A. Tannous, Qlles st les attentes ds cteurs occd
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A. Tannous, Qlles st les attentes ds cteurs occd
1 Quelles sont les attentes des consommateurs occidentaux des pratiques de gestion de la relation client et de la valeur de l’offre des distributeurs ? Antoine Tannous – Chargé d’enseignement à la FGM 1. Introduction Rares sont les ouvrages de marketing relationnel qui mettent l’accent sur la manière dont les consommateurs peuvent eux-mêmes percevoir les offres, les actions conduites par les entreprises (distributeurs) et les marques en matières de gestion de la relation client. Pourtant, ces perceptions sont déterminantes. Si la prise en compte de la perception du client est absente de la démarche de marketing relationnel de l’entreprise, celle-ci prend des risques importants. En effet, elle peut obtenir des résultats exactement inverses à ceux qu’elle recherche dans l’établissement de cette relation avec ces clients. Ainsi, nous jugeons utile de répondre à la question suivante : Quelles sont les attentes des consommateurs occidentaux des pratiques de gestion de la relation client et de la valeur de l’offre des distributeurs ? La recherche en question analyse près de soixante quinze articles de recherche et livres, pour montrer sans ambiguïté, que cette approche comporte des risques, surtout si elle n’est pas soutenue par une réelle connaissance des attitudes du client vis-à-vis de la relation « business to customer » et vis-à-vis de la stratégie retenue par l’entreprise. Ainsi, pour ces raisons nous avons jugé utile et incontournable de procéder à une recherche théorique sur : La réaction des consommateurs face aux pratiques de marketing relationnel. L’exemple de la typologie des consommateurs occidentaux analystes de la valeur. Les attentes des consommateurs de la part des offreurs au niveau de la valeur. Le système des valeurs des consommateurs occidentaux. Les attentes des consommateurs occidentaux. Les conséquences des attentes des consommateurs occidentaux sur l’offre de la distribution. La recherche qui suit explique qu’il est important que les consommateurs ne se trouvent pas face à des pratiques de marketing relationnel qu’ils percevraient comme des pratiques « cosmétiques », mais plutôt des actions de fond. 2 2. Les attentes des consommateurs dépendent de leurs profils face aux pratiques du marketing relationnel. Boulaire1 débouche sur trois grands types de clients en fonction de leur expérience de réception d’une carte d’anniversaire d’une ou plusieurs entreprises. En premier lieu, les clients « relationnels » affichent une attitude positive généralisée à l’égard de la carte d’anniversaire envoyée par une entreprise pour souligner l’anniversaire de ses clients. Pour eux, c’est une expérience positive de réception d’une telle carte qu’ils relatent. En deuxième lieu, les clients « transactionnels » affichent une attitude négative généralisée à l’égard de la carte d’anniversaire envoyée par une entreprise. Leur expérience de réception d’une telle carte va d’insignifiante à négative. Quant à la troisième catégorie, que Boulaire appelle les clients « relationnels conditionnels », ils affichent une attitude non généralisée à l’égard de la carte d’anniversaire envoyée par une entreprise. Leur attitude est dépendante de la nature de la relation qu’ils entretiennent avec l’entreprise concernée. Ils relatent donc parfois une expérience positive de réception d’une telle carte et, à d’autres moments, une expérience négative. Selon l’entreprise qui envoie la carte, le discours des « relationnels conditionnels » sera proche de celui des clients relationnels ou des clients transactionnels. Le comportement des clients « transactionnels » d’une part, et des clients « relationnels conditionnels » d’autre part, indique qu’un lien de proximité n’est pas toujours souhaité par le client. Ainsi, avant d’opter pour une forme spécifique d’action marketing comme l’envoi d’une carte d’anniversaire, il est préférable de s’assurer de ce que le client ciblé apprécie ou non. Force est de constater qu’ils sont loin de tout apprécier des pratiques qui s’apparentent selon eux à du « hard marketing » alors qu’ils ne sont prêts à accepter que des méthodes de type « soft marketing ». En fait, ces clients qui effectuent une nette séparation entre la sphère privée et la sphère marchande, considèrent généralement que le comportement de l’entreprise qui leur adresse une carte d’anniversaire est déplacé, voire malhonnête. Les consommateurs vont parfois même chercher à distinguer l’authentique du faux-semblant. Boulaire va d’ailleurs encore plus loin en indiquant que: « Il émerge de leur discours un appel à plus d’honnêteté, de transparence, de respect et de considération du client par les compagnies. Au-delà du cadre spécifique de l’envoi d’une carte d’anniversaire, les résultats de notre étude soulignent l’importance pour les compagnies de se soucier de savoir si elles ne font pas un usage abusif et contraire à l’éthique de l’information qu’elles détiennent comme la date d’anniversaire de leurs clients ». Finalement, on peut en conclure que les consommateurs ne sont pas du tout naïfs à l’égard des pratiques marketing puisqu’ils les regardent parfois en connaissance de cause, mais avec suspicion. On peut alors, avec certains auteurs comme Gundlach 1 Boulaire (2003) – Marketing relationnel : la carte d’anniversaire revisitée, recherche et applications en marketing, volume 18, n°1 de la page 43 à la page 63. 3 et Murphy2, se demander si les entreprises qui décident de recourir à des approches marketing de type relationnel ne devraient pas ipso facto adopter des règles de conduite non seulement irréprochables mais, encore, avoir des pratiques marketing fortement imprégnées de préoccupations éthiques. De toute évidence, initier un marketing relationnel en entrant dans l’intimité du client est très risqué pour l’entreprise puisqu’elle n’est pas du tout certaine d’atteindre ses objectifs. Si les consommateurs continuent de vivre au quotidien de nombreuses frustrations dans leurs diverses interactions avec les entreprises, et ceci malgré le recours par ces dernières au marketing relationnel comme l’indiquent Founier 3 et Alii4, il est alors important que ces mêmes consommateurs ne se trouvent pas face à des pratiques de marketing relationnel qu’ils percevraient comme des pratiques « cosmétiques » plutôt que des actions de fond. En effet, leur réaction n’en serait que d’autant plus négative par rapport à de telles pratiques. De ces faits, nous déduisons important de vérifier l’hypothèse suivante : Déterminer ce que les entreprises (par secteur d’activité et par pays) devraient intégrer comme paramètres de satisfaction attendus par les consommateurs cibles, c'est-à-dire identifier la typologie de ces consommateurs s’ils sont plutôt, relationnels, hédonistes, recherchant les bonnes affaires, la rapidité des transactions ou autre… 3. L’exemple de la typologie des consommateurs occidentaux analystes de la valeur et revendiquant tout pour rien. Depuis le milieu des années 1960, on relèvera avec Rochefort 5 et Hetzel6 que le comportement des consommateurs s’est modifié, diversifié, voire complexifié. Pour Hetzel, ces modifications dans les comportements des consommateurs occidentaux seraient d’ailleurs une des principales causes des « problèmes contemporains du management, notamment en matière de gestion de l’innovation ». Cherchant de plus en plus à signaler sa singularité (Agamben 1990), le consommateur occidental semble s’individualiser aux deux sens du terme (Dauzat, Dubois, Mitterand 1971) : en manifestant des comportements plus particuliers que collectifs (Fabris 1990)7 et en se comportant en être indivisible, revendiquant, dans un total éclectisme, des comportements à la fois raisonnés et affectifs, voire ludiques 2 Gundlach, Murphy (1993) – Ethical and legal foundations of relational marketing exchanges, Journal of marketing, volume 57, octobre, from page 35 to 46. 3 Fournier, Dobscha, Mick (1998) – Preventing the premature death of relationship marketing, Harvard business review, janvier – février from page 42 to 51. 4 Alii et Mathwick (1999) – Experiential value : Conceptualization, Measurement and Application in the catalog and Internet shopping environment, Journal of Retailing, from page 39 to 56. 5 Rochefort R, (1995) – ‘’La société des consommateurs’’. Editions Odile Jacob, Paris. 6 Hetzel P, (1996) – ‘’Les entreprises face aux nouvelles formes de consommation’’. Revue Française de Gestion. N° 110. FNEGE. page 70 (septembre – octobre). 7 Fabris G, (1990) – ‘’Consumer Studies : New Perspective’’. Marketing and Research Today. From page 67 to 73. June. 4 (Hetzel 1996, Mermet 1997, Pras 1999) 8. C’est cette sophistication des critères d’achat que révèle Filser9 en signalant que les courants actuels de la recherche en marketing mettent en évidence l’importance de la transformation du statut de l’acheteur : le consommateur (consumer) étant de plus en plus traité comme un « magasineur » (shopper). La conséquence de ce phénomène semble être le déplacement de l’objet d’analyse du marketing de la consommation vers l’acte d’achat en magasin, révélant en cela des comportements de la part des consommateurs d’un opportunisme inédit. Le consommateur occidental chercherait donc à exprimer sa singularité de plus en plus vindicative (Agamben 1990), voire anti-institutionnelle (Dubet 2002, Renaut 2004)10, y compris à l’égard des distributeurs (Badot et Cova 2003) 11 en pratiquant une sorte d’analyse de la valeur de l’offre et en réclamant de la part des offreurs le « tout pour rien ». 3.1. Les consommateurs pratiquent une sorte d’analyse de la valeur de l’offre. Pour Leclerc12, « les consommateurs s’aperçoivent que les industriels accélèrent artificiellement le degré d’obsolescence des appareils électroménagers, des voitures, des appareils photos et même des vêtements ». Selon lui, les consommateurs occidentaux ressentent, face à ce phénomène, un sentiment de gaspillage, de fausse innovation, de « gadgétisation » qui se manifeste par la « contestation d’une politique industrielle qui secrète des besoins factices et génère des surcoûts écologiques et collectifs désastreux autant qu’inutiles ». Le consommateur tendrait à revenir « à l’essentiel », aux valeurs classiques et aux produits basiques en délaissant ceux « dont les valeurs marchandes excèdent les valeurs d’usage, ceux dont les arguments publicitaires, les emballages cautionnent des prix élevés sans réelle valeur ajoutée (Leclerc 1994)13 ». D’autant que, comme l’énonce Loisel14, « le choc de la désinflation n’est évidement pas pour rien dans cette transformation du consommateur depuis quinze ans. Pas seulement parce qu’elle rogne ses revenus et les rend plus incertains mais aussi, parce qu’elle lui ouvre les yeux. Quand tous les prix montaient, il était difficile de distinguer ceux qui grimpaient plus vite que les autres. Désormais, avec des étiquettes qui changent moins rapidement, et qui parfois même affichent des baisses, l’acheteur remarque davantage les variations ». 8 Pras B, (1999) – ‘’Introduction’’, in Pras, B, ‘’Faire de la recherche en marketing ?’’, Coll. FNEGE, Vuibert, Paris. De la page 1 à la page 12. 9 Filser M, (2000) – ‘’Les théories du canal de distribution : le dualisme des paradigmes’’. In Fabbe-Costes N, Colin J et Paché G. Faire de la recherche en logistique et distribution ?. Collection FNEGE, Vuibert, Paris. De la page 55 à la page 89. 10 Dubet F, (2002) – ‘’Le déclin des institutions’’. Collection l’épreuve des faits, Paris. Editions du seuil. Renaut A, (2004) – ‘’La fin de l’autorité’’. Edition Flammarion, Paris. 11 Badot O et Cova B, (2003) – ‘’Néo-marketing, 10 ans après : pour une théorie critique de la consommation et du marketing réenchantés’’. Revue Française du Marketing. De la page 79 à la page 94. Novembre. 12 13 Leclerc ME, (1994) – ‘’La fronde des caddies’’. Editions Plon, Paris. de la page 25 à la page 26. Leclerc ME, (1994) – ‘’La fronde des caddies’’. Editions Plon, Paris. page 26. 14 Loisel, (1993) – ‘’Le délit d’inflation’’. Collection Optiques Economie, Hatier, Paris. page 59. 5 Le consommateur de demain, en s’aidant de toutes les sources d’information possibles dont Internet, mais pas seulement (Badot et Navarre 2002) 15, mènerait donc de véritables « analyses de la valeur » de ses besoins et des produits offerts sur le marché par analogie à l’analyse de la valeur pratiquée par les entreprises au sens de Delafollie16, en tant que « méthode de conception de produit qui permet d’élaborer ou de rechercher un produit ou un service conforme à ce que le client en attend (qualité optimale) tout en réduisant au strict nécessaire les ressources employées (coût minimal) ». Certains analystes vont même jusqu’à placer le problème de la détermination de la valeur des biens au centre de l’histoire de la pensée économique, en signalant que « La notion de la valeur apparaît de façon récurrente dans les discours économiques et gestionnaires, sans exclure ceux des philosophes et des sociologues, pour ce qui est de l’individu et de ses valeurs (Brechet et Desreumaux, 1998)17 ». 3.2. Les attentes des consommateurs de la part des offreurs au niveau de la valeur. Le consommateur libéré « qui a pris conscience de son pouvoir sur les marques aussi bien que sur les enseignes » comme le signale Mermet : « faire valoir ses appréciations et ses critères de valeur au travers de son comportement d’achat ». Comme le résumaient Léotard et Scemana 18, « Ils veulent tout, Elisabeth et Alain : payer leur jus d’orange 3,85 F et se faire livrer gratuitement, partir pour les Antilles au prix d’un week-end en Normandie, s’habiller chez Tati mais avoir l’air de sortir d’un défilé de Christian Dior ». Ainsi, dans la lignée de la typologie de la valeur de Holbrook19, peut-on constater la revendication du consommateur de « tout pour rien20 », c'est-à-dire : Des prix de plus en plus bas, au demeurant accompagnés de nombreuses compensations (« produits-girafes » avec X % de produit offert, petits cadeaux pour les enfants, coupons, etc.) et de plus en plus de services additionnels, si possible gratuits (allant du remplissage du coffre de la voiture à la garde des 15 Badot O et Navarre C, (2002) – ‘’L’achat de véhicules automobiles sur Internet : un exemple d’articulation multi-canaux expérientielle’’. 7ème Journée de recherche en marketing de Bourgogne, organisée par le CREGO et l’IAE de Dijon, Dijon (13 novembre). 16 Delafollie, (1991) – ‘’Analyse de la valeur’’. Collection Hachette Technique. Hachette, Paris. page 5. 17 Brechet JP et Desreumaux A, (1998) – ‘’Quand les disciplines du management d’interrogent sur la valeur’’. Le monde des initiatives du 29 avril. 18 Léotard et Scemana, (1996) – ‘’Vivre mieux en dépensant moins’’. L’espress du 11 avril. page 64. Holbrook MB, (1999) – ‘’Introduction to consumer value’’. A framework for analysis and research. Collection Routledge Interpretative Marketing Research, Routledge, London and NewYork. From page 1 to page 28. 20 Badot O, (1996) – ‘’ L’avenir du petit commerce français face à un consommateur à la recherche obsessionnelle de la qualité, de la diversité, du prix bas et du lien social ?’’. Direction et Gestion. N°158. De la page 25 à la page 30. 19 6 enfants à domicile pendant les courses (Badot et Cova 1995 21) et, en outre, personnalisés (Boisdevésy 1996, Peppers D et Rogers M 1998)22 ; Des « juste-produits » à haut niveau de qualité perçue et aux multiples garanties, produits qui se contentent de la « juste interface utilisateur », sans coûts inutiles et qui semblent plus être le fruit du respect des plus infimes besoins du consommateur que de l’égocentrisme du producteur (Nussbaum B et Neff R, 1991)23 ; Des éléments de nostalgie qui doivent rappeler le « bon vieux temps (Havlena WJ et Holak SL 1991, Holak SL et Havlena WJ 1992, Divard R et RobertDemontrond P 1997)24 », d’avant les crises, même si cette nostalgie est plurielle et composite, une sorte de « supermarché des styles » à la Polhemus (Polhemus T, 1994)25, même si elle n’est que la manifestation d’une « fausse authenticité (Warnier JP, 1994 et 1996)26 » ; Toujours plus de choix, mais facilité par des notices et du balisage très simples à lire, avec des dessins très explicites (par exemple les panneaux sur l’origine des produits installés dans les magasins Carrefour), par des vendeurs à l’écoute sachant subtilement décrypter les besoins du consommateur dans le magasin, sans l’indisposer par une approche clientéliste, agressive ou trompeuse, par des « univers » dans les magasins, sortes de mises en situation remplaçant les rayons et cherchant à inspirer l’acheteur, à réenchanter l’acte d’achat27. Ce besoin d’hyperchoix souligné dès les années 1970 par le professeur Sylvain Wickham28, contraint les entreprises à l’innovation permanente, en termes de concepts (produits, merchandising, « store-design »), de flux et d’organisation29. Comme l’énonçait le slogan publicitaire de la Renault Mégane « Soyez raisonnable, faites-vous plaisir » et comme l’explicite Hetzel30, de plus en plus, la raison et la passion, le rationnel et l’irrationnel, la logique et l’émotion, sembles coexister dans la 21 Badot O et Cova B, (1995) – ‘’Communauté et consommation : Prospective pour un « marketing tribal »’’. Revue Française du Marketing. ADETEM, n°151. de la page 5 à la page 17. 22 Peppers D et Rogers M, (1998) – ‘’Le one to one : valorisez votre capital-client’’. Les éditions d’organisation, Paris. 23 Nussbaum B et Neff R, (1991) – ‘’I can’t work this thing !’’. Business Week, du 29 avril. de la page 36 à la page 41. 24 Divard R et Robert-Demontrond P, (1997) – ‘’La nostalgie : un thème récent dans la recherche marketing’’. Recherche et application en marketing. Volume 12. N°4 / 97. de la page 41 à la page 62. 25 Polhemus T, (1994) – ‘’Streetstyle’’. Thames and Hudson, London. 26 Warnier JP, (1996) – ‘’Les processus et procédures d’authentification de la culture matérielle’’. In Warnier JP et Rosselin C. Authentifier la marchandise. Anthropologie critique de la quête d’authenticité. Collection dossiers sciences humaines et sociales. L’Harmattan, Paris. 27 Fuat-Fira At / Venkatesh A, (1995) – ‘’Liberatory postmodernism and the reenchantment of consumption’’. Journal of consumer research. Volum 22 of december. 28 Wickham S, (1976) – ‘’Vers une société des consommateurs : du marketing au consumérisme’’. Collection SUP/L’Economiste, PUF, Paris. 29 Dupuis, (1998) – ‘’L’innovation dans la distribution, son implication dans les relations industrie-commerce’’. Décisions Marketing, n°15. de la page 29 à la page 41 du septembre – décembre. 30 Hetzel P, (1996) – ‘’Les entreprises face aux nouvelles formes de consommation’’. Revue Française de Gestion. N° 110. FNEGE. page 72. 7 consommation. Pour Eco31, cette sorte de mariage des principes de plaisir et de nécessité tend à combler ‘’l’horror vacui’’ provoquée par la perte des modèles de référence32. Pour Hetzel33, s’inspirant de Maffesoli34, on est confronté à des individusconsommateurs dans un processus de « quête identitaire », d’affirmation de soi, notamment à travers la consommation et les objets et acteurs qui en composent le champ. 3.3. Les consommateurs sont prêts à adhérer à un système de valeur Dans un magasin qui vend des produits de prestige où les vendeurs sont payés avec un fixe mais aussi une commission en fonction des ventes réalisées, les clients avaient souvent l’impression de revenir chez eux avec de bons produits mais sans doute en quantités supérieures à ce qu’ils auraient voulu. Evidemment, ne pouvant perdre la face en public, ils n’en disaient rien, mais étaient porteurs d’une insatisfaction. Les consommateurs qui, comme nous venons de voir, ne sont pas du tout naïfs à l’égard des pratiques marketing, ne demandent pourtant pas mieux que d’être fidèles à une enseigne ou à une marque, encore faut-il que celle-ci en vaille la peine et montre sa réelle sincérité dans la démarche entreprise : le consommateur doit avoir confiance (Gurviez 1998)35. Ainsi, les consommateurs peuvent être fidèles à une entreprise, à ses valeurs et à ce qu’elle représente dès lors que le système idéologique qui lui est proposé puisse correspondre à ses aspirations. De toute évidence, un marketing relationnel authentique doit être basé sur un nouveau rapport au marchant (Cova et Rémy, 2001)36. Les clients comprennent que les entreprises aient des impératifs économiques. Toutefois ils supportent assez mal que la logique marchande cherche à se travestir derrière les oripeaux d’une soidisant composante relationnelle alors que le seul but escompté est la maximisation du profit. Ils ont alors franchement l’impression de se faire avoir et leur réaction ne peut qu’être négative. Mais, au contraire, chaque fois que le client pourra réellement s’apercevoir que la démarche relationnelle entreprise est sincère, véritable et qu’elle repose sur un rapport équilibré entre les parties, alors sa réaction est généralement favorable. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le succès que remporta et continue de remporter encore aujourd’hui une de glace comme Ben & Jerry’s. Dès le départ, quatre idées force marquent leur politique générale : développer des produits originaux que les clients ne trouveront pas chez d’autres glaciers ; ne pas avoir pour considération exclusive le profit ; 31 Eco U, (1985) – ‘’La guerre du faux’’. Grasset et Fasquelle, Paris. page 27. Drucker P, (1989) – ‘’The new realities : in government and politics, in economics and business, in society and worldview. Harpper and Row, NewYork. 32 33 Hetzel P, (1996) – ‘’Les entreprises face aux nouvelles formes de consommation’’. Revue Française de Gestion. N° 110. FNEGE. page 71. 34 Maffesoli M, (1990) – ‘’Au creux des apparences. Edition Plon, Paris. ,,,,,,de la page 105 à la page 150. 35 Gurviez, (1998) – Le rôle central de la confiance dans la relation consommateur-marque, Thèse pour le doctorat es sciences de gestion, Université d’Aix-Marseille III. 36 Cova et Rémy, (2001) – Comment et où classer la valeur de lien en marketing ?, Actes du 17ème colloque de l’AFM, CD-ROM, Deauville. 8 être une entreprise socialement responsable ; conduire des actions « charitables ». En fait, le succès de l’entreprise tient au moins autant à ses engagements militants et éthiques qu’à son réel savoir-faire, en particulier sa capacité à inclure de morceaux de fruits frais et de brownies dans une crème glacée onctueuse. Les ventes de certains produits permettent des actions visant à obtenir la réduction de l’effet de serre, protéger la forêt amazonienne… L’entreprise collabore régulièrement à des opérations de réinsertion sociale de jeunes originaires de quartiers défavorisés. Par ailleurs, les clients sont fortement impliqués pour donner leur avis : ils peuvent émettre des suggestions sur le produits, les décisions de l’entreprise…Des représentants des consommateurs siègent même au conseil d’administration. C’est ainsi que sur l’idée d’une cliente a été lancée une glace au « parfum de la paix » ou encore la glace « Cherry Garcia » en hommage à Jerry Garcia, leader décédé d’un groupe de rock cher à la Woodstock Génération. De toute évidence, le relationnel chez Ben & Jerry’s n’est pas quelque chose de superficiel mais une démarche très profonde qui prend ses racines dans une conception très éthique de la relation entre une entreprise et ses clients. De toute évidence, nous ne sommes qu’au début de cette tendance. Si nous pensons qu’elle va fortement se développer dans le futur c’est parce qu’elle est porteuse d’un engagement du consommateur. Cela lui permet d’allier consommation et action, indiquant par là que le consommateur cherche à être un acteur et, surtout, qu’il peut s’impliquer davantage dans certains achats. C’est alors une forme de réenchantement du quotidien par la création d’un sens nouveau (Heilbrunn 1995) 37. En somme, la gestion de la relation client n’est pertinente que si le client arrive à la percevoir comme signifiante, empreinte de sincérité et que l’entreprise lui permet d’y exister. 3.4. Les conséquences du comportement des consommateurs occidentaux, analystes de la valeur et revendiquant tout pour rien. Il ressort de l’analyse précédemment décrite que le consommateur devrait être de moins en moins exclusif en matière de canaux de distribution, pour trois raisons : 1. du fait de sa propension à opérer de constantes « analyses de la valeur » de ses actes de consommation, qui le conduiront à optimiser le recours aux différentes formules de distribution ; 2. du fait du développement des influences situationnelles, des rencontres du consommateur au cours de ses déplacements, de son lieu de résidence à ses 37 Heilbrunn, (1995) – My brand the Hero ? A semiotic analysis of the consumer-brand relationship, Actes du colloque de l’EMAC, Essec, Cergy-Pontoise, from page 451 to 470. 9 lieux d’achat, qui deviennent des paramètres non exclusifs de son comportement d’achat et de consommation 38 ; 3. du fait de la variété des pratiques spatiales de la population (mégapoles, villes moyennes, banlieues, milieux ruraux, etc.) qui nécessitera une pluralité dans les modes d’écoulement des produits (commerce de proximité, centres commerciaux périphériques, ainsi que commerce électronique et commerce non sédentaire). C’est ce qu’énonçait Mermet39 filant la métaphore du « zapping » pour signifier les pratiques du « consommateur-assembleur » : « Le zapping est une attitude qui déborde largement l’usage de la télécommande pour changer de chaîne. Elle s’est répandue chez les consommateurs qui sont moins attachés aux types de produits, aux marques, aux enseignes de magasins ou même aux types de distribution. Les français hésitent moins à acheter dans les grandes surfaces qui étaient autrefois l’apanage des magasins spécialisés : vêtements, chaussures, produits de beauté, produits alimentaires haut de gammes. Ils fréquentent aujourd’hui en moyenne 3,3 grandes surfaces alimentaires, contre 2,7 en 1987. Sur 15,50 Euros dépensés par un ménage dans une zone de chalandise, 7 Euros le sont dans un premier magasin, 4,5 Euros dans un second, 3,5 Euros dans un troisième et 0,5 Euro dans un quatrième. Seuls 4 à 10% des ménages font leurs achats exclusivement dans un magasin, selon l’enseigne considérée… ». Le caractère assembleur et butineur40 du consommateur de demain devrait avoir comme conséquence de renforcer la mixité des formules de distribution comme éléments de l’achat composite et de spécialiser chacune d’entre elles 41. Ainsi coexisteraient comme éléments du bouquet de formules disponibles dans le nouvel espace de la distribution : une grande distribution qui devrait continuer à accroître ses parts de marché dans de nombreux secteurs (notamment dans « l’achat –plaisir ») grâce, d’une part, à ses nombreuses stratégies de réenchantement, (stands de démonstration, espaces de test, d’essai, lieux de rencontre et d’échange entre clients et professionnels42, espaces dédiés aux services clientèle permettant 38 Dubois B, (1996) – ‘’Marketing situationnel pour consommateurs caméléons’’. Revue Française de Gestion. N°110. FNEGE. De la page 83 à la page 89. Du mois de septembre / octobre. Lemoine JF, (1996) – ‘’L’influence des situations d’achat et de consommation d’un produit sur les sources d’information externes utilisées par les consommateurs’’. Actes des 13e journées nationales des IAE. Toulouse. De la page 219 à la page 229. 39 Mermet G, (1996) – ‘’Francoscopie. Comment vivent les Français’’. Larousse-Bordas, Paris. page 333. 40 Lombart C, (2004) – ‘’Les conséquences indirectes du comportement de butinage pour les distributeurs’’. Actes de colloque étienne thil, La Rochelle de septembre. 41 Colla E, (1998) – ‘’Europe : les tendances à la spécialisation se confirment’’. Le Bulletin de distribution internationale. Négocia, Paris. Page 2 du janvier / février. 42 Exemple : Tesco, au Royaume-Uni, à décidé d’implanter, dans ses grandes surfaces, des coins-cuisines afin que les clients puissent tester et goûter les produtis, voire les cuisiner eux-mêmes. De même, certaines grandes surfaces de bricolage, comme Leroy Merlin ou Home Depot, installent des ateliers (de construction de maisons d’oiseaux par des enfants) ou prévoient des espaces permettant aux client d’essayer des outils ou de découvrir des procédés, avec l’aide moniteurs, d’artisans, de fournisseurs ou d’autres clients. Les librairess comme Barnes & Noble ou Chapters qui ont structuré leur espace de vente en salons où les visiteurs et ou clients peuvent 10 tant la recherche et le partage d’expériences que le déploiement de liens sociaux43), et grâce, d’autre part, à sa capacité à garantir des prix décroissants et une qualité / traçabilité croissante, par l’intégration du réseau comme d’une partie du canal ; Un commerce de centre-ville « thématisé » et qualitatif, concentré principalement sur des produits culturels, artisanaux, de mode ou touristiques et organisé, si possible, en réseaux associés comme la franchise, le partenariat, la commission-affiliation ou sous des formes inédites d’associations commerciales locales ou régionales comme le centre ville de Beyrouth, de Denver, d’Ottawa, du Santa Fe, etc. Les magasins populaires se raréfiant, ne subsistant que dans les villes disposant d’un volume de clientèle suffisant et d’une clientèle moins intéressée par la fréquentation des grands centres commerciaux périphériques et positionnés, quoi que de façon plus qualitative, sur le modèle nord-américain du « convenience store ». Le commerce électronique qui répondrait à des besoins de nature opposée, en couvrant ceux de première nécessité et ceux d’accomplissement, notamment par l’achat de produits rares, à caractère « communautaire44 » ou d’origine lointaine. Ainsi, le commerce électronique ne devrait pas remplacer les formules de distribution antérieures comme le pensaient les utopistes de la nouvelle économie, mais donner lieu à des articulation du type « click and mortar », soit comme canal de distribution complémentaire aux magasins, soit par des contributions plus marketing : créer du trafic en magasin, renforcer le territoire d’enseigne, fidéliser la clientèle45, etc. Des hard-discounters alimentaires et spécialisés qui, non seulement conserveraient leur clientèle originelle, mais qui pourraient accroître leur activité en gagnant de nouveaux segments et des parts de marché sur les hypermarchés, et en devenant, dans certains cas, le nouveau commerce de proximité, remplaçant en cela deux formules en déclin : le commerce indépendant alimentaire isolé et les magasins populaires. Benoun et Héliès-Hassid46 s’interrogent sur la possibilité d’émergence d’une nouvelle carte de la distribution. Quoi qu’il en soit, sur la longue période, on constate que le besoin démultiplié de signes et de produits permettant au consommateur d’étancher gratuitement lire, confortablement installés dans de moelleux fauteuils de cuir, toute la presse ou les livres qu’ils désirent tout en dégustant un café ou un gâteau acheté au Starbucks Coffee intégré. 43 Badot O, (2004) – ‘’Le réenchantement par le commerce’’. La Croix. Page III, Forum et débats du vendredi 19 novembre. 44 Kozinets RV, (1999) – ‘’E-tribalized Marketing ? : The strategic implications of virtual communities of consumption’’. European Management Journal. Volum 17. N°3. from page 252 to 264 of june. 45 Belvaux B, (2004) – ‘’Recherche d’information et achat dans un environnement multi-canal. Le cas du « click and mortar », Thèse pour le Doctorat en Sciences de Gestion, Université de Bourgogne, sous la direction du Prof Marc Filser du 17 septembre 2004. 46 Benon M et Héliès-Hassid ML, (1995) – ‘’Distribution : Acteurs et stratégies’’. 2e édition. Collection, gestion. Economica, Paris. 11 par la libre disposition de soi47 sa soif symbolique, combinée à une pression désinflationniste plus récente, contraint sous peine de disparition, les acteurs de la distribution à offrir : choix, prix bas et de plus en plus, qualité, lien social et réenchantement. C’est d’ailleurs ce qu’enseigne la carte du commerce de Management Horizons48, pourtant ancienne mais restant d’une grande actualité prospective. 3.5. Les conséquences du comportement des consommateurs occidentaux sur la distribution. Moati49 comme Colla50 révèlent, dans la distribution européenne, une tendance lourde consistant, parallèlement au développement international, à substituer à une stratégie de « croissance extensive », une stratégie « intensive » d’adaptation du couple produit-marché reposant sur : Une très fine sélection des sites d’implantation des points de vente et sur une discussion permanente de l’articulation des différentes formules de distribution entre elles (notamment depuis l’arrivée du commerce électronique) ; L’amélioration constante de la qualité des biens distribués : cahiers des charges fournisseurs alimentaires, démultiplication des contrôles de qualité, traçabilité des produits alimentaires, développement des marques de distributeurs et des contrats de confiance, etc. ; L’amélioration de l’assortiment. A ce sujet, Stevenson et Al51 ont démontré qu’un des principaux facteurs clés de succès des leaders de la distribution nord-américaine tels Wal-Mart ou Home Depot est leur capacité, grâce à de très coûteuses bases de données, à ajuster à chaque zone de chalandise, l’assortiment du point de vente. C’est d’ailleurs de cette façon que Tesco au Royaume-Uni, a réussi à identifier 26.000 types de clients ; L’amélioration des services rendus, allant des « every little helps », pour reprendre le slogan de Tesco, comme le petit-déjeuner offert le samedi matin chez Ikea, le remboursement des produits (y compris de ceux provenant de la concurrence), des aménagements très pratiques : les toilettes pour les mères et leurs enfants, de la possibilité d’essayer les produits sur place, etc., à la commercialisation de services financiers, touristiques ou immobiliers, ou à un service après vente fiabilisé ; 47 Lipovetsky, (1983) – ‘’L’ère du vide’’. Gallimard, Paris. Lipovetsky, (1990) – ‘’Interview : virage culturel, persistance du moi’’. Le Débat. N°60. Paris. Mais / août. 48 Agède P, Declairieux B, Sauzay D et Tavoillot P-A, (1994) – ‘’Faire fortune dans le commerce’’. L’entreprise, n°108. page 42 du mois d’octobre. 49 Moati P, (2001) – ‘’L’avenir de la grande distribution’’. Editons Odile Jacob, Paris. 50 Colla O, (1998) – ‘’Les tendances de la distribution : évolution du secteur et stratégies des enseignes’’. Cahier de recherche de négocia. N°6 de janvier. 51 Stevenson LN, Shlesinger JC et Pearce MR, (1999) – ‘’Power retail. Winning strategies fromchapters and other Leading Retailers in Canada. McGraw-Hill/Ryerson, Toronto, Canada. 12 La reconfiguration du merchandising et du store-design en vue d’accroître simultanément le degré de visibilité et d’accessibilité de l’offre (répondant en cela à la dimension cognitive du consommateur), et de convivialité, d’expérientiel et de réenchantement du point de vente. Les pratiques mises en œuvre par Carrefour ou Loblaws (en termes d’univers produits), par Costo (en termes de stands de démonstration), par Home Depot (en termes d’ateliers pour les enfants), par Lush, Aveda ou Origins (en termes de théâtralisation de l’offre) ou par Leroy Merlin ou Surcouf (en termes de transfiguration momentanée ou permanente du magasin) en sont fortement emblématiques52 ; Des politiques de recrutement spécialisées, des programmes de formation pouvant représenter jusqu’à 15% de la masse salariale, des politiques managériales favorisant la responsabilisation53, et des systèmes de rémunération et de récompense rénovés 54, le tout visant à une professionnalisation accrue du personnel, tant en termes de savoir-faire technique qu’en termes de traitement commercial, mais aussi psychologique du client ; Un resserrement des liens entre les distributeurs et les fournisseurs par des actions croisées (comités mixtes de conception de produits, ‘’trade-marketing’’, ‘’co-branding’’, opérations promotionnelles conjointes, etc.) ; Le développement du ‘’category management’’ qui permet aux distributeurs d’opérer une gestion spécialisée d’une catégorie de produits, du consommateur au fournisseur ; La mise en place de systèmes d’information permettant des analyses de profitabilité orientant les commandes et des liaisons qui accélèrent et tendent la transmission des commandes, des factures, des avis de livraison, etc., en réduisant les risques d’erreurs et en améliorant la traçabilité55. Comme le synthétise Moati56, la profonde mutation que vit la grande distribution constitue « une véritable révolution culturelle l’obligeant à rompre avec des recettes intuitives appliquées avec succès depuis plusieurs décennies, exemple : les premiers prix ont nui aux produits à marque propres qui constituent pourtant, à la fois une 52 Badot O et Dupuis M, (2001) – ‘’Le réenchantement de la distribution’’. Les Echos : L’Art du Management. N°7. de la page 2 à la page 3 du 18 avril. 53 Stevenson LN, Shlesinger JC et Pearce MR, (1999) – ‘’Power retail. Winning strategies fromchapters and other Leading Retailers in Canada. McGraw-Hill/Ryerson, Toronto, Canada. de la page 115 à la page 140. 54 Lawler E, (1999) – ‘’Pay system change : Lag, Lead, or Both ?. Working paper N°G 99-8 (367), centre for effective organizations. Marshall school of business. University of southern California, LA, Ca of May. 55 Fabbe-Costes N, (2000) – ‘’Le role transformative des SIC et TIC sur les interfaces multi-acteurs de la distribution et de la logistique’’, in Fabbe-Costes, N., Colin, J et Paché, G., Faire de la recherche en logistique et distribution ?, collection FNEGE, Vuibert, Paris. De la page 171 à la page 194. 56 Moati P, (1997) – ‘’La grande distribution alimentaire. Vers un nouveau régime de croissance’’. In Marseille, J., la révolution commerciale en France. Du bon marché à l’hypermarché. Collection Mémoire d’entreprise, le Monde-Editions, Paris. de la page 220 à la page 221. 13 source de marge très appréciable, et un support efficace de différenciation des enseignes». Outre les raisons commerciales et économiques du pouvoir croissant des distributeurs (category-management, crédit-fournisseur, concentration horizontale et verticale, etc.), d’autres, moins visibles, ne semblent pas pouvoir être ignorées, surtout dans une approche prospective. En effet, comme l’analyse Maillard57, nous assistons au passage « d’une logique de centralisation étatique à une logique de dépérissement des Etats ». Ce mouvement ne serait pas, selon lui, « une substitution pure et simple d’un nouveau mode de socialisation à celui qui résultait des vieilles formes étatiques, mais la superposition d’une logique d’hétérogénéisation des espaces sociaux, greffée nécessairement sur ces espaces tels qu’ils existaient au moment où ce mouvement s’est amorcé. C’est pourquoi deux logiques, en réalité, cohabitent contradictoirement, l’une qui est encore celle des Etats-Nations-Providence, subissant une crise qu’il n’est plus besoin de décrire, et l’autre qui est celle d’un ordre chaotique annonçant l’émergence de nouvelles formes de socialisation. Or en affinant cette analyse selon les travaux de Navarre58 et de Coupé59 inspirés de Girard60 ou à ceux, plus anthropologiques de Belk et al61, de Chalvon-Demersay62 et Miller63, nous constatons que le marché aujourd’hui des produits de consommation jouerait un rôle cathartique, en remplaçant la religion et l’Etat, comme moyen de canalisation symbolique de la violence réelle. L’immersion effrénée dans des « passions ordinaires64 » et la fréquentation de distributeurs familiers surproducteurs de signes et de symboles participeraient à des constructions identitaires, à la fois intenses et éphémères 65. La société sans cohésion ne serait plus alors qu’une « addition d’actions individuelles qui se réduisent à des transactions marchandes 66 ». Ainsi, alors que certains prennent encore les distributeurs pour des « hangars », ceux-ci peaufinent des stratagèmes de redéploiement qui à n’en pas douter balayeront sur leur passage toutes velléités protectionnistes et anachroniques qui cachent, malgré elles, un débat plus structurel. Celui qui consiste à se demander s’il appartient bien à des acteurs du marché de produire lien et sens social, en s’appuyant sur la forme la plus insidieuse de 57 Maillard J, (1997) – ‘’Le crime à venir. Vers une société fractale’’. Le Débat N°94. Galimard, Paris. (marsavril) page 147. 58 Navarre C, (1990) – ‘’Some aspects of management in a giradian universe’’. 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Les composants du commerce ne vont-ils pas devenir une sorte de « champ de signes », véritable grammaire où chacun viendra puiser les éléments servant à l’expression de son soi70. D’autre part, autre que l’efficacité et l’efficience des formules de distribution, le consommateur semble recourir à d’autres valeurs, principalement : l’estime (être reconnu comme faisant de bonnes affaires) et le divertissement dans une perspective plus dialectale que spectaculaire. Certes chez les praticiens, la volonté de maîtriser le contrôle de la relation est plus que jamais d’actualité. Certaines entreprises font des efforts considérables pour construire avec le client une relation partenariale dans un souci de grand respect mutuel. Le marketing relationnel et la gestion de la relation client peuvent contribuer à replacer l’homme au centre du système. Il ne faut pas que ce type de projet soit une fois de plus une tentative de manipulation opérée par le fort (l’entreprise) à l’égard du faible (le client). Ce dernier possède une très forte connaissance des pratiques et des enjeux marketing. Il a recours au boycott s’il juge malsain la relation avec le distributeur. En conclusion, gérer la relation client, c’est trouver des points de convergence entre les entreprises et les consommateurs. 67 Bourdieu P, (1997) – ‘’Médiations pascaliennes’’. Collection Liber, Editions du Seuil, Paris. page 204. Bourdieu P, (2000) – ‘’Les structures sociales de l’économie’’. Collection Liber, Editions du Seuil, Paris. 68 Pearce J (1992) – ‘’Colombia dentro del laberinto’’. Altamir Ediciones, Bogota. de la page 142 à la page 150. 69 Percq P, (1998) – ‘’L’utopie du coin de la rue’’. Projets n°253 du mois de mars. de la page 56 à la page 60. Badot O, (2004) – ‘’Le réenchantement par le commerce’’. La Croix. 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