L`E-mail marketing : définitions et enjeux
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L`E-mail marketing : définitions et enjeux
Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux 1.1 Qu’entend-on par e-mail marketing ? 11 1.2 Historique et enjeux de l’e-mail 15 1.3 Marché et enjeux de l’e-mail 19 1.4 Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing 22 1.5 Webographie 33 1 Qu’entend-on par L’E-mail e-mail marketing marketing ? : définitions et enjeux 1.1 Qu’entend-on par e-mail marketing ? “Vous travaillez dans l’e-mail marketing ? Vous êtes donc de ces gens qui inondent les boîtes aux lettres virtuelles des internautes !” Voilà ce que les professionnels de l’e-mail entendent parfois lorsqu’ils expliquent trop brièvement en quoi consiste leur métier. Cette méprise est très révélatrice de l’état de confusion qui règne actuellement autour du concept d’e-mail marketing. Il est vrai que la structure actuelle de cette nouvelle profession ne fait qu’entretenir la cacophonie. Sur de telles bases, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Quelles sont les pratiques rémunératrices et respectueuses de la vie privée ? Au contraire, quelles sont les conduites préjudiciables à votre activité commerciale en ligne ? Parce qu’une manipulation efficace de l’e-mail à des fins promotionnelles obéit à un certain nombre de règles, il nous est important que le lecteur puisse d’emblée toucher du doigt ce à quoi doit ressembler ou ne doit pas ressembler une politique d’e-mail marketing. L’e-mail marketing est à bien des égards l’outil le plus puissant que le marketer ait jamais connu, ce qui lui vaut aux États-Unis le qualificatif de killer application. À l’aide d’un petit scénario fiction, nous allons dégager l’ensemble des facteurs qui suscitent un tel enthousiasme auprès des professionnels de la vente en ligne. Madame Dunet passe commande Comme tous les soirs, une fois les enfants couchés, madame Dunet allume l’ordinateur familial pour consulter ses courriers électroniques. Elle a enfin reçu les offres commerciales de la société Domicigel, société de livraison de produits surgelés à domicile. Il était temps, le congélateur est vide depuis une semaine. Tout de suite, elle repère, en haut de l’e-mail, l’accès à la gestion de son profil. Le lien sur lequel elle vient de cliquer Les Clés de l'e-mail marketing 11 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux intègre son numéro de cliente et la mène sans autre manipulation compliquée sur sa fiche de gestion personnalisée. Elle s’empresse alors de réduire la fréquence d’envoi des offres de Domicigel de un mois à trois semaines. “Voilà déjà une bonne chose de faite, pense madame Dunet. Je rentre tard du travail et, certains soirs, c’est un réel soulagement de pouvoir compter sur les délicieux plats préparés de Domicigel. Mais le congélateur est petit, et j’espère qu’un réapprovisionnement toutes les trois semaines me sortira d’affaire !” Elle en profite également pour suspendre les envois d’offres en juillet et en août sur son agenda personnalisé. “Inutile, songe-t-elle, d’encombrer ma boîte d’e-mails pendant les vacances alors que nous serons en Italie.” Une fois réglés les aspects logistiques, elle s’attache rapidement à scruter la gamme de produits proposés. Domicigel sait que madame Dunet a un penchant pour les plats préparés. C’est pourquoi ces produits figurent en haut du courrier. Madame Dunet n’a plus qu’à rentrer les quantités désirées. Plus bas figurent quelques produits en promotion. Des glaces feront probablement plaisir aux enfants ! Madame Dunet complète au fur et à mesure son e-mail structuré comme un véritable bon de commande en ligne. Il est si agréablement illustré qu’elle se laisse encore tenter par quelques produits qu’elle désire tester. En commerçante avisée, la société Domicigel sait bien que les habitudes évoluent au gré des modes et des saisons. C’est pourquoi, bien que personnalisée, l’offre est conçue de telle sorte que madame Dunet puisse tout de même accéder facilement à n’importe quelle gamme de produits. Madame Dunet fait une pause sur le Net RE Elle envoie un jeu par e-mail à son fils via www.battlemail.com. Passe un bonjour vocal par e-mail à son amie Madame Richimail via Wimba.com Avant de s’abonner à quelques journaux gratuits par e-mail sur Kitalettre.com. Il ne lui reste alors plus qu’à indiquer la date et l’heure de livraison désirées. L’e-mail promotionnel de Domicigel étant constitué à la volée en fonction des goûts du destinataire et de l’état des stocks, la quasi-totalité des produits proposés est disponible. De toute façon, en cas de problème d’approvisionnement, madame Dunet reçoit automatiquement une proposition d’articles de substitution. L’action finale consiste à envoyer à la consommatrice un e-mail de confirmation sur lequel figurent un récapitulatif de la commande, la somme à régler au chauffeur ainsi qu’un rappel de la date et de l’heure de livraison. Ce petit scénario n’est pas véritablement une fiction. Certains prestataires spécialisés sont en mesure de déployer des procédures similaires. D’aucuns pourront objecter qu’elle n’a rien de révolutionnaire. Pourtant, à y regarder de plus près, elle procure une force d’action commerciale sans précédent. 12 Micro Application Qu’entend-on par e-mail marketing ? Technologie push et impact asynchrone Madame Dunet étant une femme moderne très occupée, probablement ne penserait-elle à aller consulter le site de Domicigel qu’une fois son congélateur vide. Si l’action d’aller sur un site web reste à l’initiative de l’utilisateur (technologie pull), l’e-mail (technologie push) a le gros avantage de venir à lui. Si madame Dunet prend soin de programmer convenablement la fréquence d’envoi des offres, la société Domicigel aura la capacité de devancer ses besoins en lui envoyant en temps opportun les produits appropriés. Cette caractéristique essentielle confère à l’e-mail une interactivité largement supérieure à un site web, sachant qu’un e-mail en format html peut revêtir la même attractivité qu’une page web. Cela signifie que cet e-mail peut par exemple comprendre des photos et des champs permettant de préciser la quantité de produits désirée. Ainsi pour madame Dunet, il devient facile de passer directement commande à partir de son e-mail et d’accéder à partir de ce dernier à différentes fonctionnalités avancées situées sur le site correspondant : gestion de son profil, etc. Par ailleurs, si par hasard madame Dunet n’a pas le temps de s’occuper immédiatement de sa commande, elle ne manquera pas de conserver l’offre dans sa boîte de réception et de s’en préoccuper ultérieurement si elle est intéressée. L’impact asynchrone d’une offre véhiculée par l’e-mail est un autre point fort de l’e-mail marketing par rapport à d’autres médias, le Web compris. Un service sollicité par le consommateur Si madame Dunet reçoit des propositions commerciales de la part de la société Domicigel, c’est parce qu’elle en a fait la demande. À travers différents médias (par envoi postal auprès de ses clients habituels, à l’attention des visiteurs de son site Internet, à l’aide de bannières publicitaires ou encore d’annonces radio et TV...), Domicigel a fait connaître auprès de ses clients et prospects la possibilité de s’abonner à son service d’offres/commande en ligne. Ainsi, Domicigel n’adresse des offres qu’aux consommateurs qui en ont fait explicitement la demande : les consommateurs intéressés s’inscrivent de leur plein gré et ont la possibilité d’interrompre à tout moment leur abonnement. La société s’interdit d’exploiter des fichiers d’adresses e-mail collectées de façon illégale et “d’arroser à l’aveuglette” des milliers d’usagers qui n’auraient pas sollicité ses services. De telles pratiques relèveraient de ce qu’on appelle du spamming, seraient contraires à la Nétiquette et n’auraient que des effets négatifs sur l’image de marque de Domicigel. Nous préciserons ces différents concepts dans le chapitre Aspects juridiques et règles de bonne conduite. Les Clés de l'e-mail marketing 13 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Réactivité, flexibilité et réduction des coûts Tous les mois, Domicigel expédie un imprimé promotionnel par voie postale à l’attention de ses clients off line. En comparaison de son équivalent électronique, la version papier est 80 % plus onéreuse. Les délais de déploiement de cette dernière, de la réalisation de la maquette à la distribution postale chez le consommateur, sont de quatre à six semaines. En comparaison, la version électronique peut être composée et expédiée en quelques heures. Enfin, parce qu’elle est ciblée, personnalisée et envoyée en temps opportun auprès de chaque destinataire, la version électronique est commercialement plus efficace que son pendant papier : composée quasi automatiquement à l’aide de règles et sur la base de sources d’information multiples (préférences clients, disponibilité des stocks...), elle est plus pertinente et génère plus de chiffre d’affaires et de satisfaction auprès des clients. D’autres économies indirectes en découlent : gains sur la prise et le traitement de commande (saisie réalisée par le client), économies sur les facturations automatiquement acheminées par e-mail, économies sur la gestion des stocks, économies en matière de suivi et de logistique... À lui seul, le cas Domicigel ne peut résumer l’ensemble des profits que l’on peut tirer d’une bonne stratégie d’e-mail marketing. Nous évoquerons une multitude de sources de revenus de l’e-mail : sponsoring, marketing viral, enrichissement de données clients, etc., l’ouvrage étant consacré dans son entier à l’économie de l’e-mail sous ses formes les plus variées. Madame Dunet a au moins eu le mérite de nous faire entrevoir ce à quoi ressemble l’e-mail marketing et ce à quoi il ne ressemble pas. Par ailleurs, le lecteur aura peut-être entraperçu, à travers cet exemple, le fabuleux potentiel de l’e-mail marketing. Cela ne signifie pas que ce média se suffise systématiquement à lui-même. Dans bien des cas, d’autres outils comme le téléphone peuvent montrer une complémentarité très intéressante. En outre, bien qu’en croissance exponentielle, le taux d’équipement des foyers ne permet pas encore d’offrir une couverture aussi large que des médias comme la télévision ou la radio. Il reste cependant qu’en matière de marketing il s’agit bien là de l’outil le plus efficace et le plus complet jamais connu à ce jour, et il est de toute évidence promis à un bel avenir. Les entreprises qui auront saisi les enjeux et les subtilités de ce média et qui auront su capitaliser suffisamment tôt de l’expérience dessus seront les premières à en tirer tous les bénéfices. Tab. 1.1 : Les huit modèles de l’e-mail marketing selon IMT Strategies E-mail d’acquisition E-mail de fidélisation Liste d’e-mail opt-in E-mail de relation client Sponsoring de newsletter Newsletter de l’entreprise 14 Micro Application Historique et enjeux de l’e-mail Tab. 1.1 : Les huit modèles de l’e-mail marketing selon IMT Strategies E-mail d’acquisition E-mail de fidélisation Sponsoring de liste de discussion Service d’alerte E-mail pyramidal (friend referral) Partenariat co-brandé Historique et enjeux de l’e-mail 1.2 Historique et enjeux de l’e-mail “Selon toute probabilité, ce sera le médium dominant de communication interpersonnelle durant le prochain millénaire.” Nicolas Negroponte (du M.I.T.). Un peu d’histoire L’e-mail a suivi la destinée de l’Internet. Il semble qu’il soit né dans le département militaire américain de l’Advanced Research Project Agency, l’ARPANET, au début des années 1970, précurseur de l’Internet actuel. Ces premières utilisations permettaient de coordonner les travaux des différents responsables du projet. Il s’agissait déjà de déposer des messages dans des boîtes aux lettres. C’est Ray Tomlinson qui en est sans doute le père. C’est en 1972 qu’il choisit d’utiliser le signe @ de son clavier, autrement dit l’arobase, pour former les adresses électroniques. La raison en est assez simple : il était persuadé que ce signe ne servait pas à d’autres usages. Il décida donc d’insérer ce signe entre l’identifiant personnel et le service par lequel la connexion au réseau était rendue possible : [email protected]. L’arobase provient d’une abréviation de la préposition latine ad, qui signifie à, vers, auprès en français. Ce signe a ensuite été repris par les commerçants pour désigner le prix d’un produit (@ 3 francs), ce qui pourrait expliquer qu’il fut intégré sur les claviers vers 1885. Les protocoles e-mail RE Ces échanges de fichiers e-mails sont basés sur le réseau TCP/IP du réseau Internet et des protocoles SMTP et POP3. L’usager est relié à un serveur de courrier et envoie ses messages via le protocole SMTP (Simple Mail Transport Protocol), qui spécifie le format des adresses et la gestion des envois (en-tête, cc...). L’e-mail est ainsi transmis au serveur, qui lui-même le renvoie vers le serveur destinataire @sonfournisseur.com. Les Clés de l'e-mail marketing 15 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Les protocoles e-mail (suite) C’est là qu’intervient le protocole POP3 (Post Office Protocol version 3), qui va vous permettre d’aller chercher votre courrier sur le serveur distant, non sans avoir reconnu votre identifiant [email protected] et votre mot de passe. Fig. 1.1 : Visualisation de la gestion des e-mails sur le réseau Très vite, les chercheurs et universitaires prirent le relais et purent apprécier l’usage du courrier électronique dans leur travail quotidien. La vague Internet prenant de l’ampleur, les entreprises et particuliers rejoignent le mouvement. Pour Nicolas Negroponte, “selon toute probabilité, ce sera le médium dominant de communication interpersonnelle durant le prochain millénaire”. Pourquoi ? Parce que l’e-mail est ultrarapide (un envoi à l’autre bout de la terre met à peine cinq minutes) et parce qu’il est quasi gratuit. Bref, l’e-mail s’affranchit des limites géographiques, humaines... et de La Poste. L’e-mail comptait ainsi 78 millions d’utilisateurs dans le monde fin 1999, et 96,6 millions sont annoncés fin 2000 par eMarketer, soit près de 43 % de la population qui utilise Internet. Cela représente 569 millions de comptes e-mail (+ 84 % en un an). Évolutions Les internautes ont aussi su intégrer l’e-mail dans l’univers quotidien, à commencer par l’environnement juridique, avec l’entrée de l’e-mail dans le Code Civil suite à une directive européenne du 30 novembre 1999. Mais l’e-mail est aussi devenu un mode 16 Micro Application Historique et enjeux de l’e-mail de facturation, un dépositaire d’émotions via le fameux smiley, un cadre de jeu via des applications comme battle-mail.com, etc. Et voilà même que l’arobase s’est imposée comme l’un des signes de reconnaissance de l’Internet au même titre que la terminologie des noms de domaine “.com” ou du “e-” de e-commerce. Le smiley Le smiley est une suite de combinaisons de caractères ASCII permettant de rendre nos propos expressifs en un clin d’œil. Il s’appelle aussi smilies au pluriel, souriard, emoticon en français. Il nous vient des tribus techno/dance et des forums de discussion, dans lesquels le ton et l’esprit du message doivent passer aussi vite que le texte. Passons à la pratique avec ce petit guide en transmission d’émotions : Les principaux smilies Smiley Signification :-) est le smiley de base. Souriant, amical, il passe partout. ;-) Moqueur ou complice, à vous de choisir. :-( Désapprobation ou déception, suivant le contexte. :-(( Si vous souhaitez insister sur votre déception... ;-( Vous pleurez ? :-I Indifférent :-> Sarcastique >:-> Diabolique Si les smilies précédents sont sans doute les plus communs et les plus importants, vous comprendrez facilement qu’on puisse en inventer sans cesse. Il n’y a pas de règles sinon celles du monde imaginaire : Les smilies en fête Smiley Signification 8-) Quand vous portez des lunettes de soleil. -:-) Si vous êtes punk ou un ange 0 :-) (^_^) Si vous êtes Japonais ou un banquier américain :-$ -O-O- Pour deux Mexicains sur un tandem. Allons jusqu’aux phrases avec : M-) :X) :-M “Je ne vois rien je n’entends rien et je ne dis rien.” Les Clés de l'e-mail marketing 17 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Le smiley (suite) Vous pouvez en retrouver plus de cinq cents autres sur le site : http://www.linux-france.org/prj/jargonf/general/smile.html Attitudes des internautes par rapport à l’e-mail L’e-mail est la première raison de connexion à l’Internet dans le monde. C’est d’ailleurs la fonctionnalité la plus utilisée et la plus populaire chez les utilisateurs de l’Internet. Pricewaterhouse Coopers a mesuré qu’en 1999 l’e-mail est devenu la première motivation des internautes américains à se connecter. 48 % mettaient l’e-mail en avant comme unique raison contre 28 % pour la recherche d’information. Une autre étude réalisée par le cabinet Cyber Dialogue met en avant le fait que 94 % des internautes américains se connectent à leur messagerie électronique au moins une fois par jour alors que pour naviguer sur la toile ils sont 89 %. Il faut également prendre en compte le facteur suivant : la multiplication des supports de réception et d’envoi d’e-mails (PDA, téléphones portables, ordinateurs portables, Minitel...) ne fait que plébisciter l’utilisation de l’e-mail et renforce aussi son côté indispensable. Selon la dernière étude IDC, on dénombrerait, en décembre 2000, 452 millions de comptes e-mail dans le monde. L’IDC estime aussi que dans cinq ans ce nombre sera multiplié par cinq pour atteindre 1 milliard de comptes. On considère aujourd’hui que seulement 6 % de l’ensemble des usagers de l’Internet dans le monde n’auraient jamais utilisé l’e-mail. Tab. 1.2 : Que font les gens sur l’Internet, selon deux cabinets d’étude Usage Jupiter Forrester Research E-mail 92 % 88 % Outils de recherche 83 % 77 % Son usage dépasse même celui des outils de recherche sur l’Internet. Non seulement l’usage de l’e-mail prend plus de poids, mais il devient aussi plus fréquent : selon une étude du Pew Research Center de 1999 ; ils étaient 46 % 18 Micro Application Marché et enjeux de l’e-mail d’internautes à envoyer et à recevoir leurs e-mails tous les jours, contre 26 % deux ans plus tôt. En France, selon une étude Ifop de 1999, 97 % des internautes ont envoyé et reçu des e-mails dans les trois derniers mois. Selon Netvalue (2000), les Français seraient du reste les plus gros consommateurs d’e-mail avec un taux d’utilisation supérieur à celui constaté chez les Américains. En France toujours, selon une étude menée par téléphone durant le dernier trimestre“2000 par Novatris pour le compte de Médiapost (La Poste) auprès de mille internautes, il est intéressant de constater les faits suivant : p 63 % des internautes français sont “e-balophiles” ou, plus précisément, apprécient de recevoir des e-mails commerciaux, quand 58 % sont balophiles (aiment la publicité en boîtes aux lettres). p 56 % des internautes disent effectuer un tri de leurs e-mails à partir de l’objet indiqué, contre 69 % de Français qui trient les publicités de leur boîte aux lettres. p Usage de comptes multiples : 57 % des internautes font suivre leurs e-mails commerciaux (contre 39 % des Français dans la “vie réelle”). p Un bouche-à-oreille et un marketing viral favorisés : Distinction entre la correspondance privée et les offres commerciales : 51 % d’entre eux utilisent régulièrement au moins deux adresses e-mail. p Ils seraient 29 % à réserver une boîte aux lettres électronique pour stocker l’ensemble des offres commerciales, coupons de réduction et autres e-mails commerciaux qu’ils reçoivent des sites de commerce électronique. D’après les chiffres de l’étude IDC, 3 milliards d’e-mails avaient été envoyés par jour par l’ensemble des internautes à travers le monde en 1998. Aujourd’hui le nombre d’envois serait de 10 milliards, et il serait, selon les projections de l’IDC, de 35 milliards par jour en 2005 (environ six messages par internaute). Marché et enjeux de l’e-mail 1.3 Marché et enjeux de l’e-mail “L’utilisation de l’e-mail opt-in n’est pas confinée aux seules campagnes publicitaires d’acquisition, mais apporte aussi une variété de solutions on-line aux problématiques d’édition de contenus, de gestion, de la relation client (CRM), de recrutement, de notoriété de la marque. En ce moment, la plupart des 500 plus puissantes sociétés du monde utilisent l’e-mail afin de se donner une vision plus fine de leur marché et de leur position. ” Clint Symons, éditeur d’Opt-in News -www.optinnews.com- Les Clés de l'e-mail marketing 19 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux La société d’information et d’interrelations L’Internet ouvre une nouvelle ère. La société est passée de l’ère agricole à l’ère industrielle, puis à celle du service. Nous voici dans l’ère des services numériques ou, comme le prétend Seth Godin dans son livre IdeaVirus.com, dans l’ère de l’idée. Selon lui, ce sont désormais les idées qui changent le monde. Et cette ère est fabuleuse. Elle est née plus vite que les précédentes et les évolutions qu’elle va engendrer sont de taille : p p p p interactivité, rapidité, mobilité, richesse de l’information. Elle met le client au centre de la chaîne de valeur, et c’est là qu’intervient l’e-mail, pour servir de lien. Fig. 1.2 : Prise de contact, communication, transaction, après-vente, relation Ce lien touche déjà beaucoup de monde puisque eForrester a annoncé que l’e-mail concernait 225 millions de personnes en 1999. Le nombre de boîtes aux lettres électroniques était de 569 millions dans le monde en 1999, soit assez de comptes pour tous les hommes, femmes et enfants d’Amérique du Nord. La progression est de 73 % aux États-Unis (333 millions et demi de boîtes) et de 101 % dans le reste du monde (235,6 millions). En 1990, leur nombre total s’élevait à peine à 15 millions (Messaging on line). 20 Micro Application Marché et enjeux de l’e-mail Tab. 1.3 : Nombre de comptes e-mail dans le monde Année Comptes e-mail 1990 15 millions 1996 100 millions 1998 200 millions 1999 569 millions Messaging on line prévoit 1 milliard de comptes en 2002 et Forrester attend près de 840 milliards d’e-mails envoyés cette même année. Fig. 1.3 : Répartition des boîtes aux lettres électroniques Ses enjeux Non seulement l’e-mail sert de lien entre les hommes, entre les consommateurs et l’entreprise, mais il intervient sans doute à un moment clé de l’Internet. Le réseau des réseaux a été le jeu d’une “ruée vers l’or”. Ses découvreurs ont envahi les forums, les start-up, les pages web... Désormais, l’heure est à la consommation de masse. Le grand public des pays riches arrive sur le Net, mais sans cet esprit pionnier des découvreurs. Il veut simplement profiter des avantages que le Net peut lui apporter. Banque ou Bourse à distance, vidéos à la demande, comparaison de prix... bref, c’est le Net qui vient à lui et non plus l’internaute qui part à la découverte d’un monde virtuel. Les technologies de push, qui poussent l’information et le service à portée de clic, sont de retour, e-mail en tête. Ceci est d’autant plus vrai que l’Internet couronne le client roi. Si depuis les différentes crises économiques on sait que “le client est roi”, l’Internet exacerbe les pouvoirs qui lui sont donnés. Il peut échanger en temps réel l’information et multiplier l’écho qu’il Les Clés de l'e-mail marketing 21 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux souhaite donner à ses aventures ou opinions. L’affaire Hirschmann, du nom de l’étudiant d’une grande école de commerce pris à partie par un recruteur d’un groupe de conseil, restera sans doute comme l’un des plus fous exemples de ce nouveau pouvoir. Désormais, CHAQUE client est roi ! Dans ce cadre, l’attention que l’entreprise lui porte est vitale. L’e-mail se pose alors comme mode d’interrelation intéressant : rapide, peu coûteux, facilement automatisable et personnalisable. L’e-mail est aussi un support facilement modulable, l’Internet se L’e-mail sur ma télévision muant en Internet pluriel avec les CanalSatellite a ouvert courant 2000 un service ordinateurs, les télévisions, les permettant à ses abonnés de lire leurs e-mails téléphones, les assistants de poche. à partir de leur poste de TV connecté. Cette faculté d’adaptation assure à l’e-mail une bonne marge d’évolution. Créez un message e-mail, ajoutez une couche de langage XML, par exemple, et ce message peut être alors transformé en fonction des contraintes propres aux différents supports par lesquels il peut transiter : SMS, fax... en attendant de passer par votre four. RE Les limites de l’e-mail L’e-mail possède aussi, bien entendu, ses propres limites. Regardez sa force de propagation. Elle peut aussi servir à propager de fausses informations ou des virus comme “I love you” en mai 2000. L’e-mail pose aussi le problème de la masse d’information à traiter. “La révolution de l’information n’a pas inventé la journée de plus de vingt-quatre heures”, comme le déclare Herbert A. Simon, prix Nobel d’économie en 1978, mettant en avant le concept de “temps utile de connexion”. L’e-mail ne soustrait pas l’émetteur du message à se poser la question de sa légitimité à prendre la parole. Le but est de délivrer non pas un message mais bien de la VALEUR ! Que dire alors quand il y a abus d’envoi ? Quelle sera la tolérance des utilisateurs de l’e-mail aux atteintes à leur vie privée ou à leur “temps de connexion utile” ? Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing 1.4 Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing “E-mail marketing, when done right, may well be the ”killer app" of direct marketing. Done wrong, it can be ruinous." Rick Bruner, IMT Strategies. 22 Micro Application Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing Ses avantages La communication par e-mail présente des avantages non négligeables : p Rapide. L’envoi et la réception sont quasi instantanés. Une campagne sera réalisée en une semaine, contre huit dans le marketing direct traditionnel. p Malléable. Le support peut aisément être adapté aux contraintes du Web, de la téléphonie, de la télévision ou des assistants mobiles. p p Peu coûteuse. Le coût d’envoi est quasi nul. p Personnalisable. Le contenu d’un courrier ne nécessite pas une infrastructure lourde pour être personnalisé. Populaire. L’e-mail est l’outil Internet le plus populaire. Son utilisation semble appréciée même à des fins commerciales. Reportez-vous à la section Attitudes des internautes par rapport à l’e-mail. p Traçable. La communication par e-mail permet de mesurer les effets en temps réel“: nombre d’envois et de bonnes réceptions, clic, lead, ventes. p Créative. Le fait que l’e-mail supporte le rich media (flash, vidéo, html...) lui assure un usage créatif. p Asynchrone. Contrairement aux informations on line, le destinataire peut archiver et reconsulter votre message à sa guise. p Efficace. Nous allons y venir. De ce point de vue, l’e-mail apparaît comme un formidable outil mis à la disposition des communicants. Il marque peut-être l’avènement d’un nouveau marketing, un marketing plus personnel que direct, plus permissif qu’interruptif, plus “customer centric” qu’interactif. Tab. 1.4 : Tableau des principales utilisations de l’e-mail par les entreprises américaines sur l’Internet (Source : Jupiter Internet Direct Markting Model, 3/2000, États-Unis uniquement.) Objectif visé Pourcentage des marketers Fidélisation des consommateurs 61 % Acquisition de consommateurs 46 % Cross-selling (ventes croisées) 29 % Up-selling (ventes additionnelles) 29 % Raccourcir le cycle d’achat 18 % Autres 11 % Les Clés de l'e-mail marketing 23 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux L’e-mail comme mode d’acquisition De 1999 à 2000, les investissements dans les bandeaux publicitaires sont passés de 82“% à 53 % du marché de la publicité on line, selon l’Internet Advertising Bureau. Les causes de cette chute sont les suivantes : p p des taux de clic moyens toujours plus faibles passant de 0,5 à 0,3 %; des taux de transformation peu engageants. Dans le même temps, les dépenses en e-mail marketing ont représenté 3 % du marché publicitaire des États-Unis en 2000 alors qu’elles n’en représentaient que 1 % un an plus tôt. Les études Forrester, Jupiter et eMarketer annoncent qu’elles devraient en représenter entre 13 et 20 % en 2003 et 2004. L’e-mail ne s’attaque pas seulement au marché de la publicité on line et des bandeaux publicitaires. Il s’attaque aussi au marketing direct, pour lequel l’envoi d’un courrier papier coûte au minimum 5 francs l’unité. L’immatérialité de l’e-mail en fait un média peu coûteux par rapport à des outils de communication qui nécessitent du papier comme le courrier ou des hommes comme le télémarketing. Le coût au contact qu’il propose est l’un des moins onéreux du secteur. Tab. 1.5 : Coût moyen en dollar par message selon eMarketer 2000 Méthode Coût en dollar Télémarketing 1-3 Courrier 0,75-2 Opt-in mail 0,2 Bandeau 0,05 Spam 0,01 Mais la communication est affaire non pas de coûts mais d’efficacité. En l’occurrence, l’e-mail est efficace. La mesure de cette efficacité reprend les critères des bandeaux publicitaires. Sans que l’impact d’un message auprès d’un contact ne puisse se limiter à calculer le nombre de personnes qui ont cliqué sur le lien, le clic n’en reste pas moins une mesure clé et normée. “Cliquer, c’est bien, séduire, c’est mieux.” Il s’agit donc de mesurer le nombre d’essais transformés. Combien de personnes vont lire, cliquer sur le lien et enfin passer à l’acte (en achetant le produit concerné, en s’inscrivant à une newsletter, en participant à un concours, en s’inscrivant à un site web...). Le taux de clic moyen varie bien sûr en fonction de la qualité des adresses e-mail et de leur manipulation. Le sponsoring de newsletter génère des taux de clic moyens de 0,5 24 Micro Application Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing à 3 %. L’envoi d’e-mail opt-in et opt-out déclenche des taux de clic de 3 à 10 % quand l’envoi d’une newsletter “maison” fera entre 5 et 18 %. Tab. 1.6 : Mesures des taux de clic moyens selon Tower Group Méthode Taux de contacts utiles Opt-in mail 5-15 % Courrier 1-3 % Bandeau 0,5 % Le taux de transformation est d’environ 2,5 % pour un e-mail et de 5 % dans le cas d’une lettre d’information. Le fait de lire un texte précisant clairement les bénéfices du produit y est sans doute pour quelque chose. L’e-mail véhicule bien plus d’informations qu’un bandeau et prépare autant qu’il incite l’internaute à l’achat. Prenons le cas de 10 000 envois d’un courrier papier, de 10 000 bandeaux et de 10 000 envois d’e-mails. Le coût d’un envoi papier est important dans la mesure où il faut intégrer les charges liées à la conception, à l’impression, au packaging. Supposons que le coût de location des adresses physiques et e-mail soit de 1,50 franc et que le CPM des bandeaux soit à 150 francs. Tab. 1.7 : Coût d’acquisition client par support en francs Étapes et coûts de l’opération en F. Courrier Bandeau E-mailing Création 25 000 1 500 - Location des espaces/adresses 15 000 1 500 15 000 Frais d’envoi 30 000 - - Coût total 65 000 3 000 15 000 Taux de retour/clic - 0,5 % 5% Contacts utiles - 50 500 Coût au contact - 60 30 Taux de transformation 2% 2% 2,5 % Coût au nouveau client 325 3 000 1 200 Mettons ces chiffres à la lumière des résultats de cette simulation simplifiée: l’e-mail est a priori l’outil le moins onéreux pour générer un contact utile. En matière d’acquisition client, il s’attaque plus directement au marché des bandeaux publicitaires. Son efficacité reste cependant inférieure à celle du courrier papier. Il faut trouver le gain ailleurs. Nous le trouvons dans le temps de mise en place d’une campagne d’acquisition, dans la réduction des coûts liés au traitement de l’opération (gestion des coupons, saisi des commandes...) ainsi que dans la réduction des coûts induits par la fidélisation des clients acquis (l’e-mail gagne haut la main en coûts de rétention! ), comme le montre l’étude ci-après. Les Clés de l'e-mail marketing 25 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Tab. 1.8 : Une étude comparative du même type par le cabinet Jupiter Retention Retention Acquisition Acquisition Acquisition Acquisition Support E-mail Papier E-mail Papier Sponsoring Bandeau Production 0$ 50$ 0$ 50$ 0$ 0$ Achat Média au CPM 0$ 0$ 200$ 110$ 25$ 15$ Envoi au CPM 30$ 500$ 0$ 500$ 0$ 1$ Taux de click 10% NA 7% NA 1,5% 0,5% Taux de conversion 5% 3% 2,5% 1% 2,5% 2,5% Coût/Conversion 6$ 18$ 114$ 66$ 67$ 128$ Temps d’exécution 3 sem. 3 mois 3 sem. 3 mois 3 sem. 3 sem. Temps de réponse 48h 3 sem. 48h 3 sem. 48h 48h Coûts de création up-front 1 000$ 20 000$ 1 000$ 20 000$ 1 000$ 1 000$ Une étude de Forrester auprès des Webmarketers américains a ainsi révélé qu’ils considéraient l’e-mail comme l’un des tout meilleurs modes de promotion on line. Tab. 1.9 : Les Webmarketers notent l’efficacité des supports de communication (Source Forrester.) Support Note sur 5 E-mail 4,3 Affiliation 4,3 Relations publiques/presse 4,1 Publicité télévision 4 Affichage extérieur 3,7 E-mail sur forum 3,5 L’e-mail comme outil d’acquisition devrait ainsi représenter près de 15 % du marché de la publicité on line. Fig. 1.4 : Évolution et répartition du budget marketing on line pour les sites Internet en 2003 (source : eMarketer, 2000) 26 Micro Application Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing L’e-mail comme outil de fidélisation Quelques indicateurs symptomatiques du e-business actuel * : p p p Coût moyen d’acquisition d’un client : 400 francs. Taux moyen de transformation du visiteur en acheteur : moins de 3 %. Un internaute sur deux se dit mécontent de son expérience d’achat en ligne. * (Source : A Jour Études, Groupe Tests.) Le talon d’Achille du e-business d’aujourd’hui est sans aucun doute la gestion de la relation client (GRC). Les concepts de marketing communs tels que le cycle de vie client, le retour sur investissement (ROI), le testing, le repeat buying, la mesure de satisfaction, la fidélisation, etc. sont encore très mal maîtrisés en ligne, voire totalement inappliqués. Les raisons de ce déficit sont multiples : p Méconnaissance des stratégies de marketing spécifiques à la nouvelle économie (exemple : tactiques d’acquisition opt-in des adresses e-mail). p Manque criant de solutions adaptées (exemple : plus d’un e-mail sur deux reste lettre morte et, quand les réponses arrivent, elles sont hors délai). p Difficultés à développer et à mettre en œuvre ces outils en interne, d’où l’apparition de nouveaux prestataires spécialisés. p Sur l’Internet, le client est volatile : exigeant, informé et exposé à une offre foisonnante. Sur l’Internet plus qu’ailleurs, la relation client est primordiale. Il faut se donner les moyens de connaître au mieux ses clients, de satisfaire et d’anticiper leurs attentes pour les fidéliser, de maximiser le taux de transformation visiteur/client. Dans le nouveau monde, comme dans l’ancien, l’acquisition d’un client coûte cher. Les efforts fournis pour en faire un client satisfait et fidèle sont donc déterminants. Shop.org a mesuré que le coût d’un nouveau client pour l’entreprise est de 250 dollars dans l’e-commerce. On peut supposer qu’il est d’environ 100 francs pour les sites Fidéliser ne fait pas que coûter d’enchères, de 350 francs pour les Creative Good a mesuré que 1 franc investi libraires et de 1500-2000 francs pour les en publicité en rapporte 5 quand 1 franc courtiers en ligne. Et ces coûts semblent investi en fidélisation en rapporte... 60. augmenter avec le temps. RE Les Clés de l'e-mail marketing 27 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Sachant qu’il coûte cinq fois moins à l’entreprise de fidéliser ses clients que d’en acquérir de nouveaux, les équipes marketing du site doivent engager un dialogue personnalisé avec leurs clients et vont encourager leur fidélité et leur confiance à la marque. Pour atteindre cet objectif, l’équipe marketing devra : p adapter son message et/ou son offre selon le profil de l’utilisateur et offrir une expérience personnalisée à chaque client ; p introduire des programmes de reconnaissance, de récompense ou de participation et même inclure des services pour lesquels les clients paient. La politique de fidélisation est la seule garante des retours sur investissement. Elle seule permet la rentabilisation des sommes investies pour acquérir un nouveau client ou un nouveau visiteur. Mc Kinsey estime que le revenu net d’un client double d’un trimestre à l’autre : plus le client est fidèle, plus il devient rentable pour l’entreprise. Le site a donc tout intérêt à mettre en place les outils permettant de prolonger sa relation avec le client. Si le taux de transformation d’un visiteur en client est de moins de 3 %, ce taux passe à 15 %, selon IMT Strategies, dans le cadre d’un effort de fidélisation avec, par exemple, l’envoi d’une lettre d’information. Bien des sites Internet remarquent que leurs statistiques d’audience sont au plus haut le jour de l’envoi de leur newsletter. Wstore annonce des taux de clic de 13 % sur sa lettre html et de 5 % pour la version texte. Le libraire Alapage mesure des taux de clic de 3 % mais un taux de transformation entre 5 et 15 % alors que la moyenne pour un site e-commerce est d’à peine 3 %. Selon l’étude The E-mail Marketing Dialog de l’institut d’études Forrester, un internaute fidélisé qui a accompli un acte d’achat revient à 71 dollars lorsque l’annonceur l’a séduit par e-mail via une liste opt-in qualifiée. Ce chiffre passe à 100 dollars lorsque l’annonceur a utilisé des bandeaux publicitaires traditionnels et à 286 dollars lorsque le site annonceur a utilisé une base de données non qualifiées. L’e-mail permet de dire que : p p p p p 28 “vous êtes bien inscrit à notre lettre ;” “il y a du neuf sur le site, visitez ces pages pour en savoir plus” ; “nous avons quelque chose qui pourrait vous intéresser” ; “nous sommes sérieux, vous pouvez acheter en toute sécurité” ; “votre achat est bien confirmé” ; Micro Application Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing p p “vous pouvez participer à notre concours et à notre programme de fidélité” ; etc. Bref, il est l’instrument d’une relation qui permet de garder le contact et de délivrer de la valeur ajoutée à la personne. Pensez qu’un internaute n’achète jamais sur un site web avant de s’y être rendu au moins trois fois. Il a besoin de connaître, d’apprécier, de prendre confiance. L’e-mail est là pour aider au développement de ces différents états. E-mail et centres d’appels RE L’étude de Datamonitor pour PeopleSoft annonce que 20 % des contacts des centres d’appels se feront par e-mail en 2004 contre 5 % en 1999. 77 % des gestionnaires de centres français estiment qu’une architecture web standard est “très importante” pour la satisfaction des clients. C’est d’ailleurs elle qui préside à la mise en place d’un centre multimédia à 58 % devant la réduction des coûts par agent (20 %). Pensez aussi aux économies que des entreprises comme EDF, France Télécom et autres gros acteurs économiques pourraient réaliser en envoyant un e-mail pour remplacer l’envoi long et coûteux d’une facture. SFR teste déjà ce mode de facturation auprès de clients volontaires. L’e-mail a de beaux jours devant lui ! “E-mail is about loyalty and retention rates, not about response rates”, affirme A. L. Jones, président de MessageMedia. Les chiffres tendent à lui donner raison. En 2004, les deux tiers du marché de l’e-mail marketing seront issus de problématiques de fidélisation. Tab. 1.10 : Les dépenses de fidélisation par l’e-mail aux États-Unis (Source eMarketer 2000) Années 1999 2000 2001 2002 2003 Dépenses en millions de dollars 242 589 1 148 1 707 2 359 En attendant, il y a du chemin à faire. Une enquête de Strategies en juin 2000 montrait que seules 62 % des entreprises du CAC40 avaient répondu aux e-mails envoyés dans le cadre de l’étude. Enjeux économiques et limites Qu’il s’agisse d’acquisition ou de fidélisation client, le marché de l’e-mail marketing est amené à vivre une forte croissance dans les quatre années à venir. En Europe, il devrait représenter 3 200 millions de dollars en 2003... contre environ 60 millions en 2000. Reste que cette croissance restera liée à celle du commerce électronique. Les Clés de l'e-mail marketing 29 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Tab. 1.11 : Les dépenses des entreprises américaines liées à l’e-mail en millions de dollars selon deux cabinets d’étude Source 1999 Forrester 156 EMarketer 422 Aux États-Unis, Forrester annonce des chiffres proches de ceux de eMarketer. Avec 4 800 millions de dollars en 2003 contre 156 millions de dollars en 1999, soit un marché de 200 milliards d’e-mails commerciaux. 2000 2001 2002 1 084 2 074 3 265 La Poste 2003 RE Le marketing direct (off line) représente près de 45 % de l’activité de La Poste. Presque un courrier sur deux ! Quelle place tiendra l’e-mail dans ce secteur ? La Poste prend les devants avec son offre de courrier électronique gratuit pour tous les écoliers et professeurs de France ; ses services de certification d’e-mail ou d’interopérabilité fax E-mail - courrier. Mieux : en 2005, 40 % des factures devraient transiter par l’e-mail, annonce Killen et Associates, contre 38 % via un formulaire de carte bleue sur un site sécurisé. Fig. 1.5 : Le cabinet eMarketer dédie un “channel” on line à l’E-mail Marketing On comprend alors que les dirigeants en marketing américains considèrent l’e-mail comme un support de communication on line important, selon Forrester Ressearch 99. 30 Micro Application Potentiels et enjeux de l’e-mail marketing Ils sont 59 % à l’avoir utilisé en 2000, selon Quicken.com, prévoyant un doublement annuel du budget alloué. Tab. 1.12 : Le paysage de l’e-mail marketing sur sept ans aux Etats-Unis, selon Jupiter (Direct Marketing Model 03/2000.) Type d’e-mails envoyés en milliards en 1999 en 2000 en 2001 en 2002 en 2003 en 2004 en 2005 E-mails de fidélisation 2,8 11 27 54 95 154 236 Sponsoring 1,3 5 13 25 47 76 115 E-mails d’acquisition 0,24 1 3 6 11 19 32 “Les sociétés voient l’e-mail marketing comme la panacée. Rapide, d’un bon rapport qualité/prix, il permet d’obtenir un retour quasi immédiat. Résultat, le volume d’e-mails autorisés continue de croître à un rythme insensé”, annonce un analyste de Jupiter. Les internautes américains recevront 1 600 sollicitations commerciales autorisées par an en 2005, contre 40 actuellement. Selon l’étude du cabinet Jupiter, cette avalanche d’e-mails ne pourra que nuire à leur efficacité. L’étude de Jupiter (E-mail marketing, volume 2, 2000) avertit ainsi les annonceurs : “Les consommateurs n’auront pas assez de temps ou de patience pour maintenir le taux de réponse élevé qui conduit les sociétés à utiliser prioritairement l’e-mail.” Car, au commerce, il faut ajouter la correspondance électronique personnelle et non commerciale, qui devrait représenter 4 000 e-mails par internaute américain et par an. L’e-mail marketing n’a donc pas que la croissance de son marché à gérer, il doit aussi assurer la croissance du niveau de qualité qu’il véhicule. Seule solution : délivrer de la valeur ajoutée à l’utilisateur. Cette valeur concerne le contenu, le service offert mais aussi le respect de la vie privée et la personnalisation en fonction des désirs émis par le récepteur. En Europe, le marché en est à ses balbutiements. Les internautes ne sont pas aussi nombreux qu’aux États-Unis, mais surtout les acheteurs en ligne sont plus rares. Et c’est d’eux dont l’e-mail marketing a besoin pour décoller. L’avis du spécialiste en marketing interactif Interview de Bertrand Bathelot, dirigeant fondateur d’Abc Netmarketing [email protected] C. Esnault, M. Guinard, C. Palanque : Vous vous occupez du site www.abc-netmarketing.com et avez écrit un livre sur la publicité on line (aux éditions Les Clés de l'e-mail marketing 31 Chapitre 1 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Micro Application). Quel est votre point de vue sur l’e-mail marketing et comment le traitez-vous dans votre travail ? B. Bathelot : L’e-mail marketing est un des outils de marketing les plus puissants dont dispose le responsable d’un site web. L’utilisation de l’e-mail dans le cadre d’offres commerciales régulières en est probablement la forme la plus connue et la plus médiatisée. Bien maîtrisé, c’est évidemment un outil efficace, mais différents facteurs viennent cependant tempérer cet état des lieux. Un phénomène de saturation et d’usure se développe incontestablement, et les taux de clic sont amenés à baisser. Dans la même mouvance, les internautes deviennent de plus en plus sélectifs dans leurs modes de lecture et d’abonnement aux mailing listes. À l’avenir, seules les offres les plus pertinentes et les mieux présentées retiendront l’attention de leurs destinataires. Il faut également se méfier de la comparaison entre les taux de réponse par e-mail et les taux de retour en marketing direct traditionnel. En moyenne, un clic ne vaut probablement pas une réponse sur un courrier postal. Ces réserves mises à part, l’e-mail reste un outil de marketing très intéressant et au fort potentiel grâce notamment à ses coûts unitaires relativement faibles et à des capacités de tracking et d’analyse très puissantes. Dans une logique d’utilisation qui n’est forcément pas celle d’offres commerciales directes, l’e-mail est également un formidable outil de marketing relationnel, qui permet à une entreprise de délivrer de la valeur sous une forme ou sous une autre à ses clients ou prospects. Cette valeur prend le plus souvent la forme d’informations utiles aux destinataires délivrées par le biais de l’e-mail à un coût raisonnable. Ce cadre d’utilisation souvent mésestimé ou méconnu peut être particulièrement précieux en B to B. C. E., M. G., C. P. : L’utilisez-vous aussi à vos propres fins et comment ? B. B. : Sur le site abc-netmarketing.com nous faisons un usage intensif de l’e-mail, qui est pour nous indispensable. Nous en avons un usage classique, pour avertir chaque semaine les lecteurs qui en ont fait la demande que de nouveaux articles se trouvent sur le site. Nous en avons également un usage plus orienté sur l’optique de création de valeur vis-à-vis des différents abonnés de deux autres listes de diffusion. Nous modérons une liste de discussion regroupant 4 000 professionnels du marketing sur Internet, où l’essentiel de la valeur du contenu est créé par les membres, et nous proposons une revue de la presse en ligne spécialisée sous forme d’une sélection d’articles. Pour cette revue de presse, nous avons pris le parti de faire profiter de notre travail de veille quotidien l’ensemble des abonnés au service, à qui nous “offrons” du temps. Ces différents services sont en partie financés par le sponsoring de liste mais sont surtout pour nous un outil de marketing relationnel très puissant et un moyen de se positionner sur notre marché. 32 Micro Application Webographie C. E., M. G., C. P. : À travers vos services de formation, vous rencontrez de nombreux dirigeants et responsables de marketing. Où en sont-ils avec l’e-mail et quels changements remarquez-vous dans leur attitude ? B. B. : La plupart des responsables de marketing ont désormais pris conscience de l’importance stratégique de la politique d’e-mailing. On peut cependant noter deux domaines dans lesquels la prise de conscience des enjeux n’est probablement pas encore suffisante. Certains acteurs ont du mal à se débarrasser de vieux réflexes ou à en acquérir de nouveaux, ce qui permet de prendre en compte certaines différences de base entre le marketing direct traditionnel et l’e-mailing. Et, d’autre part, beaucoup d’acteurs se polarisent sur les offres commerciales directes en ignorant des applications plus qualitatives à vocation relationnelle. Les acteurs B to B n’ont probablement pas non plus saisi toutes les opportunités que pourrait leur apporter une politique d’e-mailing pertinente. Webographie 1.5 Webographie Concernant l’e-mail www.arobase.org www.fondationlaposte.org www.chez.com/lee/ Concernant le Webmarketing www.Abc-netmarketing.com www.Adsguide.com www.ClickZ.com www.Emarketer.com www.Journaldumail.com www.Optinnews.com www.Planeteclient.com www.Toutsurlacom.com Les Clés de l'e-mail marketing 33 Chapitre 1 Fig. 1.6 : 34 L’E-mail marketing : définitions et enjeux Le site du Journaldumail.com Micro Application