biographie 1

Transcription

biographie 1
Isao Takahata : son parcours
Enfance et études
Isao Takahata est né le 29 octobre 1935 à Ise dans la préfecture de Mie. Dernier des 7 enfants de la famille, le jeune
Isao est un garçon plutôt ordinaire ("j'ai eu une enfance somme toute banale, et j'ai noué avec mes frères et soeurs des
liens sereins et normaux"). Sa famille est contrainte à des déménagements fréquents et précipités du fait du travail
précaire de son père mais aussi à cause de la guerre pour fuir les bombardements.
En 1941, Takahata entre à l'école primaire d'Ôkayama. Pendant cette période et malgré la guerre, il en profite pour
aller au cinéma. Sa première découverte d'un film d'animation est Kumo to Tulip (L'araignée et la tulipe, 1943) de Kenzo
Masaoka. C'est le début d'une série de coups de foudres pour l'oeuvre de Masaoka qui deviendra un des cinéastes de
référence de Takahata pour construire sa carrière de réalisateur.
En 1945, Isao alors agé de 10 ans vit l'évènement le plus traumatisant de sa jeune vie : fuyant un raid aérien avec sa
soeur ainée, il perd de vue ses parents dans la foule et ne les retrouve que deux jours plus tard. Bien que Takahata
n'ait jamais réalisé des films autobiographiques, la fuite de Seita et Setsuko sous pluie de feu dans son film Le tombeau
des lucioles fait sans doute également écho à cet épisode dramatique.
En 1954 son diplôme obtenu à la sortie du lycée Asahi de Ôkayama, Takahata entre à l'université de Tokyo, dans le
département des Beaux Arts. C'est durant ces années à l'uiversité que Takahata se familiarise avec la culture et la
littérature française. Il prend conscience de toutes les possibilités visuelles et formelles de l'animation lorsqu'il découvre
sur grand écran le chef-d'oeuvre animé de Paul Grimault : La Bergère et le ramoneur (qui devient plus tard Le Roi et
l'oiseau). En avril 1956, il abandonne les Beaux Arts et entre au département de littérature française et c'est dans cette
spécialité qu'il sort diplômé de l'université en mars 1959.
Début de carrière la Toei
Takahata a pourtant déjà choisi depuis plusieurs mois d'opter pour une carrière complètement différente de ses études
: il veut devenir cinéaste d'animation. A peine un mois après sa sortie de l'université, il parvient à entrer au studio
d'animation de la Tôei, fondé en 1956, et qui a notamment pour but de réaliser des longs métrages pour le cinéma.
Au sein du studio, il débute comme assistant metteur en scène sur les premiers long-métrages et côtoie ainsi Yasuji
Mori (animateur pionnier qui a lancé au Japon le système de direction de l'animation) et le vétéran Yasuo Ôtsuka (un
des trois fondateurs de la Toei Animation). Il devient aussi ami avec Hayao Miyazaki à travers le syndicat des
animateurs du studio. Il en est alors le vice-président, le président (secrétaire général) étant Miyazaki lui-même.
Takahata fait ses débuts en tant que réalisateur dès 1963 sur des épisodes de la série télévisée Okami shônen no
Ken (Ken, l'enfant-loup). Faisant preuve d'un talent indéniable, il est choisi par Otsuka en 1965 pour mettre en scène
son premier long-métrage : Taiyô no ôji Hols no daibôken (Horus, Prince du soleil). Avec ce film, Takahata et son équipe
ont pour ambition de révolutionner l'animation japonaise. Ils optent pour un ton plus adulte que les oeuvres précédentes
de la Töei, avec comme but de s'adresser à toutes les générations, et non plus aux seuls enfants. A travers la création
du film, Takahata donne une véritable envergure au rôle de réalisateur, et innove dans la mise en scène en intégrant
des techniques cnématographiques propres aux films en prise de vue réels. Takahata laisse également une grande
liberté aux animateurs. Miyazaki travaille d'ailleurs comme animateur-clef et apporte de nombreuses idées dans la
conception scénique.
Le film-manifeste d'une groupe d'idéalistes de l'animation est malhaureusement un échec commercial avec des
conséquence funestes pour l'équipe : des vétérans du studio sont renvoyés, Otsuka perd la moitié de son salaire et
Takahata est rétrocédé au rang d'assistant réalisateur. Convaincu que les perspectives de carrière à la Toei animation
ne le mèneront nulle part, Takahata décide de quitter le studio deux ans (et deux séries TV) plus tard.
La période World Masterpiece Theatre
En 1971, Takahata quitte donc la Tôei Animation pour rejoindre le studio A Production. Il entraine avec lui deux
animateurs (Kotabe et Miyazaki) et retrouve Otsuka, arrivé plus tôt. Pour son premier poste, Takahata est presenti pour
réaliser la future série TV Nagakutsu shita no Pippi (Fifi brindacier) mais le projet n'aboutit pas.
La collaboration de Takahata avec Miyazaki se poursuit en 1972 et 1973 avec notamment les réalisations de la série
télévisée Lupin III(Edgard de la cambriole) et les moyens métrages Panda Kopanda et Panda Kopanda amefuri Circus
no maki (Panda petit panda).
En 1974, il est choisi pour diriger Alps no shôjo Heidi (Heidi). Cette série de 52 épisodes que Takahata réalisera
intégralement, avec l'appui de MIyazaki sur l'animation et la conception scénique, marque le début du cycle des séries
annuelles des "Oeuvres classiques du monde entier" qui consiste à adapter des romans célèbres de la littérature pour
enfants. Takahata réalise deux autres de ces séries annuelles pour le compte de la Nippon Animation: Haha o tazunete
sanzenri (Marco, 3000 lieues en quête de mère) en 1976 et Akage no Ann (Anne, la maison aux pignons verts) en
1979. Elles connaissent également un grand succès auprès des enfants comme des parents.
Takahata, accompagné de Miyazaki et Kotabe lors d'une voyage en Suisse pour préparer Heidi
Entre Heidi et Anne aux pignons verts, Takahata participe à de nombreux autres projets en tant que storyboarder,
metteur en scène ou scénariste, notamment sur la série Mirai shônen Conan (Conan le fils du futur), réalisé par son
ami Miyazaki.
Entre 1976 et 1981, tout en travaillant au sein des grands studios d'animation, il se consacre à la réalisation du longmétrage Cello hiki no Gôshu (Goshu, le violoncelliste), au studio de sous-traitance O Production. Le film non
commercial, hommage à l'oeuvre de l'écrivain Miyazawa, est récompensé par le prix Ofuji, la distinction annuelle de
référence pour l'animation au Japon.
Parallèlement, Takahata travaille avec Otsuka au sein du studio Telecom Animation Film sur un autre long-métrage
: Jarinko Chie (Kié la petite peste), qui sortira en avril 1981 et sera ensuite décliné en série télévisée, qu'il réalisera
également.
En 1982, il intègre la préproduction du long-métrage Little Nemo, une co-production nippo-américaine. Mais comme
Miyazaki et Kondô, il abandonne assez vite le projet et le poste de réalisateur qui lui est confié.
Les réalisations au sein du studio Ghibli
Quand Tokuma propose à Miyazaki de réaliser la version animée de son manga Nausicaä de la vallée du vent, celui-ci
émet une condition : Takahata doit en être le producteur. C'est la première fois que Takahata produit un long-métrage
mais il fait un travail formidable qu'il réitère avec la production de Laputa, le chateau dans le ciel. En 1987, il est à son
tour produit par Miyazaki pour son documentaire en prise de vue réelle Histoire du canal de Yanagawa.
Entre temps, Takahata fonde en 1985 le studio Ghibli avec Miyazaki. Cependant, si Takahata a été un des membres
fondateurs du studio, il n’a jamais voulu se considérer comme un membre à part entière de ce dernier, préférant être
un « consultant » et garder ainsi son indépendance. Suzuki raconte ainsi que le jour de la signature de l’acte de
fondation, Takahata avait même oublié son sceau et n’a cessé de dire à Miyazaki qu’il ne fallait pas ainsi s’aliéner à un
studio.
Son premier long-métrage au sein du studio Ghibli est Hotaru no haka (Le Tombeau des Lucioles) en 1988. Il est suivi
de Omoide Poroporo(Souvenirs goutte à goutte) en 1991 et de Pompoko en 1994, qui remportent tous deux un grand
succès. En 1999, il fait un pari osé, aussi bien dans la forme que dans la teneur, en réalisant Tonari no Yamada-
kun (Mes voisins les Yamada). le succès commercial est mitigé, le film peinant à rentrer dans ses frais, contrairement
à ceux de Miyazaki à la même période.
Selon les rumeurs, Isao Takahata a quitté la structure du studio Ghibli après la réalisation de Mes voisins les Yamada,
même s'il en était toujours salarié. En effet, on a su peu de choses sur les activités de Takahata depuis 2000. Toujours
curieux des productions étrangères, il est à l'origine de la distribution des films d'animation français Kirikou et Les
triplettes de Belleville. On sait également que, depuis longtemps, Takahata se passionne pour l'emaki, rouleau composé
de peintures et de calligraphies se lisant en largeur de droite à gauche. Ce genre artistique, apparu au XIIème siècle,
est le premier exemple d'association de la lettre et de l'image et il marquera profondément par la suite la peinture
japonaise. Le réalisateur a rédigé un ouvrage sur le sujet et a donné de nombreuses conférences . Il a également
participé en 2003 à une oeuvre animée collective intitulée Jours d'hiver, aux côtés d'autres grands noms de l'animation,
comme Youri Norstein.
En 2006, dans une interview donnée à Buta Connection, il confirme qu'il a commencé à travailler sur un nouveau longmétrage au sein du studio Ghibli. Mais des problèmes de santé ont mis un frein à ce projet extrèmement ambitieux et
ce n'est qu'en 2012 que la production ne reprend véritablement. Kaguya Hime no monogatari (Le conte de la Princesse
Kaguya) finit par sortir au Japon en novembre 2013, plus de 14 ans après le précédent long-métrage du réalisateur.
Même si le film n'a pas le succès escompté au box-office, Takahata a avoué être extrèmement fier de ce qui est
probablement son ultime long métrage et qu'il considère comme un véritable aboutissement artistique.
Takahata fête son 77ème anniversaire avec l'achèvement de son dernier long-métrage

Documents pareils