Luc Archambault Petit répertoire d`oeuvres céramiques
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Luc Archambault Petit répertoire d`oeuvres céramiques
Luc Archambault Peintre, sculpteur, performeur, designer et... céramiste www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire d’oeuvres céramiques www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 1 sur 16 Luc Archambault participe au 50e Salon des métiers d'art du Québec du 2 au 21 décembre 2005 Place Bonaventure, Montréal Kiosque en 2004 Céramiques récentes : sculptures céramique, poterie d'art et utilitaire. www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 2 sur 16 Pot branché Pichet et gobelet Huiliers www.Luc-Archambault.qc.ca Pot à sel et beurrier Breton Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 3 sur 16 Théière sur pieds branchée et bols à thé Tasses expresso Théière à corne www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 4 sur 16 Saladiers Plat à fruit sur pieds branché www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 5 sur 16 Assiettes et bol à café www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 6 sur 16 Oeuvres de l’expo « Appropriation » Galerie des métiers d’art du Québec Marché Bonsecours, Montréal 18 février au 20 mars 2005 KT.05.303 « Passerelles éphémères » 46x17x16cm KT.05.305 « La Cathédrale blanche » 16x17x15cm www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 7 sur 16 KT.05.310 « L'enceinte » 35x27x21cm Collection Maurice Savoie KT.05.307 « Citadelle du vertige » 27x27cm www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 8 sur 16 « La Dormition d'Orphée » Photo Jacques Grenier, Le Devoir La Galerie de métiers d’art du Québec au Salon des métiers d’art 2004 Deux sculptures « Le Souffle d’Orphée » « Des journées entières dans les arbres » www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 9 sur 16 Luc Archambault, 1954- Depuis 1973, l’artiste a présenté ses œuvres peintes, sculptées et céramiques dans plus de 201 expositions : 72 solos, 129 groupes, au Québec, Canada, États-Unis, France, Écosse, Liban et Australie. Peintre, sculpteur, performeur designer et céramiste Luc Archambault Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec. De1974 à 1981 l’artiste expose ses céramiques au Salon des artisans de Québec et en même temps, de 1976 à 1978, au Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. De 1979 à 2002, il présente ses céramiques tournées et sculptés à sa Galerie d’un jour à Québec et Montréal à travers ses expositions d’œuvres peintes sur papier, d’huiles et acryliques sur toile et de bronzes. En 2003, l’artiste renoue avec les expositions dédiées aux métiers d’art pour la première fois depuis 1981 en présentant ses œuvres céramiques récentes à la 15e édition de et en décembre au Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. Il participe à 2 expos collectives présentées à la Galerie des métiers d’art du Québec, Marché Bonsecours, Montréal, des expos intitulées Coexistence, du 25 mars au 25 avril 2004 et Appropriation, du 24 février au 20 mars 2005. En 2004, 2005 et 2006 il participe à 1ère, 2e et 3e édition de CéraMystic, à la 16e, 17e et 18e édition de et à la 49e, 50e et 51e édition du Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. En octobre 2006, il participe à une expo collective au Shelburne Art Center, Vermont, États-Unis. Ses oeuvres tournées, — vases, plats, bols, théières sur pieds et pots branchés — sont autant de surfaces, peintes aux engobes, émaillées de figures et de corps humains, de chaises, de bols, de branches ou de feuilles. Le céramiste se fait peintre et sculpteur et vice versa. Les transparences, dégradés, contrastes et fondus qu’il affectionne tant en peinture, ne sont jamais aussi incandescents et subtils que dans la fusion des émaux sous l’action imprévisible du feu. — Semi-grès et semi-porcelaine, engobés aux oxydes et émaillés par vaporisation et trempage. — Ses maîtres par compagnonnage : Dominique Didier, Charlotte Mentzel ( Québec ) et Claude Champy ( France ). Remerciements à France Turcotte pour son aide technique ( émaux et cuissons ) et à Maude D. pour ses concepts-designs — Ses céramiques tournées, estampées et sculptées ont été présentées de 2003 à 2006 à la défunte Galerie Keramos, et la Galerie d’art Royale, à Québec ; à l’atelier boutique Gaïa, à la Galerie Les Arts du feu, à Montréal, au Musée du bronze d’Inverness, à l’Atelier – Les Tourelles, à Saint-Antoine-de-Tilly, à la Poterie de Port-au-Persil, à la galerie Le Coquill’Art, à l’Anse-St.-Jean, ainsi qu’à la Galerie et au Salon des métiers d’art du Québec à Montréal. www.Luc-Archambault.qc.ca Visitez le module « Expositions virtuelles » du site Internet de l’artiste Transmettez vos commentaires dans le Forum du site. Luc Archambault, 55, che. Ste-Anne Ouest, Saint-Étienne-de-Lauzon, G6J 1E8 www.Luc-Archambault.qc.ca [email protected] www.Luc-Archambault.qc.ca Tél. : 418 831 91 47 Fax : 418 831 67 35 Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 10 sur 16 La céramistique Outre le miracle fascinant de la métamorphose par le feu il y a d’abord le contact avec la terre, en tant que matière. La matière minérale du corps animée par la vie cellulaire, rencontrant la matière minérale inerte et cristalline de la terre animée par l’eau qu’elle contient. Une rencontre magnétique. Le corps humain en ses mains irradiées, illuminé par le palpable rayonnement tellurique et bienfaisant de la terre, et ce, en toutes ses différentes et particulières humidités. De la consistance crémeuse de la barbotine qui favorise et permet le moulage ou les assemblages, à celle du pain de terre mou ou ferme, que l’on pétri, — en cercle ou en spirale, pour le tourner, modeler ou sculpter — jusqu’à la texture lisse et ferme du cuir avant que la terre ne sèche complètement et que toute l’eau qu’elle contient ne la quitte définitivement. En passant par la pâte tendre, lubrifiée par un grand apport d’eau, qui glisse sous l’impulsion de la paume ou entre les doigts placés en pince et qui, sous la poussée gravitationnelle centrifuge du tour, calibrent la forme voulue ou espérée en de lents ou vigoureux mouvements ou d’imperceptibles oscillations. À chaque état particulier de la déshydratation de la terre — un rapide ou lent échange d’eau entre la terre et l’air — correspond une étape cruciale de la matérialisation de l’objet et de sa forme. Il y des choses que l’on peut faire — que l’on ne peut que faire — à l’état mou, et d’autres, qu’il n’est possible de faire qu’à l’état cru et ferme. Tournasser, tirer une anse sur une théière ou un pichet par exemples exige que la forme soit suffisamment durcie pour supporter sans déformer l’attaque du tournassin ou l’apposition de l’anse mais suffisamment humide pour que l’adhérence soit sans faille ou le tournassage possible. Tant et tant de gestes à poser, de choses à savoir, à connaître, à reconnaître, à épier… au toucher, à la vue, à l’odeur, à l’écoute. Tant de subtils contrôles et de patientes maîtrises, savamment dosés d’incontournables laisser faire, d’attentives veilles ou de patientes attentes. C’est que la terre est malléable mais jusqu’à un certain point. Contrairement à bien d’autres matériaux plastiques, toutes les formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans qu’elle ne résiste, déchire ou s’affaisse. Et encore, si elle tient, c’est au séchage ou à la cuisson qu’elle se voilera, ou pire, craquera ou éclatera. À force, on ne sait pas vraiment qui maîtrise qui. Le céramiste, avec tout son savoir, parviendrait en rusant, en poussant à l’extrême toutes les limites, en inventant ou mélangeant les techniques les plus fines, à faire ce qu’il veut avec la terre ? Ou n’est-ce pas plutôt la terre qui parvient à forcer le céramiste à ne faire d’elle que ce qu’elle veut bien qu’il fasse et rien d’autre qui ne soit céramistique ? Comme si ce jour là, la terre décidait de s’inventer une forme nouvelle et pas une autre, comme si le céramiste n’était qu’un instrument entre ses mains. Devant l’œuvre achevée, c’est comme si les cristaux de la terre crue et ceux formés lors de la cuisson, avaient absorbé toutes les données relatives ou ambiantes à sa genèse. Des cristaux semblables à ceux qui permettent à mon ordinateur de saisir, emmagasiner et distribuer l’information contenue en ces mots tapés sur mon clavier. Tel un ordinateur sensible, nous aurions la capacité de capter, gérer cette mémoire, et, ce ne serait pas tant la forme de l’objet, sa beauté, celle de l’émail ou sa commodité qui nous touchent à ce point, mais bien l’énergie que les cristaux céramiques renferment. Nous aurions ainsi accès au rêve du créateur artiste ou artisan, à la gamme complète de ses émotions, pensées, paroles et autres humeurs éprouvées lors de sa rencontre avec la matière-terre façonnée de cette manière-là, à cette heure-là, ce jour-là. Comme si, sans le savoir, comme M. Jourdain faisant de la prose, nous étions, — nous qui aimons les oeuvres céramiques — capables de saisir, décrypter, éprouver ce que les cristaux, cette matière présupposée inerte, ont méticuleusement engrammé. Ignorant cela, nous nommons ce phénomène impalpable : « amour de la céramique », un vibrant, sensible et vivant attachement voué à telle ou telle œuvre d’art ou de métiers d’art, un attachement qui va croissant à son contact. Luc A. et M&A Texte publié en partie dans le journal été 2004 www.1001pots.com www.Luc-Archambault.qc.ca Visitez le site Internet de l’artiste et transmettez vos commentaires dans le Forum du site. www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 11 sur 16 ARTICLE DU SITE INTERNET DE LA GALERIE DES MÉTIERS D'ART DU QUÉBEC www.galeriedesmetiersdart.com Coexistence du 25 mars – 25 avril 2004 La Dormition d'Orphée. Photo Jacques Grenier, Le Devoir Luc Archambault La triple coexistence COEXISTENCE [ kƆεgzistãs ]. n. f. et adj. (1560 ; de co-, et existence). ♦ 1° Existence simultanée. Coesistence des trois personnes divines ♦ 2° ( 1954 ) Polit. Coexistence pacifique : principe de tolérance réciproque de l’existence du groupe adverse de nations ( entre nations socialistes et capitalistes ). ANT. Incompatibilité. Guerre ( froide ). La triple coexistence Le simple fait de travailler la terre sous-entend déjà un principe de coexistence : l’entité nature, l'argile, est modifiée, modelée par une autre entité nature pétrie de culture, c’est-àdire le céramiste. À cette double existence s’ajoute celle de branches de cornouiller, harts rouges qui s’attachent à la céramique. Cet arbuste, comme tous les végétaux, se nourrit de la décomposition de la terre et de l'eau. Par ailleurs, la terre ne se métamorphose en céramique que grâce à la maîtrise du feu par l’humain. Grâce, donc, à la désagrégation d'un combustible – le bois, par exemple. Bois et céramique sont issus de la terre mais ne sont plus de la terre. Ici, autour des pots et des sculptures, le bois dessine par projection dans l’espace un fragment de leurs formes ou la matérialisation d’une pensée, d’un chant ou d’un geste. Ainsi, du point de vue de la céramique, le bois est une abstraction incarnée d’une forme et la mémoire embrasée du feu de son origine. Réciproquement, la céramique est pour le bois le souvenir de la terre nourricière qui l'a constitué. L’existence simultanée de deux matières distinctes liées grâce au savoir humain millénaire forme une triple coexistence : bois, céramique et savoir humain fusionnent dans l’œuvre, qui devient ainsi l’éloquent témoignage d’une incendiaire coexistence originelle. www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 12 sur 16 COEXISTENCE [ k]ελ⁄tss ]. n. f. ( 1560 ; de co-, et existence). ♦ 1° Existence simultanée. Coexistence des trois personnes divines ♦ 2° ( 1954 ) Polit. Coexistence pacifique : principe de tolérance réciproque de l’existence du groupe adverse de nations ( entre nations socialistes et capitalistes ). ANT. Incompatibilité. Guerre ( froide ). Coexistence de l’humain et de la nature L’existence simultanée de l’humain et de la nature — à moins qu’il ne s’agisse de tolérance réciproque — s’exprime à travers ces œuvres de l’humain que sont les sculptures et céramiques de Luc Archambault. La terre y est convoquée comme à chaque fois que des céramistes la travaillent. Quand le bois, image de la nature, jouxte les œuvres céramiques — une création millénaire de l’humain, un résultat d’un haut savoir technologique — se trouvent coexistants : nature et culture, nature et science, nature et production humaine. Ici, des céramiques de semi-grès engobées, émaillées ou non, sont rehaussées de branches. Celles d’un arbuste de la famille des cornouillers nommé Hart rouge. Cet arbuste, comme tous les végétaux, s’est nourri de la terre et de l'eau qu’elle contient pour croître et se constituer en tant que bois. Ces branches, jouxtant la céramique et attachées à elle, sont l’image du bois. Ce bois que la terre a fait germer en son état de semence puis croître et grandir jusqu’à l'état de broussaille, d’arbuste ou d'arbre. La terre a été ici en quelque sorte transsubstantié, déminéralisé, décomposée, digérée, pour devenir bois. La terre, quant à elle, ne s'est métamorphosée en céramique que grâce à la technologie humaine. Grâce à la maîtrise du feu par l’humain. Grâce donc, à la destruction d'un combustible — le bois, par exemple — qu'on enflamme dans un four qu’on monte en chaleur grâce à cette compréhension et maîtrise de la combustion et ce, afin que la terre se vitrifie, afin que la terre ne puisse plus se dissoudre, afin que la terre accède à l’état de céramique. La terre pour ce faire a dû détruire ce qu'elle a par ailleurs nourri, créé : le bois. Bois et céramique sont issus de la terre mais ne sont plus de la terre. Tous deux sont liés par elle et se retrouvent ici réunis intimement. Cette réunion de deux matières distinctes évoque leurs origines communes en même temps qu'elle exprime le fait que l'une et l'autre matière ne peuvent exister sans l'apport de l'autre. Un apport réciproque qui seul aura permis de les constituer comme matière autre, comme matière naturelle d'une nature autre. Ici, le bois dessine dans l’espace autour de la forme des pots, un extrait du dessin de la forme du vase. Une abstraction incarnée de la forme, qui s’attache à elle sans autre lien que l'ancrage de une ou deux anses. Des liens qui permettent à la céramique de la fixer à elle, de se l’attacher. Les sculptures, des figurations humaines, — tel que l’humain, tel que la nature humaine, se présentent en son corps naturel — ancrent le bois tantôt dans une bouche ouverte, dans un creux ouvert aux épaules, dans une ouverture creusée dans un torse ou, dans l’enserrent de mains mi-ouvertes. Le bois dessine des arcs qui sont l’image tantôt d’un chant, d’une parole, d’une pensée, d’un geste ou d’un mouvement à venir ou passé, tantôt la figure abstraite d’une énergie qui circule. Le bois, pour la céramique, est à la fois sa mémoire des origines, le souvenir du feu — sa nourriture matricielle — et, à la fois, il est l'incarnation de ce que la terre a réalisé, de ce que la céramique — en tant que terre qu'elle est, avant qu'elle ne se métamorphose par l’action de l’humain — a réalisé : le bois. Réciproquement, la céramique est, pour le bois, à la fois le souvenir de la terre nourricière qui l'a constituée et à la fois l'image du fruit de son apport, le résultat de sa création, de sa crémation. Ici l’existence est simultanée, deux objets distincts présentés se jouxtant en même temps. Luc Archambault Peintre, sculpteur et céramiste, Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec www.Luc-Archambault.qc.ca www.Luc-Archambault.qc.ca [email protected] Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 13 sur 16 Pots et sculptures branchés Voici des oeuvres céramiques : pots, vases, bols, coffrets ou sculptures. Des céramiques de semi-grès engobées, émaillées et parfois rehaussées des branches d’un arbuste de la famille des cornouillers nommé Hart rouge. Cet arbuste comme tous les végétaux s’est nourri de la terre et de l'eau qu’elle contient pour croître et se constituer en tant que bois. Ces branches, jouxtant la céramique et attachées à elle, sont l’image du bois. Ce bois que la terre a, en son état de semence, fait germer puis croître et grandir jusqu’à l'état de broussaille, d’arbuste ou d'arbre. La terre a été ici en quelque sorte transsubstantié, déminéralisé, décomposée, digérée, pour devenir bois. La terre, quant à elle, ne s'est métamorphosée en céramique que grâce à la désagrégation d'un combustible — le bois, par exemple — qu'on enflamme dans un four pour qu’il monte en chaleur grâce à cette combustion. Et ce, afin que la terre, grâce à un haut savoir humain plusieurs fois millénaire, ne puisse plus se dissoudre, afin que la terre entame un processus de vitrification et qu’elle accède ainsi à l’état de céramique. La terre pour ce faire a dû détruire ce qu'elle a par ailleurs nourri, créé : le bois. Bois et céramique sont issus de la terre mais ne sont plus de la terre. Tous deux sont liés par elle. Ils se retrouvent ici réunis intimement. Cette réunion évoque leurs origines communes en même temps qu'elle exprime le fait que l'une et l'autre matière ne peuvent exister sans l'apport de l'autre. Un apport réciproque qui seul aura permis de les constituer comme matières distinctes, autres. Comme matières naturelles d'une nature autre. Ici dans ces oeuvres, le bois associé à la céramique n'est pas instrumentalisé comme l'est, par exemple, l'anse de bois d'une théière. La stricte fonctionnalité est évacuée même si, et surtout, quand il s'agit de d'objets utilitaires — pichets, théières, bols ou vases —, et, elle l’est d’office quand il est question de sculpture. Cette éviction n'est pour autant pas que parure ou décoration. Le bois dessine dans l’espace autour de la céramique un fragment du dessin de sa forme. Une abstraction incarnée de sa forme qui s’attache à elle. Sans autre lien d’aucune sorte, seul le fait de sangler la branche dans l’ancrage de une ou deux anses permet à la céramique de fixer à elle les branches choisies, taillées et courbées spécifiquement selon la forme de chaque objet et la position de ses ancrages. Les sculptures quant à elles, ancrent le bois tantôt dans une bouche ouverte, un creux ouvert aux épaules, une ouverture dans un torse ou l’enserrent dans des mains mi-ouvertes. Le bois dessine des arcs qui sont l’image tantôt d’une énergie qui circule, tantôt d’un chant, d’une parole, d’une pensée, d’un geste ou d’un mouvement à venir ou passé. Du point de vue de la céramique, le bois est à la fois une abstraction incarnée du dessin de sa forme et la mémoire embrasée du feu de son origine. Le bois est aussi, pour la céramique, l'incarnation de ce que la terre a réalisé, de ce que la céramique — en tant que terre qu'elle est, avant qu'elle ne se métamorphose — a réalisé. Réciproquement, la céramique est, pour le bois, à la fois le souvenir de la terre nourricière qui l'a constituée et à la fois l'image du fruit de son apport, le résultat de sa création engendrée par sa combustible désagrégation. Bois, céramique et savoir humain plusieurs fois millénaire fusionnent dans l’œuvre qui devient ainsi l’éloquent témoignage d’une incendiaire et existentielle coexistence originelle. Luc Archambault Peintre, sculpteur et céramiste, Saint-Étienne-de-Lauzon, Québec www.Luc-Archambault.qc.ca www.Luc-Archambault.qc.ca [email protected] Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 14 sur 16 Appropriation www.galeriedesmetiersdart.com du 18 février – 20 mars 2005 Luc Archambault, 2004 Vase citadelle, semi-porcelaine crue 33x18cm Luc Archambault, 2004 Vase citadelle, détail, fêlure et anse, semi-porcelaine crue 33x18cm Appropriation Ici il est question de faire sien ce que la terre veut bien faire et être… Quand il est question de travailler la terre, et contrairement à bien d'autres matériaux plastiques, toutes les formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans que la terre ne résiste, déchire ou s'affaisse. Et encore, si elle tient, c'est au séchage ou à la cuisson qu'elle se voilera, ou pire, craquera ou éclatera. S'approprier la terre consiste à négocier, un à un avec elle, les termes du contrat qui pourra nous permettre de réaliser une œuvre acceptée par elle. S'approprier la terre c'est peut-être aussi, tolérer, endosser, ce qu'elle n'accepte pas. Accepter, s'approprier l'accident. Intervenir, colmater et sculpter la brèche, puis cuire le tesson tout de même et le porter en son achèvement céramistique. Ce qui est proposé ici, ce sont des œuvres céramiques qui rendent compte de ce qu'il survient quand le céramiste s'approprie la terre en toutes ses ruptures, même les plus sévères : la fêlure, la fente. Ici, les fractures sont harnachées, solidifiées, par l'apposition d'anses. L'intégrité, la solidité du vase pourra grâce à cette appropriation être préservée, voire rehaussée. D'autres œuvres reflèteront en différents états et modes, l'esprit de cette piste de recherche. www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 15 sur 16 Appropriation La terre Outre le miracle fascinant de la métamorphose par le feu il y a d’abord, quand il est question de céramique, le contact avec la terre, en tant que matière. Le corps humain en ses mains irradiées, est illuminé par le palpable rayonnement tellurique et bienfaisant de la terre, et ce, en toutes ses différentes et particulières humidités. De la consistance crémeuse de la barbotine qui favorise et permet le moulage ou les assemblages, à celle du pain de terre mou ou ferme, que l’on pétri, — en cercle ou en spirale, pour le tourner, modeler ou sculpter — jusqu’à la texture lisse et ferme du cuir avant que la terre ne sèche complètement et que toute l’eau qu’elle contient ne la quitte définitivement. En passant par la pâte tendre, lubrifiée par un grand apport d’eau, qui glisse sous l’impulsion de la paume ou entre les doigts placés en pince et qui, sous la poussée gravitationnelle centrifuge du tour, calibrent la forme voulue ou espérée en de lents ou vigoureux mouvements ou d’imperceptibles oscillations. À chaque état particulier de la déshydratation de la terre — un rapide ou lent échange d’eau entre la terre et l’air — correspond une étape cruciale de la matérialisation de l’objet et de sa forme. Il y des choses que l’on peut faire — que l’on ne peut que faire — à l’état mou, et d’autres, qu’il n’est possible de faire qu’à l’état cru et ferme. Tournasser, tirer une anse sur une théière ou un pichet par exemples exige que la forme soit suffisamment durcie pour supporter sans déformer l’attaque du tournassin ou l’apposition de l’anse mais suffisamment humide pour que l’adhérence soit sans faille ou le tournassage possible. Tant et tant de gestes à poser, de choses à savoir, à connaître, à reconnaître, à épier… au toucher, à la vue, à l’odeur, à l’écoute. Tant de subtils contrôles et de patientes maîtrises savamment dosés, d’incontournables laisser faire, d’attentives veilles ou de patientes attentes. C’est la patiente et lente appropriation de la terre, un processus auquel se confronte tout céramiste. C’est que la terre est malléable mais jusqu’à un certain point. Contrairement à bien d’autres matériaux plastiques, toutes les formes, les assemblages, ne sont pas tous réalisables, possibles, sans qu’elle ne résiste, déchire ou s’affaisse. Et encore, si elle tient, c’est au séchage ou à la cuisson qu’elle se voilera, ou pire, craquera ou éclatera. À force, on ne sait pas vraiment qui maîtrise qui. Le céramiste, avec tout son savoir, parviendrait en rusant, en poussant à l’extrême toutes les limites, en inventant ou mélangeant les techniques les plus fines, à faire ce qu’il veut avec la terre ? Ou n’est-ce pas plutôt la terre qui parvient à forcer le céramiste à ne faire d’elle que ce qu’elle veut bien qu’il fasse et rien d’autre qui ne soit céramistique ? Comme si ce jour là, la terre décidait de s’inventer une forme nouvelle et pas une autre, comme si le céramiste n’était qu’un instrument entre ses mains. L’accident Ici, le vase devait être déformé à l’état cru humide. Il devait être frappé pour ce faire jusqu’à l’obtention de la forme voulue, en l’occurrence triangulaire. Ici, il est question d’intégrer l’accident, la rupture, à l’œuvre finale, car le tesson étant déjà trop durci, la terre a cédée. Ici, Il est question de transmutation. Le vase utilitaire par l’accident invalidé, se métamorphose en œuvre sculpturale. Ici, le vase, un réceptacle, est ébréché. Il n’est dès lors plus seulement objet mais devient un espace et un lieu. Une fenêtre s’ouvre sur le lieu clos de l’enceinte du vase. Un vase citadelle qui s’ouvre sur son espace intérieur par une fracture-meurtrière1. L’appropriation Les anses parent à l’effondrement de l’enceinte, préviennent l’élargissement des fissures. Le tesson est traité comme s’il s’agissait déjà d’un vase brisé tel qu’on en trouve dans les sites archéologiques. Son destin de futur artéfact aux pièces manquantes est anticipé. La fêlure est harnachée, structurée, d’avance. En son résultat final de céramique, l’historique de l’artéfact est apparent, on ne tente pas de le restaurer à l’état neuf, les stigmates de la vie sont apparents, l’ouverture est béante, les fissures visibles, mais l’œuvre est en quelque sorte intacte, son intégrité a été sauvegardée et magnifiée. Luc Archambault 1 Meurtrière : Ouverture, fente verticale pratiquée dans un mur de fortification pour jeter des projectiles ou tirer sur les assaillants. www.Luc-Archambault.qc.ca Petit répertoire céramique 2007 01 16.doc Page 16 sur 16