Selon Bayrou, l`heure de vérité arrive pour Hollande

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Selon Bayrou, l`heure de vérité arrive pour Hollande
Selon Bayrou, l'heure de vérité arrive
pour Hollande
Le désenchantement à gauche sera très grand, estime le chef centriste.
« La question,
pour François
Hollande, c’est
de devenir
président de la
République »
Pour le président du MoDem, François Hollande n'a pas encore fait les gestes nécessaires qui le
légitimeraient en tant que chef de l'État. Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro
Centre : Il n'a pas encore choisi la forme ou l'expression de son retour dans l'arène médiatique.
Mais ce sera sans doute vers la mi-septembre, un peu avant l'université de rentrée du MoDem,
prévue dans le Morbihan. Pour l'heure, François Bayrou enchaîne les allers-retours entre Pau et
Paris et se dit «très heureux de traverser le pays du silence». Ce qui ne l'empêche pas de travailler
– il a beaucoup écrit ces deux derniers mois - et de consulter en privé de nombreux responsables
politiques français ou européens, voire des chefs d'entreprise et des journalistes. Cet été, il s'est
même fendu d'un texto de félicitations à Alain Minc, avec qui il a pourtant souvent polémiqué par le
passé, après son interview dans Les Échos où Minc estimait que «l'élection de François Hollande est
une bénédiction pour la société et une malédiction pour l'économie».
En fait, exactement ce que pense le président du MoDem. N'avait-il pas justifié, en mai, son vote
personnel pour François Hollande en déclarant que «la France (avait) besoin d'alternance, et la
gauche de découvrir le réel»? François Bayrou en est persuadé: le désenchantement à gauche va
être très grand. «Dans les semaines qui viennent, assure-t-il, la réalité économique du pays va leur
tomber sur la tête comme la pluie tombe de l'orage.»
Ce sera, ce qu'il avait déjà qualifié au début de l'été, «le moment de vérité» du quinquennat.
Autrement dit, «la révélation aux yeux du peuple de gauche que la politique qu'il faut suivre pour
le redressement du pays n'est pas celle qu'on leur a vendue au travers de l'élection présidentielle».
Les Français, estime-t-il encore, se poseront alors la question suivante: «Qui nous avait dit la
vérité?» Pour le président du MoDem, ce moment de vérité sera surtout «le rendez-vous de
François Hollande». Il estime que ce dernier n'a pas encore fait les gestes nécessaires qui le
légitimeraient en tant que chef de l'État. «La question, pour François Hollande, c'est de devenir
président de la République», observe-t-il. «Aujourd'hui, confiait-il encore dernièrement, les
Français attendent de François Hollande son expression, non pas comme socialiste, mais comme
président de la République.» François Bayrou avait alors ajouté: «Mais, contrairement à ce que
croit François Hollande, on n'a pas le choix quand on est président de la République, on est obligé
d'assumer la direction morale et intellectuelle du pays.» Or, comme il l'avait martelé durant la
campagne présidentielle, le chef centriste estime toujours que «la crise est devant nous». «La
principale question aujourd'hui, elle n'est pas politique, elle est nationale. Elle est de savoir si la
France peut encore prendre les décisions nécessaires pour se retrouver et donc se redresser»,
explique-t-il.
Intransigeance
Pour cela, malgré son score décevant à la présidentielle, François Bayrou rêve toujours de voir un
jour «s'affirmer un grand courant politique, libre et réformiste, qui fasse passer l'intérêt du pays
avant celui de son camp». Et se dit, bien évidemment, toujours déterminé à «aider à cette prise de
conscience et à cet équilibre politique nouveau». De ce point de vue, assure un proche, «sa volonté
est inébranlable». Depuis le cuisant échec de ses candidats aux législatives, il en aura en tout cas
besoin. Privé de ses financements publics, le MoDem tangue. À la gauche du parti, tous ne
partagent pas l'intransigeance de l'ancien député béarnais à vouloir rester dans l'opposition au nom
de l'indépendance.
Les eurodéputés Robert Rochefort et Jean-Luc Bennahmias ont ainsi déjà fait des offres de services
auprès de la majorité. Tandis que, sur sa droite, d'autres élus reprennent langue, par exemple,
avec le Nouveau Centre. Absurde, pour Bayrou, qui répète toujours que «le centre droit n'existe
pas, puisqu'ils ont dit qu'ils étaient à droite».