoir les progrès de la
société et appréhender les mutations survenues dans son environnement régional et international et les enjeux décisifs qui en découlent.
Nos efforts d’encadrement de l’acte de presse doivent être sous-tendus
par l’engagement réel des professionnels du secteur de créer des entreprises pérennes, en investissant dans la ressource humaine et en contribuant
par leurs productions, à l’enrichissement des connaissances et au rayonnement
culturel, dans l’indépendance la plus totale.
Un tel projet peut assurément prendre forme à travers l’encouragement des compétences en intégrant le potentiel jeunesse et en privilégiant la formation et la
spécialisation dans un contexte international concurrentiel où il n’y a pas de place
à l’improvisation.
Des extraits du Message de son excellence
le Président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika
A l’occasion de la Journée Mondiale de la liberté de la Presse, 03 mai 2015.
Extraits des Déclarations du Ministre
de la Communication M. Hamid Grine
(Radio chaine III - 21 mai 2014)
n (Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger / 19 février 2015)
n
... Ma feuille de route est simple et claire. Je l’ai déjà dit. Elle se résume
en un point, à savoir : suivre les orientations du Président de la République contenues dans son message du 3 mai dernier adressé à la presse. Ces
orientations se résument en un mot : professionnaliser la presse nationale.
… pas de distinction entre la presse publique et privée, mettant en avant qu’il n’y
a qu’une seule presse : elle est nationale et professionnelle.
… l’Algérie n’a pas assez communiqué sur sa stabilité, qui est un atout extraordinaire … nous n’avons pas communiqué, assez, sur la richesse et la diversité
de la presse algérienne. C’est la presse la plus libre dans le monde arabe et en
Afrique, avec l’Afrique du sud.
... il importe d’accorder davantage d’intérêt à la formation continue du journaliste
en Algérie, notamment dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux.
... le projet de professionnalisation de la presse que mon département envisageait de concrétiser conformément aux nouveaux défis dictés par la géopolitique
des médias s’articule autour de la formation continue et régulière des journalistes
des secteurs public et privé
... J’ai perçu lors de mes sorties dans 29 wilayas du pays un désir d’apprentissage
et de spécialisation chez les professionnels qui demandent à chaque fois à la
tutelle d’organiser des cycles de formation afin d’améliorer leurs compétences et
de les doter des nouvelles technologies de l’information et de la communication
dans le contexte des développements des médias internationaux
... Ces sessions sont organisées dans le cadre des principes de bonne gouvernance du processus d’information et de communication au niveau local.
Extraits des Déclarations du Ministre de la Communication, M. Hamid Grine
n
n (Radio chaine III - 21 mai 2014)
(Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger, 19 février 2015)
RACHID ARHAB
L’éthique et la déontologie
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger / 12 juin 2014
Rachid Arhab, né le 26 juin 1955 à
Larbaâ Nath Irathen en Algérie, est un
journaliste franco-algérien. Diplômé du
centre universitaire d’enseignement du
journalisme (Cuej) de l’université de
Strasbourg, il devient journaliste à FR3
en 1977.
En 1985, il rejoint le service Politique intérieure d’Antenne 2, dont il devient le chef de service
en 1990.
En octobre 1997, il est nommé rédacteur en chef adjoint du journal de France 2. De septembre 1998 à septembre 2000, il assure la présentation du journal de 13
heures de France 2 en duo avec Carole Gaessler.
À partir de 2000, il anime sur France 2 l’émission «J’ai
rendez-vous avec vous», dont il est également le
concepteur. Rachid Arhab a présenté l’émission quotidienne «Ecomatin» sur France 5 et, deux ans plus tard,
l’émission «Dans la lumière» sur France 2.
De 2007 à 2013, il est nommé membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Il obtient le Sept d’or du meilleur présentateur de journal télévisé en 2000.
Pour la promotion de Pâques 2006, Rachid Arhab est
promu au grade de Chevalier de la Légion d’honneur.
Ouvrages
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Pourquoi on ne vous voit plus, Michel Lafon, 2015.
Quatre nuances de France, Salvator, sortie le
21/01/16, avec Xavier Driencourt, Nacer Safer et Karim Bouhassoun.
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L’ÉTHIQUE ET LA DÉONTOLOGIE
E
voquant l’historique de la création des instances
de régulation de l’autre côté de la méditerranée,
Rachid Arhab a souligné que le chemin a été
très long, en expliquant que le processus de création
d’une autorité de régulation a été, en fait, déclenché
en 1981, à la fin du monopole de l’Etat sur l’audiovisuel. Ces différentes instances ont vu leurs compétences précisées au fur et à mesure par le législateur,
au gré des alternances politiques.
S’attardant sur le statut du CSA, Rachid Arhab a signalé que jusqu’à une date récente, le Conseil supérieur de l’audiovisuel était une autorité indépendante.
Rachid Arhab a estimé nécessaire la mise en place
d’une autorité de régulation en Algérie «je pense qu’il
faut mettre en place une autorité de régulation.
4l’éthique est une somme
de valeurs personnelles
et elle se forge au gré
de l’expérience.
4Une réflexion entre
les pays sur l’utilisation
des moyens de diffusion
de l’information par
internet, est suggérée.
4On doit défendre notre
identité par l’audiovisuel.
Rachid Arhab a affirmé que si celle-ci est bien structurée et organisée, elle va assurer la liberté au journaliste.
Il a ajouté «je suis venu pour témoigner sur les points communs qu’on peut partager pour
préserver la crédibilité du journaliste lu par le public. Il est aussi question de trouver les
méthodes de travail du journaliste professionnel». Il s’agit de la nécessité de respecter la
déontologie professionnelle en tant que condition essentielle à la garantie «la pérennité
humaine».
Rachid Arhab a noté qu’en France la question est gérée par la loi, en soulignant que
l’éthique n’est pas une question de textes seulement, mais de comportement et de
conduite de journaliste.
Il a affirmé que l’éthique est une somme de valeurs personnelles et elle se forge au gré
de l’expérience.
Rachid Arhab a ajouté que le vrai journaliste est celui qui est toujours à la recherche de
l’information sur le lieu ou elle se déroule et non pas sur le desk.
Il a souligné que la clause de conscience «fait partie des dispositions de déontologie.
C’est un élément défensif, plutôt constructif», utilisé par les journalistes qui s’ajoutent à
la lutte dans le cadre des syndicats et de différentes commissions régissant le secteur.
En plus d’introduire la notion du «droit à l’oubli», en cours de maturation, Rachid Arhab a
suggéré le lancement d’une réflexion entre les pays sur l’utilisation des moyens de diffusion de l’information par internet (réseaux sociaux, blogs et autres) estimant que «si on ne
défend pas notre identité par l’audiovisuel, nous allons nous retrouver obligés à tirer nos
informations et nos photos sur Google».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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PIERRE PÉAN
Le journalisme d’investigation
Palais de la culture Moufdi Zakaria - Alger
26 juin 2014
Pierre Péan, né dans la Sarthe le 5 mars
1938, est un journaliste d’investigation français, à étudié le droit, section sciences économiques, à Angers.
Après 1968, il devient journaliste, tout
d’abord pour l’Agence France-Presse, puis
pour l’hebdomadaire généraliste L’Express
en 1970 et enfin pour l’hebdomadaire économique Le Nouvel Économiste.
Il traite alors plus particulièrement les questions concernant l’énergie, révélée en octobre 1979 par l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné.
Il obtient son premier grand succès éditorial avec Affaires
africaines où il dénonce les réseaux mis en place par
Jacques Foccart.
Depuis 1979, il intervient dans différents journaux (Libération, Actuel, Le Canard enchaîné) en tant que pigiste
extérieur, en choisissant ses sujets, et publie au rythme
d’environ un livre par an.
Pierre Péan a publié une vingtaine d’ouvrages depuis
1975. Certains ont été des succès, comme TF1, un
pouvoir, écrit en collaboration avec Christophe Nick, ou
l’Argent noir ou encore Une jeunesse française – François
Mitterrand, 1934-1947.
Et d’autres ouvrages, à savoir :
1975 : Réédition revue et augmentée, sous le titre
«Pétrole, la troisième guerre mondiale».
n
1990 : L’Homme de l’ombre : éléments d’enquête autour
de Jacques Foccart, l’homme le plus mystérieux et le plus
puissant de la Ve République.
n
1994 : Une jeunesse française : François Mitterrand,
1934-1947.
n
n
2005 : Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda.
2009 : Le Monde selon K., une biographie critique de
Bernard Kouchner.
n
2013 : Kosovo : Une guerre «juste» pour un État mafieux.
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2015 : Jean Moulin, l’ultime mystère, avec Laurent
Ducastel.
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LE JOURNALISME D’INVESTIGATION
P
ierre Péan a tenu à préciser que «le journaliste d’investigation est un citoyen tenu par
une éthique», en notant que le professionnel
de la presse est «avant tout, un citoyen». Ce professionnel est tenu par la limite de «l’éthique» et de la
«conscience».
Pierre Péan a ajouté : «il m’est arrivé d’avoir des
scoops et que j’ai décidé de ne pas publier par souci d’éthique aux motifs par exemple, de présomption
d’innocence des mis en cause ou de risques physiques que cette publication pouvait entraîner pour
eux».
La non diffusion d’une enquête peut être justifiée
quand le journaliste et auteur à succès évoque «les
secrets de l’Etat», notant qu’il «croit que toute institution a droit au secret à condition que cela ne soit pas
motivé par des magouilles.
Répliquant à une récurrente inquiétude des journalistes, à savoir les risques de manipulation, Pierre
Péan a estimé qu’il appartient à l’auteur de l’article
d’accepter ou pas «d’être manipulé», considérant que
cela fait partie des «risques de métier».
4Le journaliste professionnel est tenu par la
limite de l’éthique et de la
conscience.
4Il m’est arrivé d’avoir
des scoops et que j’ai décidé de ne pas publier par
souci d’éthique.
4La non diffusion d’une
enquête peut être justifier
quand le journaliste
et auteur à succès évoque
«les secrets de l’Etat».
4«Je croit que toute institution à droit au secret à
condition que cela ne soit
pas motivé par des
magouilles.»
Affichant sa réticence quant à la nouvelle forme du
journalisme telle qu’exercée par Edward Snowden,
auteur de fuites sur des documents américains de surveillance sur internet, Pierre Péan
a remis en cause «la notoriété» dont jouit l’ex-agent de l’Agence américaine de sécurité
NASA.
Pierre Péan a reconnu s’être adapté tardivement aux nouvelles technologies qui ouvrent
la voie à une plus grande manipulation.
Pierre Péan a estimé que la collaboration entre l’homme des médias et les services de
sécurité s’évalue selon le cas dès lors qu’elle se fait dans un cadre «propre», arguant du
fait que ces contacts peuvent avoir «une bonne information à rendre publique».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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MOHAMED RIDHA NADJAR
La déontologie des médias
à l’épreuve du scoop et du buzz
Théâtre régional «Abdelkader Alloula» - Oran
20 octobre 2014
Mohamed Ridha Nadjar, né le 9 février
1946 à Gabès en Tunisie.
Doctorat de 3ème Cycle (Sociologie, Télévision), Université René- Descartes, Paris
V, juin 1978.
n
Directeur Général du Centre Africain
de Perfectionnement des Journalistes et
Communicateurs de Tunis (CAPJC), entre
septembre 1983 et janvier 2007.
n
Expert - Consultant auprès de l’ASBU, l’UNESCO, de
l’ALECSO, de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
n
Membre Fondateur de l’ATUCOM (Association Tunisienne de Communication).
n
Fondateur et General Manager du Bureau de conseil
en médias NADJAR MEDIA CONSULTING (NMC),
Tunis.
n
Parmi ses ouvrages
TIC et médias au Maghreb (avec J. NAJI), UNESCO,
en 2005.
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LA DÉONTOLOGIE DES MÉDIAS
À L’ÉPREUVE DU SCOOP ET DU BUZZ
INTRODUCTION
Parler de déontologie professionnelle aujourd’hui, à l’heure où la communication a noyé l’information et où l’Internet et les réseaux sociaux
ont fait exploser le temps et l’espace, démultiplié les sources et fait susciter des vocations de journaliste citoyen et de blogueur militant, apparaît comme une nostalgique et vaine tentative de restituer ses lettres de
noblesse à un métier en pleine crise d’identité, de doute et de crédibilité,
dévoyé qu’il est par l’argent, la politique, la publicité et les relations publiques (PR), la sauvagerie de la concurrence et la course effrénée au
scoop et à l’information - spectacle («infotainment»).
Rappeler aujourd’hui aux jeunes qui n’ont pas été formés - ou mal formés - certaines règles «de base» du métier vous met dans la posture de
«dinosaures» dépassés par l’époque ou celle de «vieilles filles» effarouchées par les nouvelles mœurs de plagiat éhonté, de non vérification de
l’information et de croisement des sources, d’injure et de diffamation, de
non respect du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence
ainsi que de la vie privée... Sans parler de l’inconsciente et irresponsable
offre de tribunes aux défenseurs du terrorisme, sous couvert de liberté
d’information et de respect du pluralisme.
En un mot, parler, aujourd’hui, de déontologie professionnelle des journalistes et des médias paraît comme une bataille d’arrière garde sans
espoir de retour aux véritables règles professionnelles.
J’insiste sur la distinction entre «déontologie des journalistes», pour
parler de la corporation, et «déontologie des médias», comme entreprises, pour mieux mettre en évidence le fait que les organes d’information eux-mêmes, quelle que soit leur plate-forme technique, devraient
avoir leur propre charte déontologique interne. Les deux sont distinctes,
mais complémentaires car il serait vain que les journalistes s’engagent
à respecter une charte déontologique quelconque alors que leurs employeurs, de leur côté, n’acceptent pas un socle commun minimal en la
matière.
Mais quelles sont-elles ces règles déontologiques, qui les a édictées et
qui peut prétendre veiller à leur respect ?
Tout d’abord, fixons les concepts: Morale, Ethique, Déontologie.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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CONCEPTS
4Les réseaux sociaux sont
devenus indispensables,
incontournables, à la fois
comme source de veille
et source d’informations
de proximité et comme
relais de diffusion
et d’interactivité avec
les lecteurs, auditeurs
et téléspectateurs.
4La déontologie est
le combat permanent
et l’immense terrain à
conquérir ou à reconquérir
par le seul combat pour
une production professionnelle, soucieuse de
servir plutôt que de se
servir, respectueuse de son
lectorat et de son public et
d’elle-même.
Trois substantifs reviennent pour exprimer
ce champ : Morale, éthique, Déontologie.
Voisins, mais pas tout à fait synonymes, alors qu’ils
sont souvent indifféremment utilisés, y compris par
les professionnels.
n Le concept de «Morale» (du latin «moralis» de
«mores», les mœurs) concerne les règles de
conduite pratiquées et admises par une société donnée. Le concept charrie une large charge du champ
religieux dans le sens qui distingue les valeurs du
«bien» du «mal», qui définit ce que la religion dicte
comme devoirs, connue actions à faire ou à bannir
pour être un bon croyant. Il en est ainsi des trois religions du Livre. Les philosophes des Lumières du
XVIIIe siècle, dans leur vision humaniste, en ont fait
une «morale» universelle, applicable en tous lieux et
en tous temps. Ce qui est, évidemment, parfaitement
utopique.
n «L’éthique» (du bas latin «ethica», du grec
«éthiké, éthikos», de «éthos» mœurs) est plutôt, la
partie de la philosophie qui envisage les fondements
de la morale. Contrairement à la «morale», elle est
particulière et non universelle. Dans un sens plus
commun, l’éthique est l’ensemble de principes moraux qui dictent la conduite de quelqu’un. Le concept
reste, donc, chargé dune dimension morale au sens
du premier concept (comme dans le mot «bioéthique»).
n La Déontologie (du grec «deon», «ontos», devoir et «flogie», discours, doctrine), représente
plutôt l’ensemble des valeurs et les devoirs que se
dicte à elle-même une profession particulière. Curieusement, le mot, dans ce sens, a été réimporté de
l’anglais alors que les anglo-saxons ont préféré, eux,
adopter le mot de «ethic», plus proche de la morale.
Pour trancher le débat, la distinction entre «éthique»
et «déontologie» est bien marquée par Daniel Cornu
dans son ouvrage «Journalisme et vérité, pour une
éthique de l’information».
Citation : «Alors que l’éthique intervient comme puissance
de questionnement de l’ensemble du processus de l’information, la déontologie revêt une portée limitée d’une morale
propre à l’activité journalistique. Elle renvoie à des règles
professionnelles qui constituent les conditions ordinairement admises d ’une information correcte, au sens pragmatique. Elle est, en jouant sur les mots, une morale au
quotidien» (Ed. Labor et Fides, 1994, p.48).
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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HISTORIQUE
Historiquement, l’abolition de la censure en Grande-Bretagne date de 1695, la première
loi libérale sur la presse en France remonte au 29 Juillet 1881, mais la première Charte
du Journaliste n’a été adoptée qu’en 1918, en France, par le Syndicat National des Journalistes (révisée en 1938).
Aux Etats-Unis, c’est l’association la plus représentative, Sigma Delta Chi, qui est à l’origine du Code of Ethics en 1926.
Enfin, en Grande-Bretagne, le premier Code de conduite, élaboré parle Syndicat National
des Journalistes, date de 1938.
Pour l’audiovisuel, The Code of Broadcast News Ethics de l’association des directeurs
de l’information à la Radio-TV aux USA remonte à janvier 1966 (depuis il a été modifié
plusieurs fois).
De la déontologie journalistique : essai de définition
Le combat pour la Liberté de presse a pour corollaire un souci permanent d’auto contrôle
de la presse sur elle-même. Les médias qui ont lutté pour la liberté de la presse, depuis la naissance de la presse à grande diffusion, ont toujours essayé de constituer un
contre-pouvoir au service de la démocratie et de la liberté d’expression.
En contre partie, pour mériter leur crédibilité et la confiance de leurs lecteurs, il leur fallait
mener un autre combat : la moralisation de leur propre profession. Historiquement, ce
souci de moralisation, s’il s’est manifesté dès le IXXe siècle, n’aboutira à une certaine
concrétisation qu’au début du XXe siècle grâce à l’action d’associations de journalistes.
n Au-delà des lois et règlements qui régissent l’exercice de la profession ou celui des
libertés publiques - le droit à l’expression faisant partie intégrante des droits de l’Homme
et des Libertés fondamentales,
Au-delà des codes de l’information et de leurs décrets d’application qui régissent les
publications, le dépôt légal, la responsabilité du directeur de la publication,
n
Au-delà des définitions qui sont données par le code de l’information ou par le code
penal des délits de presse - comme la diffamation ou l’injure - ou qui imposent des droits
de réponse ou de rectification,
n
Au-delà de tous ces textes de lois, il existe des lois et règlements, écrits et non écrits,
des règles de conduite, que la profession s’impose à elle-même... un ensemble de valeurs, de principes ou d’ambitions que la profession a forgés, souvent dans la douleur, et
qu’elle ne cesse de réviser, d’amender, d’améliorer, de défendre.
n
Ainsi donc, la déontologie du journaliste recouvrirait à la fois le champ réglementé par la
loi - et que chaque citoyen ne peut outrepasser sans risquer d’en payer le prix - et celui,
plus flou, de l’éthique professionnelle qui serait, elle, définie par la profession elle-même.
Il s’agit donc essentiellement non de lois mais de pratiques professionnelles concrètes
que la profession s’impose à elle-même pour :
Mieux pouvoir défendre la liberté de presse,
Transcender la recherche et le respect de la vérité,
n et se tracer volontairement des limites comme le respect de la vie privée et de la personne humaine.
n
n
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Le flou qui règne sur ces règles, écrites ou, surtout, non écrites, détenues et défendues
par des gardiens anonymes, permet parfois toutes les dérives et toutes les entorses.
Les objecteurs de conscience n’étant aimés par personne, les faiblesses individuelles
expliquent par ailleurs la passivité de la majorité.
Qui serait, en effet, assez irréprochable pour oser juger ses confrères ? («Que celui qui n’a
pas péché, me jette la première pierre» !).
Par ailleurs, est-il toujours possible de respecter la déontologie dans une ère de concurrence sauvage et du dictat des impératifs commerciaux ?
Ces règles ne sont pas sans soulever de vrais débats, des conflits même, portant sur la relativité des notions déontologiques, relativité dans le temps - évolution selon les époques
et les mœurs -, dans l’espace - «vérité au delà des Pyrénées...» - et même en fonction
de la technologie qui permet aujourd’hui d’accéder à des données et informations jadis
inaccessibles ou de manipuler à loisir sons et images numériques...
Souvenons nous, pour souligner cette relativité, que la presse écrite ne publiait pas les
photos de morts au début du siècle !
Débats soulevés par l’évolution de la presse, d’un côté vers le sensationnalisme mercantile et, d’un autre, vers un journalisme d’investigation générateur de conflits éthiques tel
celui soulevé, par exemple, par le journaliste allemand Günter Wallraff («Tête de turc»)
obligé de déguiser son identité ou par l’emploi, aujourd’hui de caméras cachées pour
pouvoir accéder à l’information.
Débat déontologique également quand il s’agit de décider, en cet été 2014, s’il faut diffuser
les vidéos ou les images de la décapitation en direct des otages des islamistes (James
Foley, Steven Sotloff, Alan Henning, Hervé Gourdel).
Vieux débat soulevé par la mort, en direct, de la petite colombienne Omayra Sanchez,
s’enfonçant le 16 Novembre 1985 dans la boue du volcan d’Amero. Dans la même armée,
et dans le domaine du domaine sportif, rappelons le débat qui a concerné la retransmission de la finale Liverpool-Juventus (30 Mai 1985), au stade du HEYSEL, drame de
l’écroulement des tribunes que la télévision allemande a refusé de diffuser.
Plus ancien encore, mais plus proche de nous Maghrébins, la retransmission ou non du
massacre de Sabra et Chatila entre le 16 et le 18 septembre 1982.
Voyez, aujourd’hui, comment l’on étale à souhait ce genre d’images ou de vidéos remplies
de morts et de cadavres mutilés ou déchiquetés. La banalisation du terrorisme et de la
mort, en quelque sorte !
ELÉMENTS DE DÉONTOLOGIE
Le texte qui fait aujourd’hui référence (après la Charte française de 1938), et dont on retrouve de nombreux éléments dans les valeurs de nombreuses associations, syndicats ou
ordres de journalistes, est celui de la Charte des devoirs et droits du Journaliste adoptée
à Munich en Novembre 1971 par les associations de journalistes européens.
Après avoir affirmé le droit à l’information, à la libre expression et à la critique connue «une
des libertés fondamentales de tout être humain», cette Charte rappelle que «la responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier
à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics» et définit les limites que comporte
cette mission d’information et que «les journalistes euxmêmes s’imposent spontanément».
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Et d’énumérer les dix devoirs essentiels que «tout journaliste digne de ce nom se fait un
devoir de respecter dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements» :
1. Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce,
en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
2. Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.
3. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si
c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et documents.
4. Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies
et des documents.
5. S ’obliger à respecter la vie privée des personnes.
6. Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte.
7. Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues
confidentiellement
8. S ’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et les accusations sans fondement
ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d ’une information.
9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
10. Refuser toute pression et n ’accepter de directive rédactionnelle que des responsables
de la rédaction».
Les cinq droits du journaliste, selon cette Charte de Munich sont :
1. Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le
droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret
des aflaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par
exception et en vertu de motifs clairement exprimés.
2. Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne
générale de son entreprise, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par
cette ligne générale.
3. Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer
une opinion qui serait contraire à sa conviction ou a sa conscience.
4. L équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute decision importante
de nature à affecter la vie de l’entreprise. Elle doit être au moins consultée, avant décision
définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journalistes.
5. En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non
seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi a un contrat personnel
assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu ’a une rémunération correspondant au
rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son independence économique.»
La déclaration des principes sur la conduite des journalistes de la FIJ (Fédération
Internationale des Journalistes) de 1954, amendée à son Congrès de 1986, a identifié
9 valeurs premières dans «Les règles de conduite des journalistes dans la recherche, la
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
transmission, la diffusion et le connnentaire des nouvelles et de l‘information et dans la
description des événements».
1. Respecter la vérité et le droit que le public a de la connaître constitue le devoir primordial du journaliste.
2. Conformément à ce devoir, le journaliste défendra, en tout temps, le double principe de
la liberté de rechercher et de publier honnêtement l’information, du commentaire et de la
critique et le droit au commentaire équitable et à la critique loyale.
3. Le journaliste ne rapportera que les faits dont il/elle connaît l‘origine, ne supprimera pas
les informations essentielles et ne falsifiera pas de documents.
4. Le journaliste n’utilisera que des moyens équitables pour obtenir des informations, des
photographies et des documents.
5. Le journaliste s’efforcera par tous les moyens de rectifier toute information publiée et
révélée inexacte et nuisible.
6. Le journaliste gardera le secret professionnel concernant la source des informations
obtenues confidentiellement.
7. Le journaliste prendra garde aux risques d’une discrimination propagée par les médias
et fera son possible pour éviter de faciliter une telle discrimination, fondée notamment
sur la race, le sexe, les mœurs sexuelles, la langue, la religion, les opinions politiques et
autres et l’origine nationale ou sociale.
8. Le journaliste considèrera comme fautes professionnelles graves :
n le plagiat
n la distorsion malveillante
n la calomnie, la médisance, la diffamation, les accusations sans fondement
n l’acceptation d’une quelconque gratification en raison de la publication d’une information
ou de sa suppression.
9. Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes
énoncés ci-dessus. Reconnaissant le droit connu de chaque pays, le journaliste n’acceptera, en matière professionnelle, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute
intrusion gouvernementale ou autre.»
Autres règles puisées dans le Code éthique des USA :
n La recherche et la publication de la vérité qu’elles qu’en soient les conséquences pour
le journaliste
n La liberté de conscience
n L’honnêteté intellectuelle
n La lutte contre la vénalité et la corruption
n Le respect de l’avis d’autrui, surtout s ’il est contraire à ses propres convictions
n Le refus des cadeaux de valeur, des voyages gratuits et des traitements de faveur qui
peuvent compromettre l’intégrité des journalistes et de leurs employeurs
n La stricte distinction entre le fait et le commentaire
n Le respect de la vie privée des personnes
n Le devoir de corriger rapidement et complètement les erreurs...
Et dans le code de conduite des journalistes anglais :
n La défense de la liberté de la presse
n La vérification de la véracité et de l’exactitude de l’information
n Le respect de la dignité, peine et de la détresse humaine
n La lutte contre la discrimination raciale, religieuse ou sexuelle...
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
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Régulation : qui doit définir la déontologie ?
A travers ces exemples, l’on constate que la définition de la déontologie a souvent été le
fait et l’initiative de la profession. Cette sorte de chasse gardée lui est reconnue... jusqu’au
moment où elle pèche par son absence et son laisser-aller. Alors, dans de nombreux pays,
devant la détérioration des pratiques professionnelles, différentes commissions, administrations ou instances ont été tentées de se substituer aux professionnels pour essayer
de leur dicter les règles morales de l’exercice de la profession. Aux Etats-Unis, la FCC
(Federal Connnunication Commission) a essayé de lutter contre la course effrénée au
sensationnel que se livrent les différentes chaînes de télévisions en mettant au point, en
1988, sa fameuse Fairness Doctrine, bloquée par le veto du président Ronald Reagan.
En Tunisie, pour ne pas aller trop loin, en 1981, l’ex-Ministère de l’information voulait imposer aux journalistes un code moral dicté par l’administration.
Cette constatation ne rend que plus importante la responsabilité des professionnels qui
doivent veiller eux-mêmes au respect de l’éthique et à la moralisation de leur profession.
Mais la question n’est pas si simple car la profession concerne à la fois les journalistes,
l’entreprise de presse, les patrons et les autres métiers impliqués dans sa fabrication,
sa duplication et sa distribution. En allant encore plus loin, l’on peut dire que les publics
eux-mêmes sont concernés par ce débat, eux à qui, en définitive, est adressée la «marchandise» presse.
C’est en ce sens que je distinguais en début de communication «la déontologie des journalistes de celle des «médias». Chaque entreprise d’information, et quel que soit son support, se doit, en effet d’avoir une Charte déontologique interne, voire, pour aller jusqu’au
détail de l’écriture de presse, un Style Book. C’est le cas de la BBC, de Radio Canada,
de l’AFP et de nombreuses autres entreprises. Radio Mosaïque, la télévision publique
tunisienne et l’agence TAP ont la leur en Tunisie. Les associations de journaux, de radios
ou de télévisions devraient avoir une plate-forme minimale commune.
L’implication ou l’interaction avec les publics se fera au travers de médiateurs, «ombudsmen» chargés d’être à l’écoute et de répondre aux plaintes des lecteurs ou auditeurs-téléspectateurs.
Régulation, Auto régulation ou Co-régulation ?
Telle est la question fondamentale.
Si pour l’audiovisuel qui s’invite directement dans les foyers, les professionnels ont admis partout le principe d’autorités de régulation édictées par la loi mais dans lesquelles
ils sont représentés, la querelle demeure en ce qui concerne la presse écrite (qui n’est
consultable que par un acte d’achat volontaire, ce qui n’est pas, entre autres, le cas de la
presse électronique !).
De nombreux professionnels plaident pour un dispositif de veille sous forme de «Conseil
de presse». Ils veulent suivre en cela l’exemple de nombreux pays démocratiques.
Au Québec, le Conseil de presse est paritaire entre représentants de journalistes et ceux
des patrons. Des citoyens y ont été ensuite associés. Il fait office de «tribunal d’honneur».
En Belgique, un «Conseil de déontologie journalistique» regroupe journalistes, éditeurs de
journaux et représentants de la société civile. En Suisse, six membres sur 21 du Conseil
de presse sont issus du public.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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En Grande-Bretagne, dix sept membres, pour la plupart non professionnels, forment la
«Press Complaint Connnission» fondée en 1991. Idem pour l’Australie. En Inde, c’est le
parlement qui a créé le Conseil de presse.
La France, sur ce plan, est en retard. Seule existe à ce jour une Association de préfiguration d’un Conseil de Presse (http://apcp.unblogfr/).
C’est l’objet même du différend qui oppose actuellement el Syndicat National des Journalistes en Tunisie à l’Associations des Directeurs de Journaux. Le SNJT souhaite une
auto régulation complètement gérée par les journalistes alors que les patrons de presse,
tout en adhérant au principe d’un conseil, souhaitent que celui-ci soit édicté par la loi et
garanti par l’Etat.
Le débat demeure également sur la question des pouvoirs de ce Conseil de presse.
Simplement symbolique et moral ou autorité contraignante et exécutive susceptible, par
exemple, de faire retirer la carte de presse ?
En Algérie, et depuis la promulgation de la Loi Organique 12-05 du 12 Janvier 2012, surtout, en 2014, vous avez franchi du terrain sur le plan de la réglementation : libéralisation
de l’espace audiovisuel (Loi 14-03 du 24 Février 2014), décret du 30 Avril 2014 sur la
composition de la Commission de la Carte de presse, installation de l’autorité de régulation de l’audiovisuel.
Reste le Conseil de presse (une fois les journalistes professionnels identifiés) et la dépénalisation des «délits de presse».
Mais canal incontournable
Où en sonnnes-nous aujourd’hui de ces valeurs minimales ?
Force est de reconnaître que nous en sommes bien loin. Le développement et la démocratisation des télécommunications (satellites, téléphone portable), de l’informatique et
l’irruption de l’Internet et des réseaux sociaux dans la «sphère publique» ont bouleversé
la donne.
Espace et temps ont été réduits à néant. Les sources de l’information ont échappé aux
medias traditionnels. Le simple citoyen est devenu producteur/diffuseur de l’information et
a inversé le sens du flux de la communication.
Mieux, les citoyens, au travers des réseaux sociaux, ont tissé la toile de l’agora publique
que les médias lourds n’ont pas réussi à édifier.
Résultat.
du bon et du moins bon.
Du bon dans la multiplication des sources, dans le libre accès du citoyen aux sources de
son choix, dans les possibilités d’expression offertes aux citoyens, aux démunis et aux
minorités.
Dans l’immense gisement de connaissances et de savoir de la toile à la portée d’un clic...
Désormais, les pouvoirs traditionnels n’ont plus le monopole d l’information!
Mais le revers de la médaille est plus sombre.
Exemple.
En Tunisie, Le seul acquis de la «révolution» est une réelle liberté de l’information qui va,
hélas, jusqu’aux dérives les plus condanmables. La concurrence, la course au scoop sont
tels que les «animateurs» des radios et télévisions, propulsés journalistes du jour au lendemain, multiplient les bévues, les fausses nouvelles, les dérives déontologiques.
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Le recours sans vérification aucune aux rumeurs des réseaux sociaux (essentiellement
Facebook, a un degré moindre pour Twitter) est devenu la règle pour les médias électroniques et les radios télévisions qui ont moins de recul que la presse écrite. Cette dernière
n’est pas pour autant entièrement innocente. Certains titres sont vénaux, ou dépendent
de financements occultes de partis politiques. Ils déclenchent sur connnande des campagnes de calomnies et de mensonges.
En pleine campagne électorale actuelle (Octobre 2014), les Réseaux sociaux sont devenus le lieu de l’insulte, de la diffamation, du mensonge et des règlements de compte. Les
partis et les hommes politiques recourent de plus en plus aux réseaux sociaux. Qui n’a
pas sa page Facebook ? Ce canal devient même un porte-parole officiel utilisé par les
individus, les partis et les ministères. Mais il est également le circuit de connnunication,
à chaud et en direct, de la société civile de plus en plus vigilante, de plus en plus active.
Mais également ignorante des règles les plus élémentaires du métier de journaliste.
Devant la pression des événements, devant l’agitation de la rue et les crimes du terrorisme, même le ministère de l’intérieur et la Grande muette (l’armée) sont obligés d’avoir
leur porte parole. Débutants dans le métier, tiraillés entre l’obligation d’informer et le souci
du secret sécuritaire, ils tombent souvent dans la vieille langue de bois qui a fait tant de
mal à la communication de nos institutions.
Ne parlons pas du regrettable «copier-coller» qui gangrène nos rédactions et même notre
recherche universitaire !
Le véritable problème ne réside pas dans cette profusion des sources autant qu’il réside
dans la marginalisation des organes d’information traditionnels ! La presse écrite n’est
plus lue. Le quotidien a perdu sa fonction d’information. Ses titres, le matin, paraissent dépassés car l’information est déjà parvenue au citoyen au travers de la presse électronique,
des réseaux sociaux et de la radio.
La presse écrite quotidienne, sous peine de disparaître, devra donc repenser ses fonctions, se trouver de nouvelles vocations et obligatoirement s’engager dans la convergence
des médias.
Le quotidien papier, obligatoirement décliné en version électronique, s’attachera non plus
à l’information brute, mais à sa muse en perspective, son explication, son commentaire et
à l’investigaüon en profondeur.
Il ne s’agit nullement, pour nous journalistes professionnels, d’ignorer les réseaux sociaux
ou de les boycotter. Comment ignorer le milliard de web sites et les 3 milliards d’internautes (statistiques de septembre 2014 parle site Internet Live stats) ? Comment ignorer
nos jeunes qui ne lisent plus sur papier et qui regardent peu la télévision ?
Bien au contraire. Les réseaux sociaux sont devenus indispensables, incontournables, à
la fois comme instrument de veille et source d’informations de proximité et comme relais
de diffusion et d’interactivité avec les lecteurs/auditeurs/téléspectateurs.
A charge pour nous de vérifier et de recouper ce qu’ils diffusent avant de le relayer à
chaud.
A charge pour nous de réhabiliter ce métier par une offre crédible, de qualité qui fait la
différence avec l’amateurisme des blogueurs et l’irresponsabilité de certains internautes.
Pour cela, il est nécessaire de former les journalistes et de réglementer leur utilisation.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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NÉCESSITÉ DE LA FORMATION
De grands médias internationaux ont, enfin, compris le défi que leur posaient les réseaux
sociaux, de l’extérieur comme concurrents, mais également de l’intérieur comme sources
viciées et tentations de paresse et de plagiat pour leurs employés. Sans parler d’une autre
concurrence, plus surnoise et plus néfaste celle-là puisqu’il s’agit de la concurrence de
leurs propres employés qui produisent blogs et pages personnelles sans référence à leur
organe d’appartenance.
BBC, Radio Canada, France Télévision ou l’agence AFP ont réglementé l’usage des réseaux sociaux pour accompagner leurs journalistes et pour baliser leur production sur
la toile. Le Centre Européen de Journalisme de Maastricht a publié en Février 2014 un
«Verification Handbook», en anglais pour le moment.
Tous s’accordent sur un certain nombre de principes d’utilisation :
n Oui à l’utilisation des réseaux sociaux connue veille, source de l’information, des centres
d’intérêts, mais aussi comme support de diffusion (en particulier sur Twitter et Facebook,
mais aussi sur LinkedIn, Flickr, Google+ ou Tumblr). Des organes comme Le Monde ont
même hébergé les blogs de leurs collaborateurs pour ouvrir plus d’espace d’expression à
une matière qui déborde parfois.
n Mais vérification très rigoureuse l’identité de la source et de sa crédibilité : plus le sujet
est polémique et grave, plus l’identification de la source devient une nécessité.
n Identification indispensable des personnes et des institutions émettrices.
n Recoupement systématique de l’information auprès d’autres sources, en particulier en
s’adressant directement aux premiers acteurs, concernés ou impliqués.
n Examen minutieux des photos, sous et vidéo pour déceler les trucages.
n Profonde réflexion logique sur la crédibilité des faits eux-mêmes : cela peut-il être possible ?
n Oui à la participation active et non anonyme des journalistes sur ces réseaux pour élargir
leurs contacts et être en interaction avec le public, mais avec le respect le plus strict de
l’image et de la ligne éditoriale de l’organe.
n Réserver la primeur des informations à l’entreprise et ne pas critiquer les confrères.
n Renvoyer par liens vers la production de son organe.
n Rectifier immédiatement toute information erronée.
n Toute information personnelle devra être nettement distinguée des informations professionnelles.
De nombreux outils existent pour cela. La formation à l’utilisation des réseaux sociaux
par les journalistes est donc indispensable, tant au niveau de la formation initiale dans les
écoles de journalisme qu’à celui de la formation permanente des professionnels en place.
CONCLUSION : RÉHABILITER IE PROFESSIONNALISME
Notre confrère, le ministre de la connnunication, Hamid GRINE, milite pour une «presse
professionnelle», et «pour une presse de l’exactitude et non de l’objectivité» car «il y a
toujours une part de subjectivité dans l’objectivité».
Pour aller dans son sens, je préfère ajouter la notion «d’honnêteté» du journaliste et non
«d’objectivité», celle-ci n’existant pas du fait même de la traduction d’une réalité au travers
d’un prisme personnel, forcément déformant.
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Il serait vain et prétentieux de vouloir clore un débat aussi vaste et aussi mouvant que
celui de la déontologie.
Le combat pour une presse de qualité, crédible, libre parce que responsable, est un combat permanent. Dans cette lutte, un immense terrain est à conquérir ou à reconquérir, à
défendre pouce par pouce, par le seul combat pour une production professionnelle, soucieuse de servir plutôt que de se servir, respectueuse de son public et par là d’elle même.
Personnellement, je ne suis pas loin de penser que le respect de la déontologie est la
meilleure défense de la liberté de la presse et qu’il signifie, très souvent, qualité du journalisme.
RÉSUMÉ
Mohamed Ridha Nadjar, a mis l’accent sur la place de la déontologie professionnelle à
l’heure où la communication a noyé l’information et où l’internet et les réseaux sociaux
ont fait explorer le temps et l’espace, démultiplier les sources et susciter des vocations de
journalisme citoyen et blog militant apparaît comme une nostalgique et vaine tentative de
restituer ses lettres de noblesse à un métier en pleine crise d’identité, dévoyé qu’il est par
l’argent, la politique, la publicité, les relations publiques, la concurrence, la course effrénée
au scoop et à l’information-spectacle.
Mohamed Ridha Nadjar a constaté «qu’on assiste aujourd’hui à une marginalisation des
organes d’information traditionnels. La presse n’est plus lue et parfois dépassée par les
événements», tout en plaidant pour une utilisation judicieuse des réseaux sociaux.
«Ces réseaux sont devenus indispensables, incontournables, à la fois comme source de
veille et source d’informations de proximité et comme relais de diffusion et d’interactivité
avec les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs», tout en développant les droits et devoirs du
journaliste professionnel, tels que définis dans la charte de Munich, adoptée, en novembre
1971, par les associations de journalistes européens, a t-il indiqué.
Le Pr Mohamed Ridha Nadjar a noté la notion d’honnêteté du journaliste et non d’objectivité. Celle-ci n’existant pas du fait même de la traduction d’une réalité à travers un prisme
personnel, forcément déformant il serait vain et prétentieux de vouloir clore un débat aussi
vaste et aussi mouvant que celui de la déontologie, et le combat permanant, un immense
terrain à conquérir ou à reconquérir par le seul combat pour une production professionnelle,
soucieuse de servir plutôt que de se servir, respectueuse de son lectorat et de son public
et d’elle-même.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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JEAN JACQUES JESPERS
L’autorégulation, une réponse prometteuse
aux défis actuels du journalisme ?
Forum d’Annasr - Constantine
16 décembre 2014
Jean-Jacques Jespers, né en 1946, est
docteur en Droit (1969) et licencié en Journalisme et communication (1971) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Il a été
journaliste, de 1970 à 2003, à la RTBF (radiotélévision publique belge de langue française). Il a exercé diverses fonctions, à la
radio et à la télévision, notamment au journal
parlé, au journal télévisé et dans les services
d’enquêtes et de reportages télévisés. Il a aussi participé à
l’élaboration du code de déontologie interne des rédactions
de la RTBF et de la Charte des valeurs de l’entreprise.
Simultanément, Jean-Jacques Jespers a exercé, de 1980
à 2003, les fonctions de chargé de cours (à temps partiel) au département des Sciences de l’information et de
la communication de l’Université libre de Bruxelles, où il
a enseigné la méthodologie et la pratique du journalisme
télévisuel. Ayant cessé ses activités journalistiques en juin
2003, il est devenu à cette date, et jusqu’en septembre
2012, professeur à temps plein à l’ULB. Il a enseigné diverses matières liées au journalisme, notamment la déontologie de l’information et de la communication, l’analyse
de l’actualité, l’analyse critique des médias et la pratique du
journalisme radiophonique et télévisuel. Depuis septembre
2012, il porte le titre de professeur de l’université et dispense à l’ULB le cours de déontologie de l’information et
de la communication.
Il a été président de l’École universitaire de journalisme de
Bruxelles de 2008 à 2012.
Depuis le 1er janvier 2014, il est vice-président du Conseil
de déontologie journalistique (CDJ), organe officiel d’autorégulation («conseil de presse») créé en 2010 pour les
médias belges de langues française et allemande, et dont il
est membre depuis le 1er janvier 2010. Il a rempli plusieurs
missions en tant qu’expert, au niveau national et international.
Outre ses cours et de nombreux articles dans des revues
spécialisées consacrées aux médias, Jean-Jacques Jespers est l’auteur d’un ouvrage intitulé Journalisme de télévision : enjeux, contraintes, pratiques, paru en 2010 et
d’autres ouvrages.
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L’AUTORÉGULATION, UNE RÉPONSE
PROMETTEUSE AUX DÉFIS ACTUELS
DU JOURNALISME
J
ean Jacques Jespers a fourni des repères utiles
pour la compréhension de la déontologie, ses
objectifs, les conditions de son existence, les
devoirs et les droits des journalistes dans l’exercice
de leur métier, le tout appuyé d’une série d’exemples
illustrant quelques dérapages de la presse belge.
Il a défini la déontologie comme étant «un mot magique» derrière lequel on s’abrite souvent pour excès
dans un sens ou un autre.
4La déontologie est «un
mot magique» derrière
lequel on s’abrite souvent
pour excès dans un sens
ou un autre.
4Malheureusement, les
médias ne répondent pas
toujours aux conditions
requises dans le respect
de la déontologie.
Jean Jacques Jespers a observé que «L’intérêt général ne se rapporte pas forcément à la curiosité du
public. L’information est l’intérêt général lorsqu’elle
apporte un savoir collectif, elle sert donc à celui qui
la reçoit, contrairement à la communication qui sert à
celui qui la conçoit. Malheureusement, les médias ne
répondent pas toujours aux conditions requises dans le respect de la déontologie».
Il a jugé que la mise en place d’un organe d’autorégulation, comme cela a été décidé en
Algérie, permettra de clarifier les droits, les devoirs ou les interdictions de la profession,
avec comme objectifs de «garantir l’exercice par des tiers de droits fondamentaux, limiter
l’emprise de l’Etat sur leur activité et protéger celle-ci contre les menaces réelles ou potentielles et contre l’opprobre social».
Cependant, l’existence même d’une déontologie est soumise à certaines règles telles
que la garantie des libertés fondamentales et d’institutions démocratiques, d’un marché
médiatique pluraliste, ainsi que de bonnes conditions socioprofessionnelles.
Concernant le dispositif de régulation du conseil de déontologie belge en matière de sanction en cas de dérapage ou de diffamation constatés, Jean Jacques Jespers a affirmé
qu’en Belgique la sanction est purement morale.
«On montre du doigt et on dit aux journaux vous avez commis une faute. Les médias
sanctionnés sont obligés, dans ce cas, de publier un communiqué dans lequel ils avouent
leur erreur», a-t-il expliqué.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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BOUZIANE BENACHOUR
Le journalisme de proximité
Quelques principes de terrain et un ensemble de principes
de pratiques moraux sur lesquels il ne faut pas transiger
Musée régional colonel Mohemed Chaabani - Biskra
5 janvier 2015
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Bouziane Benachour Directeur de
quotidien national «EL Djamhouria»,
journaliste depuis 30 ans, a exercé son
métier dans des journaux prestigieux
comme «La République», édité à Oran
en langue française, «EL Djamhouria»
en langue Arabe (1975-1987), l’hebdomadaire «Algérie Actualité» (19871996), et «EL Watan» en tant que rédacteur en chef de la région Ouest.
Bouziane Benchour qui à été artiste professionnel
avant de rejoindre le journalisme, a écrit 9 pièces de
théâtre et deux publications sur le théâtre algérien :
n
«Le théâtre algérien : une histoire d’étapes».
n
«Le théâtre en Algérie d’octobre 88 à ce jour».
Et un autre livre sur les figures emblématiques de
l’art musical en Algérie intitulé «figures du terroir».
n
«Dix 10 ans de solitude» paru en 2002 aux éditions
Dar El Gharb.
n
42
n
«Sentinelle Oubliée» 2004.
n
«Hogra» septembre 2005. fusil d’Octobre 2006.
n
«Hallaba» 2007.
n
«Medjnoun» 2008.
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LE JOURNALISME DE PROXIMITÉ
Quelques principes de terrain et un ensemble de principes
moraux sur lesquels il ne faut pas transiger
C’
est un fait que la tâche première d’un journaliste de proximité (un correspondant local) quel qu’en soit le support de transmission (parlé, filmé, écrit) est de présenter des faits de
son environnement immédiat, des faits qui lui parlent,
des faits qui l’interpellent dans sa mission d’informer
au mieux et au plus vite le citoyen de sa ville, de sa région, des faits qui touchent la majorité de la population
dans la vie de tous les jours.
La clarté et l’accessibilité dans la répercussion de l’information se doivent de guider sa mission de communicateur. A la base, l’intérêt public guide les choix du
journaliste correspondant, dicte ses orientations avant
même celles qui lui viennent de sa rédaction centrale.
Localement, le journal de proximité est un moteur stratégique dans la prise en charge des préoccupations
quotidiennes du citoyen, il est un témoin actif dans la
consolidation du sens civique, il est acteur privilégié
de la vie sociale dans l’amélioration de la gestion des
projets pour un développement local harmonieux, intégré, consensuel. Par ailleurs, le rôle du correspondant
local est de sensibiliser ce lecteur à la sauvegarde du
bien public qui est commun à tout le monde, un bien
de la communauté, un bien qui sert la ville, la région,
ceci bien sûr sans parti-pris ni attitude de supériorité.
Le journaliste localier est là pour informer l’opinion publique de manière juste et non exagérée sur ce qui va
dans sa ville et ce qui ne va pas mais ceci ne veut pas
dire qu’il doit s’ériger en professeur donneur de leçons
ou en censeur distribuant des sanctions à tout bout
de champ, en homme qui sait tout, en homme qui se
place au dessus de tout. Ce n’est certainement pas
son profil.
4Le journal de proximité
est un moteur stratégique
dans la prise en charge
des préoccupations quotidiennes du citoyen, il est un
témoin actif dans la consolidation du sens civique.
4le rôle du correspondant
local est de sensibiliser ce
lecteur à la sauvegarde du
bien public qui est commun
à tout le monde.
4Le journaliste localier est
là pour informer l’opinion
publique de manière juste
et non exagérée sur ce qui
va dans sa ville.
4L’honnêteté dans la
transmission de l’information locale exige de la
rigueur dans le compte
rendu journalistique.
4La liberté de la presse
pour un journaliste généraliste ne veut pas dire la
liberté de faire pression.
Le correspondant est avant toute chose un employé de l’écoute sereine, un transmetteur
de nouvelles qui nourrissent l’opinion publique, la mettent en éveil.
Le journaliste de proximité n’a aucun parti pris et n’a pas d’attache partisane excepté celle
qui le lie aux aspirations de sa région, aux attentes de ses habitants, à son éthique basée
avant toute chose sur le respect de l’intelligence du lecteur, spectateur, auditeur, sur son
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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discernement. Tous les citoyens de sa ville sont égaux devant l’information. Une information dont l’origine est connue, une information qui n’est pas dans l’altération mais dans le
croisement des sources.
Le journaliste localier ne fait pas de ségrégation dans le recueil de l’information, ne défend
aucune chapelle politique, administrative ou autre. Zorro est un héros de film pas un journaliste. Pour mériter la confiance du lecteur, télé-spectateur ou auditeur il se doit d’éviter
l’alignement d’une partie au détriment d’une autre. Porte parole de la majorité dans ses
différentes composantes, une majorité qui n’est pas partante dans le maquillage des faits,
c’est le spectateur, l’auditeur ou lecteur qui reste son seul juge, c’est lui son interlocuteur
principal, son interface, son écho favori, son retour d’écoute à qui il rend compte. Il incarne
le service public au service de tous sans rejet de qui que ce soit et il se doit de refuser à
toute forme d’alignement ou d’allégeance qui ligoterait ses initiatives, aliènerait sa neutralité positive, anesthésierait sa perspicacité, et battrait en brèche le triptyque qui justifie son
rôle et guide sa mission: «Morale, Ethique et Déontologie», des concepts contenus dans
toutes les chartes internationales adoptées autour des droits et devoirs du journaliste dans
l’exercice de son travail depuis 1918, date de la première charte adoptée (révisée en 1938)
par Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) français.
A travers ses écrits, sa voix ou ses images, il peut être également indicateur sur les forces
et faiblesses du développent local. Une sorte de baromètre des attentes du public. Mais
un baromètre avisé. Tout compromis constaté avec une puissance locale, toute sympathie
marquée pour un lobby agissant dans le sens contraire des désirs de la majorité, tout
penchant excessif pour les tutelles locales (parti politique, syndicat patronal) peut compromettre sa crédibilité, ternir sa réputation auprès de ses pairs, ses lecteurs et de ses
responsables hiérarchiques.
Pour prétendre donc au respect de tout le monde, il se doit d’observer une stricte retenue
à l’égard de ces puissances locales. Des puissances qui peuvent avoir des avis divergents
sur la notion d’intérêt public.
Le journaliste correspondant est avant toute chose un médiateur. Il n’est ni ami ni ennemi
à l’administration locale. Il peut être son accompagnateur. Il est plus porteur de préoccupations partagées par beaucoup de gens qu’adversaire, plus interface que concurrent qui
veut à tout prix semer le trouble.
Versé dans le journalisme de terrain, le journalisme de proximité se doit de s’intéresser
aussi bien aux sujets dits mineurs (le fait divers) qu’aux dossiers lourds (développement
local, vie en société, conflits locaux, dilapidation de deniers publics etc…) mais ce travail
de terrain ne lui permet pas pour autant de «s’immiscer» corps et esprit dans l’affaire rapportée, ne l’autorise pas à faire valoir son opinion propre sur le sujet abordé, ne l’encourage pas à émettre ses lectures subjectives sur le fait rapporté, ne libère pas son jugement
personnel très souvent plus basé sur des intuitions non fondées que sur des faits avérés,
vérifiés. Dans ces cas de figure, le préjugé peut s’avérer extrêmement dommageable dans
l’acte d’informer.
La notion de contre-pouvoir, une attitude plus que louable dans l’acte d’informer ne veut
cependant pas dire qu’on est contre tous, contre tout ce qui se réalise. Pour faire face à
toute erreur d’appréciation -une erreur qui aurait des conséquences fâcheuses sur une
carrière, un itinéraire professionnel- l’intégrité morale est le premier grand socle, la valeur-refuge, sur lequel doit s’appuyer le journaliste régional, l’intégrité et une vigilance à
toute épreuve. Il est interdit au journaliste localier de faire de la publicité à une personne
morale ou physique et se refuser d’utiliser le journal à des fins personnelles, des fins
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autres que professionnelles. Le journaliste local n’est pas une agence de publicité et son
entreprise ne l’emploie pas pour faire le commercial d’une agence de Pub rémunérée pour
célébrer le produit de telle ou telle enseigne.
L’enseigne du correspondant local c’est l’intérêt de la majorité. Il est son porte-voix, il est
son porte-plume. Dans cette optique il est déconseillé d’accepter des cadeaux. L’acceptation d’une gratification matérielle nuit à l’image du journaliste, nourrit la suspicion et décrédibilise l’employeur. Un journaliste de proximité est aussi un journaliste qui accorde
beaucoup de place à la mise en valeur des figures sportives, artistiques, historiques, patrimoniales, civilisation elles de la région. Il se doit également d’accompagner les festivités
qui mettent en relief la dite région. A ce niveau il est guide éclairé car il donne plus de
visibilité à sa région, il donne plus de chair à la diversité culturelle, plus de poids à l’unité
nationale.
La valeur «précision» doit guider le travail de terrain dans l’approche du sujet. L’honnêteté
dans la transmission de l’information locale exige de la rigueur dans le compte rendu journalistique. L’envoi doit être simple dans l’énoncé, concis dans le contenu, irréprochable
dans les informations avancées dans le corps du «papier» journalistique, parlé, rédigé ou
filmé. La concision est aussi importante dans les chiffres. Un zéro de plus ou de moins peut
totalement dénaturer un papier, créer toute une polémique, engendrer pleins de tracas au
journaliste et à son entreprise.
L’usage de formules ampoulées et des phrases emphatiques pour une information de
proximité est à bannir. Le style pédant ne sert ni le journaliste ni le lecteur. L’écriture littéraire n’est pas l’écriture journalistique. C’est deux genres différents et ne se rencontrent
qu’en de très rares exceptions.
Pour remplir véritablement sa mission d’informer il faut avoir son carnet d’adresses bien
chargé, d’adresses utiles, s’éloigner des papiers d’humeurs qui n’apportent rien au sujet.
Le lecteur d’aujourd’hui, généralement pressé, saoulé d’informations qui lui tombent de
partout, a besoin d’informations précises sur tel ou tel fait et pas d’humeur. L’humeur du
journaliste ne l’intéresse pas. Par ailleurs, toute information susceptible de créer un litige
ou nourrir des controverses entre deux parties adverses se doit d’être vérifiée avant publication avec exactitude.
Dans les couvertures journalistiques, il faut éviter de s’appuyer sur des rumeurs, il faut se
méfier des ragots, ne pas trop faire confiance aux appels téléphoniques soit disant désintéressés.
Il faut également s’éloigner des suppositions et autres supputations non fondées par le
visu, confrontées au terrain concret, non authentifiées par des documents crédibles, sourcées comme on dit dans le jargon journalistique. Il faut savoir aller à l’essentiel, l’information, et surtout savoir apprécier les soubresauts de sa proximité, être conscient des
soubresauts qui s’opèrent.
Nous ne le disons jamais assez : éthiquement il est condamnable d’utiliser des méthodes
déloyales pour obtenir des informations, des documents, des aveux. Dans l’exercice du
métier, il est nécessaire d’être à la fois courageux et prudent. Téméraire et responsable
devant l’acte d’écrire, de filmer, de parler à travers les ondes de la radio.
Dans le compte rendu de la vie quotidienne, du vécu dans ses manifestations journalières,
il est préférable de s’éloigner des clichés qui noient le sujet plus qu’ils ne l’aident, des formules passe-partout, des emprunts pas nécessairement justifiés.
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Pour être efficace dans son travail, traduire par l’image, le son et l’écrit une situation, et
surtout apporter du neuf, du nouveau, il est impératif de se poser des questions avant
l’entame du papier, cultiver la curiosité journalistique, se montrer lucide, éviter les plagiats
du confrère ou de la consœur d’à côté, développer le sens du devoir vis-à vis de la communauté qui vous regarde, vous écoute, vous lit.
En d’autres termes, il ne faut s’inscrire dans des opérations manipulatrices afin d’utiliser
la liberté de la presse à des fins intéressées. La liberté de la presse pour un journaliste
généraliste ne veut pas dire la liberté de faire pression. Le respect du métier est le premier
levier de la liberté d’expression, la première exigence d’un journalisme de qualité. Etre
journaliste de proximité, c’est faire du service public son seul et unique sacerdoce, c’est
se monter humble devant les évènements et les hommes ; c’est respecter la vie privée et
de la personne humaine, c’est éviter la médisance s’interdire la calomnie, la diffamation et
les accusations non fondées, c’est ne pas confondre le métier de journaliste avec celui de
procureur, juge, imam, fonctionnaire de police ou mégère du coin.
Dans cette optique il se doit de se tracer des limites à ne pas franchir. Ce n’est pas là de
l’autocensure mais plutôt de l’autocontrôle face aux déferlements des canaux de communications «démocratisés» à grande échelle par les réseaux sociaux et les chaines satellitaires. Le journaliste de proximité est un journaliste qui informe mais ne juge pas. C’est
un journaliste qui cherche la manifestation de la vérité et non la manœuvre. C’est un journaliste d’abord soucieux de servir le lecteur avant de se servir. C’est un journaliste qui
respecte l’intelligence du lectorat de sa ville, de sa région, de son pays.
RÉSUMÉ
Le Directeur du quotidien national El Djamhouria, Bouziane Benachour a souligné que le correspondant doit en premier lieu parler de son environnement immédiat en intervenant dans
l’intérêt général.
Il a souligné que le journaliste doit développer un sens civique, notamment celui lié à la citoyenneté et que son information doit être à la portée de tout le monde. «Un journaliste doit défendre
l’intérêt public. Il ne faut pas qu’il fasse de discrimination. Il ne faut pas qu’il est d’attache
partisane également» souligne t-il en mettant l’accent sur le devoir du journaliste local à se
mettre en évidence avec son interlocuteur direct et le public et s’abstenir de faire de ce métier
un commerce du fait que cette pratique touche à la crédibilité et à l’image du journal et par voie
de conséquence, à celle du journaliste.
Bouziane Benachour a insisté sur le respect du métier car c’est le premier levier de la liberté
d’expression, la première exigence d’un journalisme de qualité.
Etre journaliste de proximité, c’est se monter humble devant les évènements et les hommes
; c’est respecter la vie privée et la personne humaine, c’est éviter la médisance s’interdire la
calomnie, la diffamation et les accusations non fondées, c’est ne pas confondre le métier de
journaliste avec celui de procureur, juge, imam, fonctionnaire de police ou mégère du coin.
Dans cette optique, il se doit de se tracer des limites à ne pas franchir. Ce n’est pas là de l’autocensure mais plutôt de l’autocontrôle face aux déferlements des canaux de communications
« démocratisés » à grande échelle par les réseaux sociaux et les chaines satellitaires.
Le journaliste de proximité est un journaliste qui informe mais ne juge pas. C’est un journaliste
qui cherche la manifestation de la vérité et non la manœuvre. C’est un journaliste d’abord soucieux de servir le lecteur avant de se servir. C’est un journaliste qui respecte l’intelligence du
lectorat de sa ville, de sa région, de son pays.
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ABDESSALEM BENZAOUI
Géopolitique des médias :
l’Algérie et les enjeux internationaux
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
19 février 2015
Abdeslam Benzaoui, né le 07 Octobre
1953 à Biskra. Il est Directeur de l’Ecole
Nationale Supérieure de Journalisme et
des Sciences de L’Information, et Professeur dans cette école.
Obtenu un diplôme en Doctorat d’Etat en
Sciences de l’Information et de la Communication «Université d’Alger» décembre
2007.
n Doctorat «Université Panthéon Assas-Paris II» 20052007.
n Magistère en Sciences Politiques «Option Relations Internationales - université d’Alger» Avril 1982.
Il a occupé plusieurs postes dont :
n Directeur adjoint chargé de la Post-Graduation et de
la Recherche «Ecole Supérieure de Journalisme et des
Sciences de l’Information» Juin 2013
n Vice Doyen chargé de la pédagogie «Faculté des
Sciences politiques et de l’Information» 2000-2005
n Chargé d’Etude et de Synthèse «Ministère de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle» 2003-2004
n Directeur adjoint chargé de la Formation Continue et
des Relations Extérieures «Ecole Nationale Supérieure de
Journalisme et des Sciences de l’Information» 2010-2013
n Directeur adjoint chargé de la Formation Continue et
des Relations Extérieures «Ecole Nationale Supérieure de
Journalisme et des Sciences de l’Information» 2010-2013
Parmi ses ouvrages
n les Enjeux de la Communication : Transnationalisation
de l’audiovisuel en Méditerranée
n Codes télévisuels hégémoniques et illusion stéréoscopie : quand l’image devient partie de l’interaction sociale.
n Les réseaux mondiaux d’influence: Entre culture globale
et cosmopolitisme.
n Les enjeux de la communication globale «Recherches»
Université d’Alger 7 Décembre 2007.
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GÉOPOLITIQUE DES MÉDIAS : L’ALGÉRIE
ET LES ENJEUX INTERNATIONAUX
L
es médias sont à la fois reflets et acteurs des
mutations géopolitiques. Reflets dans la mesure où ils sont le plus souvent les miroirs fidèles des espaces géographiques, des entités économiques et politiques et des contradictions des sociétés
humaines au sein desquelles ils se sont implantés et
fonctionnent.
Plus encore, ils sont de bons révélateurs des inégalités qui existent entre les hémisphères, les continents,
les blocs, les aires culturelles et les nations et donc
les grands déséquilibres du monde d’aujourd’hui.
La géopolitique des médias consiste en l’étude des
rivalités de pouvoir sur un territoire entre les acteurs
médiatiques et de la représentation de ces luttes d’influence par les médias.
QUELLES SONT CES RIVALITÉS
DE POUVOIR ENTRE ACTEURS
MÉDIATIQUES ET COMMENT
INFLUENCENT ELLES LES MUTATIONS
GÉOPOLITIQUES MONDIALES ?
QUELLE EST LA PLACE DE L’ALGÉRIE
DANS CES ENJEUX INTERNATIONAUX
QUI PRÉFIGURENT LE MONDE
DE DEMAIN ?
4La géopolitique des
médias participe également
à recomposer les rapports
de force entre les continents et les Etats.
4La définition de la
géopolitique des médias
renvoie à celles de
la géopolitique.
4l’étude des flux
d’information permet de
comprendre les stratégies
d’influence des acteurs.
4La capacité de connaître
et de communiquer constitue l’un des enjeux
essentiels pour tout acteur.
4Les médias sont des
rouages essentiels de
la diplomatie des Etats.
Cette problématique peut être appréhendée à travers trois axes fondamentaux.
1. Géopolitique, mondialisation et médias
4 Il s’agit, en fait, d’expliciter l’approche géopolitique des médias à travers ses concepts,
sa méthodologie et ses réflexions en cours.
4De mettre en évidence le déplacement des centres de gravité du développement et du
rayonnement des médias à l’échelle mondiale.
2. Les rapports entre la mondialisation, les rivalités de pouvoir et les médias.
4La mondialisation met en évidence la prédominance des médias américains dans la
géopolitique mondiale et le rôle de la communication dans la logique d’influence mondiale
et la conception et mise en oeuvre de la Globale Information Dominance.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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La géopolitique des médias participe également à recomposer les rapports de force entre
les continents et les Etats. A l’instar de la Chine, de l’Inde ou du Brésil, les pays émergents
s’appuient sur les médias pour étendre leur influence régionale ou mondiale. L’impact des
médias s’observe, en outre, dans bien d’autres domaines comme ceux du rayonnement
de la politique religieuse et linguistique.
3. La place des médias dans les relations internationales et les conflits.
Les médias sont des rouages essentiels de la diplomatie des Etats. Dans les conflits
armés, l’information et la communication constituent de nouveaux enjeux pour gagner
la guerre du sens et la bataille de l’influence au sein des populations parallèlement à la
manière de représenter les conflits et d’influencer l’opinion publique.
4. Le Paysage médiatique Algérien, ses défis et enjeux.
4 Il s’agirait en fait de recenser les défis qui se posent au l’Algérie. Quel est le rôle de ce
pays dans cette nouvelle configuration ?
4 Cette nouvelle phase du mouvement vers l’intégration mondiale pose la problématique
de l’appropriation locale des flux transnationaux. Les médiations, les formes de résistance
ou d’adaptation, les nouveaux mécanismes de l’hégémonie sont des défis fondamentaux.
GÉOPOLITIQUE, MONDIALISATION ET MÉDIAS
4L’approche des médias en géographie s’est surtout concentrée sur les réseaux de télécommunication dès les années 1950.
4Statistiques : cartographie des flux téléphoniques.
Les réseaux de télécommunication participent à aménager le territoire, créer un lien entre
un centre urbain et ses périphéries, transformer la notion de distance. L’approche culturelle reste encore très secondaire.
4En revanche l’école anglo-saxonne approfondit la relation entre l’idéologie, les médias
et la culture populaire, l’environnement cognitif et l’organisation, le rôle des médias sur
l’image de la ville. Jacquelin Burgess et John R. Gold (1985) «Geography the Media and
the Popular Culture».
Brunot Moriset (2005). «Réseaux de télécommunication et aménagement du territoire,
vers une fracture numérique» met en évidence la fracture spatiale et les territoires privés
d’accès à internet à haut débit en France.
Qu’est ce que la géopolitique des médias ?
4 La définition de la géopolitique des médias renvoie à celles de la géopolitique.
4 La géopolitique : associe géographie et politique et s’intéresse aux enjeux de pouvoir
sur des territoires.
Stéphane Rosière (2008) «Dictionnaire de l’espace politique» met en évidence l’étude
de l’interaction espace-Etat, les rapports de pouvoir (plan interne) et de puissance (plan
externe), les éléments matériels et immatériels, l’importance du discours sur le monde à
travers les représentations.
4 La géopolitique des médias consisterait ainsi en l’étude des rivalités des pouvoirs entre
les acteurs médiatiques, de la représentation de ces luttes d’influence par les médias, du
discours des médias comme révélation des mutations géopolitiques en cours.
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Elle permet de comprendre les grands déséquilibres du monde actuel puisque les médias
en sont les acteurs et les reflets.
4 Les sources et les outils d’information, la captation des audiences sont à la fois des
enjeux de domination de l’opinion comme des moyens privilégiés de comprendre les stratégies de contrôle, les tensions et les rivalités entre les acteurs.
LES QUATRE CRITÈRES DE LA GÉOPOLITIQUE DES MÉDIAS
La géopolitique des médias repose sur quatre critères :
1. Les infrastructures.
2. La production médiatique.
3. La consommation.
4. Les flux d’information.
1. Les infrastructures
Les infrastructures des médias permettent de comprendre l’évolution des nouvelles techniques à différentes époques et de mesurer leur impact sur les activités humaines. La
notion de réseau de communication est au coeur de cette approche.
Exemples : 1. L’usage des câbles téléphoniques sous-marins au XIX siècle a bouleversé
le marché mondial du coton (L’utilisation du télégraphe transatlantique, à partir de 1858,
met en liaison les producteurs américains avec les villes manufacturières du nord de l’Angleterre).
2. La géographie des câbles en fibre optique qui servent à la circulation des flux numériques entre les continents révèle l’importance des routes stratégiques de l’information
et des hubs qui centralisent les flux à l’échelle mondiale. (Hub maritime dans l’Etat de
Virginie concentre la moitié des flux mondiaux permet le contrôle et la surveillance de
l’information). En 2013, 49 des 265 câbles sous-marins se rejoignent en Angleterre.
NB. Les révélations sur le programme de cyberespionnage Prism (2007) rendu possible
par un accord entre la National Security Agency (NSA) et le Government Communications
Headquarters britannique (GCCH).
2. La production médiatique
4La production médiatique s’est fortement développée dans le monde qu’elle reste difficile à inventorier et à cartographier.
4La production cinématographique se concentre principalement en Asie et en Occident.
42005-2010, la géographie de la production annuelle moyenne des longs métrages :
3. La consommation
4La consommation s’intéresse aux groupes de sondage et aux publicitaires.
41. Son étude consiste à mettre en évidence les différents groupes mondiaux de la publicité, les stratégies, les messages, les cibles.
2. Elle permet d’aborder les dynamiques d’influence à différentes échelles géographiques
et d’approcher une géographie sociale et culturelle des comportements, des goûts, des
hiérarchies sociales et des usages. La dimension géopolitique se rencontre dans les stratégies d’influence des acteurs.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Inde1150
Chine
526
Etats-Unis
500
Europe (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni)480
Japon
448
Indonésie
102
Philippines
70
(Source Unesco, 2010)
4. Les flux d’information
4Avec l’extension des réseaux de télécommunication et des réseaux numériques, l’étude
des flux d’information permet de comprendre les stratégies d’influence des acteurs.
4L’analyse de la géographie de la répartition des câbles sous-marins et des flux Internet
dans le monde révèle les grandes autoroutes qui relient surtout l’Amérique du Nord à
l’Europe et l’Asie (Japon).
Dans les années 2000, elle met en évidence la fracture entre le Nord et le Sud (80% des
utilisateurs sont dans les pays développés).
4A partir de ces quatre critères, la géopolitique des médias identifie trois catégories de
concepts fondamentaux et permanents :
1. Les réseaux d’information et de communication.
2. Le centre et la périphérie.
3. La représentation géopolitique.
1. Les réseaux d’information et de communication
Marie Claude cassé, (1992) «Réseaux de télécommunication et construction territoriale»
4L’impact des réseaux d’information et de communication a une influence variable selon
les types d’activité :
4Economique : concentration spatiale des entreprises dispersion des activités, forme
d’organisation du travail, intégration d’une zone géographique à des échanges, production
de nouveaux territoires fonctionnels.
4Politique : construction des territoires politiques des Etats modernes, le télégraphe au
XX siècle ou le satellite à partir des années 1960 sont des moyens d’affirmation de la
puissance sur la scène internationale et des facteurs de renforcement de la cohésion de
la communauté et de la nation.
4Social et culturel. Influencent une pratique et une représentation de l’espace.
4Les réseaux médiatiques dynamisent des liens matériels (images, sons) et immatériels
(idées, idéologie), structurent l’espace et répondent à une stratégie globale de contrôle
de territoire.
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2. Le centre et la périphérie.
4La notion de centre et de périphérie permet de mesurer le degré d’intégration médiatique dans un espace, de comprendre la maitrise du territoire par la couverture médiatique.
4Dans l’organisation du réseau Internet mondial dans les années 2000 une logique de
centres et de périphéries se remarque.
4Les villes côtières des Etats-Unis sont le centre historique, l’intérieur des Etats-Unis, la
semi-périphérie, les autres aires du monde constituent la périphérie.
4Gabriel Dupuy (2002) «Internet, géographie d’un réseau» Le réseau Internet se développe en plaques avec des zones d’ombres à l’échelle planétaires depuis les 1970
jusqu’au début des années 2000, mais se caractérise par une centralité forte à partir des
Etats-Unis, notamment des hubs Internet des côtes Ouest et Est (2/3) des ordinateurs
connectés, de l’Europe, du Japon vers des périphéries faiblement intégrés.
4La relation entre le centre et la périphérie révèle des dynamiques géopolitiques liées au
jeu des acteurs (individus, opérateurs, Etats, Institutions supranationales).
4Le concept centre périphérie permet de repérer les stratégies de connexion de ces
acteurs pour enserrer un territoire dans un maillage médiatique à travers une série de
supports comme la télévision numérique, la radiophonie ou Internet.
Voir René Naba (1998) «La guerre des ondes… guerre des religions, la bataille hertzienne
dans le ciel méditerranéen.»
3. La représentation géopolitique
Elle désigne la structure cognitive du traitement médiatique, la conceptualisation des faits
évènementiels. Son analyse porte sur les discours, les images, les supports médiatiques
utilisés dont l’objectif consiste à comprendre les enjeux que constituent le territoire et les
stratégies territoriales des acteurs auprès de l’opinion publique.
PUISSANCE, STRATÉGIE ET GUERRE DE L’INFORMATION.
Loup Francart (2002) «Infosphère et intelligence stratégique.» Le statut de puissance est
étroitement lié aux capacités d’influence pour s’imposer à l’autre : l’avoir (richesse, population, culture), le pouvoir (NTIC comme source de puissance, médias en réseau), le
savoir (connaissance et anticipation, le vouloir (idéologie, gouvernance). La capacité de
connaitre et de communiquer constitue l’un des enjeux essentiels pour tout acteur qui tend
à s’étendre.
Nouveaux concepts
4Infodominance : Mil = consiste à employer des moyens techniques pour connaitre le
champ de bataille et plonger l’adversaire dans le brouillard afin de la paralyser.
4Désigne la gestion du monde par les techniques de l’information, la propagation d’une
vision du monde à travers le contrôle des moyens de communication.
4Guerre de l’information (infoware) : François Bernard Huygues (2010) «La cyberguerre
et ses frontières» L’information est désirable, vulnérable et redoutable.
4La guerre de l’information renvoie à la propagande, et à la manipulation dans un cadre
international. Elle signifie aussi subversion (rumeur), surveillance électronique (Echelon
1947)
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Les principaux centres de gravité des médias dans le monde depuis la fin du Moyen Age
L’inégale intégration des Médias à la mondialisation des échanges
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Médias et dynamique intégration à la mondialisation des échanges
LES RAPPORTS ENTRE LA MONDIALISATION, LES RIVALITÉS
DE POUVOIR ET LES MÉDIAS
La mondialisation met en évidence la prédominance des médias américains dans la géopolitique mondiale et le rôle de la communication dans la logique d’influence mondiale et
la conception et mise en oeuvre de la Globale Information Dominance.
La géopolitique des médias met l’accent trois paramètres fondamentaux.
1. La doctrine américaine de la libre circulation de l’information.
2. La puissance politique soutenue par les médias.
3. la puissance économique des grands groupes de médias.
1. La doctrine américaine de la libre circulation de l’information
Kent Cooper (1942) directeur de l’Agence Associated Press, «Barriers Down» appelle les
futurs vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale à inclure le principe de la libre circulation de l’information dans les négociations de paix.
1964 : La commission des Affaires étrangère du Congres considère que la finalité première vise à imposer le leadership américain dans le monde en prônant l’adhésion volontaire aux valeurs soutenues par les Etats-Unis.
2. La puissance politique soutenue par les médias
Promouvoir l’intérêt national par les médias.
1942, l’Office of War Information est confié à un journaliste (Elner Davis), OWI est à l’origine du lancement Voice of America : faire adhérer les Médias et l’opinion publique internationale aux valeurs des Etats-Unis, La United States Information Agency, créée par
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D. Eisenhower en 1953v devenue La United State International Communication Agency
en 1978 est chargée de développer l’image de l’Amérique par le renforcement du rôle des
médias d’influence.
42001 un sous secrétariat d’Etat à la Diplomatie publique, dont la direction est assurée
par une publicitaire (charlotte Beers) est crée pour transmettre une nouvelle image des
Etats-Unis, notamment dans le monde musulman.
42009 «Communication stratégique» sous la présidence Barack Obama.
Les cinq premiers groupes de médias selon leur chiffre d’affaires en 2009 et 2012
Médias
Rang
en 2009
Chiffres d’affaires
en 2009
(Milliards de dollars)
Rang
en 2012
Chiffres d’affaires
en 2012
(Milliards de dollars)
Time Warner
1
46,9
4
36,4
Walt Disney
2
37,8
2
78,4
New Corporation
3
32,9
3
48
Bertelsmann
4
25,6
/
/
Maruhan
5
20,1
/
/
DirecTV
5
/
5
33,3
Comcast
5
/
1
81,2
Source : Financial Times Global 500, 2013
Les dix premières entreprises mondiales de technologies de l’information
et de la communication ayant la plus grosse capitalisation boursière en 2010 et 2012
Entreprises
Rang
en 2010
Capitalisation boursière
en 2010
(en milliards de dollars)
Rang
en 2012
Capitalisation boursière
en 2010
(en milliards de dollars)
Microsoft
1
256,8
2
270
Apple
2
213
1
560
China Mobile
3
192,9
4
220
IBM
4
166,59
3
241
ATT
5
152,5
5
185
Cisco Systems
6
149
11
113,9
Google
7
138,8
7
165,4
Oracle
8
129
8
145
Hewlett Packard
9
124,6
/
/
Intel
10
123,1
9
140
Samsung Electronics
/
/
6
181,7
Quelcomm
/
/
10
115
Source : Financial Times Global 500, 2013
56
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LA PLACE DES MÉDIAS DANS LES RELATIONS
INTERNATIONALES ET LES CONFLITS
Les médias sont des rouages essentiels de la diplomatie des Etats. Dans les conflits
armés, l’information et la communication constituent de nouveaux enjeux pour gagner
la guerre du sens et la bataille de l’influence au sein des populations parallèlement à la
manière de représenter les conflits et d’influencer l’opinion publique.
1. Des instruments au service de la politique étrangère
des Etats et des acteurs non étatiques
Les fondements de la diplomatie publique.
1. La capacité technologique à diffuser = maitriser la connaissance de l’autre et savoir
l’exploiter.
2. L’influence = L’art de faire vouloir à autrui ce que vous voulez, par l’image, le message
et les réseaux (Huygues, 2005).
3. La stratégie d’information et de communication.
4Stratégie de la forteresse. Protection de son opinion. (Chine)
4Stratégie de la croyance. Diaboliser l’adversaire. (Saddam Hussein)
4Stratégie de l’image. Soft power (étendre sa zone d’influence). (Guerre froide)
4Soft power de nouveaux géants émergents :
4Reliance of Sahara (Inde)
4Rotana, MBC Arabie saoudite.
4Al jazeera (Quatar)
4TV Globo (Brésil)
4Televisa (Mexique)
4Naspers (Afrique du Sud)
4Stratégie des vecteurs. Imposer son interprétation du monde, donner une représentation construite et idéalisée de son environnement. (RFA- RDA)
4Stratégie de l’accès. Diriger l’attention. Prospérité pour le développement numérique
(Clinton)
2. la dimension géostratégique du Net
4Hillary Clinton lance la diplomatie par Twitter en février 2011 «Internet accélère le changement politique, économique et social».
422,3 millions d’euros est réservé pour divers associations travaillant dans le contournement des murailles électroniques.
4Plateforme «Sounding Board» pour favoriser les échanges information.
4Le département d’Etat a ouvert 230 comptes Facebook, 50 chaines sur Youtube, 80
comptes Twitter (Washington Post, 22 aout 2011.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
57
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
GUERRE CIVILE NUMÉRIQUE
Des tactiques d’influence ou de désinformation sont employées pour déstabiliser les pouvoirs en place. (Tactique Astro Turf, mimer l’émergence spontanée d’un courant d’opinion
d’origine citoyenne sur les réseaux sociaux, en créant de faux individus pour qu’ils établissent des «liens amicaux» avec des personnes ou des services en vue de les discréditer).
LE PAYSAGE MÉDIATIQUE ALGÉRIEN, SES DÉFIS ET ENJEUX
Il s’agirait en fait de recenser les défis qui se posent au l’Algérie. Quel est le rôle de ce
pays dans cette nouvelle configuration ?
Cette nouvelle phase du mouvement vers l’intégration mondiale pose la problématique de
l’appropriation locale des flux transnationaux. Les médiations, les formes de résistance
ou d’adaptation, les nouveaux mécanismes de l’hégémonie sont des défis fondamentaux.
L’Algérie reste en enjeu communicationnel triptyque : économique, politique et civilisationnel.
4L’économie se recentre non plus sur le savoir-faire, le savoir produire, mais sur l’intelligence, la matière grise, mots compris au sens de capacité de traitement de l’information,
de capacité d’innovation, de conception, d’organisation et d’adaptation.
mie se recentre non plus sur le savoir-faire, le savoir produire, mais sur l’intelligence, la
matière grise, mots compris au sens de capacité de traitement de l’information, de capacité d’innovation, de conception, d’organisation et d’adaptation.
1. les infrastructures
4Les enjeux du numérique. (Internet. TNT) C’est à la télévision de service public qu’il revient de satisfaire trois conditions essentielles pour assurer démocratiquement la mutation
numérique :
4Le maintien d’une offre en clair accessible à tous.
4Le pluralisme de l’offre audiovisuelle.
4La continuité du service public.
4La téléphonie.
2. La production médiatique
En Algérie où la majorité de la population a accès par satellite à de nombreuses chaînes
étrangères, les chaînes françaises influencent l’imaginaire collectif mais non point d’impact profond sur l’imaginaire intime. Mais c’est au plus profond de l’imaginaire intime que
s’adressent les chaînes arabes comme Al Jazeera ou Al Mannar en s’inscrivant dans la
dimension religieuse des sociétés magrébines où la production et la diffusion du sacré
sont partie intégrante de la communication sociale.
Les émissions de ces chaînes ne sont pas prise en compte dans toute leur dimension
politique, elles participent pourtant à la visibilité de questions de société, de morale, de
modes de vie différents, d’interprétation inattendues de sujets de sociétés et de culture.
Elles traduisent par ailleurs l’orientation politique et idéologique de leurs opérateurs. Et les
points d’audience en dépendent de plus en plus.
58
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Révoltes arabes, liberté de l’information et internet
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
59
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
STANDARDISATION ET MÉMÉTISME
Dans son étude sur le journalisme télévisuel, Pierre Bourdieu identifie un système dans lequel, en substance, «toute la production se propose de préserver des valeurs préétablies
et où la concurrence, plus qu’engendrer originalité et diversité, tend à favoriser l’uniformité.» En effet, une tendance assez nette émerge de la part des émetteurs à se montrer
extrêmement mémétiques, par suite de phénomène de copiage, par rapport aux modèles
d’inspiration anglo américain qui conditionnent le monde entier. «Quand une personne
ou une institution en imite une autre, il se transmet quelque quelque chose entre elles,
qui peut ensuite être retransmis plusieurs fois, jusqu’à revêtir une identité propre. Nous
pouvons penser que ce quelque chose est une idée, une instruction, un comportement,
une information.»
LA MODALITÉ MÉMÉTIQUE EST FORTEMENT RÉPANDUE
DANS LES LANGAGES AUDIOVISUELS
Cette présentation graphique et sémiotique de l’écran organise l’espace narratif de
chaînes satellitaires aux objectifs diamétralement opposés en apparence à l’exemple de
CNN et Al Jazeera, et visant des audiences culturellement différentes. La façon de s’habiller des journalistes et les toiles de fond évoquent constamment ce continuum culturalo
idéologique auquel le monde globalisant tend si ardemment. «Que les images aient une
forte valeur culturelle, et non universelle, est un concept que semble ignorer beaucoup
de producteurs télévisuels, qui lancent des signaux souvent culturellement trop marqués
dans l’océan des télévisions satellitaires.» CONOSCENTI Michelangelo, Les medias en
Méditerranée.
L’Algérie, comme territoire de réception subit cette culture standard, l’intègre de plus en
plus dans ses codes télévisuels à travers la présentation graphique et sémiotiques de
ses écrans, texte électronique diffusant une information continue qui défile en bandeau
sur l’écran, décors en arrière plan calqué sur le schémas des chaînes satellitaires internationales ou encore dans le mimétisme qui consiste à copier les émissions phares des
chaînes françaises.
Aujourd’hui, les processus identitaires et culturels se déroulent, pour reprendre Jesùs
martin Barbero, dans un nouvel écosystème globalisé. Ses enjeux sont les codes culturels
de la société. «A l’ère de la mondialisation, et dans un univers consumériste où la valeur
tient d’avantage à la dimension symbolique que matérielle des biens, les batailles les plus
importantes sont bien des batailles culturelles.» (Jesùs Martin, L’approche culturelle de la
globalisation).
L’ALGÉRIE : ENJEU IDENTITAIRE ET ENJEU CIVILISATIONNEL
(Prorblématique de la programmation nationale)
Une assimilation passive du Maghreb aux pays du Proche et du Moyen Orient reviendrait
à occulter par ignorance, par désintérêt ou par des biais idéologiques l’histoire spécifique,
profonde et complexe de cette région et interdire l’appropriation par les populations maghrébines de leur propre destin. Le Maghreb est pleinement inséré dans l’histoire méditerranéenne par l’étroit rapport qu’il entretient depuis l’empire romain avec l’Europe, et
par son identité musulmane qui le rattache à l’orient. Il n’en est pas moins unique par son
origine et son identité amazighe. C’est ce carrefour d’identités et d’appartenance qui peut
préparer cette région à un avenir politique et social plus apaisé, davantage conforme aux
aspirations de ses sociétés.
60
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
RÉSUMÉ
LA CONSOMMATION.
4Les Audiences TV
4Les études d’audience sont à
l’état embryonnaire en Algérie
pour plusieurs raisons.
Au niveau de la méthode, l’objet
de la recherche est mal identifié
en tant qu’individu voire même en
tant que groupe. Il n’existe pas de
traditions de stockage de bases de
données fiables sur les habitudes
de consommation, ni d’indicateurs
précis sur les rapports qu’entretient le public avec ses médias.
En fait, il subsiste une réelle crise
de confiance entre les médias et
leurs publics dans des formations
sociales passant rapidement d’un
spectateur sujet d’une communication autoritaire et hiérarchisée
à celui d’un individu libre dans
ses choix. La lecture des données
quantitatives n’aurait aucun ancrage avec le vécu social.
L’absence de veilles stratégiques
sur les uses et habitudes du
consommateur ne permet pas de
construire des panels représentatifs des publics des médias.
CONCLUSION
Il faudrait repenser la notion de société de l’information et lui préférer
celle de société de la connaissance
car les modes d’appropriation des
nouvelles technologies sont pluriels et se négocient à partir de
réalités sociales, culturelles et historiques qui sont incontournables.
Le Dr Abdeslam Benzaoui, a plaidé pour le lancement
de médias algériens à destination de l’extérieur pour
faire entendre la voix de l’Algérie.
«Il est nécessaire d’avoir des chaînes d’information et
des radios à destination de l’extérieur. Nous appartenons à un espace vital (pays du Sud) où il y a des enjeux très importants et où la voix et l’identité de l’Algérie
doivent être prises en charge», a t il a ajouté que «tant
qu’on aura pas mesuré l’enjeu identitaire (véhiculé notamment par les médias) et compris que nous sommes
dans une situation de passivité par rapport aux pays du
Proche-Orient et de l’Occident, on ne jouera aucun rôle
sur le plan géopolitique».
«Nous avons une politique internationale avec des enjeux régionaux, d’où la nécessité de mettre en place
une politique d’influence et c’est notamment aux médias que revient cette mission», a-t-il expliqué.
Il s’agirait en fait de recenser les défis qui se posent à
l’Algérie. Quel est le rôle de ce pays dans cette nouvelle configuration ? Cette nouvelle phase du mouvement vers l’intégration mondiale pose la problématique
de l’appropriation locale des flux transnationaux. Les
médiations, les formes de résistance ou d’adaptation,
les nouveaux mécanismes de l’hégémonie sont des
défis fondamentaux.
Le paysage médiatique algérien est révélateur des
enjeux futurs de la mondialisation. Il met en exergue
les interactions entre plusieurs types de messages
télévisuels qui se croisent et s’affrontent au gré des
circonstances politiques. L’Algérie reste en enjeu communicationnel triptyque : économique, politique et civilisationnel.
Il faut donc penser différemment la question de la liberté et de la démocratie. La liberté politique ne peut se
résumer au droit d’exercer sa volonté. Elle réside aussi
dans le droit de maîtriser le processus de formation de
cette volonté.
M. Benzaoui a donné l’exemple de la chaîne de télévision française «France 24», qui a été pensée depuis
l’époque de l’ancien président François Mitterrand pour
diffuser l’image de la France, en la forgeant grâce à
une politique audiovisuelle.
«Il est indispensable de repenser la notion de société
de l’information et la remplacer par celle de la connaissance», a insisté Dr Abdeslam Benzaoui, soulignant
que les modes d’appropriation des nouvelles technologies «sont plurielles et se négocient à partir des réalités
sociales, culturelles et historiques qui sont incontournables».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
61
ABDERRAHMANE AZZI
Les nouvelles tendances de l’éthique
et les lois de l’information
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme
et des Sciences de l’Information de Ben Aknoun - Alger
12 mars 2015
Abderrahmane Azzi est un universi-
taire et théoricien en communication Algérien, né en 1954 à Béni ouartilène (Algérie). Il a étudié le journalisme à l’Université
d’Alger. Il a eu son doctorat en 1985 à
l’Université NTSU en Amérique, là où, il a
occupé le poste de maître assistant entre
1982-1985.
Il est connu par sa théorie «Le déterminisme théorique de
la valeur morale de l’information».
Il a enseigné dans de nombreuses universités : Université
de North Texas, Université d’Alger, Université islamique
internationale de Malaisie, université du Roi-Saoud,
United Arab Emirates University.
Actuellement, professeur de communication de masse à
la faculté de communication de l’Université Sharjah de
l’Émirates Arabes unis. Il se distingue par sa pluridisciplinarité : sa culture religieuse, sa compétence en science
de l’information et de la communication et ses connaissances de la pensée sociologique moderne.
Il a réalisé plus de 60 études et recherches sur les différentes spécialités des sciences de l’information et la communication comme, le journalisme, la communication de
masse, les relations publiques, la technologie de communication, les théories de communication, traductions…etc.
Ouvrages
n Etudes sur la théorie de la communication, vers une
pensée spécifique de l’information, Centre des études
union arabe Liban 2003.
n Ethical Competence in the Information Age.
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LES NOUVELLES TENDANCES
DE L’ÉTHIQUE ET LES LOIS
DE L’INFORMATION
L
e Professeur Abderrahmane Azzi, a affirmé
que «L’éthique est une science qui exige beaucoup de connaissances. Plus on devient professionnel, plus on s’y approche. Ne pas faire mal aux
autres ou du moins, faire le moins possible, c’est le
principe le plus important de l’éthique».
Ne pas tomber dans la diffamation, respecter la vie privée, la propriété privée et ne pas inciter à la violence,
se comptent parmi les autres principes de l’éthique.
«Le rôle des médias, c’est d’apporter des solutions,
et non d’inciter à la violence et traiter d’une façon négative les faits et les évènements comme cela se fait
aujourd’hui. L’éthique, c’est construire quelque chose
de positif dans une réalité négative», a-t-il soutenu,
faisant référence aux guerres et aux conflits qui traversent le monde.
Les médias ont un rôle important à jouer dans le règlement de ces conflits. «Même les matchs de football
sont retransmis et commentés comme s’il s’agissait
de guerre ! Il ne faut pas s’étonner devant tant de violence autour de ce sport», constate-t-il, pour lui, un
bon journaliste doit se poser ces questions : «fait–il un
travail dans le respect de l’éthique ? Est-ce que son
travail aide à rendre l’autre meilleur ? Est- ce que ses
informations sont construites sur des sources sûres?
Est-ce que ses informations sont diffamatoires ?
Est-ce que son travail répond à un intérêt personnel?»
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
4L’éthique est une science
qui exige beaucoup de
connaissances. Plus on devient professionnel, plus on
s’y approche. Ne pas faire
mal aux autres ou
du moins, faire le moins
possible, c’est le principe
le plus important de
l’éthique.
4Le rôle des médias, c’est
d’apporter des solutions,
et non d’inciter à la violence et traiter d’une façon
négative les faits et les
évènements comme cela
se fait aujourd’hui.
4Même les matchs
de football sont retransmis
et commentés comme s’il
s’agissait de guerre ! Il ne
faut pas s’étonner devant
tant de violence autour de
ce sport.
65
DANIEL CORNU
L’éthique, déontologie et pratique
du journalisme au temps de l’internet
Université - Oran
19 avril 2015
Daniel Cornu, né le 5 août 1939, à Ge-
nève. A commencé sa carrière de journaliste au Journal de Genève (1962-1966)
puis rejoint La Tribune de Genève où il dirigea la rubrique politique, (1982-1992) rédacteur en chef de La Tribune de Genève.
n Aujourd’hui médiateur (ombudsman) de
ce même quotidien, ainsi que des autres
publications francophones du groupe Tamedia.
n Directeur du Centre romand de formation des journalistes (CRFJ), à Lausanne (1993-2004).
n Professeur associé à l’Université de Neuchâtel (19882004) et professeur invité à Université de Genève (20002004).
n Membre et vice-président du Conseil suisse de la presse
(1994-2003).
n Ancien président (2009-2103) et actuel membre du Comité d’éthique et de déontologie de l’Université de Genève.
Parmi ses publications
n Journalisme et vérité. L’éthique de l’information au défi
du changement médiatique,
n 2009 : Les médias ont-ils trop de pouvoir,
n 2010 : Tous connectés ! Internet et les nouvelles frontières de l’info, 2013.
n En 2012 il est fait Docteur honoris causa de l’Université
catholique de Louvain.
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
L’ETHIQUE, DÉONTOLOGIE ET PRATIQUE
DU JOURNALISME AU TEMPS DE L’INTERNET
INTRODUCTION
Cette conférence n’a pas pour objet de
présenter une analyse de la déontologie
professionnelle des journalistes ni d’en
offrir des illustrations. Le contenu et la
formulation de ce texte attestent une forte
proximité avec la Déclaration des devoirs
et des droits des journalistes de 1971, reconnue par la Fédération internationale
des journaliste, déclaration qui me sert
ordinairement de référence.
L’objet de cette conférence est en effet
moins de s’intéresser à la substance actuelle de la déontologie qu’aux conditions
de sa mise en œuvre, alors que le journalisme doit s’adapter à des changements
sociaux et techniques importants, notamment depuis le développement de l’Internet. Que devient le journalisme au temps
de l’Internet ? Que devient-il sous l’effet
de l’irruption massive d’acteurs nouveaux
dans les circuits de la communication ?
L
4Le journalisme de communication se distingue du
journalisme d’opinion et du
journalisme d’information.
4Le Web ne produit pas la
même vision du monde et
de la société que les médias
traditionnels.
4Les internautes se
fondent sur une autre légitimité que les journalistes.
4Sur Internet, le magistère du journalisme tend à
s’effacer au profit du choix
opéré par le public des
internautes.
4L’Internet cristallise
donc une perte de pouvoir
journalistique.
UN JOURNALISME DE COMMUNICATION
A LA MESURE DE L’INTERNET
es observations menées sur les médias et le journalisme pendant les années d’apprentissage de l’Internet permettent, avec le recul, de mesurer aujourd’hui l’intérêt
et la pertinence d’analyses et de réflexions proposées avant même ce qu’il faut
bien appeler «la révolution du Web 2.0» : soit l’ouverture à tous des voies de circulation
des informations et des idées. Il s’agit là d’un changement décisif.
Le développement de l’Internet apparaît aujourd’hui moins comme une cause que comme
un révélateur d’une transformation repérée dans les médias traditionnels eux-mêmes.
Il convient d’accorder ici une place décisive aux travaux de Jean Charron et Jean de
Bonville, deux chercheurs québécois de l’Université Laval. Ces travaux ont été publiés en
1997, dans les tout premiers temps de l’«Internet grand public».
Ils ne concernent donc pas spécifiquement le réseau des réseaux ni les pratiques aujourd’hui identifiées du «webjournalisme».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
69
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Ils portent pour l’essentiel sur la définition d’un nouveau paradigme de journalisme :
le journalisme de communication, appelé à se substituer selon Charron et de Bonville
comme paradigme dominant au journalisme d’opinion et au journalisme d’information.
Journalisme de communication : l’expression peut surprendre. Elle est habituellement utilisée pour dénoncer une dérive du journalisme d’information, à l’écoute trop peu
critique des «communicants» qui transmettent les messages de Gouvernements, d’administrations ou d’entreprises. Un journalisme qui se contenterait de passer les plats.
La définition du journalisme de communication par Charron et de Bonville part du modèle
linguistique proposé par le linguiste américain, d’origine russe, Roman Jakobson1.
Elle prend en compte les six fonctions du langage distinguées par Jakobson.
Non seulement les fonctions directement liées au contenu du discours (fonction référentielle : l’information) ou à l’expression du locuteur (fonction expressive : l’opinion, l’humeur), fonctions qui renvoient aux modalités traditionnelles du journalisme.
Mais aussi d’autres fonctions qui visent à faire agir (fonction conative), à simplement maintenir le contact (fonction phatique), à mettre en scène ou en histoire le contenu du discours
(fonction poétique), à s’assurer du bon fonctionnement de la communication par l’usage
d’un code commun (fonction métalinguistique).
Le journalisme de communication se distingue du journalisme d’opinion et du journalisme
d’information, qui ont prévalu jusqu’à des temps récents. Il intègre des fonctions du langage jusqu’alors peu ou pas exploitées. Il suppose un changement de paradigme au sens
où l’entend l’historien et philosophe des sciences américain Thomas Kuhn1.
Sans doute ce changement s’effectue-t-il sans la «rupture» qu’évoquaient Charron et de
Bonville dans leurs premiers travaux. Il se produit plutôt en douceur, dans la continuité,
sans rejet brutal des pratiques et références anciennes. Mais il n’en est pas moins clairement perceptible.
Les nouvelles technologies de la communication, l’intervention du public dans la circulation des informations et des opinions, produisent des changements dans les pratiques
journalistiques et dans la diffusion de l’information.
Les éléments constitutifs du paradigme journalistique subissent donc
aujourd’hui de visibles mutations :
Le Web ne produit pas la même vision du monde et de la société que les médias traditionnels.
n
Le réseau ne se prête pas au même agencement ni à la même présentation des événements ; il n’observe pas la même temporalité.
n
n
Il propose d’autres modèles et un autre savoir-faire.
n
Les internautes se fondent sur une autre légitimité que les journalistes.
La mise en évidence de l’un de ces éléments constitutifs permet sans doute de bien percevoir le changement de paradigme : il s’agit du renvoi à des références exemplaires - sans
connotations positives ou négatives.
70
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Les références exemplaires ne sont plus (ou plus seulement) :
n
Les reportages quasi mythiques d’Albert Londres ;
Les investigations de Woodward et Bernstein, du Washington Post, sur le Watergate
(1972) conduisant à la démission du président Richard Nixon (1974) ;
n
Le couronnement en direct de la reine d’Angleterre Elisabeth II (1953), l’assassinat de
John Kennedy (23 novembre 1963) et les premiers pas en direct de Neil Armstrong sur la
Lune (21 juillet 1969) ;
n
Ou encore, comme dernières occurrences, les images du faux charnier de Timisoara
(décembre 1989) et la couverture de la première guerre du Golfe par CNN (1990-1991).
n
Les nouvelles références exemplaires sont :
Les images d’amateurs des attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles
de New York, les enregistrements sur téléphone portable des sévices dans la prison irakienne d’Abou Ghraib en 2004, les photos et vidéos du tsunami de décembre de la même
année ;
n
Ce sont le réseau de sites altermondialistes Indymedia, le succès fulgurant du site participatif sud-coréen OhMyNews, lancé en 2000, la plate-forme de blogs Huffington Post ;
n
Ce sont Julian Assange et les révélations de WikiLeaks, Edward Snowden et ses divulgations sur les opérations de la NSA (National Security Agency) américaine ;
n
Ce sont aussi les premières heures du «printemps arabe» en 2011, racontées sur Facebook et Twitter.
n
Le réseau offre désormais un formidable espace à l’expression libre de chacun. Il ne fait
plus des médias un passage obligé. Il ouvre de nouveaux canaux de communication,
d’information et de débat.
L’Internet fait ainsi place même à ces «opinions informelles» ou «opinions non publiques»,
à ces convictions personnelles ou récits d’expériences individuelles, dont le philosophe allemand Jürgen Habermas peinait à concevoir le rôle critique dans le débat public. Il élargit
le champ de manifestation des «sans voix», de dénonciation de dysfonctionnements, de
demandes de légitimation des divers pouvoirs politiques ou sociaux.
DES CHANGEMENTS DANS LE STATUT ET LES PRATIQUES
DES JOURNALISTES
Le journaliste exerçait une influence certaine sur ses lecteurs à l’époque de la presse
d’opinion. C’est lui qui dit «ce qu’il faut penser». La notion de magistère était alors fondamentale.
Elle a subsisté dans le journalisme d’information par les opérations de sélection des nouvelles (la fonction de gate keeper), par leur cadrage, par la proposition d’un ordre du jour
de l’actualité. Le journaliste d’information ne dit plus «ce qu’il faut penser», mais «à quoi
il faut penser».
Sur Internet, le magistère du journalisme tend à s’effacer au profit du choix opéré par le
public des internautes. Les propositions d’opinions et d’informations émanant du public
entrent en concurrence (et même parfois en opposition) avec celles des médias.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
71
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Elles manifestent «une autre manière de penser» et révèlent «d’autres sujets auxquels
penser».
Le choix des nouvelles a été longtemps tenu comme l’expression de la liberté du journalisme. Il n’est plus une prérogative. Ni sur le Web, ni même sur les sites d’information
issus de médias.
L’audimétrie permanente, grâce à des outils de plus en plus performants, concourt à l’inversion progressive du rapport de force entre les rédactions et leur public. Elle donne
naissance à une «culture du clic». Dans les rédactions en ligne des médias, des «websismographes» permettent à tous les collaborateurs de suivre sur écran, minute par minute,
la fréquentation des contenus d’actualité installés sur le site.
Cette surveillance entraîne deux effets : le premier est de décider de la durée de vie d’un
contenu affiché sur le «mur» du site ; le second, plus important et à plus long terme, est
de dessiner le contour des intérêts et des attentes manifestés par les internautes et donc
d’inciter à proposer les informations qui leur correspondent. Dès lors, le choix des informations s’opère de plus en plus par plébiscite.
Que signifient ces changements depuis l’avènement de l’Internet,
et en particulier du Web 2.0 ?
En termes de «pertes» :
n
Les journalistes ne sont plus seuls à «raconter le monde».
n
La hiérarchisation des contenus leur échappe de plus en plus.
Les journalistes s’effacent comme analystes des événements ; des experts leur disputent ce privilège en s’exprimant à leur place sur leurs blogs et sur les sites participatifs.
n
Les journalistes sont moins présents comme témoins directs des faits ; le réseau est
inondé de témoignages et d’images recueillis par des informateurs amateurs, participant
ou assistant à l’événement, transmis instantanément grâce aux fonctions désormais multiples des téléphones portables.
n
L’Internet cristallise donc une perte de pouvoir journalistique. Le réseau tend à effacer
les différences entre les sources d’information. Donc à mettre les journalistes sur le même
pied que n’importe quelle autre source (voir le succès sur la Toile de tous les sites dévolus
à la théorie du complot).
n
Faut-il comprendre cette perte de magistère comme l’indice d’une disparition annoncée
du journalisme ? Dans l’ensemble, la survie du journalisme semble assurée, mais son rôle
change : il était pilote, il se fait plutôt aiguilleur.
En termes de «renforcement» :
Sur l’Internet, la surabondance des informations nécessite toujours des opérations de
tri, de recoupement, de mise en forme, de synthèse des innombrables contenus livrés par
les internautes, témoins, acteurs ou experts. Le journaliste a pour fonction de valider et
donner du sens.
n
De la même manière, la diversité extrême des opinions offre un terrain d’exploration
nouveau.
n
[Comme l’écrit Benoît Grevisse, «les technologies contemporaines permettent de rechercher l’originalité et la pertinence dans un foisonnement d’opinions.
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Le journaliste donnant des leçons du haut de sa tour d’ivoire n’a plus lieu d’être. Par
contre, le découvreur de représentations nouvelles, celui qui donne à son public la possibilité de prendre le monde à contre-pied a sans doute un avenir dans ce nouvel univers3».]
Le journaliste a pour fonction d’étendre et renouveler les points de vue.
Il appartient aussi au journaliste d’organiser le débat, d’animer les conversations, ainsi
que le percevait voilà plus d’un siècle déjà le psychosociologue français Gabriel Tarde. «Il
suffit d’une plume, écrivait-il alors, pour mettre en mouvement des millions de langues4.»
Le journaliste a pour fonction de susciter et d’entretenir le débat démocratique.
n
Du journalisme d’information subsiste une fonction majeure : l’enquête, qui constitue
peut-être la dernière véritable poche de résistance du magistère journalistique. Elle prend
aujourd’hui la forme nouvelle du data journalism, du journalisme de données. Elle consiste
à accéder à des banques de données pas nécessairement protégées ou secrètes, mais
si complexes que leur exploitation suppose des compétences particulières. Lorsque les
informations présentent un intérêt public, le journaliste joue alors pleinement son rôle :
rendre accessibles au plus grand nombre des informations d’intérêt général5.
n
Enfin, propre au journalisme en ligne, l’accueil et la modération des diverses formes de
commentaires apportés par le public lui-même en réaction aux informations publiées par
les médias. Le journaliste est alors l’éditeur des contributions du public.
n
Les modes d’intervention du public
Les déploiements sur l’Internet du journalisme de communication, dont nous accepterons
ici de retenir le paradigme, se traduit principalement par l’entrée en jeu du public. Sous
quelle forme, sous quelles conditions ?
Il est possible d’en retenir au moins trois :
les interventions sous forme de commentaires spontanés par les internautes, sur les
sites web des médias traditionnels ou sur les sites dits «pure players», soit exclusivement
installés sur le Web ;
n
les réponses à participer aux activités des médias et donc à la circulation des informations et des opinions (journalisme participatif) ;
n
n
des activités autonome par la création de sites et la tenue de blogs.
Cela signifie que nous ne prenons pas en compte ici l’ensemble des activités des internautes sur le réseau, mais seulement celles qui sont directement attachées à des sites
d’information et exploitées par eux. Il s’agit en quelque sorte d’un «premier cercle».
Les connexions sont cependant nombreuses entre ces mêmes sites et les réseaux sociaux, comme Facebook ou encore Twitter, dont les acteurs présentent par ailleurs de
nombreux points communs avec les blogueurs.
L’entrée en jeu du public représente un enjeu capital en termes de communication et d’information. Dans un papier destiné à préparer un colloque à Ottawa au mois de mai 2016,
un spécialiste canadien de la déontologie journalistique, Marc-François Bernier décrit ce
contexte nouveau.
Plusieurs points sont repris d’un article paru en 2013 dans la revue Ethique publique,
publiée au Québec.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
[Marc-François Bernier6 confirme que «grâce aux blogues, aux espaces d’interactivité
que l’on retrouve sur les médias en ligne et, surtout, grâce aux médias sociaux (Twitter,
Facebook, YouTube, etc.) les citoyens, de façon concertée ou spontanée, réagissent aux
contenus journalistiques produits et diffusés par les médias».]
[Les citoyens ne livrent pas seulement leurs propres contenus. Pour la première fois de
l’histoire de la presse, ils peuvent «intervenir directement et exprimer leurs doléances,
agissant ainsi comme des corégulateurs spontanés en exigeant davantage de transparence et d’imputabilité de la part des médias d’information et de leurs journalistes».]
[Bernier avance l’hypothèse que cette façon directe pourrait être «plus efficace que les
dispositifs traditionnels que sont les conseils de presse, ombudsman et médiateurs de
presse».]
[Par «imputabilité» (en anglais accountability), il faut entendre la responsabilité des journalistes de remplir leur contrat envers la société, qui tient en trois points7 :
assurer la représentativité des citoyens (ils posent les questions en leur nom, cherchent
l’information en leur nom, critiquent en leur nom, etc.) ;
n
user de manière responsable de leurs libertés et de leurs privilèges pour assurer l’information nécessaire aux citoyens, selon leurs valeurs éthiques et leurs normes déontologiques articulées autour de leurs devoirs et de leurs droits ;
n
rendre des comptes sur la façon dont ils se sont comportés : auprès de leurs pairs, des
conseils de la presse, des tribunaux lorsque ces comportement violent une disposition
légale. Et désormais donc auprès du public, qui demande des comptes.]
n
La participation accrue et constante du public à la communication ne se limite [donc] pas
à la production médiatique, déjà signalée plus haut : comme sources plus ou moins influentes, comme créateurs de contenu ou comme journalistes amateurs.
Elle s’étend désormais à la critique publique. Cette fonction était traditionnellement attribuée aux médias : la critique des pouvoirs, politiques, économiques et sociaux. C’est à
ce titre en effet que les médias ont pu être qualifiés de «4ème pouvoir», s’ajoutant aux trois
pouvoirs traditionnels en démocratie : législatif, exécutif et judiciaire. On les a considérés
aussi comme les «chiens de garde» de la démocratie.
Mais qui assurait la surveillance des «chiens de garde» ? Quel «5ème pouvoir» était en
mesure de contrôler le «4ème» ?
La fonction de surveillance des chiens de garde de la démocratie est revendiquée par des
organes d’autorégulation des médias eux-mêmes (conseils de presse, ombudsman, etc.).
Elle l’est aussi par des institutions de recherche et de formation indépendantes (l’Université de Columbia, aux Etats-Unis a dénoncé au printemps 2015 le récit mensonger par le
magazine Rolling Stone du viol collectif d’une étudiante ; publiée par le bimensuel cinq
mois plus tôt, fondée sur le seul témoignage de le jeune femme, cette histoire a échappé
aux procédures les plus élémentaires de recoupement et de vérification8) .
Au cours des dernières décennies se sont développés par ailleurs des mouvements ou
associations voués à la critique des médias (le mouvement ATTAC, Acrimédia), voire des
initiatives individuelles (Arrêt sur images de Daniel Schneidermann).
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Les citoyens intéressés à la vie des médias et au journalisme n’occupaient cependant que
peu de place dans ces diverses instances. [Leurs éventuelles démarches, note encore
Bernier, «étaient traitées, filtrées, acceptées ou rejetées sur la base d’une grille d’analyse
fortement influencée par des intérêts, des valeurs et des traditions journalistiques que
contestaient parfois ces mêmes citoyens9.»]
Cette «absence» des citoyens lambda dans les organes censés assurer le bon fonctionnement du journalisme apparaît comme un prolongement des relations des mêmes
citoyens avec les médias eux-mêmes : un accès limité à l’espace médiatique (bref temps
d’antenne, espace réduit du courrier des lecteurs, etc.). [«Leurs messages étant soit ignorés par les médias, soit filtrés par ceux-ci en fonction de critères journalistiques10».]
Or, voici l’effet le plus puissant de l’irruption du public dans le circuit de la communication :
«Avec Internet et le Web 2.0, les citoyens ont spontanément entrepris d’agir comme un 5e
pouvoir, celui qui observe, critique, invective même le 4e pouvoir, celui des médias et de
leurs journalistes. [Il ne faut pas s’étonner de l’irruption des publics (…) : les citoyens sont
loin de partager la même conception de l’information que celle mise de l’avant par les médias et leurs journalistes. De nombreuses enquêtes ont mesuré l’écart, parfois le gouffre,
qui séparait le jugement éditorial du public et celui des journalistes11 (…)».]
La divergence entre les médias et leur public peut aller dans certaines situations jusqu’à
la récusation même de la fonction critique systématique : le public affirme alors sa préférence pour l’aménagement de rapports de communauté harmonieux et pacifiés entre les
divers acteurs sociaux12.
Enjeux éthiques et déontologiques de l’internet
Cela nous amène à quelques réflexions conclusives sur les enjeux éthiques et déontologiques mis au jour par le développement de l’Internet. Ces enjeux concernent aussi bien
la valeur de liberté que les valeurs de vérité et de respect de la personne. Nous tenons en
effet ces trois valeurs pour fondatrices de l’activité journalistique, ainsi que nous pensons
l’avoir établi dans Journalisme et vérité (2009). Ce sont ces valeurs qui sont en somme
«questionnées» par l’évolution des techniques et des pratiques de la communication et
du journalisme. Et c’est à partir de ce questionnement que peut se concevoir une nouvelle
formulation des normes et donc de la déontologie.
En référence à la liberté, un élargissement de la sphère publique
La mission du journalisme en démocratie nourrit l’essentiel des chartes déontologiques
et la jurisprudence des conseils de presse en Europe, mais aussi dans d’autres régions
du monde.
[Elle se trouve confirmée par la Convention européenne des droits de l’homme et les arrêts de la Cour européenne. Prise à la lettre, elle semble dessiner une frontière nette entre
le journalisme et d’autres pratiques liées à la communication. Du fait de l’entrée en jeu du
public dans la circulation des informations et des opinions, la séparation est désormais
moins marquée.]
L’attention portée aux affaires publiques est tenue pour un critère discriminant de l’identité
journalistique, telle qu’elle s’est affirmée dans l’histoire.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Elle s’est élargie aux affaires rencontrant un fort écho social.
Les unes et les autres se réclament d’un intérêt public. Celui-ci continue d’apparaître
comme un critère d’agrégation ou de rejet des pratiques, d’intégration ou d’exclusion des
divers agents d’une communication protéiforme en activité dans l’espace public.
[Pourtant, tout ce qui est publié par les médias ne répond pas nécessairement à l’intérêt
public, même entendu au sens large. De nombreux contenus affichent l’ambition plus modeste de satisfaire les intérêts du public, des intérêts supposés, divers et variables, qu’il
n’est pas toujours aisé de circonscrire. Cette information se situe dans l’ombre du discours
de légitimation du métier, essentiellement fondé sur le «noyau dur» des nouvelles, les
hard news.]
[La diversité des pratiques journalistiques et l’hétérogénéité des statuts professionnels
répondent à des comportements «éclatés» du public autant qu’elles contribuent à les
façonner. Le service de l’intérêt public n’apparaît pas partout comme l’un de ses traits
dominants.]
Le Web élargit le domaine des affaires publiques. À la perte de capital symbolique des
médias d’information s’ajoute la secousse provoquée par l’arrivée d’une myriade d’«éditeurs» de tout acabit, dont le premier souci apparent est d’assurer leur liberté d’expression
individuelle. Parmi les blogueurs, il s’en trouve même qui se défendent de répondre à un
quelconque souci d’intérêt public.
[Le piège serait cependant d’apprécier leur fonctionnement en le référant nécessairement à l’aune des comportements attendus des journalistes. Ne faut-il pas admettre au
contraire que l’activité des blogueurs et autres internautes est précisément l’un des éléments constitutifs du bien commun en démocratie ?]
Le fait d’attirer l’attention de la communauté virtuelle sur des causes ou des intérêts qui
leur seraient propres est aussi une manière de faire émerger ces causes et ces intérêts
dans la sphère publique, de les soumettre à des échanges d’arguments, à des témoignages, à des récits d’expériences. Et d’élargir ainsi le domaine des affaires considérées
comme «publiques».
En référence à la vérité, une question de fiabilité
La recherche de la vérité reste le noyau de l’éthique journalistique, mais elle est soumise
à un nouveau régime.
La fiabilité des informations
L’enjeu est énorme en raison de la masse des informations en circulation et de l’état
de bouclage permanent. Quand faut-il considérer que l’information est constituée, donc
fiable? Comment s’assurer, sur le vaste marché du Web, de l’origine d’une information :
qui s’exprime, sur quel site, avec quelle intention ?
[Un journaliste du New York Times a établi une échelle d’évaluation de la fiabilité des sites
selon les noms de domaines (.gov ; . edu ; .org ; etc.), la Data Internet Integrity Scale.]
La stabilité incertaine des images
Envoi d’amateurs, contexte incertain (risque manipulation), manque du premier «chaînon» (le photographe ou caméraman professionnel sur place).
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[Cas Chris Stevens (septembre 2012), ambassadeur américain mort lors de l’attaque du
consulat de son pays à Benghazi (Libye).]
La tentation de la rumeur et le journalisme de pari
L’exploitation immédiate d’une nouvelle mise en ligne, dans le meilleur des cas après une
vérification rapide sur d’autres sites d’information (ou simple tweets !) donnés comme
sources… quitte à rectifier plus tard. Mais alors, souvent trop tard.
Les relations avec les sources et la loyauté des méthodes
La nécessité de s’annoncer comme journaliste lors d’une participation à des forums de
discussion, de demander l’autorisation d’exploiter un contenu sur un réseau social (voir
plus loin, à propos de la vie privée, la différence entre visible et public).
Les nouveaux développements
Le Data journalism (journalisme de données) et le Fact checking (vérification des faits)
prennent une nouvelle ampleur.
La participation du public
La participation du public à l’élaboration de la vérité s’effectue sous l’exigence éthique de
la meilleure aptitude à la justification, qui relève d’une approche pragmatique, mais aussi
au risque de la transparence pouvant mettre en cause des tiers, sans véritables raisons
nécessaires à la constitution de l’information.]
En référence au respect de la personne, des responsabilités longues
Le respect de la personne renvoie à un volet de l’éthique journalistique étroitement lié au
droit. Les médias sont depuis longtemps directement concernés par un certain nombre
de biens directement attachés à la notion juridique de «personne» ou de «personnalité».
[Le droit à l’honneur et à la réputation, qui inclut le droit à l’oubli, le droit à la vie privée, le
droit à l’image et à la voix sont particulièrement mis en jeu par le traitement médiatique.]
L’Internet les soumet à des conditions nouvelles, sur lesquelles il semble nécessaire de
réfléchir. De manière concrète, mais nullement exhaustive, mon expérience de médiateur
conduit à nous pencher sur deux aspects.
Quelle exploitation journalistique des réseaux sociaux ?
Le plus important tient aux nouvelles frontières de la vie privée.
[C’est un aspect sur lequel, en quelques lignes introductives à son chapitre sur l’élargissement de l’espace public, Dominique Cardon nous paraît particulièrement lumineux13.]
[Cardon oppose la conception spatiale de l’espace public et sa conception normative.]
[Selon l’approche spatiale, «est public ce qui est visible et accessible à tous».]
[Le droit et la jurisprudence s’en sont inspirés lorsque s’opèrent les distinctions entre le
public et le privé, voire l’intime, appliquées aux publications dans les médias.]
Selon la conception normative de l’espace public, que Jürgen Habermas définit comme
un espace symbolique, c’est la référence à l’intérêt général qui confère aux contenus médiatiques leur caractère public.
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Les médias traditionnels se référaient à ces deux conceptions, dont Cardon note qu’elles
se superposaient approximativement : «Les propos rendus visibles par les médias d’information, selon la première définition, avaient aussi un caractère public, selon la seconde».
Or, poursuit-il, «avec Internet, certaines choses visibles ne sont pas pour autant publiques».
C’est notamment le cas sur les réseaux sociaux. La question est donc : Les médias sontils légitimés à rendre public (sur leurs sites, sur papier, à la radio ou à la télévision) ce qui
est mis en ligne sur Facebook ou Twitter ?
[Le Conseil suisse de la presse, dans une prise de position14 de septembre 2010, s’est
penché sur la question. Le propos est nuancé. Des individus de plus en plus nombreux
publient sur l’Internet des informations et des images de caractère privé. Cela ne signifie
pas qu’ils renoncent pour autant à la protection de leur sphère privée. Ni que les médias
soient autorisés à reproduire et répandre sans autre ces contenus.]
[Les journalistes sont invités à s’interroger sur l’intention de la personne qui s’expose ainsi
dans l’espace public numérique, sur la nature du contenu, sur le contexte de sa mise en
ligne. L’examen est désormais facilité par des opérations de filtrage qui permettent à un
internaute disposant par exemple d’un profil sur Facebook de moduler la destination de
ses messages, selon qu’ils sont adressés à un large public ou à un cercle de proches.]
Quelles que soient les précautions prises par l’internaute, les journalistes sont tenus de
procéder, dans ce cas comme dans d’autres, à une pesée des intérêts. Quel est l’intérêt
qui prédomine, celui du public à être informé ou celui de la personne à une protection de
sa vie privée ?
La situation peut paraître paradoxale. Même s’il prétend à un caractère privé, un message
sur l’Internet est offert en théorie à une audience planétaire. Selon une conception spatiale, il fait tomber de lui-même toute protection. C’est cependant la publication dans un
média proche, un journal local par exemple, qui lui assure un véritable écho social et qui,
selon le contenu, peut alors constituer une violation de la vie privée.
[A cela s’ajoute les classiques distinctions déontologiques concernant le statut et l’identité
des personnes ainsi «médiatisées» : selon que l’internaute est un citoyen lambda ou qu’il
est une personnalité connue du grand public, des propos ou des images diffusées sur un
réseau social ne sont pas également exploitables par les médias traditionnels, en vertu de
la conception normative de l’espace public.]
Quel droit à l’oubli ?
Le second aspect de la protection de la personne nécessitant une réflexion nouvelle porte
sur le droit à l’oubli.
Au sens strict, le droit à l’oubli concerne un délinquant en voie de purger sa peine ou s’en
étant déjà acquitté. Il découle de l’un des buts essentiels de la répression : la réinsertion
dans la société. Il s’étend à des personnes qui ont eu des attitudes contraires à l’honneur,
en termes toutefois moins catégoriques15.
[Les médias traditionnels n’ont pas à réveiller d’anciennes affaires, à moins que leur évocation ne corresponde à un intérêt public prépondérant. Qui cherchait autrefois à s’en
enquérir malgré tout, pour des motifs personnels, devait mener dans leurs archives des
recherches souvent longues et compliquées.]
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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Par son étendue et la pérennité de ses contenus, l’Internet accroît les risques de dommages provoqués par une publication portant atteinte à la réputation ou à la vie privée
des gens.
Contrairement aux archives des médias traditionnels, les archives électroniques des journaux ou autres médias se consultent aisément à propos de quiconque, de n’importe où et
pendant une durée indéterminée.
Du coup, la protection d’un «droit à l’oubli» tend à s’appliquer à toute personne revendiquant simplement de vivre tranquillement sa vie, quel qu’en ait été le cours. Sans que
soient rappelés, à partir de la simple inscription de son nom sur un moteur de recherche,
des épisodes de son existence sans relation avec la situation présente.
[Jusqu’au printemps 2014, on pouvait ainsi considérer que Google et Yahoo ignoraient
tout du droit à l’oubli. Ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui. Une évolution très importante s’est produite en Europe.]
[Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 13 mai 2014 relance en effet
le débat sur le droit à l’oubli, aussi bien dans les cercles juridiques que dans les milieux
journalistiques.]
[Il est d’ailleurs plutôt question aujourd’hui d’un droit à l’effacement. Davantage encore
depuis cet arrêt, d’un droit au non-référencement ou encore à la désindexation.]
Selon la Cour de justice européenne en effet, il appartient au moteur de recherche de
s’interdire d’afficher un lien vers un contenu contesté pour de justes motifs par l’intéressé.
[L’arrêt n’impose donc pas d’interventions directes dans les archives électroniques des
journaux ou d’autres sources de données ; il met à la charge du moteur de recherche la
suppression du référencement au lien qui y conduit.]
Il suffit que les données personnelles contestées soient considérées comme inadéquates,
non pertinentes, excessives ou obsolètes.
Les droits fondamentaux de la personne prévalent donc sur tout autre. Il n’en reste pas
moins qu’est explicitement réservée une recherche justifiée par un intérêt public prépondérant à accéder à l’information.
[La Cour admet donc des «raisons particulières» de maintenir le référencement à des
données personnelles. Ainsi le rôle joué par le personne concernée dans la vie publique.
C’est une manière de retomber sur les critères déontologiques jusqu’ici appliqués par les
journalistes et les médias.]
La capacité des moteurs de recherche de dénicher dans le passé d’une personne tout
faux pas ou simplement tout comportement bizarre qui auraient été rendus publics par
un média, parfois du fait même de leur auteur, interpelle de toute manière le journalisme.
Elle engage un sens des responsabilités «longues» lorsqu’il s’agit de relater ou reproduire
pour la première fois un fait dans les médias, d’en décrire en détail les protagonistes, de
publier les identités ou toute autre donnée permettant de les reconnaître.
Il ne s’agit plus seulement de veiller à la protection immédiate de la personne, en lui épargnant une atteinte illicite. Il s’agit aussi de garder à l’esprit que la permanence de certaines
données, de manière prévisibles ou non, pourrait lui porter un jour un préjudice disproportionné. L’Internet impose à coup sûr des examens à nouveaux frais.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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CONCLUSION : POUR UNE ÉTHIQUE PARTICIPATIVE
La démocratisation de la communication crée un malentendu. Un irrépressible enthousiasme a promu dans les premières années du 21e siècle le slogan «Tous journalistes».
Comme s’il suffisait d’assurer une maîtrise technique des modes de transmission, de partager un champ commun d’intérêts, de copier des procédures d’écriture ou de mise en
scène pour revendiquer instantanément et pleinement un statut professionnel.
Le malentendu dissipé, l’équivoque demeure. Sur l’Internet, il est difficile au journaliste de
brandir un coupe-file ou de sortir une carte de presse. Il ne peut plus se réclamer de son
statut comme d’un privilège. Une appartenance visible à un média en ligne n’est qu’un indice. Le journalisme n’a jamais été exclusivement attaché à une organisation médiatique.
Désormais, les fonctions qui le désignent sont également assumées en tout ou en partie,
de manière plus ou moins cohérente et conséquente, par nombre d’internautes participant
à la vie du Web.
Qu’est-ce que le journalisme ? Qui est journaliste ? L’impossibilité de répondre sûrement à
ces deux questions conduit à s’en poser une autre : en quoi est-ce du journalisme ? Dans
le débat actuel, la formulation est décisive. Elle fait tomber les barrières corporatistes.
Contre un réflexe protectionniste souvent observé, elle restaure l’ouverture qui a toujours
caractérisé le métier. Elle envisage que les conditions principales d’un journalisme au
service de la communauté en démocratie soient également remplies par des citoyens qui
ne sont pas des journalistes.
Elle suppose alors que soient satisfaites certaines conditions :
un attachement à l’actualité et à son suivi, par des publications régulières ;
une intention de partage (médiation, communication) et non seulement d’expression
personnelle.
n la démonstration d’une indépendance ;
n l’adhésion à un projet de journalisme justifié, par une information respectueuse des faits
et des personnes, autrement dit conforme aux valeurs éthiques du métier.
n
n
C’est ouvrir la voie à une responsabilité partagée. Dans un essai déjà ancien, Éthique de
l’information (1997), j’ai suggéré une participation des citoyens, plus largement du public,
à un projet de défense et d’illustration de la liberté de l’information comme bien commun,
dans une perspective communautaire.
J’y évoquais des devoirs et des droits nouveaux. C’était une manière de tisser les liens
d’une responsabilité collective, associant les médias et leur public.
Les conditions ont changé, profondément.
L’Internet élargit l’espace public, il supprime les prés carrés et les privilèges. Il reconnaît à
tout citoyen un usage concret de la liberté de l’information et de la communication.
En même temps, il met à la charge de chacun la responsabilité de contribuer à la préservation de ce bien commun. La voie est ouverte à une éthique participative.
Aux médias, aux journalistes de montrer l’exemple en commençant par appliquer à euxmêmes cette affirmation de leur identité : Non par «ce qu’ils sont ou même par ce qu’ils
font», mais par « comment et pourquoi ils le font16». !
Partir d’un constat, le professeur Daniel Cornu a développé que l’internet déclasse par sa
réactivité et sa rapidité les médias.
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Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
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RÉSUMÉ
A partir d’un constat, le Pr. Daniel Cornu a développé
le thème «éthique, déontologie et pratique du journalisme au temps de l’internet». Internet déclasse par sa
réactivité et sa rapidité les médias traditionnels et cette
«nouvelle» pratique journalistique qui surfe sur l’instantanéité est portée sur le net par le net par les acteurs
nouveaux dans les circuits de l’information. Un simple
citoyen muni d’un téléphone est en mesure aujourd’hui
de poster une photo, une vidéo qui fait le buzz.
«Le web offre une autre vision du monde, un autre
agencement et une autre présentation des événements, il se réclame de références exemplaires différentes».
Des mutations s’opèrent dans les pratiques journalistiques» juge le Pr. Daniel Cornu, en guise d’introduction à son sujet. Historiquement, il a rappelé qu’il
y a eu d’abord le journalisme qui devait certainement
penser aux débuts violents de la presse durant la révolution française quand les intellectuels ont pris leur
plume pour défendre les idées de Robes Pierre, Marat
et autres penseurs polémistes. Ensuite vient le journalisme d’information, celui-là soucieux de rigueur et
d’une relative objectivité dans la restitution des faits.
Aujourd’hui, sous la poussée du web, un nouveau paradigme s’ajoute aux premiers: le journalisme de communication. «Ce grand changement est le fait d’une
intervention inédite et puissante du public depuis l’avènement du web 2.0 au milieu de la première décennie
du 21ème siècle. Les citoyens réagissent directement
aux contenus journalistiques diffusés par les médias,
sans devoir nécessairement passer par eux ni se soumettre à leurs filtres», tranche le Pr. Daniel Cornu.
Il est de tradition de conférer aux médias la fonction et
la classification de «quatrième pouvoir». Avec le web,
un cinquième pouvoir est apparu : la société civile et
son recours massif, généralisé, instantané aux réseaux sociaux. «Les changements dans les pratiques
de communication mettent à jour de nouveaux défis
éthiques (quelle légitimation ?) et de nouveaux enjeux
déontologiques (quelle régulation ?)…
Les réflexions s’articulent sur les trois valeurs éthiques
dominantes du journalisme : la liberté de l’information,
la recherche de la vérité et le respect de la personne
humaine, telles qu’elles se dégagent de la plupart des
chartes déontologiques. Elles ouvrent la voie à une
éthique participative, élargie à tous les acteurs de la
communication, citoyens et journalistes.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
(1)- Roman Jakobson, Linguistique et poétique.
Essais de linguistique générale, Paris 1963 ; trad.
de Closing Statements : Linguistics and Poetics,
Style in Language, New York, 1960.
(2)- Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques (1962), Paris, Flammarion
(«Champs»), 1983.
(3)- Benoît Grevisse, Déontologie du journalisme.
Enjeux éthiques et identités professionnelles,
Bruxelles, De Boeck, 2010, p. 247. La métaphore
de la tour d’ivoire apparaît comme pertinente en
matière d’expression de l’opinion. Elle ne l’est pas
dans le domaine de l’information, de nombreux
journalistes des médias traditionnels continuant
de cultiver les contacts sur le terrain et s’exposant
immanquablement à des «retours» de la part
des acteurs et du public.
(4)- Gabriel Tarde, L’Opinion et la foule, Paris,
Editions du Sandre, 2009, p. 68. Nous avons brièvement explicité le caractère précurseur de Tarde,
annonçant les compétences «conversationnelles»
aujourd’hui requises des journalistes sur la Toile,
dans Les médias ont-ils trop de pouvoir ?,
Paris, Seuil, 2010, p. 44-46.
(5)- Benoît Raphaël a proposé un inventaire provisoire, mais d’emblée pertinent des nouvelles activités du journaliste numérique sur son blog demain
tous journalistes ?, à la suite des deuxièmes Assises
du journalisme de Lille, en 2008 : http://benoit-raphael,blogspot.com/2008/05/journalistes-rvolution-ou-cholra.html (consulté le 28 novembre 2011).
Benoît Raphaël est le fondateur de «Le Post» en
2007, site participatif du Monde. Il l’est aussi de «Le
Plus», en mai 2011, pour le Nouvel Observateur.
(6)- «Les médias face à leurs publics : la nouvelle
imputabilité», Agence universitaire de la francophonie, Organisation internationale de la francophonie,
Université d’Ottawa (papier d’appel de propositions
en vue d’un colloque prévu du 18 au 20 mai 2016),
mars 2015.
(7)- Présentation librement adaptée de Marc-François Bernier : «La montée en puissance d’un “5ème
pouvoir“ : Les citoyens comme acteurs de la corégulation des médias ?», Ethique publique, vol. 15, no
1, 2103, Editions Nota bene, Québec, p. 171-172.
(8)- Le Monde, 8 avril 2015.
(9)- Ibid. p. 182.
(10)- Ibid. p. 179.
(11)- Ibid. p. 179-180.
(12)- Bernier parle à ce propos d’une fonction de
«bon voisin».
(13)- Toutes les citations qui suivent, y compris les
expressions entre guillemets insérées dans le texte,
sont reprises de La démocratie Internet, op. cit., p.
35-36.
(14)- La prise de position du 1er septembre 2010
du Conseil suisse de la presse est disponible sur
http://www.presserat.ch/28350.htm (consulté le 30
novembre 2011).
(15)- Voir notamment Denis Barrelet, Droit suisse
de la communication, Berne, Staempfli, 1998, p. 380.
(16)- Cecilia Friend et Jane B. Singer, Online Journalism Ethics. Traditions and Transitions, Amonk
(New York), Londres, M. E. Sharpe, 2007, p. 41.
81
AHMED ABDELLI
La liberté d’expression :
Connotation historique et philosophique
Université des sciences islamiques - Emir Abdelkader - Constantine
9 mai 2015
Ahmed Abdelli, né le 8 Décembre
1976 à Alger, est maître de conférence
«A» à l’Université de l’Emir Abdelkader
(Constantine).
Doctorat en Sciences de l’information
et de la communication, Titre de la thèse:
l’utilisation de l’Internet et le changement
culturel chez les jeunes algériens. Département de la Daâwa, Information et Communication, Université de l’Emir Abdelkader des Sciences
islamiques - Constantine - Algérie.
n
Chef de département de la Daâwa, Information et Communication, Université de l’Emir Abdelkader Sciences
islamiques - Constantine.
n
Ayant participé à de nombreux séminaires nationaux et
internationaux.
n
n
Il a publié plusieurs ouvrages communs.
Des articles dans des revues nationales et internationales.
n
Membre de l’Association algérienne des études philosophiques.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LA LIBERTÉ D’EXPRESSION :
CONNOTATION HISTORIQUE
ET PHILOSOPHIQUE
L
e combat pour la liberté de la parole est très
ancien et les différentes civilisations ont connu
plusieurs formes et couleurs de lutte pour ça,
l’histoire humaine est pleine d’histoires passionnantes
sur le sacrifice pour la liberté d’expression.
Cependant, les débuts réels de l’adoption du principe
de la liberté d’expression est lié à la révolution qui a
renversé le roi Jacques II d’Angleterre en 1688 où il a
reconnu, plus tard, la loi de la liberté d’expression au
Parlement.
Dans ce sens, les efforts se succédèrent en s’améliorant avec la Révolution française en 1789 pour se
développer plus tard en chartes et lois avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée
par l’Organisation des Nations Unies, de laquelle se
dérive le droit à l’information, considéré comme droit
fondamental égal au droit à la vie.
4 La liberté des médias
est possible dans le cadre
de la perception de l’Etat
et de sa politique et de son
idéologie.
4 La liberté des médias
est possible dans le cadre
de la responsabilité sociale,
c’est-à-dire la concentration sur la considération
nationale et les intérêts
suprêmes de l’Etat
et de la société.
Du point de vue philosophique le droit à l’information
est lié à la nature des régimes politiques au pouvoir et leur conception à ce droit, la théorie
libérale considère que la liberté d’expression des médias est garantie sans restrictions ou
contrôles et est inviolable, alors que les partisans de la théorie autoritaire considèrent que
la liberté des médias est possible dans le cadre de la perception de l’Etat et de sa politique
et de son idéologie, et il a le droit d’exercer un contrôle sur les publications, et il a le droit d’
annuler les licences… en plus d’autres pratiques qui peuvent atteindre la répression parfois. Alors qu’une autre partie estime que la liberté des médias est possible dans le cadre
de la responsabilité sociale, c’est-à-dire la concentration sur la considération nationale et
les intérêts suprêmes de l’Etat et de la société.
Ce document aborde les différents aspects historiques de l’évolution du concept de la
liberté d’expression en général et les médias en particulier, ainsi que diverses théories de
l’information qui lui sont associées.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
85
LEILA FILALI
Manifestations des valeurs démocratiques :
La liberté de pensée et d’expression dans
la législation algérienne sur l’information
Université des sciences islamiques - Emir Abdelkader - Constantine
9 mai 2015
Leila Filali, née le 10 Juillet 1972 à la wi-
laya de Constantine, maître de conférence
«A», à l’Université de l’Emir Abdelkader
des Sciences islamiques Constantine - Algérie, depuis le 2 Novembre 2000, faculté de théologie de la charia et de la civilisation islamique, actuellement appelée
faculté de théologie, département de la
Daâwa, l’information et la communication,
et responsable de l’équipe de formation dans la spécialité journalisme, depuis le début du deuxième semestre de
l’année universitaire 2012-2013 à ce jour.
Les diplômes obtenus :
n
Baccalauréat Mathématiques. Juillet 1991, Constantine.
Licence Juin 1995, Université d’Alger, Institut des
sciences de l’information et de la communication, spécialité communication et relations publiques.
n
Magistère en sciences de l’information et de la communication, 30 Avril 2000, département des sciences de
l’information et de la communication.
n
Doctorat en sciences de l’information et de la communication, 21 Septembre 2013, université d’Alger 3, Faculté
des sciences de l’information et de la communication, département des sciences de l’information et de la communication. Titre de la thèse : «la mondialisation médiatique
et communicationnelle et les valeurs démocratiques en
Algérie : étude prospective».
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
MANIFESTATIONS DES VALEURS
DÉMOCRATIQUES : LA LIBERTÉ DE PENSÉE
ET D’EXPRESSION DANS LA LÉGISLATION
ALGÉRIENNE SUR L’INFORMATION
L
a liberté d’opinion et d’expression a connu
des changements ininterrompus à travers les
constitutions et les lois en Algérie, surtout que
l’Algérie a vécu d’importantes haltes médiatiques
après l’indépendance.
Cependant l’état de la législation médiatique en Algérie
ne diffère pas beaucoup des situations qui prévalent
dans la plupart des Etats modernes ayant adopté les
principes libéraux, bien qu’elle se distingue par des
tentatives de rassembler toutes les règles relatives à
l’information, en tant que droit humain et une activité
sociale, culturelle et commerciale, dans une ossature
appelée «la loi de l’information», qu’il s’agisse de l’ère
du parti unique (loi de 1982), ou l’ère de l’expérience
pluraliste (loi de 1990) et (Loi de 2012).
4La liberté d’opinion et
d’expression a connu des
changements ininterrompus à travers les constitutions et les lois en Algérie.
4L’état de la législation
médiatique en Algérie ne
diffère pas beaucoup des
situations qui prévalent
dans la plupart des Etats
modernes ayant adopté les
principes libéraux.
Il est à noter que la plupart des constitutions du
Maghreb consacrent, à peine, une seule phrase sur la
liberté de la presse, stipulant «la liberté de la presse et d’expression est garantie dans les
limites de la loi», ensuite l’application et l’interprétation de cette loi varient d’un extrême à
l’autre.
Est-ce que les réformes politiques et médiatiques annoncées en 2011 ont donné lieu à
des mesures pour garantir réellement le droit à la liberté d’opinion et d’expression dans
la législation sur les médias en Algérie ? Parce que cette dernière pose la problématique
d’incompatibilité avec les répercussions de la mondialisation médiatique et communicationnelle en tant que principes de circulation de l’information, des idées et des opinions
dans le marché médiatique.
En fait, quand on parle de législation sur les médias dans sa relation avec la circulation
de l’information, vient à l’esprit ces restrictions que les pouvoirs publics œuvrent à mettre
en place sous forme de lois donnant la légitimité aux actes qui restreignent la liberté de la
presse et de l’information.
A partir de ce qui précède, quelles sont les manifestations les plus importantes, telles que
la liberté d’opinion et d’expression, dans la législation algérienne sur les médias dans le
processus de transformation démocratique ?
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
89
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Pour répondre à cette problématique, Leila Filali a divisé sa recherche en deux axes
consistant à décrire deux étapes : étape de la législation avant le pluralisme médiatique
et le deuxième axe décrit la législation après le pluralisme médiatique, qui, à son tour, est
divisé en deux phases : avant et après la promulgation de la loi instaurant l’état d’urgence.
Docteur Leila Filali s’est concentrée sur ces deux phases dans l’élucidation des valeurs
démocratiques contenue la législation algérienne sur les médias.
90
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
BASSIM TWEISSI
Le professionnalisme et la crédibilité
dans les médias arabes
Palais de la culture «Moufdi Zakaria» - Alger
10 juin 2015
Bassim Tweissi, né en 1967 en Jordanie, doyen de l’Institut jordanien de l’Information, a un doctorat en études d’information de l’université du Caire et études
spécialisées en information post doctorat
de l’Université Florida.
Il a été Directeur d’études et de conseil à
l’université Hussein Ben Talal et conseiller
du recteur de l’université pour les affaires culturelles et des
médias et professeur participant en études des médias et
stratégiques et fondateur de radio Sawt El Djanoub.
Chroniqueur au quotidien jordanien EL GHAD et ancien
membre du haut conseil de l’information jordanien.
Il a publié six ouvrages et il est le chercheur principal dans
le projet «développer les normes professionnelles et la
qualité des médias».
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE PROFESSIONNALISME ET LA CRÉDIBILITÉ
DANS LES MÉDIAS
D
r. Bassim Tweissi, a relevé «une crise de professionnalisme» chez les médias satellitaires
dans le monde arabe depuis les perturbations
de 2011, soulignant l’explosion quantitative du contenu médiatique au détriment de l’apport qualité et la
pollution des chaînes spécialisées dans «le journalisme religieux».
«Le volume quantitatif des médias arabes a augmenté
de trois à quatre fois depuis 2011, passant de 400 à
1400 chaînes satellitaires en quatre ans», a t-il affirmé. «Une explosion médiatique qui ne rime pas toujours avec la qualité» a t-il poursuivi.
S’appuyant sur les données de l’Union des radios
arabes, Dr. Bassim Tweissi, qui est également fondateur de la radio Sawt El Arab, a indiqué qu’environ une
centaine de chaînes de radios agrées dans les pays
arabes sont spécialisées dans le «journalisme religieux».
4L’explosion quantitative
du contenu médiatique.
4La pollution des chaînes
spécialisées dans «le journalisme religieux.
4Le volume quantitatif des
médias arabes a multiplié
de trois à quatre fois depuis
2011.
4l’investissement politique dans le journalisme
religieux est une réalité que
nul ne peut nier.
4Le professionnalisme est
un enjeu à cultiver.
«Au moins 16% de ces stations diffusées par satellite
alimentent le sectarisme et le charlatanisme religieux
et dirigent de façon directe ou indirecte les conflits religieux. Elles sont là pour véhiculer des messages des extrémistes et terroristes», a t-il
ajouté, en citant comme exemple, la transmission de l’exécution du pilote jordanien enlevé
par le groupe autoproclamé «Etat islamique Daech», poursuit-il «en procédant à l’émission de telles atrocité les médias ont rendu service à ce groupe terroriste», a t-il estimé.
Dr. Bassim Tweissi, a noté que «les investissements en matière de journalisme religieux
s’élèvent à 20 milliards de dollars» tandis que «la recette publicitaire ne dépasse pas les
2 milliards de dollars», ajoutant que l’investissement politique dans le journalisme religieux
est une réalité que nul ne peut nier.
Il n’a pas manqué également d’expliquer «comment les pays n’ayant pas connu de perturbations au passage du Printemps arabe, à l’instar de l’Algérie et de la Jordanie ont pu
redorer l’image de leurs médias nationaux et gagner à nouveau le capital confiance de
leurs publics respectifs», jugeant qu’après 2011, les médias nationaux ont pris le dessus
sur ceux appartenant au paysage médiatique régional. Ces médias dont certaines chaînes
de télévisions satellitaires se sont transformées en des «outils de conflit au lieu de jouer
leur rôle d’observateur, d’aucuns étaient parties prenantes du Printemps arabe, ce qui a
donné lieu à une dégringolade du professionnalisme et de la crédibilité des médias
arabes», a t-il mentionné
Dr. Bassim Tweissi a conclu que «le professionnalisme est un enjeu à cultiver dans la durée, mettre l’intérêt général au dessus de toutes autres considération, former davantage les
journalistes, leur inculquer les principes de métier à savoir, l’exactitude et la vérification».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
93
DOMINIQUE VON BURG
La déontologie garante
d’un journalisme crédible
Palais de la culture «Moufdi Zakaria» - Alger
20 septembre 2015
Dominique Von Burg, né en 1946.
Après une licence en histoire et en français
obtenue à l’Université de Fribourg, il entre
en 1969 à la Tribune de Genève comme
journaliste stagiaire. Il est engagé comme
journaliste avant d’être détaché, de 1974 à
1977, à Washington (USA), en qualité de
correspondant permanent. Il est nommé
responsable de la rubrique Suisse.
Fin 1979, il entre à la Télévision Suisse Romande où il
travaille d’abord, comme correspondant parlementaire
à Berne, puis comme reporter à l’émission «Temps Présent». Il est ensuite promu co-producteur du magasine
«Écho» puis producteur de «Temps Présent» avant d’être
nommé rédacteur en chef du télé-journal.
Il poursuit son activité en qualité de producteur des émissions «Tell Quel» «2001 et «Droit de cité».
Il est rédacteur en chef responsable de la Tribune de Genève de 2000 à 2006.
Depuis le 1er janvier 2008, il est le Président du Conseil
suisse de la presse.
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LA DÉONTOLOGIE GARANTE
D’UN JOURNALISME CRÉDIBLE
L
a déontologie, c’est l’ensemble des règles appliquées par une profession. On connaît celle
du corps médical par exemple, ou encore celle
des avocats. Alors pourquoi une déontologie pour les
journalistes ? Parce que les journalistes remplissent
un rôle indispensable à une société libre et démocratique : livrer une information crédible.
De nos jours, le respect de la déontologie par les journalistes est une manière de se distinguer. Le public
est soumis à une surinformation permanente, et sur
l’Internet et les réseaux sociaux, n’importe qui peut
informer le public dans son ensemble. Le jour où l’information des journalistes ne bénéficiera plus d’un
surcroît de crédibilité, elle aura perdu son utilité.
L’autocontrôle au moyen de la déontologie évite des
contrôles extérieurs, notamment de la part de l’Etat.
L’histoire de la fondation du CSP suisse le montre
bien. Dans un premier temps, les journalistes suisses
ont adopté une Charte, mais quant à la création d’un
Conseil de la presse, ils étaient très divisés. Il a fallu,
au début des années 1970, que le monde politique
envisage une forme de contrôle du contenu des médias pour que les journalistes se décident et créent
le Conseil de la presse. Ils ont ainsi échappé à un
contrôle étatique.
4Le respect de la déontologie par les journalistes est
une manière de se distinguer.
4Le jour où l’information
des journalistes ne bénéficiera plus d’un surcroît de
crédibilité, elle aura perdu
son utilité.
4Le rôle du journaliste est
de rechercher la vérité, en
toute indépendance et dans
le respect des personnes.
4l’information est d’un
intérêt public important ; et
elle ne peut être obtenu par
les moyens conventionnels.
LA DÉCLARATION DES DEVOIRS ET DES DROITS
DES JOURNALISTES
Dans son préambule, elle revendique pour les journalistes un rôle social imminent :
«Le droit à l’information, de même qu’à la libre expression et à la critique, est une des
libertés fondamentales de tout être humain. Du droit du public à connaître les faits et les
opinions découle l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes. Aussi la responsabilité de ces derniers envers le public doit-elle primer celles qu’ils assument à l’égard de
tiers, pouvoirs publics et employeurs notamment.»
Le rôle du journaliste est de rechercher la vérité, en toute indépendance et dans le respect
des personnes. On peut lire la Déclaration selon ces trois éléments clés.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
97
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
RECHERCHER LA VÉRITÉ
Chiffre 1 : «Rechercher la vérité, en raison du droit qu’a le public de la connaître et quelles
qu’en puissent être les conséquences pour lui-même.»
Ça veut dire ne pas se contenter des informations qu’on nous sert. Vérifier les informations. Multiplier les points de vue (l’objectivité est une notion philosophique, je préfère
parler de multiplicité des points de vue).
Chiffre 3 : «Ne publier que les informations, les documents, les images et les sons dont
l’origine est connue ; ne pas supprimer des informations ou des éléments d’information
essentiels ; ne dénaturer aucun texte, document, image et son, ni l’opinion d’autrui ; donner très précisément comme telles les nouvelles non confirmées ; signaler les montages
photographiques et sonores.»
Chiffre 5 : «Rectifier toute information publiée qui se révèle matériellement inexacte.»
Chiffre 6 : «Garder le secret rédactionnel ; ne pas révéler les sources des informations
obtenues confidentiellement.»
Ce secret rédactionnel est capital. On ne peut pratiquer le métier de journaliste sans
un lien de confiance avec ceux qui nous informent. Donc il convient de ne pas citer une
source si elle ne le souhaite pas. Mais il faut auparavant essayer de la convaincre d’être
citée, ou pour le moins située (p ex : un membre du gouvernement, ou : un industriel important, etc) pour le bénéfice de la compréhension du public.
L’INDÉPENDANCE
Chiffre 2 : «Défendre la liberté d’information et les droits qu’elle implique, la liberté du
commentaire et de la critique, l’indépendance et la dignité de la profession.»
Chiffre 9 : «N’accepter aucun avantage, ni aucune promesse qui pourraient limiter son
indépendance professionnelle ou l’expression de sa propre opinion.»
Pour que les cadeaux qui sont souvent offerts aux journalistes, je propose une règle
simple :
N’accepter que ceux dont on peut parler librement sans rougir. Un repas, oui. Une montre
de luxe ou une semaine dans les îles tous frais payés à l’invitation d’une marque automobile, non.
Chiffre 10 : «S’interdire de confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire;
n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs publicitaires.»
Il faut que les annonces publicitaires soient clairement séparées des textes rédactionnels.
Aucune prestation rédactionnelle ne doit être offerte en contrepartie d’une annonce publicitaire.
Chiffre 11 : «N’accepter de directives journalistiques que des seuls responsables désignés
de sa rédaction, et pour autant que ces directives ne soient pas contraires à la présente
déclaration.»
Donc ne pas accepter de directives directes de son éditeur (à moins qu’il soit aussi rédacteur en chef) et encore moins d’un annonceur.
98
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE RESPECT DES PERSONNES
Chiffre 4 : «Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des sons,
des images ou des documents; ne pas manipuler ou faire manipuler des images par des
tiers en vue de les falsifier; s’interdire le plagiat.»
Un cas particulier intéressant concerne les «recherches cachées» (caméra cachée ou
journaliste ne révélant pas sa profession). Elles ne sont en principe pas autorisées. Pour
qu’elles soient licites d’un point de vue déontologiques, deux conditions doivent être remplies : l’information est d’un intérêt public important ; et elle ne peut être obtenu par les
moyens conventionnels.
Chiffre 7 : «Respecter la vie privée des personnes, pour autant que l’intérêt public n’exige
pas le contraire; s’interdire les accusations anonymes ou gratuites.»
Je reviendrai plus en détail sur la protection de la personnalité, car elle prend une importance croissante.
Chiffre 8 : «Respecter la dignité humaine ; éviter toute allusion, par le texte, l’image et le
son, à l’appartenance ethnique ou nationale d’une personne, à sa religion, à son sexe
ou à l’orientation de ses mœurs sexuelles, ainsi qu’à toute maladie ou handicap d’ordre
physique ou mental, qui aurait un caractère discriminatoire; le compte rendu, par le texte,
l’image et le son, de la guerre, d’actes terroristes, d’accidents et de catastrophes trouve
ses limites dans le respect devant la souffrance des victimes et les sentiments de leurs
proches.»
En ce qui concerne l’interdiction de la discrimination, il faut faire une pesée d’intérêt entre
la valeur informative et le risque de discrimination. Le Conseil de la Presse suisse ne
constate que très rarement une discrimination coupable, car il attache une très haute
importance à la liberté de l’information et d’expression.
Pour qu’il y ait discrimination aux yeux du CSP, il faut viser un groupe de personnes par
des qualificatifs dégradants. Mais dévoiler par exemple la nationalité d’un criminel, alors
qu’un débat politique s’est instauré sur le renvoi des délinquants étrangers de Suisse, le
CSP considère que c’est licite.
LES DROITS DES JOURNALISTES
La deuxième partie de la Charte déontologique des journalistes suisses consacre leurs
droits. Ils doivent pouvoir en jouir pour pouvoir remplir la mission qui leur est assignée.
«a. Libre accès à toutes les sources d’information et droit d’enquêter sans entraves sur
tous les faits d’intérêt public ; le secret des affaires publiques ou privées ne peut être opposé que par exception, dûment motivée de cas en cas.
b. Droit de n’accomplir aucun acte professionnel - et en particulier de n’exprimer aucune
opinion - qui soit contraire aux règles de la profession ou à la conscience du journaliste. Il
ne doit encourir aucun préjudice du fait de son refus.
c. Droit de refuser toute directive et toute subordination contraires à la ligne générale de
l’organe d’information auquel le journaliste collabore ; cette ligne doit obligatoirement lui
être communiquée par écrit avant son engagement définitif ; elle n’est pas modifiable ni
révocable unilatéralement sous peine de rupture de contrat.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
99
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
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d. Droit à la transparence quant aux participations de l’employeur. Droit pour le/la journaliste membre d’une équipe rédactionnelle d’être obligatoirement informé à temps et entendu avant toute décision propre à affecter la vie de l’entreprise ; l’équipe des journalistes
doit notamment l’être avant décision définitive sur toute mesure modifiant la composition
ou l’organisation de la rédaction.
e. Droit à une formation professionnelle et à une formation permanente adéquates.
f. Droit pour de bénéficier de conditions de travail garanties par une convention collective,
y compris le droit d’avoir, sans encourir de préjudice personnel, une activité au sein des
organisations professionnelles.»
LE CONSEIL DE LA PRESSE
Le Conseil de la presse est composé de 21 membres, divisé en trois Chambres (suivant
des critères linguistiques). 15 membres sont journalistes, les 6 autres représentent le
public. Les membres du Conseil sont élus par le Conseil de fondation, qui regroupe des
représentants des syndicats de journalistes, des organisations d’éditeurs, des rédacteurs
en chef et de la radiotélévision de service public.
Tout le monde peut saisir le Conseil de la presse, sans être nécessairement personnellement touché par l’article ou l’émission incriminée.
Le Conseil de la presse n’a aucun pouvoir de sanction. Il ne fait qu’émettre des avis, mais
tous sont publics (voir le site www.presserat.ch). Il représente donc une autorité morale,
qui n’est pas sans influence. Il n’est pas rare que des plaignants préfèrent saisir le Conseil
de la presse plutôt que de saisir les tribunaux,
Et surtout, au fil de ses avis, le Conseil de la presse nourrit la réflexion déontologique et
adpate cette déontologie à l’évolution des médias. (voir plus bas le chapiter sur les avis
concernant le journalisme en ligne).
LES DIRECTIVES RELATIVES À LA DÉCLARATION
Au fil de sa pratique, le Conseil de la presse précise sa doctrine et la fixe dans les «directives relatives à la Déclaration des devoirs et des droits. Voici quelques exemples :
Directive 3.1 : Traitement des sources
«L‘acte premier de la diligence journalistique consiste à s‘assurer de l‘origine d‘une information et de son authenticité. La mention de la source est en principe souhaitable dans
l‘intérêt du public ; sous réserve d‘un intérêt prépondérant au respect du secret de la
source, celle-ci doit être mentionnée chaque fois qu‘elle constitue un élément important
de l‘information.»
Directive 3.8 : Audition lors de reproches graves
«En vertu du principe d‘équité (fairness) et du précepte éthique général consistant à entendre les deux parties dans un conflit («audiatur et altera pars»), les journalistes ont pour
devoir d‘entendre avant publication une personne faisant l‘objet de reproches graves. Ce
faisant, ils doivent décrire avec précision les reproches graves qu’ils comptent publier. Il
n‘y a pas d‘obligation de donner à la partie touchée par des reproches graves la même
place, en termes quantitatifs, qu‘à la critique la concernant. Mais la prise de position doit
être reproduite de manière loyale dans le même récit médiatique.»
100
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Directive 4.5 : Interview
«Une interview journalistique repose sur un accord entre deux partenaires, qui en fixent
les règles. Le respect de ces règles est affaire de loyauté. Dans une situation d‘interview,
il doit être rendu évident que la publication de l‘entretien est prévue. Dans des conditions
normales, une interview doit faire l‘objet d‘une autorisation. Sans accord explicite de l’interlocuteur les journalistes ne sont pas autorisés à construire après coup une interview sur
la base d’un simple entretien.
Toutefois, la personne interviewée ne pourra apporter de modifications substantielles, de
nature à donner une autre orientation à l‘entretien (changement de sens, suppression
ou rajout de questions, etc.) ; dans ce cas, le journaliste est en droit de renoncer à la
publication ou de rendre transparente cette intervention. Lorsque les deux parties se sont
entendues sur une version, il n‘est plus possible de revenir après coup sur des versions
antérieures.
Les déclarations de personnalités de la vie publique, qui sont faites en public, sont publiables sans qu‘il soit nécessaire d‘en référer à leur auteur.»
Directive 4.6 : Entretiens aux fins d’enquête
La personne interrogée doit connaître le contexte, donc dans le cadre de quel enquête on
lui demande son avis.
Elle a le droit de demander qu’on lui soumette les citations. Il faut rendre attentif à ce droit
les personnes qui n’ont pas l’habitude des médias.
Elle a le droit de retirer sa déclaration.
DIRECTIVES CONCERNANT LE CHIFFRE 7 (protection de la vie privée)
Ces directives sont très détaillées.
Directive 7.1 : protection de la sphère privée. A quelles conditions peut-on pénétrer
dans la sphère privée d’une personne ?
Directive 7.2 : quand peut-on identifier un protagoniste ?
Directive 7.3 : protection particulière des enfants
Directive 7.4 : Présomption d’innocence
Directive 7.5 : Droit à l’oubli
Directive 7.6 : non lieu et acquittement
Directive 7.7 : affaires de mœurs
Directive 7.8 : Situations de détresse
Directive 7.9 : Suicides
(voir le détail sur www.presserat.ch)
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
101
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Une directive particulière détaillée : 7.2 : identification
4si on a l’accord explicite ou implicite de la personne (exemple d’accord implicite : la
personne s’est exprimée publiquement)
4si la personne jouit d’une grande notoriété
4si elle exerce un mandat politique ou une fonction dirigeante (donc aussi dans la vie
économique et sociale)
4pour éviter les confusions
4s’il y a un autre intérêt public. Suite à l’accident de la Germanwings, où le copilote a
volontairement précipité plus de cent personnes dans la mort, le Conseil de la presse va
préciser ce point : une identification est autorisée dans le cas dans événement de grande
ampleur et ayant eu un grand retentissement.
4Si aucune de ces conditions n’est remplie, la protection de la vie privée l’emporte, et on
ne nomme pas le protagoniste.
QUELQUES AVIS MARQUANTS DU CONSEIL DE LA PRESSE
Indiscrétions (prise de position 1/97)
En janvier 1997, un journal suisse («Sonntags-Zeitung») publie des extraits d’un rapport stratégique confidentiel de l’ambassadeur suisse aux Etats-Unis. L’ambassadeur y
dit notamment qu’on ne peut faire confiance aux juifs américains et que la Suisse doit
agir comme si elle était en état de guerre. On se trouve en plein crise des fonds en déshérence. Le lendemain, deux autres journaux suivent, avec des extraits plus larges. Le
gouvernement suisse lui-même saisit le Conseil de la presse. De telles fuites sont-elles
légitimes ?
Jugement du Conseil suisse de la presse : Par la présentation tronquée et le classement
insuffisant du rapport stratégique la «Sonntags-Zeitung» a, d’une manière irresponsable,
rendu l’opinion de Jagmetti dramatique et scandaleuse. De ce fait, elle a violé la «Déclaration des devoirs et des droits du / de la journaliste» en omettant des éléments essentiels
d’information (chiffre 3 des devoirs). Mais la publication elle-même était légitime. (1997/1)
De fait, les deux autres journaux ne sont pas condamnés. Leur publication était plus équilibrée.
Cet avis est à la base de la directive a.1 - Indiscrétions
«Les médias sont libres de publier des informations qui leur sont transmises grâce à des
fuites aux conditions suivantes :
4la source des informations est connue du média ;
4le sujet est d’intérêt public ;
4la publication ne doit pas toucher des intérêts extrêmement importants dignes de protection, tels que des droits, des secrets, etc. ;
4il n’y a pas de raison prépondérante de surseoir à la publication ;
4l’indiscrétion a été commise à dessein et de plein gré par l’informatrice ou l’informateur.»
Caricatures de Mahomet (prise de position 12/2006)
En 2006, la publication des caricatures de Mahomet par un journal danois fait beaucoup
de bruit. Certains journaux suisses publient à leur tour certaines caricatures, d’autres pas.
Fallait-il le faire ? Le Conseil de la presse s’autosaisit. Voici en résumé ses conclusions :
102
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
1. On peut publier des caricatures sur des thèmes religieux potentiellement blessants afin
de documenter un débat public en cours, pour autant que cette publication se fasse de
manière proportionnée et que le sujet soit présenté et analysé de façon journalistique.
2. La liberté de la satire s’étend aussi à des thèmes religieux. Elle n’est ni restreinte par des
interdictions d’illustration religieuses, ni ne doit se conformer à la sensibilité de croyants
fondamentalistes. (…) Mais elle doit respecter le principe de la proportionnalité et se tenir
aux grands principes de la vérité, de l’interdiction de discriminer et du respect de la dignité
humaine. La liberté de la satire doit être maniée de manière responsable également eu
égard aux communautés religieuses.
Mélange publicité / rédactionnel (prose de position 1/2007)
Saisi de la problématique de la confusion croissante entre articles journalistiques et promotionnels, le Conseil de la presse rédige un avis détaillé. Cet avis sera à la base de
nouvelles directives, que voici :
Directive 10.1 : Séparation entre partie rédactionnelle et publicité
Une nette séparation entre la partie rédactionnelle, respectivement le programme, et la
publicité est impérative pour la crédibilité des médias. Les annonces et émissions publicitaires doivent se distinguer de façon claire et visible des contributions rédactionnelles.
Dans la mesure où elles ne peuvent être reconnues optiquement/acoustiquement de
façon univoque en tant que telles, elles doivent être déclarées explicitement comme
«annonces», «publicité», «publireportages», «spots publicitaires» ou toute autre mention
courante pour le public. Les journalistes s‘abstiennent de transgresser cette séparation en
intégrant de la publicité clandestine dans leurs articles ou émissions.
Directive 10.2 : Sponsoring, couplage de comptes rendus rédactionnels et publicité
Dans les articles et émissions parrainés, il convient de faire apparaître clairement le nom
du parrain et de garantir le libre choix des thèmes et de leur traitement par la rédaction.
Des contributions rédactionnelles (p.ex. des comptes rendus «accompagnants» de la part
de la rédaction) à titre de contrepartie d‘une annonce ou d‘une émission publicitaire ne
sont pas admissibles.
Directive 10.3 : Comptes rendus «Lifestyle», mention de marques et de produits
La liberté de la rédaction dans le choix des thèmes qu‘elle entend traiter dans des rubriques «Lifestyle» ou «bon plans» est à préserver intégralement. Les règles déontologiques s‘appliquent aussi aux comptes rendus présentant des biens de consommation.
La présentation non critique ou dithyrambique d‘objets de consommation, la mention plus
fréquente que nécessaire de marques de produits ou de services ainsi que la simple restitution de slogans publicitaires dans la partie rédactionnelle compromettent la crédibilité
du média et des journalistes
Directive 10.4 : Relations publiques
Les journalistes ne rédigent pas de textes liés à des intérêts (publicité et relations publiques) pouvant restreindre leur indépendance journalistique. Il est particulièrement délicat d‘aborder des thèmes qu‘ils traitent aussi sur le plan rédactionnel. Ils relatent selon
les critères professionnels habituels les événements dans lesquels leur média est engagé
comme parrain ou partenaire.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
103
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
AVIS SUR LE JOURNALISME EN LIGNE
Une des fonctions importantes du Conseil de la presse consiste à adapter les règles
déontologiques à l’évolution des médias et du métier de journaliste. Ainsi le Conseil de la
presse suisse a-t-il émis plusieurs avis concernant le journalisme en ligne.
36/2000 : les mêmes règles déontologiques s’appliquent au journalisme en ligne
43/2010 : L’Internet et Vie privée
Voici les conclusions de cette prise de position :
1. Les informations et les documents mis en ligne sur les réseaux sociaux, les sites personnels et les blogs, qui sont accessibles librement à chacun, relèvent de l’espace public.
Néanmoins, une information reprise de l’Internet peut garder sa nature privée suivant son
contenu. Dès lors, une telle information ne doit pas être considérée a priori comme pouvant être publiée dans un autre média.
2. Le cas échéant, les journalistes doivent soupeser avec soin les intérêts en jeu (droit du
public à être informé, protection de la vie privée) et vérifier si une des conditions permettant l’identification est remplie (accord de la personne concernée, exercice d’une fonction
dirigeante etc.)
3. Pour cette pesée des intérêts le contexte dans lequel les informations sont mises
en ligne est déterminant. Par contexte il faut entendre : la nature du site (réseau social
comme Facebook, blog personnel, forum, site institutionnel, etc.), l’identité de l’auteur (individu lambda, personnalité publique, journaliste, etc.) et son intention dans la mesure où
elle est évidente (communication large ou s’adressant à un milieu restreint).
Le seul fait qu’une information ou une photo se trouve sur internet ne permet pas de présumer que son auteur autorise une diffusion dans un autre média.
29/ 2011 : archives numériques
Sur demande, on doit pouvoir corriger -anonymiser- après coup.
Par ailleurs, Le Conseil de la presse appelle les journalistes à vérifier leurs sources d’un
œil critique, notamment lors de recherches sur Internet et dans les archives, et de se faire
confirmer les informations contenues. Il est capital de s’assurer que des rectificatifs et des
droits de réponse soient toujours reliés électroniquement aux articles originaux.
52/2011 : commentaires anonymes en ligne
A signer, comme les lettres de lecteurs (sauf exceptions justifiants l’anonymat)
VIOLATIONS LES PLUS FRÉQUENTES
Les violations les plus fréquentes des règles déontologiques constatées par le Conseil de
la presse suisse concernent la protection de la vie privée, l’obligation de donner la parole
à la personne qui fait l’objet d’un reproche grave, et l’obligation de rechercher la vérité.
Voici trois exemples de telles violations constatées par le Conseil de la presse.
73/2012 : Vie privée
Suite à l’accident tragique d’un autocar belge en Suisse, ou des dizaines d’enfants ont
perdu la vie, des journaux publient les portraits des victimes.
104
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Le Conseil de la presse s’autosaisit de l’affaire pour conclure que les journalistes ne
doivent pas rendre publiques des photos de victimes décédées lors d’un accident sans
l’approbation formelle des proches.
Cela vaut également pour des images de victimes rendues publiques dans une chapelle
ardente ou lors d’une cérémonie funéraire. De même, les médias ne sont pas autorisés
à diffuser sans nouvelle autorisation des images reprises sur le blog d’un camp de ski.
38/2010 : Sources, auditions reproches graves
Ludwig Minelli dirige «Dignitas», une organisation qui pratique l’aide au suicide, notamment pour des étrangers qui n’ont pas le droit de recourir à ces méthodes dans leur pays.
Un hebdomadaire fait état d’accusations graves à l’encontre de Minelli, selon lesquelles il
n’aurait pas respecté les dernières volontés d’une défunte.
Le journal contacte certes Minelli, mais sans le confronter aux reproches précis formulés
dans l’article. Il n’évoque que des thèmes généraux comme la volonté du gouvernement
de réglementer l’aide au suicide, et la question de savoir si Dignitas avait quelque chose
à voir avec les urnes retrouvées au fond du lac de Zurich. Pour le Conseil de la presse, le
périodique n’a pas respecté la charte déontologique.
26/2013 : Rechercher la vérité
Deux semaines de suite, un hebdomadaire ressuscite le passé politique du rédacteur en
chef d’un quotidien concurrent. Photo de police vieille de trente ans à l’appui et en couverture, l’hebdomadaire stigmatise la «proximité irritante» du rédacteur en chef avec «des
poseurs de bombes et des extrémistes de gauche».
Le Conseil de la presse reconnaît que le passé politique d’un rédacteur en chef qui vient
d’être nommé à ce poste peut être scruté de manière critique.
Toutefois, l’intérêt public à connaître sa biographie politique ne justifie pas la publication
de photos de police anciennes en combinaison avec les portraits d’auteurs de violences
et de terroristes condamnés, du moment que la thèse d’une «proximité irritante» n’est pas
étayée.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
105
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
RÉSUMÉ
Le Président du Conseil Suisse de la Presse, Dominique Von Burg, a estimé que la profession de journaliste en Algérie avait besoin de se structurer davantage, soulignant l’importance d’améliorer les conditions socioprofessionnelles des journalistes.
«La profession de journaliste en Algérie existe et la presse est apparemment très libre, mais
cette profession a besoin de structurer parce que beaucoup de journalistes, semble-t-il, ne
jouissent pas de conditions matériels suffisantes pour bien exercer leur métier», a-t-il ajouté
Dans ce cadre, M. Von Burg a mis en exergue l’importance d’améliorer» les conditions
socioprofessionnelles des journalistes à même de leur permettre de se consacrer «pleinement» à leur mission pour donner une information de qualité.
Dominique Von Burg a mis en avant le rôle «éminemment social» d’une presse libre, ajoutant que le journaliste «ne doit pas s’interroger systématiquement sur les conséquences
de ses écrits». Il a indiqué, en outre, qu’à l’ère des nouvelles technologies de l’information
et de la communication, le journaliste «doit nécessairement donner un rendu crédible pour
se distinguer des autres informations diffusées à travers les réseaux sociaux notamment».
«Avec l’internet et les réseaux sociaux, le public est soumis à une surinformation permanente et le journaliste doit se distinguer en donnant une information crédible respectant la
déontologie, sinon, la profession de journaliste disparaîtra», a-t-il averti.
Il a ajouté que dans ce flot d’information, le journaliste «ne survivra que s’il informe de manière indépendante dans le respect de la vérité et des personnes».
Dominique Von Burg a relevé, que pour assurer cette crédibilité, les journalistes suisses ont
adopté une charte déontologique et institué un Conseil de la presse.
106
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
AHMED ESSAYED AN-NAGAR
Les considérations professionnelles et éthiques
dans le journalisme : une nécessité pour
la modernisation et le développement
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
21 octobre 2015
Dr. Ahmed Essayed An-Nagar est
né le 31 octobre 1959 au village Horine
(Monoufia) en Egypte, a obtenu un baccalauréat en économie, Faculté d’économie
et de sciences politiques à l’Université du
Caire en 1984.
De Janvier 2014 (à ce jour) il est nommé
président du conseil d’administration du
groupe Al-Ahram.
2013-2014 président du Comité permanent de l’économie
du Haut Conseil à la Culture.
Expert en économie et président de l’unité économique
au Centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques, intéressé par les questions de l’économie égyptienne et arabe et en particulier les questions d’investissement et la croissance, les questions de politique financière
et les relations économiques internationales et de la coopération économique régionale.
Il a été élu membre au Conseil de Syndicat des journalistes et rapporteur du Comité du développement de la
profession et la formation et le centre d’information, de
2003 jusqu’à 2007.
Il a obtenu plusieurs prix dont :
Le prix d’Etat pour excellence dans les sciences sociales
(Économie) en 2012, décerné par le Ministère égyptien de
la Culture.
n
Le prix du penseur mondial Samir Amine de l’économie
politique de l’année 2012.
n
Il a édité plusieurs publications dont :
«L’effondrement économique à l’ère Moubarak ...Faits
de corruption, chômage, cherté, récession et dette...»
n
«Le coût économique et social de la discrimination contre
la femme dans l’enseignement et le marché du travail»
n
En outre, plus de 81 études des rapports stratégiques
égyptien et arabe, et 31 chapitres de livres communs en
Egypte et dans des pays arabes et étrangers et 30 études
dans des revues scientifiques égyptienne et arabe.
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LES CONSIDÉRATIONS PROFESSIONNELLES
ET ÉTHIQUE DANS LE JOURNALISME : UNE
NÉCESSITÉ POUR LA MODERNISATION
ET LE DÉVELOPPEMENT
L
e Président du Conseil d’administration d’AlAhram (Egypte), Ahmed Essayed An-Nagar,
a évoqué notamment les règles que le journaliste doit respecter en exerçant sa profession, tout
en soulignant la nécessité d’éviter la diffamation et le
sensationnel et de s’appuyer sur des sources sûres.
Il a insisté dans le même contexte sur la nécessité
de «prendre en considération la sécurité et la souveraineté du pays» dans le travail journalistique, citant
plusieurs expériences dans ce sens.
4Prendre en considération
la sécurité et la souveraineté du pays.
4La mise en œuvre des
valeurs de la concurrence
loyale.
M. An-Nagar a insisté sur la protection à assurer au
journaliste lors de la couverture des événements notamment dans les régions de tensions
et de conflits.
Concernant le code d’honneur journalistique, il stipule l’interdiction de tout équivoque
entre la publicité et le journalisme et interdit aux journalistes de procurer des annonces
publicitaires, car ceci les rendra dépendant et au service des parties qui leur ont attribué
les annonces publicitaires. Il est possible de comprendre l’aide des journalistes à leurs
collègues dans le secteur de la publicité dans la résolution de certains problèmes de productivité et de rendement avec les sources sur lesquels ils travaillent, si cela ne porte pas
atteinte à l’indépendance et la crédibilité du journaliste.
Il a souligné que le code d’honneur journalistique insiste sur la mise en œuvre des valeurs
de la concurrence loyale sans que celle-ci ne soit transformée en guerre et sensibilités
génératrices de violence, spécialement dans le domaine sportif.
Le Président du Conseil d’administration d’Al-Ahram (Egypte), Ahmed An-Nagar, a évoqué les principales fonctions de la presse, qui sont de fournir les faits politiques et économiques et sociales dans toutes ses branches aux lecteurs et l’utilisation des avis des
experts dans le traitement et l’analyse des faits et viser l’intérêt national afin de réaliser
le rayonnement et l’unité nationale et le développement politique et économique et l’indépendance nationale.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
109
SADOK HAMMAMI
Le journalisme à l’ère
des médias sociaux
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
23 novembre 2015
Docteur Sadok Hammami est maître
assistant et enseignant associé, département de presse, Institut de Presse et des
Sciences de l’Information (IPSI), Université de Manouba, Tunisie (1996-2007, 20132014)
Doctorat en sciences de l’information et
de la communication, Stendhal University,
France.
n
Habilitation universitaire en sciences de l’information et
de la communication, Institut de Presse et des Sciences
de l’Information (IPSI), Université de Manouba, 2013
n
Publication d’un certain nombre d’articles et de livres en
arabe et en français sur les médias, la communication et
les nouveaux médias dans le monde arabe
n
Ses livres :
«Les médias tunisiens : nouvel Horizon ?», Perspectives
Editions, Tunis, 2012».
n
«Les nouveaux médias : épistémologie, problématique
et contextes», Editions de l’Université Manouba, Tunis,
2012.
n
«Extension du domaine des médias. Analayse des médias et de communication en Tunisie et dans le monde
arabe», Sahar éditions, Tunis, 2010.
n
«L’Internet et les médias audiovisuels» Editeur de monographies, vol. 67, Tunis : ASBU 2009.
n
Encadrement de plusieurs ateliers au profit de journalistes et communicateurs au Centre africain pour la formation des journalistes et communicateurs (Tunis) ; au
Centre Tariam Omrane pour la formation et le développement médiatique (EAU) et au Centre de la femme arabe
pour la formation et la recherche CAWTAR
n
Docteur Sadok Hammami a enseigné au département
communication de masse à la faculté de communication
de l’université sharjah (EAU) de 2007 à 2013
Membre du comité de rédaction de la Revue tunisienne
de communication, Institut de Presse et des Sciences de
l’Information, université de Manouba.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE JOURNALISME À L’ÈRE
DES MÉDIAS SOCIAUX
L’
expert tunisien, Sadok Hammami, a estimé que l’autorégulation reste le meilleur
moyen à même de permettre au journaliste
d’exercer sa profession en toute «responsabilité» et
«indépendance», relevant qu’il n’était pas possible de
réguler les médias sociaux.
M. Hammami, a expliqué que l’autorégulation «demeure le meilleur moyen pour défendre le journalisme, à travers la mise en place de chartes éditoriales
à même de permettre l’exercice de la profession en
toute responsabilité et indépendance».
Les expériences à travers le monde entier «ont démontré qu’il n’était pas possible de réguler les médias
sociaux».
4L’autorégulation reste
le meilleur moyen à même
de permettre au journaliste
d’exercer sa profession en
toute responsabilité
et «indépendance.
4L’éthique journalistique
demeure-t-elle valable pour
les médias sociaux.
M. Hammami, a abordé notamment les conséquences des médias sociaux sur l’environnement culturel et sur les manières avec lesquels sont consommées les news.
Il a également tenté d’apporter des réponses aux questions : «Doit-on réguler les médias
sociaux à l’instar de la télévision et de la radio?», «Est ce que les chartes éditoriales sont
la solution adéquate ?» et «L’éthique journalistique demeure-t-elle valable pour les médias
sociaux ?».
Dans ce contexte, il a expliqué que certains grands groupes médiatiques mondiaux qui
sont arrivés à élaborer des chartes, lesquelles stipulent entre autres, que les médias sociaux «sont des outils et non pas des jeux» et soulignent la nécessité de vérifier les informations qui y sont véhiculées.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
113
RICARDO VELASQUEZ GUTIERREZ
Ethique et déontologie du journalisme :
la responsabilité sociale du journaliste
et des médias
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
15 décembre 2015
Ricardo Velasquez Gutiérrez, né à
Bruxelles, en 1966 est le secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes, depuis le 1er septembre 2013.
Il est maître de conférences à l’université
libre de Bruxelles (ULB) et membre effectif
du Conseil belge francophone de déontologie journalistique (CDJ).
Il siège depuis 2013 au Comité exécutif de la confédération européenne des syndicats (CES) et au Conseil d’administration de l’Institut syndical européen (ETUI).
n
Depuis mars 2015, il est membre de la commission
chargée de «faire des propositions au gouvernement en
vue de favoriser le développement et la reconnaissance
d’un islam moderne de Belgique en fédération Wallonie-Bruxelles».
n
Il a été journaliste à la rédaction du journal belge francophone «Le Soir» pendant plus de 23 ans. Il y couvrait
l’actualité belge dans le domaine des politiques de santé
et des libertés individuelles (convictions religieuses et philosophiques, ...).
n
Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages et publications dont le «Vade-mecum d’écriture journalistique»
(éd Presses universitaires de Bruxelles).
n
Il est auteur, au nom de la Fédération européenne, de
multiples rapports sur la situation de la presse en Europe,
sur l’état de l’audiovisuel public en Europe sur le discours
de haine, sur le statut des journalistes en Europe...
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
ETHIQUE ET DÉONTOLOGIE
DU JOURNALISME : LA RESPONSABILITÉ
SOCIALE DU JOURNALISTE ET DES MÉDIAS
R
icardo Velasquez Gutierrez a abordé la responsabilité sociale du journaliste et des médias face à la dissémination du discours de
haine, notamment sur les plateformes numériques.
Description du phénomène, «étude de cas, analyse
d’avis déontologiques et guide de bonnes pratiques
face au phénomène».
«Les journalistes sont appelés à promouvoir les
standards d’éthique et une déontologie professionnelle face à la montée du discours de haine dans le
monde», a souligné le Secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes, Ricardo Velasquez Gutierrez.
«Il est de la responsabilité des journalistes de promouvoir les standards d’éthique et une déontologie
professionnelle dans un monde marqué par une montée de l’extrémisme, de l’intolérance et de la discrimination contre différentes communautés et minorités
religieuses et ethniques», a affirmé M. Gutierrez.
Il a relevé que «le combat contre le discours de haine
constitue un nouveau défi pour les journalistes».
C’est un problème qui suscite une «grande inquiétude» au niveau des politiques et des juristes, notamment, quant à la manière d’y faire face, car ce discours de haine, a-t-il expliqué, «fait partie aussi de la
liberté d’expression».
Pour Ricardo Velasquez Gutierrez, la tâche des journalistes «n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui»
à cause du nombre impressionnant des espaces
d’expression et le développement fulgurant du numérique notamment l’Internet.
4Les journalistes sont
appelés à promouvoir les
standards d’éthique et une
déontologie professionnelle face à la montée du
discours de haine dans
le monde.
4Il est de la responsabilité des journalistes de
promouvoir les standards
d’éthique et une déontologie professionnelle dans
un monde marqué par une
montée de l’extrémisme, de
l’intolérance et de la discrimination contre différentes
communautés et minorités
religieuses et ethniques.
4La tâche des journalistes «n’a jamais été aussi
difficile qu’aujourd’hui»
à cause du nombre impressionnant des espaces
d’expression et le développement fulgurant du
numérique notamment
l’Internet.
Il a cité, à cet égard, l’essor des réseaux sociaux devenus, dans nombre de cas, «des
canaux véhiculant des discours haineux et choquants», non seulement pour les médias,
mais aussi pour des simples internautes dans leurs réactions et leurs commentaires sur
un tel ou tel sujet.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
117
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Le rôle central du journaliste contre la propagation de discours haineux, «Notre société a
besoin aujourd’hui de médias qui s’inscrivent dans le respect impératif de la déontologie»,
a-t-il insisté, en mettant en avant le rôle central que peuvent jouer les journalistes pour
contrer ce genre de discours et les dénoncer.
Dans l’exercice de son métier, le journaliste doit, en premier lieu, «vérifier» la source de
l’information, «réfléchir à l’impact» et les «conséquences» que peut avoir son écrit sur le
lecteur, comme il doit, aussi, a-t-il expliqué, «éviter de tomber dans le sensationnel et de
travailler dans la précipitation».
«Le journaliste doit se sentir responsable. Il a toujours une responsabilité face au discours de haine», a ajouté M. Gutierrez, qui a regretté le fait que des médias occidentaux
soient «peu éthiques» dans le traitement de certaines questions, notamment celles liées à
l’Islam, en créant l’amalgame et en n’utilisant une terminologie juste.
Ricardo Velasquez Gutierrez, a plaidé, à ce propos, pour l’adoption d’une approche basée
sur le dialogue pour avoir «une perception plus mesurée», tout en appelant les acteurs
concernés à «éviter la propagation des discours de haine, à utiliser les mots justes, à
mettre en œuvre les mesures nécessaires pour modérer les commentaires des lecteurs
et signaler toute dérive».
«Il s’agit de veiller à la déontologie journalistique à travers l’autorégulation et la co-régulation», a-t-il fait valoir.
118
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
MOHAMED KIRAT
Ethique, déontologie et pratique
du journalisme : défis et enjeux
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
28 janvier 2016
Docteur Mohamed Kirat, né en 1957
à El Aouana (Jijel) a obtenu une licence en
sciences de l’information et de la communication de l’université d’Alger en 1981 et
un master en communication de masse de
l’univesité d’Indiana des Etats Unis d’Amérique en 1984 et plus tard il obtient un doctorat dans la même spécialité et dans la
même université en 1987.
Mohamed kirat a enseigné et occupé plusieurs postes
à l’université d’Alger et les facultés des Emirats Arabes
Unis comme : doyen de la Faculté de communication de
Sharjah entre 2008 et 2011 et il enseigne actuellement
les relations publiques et la communication de masse à
l’université de Qatar.
Il a marqué sa participation dans plusieurs séminaires
scientifique et conférences et il a été membre dans plusieurs commissions d’arbitrage et des prix de la presse
et il a édité plusieurs publications en langues arabe, française et anglaise, notamment :
Mohamed Kirat et Noureddine Miladi (rédacteurs), les
Médias et les crises…art de le manipulation, la désinformation et la propagande, Oman 2015
n
Former la conscience sociale : rôle des medias dans
la construction de la réalité et la fabrication de l’opinion
publique, Oman 2007
n
Fabrication de l’opinion publique, première édition.
Oman : Beirut 2007.
n
Mohamed Kirat et Wael Ismail Abd Bari (rédacteurs),
les actes du séminaire sur les relations publiques dans
le monde arabe à l’ère de la mondialisation: réalité actuelle et perspectives futures, Sharjah, université Sharjah,
centre des recherches et des études 2006.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
ETHIQUE, DÉONTOLOGIE ET PRATIQUE
DU JOURNALISME : DÉFIS ET ENJEUX
S
i les professionnels de l’information et les acteurs des médias mettent l’accent sur la nécessaire liberté de la presse, ils peuvent être en
porte-à-faux dans leur pratique avec la philosophie et
les règles de la profession. Ce paradoxe a été mis
en avant par Mohamed Kirat, enseignant à l’Université du Qatar, lors d’une conférence organisée, jeudi
dernier, à Alger, dans le cadre des cycles de formation au profit des professionnels de la presse sous le
thème : «Ethique, déontologie et pratique du journalisme : défis et enjeux».
L’intervenant a mis l’accent sur les changements dans
les pratiques de la communication qui mettent à jour
de nouveaux défis éthiques et déontologiques. Les réflexions qui s’articulent sur les trois valeurs dominantes
du journalisme : liberté de l’information, recherche de
la vérité et respect de la personne humaine, ouvrent
la voie à une éthique participative, élargie à tous les
acteurs de la communication, citoyens et journalistes.
«Le journalisme a une importante mission sociale et
démocratique et ses conditions d’exercice sont déterminantes», fait valoir Dr. Kirat.
4Les changements dans
les pratiques de la communication qui mettent à jour
de nouveaux défis éthiques
et déontologiques.
4Les réflexions qui s’articulent sur les trois valeurs
dominantes du journalisme: liberté de l’information, recherche de la vérité
et respect de la personne
humaine.
4Le journalisme a une
importante mission sociale
et démocratique et ses
conditions d’exercice sont
déterminantes.
Dans un contexte dominé par des événements importants, complexes et souvent dramatiques, «une mission de réflexion sur la déontologie journalistique ne peut que rencontrer
des interrogations vives et nombreuses», selon Mohamed Kirat.
Dans un second volet, le Professeur a insisté sur la liberté d’expression et la responsabilité des médias vis-à-vis de leurs informations. Les journalistes doivent se plier, selon lui,
à une charte de conduite pour encadrer leur liberté d’opinion. «Les journalistes rappellent
souvent que leur activité se situe dans un cadre juridique précis dominé par le lien de
subordination», fait-il savoir. Il serait temps de créer, d’après lui, une instance qui puisse
réunir les professionnels des médias pour délimiter, par un code de déontologie, les
responsabilités et les libertés de la profession.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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FATMA BEN SAAD DUSSEAUT
Journalisme au défi des mutations
technologiques : quelle place pour l’éthique ?
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
28 février 2016
Fatma Ben Saad Dusseaut est une
enseignante et chercheuse.
Elle a obtenu un doctorat en sciences de
l’information et de la communication en
2010 de l’université Michel de Montaigne,
Bordeaux 3.
Elle est enseignante - formatrice à l’ISEG
Marketing & Communication School Bordeaux entre 2015/2016
Fatma Bensaad Dusseaut a occupé plusieurs postes, à
savoir :
Conférencière - Intervenante, depuis 2013 à l’Université
des Sciences Humaines et Sociales. Tunisie.
n
Consultante, 2013 à INTERNATIONAL INSTITUTE
FOR CULTURAL DIPOMACY – Dubaï
n
Journaliste correspondante, 2010/2011, Magazine
Réforme. France
n
Enseignante, 2010-2012 à l’Institut des Sciences de l’Information et de la Communication - ISIC - Bordeaux
n
Parmi ses publications :
«La consommation des réseaux numériques en Tunisie :
un usage socio-culturel dans un pays en mutations».
n
«Les Médias font-ils les révolutions ? Regards critiques
sur les soulèvements arabes». Fathallah Daghmi, Farid
Toumi, Abderrahmane Amsiddere (Dir.), Éditions l’Harmattan, Coll. Communication et Civilisation, Septembre
2013, pp. 183-196.
n
«Le rôle des réseaux numériques dans l’accélération
des mouvements populaires ? Le cas de la Tunisie».
n
«Les régimes arabes dans la tourmente: «révolutions»,
communications et réactions internationales». Serge Regourd, Saïd Hamdouni (dir.), Publisud, 2012, pp. 135
n
«Une révolution de la jeunesse du monde arabe».
Réforme. Décembre 2010-mars 2011.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE JOURNALISME
AU DÉFI DU NUMÉRIQUE :
QUELLE PLACE POUR L’ÉTHIQUE ?
L
e journalisme subit une profonde mutation depuis l’arrivée des nouvelles technologies de
l’information et de la communication. La diffusion de l’information sur le web renouvelle de façon
aiguë la question de l’éthique de l’information. Formidable moteur du journalisme, par les nouveaux espaces d’enrichissement des contenus et des libertés
qu’il permet, Internet porte aussi les germes de nouvelles dérives à la fois commerciales, manipulatoires
voire massificatrices et contraint ainsi à redéfinir de
façon éthique la mission du journalisme et les composantes de la posture du journaliste.
En effet, Internet lance de grands défis aux médias,
les faisant passer de l’économie de l’offre à l’économie de la demande, avec des conséquences économiques et sociales considérables. Il lance aussi
de grands défis aux journalistes, en les sommant de
re-justifier leur utilité sociale.
Cet outil (Internet) entre dans le grand public vers
1995. Ce réseau mondial ne semble pas alors exposer
le journalisme ni les médias à de profonds bouleversements. Il est perçu comme un changement d’échelle
de la communication, non comme un changement
de nature.
4Internet lance de grands
défis aux médias.
4 Le Web brouille ainsi
les frontières entre journalisme et public.
4La question qui se pose
est comment conserver
son rôle de journaliste au
respect de ses valeurs et
normes.
4Le risque principal est
de faire passer une opinion pour une information
recoupée et vérifiée.
4Tous les médias aujourd’hui, radio, télévision,
presse écrite sont devenus
des bi-médias avec une
place de plus en plus
grande sur le Web.
La conception d’Internet comme nouvel outil domine
jusqu’à l’avènement du Web 2.0, qui consacre l’accès de tous à l’expression publique. Le Web social
se développe alors avec l’élargissement de l’ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line), le
déploiement des moteurs de recherche, l’irruption des plateformes de partage de sons et
d’images, etc. Le tournant décisif s’opère avec la naissance des réseaux sociaux Facebook (2004) et Twitter (2006).
Le Web brouille ainsi les frontières entre journalisme et public. Il fait intervenir de nouveaux
acteurs. De nouveaux rôles sont distribués. Des responsabilités jusqu’alors identifiées et
circonscrites se portent sous des habits neufs. Les sites des médias traditionnels ne sont
pas les seuls à produire du contenu d’actualité. D’abord les journalistes professionnels
créent leurs blogs. Ensuite, des sites d’information participatifs conçoivent l’information
en recourant à la collaboration de leur public. Des sites contributifs, qui se nourrissent
d’apports d’internautes, ajoutent à l’information d’actualité.
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Le décor ne cesse de se modifier. Les fonctions déjà existantes dans les médias traditionnels se voient modifiées, enrichies ou combinées par l’intervention d’autres acteurs et
la création d’autres circuits. Bref, cette logique de production de contenus a entraîné les
journalistes dans une rivalité avec des entreprises dont l’activité est centrée sur la commercialisation de services et orientée vers le divertissement, l’entertainment : Facebook,
Google, Yahoo ou Microsoft.
Quelle est donc la place du journaliste au sein d’une société hyperconnectée où domine
une surabondance, presque indigeste, d’informations se déversant chaque seconde sur
la toile ? Pourquoi payer pour des informations que l’on peut trouver aisément et gratuitement sur Internet ? Comment réagir face à l’appétit insatiable des internautes et à
la marchandisation des contenus ? Quelle attitude le journaliste doit-il adopter face à la
concurrence des blogs ou des réseaux sociaux ?
Ce qui est sûr, c’est que le journaliste n’est plus le seul à raconter le monde, il a définitivement perdu le monopole de l’information et c’est un tournant majeur dans son histoire.
L’ère numérique contraint le journalisme à se repenser et à se réinventer pour survivre.
En effet, plusieurs enjeux sont liés à la digitalisation des contenus. Il y a d’abord le double
mouvement, technologique et économique, qui déstabilise et remet en cause le modèle
économique industriel des médias (toutes catégories confondues mais notamment la
presse écrite).
Ensuite, il y a l’émergence de ce qu’on appelle les «digital natives», désignant les citoyens
nés avec la culture du web, et les «journaliste-citoyen», entendus comme des citoyens
ordinaires ou experts qui diffusent des informations non produites par les mass media.
Et enfin, c’est le rôle du journaliste à l’aune des nouvelles contraintes et des nouveaux
espaces de liberté induits par l’ère numérique qui reste à redéfinir. Je ne vais pas trop
m’attarder sur l’impact de la révolution numérique sur le modèle économique des médias.
Je dirai seulement que le premier facteur de déstabilisation du modèle économique est la
gratuité de l’accès à l’information.
La digitalisation et la diffusion massive des contenus sur le web ont rompu la dépendance
des publicitaires vis-à-vis de la presse conduisant ainsi à un écroulement des revenus
publicitaires. Conséquence, l’information journalistique est devenue un contenu parmi
tant d’autres et voit sa valeur marchande se modifier. Parallèlement, la gratuité a ouvert
la porte à la surabondance de l’offre disponible. La démocratisation des moyens de publication et de diffusion de l’information a en effet entraîné une production massive de
contenus tant du côté des professionnels que des particuliers. Au-delà de la nature même
de l’information qui est remise en cause, c’est toute la légitimité du journaliste et de son
rôle qui est mise à l’épreuve du numérique.
Dans ce paysage en mutation, la discussion sur les responsabilités éthiques prend un tour
nouveau. Mais avant d’aborder cette question essentielle j’aimerai revenir au fondement
même du journalisme. Qu’est-ce que donc le journalisme et qu’est-ce qu’un journaliste ?
Le journalisme professionnel s’est constitué à la fin du 19e siècle pour protéger le métier
des turbulences de l’industrialisation de la presse. Il s’agissait avant tout de définir un
statut social et d’assurer des conditions économiques décentes. L’occasion était donnée
aussi d’établir un cadre déontologique adéquat, en vue d’assurer la dignité du métier et de
mettre autant que possible le journalisme à l’abri des foudres de la loi.
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Les journalistes professionnels ont entrepris du même coup de se distinguer des amateurs nombreux et souvent prestigieux, qui occupaient jusqu’alors largement les colonnes
des journaux et s’employaient à y construire leur carrière. Aujourd’hui, en observant la
Toile en cette deuxième décennie du 21e siècle, on se prend à trouver quelques correspondances avec la situation de l’époque. Les journalistes professionnels s’interrogent sur
leur place dans les nouveaux réseaux de communication.
La presse, au sens large, est considérée depuis plus de deux siècles en démocratie
comme nécessaire au bon fonctionnement des institutions démocratiques, par l’exercice
reconnu d’une liberté d’informer, de commenter et de critiquer. Pour reprendre une expression courante les médias sont les «chiens de garde» (watchdogs) de la démocratie.
Ils sont souvent qualifiés de «quatrième pouvoir», quand bien même ils ne disposent euxmêmes d’aucune force d’exécution.
Aujourd’hui, la présence d’acteurs nouveaux dans l’espace public interroge plus que jamais la nature du journalisme et l’identité des journalistes. Un retour en arrière permet de
revisiter des questions posées peu avant l’apparition d’Internet dans le grand public. En
effet, le journalisme, face aux nouvelles technologies numériques, est certes confronté à
des questions inédites, mais qu’il en prolonge de nombreuses autres, quitte à les poser
en des termes plus radicaux.
Donc qu’est-ce qu’un journaliste ? Il serait illusoire de chercher à cerner l’identité du journaliste en recourant à une approche fonctionnaliste : la mission d’informer. D’abord, parce
que cet univers est désormais ouvert à la participation du public et rend plus incertaine
encore toute définition essentialiste du métier (Charon et Le Floch, 2011 : 5-6). Ensuite,
une telle approche masquerait les conditions réelles de l’exercice du métier. Les journalistes ne seraient pas nécessairement attachés comme individus à l’idée de l’intérêt
commun. De même pour la recherche d’une identité particulière par rapport à la détention
de la carte de presse. Celle-ci n’a jamais empêché le journalisme de rester une pratique
ouverte. Le journaliste ne fonde pas non plus son identité professionnelle sur la connaissance d’un savoir-faire. D’abord, parce que les techniques du métier sont d’une diversité
croissante ; il est impossible de les maîtriser toutes.
Ensuite, parce que les savoir-faire pris isolément sont accessibles à n’importe qui (la
vidéo, l’écriture numérique, par exemple). La déontologie se poserait-elle dès lors en ultime recours identitaire ? Personnellement je pense que oui, si bien évidemment, elle est
additionnée à une prise de conscience du rôle social que joue le journaliste, de l’utilité de
la formation requise pour l’exercer et des procédures et normes changeantes d’un métier
en perpétuelles mutations qui font la dynamique et la spécificité du journalisme.
Le caractère imprécis et changeant du journalisme n’est pas une découverte d’Internet.
La «ductilité» du métier est de s’adapter sans jamais rompre (Grevisse, 2010) c’est à mon
sens ce qui fait la force du journa-lisme et qui participe à sa pérennité. Deux chercheuses
américaines ont fait une étude remarquable publiée dans un ouvrage intitulé Online Journalism Ethics qui offre à ce jour, entre traditions et transitions, l’un des panoramas les
plus étendus des modifications et évolutions de la pratique journalistique à l’ère du numérique. Dans cet ouvrage les chercheuses ouvrent d’emblée la porte au débat éthique en
suggérant que les journalistes trouvent leur meilleure définition non par «ce qu’ils sont ou
même par ce qu’ils font», mais par «comment et pourquoi ils le font» (Friend et Singer,
2007 : 41).
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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COMMENT SE STRUCTURE L’ÉTHIQUE JOURNALISTIQUE
À L’ÈRE NUMÉRIQUE ?
L’éthique journalistique -comme d’ailleurs toute éthique appliquée- se structure en trois
niveaux : le niveau supérieur des valeurs, le niveau intermédiaire des normes, le niveau
concret des pratiques.
Elle n’est pas statique, mais soumise à une dynamique produite par une tension permanente entre des valeurs stables et des pratiques changeantes. Les valeurs expriment les
grandes orientations du métier. La valeur de liberté : son objectif est de répondre au droit
de savoir des citoyens et assurer la discussion sur les affaires d’intérêt public.
La valeur de vérité renvoie au fondement de l’activité du journaliste, comme observateur
et interprète des faits, engagé dans leur mise en contexte et la recherche de sens mais
aussi comme narrateur soucieux d’assurer la véracité du récit. La troisième valeur du journalisme concerne le respect de la personne humaine, l’attention à l’autre, afin de répondre
dans le domaine particulier de la communication sociale à une intention de justice. Ces
trois valeurs tiennent en une maxime : un journalisme libre, responsable et respectueux
des personnes.
Les normes quant à elles ont pour fonction de traduire le respect des valeurs dans des
situations usuelles du journalisme. Elles sont directement rapportées aux pratiques. La
norme n’agit pas comme une obligation morale, à la façon d’un impératif catégorique. Ni
comme simple mode d’emploi. Elle sert de balise à la délibération éthique en situation.
L’appareil normatif est contenu dans les codes ou chartes de déontologie, ainsi que dans
la jurisprudence des instances de régulation internes à la profession, comme les conseils
de presse. Il existe des codes dotés d’une reconnaissance internationale, par exemple la
Charte de Munich. D’autres, très nombreux, sont propres à des communautés professionnelles nationales. D’autres encore s’adressent à des journalistes de médias spécifiques,
comme la télévision, ou sont élaborés au sein d’entreprises médiatiques. Les normes sont
donc les normes d’une société de ses valeurs.
Dans le contexte actuel, il me semble que la norme à laquelle on doit le plus s’attacher en
tant que journalistes est celle du vivre ensemble dans le respect de l’autre, de sa dignité
et de sa différence. Le respect des valeurs et des normes est donc censé distinguer les
journalistes de métier de la «constellation des communicateurs».
La question qui se pose est comment conserver son rôle de journaliste au respect de ses
valeurs et normes lorsqu’on est secoué par l’arrivée sur le Web d’une myriade d’«éditeurs» de tout acabit, dont le souci apparent est d’assurer leur liberté d’expression individuelle, d’attirer l’attention de la communauté virtuelle sur des causes ou des intérêts qui
leur sont propres ?
Certes l’arrivée de cette communauté virtuelle constitue un bien commun en démocratie
qui participe au débat public via les blogs, les forums de discussion ou les réseaux sociaux. Cependant, cette communauté fait appel à des pseudonymes, peut se cacher derrière des masques et ne semble pas se soucier des recommandations de transparence
imposées aux journalistes professionnels. Il est certain qu’il existe aujourd’hui une tension
éthique entre la liberté d’expression du citoyen comme un aspect du bien commun et la
mission de la presse censée servir l’intérêt public dans le respect de valeurs et de normes.
Le journaliste ne risque-t-il pas de perdre la main ?
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Une hypothèse, souvent formulée, est celle d’un décalage entre les intérêts des journalistes et ceux de leur public. Les médias traditionnels privilégieraient la politique et les
faits divers ; les internautes s’intéresseraient en priorité à la science, à la technologie, à la
vie quotidienne. Les journalistes ont tendance à favoriser la couverture des affaires «publiques», les internautes préfèrent les affaires «non publiques» (Boczkowski, Mitchelstein
et Walter, 2011).
Sur Internet, les nouvelles circulent librement, aussitôt portées à la connaissance de tous.
La tâche du journaliste est d’aider les citoyens non seulement à trouver mais aussi à
comprendre des informations. Il n’est plus un «gardien», mais un donneur de sens, un
indicateur. Ce n’est plus l’information elle-même, déjà présente dans l’espace public, qui
est en jeu. Ce sont sa fiabilité, sa validité et surtout le sens qu’on lui donne. Il incombe au
journaliste d’éprouver l’une et l’autre c’est pour cela que l’éthique journalistique demeure
au centre des défis qui se présentent au journaliste. Elle devrait le distinguer de la nuée
d’«éditeurs» de contenus présents sur la Toile, dont l’internaute ignore les liens d’intérêts,
les relations avec telle officine ou tel groupe de pression, les visées stratégiques personnelles.
L’opacité de la plupart des éditeurs de contenus numériques tranche avec la transparence
ordinairement attachée à la présence sur le réseau de journalistes appartenant à des
médias reconnus, situés par une ligne éditoriale, par une orientation politique. Le Web
est ouvert à la circulation immédiate de toutes les observations sur un événement donné.
Les conditions nouvelles d’instantanéité et d’universalité rendent illusoire toute prétention à l’exactitude d’une information. Il s’agit donc d’offrir l’assurance que le «cahier des
charges» du journalisme est respecté par l’identification de la source, le recoupement et
la vérification du contenu.
Avec le Web 2.0, des témoins, des acteurs sont présents sur le terrain quand les professionnels n’y sont pas ou pas encore. Il appartient aux journalistes de rendre fiables les
nouvelles et les images, d’en assurer la sécurité et la stabilité, contribuant du même coup
à la crédibilité des sites médiatiques auxquels ils sont affectés. Ces exigences supposent
aussi que les rumeurs circulant sur la Toile soient soumises à un traitement particulièrement rigoureux, qui ne les crédibilise pas à bon marché. La recherche de la vérité est
liée à des normes qui accompagnent depuis longtemps les pratiques journalistiques. Ces
normes ne sont pas bouleversées par Internet, mais elles sont exposées à des interprétations adaptées aux réalités du Web et de la communication numérique.
Cependant, Internet favorise aussi des pratiques nouvelles, comme la vérification des
faits (fact checking) ou le journalisme de données (data journalism). Dans le premier cas,
la vérification mobilise des moyens de recherche jusqu’alors inconnus, d’une grande efficacité en termes d’étendue et de rapidité. Le défaut du fact checking est cependant de
laisser entendre que les faits et les chiffres auraient en toute circonstance le dernier mot.
Le monde vécu est souvent plus complexe.
Quant au journalisme de données, il se déploie sur les trois registres de la vérité journalistique : l’observation des faits, par la mise au jour d’informations peu accessibles, l’interprétation des événements, par l’apport de données permettant de les mettre en contexte
et de les comprendre, leur narration enfin, dans la mesure où l’accessibilité des matériaux
dépend largement d’une mise en scène, assurée par des spécialistes de l’imagerie numérique. Ces deux pratiques concourent à établir la validité des éclairages apportés sur
les événements.
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On l’a compris, la qualité des informations diffusées peut être sujette à caution. L’absence de respect d’une déontologie journalistique et des responsabilités qui en découlent
constitue une limite qui interdit tout rapprochement avec le métier de journaliste. Le risque
principal est de faire passer une opinion pour une information recoupée et vérifiée. Il est
difficile d’adhérer à la croyance d’une vaste démocratisation grâce au web même si après
Gutenberg, qui a permis la reproduction et l’accès au savoir, Internet permet potentiellement à chacun de prendre une place et de se faire entendre sur la place publique. Quoi
qu’il en soit, le journaliste doit prendre en compte cette nouvelle donne et adapter sa façon
de travailler. La fonction sociale du journaliste prend alors tout son sens dans cette société
éclatée. Se pose alors inévitablement la question de la formation des journalistes.
En effet, tous les médias aujourd’hui, radio, télévision, presse écrite sont devenus des
bi-médias avec une place de plus en plus grande sur le Web. Certains ont même franchi
le pas en supprimant la publication papier, à l’exemple de Newsweek, ou ont été créés
exclusivement dans une forme numérique, ce sont les pure players comme Rue89. Le
journaliste est censé «posséder un savoir et doit être capable de le restituer de façon
crédible, compréhensible, transmissible». A bien des égards la fonction noble de ce métier
peut être rapprochée de celle de l’enseignant.
Car l’irruption du numérique dans la société, la place qu’il occupe aujourd’hui chez les
jeunes, citoyens de demain, interpelle voire déstabilise tout autant le journaliste que l’enseignant par la rapidité de cette intrusion et la révolution des pratiques et des comportements que cela génère. C’est évidemment par la formation des journalistes et des enseignants que l’on peut espérer rester maître de ces bouleverse-ments.
Les changements numériques et les évolutions technologiques, pour clore mon intervention, n’appellent pas à la disparition du journalisme, au contraire, on n’a jamais eu autant
besoin d’être accompagnée intelligemment dans la compréhension d’un monde en mutation accélérée.
Le tri, la vérification, la hiérarchisation, la mise en perspective et l’analyse sont des savoir-faire précieux dans un environnement où les lecteurs ont plus que jamais besoin de
filtrer et de digérer la masse informations qui parvient jusqu’à eux. Pour montrer ce qui se
«cache derrière le paravent», l’investigation et l’éditorialisation continuent à jouer un rôle
fondamental dans un espace public et démocratique pollué par des contenus plus en plus
formatés et «low cost». Par beaucoup d’aspects, l’intégration de tous les usages d’Internet
dans le métier de journaliste relève donc d’un triple défi :
4Défi technique et culturel d’apprentissage d’un savoir-faire particulier supplémentaire.
4Défi professionnel de justification d’un métier, et de ses qualités spécifiques par rapport
à «l’amateurisme» des nouveaux intervenants sur la toile, et à la «débrouillardise» individuelle des usagers.
4Défi déontologique de la maîtrise renforcée des cloisons entre information et communica-tion, information et propagande...
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RÉSUMÉ
Les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont remis
en cause la «légitimité» du journaliste, lequel n’a plus le «monopole» de l’information, a
estimé Docteur Fatma Bensaad Dusseaut.
«L’information n’est plus livrée par des professionnels seulement, mais aussi par des
particuliers et au-delà de la qualité de cette information, c’est toute la légitimité du journaliste qui est remise en cause», a indiqué Docteur Fatma Bensaad Dusseaut
A ce propos, elle a observé que le journaliste n’a plus le «monopole» de raconter le
monde mais de le «faire comprendre et ce, à l’aune des difficultés et des libertés» induites par internet.
L’arrivée des nouvelles technologies de communication a conduit à une «richesse dans
le contenu informatif, a brouillé les frontières entre le journaliste et le public et a distribué
de nouveaux rôles», a poursuivi la spécialiste.
S’agissant sur la place qu’occupe, par conséquent, un journaliste dans une société marquée par une «indigeste abondance» de l’information, elle souligne: «Pourquoi continuer
à payer une information que l’on peut avoir gratuitement»?.
A ce propos, elle a avancé que l’invasion du numérique a contraint le journaliste à «justifier et à repenser son utilité sociale» et l’a conduit à «rivaliser avec des entreprises dont
le souci principal est la rentabilité économique».
Aux yeux de la conférencière, la formation des professionnels des médias «s’impose»
à l’ère de la suppression du papier qui contraint ces derniers à «acquérir de nouvelles
techniques afin qu’ils restent maîtres des bouleversements» entraînés par internet.
En effet, face aux dérives qui ne manquent pas d’accompagner l’utilisation des NTIC, les
médias classiques sont appelés à «s’adapter, sans jamais rompre», plaide Dr Dusseaut.
A ce propos, l’éthique se place «au cœur de la démarche identitaire» du journaliste,
considère la conférencière, citant trois règles faisant la différence entre «les gens de la
plume des autres sources d’information», à savoir la «liberté, la vérité et le respect de
la dignité humaine».
«Les normes sont une balise pour le respect du vivre-ensemble, de la différence», notet-elle, relevant l’intéressement des professionnels des médias davantage pour les sujets
politiques et les affaires publiques alors que les internautes sont plus attirés par l’actualité liée aux technologies, aux faits divers, etc…
En dépit de la place grandissante d’internet dans les sociétés contemporaines, la presse
traditionnelle n’est pas prête pour s’éclipser, dès lors que, paradoxalement, on «n’a jamais eu autant besoin d’être accompagnés d’une meilleure compréhension du monde et
d’une maîtrise des cloisons entre l’info et l’intox», conclut-elle.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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CHADLI BOUFAROUA
La radio dans le futur
Centre culturel Aissa Messaoudi de la Radio nationale - Alger
24 Mars 2016
Chadli Bouferoua, Directeur de la
chaîne III et ancien journaliste et cadre de
la radio.
Il a occupé plusieurs postes dont celui
d’assistant du Directeur général de la Radio, directeur des relations extérieures et
ancien directeur de la Chaîne III.
n Ancien journaliste sportif à la Radio nationale d’expression Française «Alger chaîne 3», Boufaroua travaille dans la rubrique sportive de cette chaîne en
se spécialisant en Athlétisme couvrant toutes les grandes
manifestations internationales.
Animateur de «Sport Matin» sur la chaîne III, M. Boufaroua, avait occupé auparavant, le poste de directeur
de l’information, avant d’être nommé directeur de cette
chaîne en juillet 1994.
n
Il est directeur de la Radio international entre 2008 et
2011.
n
En juin 2014, Chadli Boufaroua est nommé directeur de
la Chaîne III de la Radio nationale.
n
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LA RADIO DANS LE FUTUR
P
arler de la Radio dans le futur (ou du futur de la
Radio) est d’abord une question indissociable
de celle du développement économique de
tout le pays, cependant l’évolution de la Radio en tant
que média lourd de service public est une question
cruciale pour ce qu’elle est déjà, à savoir d’abord un
instrument puissant de cohésion nationale.
LE MULTIMÉDIA, UN AXE STRATÉGIQUE
DE DÉVELOPPEMENT
Naturellement, on ne peut débattre de la question
du futur de la Radio sans évoquer la révolution des
technologies de l’information et de la communication
qui continue, chaque jour, à opérer des chagements
profonds à la fois rapides et touchant à tous les aspects de la vie quotidienne. Des bouleversements
aussi profonds, sinon plus, que ceux engendrés par
la Révolution industrielles du XIXème siècle.
4La Radio dans le futur
(ou du futur de la Radio)
est d’abord une question
indissociable de celle du
développement économique
de tout le pays.
4 L’évolution de la Radio
en tant que média lourd
de service public est une
question cruciale pour ce
qu’elle est déjà, à savoir
d’abord un instrument
puissant de cohésion nationale.
4La numérisation de la
Radio permettra la diffusion de plusieurs programmes en simultané.
4La création d’une chaîne
d’information continue est
impérative.
C’est pourquoi, l’évolution de la Radio nationale c’est
d’abord sa volonté «de réformer, d’innover tout en
conservant son noyau dure, à savoir le son». Parce
que la Radio est aujourd’hui de plus en plus reçue
sur les smartphones avec des contenus multimédia,
le conférencier développe son argumentaire en citant
diverses expériences de par le monde et qui font ressortir, si besoin est, à quel point il est déterminant
d’anticiper les changements afin de mieux s’y adapter, se maintenir et transmettre le legs
aux générations futures.
D’abord au Japon, «il a été décidé depuis quelques années déjà d’arrêter la fabrication
des transistors classiques tout en initiant d’autres types de récepteurs tels que la radio
hybride qui reçoit à la fois les programmes en FM et en numérique».
«Rien n’empêche les investisseurs, aujourd’hui et pas demain, qu’ils soient privés à Bordj
Bouariridj ou publics à Sidi Bel Abbès, d’investir dans la fabrication de la radio hybride».
Autre fait saillant, les résultats d’un sondage réalisé dernièrement à l’occasion du 20ème
anniversaire de la création de France Info. Ces derniers font ressortir que pas moins de
60% des auditeurs habituels écoutent désormais la radio via internet, et seulement 40%
par voie classique. Une tendance qui ne fera naturellement que s’accentuer.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
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En Allemagne, «un pays de plus de 70 millions d’habitants, 25 millions de smartphones
ont été vendus en 2013, et sans doute autant sinon plus, en 2014 et 2015». C’est dire l’impératif changement auquel il faudra s’adapter dès à présent et anticiper d’autres à venir.
C’est clair, la vision du futur doit s’appuyer sur le multimédia dont il faut faire un axe stratégique de développement.
LA NUMÉRISATION DE LA RADIO POUR PLUS D’ATTRACTIVITÉ
Autre axe à développer, la numérisation de la Radio qui permettra la diffusion de plusieurs
programmes en simultané et de meilleure qualité de son. A noter que à ce sujet que la Radio nationale a déjà entamé la numérisation de ses programmes dans la partie Production
en attendant la numérisation de la Diffusion.
LE DÉVELOPPEMENT DU CONTENU
Incontestablement, le développement ne peut se limiter aux aspects techniques qui ne
sont que le support d’un contenu constamment amélioré et adapté aux besoins des auditeurs. La création d’une chaine d’information continue est impérative.
PAULE BEAUGRAND-CHAMPAGNE
Le Conseil de Presse du Québec :
40 ans de déontologie appliquée
Bibliothèque Nationale d’El Hamma - Alger
25 avril 2016
Paule Beaugrand-Champagne, née
le 8 mai 1943 à Outremont, Montréal est
une journaliste et écrivaine québécoise.
Elle commence sa carrière en journalisme
étudiant au début des années 1960 alors
qu’elle est directrice du journal «Le Bourgeoys» du Collège Marguerite-Bourgeoys.
n En 1962, elle devient l’une des quatorze
membres du groupe humoristique Les Cyniques.
Entre 1963 et 1966, elle est journaliste pigiste pour le
magazine MacLean.
n
En mars 1965, elle fait une entrée remarquée au journal
La Presse grâce à une entrevue exclusive avec la femme
du criminel Lucien Rivard.
n
En 1974, elle anime la deuxième saison de l’émission
de télévision «J’ai le goût du Québec» produite par le Parti
québécois.
n
En 1976, elle fonde le journal Le Trente, magazine de
la Fédération professionnelle des journalistes du Québec
dont elle est aussi la présidente.
n
En 1983, elle est recherchiste à l’émission «Dossier de
presse» à la télévision de Radio-Canada, puis journaliste
pigiste pour le magazine Protégez-vous.
n
En 1986, elle devient directrice du Devoir économique,
et en 1989 rédactrice en chef adjointe du magazine Châtelaine, puis du Journal de Montréal.
n
En 2001, elle est rédactrice en chef de RDI et en 2002,
elle devient la Présidente-directrice générale de TéléQuébec ainsi que membre du conseil d’administration de
Reporters sans frontières Canada.
n
En 2014, elle devient présidente du Conseil de presse
du Québec, la première femme à occuper ce poste.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE CONSEIL DE PRESSE DU QUÉBEC :
40 ANS DE DÉONTOLOGIE APPLIQUÉE
L’
écrivaine et journaliste québécoise a indiqué
que l’objectivité doit constituer la règle de
base pour le journaliste dans toute information ou reportage, soulignant qu’il ne faut pas verser
dans le commentaire et laisser paraître ses opinions,
le bon journaliste est donc celui qui vise l’objectivité
dans ses textes d’information et dans ses reportages.
Il ne peut pas faire de commentaire et laisser paraître
ses sentiments et ses opinions dans ses textes d’information factuels.
Elle a ajouté que dès qu’une personne se rend l’auteur d’un commentaire ou fait part d’une opinion au
Canada, dans un papier factuel, elle «se fait taper du
doigt», précisant que «comme les partons de presse
sont d’accord, ça n’existe plus».
Elle a rappelé que l’information présentée aux lecteurs se devait d’être «fidèle à la réalité, rigoureuse,
impartiale, sans parti pris, équilibrée et complète»,
dans l’intérêt du citoyen pour assurer le service public.
Evoquant la presse québécoise, Mme BeaugrandChampagne a relevé qu’il y avait eu 176 plaintes déposées en 2014-2015, auprès du Conseil de presse
du Québec.
4Il ne faut pas verser dans
le commentaire
et laisser paraître ses
opinions, le bon journaliste est donc celui qui vise
l’objectivité dans ses textes
d’information et dans
ses reportages.
4L’information présentée
aux lecteurs se devait d’être
fidèle à la réalité, rigoureuse, impartiale, sans parti
pris, équilibrée et complète.
4Un consensus existe au
Canada au sein de la corporation de la presse pour
dénoncer toute personne
qui ou fait part d’une
opinion dans un papier
factuel.
«Quand les plaintes sont jugées recevables, un comité décide de porter un blâme à l’égard du journaliste ou du journal en question» a-t-elle dit,
ajoutant que 64 jugements avaient été rendus durant la même période.
Mme Beaugrand-Champagne, qui est spécialiste et consultante en information et journalisme et membre du Conseil d’administration de TV5 Québec Canada, a relevé qu’un
consensus existe au Canada au sein de la corporation de la presse pour dénoncer toute
personne qui «se rend auteur d’un commentaire ou fait part d’une opinion dans un papier
factuel».
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
139
LARBI TIMIZAR
La formation continue,
clé de la professionnalisation éthique
des journalistes
Ecole Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences
de l’Information de Ben Aknoun - Alger
29 mai 2016
Larbi Timizar est né le 15 Janvier 1947
à la Wilaya de Boumerdes, Président Directeur Général du journal «HORIZONS».
n
Diplômé de l’ENA-CFA
Il a occupé plusieurs postes :
Chargé des relations publiques au ministère de l’information fin des années
soixante.
n
En outre, il a passé de longues années au journal El
Moudjahid, à travers lesquelles il a occupé plusieurs
postes, notamment :
n
Journaliste
n
Directeur de rubrique
n
Chef de Département
n
Rédacteur en Chef
n
Directeur de Rédaction
Conseiller à la Direction Générale, puis rédacteur en
chef jusqu’en 2011
n
Président Directeur Général du Journal «HORIZONS»
depuis 2011.
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LA FORMATION CONTINUE,
CLÉ DE LA PROFESSIONNALISATION
ÉTHIQUE DES JOURNALISTES
L
arbi Timizar a axé sur la problématique de la
formation, vue comme une exigence éthique
et professionnelle à laquelle, et le journaliste
et l’entreprise de presse doivent accorder une importance au niveau des mutations et des défis qui caractérisent cette profession.
Larbi Timizar cite entre autres, les évolutions technologiques, sociologiques et culturelles notamment
depuis l’avènement de l’Internet. «Quelle est la part
du journaliste et celle de l’entreprise de presse dans
la mise en place d’un système de renouvellement des
connaissances indispensables à un exercice professionnel et responsable du métier de journaliste ?»,
s’est-il interrogé.
Il a affirmé que l’Algérie a pris conscience de l’importance du journaliste professionnel dans l’accomplissement de cette nouvelle mission constitutionnelle
«qui consiste à assurer au citoyen le droit à l’information au même titre que les autres droits, la santé,
l’éducation, la culture», a-t-il noté.
Il a annoncé, à l’occasion, que les universités algériennes ont formé, durant les années 2011 et 2014,
18.286 licenciés en sciences de l’information et de la
communication et 388 diplômés en post-graduation.
4 L’Algérie a pris
conscience de l’importance
du journaliste professionnel dans l’accomplissement de cette nouvelle
mission constitutionnelle
«qui consiste à assurer au
citoyen le droit à l’information au même titre que
les autres droits, la santé,
l’éducation, la culture.
4 La réalité de la formation de nos journalistes
appelle un effort particulier
de la part des entreprises
de presse qui doivent
contribuer à améliorer et à
perfectionner les connaissances et les compétences
des jeunes journalistes.
Larbi Timizar a précisé que la Constitution amendée
a placé le droit du citoyen à l’information au rang de droit constitutionnel. Le conférencier
a relevé l’attachement du ministre de la Communication à la réussite de l’œuvre de professionnalisation de la presse qui passe inévitablement par des actions de formation du
journaliste pour lui permettre d’être au niveau de la mission sociale qui est la sienne.
S’agissant de la formation, il a insisté sur la déontologie, l’éthique et la liberté de pensée et
d’expression en tant qu’«atouts qui font la force et le professionnalisme d’un journaliste.»
Il a ajouté que beaucoup estiment que le métier de journaliste a évolué et doit se consacrer à une professionnalisation poussée, d’où l’idée de former des journalistes «soldats
de l’information» aguerris aux pratiques des techniques du journalisme, avec comme fil
conducteur, le souci de répondre aux fameuses questions Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?
Pourquoi ? Comment ?
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
143
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
Le paysage médiatique algérien est marqué par l’ouverture et le pluralisme qui induisent
de nouvelles exigences éthiques et professionnelles que le journaliste ne saurait assumer
sans un effort de formation et de renouvellement des acquis intellectuels.
Sur un autre plan, Larbi Timizar a estimé que l’ouverture du champ des médias audiovisuels laisse transparaître un grand besoin de formation non seulement aux principes
professionnels de la pratique du journalisme mais également aux fondements éthiques
et déontologiques de la profession. «Nous constatons tous au niveau de certains médias
des façons de se comporter avec l’information qui interpelle le rôle et la place du journaliste et rendent plus qu’impératives sa formation et l’amélioration de ses connaissances,
comme rempart éthique aux dérives.»
Toutefois, la formation est confrontée à la réaction des journalistes. «Il y a ceux qui adhèrent au programme de formation, ceux qui refusent la formation au prétexte qu’ils sont
diplômés de l’université, ceux qui pensent constituer l’élite. Et il y a ceux qui suggèrent de
former plutôt les responsables.» La réalité de la formation de nos journalistes appelle un
effort particulier de la part des entreprises de presse qui doivent contribuer à améliorer et
à perfectionner les connaissances et les compétences des jeunes journalistes, «le plus
souvent bien formés aux concepts théoriques mais sans aucune emprise sur la réalité du
journalisme et des médias», a-t-il constaté.
Enfin, il a plaidé pour la création de liens structurés et permanents entre l’université et
les entreprises de presse pour l’accueil des stagiaires. «Cela pourrait également être un
moyen pertinent d’implication des jeunes journalistes diplômés et leur intégration dans le
monde professionnel du journalisme.» «Nous sommes interpellés pour trouver les moyens
d’améliorer notre formation, nos compétences et nos connaissances dans une démarche
purement éthique capable non seulement d’aider le journaliste à mieux exercer son métier
mais aussi à lui éviter des dérives et des pratiques nuisibles à notre profession», a recommandé le PDG de Horizons.
144
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
ANDRÉ VITALIS
La révolution numérique en question,
ce que nous apprennent 50 ans
d’informatisation sociale
Bibliothèque Nationale d’El Hamma - Alger
20 juin 2016
Diplômé des sciences politiques à Paris
et docteur d’Etat dans la même spécialité. André Vitalis est également habilité
à diriger des recherches en sciences de
l’information et de la communication
Enseignant depuis 1973, il a été Directeur
du Centre d’étude des médias de l’Université de Bordeaux de 1996 à 2005 il a été
pendant la même période, responsable de
la formation doctorale en sciences de l’information et de la
communication.
Il a encadré de nombreux travaux de recherche et assure
la codirection d’une collection «Médias et nouvelles technologies» aux Editions Apogée/PUF.
André Vitalis a été Consultant auprès de la Commission
nationale de l’informatique et des libertés (1987/1994), du
Conseil de l’Europe (1995/1996) et du Commissariat général au plan (1998/1999).
Il est membre-fondateur du CREIS (Centre de coordination de la recherche et de l’enseignement en informatique
et société et du CECIL (Centre d’études sur la citoyenneté, l’informatisation et les libertés).
Parmi ces ouvrages :
n
l’incertaine révolution numérique, ISTE, 2016, 117p
La vie privée à l’heure des médias (dir. Avec P.Baudry,
C. Sorbets), - Presses universitaires de bordeaux ; 2002,
197p.
n
L’ordinateur et après (avec collab) ED.G.Morin/Eska,
1989, 302p
n
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
EN QUESTION, CE QUE NOUS
APPRENNENT 50 ANS
D’INFORMATION SOCIALE
L
e Professeur en sciences de l’information et de
la communication à l’Université de Bordeaux,
André Vitalis, a indiqué que c’est la révolution
numérique qui nous contrôle et non l’inverse.
«C’est une révolution incertaine car nous la subissons et nous ne pouvons pas savoir où elle va nous
mener. C’est pour cela que j’utilise souvent, dans ce
contexte, le proverbe qui dit que quand on ne sait
pas où l’on va, il vaut mieux savoir d’où l’on vient.
Nous sommes vraiment loin d’avoir tout prévu dans
cette révolution», relève-t-il, rappelant l’impact imprévu des réseaux sociaux et la découverte qui a secoué
le monde relatif au fait que les USA détiendraient des
fichiers d’informations électroniques pour espionner
la planète.
André Vitalis, qui a supervisé bon nombre de thèses
d’étudiants algériens, a dégagé plusieurs problématiques liées à cette révolution qui met en réseau les
individus et le monde, tout en donnant l’accès aux
bases de données.
4C’est la révolution
numérique qui nous
contrôle et non l’inverse.
4Nous sommes vraiment
loin d’avoir tout prévu dans
cette révolution.
4Aujourd’hui, tous
les 18 mois, le nombre
de données double ainsi
que la puissance de leur
traitement. Les optimistes
considèrent cette révolution comme une révolution
industrielle qui favorise
la communication,
la démocratie.
«Aujourd’hui, tous les 18 mois, le nombre de données
double ainsi que la puissance de leur traitement. Les
optimistes considèrent cette révolution comme une révolution industrielle qui favorise la
communication, la démocratie…, tandis que les critiques indiquent qu’elle est un facteur
de chômage et qu’elle est dominée par les USA», dit-il.
Le professeur André Vitalis explique, dans ce contexte, que ce pays a le contrôle des
banques des données des individus dans le monde entier. Le monopole de ces banques
de données, selon lui, ouvre la voie à la manipulation.
«Les Etats-Unis détiennent un système d’informations planétaires. N’importe qui peut être
à l’écoute et dans n’importe quel autre Etat», indique-t-il en signalant la marchandisation
des données personnelles.
Il a fait savoir à ce propos que les monopoles économiques américains offrent des services de qualité gratuitement au maximum d’usagers pour les exproprier de leurs données
personnelles.
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
147
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
«Google et Facebook détiennent le plus grand nombre de données et les transfèrent vers
les annonceurs. L’internet a permis aux puissances privées économiques de menacer les
puissances économiques publiques», affirme-t-il.
Pour ce qui est de l’impact de cette révolution sur les médias, André Vitalis pense que «le
journaliste n’a plus le monopole de l’information et ne peut plus la commercialiser comme
avant».
«La révolution numérique menace aussi le secret professionnel de la presse, le secret de
la source. Un gouvernement peut faire une enquête sur celui qui divulgue des informations
en vérifiant l’historique de son téléphone», affirme-t-il, tout en conseillant aux journalistes,
pour préserver leur métier, de donner des informations fiables et de respecter la déontologie.
André Vitalis s’est étalé, principalement, sur l’utilisation croissante des techniques numériques et du réseau internet qui a généré de grands bouleversements (tout particulièrement dans le monde du journalisme et des médias) désignés sous le nom de révolution
numérique.
Cette révolution fait l’objet de différentes appréciations en général positives même si certains considèrent que les progrès qu’elle apporte s’accompagnent de graves inconvénients comme un contrôle social accru et la domination de monopoles américains ou que
d’autres estiment qu’elle ne fait que prolonger un mouvement machinal engagé depuis
longtemps et qui n’a rien de révolutionnaire.
148
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
NICOLAS BECQUET
Le boom du web mobile,
une chance pour les journalistes
Ecole nationale supérieure de journalisme de Ben Aknoun - Alger
25 septembre 2016
Nicolas Becquet est journaliste et développeur éditorial pour le site du journal
économique belge l’Écho.
Passionné par les nouvelles technologies
appliquées au journalisme, Nicolas Becquet, après sa formation au Celsa, l’Ecole
de journalisme de la Sorbonne, a travaillé pendant trois années pour la radio Bel
RTL, avant d’entreprendre une formation
d’un an pour devenir développeur web.
Au terme de cette formation, celui-ci a intégré la rédaction
de l’Écho.
Fasciné par la révolution opérée par le web sur le métier de journaliste (et sur les modes de vie), il a scruté le
paysage médiatique et technologique afin d’en déceler les
tournants majeurs.
Il donne également des formations en storytelling web,
journalisme mobile et gestion des réseaux sociaux. Actuellement, cet homme de médias gère une équipe composée de journalistes multimédias, de data-journalistes et
de développeurs.
Ils élaborent ensemble des contenus multimédias et des
applications web. L’autre partie de sa fonction consiste à
faire le lien avec l’équipe IT qui développe les plateformes
et le CMS de l’Écho.
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
LE BOOM DU WEB MOBILE,
UNE CHANCE POUR LES JOURNALISTES
INTRODUCTION
Passionné par impact du numérique sur notre
mode de vie, le journalisme vit une intense période de remise en question qui s’accompagne
de formidables opportunités.
Le numérique a appris à Nicolas Becquet l’importance d’une approche transversale, itérative
et multidisciplinaire du travail journalistique.
Pour Nicolas Becquet, le web est un média à
part entière à traiter comme tel. Il s’intéresse
donc à tous les formats et les outils au service
de l’information et des lecteurs / internautes.
Nicolas Becquet est pleinement satisfait dès
qu’un contenu rencontre son audience.
L’objectif est de présenter les possibilités offertes par la combinaison d’un smartphone, de
quelques applications et des plateformes sociales, principalement Twitter.
4Le journalisme vit une
intense période de remise
en question qui s’accompagne de formidables
opportunités.
4Le web est un média
à part entière à traiter
comme tel.
4Les plateformes sociales -réseaux sociaux et
messageries- sont devenues
des médias à part entière
et donc des concurrents
déclarés des médias
d’information.
Depuis 2015, les recherches effectuées depuis un smartphone sont plus nombreuses
que celles faites depuis un ordinateur. La consultation des vidéos suit le même chemin.
L’audience des médias est, elle aussi, toujours plus «mobile». Dans le même temps, les
plateformes sociales -réseaux sociaux et messageries- sont devenues des médias à part
entière et donc des concurrents déclarés des médias d’information.
Face à cette nouvelle donnée, il n’est pas déraisonnable de penser que l’information peut
être produite avec des appareils mobiles et diffusée sur les plateformes «mobile-friendly».
Les journalistes ont une occasion unique de nouer une relation directe avec les internautes, sans toujours passer par de lourds et coûteux sites web. Le smartphone est en
effet un formidable outil pour produire des photos, des vidéos et couvrir des événements
en direct.
LE JOURNALISME MOBILE EST DONC UNE OPPORTUNITÉ POUR :
n
Se rapprocher de l’audience, en utilisant les mêmes supports et les mêmes canaux
Enrichir les reportages, en mettant la puissance du web au service du journalisme de
terrain
n
n
Profiter de la popularité de l’image et de la vidéo en ligne
n
Devenir son propre média, sans obligatoirement passer par un site web.
Mettre le power point (diapo)
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
151
RECUEIL DES CONFERENCES FORMATION
Initiées par le Ministère de la Communication a u profit des journalistes / Juin 2014-Septembre 2016
RÉSUMÉ
Le manager en multimédia et journaliste, Nicolas Becquet a indiqué que 60%
des recherches mondiales sur Internet étaient faites depuis un mobile, soulignant qu’il y avait une «explosion» de la consommation.
«Il y a une explosion de la consommation mobile. 60% des recherches mondiales sur Internet étaient faites depuis un mobile», a-t-il estimé.
Il a ajouté que cette tendance ne faisait que croître, précisant que «c’est la
même chose également pour la vidéo».
M. Becquet a relevé qu’aujourd’hui la vidéo était majoritairement consommée
dans les appareils mobiles, ce qui selon lui, doit «nous pousser à réfléchir si
nous ne voulons pas perdre notre influence».
Nicolas Becquet a ajouté, dans le même sillage, que si «on ne s’intégrait pas
dans le renforcement des réseaux sociaux, nous allons perdre en visibilité».
Le manager en multimédia a estimé que ces réseaux sociaux sont devenus,
des médias à «part entière», expliquant que Facebook comptabilisait 1,7 milliards d’utilisateurs dans le monde, plus que toute la presse et les médias réunis, en terme d’audience.
152
Ethique et déontologie … pour un journalisme vertueux
Ethique et déontologie
par Rachid Arhab
Le journalisme
d’investigation
par Pierre Péan
La déontologie du
journaliste à l’épreuve du
scoop et du sensationnel
par Mohamed Ridha Nadjar
L’autorégulation, une
réponse prometteuse
aux défis actuels du
journalisme ?
par Jean-Jacques Jespers
Le journalisme de
proximité. Quelques
principes de terrain et un
ensemble de principes
de pratiques moraux sur
lesquels il ne faut pas
transiger
Géopolitique des médias:
L’Algérie et les enjeux
internationaux
par Abdeslam Benzaoui
Les nouvelles tendances
de l’éthique et les lois de
l’information
par Abderrahmane Azzi
Ethique, déontologie et
pratique du journalisme
au temps de l’internet
par Daniel Cornu
par Bouziane Benachour
Liberté d’expression des
médias : connotation
historique
et philosophique
par Ahmed Abdelli
Manifestations des valeurs
démocratiques : liberté
d’opinion et d’expression
dans la législation algérienne sur l’information
par Leïla Filali
Le professionnalisme
et la crédibilité dans
les médias arabes
par Bassim Tweissi
La déontologie garante
d’un journalisme crédible
par Dominique Von Burg
Les considérations
professionnelles et éthiques
dans le journalisme :
une nécessité pour
la modernisation
et le développement
Le journalisme à l’ère
des médias sociaux
Le journalisme au défi des
mutations technologiques:
quelle place pour
l’éthique?
La radio dans le futur
par Sadok Hammami
Ethique et déontologie
du journalisme :
la responsabilité sociale
du journaliste
et des médias
Ethique et déontologie
du journalisme :
défis et enjeux
Le conseil de presse
du Québec :
40 ans de déontologie
appliquée
La formation continue, clé
de la professionnalisation
éthique des journalistes
par Mohamed Kirat
par Ricardo Gutièrrez
par Ahmed Essayed
An-Nadjar
par Chadli Boufaroua
Fatma Bensaad Dussaut
La révolution numérique
en question : ce que nous
apprennent cinquante ans
d’informatisation sociale
par André Vitalis
par Paule BeaugrandChampagne
Le boom du web mobile,
une chance pour
les journalistes
par Nicolas Becquet
par Larbi Timizar

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