Comportement social du cheval

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Comportement social du cheval
Niveau de technicité :
Auteurs : H. Roche, A.C. Grison, M. Vidament, L. Lansade, C. Neveux, C. Briant
Mise à jour Août 2015
Bien que le cheval ait été domestiqué depuis plus de 5000 ans, les
comportements sociaux des chevaux domestiques retournés à l'état sauvage
(chevaux féraux) ou élevés en semi-liberté sont les mêmes que ceux des chevaux
de Przewalski qui n'ont jamais été domestiqués.
En conditions naturelles ou semi-naturelles, en dehors de quelques rares
individus solitaires, les chevaux vivent soit en groupe familial soit en groupe de
mâles célibataires. Les interactions sociales au sein du groupe et entre groupes
sont désormais mieux connues.
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Sommaire
Le groupe familial
Le groupe de mâles célibataires
Le domaine vital
Les relations au sein du groupe familial
Les relations entre les groupes
Conséquences pratiques
Voir aussi
Lettre d'information "Avoir un cheval"
Le groupe familial
Le groupe familial, aussi appelé «harem», se compose en général d’un étalon, de 2 à 4 juments et des jeunes jusqu’à 2-3
Le groupe familial, aussi appelé «harem», se compose en général d’un étalon, de 2 à 4 juments et des jeunes jusqu’à 2-3
ans. Certains harems comptent 2 étalons, il existe alors une hiérarchie entre eux.
Les adultes constituent le noyau dur du harem. En grandissant, les jeunes sont généralement appelés à quitter le groupe :
les juments quittent souvent la famille lors de leurs premières chaleurs (vers 3 ans dans la nature) pour rejoindre un
mâle célibataire ou un autre harem. Il arrive qu’elles restent au sein de leur harem d’origine, en particulier si l’étalon
chef de famille n’est pas leur père.
les mâles quittent le harem vers 2-3 ans, d’eux mêmes ou contraints par le chef de famille. Ils rejoignent alors
généralement un groupe de mâles célibataires.
Le groupe de mâles célibataires
Les mâles célibataires vivent généralement en groupe.
Au sein de ce groupe, ils consacrent beaucoup de temps au jeu et à
la simulation de combats. C’est là qu’ils développent les
comportements de futurs chefs de famille comme la conduite, le
marquage et les rituels.
A partir de 5 ans, les mâles sont considérés comme socialement
matures. La majorité d’entre eux essaie en permanence de quitter
le groupe pour constituer un harem. Il existe plusieurs manières de
constituer un groupe familial : accaparer une jeune jument qui
quitte son groupe natal, défier un étalon chef de famille et le battre,
remplacer un étalon mort, etc.
©H.Roche - www.ethologie-cheval.fr
Le domaine vital
Dans la nature, les groupes de chevaux évoluent dans un espace
appelé «domaine vital», dans lequel ils trouvent ce dont ils ont
besoin pour vivre : eau, nourriture, abri, congénères, minéraux...
En conditions naturelles, les chevaux vivent soit en
groupe familial, soit en groupe de mâles célibataires, sur
un domaine vital, donc un espace non défendu. ©Ifce
Les chevaux sont très attachés à leur domaine vital, mais ne le
défendent pas à proprement parler : les domaines vitaux de
plusieurs harems peuvent ainsi se superposer.
La taille du domaine vital est très variable car elle dépend de la
disponibilité des ressources : plus les ressources (nourriture, eau)
sont abondantes, plus le domaine vital est petit. On peut ainsi
observer des domaines vitaux allant de 1km² à 80 km² ! Leur taille
varie ainsi en fonction des saisons, qui modulent la disponibilité des
ressources.
Les relations au sein du groupe familial
Le groupe familial est une structure stable qui peut perdurer pendant des années. L’étalon entretient des relations
privilégiées avec quelques juments, et les juments sont liées entre elles par un fort attachement. Les juments ont également un
lien très fort avec leurs poulains, même quand ils ne tètent plus. On peut reconnaître la stabilité d’un groupe aux activités
collectives : manger, boire, se rouler, se suivre en file indienne, etc.
© Ifce : exemple d’activité collective : les chevaux vont boire les
uns après les autres, dans le même laps de temps.
L’étalon doit veiller à la conservation de son groupe : en cas de menace, il va rassembler les membres de son harem par
une posture caractéristique, tête vers le bas, encolure allongée, appelée «conduite» ou chasser l'intrus.
Les affinités
©H.Roche - www.ethologie-cheval.fr
© O. Macé : ces deux chevaux se font du toilettage
mutuel (« grooming ») au niveau du garrot.
La plupart des chevaux ont un ou plusieurs congénères préférés. Ces préférences se manifestent par le temps passé côte à
côte, sans nécessairement se toucher, le toilettage mutuel, la pratique du chasse mouche tête bêche.
Un cheval passe du temps à côté de son congénère préféré sans nécessairement le toucher.
Les chevaux tendent à se lier à des congénères de même âge et de même rang. Ils sont généralement plus tolérants à l’égard
de leur congénère préféré. Il arrive aussi qu’ils empêchent les autres individus de s’approcher de leur compagnon.
© Ifce : un cheval passe du temps à côté de son
congénère préféré sans nécessairement le toucher.
© Ifce : les chevaux ont tendance à se lier à des
chevaux d’âge similaire.
La dominance
Le statut de dominant donne un accès privilégié à une ressources limitée : eau, nourriture, abri, partenaire sexuel… Les
signes les plus visibles des relations entre dominant et dominé sont les morsures, les coups de pied, les ruades, les charges et
les poursuites.
Mais quand la hiérarchie est établie, il s'agit de signaux beaucoup plus discrets : menace de la tête, menace de ruade ou de
morsure, petit déplacement du corps, oreilles un peu couchées. Les signes de soumission sont encore moins évidents à voir :
le dominé se pousse, laisse passer le dominant ou attend pour atteindre la ressource convoitée.
Les poulains et les jeunes chevaux manifestent facilement leur soumission vis à vis des adultes. Ils font alors assez souvent du «
snapping » : tête en extension, ils claquent des mâchoires avec les lèvres étirées, dents visibles.
La mise en place de statuts sociaux permet la stabilité du groupe : une fois la hiérarchie instaurée, elle est rarement remise
en cause. Les chevaux montrent ainsi très peu de comportements agressifs forts, ce qui diminue les risques de blessure et la
perte d’énergie.
Aucune particularité physique ne prédispose à être dominant, mais les individus les plus âgés tendent à être au sommet de la
hiérarchie. Un étalon n’est pas nécessairement dominant sur ses juments, particulièrement s’il est plus jeune, mais ses
conduites sont respectées.
© Ifce : signe de dominance : la jument dominante (collier bleu)
couche les oreilles et se dirige franchement vers la jument de
droite, en position de recul.
© Ifce : signe de soumission : la jument dominée (de droite)
attend avant d’essayer d’atteindre la ressource convoitée (des
granulés mis à terre).
© Ifce : signe de soumission chez le jeune : le
snapping.
Le leadership
Le leadership est la capacité d’un individu à entraîner les autres dans un changement d’activité : pâturage, déplacement,
repos, roulade, abreuvement… La notion de leadership est à distinguer de celle de dominance : le rôle de leader peut être
endossé par n’importe quel individu adulte du groupe, qu’il soit dominant ou non.
Selon le moment de la journée ou l’activité, des individus différents peuvent être leaders.
Toutefois, les observations récentes ont montré que la décision d’un déplacement n’est pas initiée par un seul individu : il
s’agit en fait d’une décision collective menée par plusieurs membres du groupe.
Les relations entre les groupes
Dans la nature, les groupes évitent généralement de s’approcher les uns des autres. Ils partagent cependant généralement
au moins une partie de leur domaine vital, et peuvent donc être amenés à interagir. Les harems sont alors plus proches entre
eux que du groupe des mâles célibataires.
© Ifce : Comportement de marquage : cet étalon sent un crottin, puis défèque dessus.
Le comportement de marquage qui consiste, pour l'étalon, à uriner ou à déféquer sur l’urine ou les crottins de ses juments
pourrait viser à masquer l'état hormonal des juments de son harem vis à vis des autres étalons. Les rencontres entre étalons
se terminent, le plus souvent, sans agression et après une séquence de comportements ritualisés comportant tout ou partie
des éléments suivants : attention visuelle soutenue, augmentation de la tonicité de la posture et de la locomotion, investigation
olfactive réciproque, couinements et menaces des antérieurs et défécation. Les nombreuses piles de crottins qui jalonnent le
domaine vital serviraient de signaux visuels et olfactifs.
Dans le cas où des groupes utilisent une même ressource limitée (par exemple un point d’eau), il apparaît une hiérarchie
entre les groupes : la famille dominante aura accès à la ressource en priorité.
Dans une configuration où les ressources sont abondantes, les individus de groupes différents se rassemblent parfois, mais
auront tendance à s’ignorer malgré la proximité physique. Leur regroupement semble alors constituer une forme de défense
contre les prédateurs.
Conclusion
A l’état naturel, les chevaux vivent en groupe et sont rarement seuls. Ils ont des liens stables et durables avec d’autres chevaux
d’âges différents qui leur sont familiers. Ces liens sont complexes. Les jeunes chevaux apprennent les comportements sociaux
de l’espèce, donc les « codes ». Dans les groupes stables (domestiques ou sauvages), les agressions sont rares ou de faible
intensité (car chaque cheval connaît «sa place»).
Remarque : les ânes n’ont pas du tout la même structuration sociale et spatiale
Conséquences pratiques
Les conséquences de cette structuration sociale sont nombreuses.
favoriser les contacts sociaux au maximum entre individus compatibles :
en les mettant au pré ou au paddock en groupe ou au moins par deux,
en les mettant en groupe en stabulations couvertes,
en permettant le plus de contacts possibles quand les chevaux sont en boxes individuels (grilles à la place des
murs, ouverture (amovible ou non, mur à mi-hauteur) à la place des grilles, ouverture au-dessus de la porte,
porte de box remplacée par une chaîne dans la journée…..)
mais protéger les animaux dominés des congénères trop agressifs ou trop invasifs :
en prévoyant assez de place pour distribuer l’alimentation,
en prévoyant assez de place au sec pour que tous les chevaux puissent se reposer en même temps,
en prenant garde lors de l’introduction d’un nouvel animal dans un groupe : il sera presque toujours agressé
par les autres. Les techniques préférables seraient soit de mettre le nouveau cheval à côté de l’enclos 1 journée
pour qu’il observe le groupe puis de l’introduire, soit d’introduire 2 nouveaux animaux ensemble qui vont
former un sous-groupe d’emblée, soit de mettre le nouvel individu en présence d’un individu du groupe, puis
de les introduire tous les deux quelques jours plus tard. Il semblerait que les agressions soient beaucoup plus
rares si la surface totale est supérieure à 300 m²/ cheval.
en isolant les poulinières avec de très jeunes poulains.
Voir aussi
Références
Bourjade M., (2007) Sociogenèse et expression des comportements individuels et collectifs chez le cheval. Thèse de doctorat,
Université Louis Pasteur. http://scd-theses.u-strasbg.fr/1427/
Flauger B., The introduction of horses into new social groups with special regard to their stress level. PhD Thesis, 2010,
University of Regensburg, Germany
Hartmann E., Søndergaard E., Keelinga, L.J. Keeping horses in groups: A review. Applied Animal Behaviour Science 136 (2012)
77– 87
Leblanc M-A, Bouissou M-F., F. Chéhu. Cheval qui es-tu ? 2004, Belin éditeur, Paris.
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