mon compte rendu du Trail des Coursières
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mon compte rendu du Trail des Coursières
TRAIL DES COURSIERES 2014: LA COURSE COUP DE COEUR Saint-Martin en Haut dans les Monts du Lyonnais. Il est 16h30 environ ce 10 mai, je viens de franchir la ligne d'arrivée du Trail des Coursières en compagnie de Lucile. Laurence, sa maman, immortalise ce moment en photo. Emotion malgré la fatigue. Ces cent derniers mètres en famille symbolisent l'esprit de cette course nature de 47 km, avec plus de 1900 m de dénivelé positif : engagement et convivialité. L'association ATOS (Association Trail Organisation Solidarité) organise chaque année depuis 2002 cette journée de sport sous le signe de la solidarité: une joëlette accompagnait des personnes handicapées sur la moitié du parcours. La joëlette est un fauteuil tout terrain mono-roue qui permet la pratique de la randonnée à toute personne à mobilité réduite avec l'aide d’accompagnateurs. Une manière de partager avec les coureurs et bénévoles la passion de la nature et de l'effort. Mon frère Pierre m'en avait dit que du bien, lui qui a bouclé par le passé plusieurs fois les deux distances proposées : le 47 km et le 102 km. Les monts du Lyonnais, près de Lyon, offrent un terrain de sport nature idéal. C'est un de mes terrains d'entraînement, à 30 minutes de la maison. Au départ du 47 km, l'objectif est de découvrir des sentiers et chemins encore inconnus. Cette année, j'ai envie d'évoluer davantage sur des courses nature ou trail, cela correspond mieux à mon état d'esprit. Grappiller des secondes sur des courses n'est plus, pour le moment, mon objectif. En ce matin de « ce joli mois de mai », comme le chante si bien Jean Ferrat, je veux profiter des grands espaces magnifiés par les couleurs du printemps, courir à la sensation, profiter de l'instant présent. La lecture des récits « Born to run » de Christopher Mc Dougall sur les coureurs Tarahumaras et « Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi » de Jean-Christophe Rufin a inspiré cette aventure sportive. OBJECTIF : LES TEMPLIERS, FIN OCTOBRE Saint-Symphorien sur Coise, il est 11h30. Le soleil est au zénith. Je retrouve Romaric Maire, un coureur de mon club, au milieu des 248 coureurs présents au départ du 47 km. Nous encourageons le passage des coureurs du 102 km. Ils sont partis depuis 6 heures du matin de Saint-Martin en Haut. Ces ultras traileurs viennent de parcourir 55km et nous allons maintenant les croiser sur notre tracé. Romaric s'est inscrit à la dernière minute, c'est un sportif éclectique (demi-fond, vélo, trail). On a couru ensemble sur le trail de la SaintEpress par le passé. Trois paramètres sont à prendre en compte au départ : la distance digne d'un marathon avec un dénivelé important, les ravitaillements (autonomie complète entre les trois points de ravitaillement) et la technicité du parcours (passages hors sentiers, pentes très raides). La musique d'Era, “Ameno”, popularisée par la Course des Templiers et le marathon des Burons, deux des grands trails français situés en Aveyron, retentit. Les “Templiers”, c'est la course où le trail est né en France il y a 20 ans. J'ai décidé d'y participer cette année fin octobre. Après le marathon des Burons en 2007 et 2008 et les 100km de Millau en 2012, ce sera l'occasion de retourner à Millau dans une région accueillante et magnifique, avec des paysages à couper le souffle. Ainsi, avant de défier les Causses Noir et du Larzac, le parcours des Coursières est un bon test. L'heure de départ (mi-journée) et la chaleur sont des paramètres à tenir compte dans la gestion de course et le dosage de l'effort. Les premiers kilomètres m'alertent : des jambes lourdes dans la longue montée vers le point culminant des Monts du Lyonnais (946 mètres), le village de Larajasse. J'avance en compagnie de Romaric et son frère Ludovic, on se relaie pendant une heure avec d'autres compagnons de course. Les sentiers et chemins sont vallonnés, pas très techniques mais c'est la somme du dénivelé qui met à l'épreuve l'organisme . Au bout de 10 km, des portions descendantes se succèdent, les sensations sont bonnes, quel beau panorama à 360°, au milieu des champs, avec le Pilat et le Mont Blanc en toile de fond. Pendant une heure, c'est l'euphorie, les jambes semblent légères, les kilomètres défilent à allure régulière. Après le ravitaillement de Lamure, on entend un chant de grenouilles près de l'étang du Petit Mazet. Après la traversée du Bois des Feuilles (sentiers larges et monotraces), l'approche de SainteCatherine est longue et surprend par sa difficulté : monotraces escarpées, raidillons dans des hautes herbes. Arrivée dans le village, je suis éprouvé. Mi-course et deuxième ravitaillement. Je remplis ma poche à eau. Aujourd'hui, c'est la course à la soif ! Le public de connaisseurs est nombreux. On sent une âme à cette course: l'organisation, l'humilité, la convivialité des gens. LA JOELETTE, UNE BELLE INITIATIVE Une autre course commence : Il faut gérer maintenant la fatigue musculaire qui s'accroît. Les coureurs sont éparpillés. Je ne m'affole pas, j'ai l'expérience de ce genre d'effort que j'affectionne : puiser dans ses réserves physiques et mentales. Le parcours m'est familier maintenant : La Bullière, Bois d'Arfeuille (bien boueux), Saint Genoux, passage classique de la SaintéLyon. Saint Genoux porte bien son nom : le 30ème kilomètre est franchi, j'alterne course et marche, le souffle est court, je commence à être dans le dur. Des crampes aux quadriceps surviennent : les muscles sont saturés d'acide lactique. Je suis à l'arrêt quelques instants puis repars progressivement. En trail, les allures varient beaucoup, on peut passer de l'enfer au paradis et vice versa. Ce qui compte, ce n'est pas seulement la destination mais aussi le chemin. Marcher nous ramène à l'essentiel, une attitude proche de la méditation. La première féminine me dépasse, encouragée par des supporters. Je reste dans ma bulle, cours tout en étant vigilant sur les quelques tiraillements musculaires (quadriceps, adducteurs). J'aime évoluer sur sentiers, l'onde de choc est moindre que sur la route. Les paysages défilent comme dans un film. Petit à petit, je me refais une santé, c'est le second souffle. Le corps a décidément des réserves insoupçonnées. J'atteins le hameau des Templiers au 37ème kilomètre, au milieu de la dernière ascension du jour. Dernier ravitaillement : je croise le regard chaleureux de Jean-Pierre Molinari. Ancien marathonien et traileur passionné, c'est le fondateur des Coursières des Hauts du Lyonnais. Je retrouve aussi Romaric qui a calé. Je m'alimente avec des gâteaux salés et du coca. Requinqué, je repars à bonne allure, rejoins et distance Romaric. Je l'encourage et lui donne rendez-vous à l'arrivée. Je dépasse la fameuse joëlette. Une belle initiative ! Après avoir longé le signal de Saint André la Côte, le final vers Saint Martin en Haut est plus paisible pour les jambes. J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ces sentiers des Monts du Lyonnais. Il y en a encore beaucoup à découvrir. De plus, c'est une course organisée par des coureurs, pour des coureurs. La preuve : le repas gargantuesque servi à l'arrivée. Je reviendrai ! Alexandre DELORE 33ème en 5h03' sur le 47km (1950 m D+/1780 m D-) Licencié à l'Entente Sud Lyonnais Photos et vidéos sur le site http://www.coursieresdeshautsdulyonnais.org/