Baccalauréat – Option Musique Facultative MILES DAVIS – TUTU

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Baccalauréat – Option Musique Facultative MILES DAVIS – TUTU
Baccalauréat – Option Musique Facultative
MILES DAVIS – TUTU : Eléments d’analyse
Jean-Baptiste ARRIZABALAGA, ESP Saint-Genès
1. Tutu
1er titre de l’album enregistré à Los Angeles en 1986, on y retrouve toute l’ambiance sonore des années quatre-vingts,
époque pendant laquelle les synthétiseurs et boîtes à rythme de toutes sortes sont apparus et se sont largement
imposés dans le paysage musical général. Il a été composé par Marcus Miller, Miles DAVIS ayant un rôle de Guest,
d’invité, ponctuant l’œuvre de son discours musical. Le titre rend hommage à Mgr Desmond Tutu, futur archevêque
anglican de Cape Town qui venait de recevoir le Prix Nobel de la paix pour sa lutte contre l’apartheid dans son pays.
Ce titre a la particularité de faire entendre deux parties de basse : Basse Fretless (sans frettes) et Basse avec frettes.
Introduction
(de 0’00  0’34)
4 accords de Sol du célèbre son de synthétiseur « orchestra hit » joué
ici par un Akai S612 lancent le morceau, bientôt accompagnés de la
batterie et de divers petits bruits tandis que Miles parcourt l’étendue de
son instrument, une trompette en si bémol, en descendant une gamme
blues de sol (du Si bémol aigu au sol grave), sur plus de 2 octaves.
Puis la basse, ou plutôt les basses, font leur apparition sur un groove (riff,
ostinato) d’une mesure qui, répété, va servir d’assise à tout le morceau.
Le thème
(0’35  2’04)
Le thème principal est joué à l’unisson entre la trompette et les synthétiseurs. Il est joué deux fois, la première
étant un peu plus longue du fait de l’insertion de mesures de silence. En considérant les notes longues de cette
mélodie, il est possible de l’envisager comme construite sur une échelle de Sol dorien, mode très employé en jazz.
SUITE DE LA PIECE : Chorus (2’04  3’04) : Divers sons de synthétiseurs se font entendre alors que le groove prend de plus en
plus d’importance. La trompette ponctue toujours // Thème (3’04  4’06) : Joué une seule fois // Coda (4’06  5’15) : La tête
du thème se fait entendre 3 fois dans une sorte de tutti orchestral puis le morceau s’achève en fade-out (decrescendo).
Problématiques à explorer : Omniprésence de la rythmique / Discours de Miles DAVIS / Une Structure
volontairement instable / Une logique de studio : spontanéité musicale propre au jazz ?
2. Tomaas
« Tomaas » est une composition élaborée conjointement par Miles Davis et Marcus Miller, d’après des fragments de
mélodies envoyées par ce dernier au trompettiste. Le titre rend hommage au producteur Tommy LiPuma, producteur
de Miles Davis. Il a été enregistré à New-York en mars 1986. A cette occasion, le programmateur des synthétiseurs,
Jason Miles, a pu rencontrer le trompettiste pour la première fois. Sur ce morceau, en plus de nombreuses couches de
synthétiseurs, on peu entendre Miller au saxophone soprano et à la clarinette basse.
Deux thèmes le structurent : un petit motif funky à la guitare électrique et un thème en valeurs plus longues, produit
en tutti. L’ensemble a un caractère plutôt enjoué.
Introduction
(0’00  0’25)
Sur un ostinato de mi, les percussions électroniques lancent le morceau, tandis que la trompette et le saxophone
soprano s’amusent.
Motif de guitare
(0’26  0’44)
Exécuté à l’unisson, il est accompagné par la basse, jouée en slap, technique percussive qui fait alterner à la main
droite des tapés avec le pouce et des tirés avec l’index.
SUITE DE LA PIECE : Motif de guitare (1’13  1’33) // Thème (1’33  2’02) // Interlude (2’02  2’15) :Apparition de la
er
clarinette basse // Thème (2’15  2’45) // Motif de guitare (2’45  3’50) : la trompette est plus au 1 plan et effectue des
gammes rapides. La clarinette basse la rejoint tandis que la grille d’accords se modifie quelque peu // Thème (3’50  4’20) : la
trompette joue plus dans l’aigu // Motif de guitare (4’20  4’48) // Thème et fade-out...
Problématiques à explorer : Puissance de la Polyrythmie (racines africaines du jazz) / Forme, vers une musique
savante-populaire / Musique modale, une musique aux frontières de l’harmonie occidentale / Le dialogue
instrumental, référence aux origines de l’improvisation.
3. Portia
Enregistré le 13 février à Los Angeles, c’est le 3ème morceau de l’album. Son titre vient d’un mot latin signifiant
« partage » et est également le nom d’un personnage féminin du Marchand de Venise (1596-97) de William
Shakespeare. Miles Davis aimait la sonorité de ce mot et l’a donc adopté.
L’une des particularités du titre est la présence du saxophone soprano de Marcus Miller, pratiquement à égalité
avec la trompette de Miles. Deux sections construisent ce morceau : la première est un « classique » thème suivi
d’un chorus tandis que la seconde provient d’une idée du trompettiste, une musique évolutive sur 2 accords.
L’ambiance sonore est un peu espagnole comme l’a imaginé et souhaité Marcus Miller. C’est avec ce titre qu’Adam
Holzman (Synthétiseurs) a commencé à donner un coup de main au bassiste.
Par la suite, Portia est un morceau avec lequel Miles Davis aimait bien terminer ses concerts. Un peu à la manière de la symphonie « Les
Adieux » de Joseph Haydn (1732-1809) où un decrescendo orchestral est réalisé de la sorte, le trompettiste faisait quitter la scène à ses
musiciens un à un, ne laissant e face du public qu’une scène vide avec un motif tournant seul sur un synthétiseur.
Introduction
(0’00  0’26)
Arrivé des synthétiseurs et d’une partie de
batterie jouée sur une boîte à rythme.
Thème
(0’26  1’54)
Il est structuré en 3 parties. La trompette
joue les 2 premières puis le saxophone
soprano la 3ème tandis que la trompette
improvise un contrechant (une sorte
d’écho, de réponse au thème)
Ostinato 1 (1’54  2’51)
Sur une partie de basse en slap, les 2 accords de la fin de la grille du thème (A et Gm6) sont joués en boucle. Des
cocottes de guitare électrique apparaissent. La trompette est bien évidemment au premier plan.
SUITE DE LA PIECE : Chorus de saxophone soprano (2’51  4’16) : Marcus Miller paraphrase le thème complet au saxophone
soprano alors que la trompette n’intervient que sur la fin // Ostinato 2 (4’16  4’55) : La trompette, le saxophone soprano et une
des parties de basse électrique (à la façon d’une guitare de flamenco) interviennent sur les 2 mêmes accords) // Coda (4’55 
6’18) : Thème final (sur un mode de Mi locrien) joué trois fois sur les 2 accords entendus dans l’Ostinato, la trompette conclue
l’œuvre.
BILAN // ANTICIPER L’écoute Comparative
Ne perdez pas de vue la finalité de l’exercice : Comparer une œuvre inconnue à une des pièces de Miles DAVIS…
Idées musicales : Une autre forme de Jazz (plus complexe ou, au contraire, plus « classique »), Une musique mixte
mélangeant musiciens et machines (synthétiseurs, séquenceurs…), une musique pop des années 80, une autre
interprétation de tutu, une pièce symphonique « exotique » évoquant l’Espagne, une polyrythmie africaine…
Tout dépendra de la pièce choisie par le jury et quel paramètre souhaite t il vous faire comparer dans les
particularités musicales de celle-ci…