Vous avez dit Bootleg ? L`approche de DJ zebra
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Vous avez dit Bootleg ? L`approche de DJ zebra
Vous avez dit Bootleg ? L’approche de DJ zebra Tags : dj zebra, bootleg, mash up, ouï fm, mix, rock, musique, art, numero 3 Par Hadrien Santos Dans Culture Le Samedi 26 mai 2007 à 15:30 Cet anglicisme vous dit sûrement quelque chose. Et si ce n’est pas le cas, vous en avez écouté malgré vous au détour d’une FM. Le bootleg (ou mash up) c’est ces sortes de duos virtuels réalisés sans le consentement des artistes originaux. Ca circule illégalement sur Internet ou sur des vinyles “White label” et c’est en train de devenir un phénomène en France comme aux Etats-Unis. DJ, producteur ou musicien, Zebra est surtout spécialiste du bootleg. Son émission sur Oüi Fm -le “Zebramix“- qui est diffusée de 20h à 21h connaît un intérêt grandissant chez les étudiants. Contrepoint a donc voulu en savoir plus sur ce DJ bien particulier qui joue aussi ses bootlegs sur scène avec de grand groupe français comme les Louise Attaque. Qu’est-ce qui différencie le Bootleg d’un simple mix ? DJ Zebra : Un bootleg a souvent l’apparence d’une chanson, qui peut s’écouter hors d’un mix. C’est un travail de producteur plus que de DJ, car il faut sampler, découper, coller et composer avec de la matière difficile à travailler : des chansons pop. Mieux vaut être musicien, ou avoir un bon sens des tonalités, tempo, harmonies, intensité, car on doit créer l’illusion que ce duo existe réellement. La plupart des bootleggers ne sont pas DJs, c’est une façon de travailler différente. Quels sont les morceaux ou types de musique les plus propices à être mixés ? DJ Zebra : Le hip hop, sans aucun doute. C’est à cause des nombreux aca pellas disponibles dans ce style, et aussi parce que c’est la musique la plus facile à utiliser pour un novice. Tu peux mettre du rap sur n’importe quelle musique, notamment ceux des Beastie Boys (qui ont toujours soutenu le mouvement en offrant leurs aca pellas sur leur site). Que penses tu de l’importance croissante d’Internet dans l’industrie de la musique ? DJ Zebra : C’est très bien pour la promotion et la création. On n’a plus besoin de l’industrie pour faire connaître son travail, et ça crée une émulation salutaire. Tout va plus vite, on peut avoir des retours et un public important grâce aux nombreux sites de découvertes. La preuve : je peux remplir des grandes salles et être tête d’affiche de festivals sans avoir sorti d’album, ni avoir d’articles dans la presse musicale. La consommation de musique a pris un chemin qui va d’Internet -> Concerts -> Disques. C’était l’inverse il y a encore 3 ou 4 ans. Steve Jobs (PDG d’Apple) parle de « libérer la musique », ça parle pour toi cette expression ? DJ Zebra : De plus en plus de gens stockent et écoutent la musique sur leurs Ipod et ordinateurs domestiques. Ils cherchent de la matière et passent de moins en moins par les radios et télé pour être au courant. Et c’est bien de pouvoir se refiler des mp3, ça aide beaucoup d’artistes talentueux et en marge du système industriel. C’est de cette façon que le Zebramix et les bootlegs sont devenus des phénomènes, avec plus de 70000 podcasts téléchargés chaque semaine, puis échangés. Est-ce que tu perçois le Bootleg comme une forme de militantisme ? DJ Zebra : Je suis moins attaché au militantisme pro-internet qu’à un véritable discours sur le droit moral dans l’art. La raison pour laquelle ça me plait vraiment de faire des bootlegs est de m’approprier les créations des autres pour en faire quelque chose de personnel. Je rejoins l’intention des artistes des mouvements Dada (Marcel Duchamp) et du Pop Art (Andy Warhol), par exemple. On devrait simplifier les démarches pour légaliser des créations utilisant des oeuvres ayant déjà eu leur propre vie. Mais je ne suis pas militant du “tout gratuit”. Les bootlegs le sont par défaut, car on n’a pas le choix si on veut se faire entendre . Espères-tu qu’un jour, comme le Bootleg, la musique n’aura plus à s’acheter ? DJ Zebra : Non. Produire de la musique a un coût, il n’y a pas que les artistes qui s’investissent pour que des enregistrements existent. S’il n’y avait pas eu de disques, produits par de bons musiciens dans de bons labels, il n’y aurait pas eu de bootlegs. Et si la musique devient gratuite, la culture pop s’effondrera. Je veux que les artistes que j’aime puissent continuer à enregistrer des disques, donc faisons en sorte qu’ils en vivent sans les obliger à tourner à tous prix. Les Beatles ont arrêté de faire des concerts 4 ans avant leur séparation, alors…