Luc Archambault Petit répertoire d`oeuvres céramiques

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Luc Archambault Petit répertoire d`oeuvres céramiques
Luc Archambault
Peintre, sculpteur, performeur, designer et... céramiste
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Petit répertoire d’oeuvres céramiques
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Luc Archambault participe au 50e Salon des métiers d'art du Québec
du 2 au 21 décembre 2005
Place Bonaventure, Montréal
Kiosque en 2004
Céramiques récentes : sculptures céramique, poterie d'art et utilitaire.
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Pot branché
Pichet et gobelet
Huiliers
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Pot à sel et beurrier Breton
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Théière sur pieds branchée et bols à thé
Tasses expresso
Théière à corne
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Saladiers
Plat à fruit sur pieds branché
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Assiettes et bol à café
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Oeuvres de l’expo « Appropriation »
Galerie des métiers d’art du Québec
Marché Bonsecours, Montréal
18 février au 20 mars 2005
KT.05.303 « Passerelles éphémères » 46x17x16cm
KT.05.305 « La Cathédrale blanche » 16x17x15cm
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KT.05.310 « L'enceinte » 35x27x21cm
Collection Maurice Savoie
KT.05.307 « Citadelle du vertige » 27x27cm
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« La Dormition d'Orphée »
Photo Jacques Grenier, Le Devoir
La Galerie de métiers d’art du Québec
au Salon des métiers d’art 2004
Deux sculptures
« Le Souffle d’Orphée »
« Des journées entières dans les arbres »
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Luc Archambault, 1954-
Depuis 1973, l’artiste
a présenté ses œuvres peintes,
sculptées et céramiques dans
plus de 201 expositions :
72 solos, 129 groupes, au
Québec, Canada, États-Unis,
France, Écosse, Liban et
Australie.
Peintre, sculpteur, performeur designer et céramiste
Luc
Archambault
Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec.
De1974 à 1981 l’artiste expose ses céramiques au Salon des
artisans de Québec et en même temps, de 1976 à 1978, au Salon des métiers d’art du Québec à
Montréal. De 1979 à 2002, il présente ses céramiques tournées et sculptés à sa Galerie d’un jour à
Québec et Montréal à travers ses expositions d’œuvres peintes sur papier, d’huiles et acryliques sur toile
et de bronzes. En 2003, l’artiste renoue avec les expositions dédiées aux métiers d’art pour la première
fois depuis 1981 en présentant ses œuvres céramiques récentes à la 15e édition de
et en
décembre au Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. Il participe à 2 expos collectives
présentées à la Galerie des métiers d’art du Québec, Marché Bonsecours, Montréal, des expos
intitulées Coexistence, du 25 mars au 25 avril 2004 et Appropriation, du 24 février au 20 mars 2005. En
2004, 2005 et 2006 il participe à 1ère, 2e et 3e édition de CéraMystic, à la 16e, 17e et 18e édition de
et à la 49e, 50e et 51e édition du Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. En
octobre 2006, il participe à une expo collective au Shelburne Art Center, Vermont, États-Unis.
Ses oeuvres tournées, — vases, plats, bols, théières sur pieds et pots
branchés — sont autant de surfaces, peintes aux engobes, émaillées de figures et de corps humains, de
chaises, de bols, de branches ou de feuilles. Le céramiste se fait peintre et sculpteur et vice versa. Les
transparences, dégradés, contrastes et fondus qu’il affectionne tant en peinture, ne sont jamais aussi
incandescents et subtils que dans la fusion des émaux sous l’action imprévisible du feu. — Semi-grès et
semi-porcelaine, engobés aux oxydes et émaillés par vaporisation et trempage. — Ses maîtres par
compagnonnage : Dominique Didier, Charlotte Mentzel ( Québec ) et Claude Champy ( France ).
Remerciements à France Turcotte pour son aide technique ( émaux et cuissons ) et à Maude D. pour
ses concepts-designs —
Ses céramiques tournées, estampées et sculptées ont été présentées de
2003 à 2006 à la défunte Galerie Keramos, et la Galerie d’art Royale, à Québec ; à l’atelier boutique
Gaïa, à la Galerie Les Arts du feu, à Montréal, au Musée du bronze d’Inverness, à l’Atelier – Les
Tourelles, à Saint-Antoine-de-Tilly, à la Poterie de Port-au-Persil, à la galerie Le Coquill’Art, à
l’Anse-St.-Jean, ainsi qu’à la Galerie et au Salon des métiers d’art du Québec à Montréal.
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Luc Archambault, 55, che. Ste-Anne Ouest, Saint-Étienne-de-Lauzon, G6J 1E8
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Fax : 418 831 67 35
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La céramistique
Outre le miracle fascinant de la métamorphose par le feu il y a d’abord le contact avec la terre, en tant que
matière. La matière minérale du corps animée par la vie cellulaire, rencontrant la matière minérale inerte et
cristalline de la terre animée par l’eau qu’elle contient. Une rencontre magnétique. Le corps humain en ses mains
irradiées, illuminé par le palpable rayonnement tellurique et bienfaisant de la terre, et ce, en toutes ses différentes
et particulières humidités. De la consistance crémeuse de la barbotine qui favorise et permet le moulage ou les
assemblages, à celle du pain de terre mou ou ferme, que l’on pétri, — en cercle ou en spirale, pour le tourner,
modeler ou sculpter — jusqu’à la texture lisse et ferme du cuir avant que la terre ne sèche complètement et que
toute l’eau qu’elle contient ne la quitte définitivement. En passant par la pâte tendre, lubrifiée par un grand apport
d’eau, qui glisse sous l’impulsion de la paume ou entre les doigts placés en pince et qui, sous la poussée
gravitationnelle centrifuge du tour, calibrent la forme voulue ou espérée en de lents ou vigoureux mouvements ou
d’imperceptibles oscillations.
À chaque état particulier de la déshydratation de la terre — un rapide ou lent échange d’eau entre la terre et
l’air — correspond une étape cruciale de la matérialisation de l’objet et de sa forme. Il y des choses que l’on peut
faire — que l’on ne peut que faire — à l’état mou, et d’autres, qu’il n’est possible de faire qu’à l’état cru et ferme.
Tournasser, tirer une anse sur une théière ou un pichet par exemples exige que la forme soit suffisamment durcie
pour supporter sans déformer l’attaque du tournassin ou l’apposition de l’anse mais suffisamment humide pour
que l’adhérence soit sans faille ou le tournassage possible.
Tant et tant de gestes à poser, de choses à savoir, à connaître, à reconnaître, à épier… au toucher, à la vue, à
l’odeur, à l’écoute. Tant de subtils contrôles et de patientes maîtrises, savamment dosés d’incontournables laisser
faire, d’attentives veilles ou de patientes attentes.
C’est que la terre est malléable mais jusqu’à un certain point. Contrairement à bien d’autres matériaux plastiques,
toutes les formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans qu’elle ne résiste, déchire ou
s’affaisse. Et encore, si elle tient, c’est au séchage ou à la cuisson qu’elle se voilera, ou pire, craquera ou éclatera.
À force, on ne sait pas vraiment qui maîtrise qui. Le céramiste, avec tout son savoir, parviendrait en rusant, en
poussant à l’extrême toutes les limites, en inventant ou mélangeant les techniques les plus fines, à faire ce qu’il
veut avec la terre ? Ou n’est-ce pas plutôt la terre qui parvient à forcer le céramiste à ne faire d’elle que ce qu’elle
veut bien qu’il fasse et rien d’autre qui ne soit céramistique ? Comme si ce jour là, la terre décidait de s’inventer
une forme nouvelle et pas une autre, comme si le céramiste n’était qu’un instrument entre ses mains.
Devant l’œuvre achevée, c’est comme si les cristaux de la terre crue et ceux formés lors de la cuisson, avaient
absorbé toutes les données relatives ou ambiantes à sa genèse. Des cristaux semblables à ceux qui permettent à
mon ordinateur de saisir, emmagasiner et distribuer l’information contenue en ces mots tapés sur mon clavier. Tel
un ordinateur sensible, nous aurions la capacité de capter, gérer cette mémoire, et, ce ne serait pas tant la forme de
l’objet, sa beauté, celle de l’émail ou sa commodité qui nous touchent à ce point, mais bien l’énergie que les
cristaux céramiques renferment. Nous aurions ainsi accès au rêve du créateur artiste ou artisan, à la gamme
complète de ses émotions, pensées, paroles et autres humeurs éprouvées lors de sa rencontre avec la matière-terre
façonnée de cette manière-là, à cette heure-là, ce jour-là. Comme si, sans le savoir, comme M. Jourdain faisant de
la prose, nous étions, — nous qui aimons les oeuvres céramiques — capables de saisir, décrypter, éprouver ce que
les cristaux, cette matière présupposée inerte, ont méticuleusement engrammé.
Ignorant cela, nous nommons ce phénomène impalpable : « amour de la céramique », un vibrant, sensible et
vivant attachement voué à telle ou telle œuvre d’art ou de métiers d’art, un attachement qui va croissant à son
contact.
Luc A. et M&A
Texte publié en partie dans le journal
été 2004 www.1001pots.com
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ARTICLE DU SITE INTERNET
DE LA GALERIE DES MÉTIERS D'ART DU QUÉBEC
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Coexistence du 25 mars – 25 avril 2004
La Dormition d'Orphée.
Photo Jacques Grenier, Le Devoir
Luc Archambault
La triple coexistence
COEXISTENCE
[ kƆεgzistãs ]. n. f. et adj. (1560 ; de co-, et
existence).
♦ 1° Existence simultanée. Coesistence des trois
personnes divines ♦ 2° ( 1954 ) Polit. Coexistence
pacifique : principe de tolérance réciproque de
l’existence du groupe adverse de nations ( entre
nations socialistes et capitalistes ).
’ ANT. Incompatibilité. Guerre ( froide ).
La triple coexistence
Le simple fait de travailler la terre sous-entend déjà un principe de coexistence : l’entité
nature, l'argile, est modifiée, modelée par une autre entité nature pétrie de culture, c’est-àdire le céramiste. À cette double existence s’ajoute celle de branches de cornouiller, harts
rouges qui s’attachent à la céramique. Cet arbuste, comme tous les végétaux, se nourrit de
la décomposition de la terre et de l'eau. Par ailleurs, la terre ne se métamorphose en
céramique que grâce à la maîtrise du feu par l’humain. Grâce, donc, à la désagrégation
d'un combustible – le bois, par exemple. Bois et céramique sont issus de la terre mais ne
sont plus de la terre. Ici, autour des pots et des sculptures, le bois dessine par projection
dans l’espace un fragment de leurs formes ou la matérialisation d’une pensée, d’un chant
ou d’un geste. Ainsi, du point de vue de la céramique, le bois est une abstraction incarnée
d’une forme et la mémoire embrasée du feu de son origine. Réciproquement, la
céramique est pour le bois le souvenir de la terre nourricière qui l'a constitué. L’existence
simultanée de deux matières distinctes liées grâce au savoir humain millénaire forme une
triple coexistence : bois, céramique et savoir humain fusionnent dans l’œuvre, qui devient
ainsi l’éloquent témoignage d’une incendiaire coexistence originelle.
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COEXISTENCE [ k]ελ⁄tss ]. n. f. ( 1560 ; de co-, et existence).
♦ 1° Existence simultanée. Coexistence des trois personnes divines
♦ 2° ( 1954 ) Polit. Coexistence pacifique : principe de tolérance
réciproque de l’existence du groupe adverse de nations ( entre nations
socialistes et capitalistes ). ’ ANT. Incompatibilité. Guerre ( froide ).
Coexistence de l’humain et de la nature
L’existence simultanée de l’humain et de la nature — à moins qu’il ne s’agisse de
tolérance réciproque — s’exprime à travers ces œuvres de l’humain que sont les sculptures et céramiques
de Luc Archambault. La terre y est convoquée comme à chaque fois que des céramistes la travaillent.
Quand le bois, image de la nature, jouxte les œuvres céramiques — une création millénaire de l’humain,
un résultat d’un haut savoir technologique — se trouvent coexistants : nature et culture, nature et science,
nature et production humaine.
Ici, des céramiques de semi-grès engobées, émaillées ou non, sont rehaussées de
branches. Celles d’un arbuste de la famille des cornouillers nommé Hart rouge. Cet arbuste, comme tous
les végétaux, s’est nourri de la terre et de l'eau qu’elle contient pour croître et se constituer en tant que
bois. Ces branches, jouxtant la céramique et attachées à elle, sont l’image du bois. Ce bois que la terre a
fait germer en son état de semence puis croître et grandir jusqu’à l'état de broussaille, d’arbuste ou d'arbre.
La terre a été ici en quelque sorte transsubstantié, déminéralisé, décomposée, digérée, pour devenir bois.
La terre, quant à elle, ne s'est métamorphosée en céramique que grâce à la technologie
humaine. Grâce à la maîtrise du feu par l’humain. Grâce donc, à la destruction d'un combustible — le
bois, par exemple — qu'on enflamme dans un four qu’on monte en chaleur grâce à cette compréhension
et maîtrise de la combustion et ce, afin que la terre se vitrifie, afin que la terre ne puisse plus se dissoudre,
afin que la terre accède à l’état de céramique. La terre pour ce faire a dû détruire ce qu'elle a par ailleurs
nourri, créé : le bois.
Bois et céramique sont issus de la terre mais ne sont plus de la terre. Tous deux sont liés
par elle et se retrouvent ici réunis intimement. Cette réunion de deux matières distinctes évoque leurs
origines communes en même temps qu'elle exprime le fait que l'une et l'autre matière ne peuvent exister
sans l'apport de l'autre. Un apport réciproque qui seul aura permis de les constituer comme matière autre,
comme matière naturelle d'une nature autre.
Ici, le bois dessine dans l’espace autour de la forme des pots, un extrait du dessin de la
forme du vase. Une abstraction incarnée de la forme, qui s’attache à elle sans autre lien que l'ancrage de
une ou deux anses. Des liens qui permettent à la céramique de la fixer à elle, de se l’attacher.
Les sculptures, des figurations humaines, — tel que l’humain, tel que la nature humaine,
se présentent en son corps naturel — ancrent le bois tantôt dans une bouche ouverte, dans un creux
ouvert aux épaules, dans une ouverture creusée dans un torse ou, dans l’enserrent de mains mi-ouvertes.
Le bois dessine des arcs qui sont l’image tantôt d’un chant, d’une parole, d’une pensée, d’un geste ou
d’un mouvement à venir ou passé, tantôt la figure abstraite d’une énergie qui circule.
Le bois, pour la céramique, est à la fois sa mémoire des origines, le souvenir du feu — sa
nourriture matricielle — et, à la fois, il est l'incarnation de ce que la terre a réalisé, de ce que la
céramique — en tant que terre qu'elle est, avant qu'elle ne se métamorphose par l’action de l’humain — a
réalisé : le bois.
Réciproquement, la céramique est, pour le bois, à la fois le souvenir de la terre
nourricière qui l'a constituée et à la fois l'image du fruit de son apport, le résultat de sa création, de sa
crémation. Ici l’existence est simultanée, deux objets distincts présentés se jouxtant en même temps.
Luc Archambault
Peintre, sculpteur et céramiste, Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec
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Pots et sculptures branchés
Voici des oeuvres céramiques : pots, vases, bols, coffrets ou sculptures. Des céramiques de semi-grès
engobées, émaillées et parfois rehaussées des branches d’un arbuste de la famille des cornouillers nommé
Hart rouge.
Cet arbuste comme tous les végétaux s’est nourri de la terre et de l'eau qu’elle contient pour croître et se
constituer en tant que bois. Ces branches, jouxtant la céramique et attachées à elle, sont l’image du bois.
Ce bois que la terre a, en son état de semence, fait germer puis croître et grandir jusqu’à l'état de
broussaille, d’arbuste ou d'arbre. La terre a été ici en quelque sorte transsubstantié, déminéralisé,
décomposée, digérée, pour devenir bois.
La terre, quant à elle, ne s'est métamorphosée en céramique que grâce à la désagrégation d'un combustible
— le bois, par exemple — qu'on enflamme dans un four pour qu’il monte en chaleur grâce à cette
combustion. Et ce, afin que la terre, grâce à un haut savoir humain plusieurs fois millénaire, ne puisse plus
se dissoudre, afin que la terre entame un processus de vitrification et qu’elle accède ainsi à l’état de
céramique. La terre pour ce faire a dû détruire ce qu'elle a par ailleurs nourri, créé : le bois.
Bois et céramique sont issus de la terre mais ne sont plus de la terre. Tous deux sont liés par elle. Ils se
retrouvent ici réunis intimement. Cette réunion évoque leurs origines communes en même temps qu'elle
exprime le fait que l'une et l'autre matière ne peuvent exister sans l'apport de l'autre. Un apport réciproque
qui seul aura permis de les constituer comme matières distinctes, autres. Comme matières naturelles d'une
nature autre.
Ici dans ces oeuvres, le bois associé à la céramique n'est pas instrumentalisé comme l'est, par exemple,
l'anse de bois d'une théière. La stricte fonctionnalité est évacuée même si, et surtout, quand il s'agit de
d'objets utilitaires — pichets, théières, bols ou vases —, et, elle l’est d’office quand il est question de
sculpture. Cette éviction n'est pour autant pas que parure ou décoration. Le bois dessine dans l’espace
autour de la céramique un fragment du dessin de sa forme. Une abstraction incarnée de sa forme qui
s’attache à elle. Sans autre lien d’aucune sorte, seul le fait de sangler la branche dans l’ancrage de une ou
deux anses permet à la céramique de fixer à elle les branches choisies, taillées et courbées spécifiquement
selon la forme de chaque objet et la position de ses ancrages.
Les sculptures quant à elles, ancrent le bois tantôt dans une bouche ouverte, un creux ouvert aux épaules,
une ouverture dans un torse ou l’enserrent dans des mains mi-ouvertes. Le bois dessine des arcs qui sont
l’image tantôt d’une énergie qui circule, tantôt d’un chant, d’une parole, d’une pensée, d’un geste ou d’un
mouvement à venir ou passé.
Du point de vue de la céramique, le bois est à la fois une abstraction incarnée du dessin de sa forme et la
mémoire embrasée du feu de son origine. Le bois est aussi, pour la céramique, l'incarnation de ce que la
terre a réalisé, de ce que la céramique — en tant que terre qu'elle est, avant qu'elle ne se métamorphose —
a réalisé. Réciproquement, la céramique est, pour le bois, à la fois le souvenir de la terre nourricière qui l'a
constituée et à la fois l'image du fruit de son apport, le résultat de sa création engendrée par sa
combustible désagrégation.
Bois, céramique et savoir humain plusieurs fois millénaire fusionnent dans l’œuvre qui devient ainsi
l’éloquent témoignage d’une incendiaire et existentielle coexistence originelle.
Luc Archambault
Peintre, sculpteur et céramiste, Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec
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Appropriation
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du 18 février – 20 mars 2005
Luc Archambault, 2004
Vase citadelle, semi-porcelaine crue
33x18cm
Luc Archambault, 2004
Vase citadelle, détail, fêlure et anse, semi-porcelaine crue
33x18cm
Appropriation
Ici il est question de faire sien ce que la terre veut bien faire et être…
Quand il est question de travailler la terre, et contrairement à bien d'autres matériaux plastiques, toutes les
formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans que la terre ne résiste, déchire ou
s'affaisse. Et encore, si elle tient, c'est au séchage ou à la cuisson qu'elle se voilera, ou pire, craquera ou
éclatera.
S'approprier la terre consiste à négocier, un à un avec elle, les termes du contrat qui pourra nous permettre
de réaliser une œuvre acceptée par elle. S'approprier la terre c'est peut-être aussi, tolérer, endosser, ce
qu'elle n'accepte pas. Accepter, s'approprier l'accident. Intervenir, colmater et sculpter la brèche, puis
cuire le tesson tout de même et le porter en son achèvement céramistique.
Ce qui est proposé ici, ce sont des œuvres céramiques qui rendent compte de ce qu'il survient quand le
céramiste s'approprie la terre en toutes ses ruptures, même les plus sévères : la fêlure, la fente. Ici, les
fractures sont harnachées, solidifiées, par l'apposition d'anses. L'intégrité, la solidité du vase pourra grâce
à cette appropriation être préservée, voire rehaussée. D'autres œuvres reflèteront en différents états et
modes, l'esprit de cette piste de recherche.
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Appropriation
La terre
Outre le miracle fascinant de la métamorphose par le feu il y a d’abord, quand il est question de céramique, le
contact avec la terre, en tant que matière. Le corps humain en ses mains irradiées, est illuminé par le palpable
rayonnement tellurique et bienfaisant de la terre, et ce, en toutes ses différentes et particulières humidités. De la
consistance crémeuse de la barbotine qui favorise et permet le moulage ou les assemblages, à celle du pain de
terre mou ou ferme, que l’on pétri, — en cercle ou en spirale, pour le tourner, modeler ou sculpter — jusqu’à la
texture lisse et ferme du cuir avant que la terre ne sèche complètement et que toute l’eau qu’elle contient ne la
quitte définitivement. En passant par la pâte tendre, lubrifiée par un grand apport d’eau, qui glisse sous
l’impulsion de la paume ou entre les doigts placés en pince et qui, sous la poussée gravitationnelle centrifuge du
tour, calibrent la forme voulue ou espérée en de lents ou vigoureux mouvements ou d’imperceptibles oscillations.
À chaque état particulier de la déshydratation de la terre — un rapide ou lent échange d’eau entre la terre et
l’air — correspond une étape cruciale de la matérialisation de l’objet et de sa forme. Il y des choses que l’on peut
faire — que l’on ne peut que faire — à l’état mou, et d’autres, qu’il n’est possible de faire qu’à l’état cru et ferme.
Tournasser, tirer une anse sur une théière ou un pichet par exemples exige que la forme soit suffisamment durcie
pour supporter sans déformer l’attaque du tournassin ou l’apposition de l’anse mais suffisamment humide pour
que l’adhérence soit sans faille ou le tournassage possible.
Tant et tant de gestes à poser, de choses à savoir, à connaître, à reconnaître, à épier… au toucher, à la vue, à
l’odeur, à l’écoute. Tant de subtils contrôles et de patientes maîtrises savamment dosés, d’incontournables laisser
faire, d’attentives veilles ou de patientes attentes. C’est la patiente et lente appropriation de la terre, un processus
auquel se confronte tout céramiste.
C’est que la terre est malléable mais jusqu’à un certain point. Contrairement à bien d’autres matériaux plastiques,
toutes les formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans qu’elle ne résiste, déchire ou
s’affaisse. Et encore, si elle tient, c’est au séchage ou à la cuisson qu’elle se voilera, ou pire, craquera ou éclatera.
À force, on ne sait pas vraiment qui maîtrise qui. Le céramiste, avec tout son savoir, parviendrait en rusant, en
poussant à l’extrême toutes les limites, en inventant ou mélangeant les techniques les plus fines, à faire ce qu’il
veut avec la terre ? Ou n’est-ce pas plutôt la terre qui parvient à forcer le céramiste à ne faire d’elle que ce qu’elle
veut bien qu’il fasse et rien d’autre qui ne soit céramistique ? Comme si ce jour là, la terre décidait de s’inventer
une forme nouvelle et pas une autre, comme si le céramiste n’était qu’un instrument entre ses mains.
L’accident
Ici, le vase devait être déformé à l’état cru humide. Il devait être frappé pour ce faire jusqu’à l’obtention de la
forme voulue, en l’occurrence triangulaire. Ici, il est question d’intégrer l’accident, la rupture, à l’œuvre finale, car
le tesson étant déjà trop durci, la terre a cédée. Ici, Il est question de transmutation. Le vase utilitaire par l’accident
invalidé, se métamorphose en œuvre sculpturale. Ici, le vase, un réceptacle, est ébréché. Il n’est dès lors plus
seulement objet mais devient un espace et un lieu. Une fenêtre s’ouvre sur le lieu clos de l’enceinte du vase. Un
vase citadelle qui s’ouvre sur son espace intérieur par une fracture-meurtrière1.
L’appropriation
Les anses parent à l’effondrement de l’enceinte, préviennent l’élargissement des fissures. Le tesson est traité
comme s’il s’agissait déjà d’un vase brisé tel qu’on en trouve dans les sites archéologiques. Son destin de futur
artéfact aux pièces manquantes est anticipé. La fêlure est harnachée, structurée, d’avance. En son résultat final de
céramique, l’historique de l’artéfact est apparent, on ne tente pas de le restaurer à l’état neuf, les stigmates de la
vie sont apparents, l’ouverture est béante, les fissures visibles, mais l’œuvre est en quelque sorte intacte, son
intégrité a été sauvegardée et magnifiée.
Luc Archambault
1
Meurtrière : Ouverture, fente verticale pratiquée dans un mur de fortification pour jeter des projectiles ou tirer sur les assaillants.
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